
Avenue des CHRONIQUES
- Ana Ana 25 – Le grand pique-niquepar Laurent Lafourcade
Gourmandise et méditation
« -Baleineau ?!? Pourquoi restes-tu à l’écart ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
-Tout va très bien, Ana Ana !
-Non, tout ne va pas très bien, puisque tu es assis, là, tout seul et tout triste.
-Je ne suis pas triste du tout ! »
Il fait si beau aujourd’hui qu’Ana Ana et ses doudous ont choisi d’aller pique-niquer sur la plage. De nombreux autres doudous ont décidé de faire de même. Après quelques jeux sur le sable ou dans l’eau, châteaux de sable, badminton, baignade et courses, l’heure du repas s’apprête à sonner. Mais où est Baleineau ? Il est à l’écart, assis au pied d’un arbre. Ana Ana s’inquiète pour sa santé. Il est seul et a l’air tout triste. Ce dernier s’en défend. Il n’est pas triste. Il a simplement envie d’un peu de solitude. Ça ne va pas être gagné puisque la joyeuse petite bande va décider d’installer la nappe pour le pique-nique juste à côté. Affamé par son sport matinal, Touffe de poils gloutonne l’ensemble du panier en une bouchée. Et il ne va pas s’arrêter là ! Par chance, le doudou du fils du marchand de sandwichs arrive sur la plage.
© Roques, Dormal – Dargaud Encore une fois, rires et tendresse enluminent cette nouvelle histoire d’Ana Ana et ses doudous. Il y est question de convivialité et de partage, mais aussi d’égoïsme et de « Après moi, le déluge ». Mais Touffe de poils s’en repentira. Le destin punit toute mauvaise action. Au-delà de ça, c’est un autre sujet qui est le principal thème de cet album : celui de la solitude volontaire. On a le droit, certains jours ou à certains moments, d’être seuls, d’avoir envie d’être seuls, et pas forcément parce qu’on ne va pas bien. C’est ce qui arrive ici à Baleineau. Il est en observation, en méditation, de regarder ce qui l’entoure. C’est la belle leçon de vie que va en retirer Ana Ana.
© Roques, Dormal – Dargaud Après vingt-cinq albums, Nathalie Roques et Alexis Dormal trouvent toujours un angle nouveau qui plaira aux enfants et qui les fera réfléchir. Si Touffe de poils est la caution humoristique de l’épisode, Baleineau est le philosophe en méditation du tableau de Rembrandt, même si celui-ci médite à l’intérieur d’une maison. On apprend grâce à lui qu’il y a un temps pour tout. Les autres n’ont pas à s’en inquiéter. Prendre le temps de prendre du temps, c’est ce que les enfants ont le plus de mal à faire dans ce siècle surnumérisé où l’ennui n’a malheureusement plus sa place. La palette graphique d’Alexis Dormal est un enchantement, avec notamment une dernière case sublime aux frontières de l’impressionnisme.
© Roques, Dormal – Dargaud On retrouvera bientôt Ana Ana et ses doudous en pleine collecte de feuilles d’automne pour faire des herbiers. Et comme c’est bientôt l’été, n’oubliez pas que nos héros sont déjà allés plusieurs fois au bord de la mer. En attendant, profitez de ce repas entre amis. Vive vive Ana Ana !
Série : Ana Ana
Tome : 25 – Le grand pique-nique
Genre : Petit bonheur poétique
Scénario : Dominique Roques
Dessins & Couleurs : Alexis Dormal
Éditeur : Dargaud Jeunesse
ISBN : 9782205212105
Nombre de pages : 32
Prix : 7,95 €
- Le marin célestepar Laurent Lafourcade
Un jour, quelque part, sur Sprague…
« -Non, pas ici ! Te pose pas ! Là-bas, après la rivière !
-Qu’est-ce qu’il y avait de spécial, là-bas ?
-Les herbes !
-Les herbes ? Quelles herbes ?
-Ces foutues saloperies bleues qui nous envahissent… T’es pas au courant ? Ces saletés poussent à toute vitesse et sont capables de te bloquer une roue ou de s’entortiller dans un moteur ! Tiens ! Regarde ! En voilà déjà ici !
-Hum !… Jamais vu ! Drôles de machins !
-Et ça pousse à une vitesse !… Une vraie merde, oui ! »
Approchez, approchez, braves gens ! Popeye vous propose mille trésors à acquérir. Le marin céleste, c’est ainsi qu’on l’appelle, a posé son dirigeable sur la place communale pour dresser son étal. Il y vend sa drouille, objets soi-disant certifiés, aux badauds curieux. Les tasses ? Six pences l’ensemble avec les soucoupes. Ce n’est vraiment pas cher. La cafetière ? Huit pences pour cette pièce rare qui vient des ateliers du Buxin. C’est donné. Après avoir gagné quelque argent, le brocanteur retourne dans les airs. Son vaisseau est équipé tout confort : kitchenette, salle de bains, toilettes, couchettes à deux places (on ne sait jamais), bibliothèque, bureau,… Popeye fait la visite.
© Roman, Rodolphe, Béchu – Daniel Maghen Alors que tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, le marin est hélé par un paysan qui lui demande de se poser, mais pas n’importe où. En effet, il veut lui montrer une saleté d’herbes bleues qui prolifèrent à vitesse grand V dans la nature. Popeye repart et remarque que le pays est littéralement envahi par cette engeance. D’où cela vient-il ? Comment s’en débarrasser ? Alors que Popeye cherche de nouvelles reliques à vendre, il sauve un insecte géant prisonnier des herbes bleues. Le pépère reprend vie et s’éloigne sans un signe. Plus tard, Popeye entend comme un remerciement intérieur envoyé par télépathie. Quand il se trouvera à son tour en difficultés avec sa belle Prune, il ne regrettera pas d’avoir fait ce qu’il a fait.
© Roman, Rodolphe, Béchu – Daniel Maghen Retour en baie de Sprague pour Rodolphe, Olivier Roman et Denis Béchu. Après Sprague qui présentait l’univers, Le marin céleste est une nouvelle aventure dans ce monde. Le succès du one shot précédent a permis aux auteurs de continuer à l’exploiter. Dans le premier tome, l’eau avait disparu depuis bien des années. Niels et Vivian, deux frères aventuriers, étaient partis en expédition avec Cap’tain Greg, capitaine de vaisseau aveugle, qu’on retrouve en guest dans ce Marin céleste. Il fallait au plus vite trouver un moyen de faire revenir la mer afin de rééquilibrer l’écosystème. Rodolphe poursuit dans le même axe écologique. Ici, une plante invasive étouffe la région et s’attaque aux êtres vivants. Comme à son habitude, l’auteur nous invite à réfléchir sur l’avenir de la planète, sous couvert d’un récit fantastique entre Jules Verne et Bernard Werber. C’est aussi une histoire d’entre-aide entre deux peuples, deux races, n’ayant rien en commun, mais unissant leurs forces pour lutter contre un même ennemi. Il y est question de respect, et c’est ce qu’on voudrait entre les habitants du monde qui se disputent des territoires. Sous les couleurs de Denis Béchu, Olivier Roman fait des plantes des personnages aussi vivants que les bipèdes. Observez bien sur la couverture, sur la gauche, l’une d’entre elles tend comme un bras vers le ciel, au fond au milieu, une autre paraît se lever
© Roman, Rodolphe, Béchu – Daniel Maghen Le marin céleste inaugure ce qui semblerait devenir une collection d’anthologie : Un jour, quelque part, sur Sprague… Ceux qui sont déjà rentrés dans l’univers prendront plaisir aux clins d’œil d’un tome à l’autre. Ceux qui le découvrent ne seront jamais lésé car on leur propose une histoire indépendante à chaque tome.
One shot : Le marin céleste
Collection : Un jour, quelque part, sur Sprague…
Genre : Science-fiction
Scénario : Rodolphe
Dessins : Olivier Roman
Couleurs : Denis Béchu
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356742094
Nombre de pages : 88
Prix : 19 €
- Exsangue 1 – La marquepar Laurent Lafourcade
Une rencontre non fortuite
« -Vous allez loin ?
-A Cheyenne…
-Je m’arrête bien avant… A Oklahoma City…
-Ça n’a aucune importance… Déposez-moi où vous pourrez… Le bout de chemin qu’on fera ensemble, ce sera toujours ça de moins à faire à pied…
L’existence de Thania Northwood se résume à peu de choses. La trentenaire a appris à vivre seule et à se contenter de peu. De toute façon, elle n’a pas de temps à consacrer à sa vie privée. Son job de VRP pour les compléments alimentaires Unilab l’emmène sur les routes six jours sur sept. De motels en cantines de stations-services, elle sillonne le pays en voiture. Par une nuit pluvieuse, Thania s’arrête pour prendre un auto-stoppeur. Leurs solitudes les rapprochent dans une nuit d’amour. Elle ne se doute pas encore que cet homme n’était pas sur sa route par hasard. Alors que son sommeil est perturbé par un cauchemar récurrent où elle est poursuivie par une meute de chiens et des chasseurs au Moyen-Âge, son hôte dort du sommeil du juste, satisfait d’avoir établi le contact avec sa cible.
© Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil On dissertera plus longuement sur cette mini-série lors de la parution du tome 2 du diptyque. Les scenarios de Corbeyran ont ceci de particulier qu’il est préférable d’en savoir le moins possible pour les apprécier au mieux. Ouvrez l’un de ses albums sans lire la quatrième de couverture. Vous verrez ce qu’il se dégage, comment le scénariste construit son histoire, installe ses personnages et les événements. Pour autant, sa démarche n’est pas scientifique, ni littéraire non plus. Elle est tout simplement l’œuvre d’un maître de la bande dessinée qui en dompte les codes depuis plus de quatre cents albums. Quand on revient sur des scènes précédentes au fil de la lecture, on repère les petits cailloux semés. Les personnages ne sont pas toujours qui l’ont croît. On découvre leurs failles parfois en même temps qu’eux. On cherche à s’en sortir en même temps qu’eux.
© Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil Alex Shibao est un dessinateur brésilien. Professeur de dessin, il s’est avant tout fait connaître par ses talents d’illustrateur. Ce livre est son premier album publié en Europe. La couverture place le mystère. A l’endroit, un duo. A l’envers, un duel. A l’endroit, une complicité ? A l’envers, une emprise ? A quoi s’attendre ? A l’intérieur, le dessinateur réaliste est aussi à l’aide dans les scènes de dialogues que dans les moments d’action. Les bagarres sont accentuées par des effets cinétiques immersifs. Aux couleurs, Natalias Marques assombrit les ambiances pour contribuer à l’intrigue. Rien n’est laissé au hasard.
© Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil L’univers d’Exsangue est tellement riche que si l’air du temps était encore aux séries, celle-ci aurait tout le potentiel pour prendre la relève des Stryges. Mais, au fait, Exsangue, c’est une histoire de quoi ? Lisez… et on en reparle. Si vous êtes corbeyranphiles, vous ne pourrez pas être déçus.
Série : Exsangue
Tome : 1 – La marque
Genre : Fantastique
Scénario : Corbeyran
Dessins : Alex Shibao
Couleurs : Natalia Marques
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302106581
Nombre de pages : 72
Prix : 16,50 €
- Kagurabachi 1 & 2par Laurent Lafourcade
La loi du katana
« -Chihiro, je peux te poser une question ?
-Oui.
-Cette cicatrice, tu pourrais la faire disparaître si tu le voulais. Tu ne passes pas inaperçu avec ça sur le visage, ça ne t’embête pas ?
-Tous les matins, je regarde mon visage en me préparant et je vois cette cicatrice. Elle me rappelle ce qui s’est passé ce jour-là. Grâce à elle, chaque matin, je commence la journée empli d’une haine toute fraîche. »
Chihiro et Kunishige Rokuhira, son père, vivaient heureux. Aux côtés de son paternel, le jeune homme apprenait le métier de forgeron, jusqu’au jour où son mentor a été assassiné et six katanas magiques dérobés. Chihiro possède le septième sur lequel les assassins n’ont pas mis la main. Trois ans plus tard, empli de haine et assoiffé de vengeance, Chihiro s’est donné un double objectif : retrouver les meurtriers et récupérer les sabres ensorcelés. Armé de son katana Enten et avec l’aide de Shiba, sorcier ami de la famille, il va devoir faire face à l’organisation criminelle Hishaku qui soutient les yakuzas.
Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono
First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
© Kana 2025Avec Kagurabachi, les éditions Kana tiennent l’événement manga 2025. Le jeune mangaka Takeru Hokazono impose un univers riche et bien construit. Le premier chapitre peut sembler surprenant. Alors que de nombreux auteurs auraient démarré avec une grande scène d’action, quitte à revenir en arrière par flashbacks, Hokazono installe une conversation entre un père et son fils, dans la maison et la forge familiale. Un bond de trente-huit mois donne ensuite le ton, avec ce qui semble être un règlement de compte entre triades. Ce n’est qu’ensuite qu’on apprend ce qui est arrivé, puis l’arrivée de Chihiro et les poissons de son sabre vont afficher définitivement les intentions de l’auteur. Vous vous souvenez de Kill Bill ? On va y aller puissance 10 ! Pour ceux qui seraient rebutés par les membres sectionnés, il y en a tellement qu’on s’y fait.
Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono
First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
© Kana 2025Hokazono voulait créer une structure et une direction inédites. Des poissons volants au rythme d’un katana dégainé, on n’avait jamais vu ça. L’auteur apporte du lyrisme à des scènes sanguinolentes. Il y a du John Wick dans Chihiro. Les personnages secondaires prennent tout de suite leur place, que ce soit Genichi Sôjô, l’ennemi que l’on prend plaisir à détester, ou bien Char Kônagi, gamine qui apporte de l’humanité et de la sensibilité à un récit qui sans elle serait trop sombre. Shiba, Hinao et Azami complètent l’entourage du héros, pendant qu’en face les sorciers de l’organisation Hishaku préparent la riposte.
Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono
First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
© Kana 2025La quête de Chihiro a démarré en automne 2023 au Japon. Afin de combler le léger retard, les éditions Kana prévoient six tomes pour la seule année 2025. On ne va pas avoir le temps de nettoyer nos katanas, mais on ne va pas s’en plaindre. Déjà addictif.
Série : Kagurabachi
Tomes : 1 & 2
Genre : Aventure fantastique
Scénario & Dessins : Takeru Hokazono
Éditeur : Kana
ISBN : 978250513-2912/-3285
Nombre de pages : 224 / 208
Prix : 7,30 €
- Billy le dernier dauphin 1par Laurent Lafourcade
Aqua-rions !
« -Veuillez m’excuser, mesdames, messieurs les journalistes, je suis tout à vous pour répondre à vos questions.
-Marc-Ange Laurentelli !
-M.Laurentelli !
-M.Laurentelli !
-Jean-Claude Pourraillet pour Corse Babin, on dit que ce nouveau centre commercial sera respectueux de l’écologie. Qu’en est-il exactement ?
-Tout à fait… Nous avons fait de l’écologie le cœur de notre projet en insistant tout particulièrement sur la préservation des espèces aquatiques. Pour cela, nous avons mis en place un dispositif de médiation immersif à parois cristallines permettant la visualisation effective du biotope immergé.
-Vous voulez dire un aquarium ? »
Alors qu’il était en plein entraînement avec son coach et ami Jean-Poulpe pour devenir le digne dernier représentant de son espèce, Billy, le dernier dauphin, est capturé. Le rapt est fomenté par Marc-Ange Laurentelli, directeur des centres commerciaux Lecher. Dans sa nouvelle grande surface, la plus grande d’Europe, avec plus de six cents boutiques, il a décidé d’installer un dispositif de médiation immersif à parois cristallines permettant la visualisation effective du biotope immergé, autrement dit un aquarium…mais il est hors de question d’appeler ça comme ça. L’attraction vise à attirer les foules en montrant au public, ou plutôt aux clients, le dernier dauphin. Tout va dégénérer le jour où Billy va disparaître…
© Le Borgne – Corsica Comix Il était apparu en guest dans Journal de confinement, il revient en star avec sa propre série. Billy, le dernier dauphin, qui ne comprend pas tout mais parvient toujours à s’en sortir, est le héros d’une histoire loufoque complètement dingo. Il est accompagné de seconds rôles tout aussi barrés. Il y a Jean-Poulpe, bien évidemment, mais aussi Marielle, la petite sirène qui réalise son rêve, le prince des mers, Rabor, et son nez bouché, venu du fond des océans, ou encore Thomas, un hilarant poisson-clown, roi du stand-up avec ses blagues aquatiques pourries. L’auteur Yann Le Borgne ne s’oublie pas puisqu’il se met en immersion avec sa famille, tentant de sauver Billy, otage de toutes les convoitises.
© Le Borgne – Corsica Comix Sous couvert d’une histoire complètement farfelue, Le Borgne dénonce une surenchère de consommation et de spectacle afin de séduire un public toujours plus nombreux. Scandoland, le parc d’attraction qu’il imagine au cœur de la réserve naturelle de Scandola en Corse, il est certain que des promoteurs y ont déjà pensé. En le créant dans sa BD, il en montre l’absurdité. Mais rassurez-vous, on ne se prend pas la tête dans Billy. On se marre avant tout. Même Marion Cotillard en prend pour son grade. Le trait du dessinateur est d’une efficacité redoutable. Il est jubilatoire, même avant d’avoir lu le texte. Après deux Journaux de confinement auto-édités (et réédités en intégrale chez Corsica Comix), Yann Le Borgne intègre la dream team des auteurs vedettes de son nouvel éditeur aux côtés de Léa Maurizi, Frédéric Federzoni, Desideriu, Sorlin, Nino,…
© Le Borgne – Corsica Comix Flipper et Oum peuvent aller se rhabiller… ou retourner nager en eaux profondes. Le porte-parole des dauphins, maintenant, c’est Billy ! De toutes façons, c’est le dernier, tandis que cet album est le premier d’une série poilante.
Série : Billy le dernier dauphin
Tome : 1
Genre : Humour déjanté
Scénario, Dessins & Couleurs : Yann Le Borgne
Éditeur : Corsica Comix
Collection : BDLire
ISBN : 9791092481273
Nombre de pages : 160
Prix : 20 €
- Boulevard Tintin – La véritable destination du Vol 714par Laurent Lafourcade
Sydney ou pas…?
« Vol 714 pour Sydney fait partie intégrante de l’œuvre de Hergé. Souvent critiqué, mal aimé et même qualifié d’album inutile, il recèle pourtant les réflexions existentielles, et peut-être les convictions, d’un homme de soixante ans à qui il reste quinze ans à vivre. »
Ce livre commence par un avertissement : « Notre souhait n’est pas de partir en quête de symboles cachés ou de faire la démonstration d’une passion supposée de Hergé pour l’astrologie, les ovnis ou les sciences occultes. Nous souhaitons simplement démontrer qu’une œuvre de génie est d’abord une création devant laquelle le créateur est un spectateur. » Hergé, lui, avait déclaré : « Là, j’ai voulu changer, revenir à l’Aventure avec un grand A… Sans y revenir vraiment. » Si Hergé a conçu son œuvre autour d’albums uniques et de diptyques, l’essayiste Jean Dubois démontre que Les bijoux de la Castafiore, Vol 714 pour Sidney et Tintin et les Picaros forment une trilogie qu’il intitule : En finir avec Tintin ? Il divise son ouvrage en deux parties distinctes.
© Dubois – 3 : 1 Avant de se pencher au cœur du récit, où il sera question de destination, Dubois feuillette quelques albums antérieurs …pour, justement, en finir avec Tintin. Le Tibet est marquant par la quête spirituelle et intime de son auteur. Hergé fait sa thérapie et regrettera d’être allé si loin. C’est pour cela qu’il fera descendre Tintin de son piédestal dans Les bijoux. Pour annoncer son retour dans l’hebdomadaire éponyme, le visage de Tintin y est représenté sous forme de logo. Pour Dubois, Hergé a abouti avec la tête de son personnage à un logo parfait, au même titre que la pomme croquée est l’idée de génie d’Apple. Dans cette partie, il sera question de complexe, d’aventure, de perfection, de simplicité, et d’incompréhension aussi. Si Vol 714 fait partie des aventures de Tintin les moins appréciées, c’est parce qu’il n’a toujours pas été compris.
© Dubois – 3 : 1 C’est dans la seconde partie de l’essai qu’il est question de destination. Si un biographe, Pierre Assouline pour ne pas le citer, a qualifié Vol 714 de l’album de trop, Jean Dubois conteste l’affirmation, expliquant qu’on n’a jamais dit à Picasso ou à Mozart qu’ils avaient fait l’œuvre de trop. Si le vol des bijoux de la Castafiore n’a jamais réellement été commis, celui avec atterrissage à Sydney n’aura non plus pas lieu, car l’avion sera détourné. Dubois disserte autour des couvre-chefs, longtemps et avec arguments, de Lazlo Carreidas, caricature de Marcel Dassault, du nombre de plaques sur la piste d’atterrissage, d’ovnis et de Jacques Bergier, ingénieur chimiste ayant des théories pseudo-scientifiques sur le paranormal, qui a inspiré Mik Ezdanitoff.
© Dubois – 3 : 1 Avec une approche novatrice et un questionnement pertinent, Jean Dubois a réussi son coup de réhabilitation d’un album injustement mal-aimé. Le livre est disponible en version poche souple mais aussi en grand format rigide. Il y a également une édition collector avec couverture couleur. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Titre : La véritable destination du Vol 714
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Jean Dubois
Éditeur : 3 : 1
ISBN : 9798311010887
Nombre de pages : 180
Prix : 14,90 €
- Migali 7 – L’école sous les étoilespar Laurent Lafourcade
L’araignée « star »
« -Oh, tiens… On dirait l’aigle de l’Académie Royale ?
-Miaou ?
-Eh, monsieur l’aigle, vous faites quoi ici ? Vous m’apportez un courrier royal ? C’est bizarre, pourquoi le Roi enverrait une lettre aussi tard dans la nuit ? C’est une drôle d’heure pour envoyer un courrier. »
Ça y est ! L’Académie Royale réouvre ses portes… mais désormais les cours auront lieu la nuit. Migali est toute excitée : des classes nocturnes au château, c’est trop cool ! Cahiers, trousse, crayons, biscuits pour chat, lampe-torche et pyjama, la petite fille araignée prépare ses affaires en deux temps trois mouvements. Pas besoin de douche, un bain d’étoiles fera l’affaire. Comme ils ont tous raté le bus de nuit, c’est le roi Papa qui va amener sa fille et ses copains à l’école. Sur place, ils découvrent qu’un gigantesque observatoire a été construit en plein milieu du château. Ça pète la classe ! Monsieur Flamberge leur annonce que cette année les cours porteront sur le ciel et les étoiles. Ils étudieront les planètes, l’astronomie et la science. Ils feront des exposés sur les créatures nocturnes et les prédateurs impitoyables de la nuit.
© Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD Un nouveau professeur a été engagé pour enseigner l’art de l’astrologie, de la divination et des prédictions. Il s’agit du Professeur Hibrouille. Il est prêt à ouvrir l’esprit de ses jeunes élèves pour leur faire découvrir tous les secrets du futur et leur apprendre à lire l’avenir partout autour de soi, dans les feuilles de thé, les lignes de la main, les boules de cristal et même l’iris des yeux. S’il voit dans ceux de Lucile un malheur drapé de rose, dans ceux de Rex-Emilien, il n’y a pas grand-chose qui ait du sens. L’atmosphère de la nouvelle salle de classe est pourtant propice à la divination.
© Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD Après le royaume sucré et le hors-série dans le manoir carnivore, le scénariste Alexandre Arlène, le dessinateur Fabien Öckto Lambert et la coloriste Kaori emmènent Migali et ses amis dans une aventure pédagogique nocturne. Ça plairait à plus d’un de nos petits écoliers. Les auteurs parviennent chaque fois à trouver une nouvelle thématique pour enchaîner les gags tout au long d’un album. Il y a même des surprises comme ce jeu où il faut aider Migali à régler le Méga-télescope qui est en fait un Twister à doigts bien rigolo à essayer. Comme d’hab, des dessins des lecteurs clôturent l’album.
© Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD Une pluie de météorites peut s’abattre. Ça ne nous empêchera pas de suivre les cours avec Migali. Prend garde à toi, Harry Potter ! C’est bien plus drôle et bien plus fun qu’à Poudlard ! Migali est dans le top des meilleures séries jeunesse du moment.
Série : Migali
Tome : 7 – L’école sous les étoiles
Genre : Humour arachnide
Scénario : Alexandre Arlène
Dessins : Fabien Öckto Lambert
Couleurs : Kaori
Éditeur : Auzou BD
ISBN : 9791039541299
Nombre de pages : 104
Prix : 11,95 €
- L’enfant démonpar Laurent Lafourcade
La forêt maléfique
« -Toc toc ? Y a du monde ? C’est à moitié ouvert…
-Ou à moitié fermé…
-Oh putain !
-Quoi ?
-Entre pas là-dedans !
-Qu’est-ce que tu as vu ? Mais putain, c’est quoi ?!
-C’est… c’est… une infection ! »
En balade en forêt, un jeune couple découvre une tente abandonnée. Jetant un œil à l’intérieur, le garçon est saisi par la puanteur et l’horreur de trois cadavres de corbeaux les entrailles à l’air. Quelques jours plus tard, on retrouve l’homme au commissariat. Il est interrogé par la police, suspecté du meurtre de sa petite amie. Que s’est-il passé entre la découverte des oiseaux et ce moment ? D’après lui, elle aurait été attaquée par des loups… alors qu’il n’y en a plus depuis belle lurette dans le Limousin. Quant à la campeuse, elle n’a pas donné signe de vie depuis trois jours. Afin de les aider dans leurs recherches, les enquêteurs font appel à Blanche Fontaine. Spécialiste en sciences occultes, avec Gaëlle Demeter, lieutenant de gendarmerie, c’est elle qui, il y a quelques mois, a résolu l’énigme de l’homme-bouc qui a conduit à l’arrestation de Constantin Verger. Le vieil homme qui croupit en prison a fait un rêve. Il a vu l’enfant démon. Il errait dans les bois parmi les loups et les cerfs. Quelqu’un doit s’occuper de lui sinon sa colère sera terrible…car ce n’est pas la sienne. Il pourrait bien y avoir d’horribles morts.
© Morinière, Corbeyran – Komics Initiative Cinq ans après L’homme bouc paru chez Robinson, Aurélien Morinière et Corbeyran prolongent les mystères de la forêt limousine. Comme souvent, Corbeyran fait osciller son scénario entre fantastique et réalité. Au fond, qu’est-ce qui nous dit que les apparitions surnaturelles ne sont pas des représentations des démons internes des personnages bien réels ? Schizophrénie ou pas ? Le doute plane… ou pas. Le scénario de Corbeyran a ceci de malin qu’il ne donne pas toutes les clefs. L’interprétation du lecteur est l’une des réponses et non pas forcément la réponse. Et cela va jusqu’au final, magistral final.
© Morinière, Corbeyran – Komics Initiative Après l’exceptionnelle quadrilogie historique Visages – Ceux que nous sommes, Aurélien Morinière peut laisser plus de liberté à son imagination. Les passages en forêt sont immersifs. Les scènes nocturnes sont angoissantes. Alors que L’homme bouc était en niveaux de gris, ce deuxième épisode, qui peut parfaitement se lire indépendamment du premier, est dans des couleurs ternes, chamaniques. Morinière s’en sert pour jouer sur les ambiances. L’auteur a un don pour mêler des tons improbables : du rouge côtoie un vert-noir. Des illustrations pleines pages s’intercalant entre les chapitres ou faisant partie intégrante de l’histoire démontrent que le dessinateur est aussi un grand illustrateur.
© Morinière, Corbeyran – Komics Initiative L’enfant démon est un thriller fantastique de haute volée. Tout l’ADN du créateur Corbeyran est présent dans cette histoire dont on ne peut imaginer qui, mieux qu’Aurélien Morinière, l’aurait dessinée. L’album montre par ailleurs que c’est souvent chez les tout petits éditeurs, ici Komics Initiative, qu’il se passe des choses remarquables.
One shot : L’enfant démon
Genre : Thriller fantastique
Scénario : Corbeyran
Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière
Éditeur : Komics Initiative
ISBN : 9782386030093
Nombre de pages : 208
Prix : 30 €
- Khorgan 1 – La cité d’Ampaarpar Laurent Lafourcade
Le désespoir fait les héros
« -Qui es-tu ?
-Tu ne me reconnais pas ?
-Je devrais ?
-Mon nom est Khorgan Moorlanh. J’appartiens à ta tribu. J’ai grandi dans ces collines. »
De retour en territoire Bolsaan, Khorgan espère retrouver une place parmi les siens. Il a gâché son enfance et perdu sa liberté parce qu’il s’était fait prendre la main dans le sac en tentant de voler dans une caravane de marchands. S’il veut rester, il devra le mériter, en commençant par affronter à l’aube celui qui se dressera contre lui. Dans la nuit, Dioselia, qu’il a connu enfant, le met en garde contre son futur adversaire, avant de lui offrir un baiser furtif. Khorgan a déjà tant souffert, ses cicatrices le prouvent, qu’il ne se dérobera pas. Sera-t-il réintégré à son peuple ou bien sera-t-il condamné à la mort ou à l’exil ? Dans un monde ravagé par une armée de monstres ardents jadis surgis des profondeurs, un héros se construit par son destin.
© Nenadov, Corbeyran, Seure-Le Bihan – Kalopsia Ce qui est caractéristique dans les scénarios de Corbeyran, et en particulier dans des histoires comme celle-ci, c’est qu’on ressent, en tant que lecteur, la passion de l’écrivain positionné en tant que créateur tutélaire. Corbeyran construit un monde avec minutie, comme un maître de jeu, comme un gosse qui oublie le monde qui l’entoure et qui imagine une vie pour ses Playmobil ou ses Lego. Ça peut paraître mièvre comme réflexion, mais il n’y a pas plus fort pour montrer la puissance de la stratégie, stratégie qu’il n’y a d’ailleurs pas. Bref, Corbeyran créé un univers, construit des personnages, dont un héros pour lequel il donne une consistance au fil de l’avancée du récit. L’auteur se montre ici tout autant romancier, avec de nombreux récitatifs, que scénariste, avec un Khorgan omniscient, car c’est bel et bien lui le narrateur, bel et bien lui qui raconte, qui témoigne et qui distille les informations sur son passé.
© Nenadov, Corbeyran, Seure-Le Bihan – Kalopsia Le traitement graphique des personnages par Dejan Nenadov est aussi classique qu’efficace. C’est dans les décors que le dessinateur se dépasse, que ce soit dans les destructions des cités par les créatures surgies du magma en fusion, que dans ce qui se nomme la forêt de pierres mortes sous un ciel lunaire porté par les couleurs de nuit lumineuse d’Erwan Seure-Le Bihan. Le défi n’était pas évident à réaliser pour Nenadov, car Khorgan n’est pas à proprement parler une aventure d’Heroïc-Fantasy, mais n’est pas non plus un récit prenant place dans une époque historique définie. Khorgan est une dystopie antique, et ça, ce n’est pas si courant, c’est Corbeyran.
© Nenadov, Corbeyran, Seure-Le Bihan – Kalopsia La saga est annoncée comme un diptyque. Khorgan est le digne héritier des héros d’antan, ceux qui n’avaient peur de rien et affrontaient le monde à mains nues. C’est ainsi que le défini Corbeyran, qui avec ce héros invite le Robert Howard de Conan le cimmérien chez Howard Lovecraft. Tiens, c’est drôle : le nom de l’un est le prénom de l’autre. N’y avait-il pas quelque chose de prédestiné pour que Khorgan voit le jour ?
Série : Khorgan
Tome : 1 – La cité d’Ampaar
Genre : Fantastique
Scénario : Corbeyran
Dessins : Dejan Nenadov
Couleurs : Erwan Seure-Le Bihan
Éditeur : Kalopsia
ISBN : 9782931205129
Nombre de pages : 64
Prix : 16,90 €
- Les sœurs Grémillet 7 – Le dragon d’orpar Laurent Lafourcade
Trois sœurs pour une quête
« -Vous vous souvenez de la phrase ?
-Oui, tu nous l’as répétée mille fois !
-Au nom du lien entre sœurs et du pouvoir magique de nos cœurs, nous promettons que notre club sera le plus génial du monde, pour toujours et à jamais !
-Et que notre lien sera solide comme la roche pour vivre plein d’aventures !
-Ouiiii ! »
Petites, dans un parc de la ville, les trois sœurs Grémillet prêtent serment devant le dragon du parc. Elles fondent devant lui le club le plus génial du monde, celui d’une sororité à toute épreuve les liant entre elles avec le pouvoir magique de leurs cœurs, se promettant de vivre ensemble plein d’aventures.
Quelques années plus tard, Cassiopée est invitée par la responsable du club de lecture de la librairie à participer à un concours de nouvelles. Elle a de l’imagination, elle aime écrire, il lui suffit de se lancer. Elle écrira une aventure comme elle les aime, avec des guerriers, des princesses et des créatures fantastiques. Ce sera l’histoire d’une héroïne sans peur et sans reproche qui voyagera sur sa licorne ailée en brandissant une épée magique. Quelle sera sa mission ? Vaincre un mystérieux chevalier sans visage ? Un sorcier corrompu et maléfique ? Un monstre sorti des ruines du passé ? Cassiopée hésite encore. En passant par le parc pour rentrer à la maison, elle se rend compte que le dragon du parc a disparu. Que lui est-il arrivé ? Il n’a pas pu s’envoler. Oilà une nouvelle mission pour Sarah, Lucille et Cassiopée.
© Di Gregorio, Barbucci – Dupuis Dans cette nouvelle aventure des Sœurs Grémillet, Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci font jongler leur scénario entre l’enquête des filles et la nouvelle imaginée par l’aînée. Chaque lecteur va pouvoir se retrouver dans la quête. Pour les sœurs, c’est ce fameux dragon. Pour d’autres, ce serait des lieux, objets ou événements de l’enfance. Dans cette histoire, chacune des filles va connaître un échec dans sa spécialité et apprendre à vivre avec. Joueuse de hockey en salle, la fougue de Sarah va mettre une injuste pression sur ses coéquipières. Son entraîneur le lui reproche, alors que pour elle, c’est juste une question de motivation. Sera-ce suffisant pour gagner le match ? Prise d’affection pour un chiot abandonné, Lucille, bénévole au refuge, entame son dressage. Une complicité se noue entre eux. Elle va tout faire pour convaincre sa mère de l’adopter. La légende racontée par Cassiopée pour sa nouvelle s’inspire de leur recherche du dragon. Parviendra-t-elle à conclure son récit. Et les sœurs, retrouveront-elles la statue disparue ?
© Di Gregorio, Barbucci – Dupuis
Alessandro Barbucci dessine son story-board de manière peu précise. Il peut ainsi conserver une grande part d’improvisation sur son dessin définitif. Il le réalise au lavis, à l’aquarelle, avant de terminer ses couleurs sur Photoshop. Les bulles sont rajoutées au dernier moment. Dans cet épisode, il a dû relever le défi de rajeunir les sœurs pour la scène d’introduction dans le parc. Le dessinateur avoue avoir utilisé l’intelligence artificielle pour créer la sculpture du dragon. Quand c’est fait avec intelligence justement, et en sachant se l’approprier, il n’y a pas à en avoir honte. L’IA ne dessine pas à sa place. Il en a fait une alliée, en lui demandant simplement d’installer une sculpture de dragon qui l’intéressait, existant à Lubjana en Slovénie, dans un jardin public français au printemps.© Di Gregorio, Barbucci – Dupuis Les sœurs Grémillet est une série feel good. Au même titre que Les carnets de Cerise, elle sait parler aux générations sans distinction d’âge ou de sexe. Et ce n’est pas terminé. Le retour de Cassiopée, Lucile et Sarah est déjà prévu à la fin de l’année pour un mystère automnal.
Série : Les sœurs Grémillet
Tome : 7 – Le dragon d’or
Genre : Aventure émotion
Scénario : Giovanni Di Gregorio & Alessandro Barbucci
Dessins & Couleurs : Alessandro Barbucci
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808510158
Nombre de pages : 72
Prix : 15,50 €
- Betty Boobpar Laurent Lafourcade
Montrez ce sein que je ne saurais voir
« -Rendez-le moi !
-Mais mademoiselle, vous avez perdu la tête. »
Des crabes avancent dans le noir. Ils ne marchent pas de travers comme ils le devraient, mais tout droit. Et pour cause, ce ne sont pas ces animaux que l’on voit parfois sur le sable en bord de plage. Ces crabes, c’est le cancer de Betty qui viennent lui mordre le sein dans la nuit. Quelques semaines plus tard, c’est à l’hôpital qu’on la retrouve. Elle a perdu ses cheveux à cause du traitement. Elle vient de subir une mastectomie. C’est la panique. Il va falloir réapprendre à vivre, elle d’une part, et son compagnon de l’autre, qui va tourner de l’œil la première fois qu’il va se rendre compte qu’elle n’a plus qu’un sein. Alors, avec une force incroyable que seules les femmes peuvent avoir, elle va le soutenir, continuer à le séduire, comme avant.
© Rocheleau, Cazot – Dargaud Au boulot non plus, ce ne sera pas facile. La patronne de Betty n’apprécie pas que la poitrine de son employée, vendeuse en grand magasin, ne soit pas plus sexy. Betty a beau mettre une pomme dans son soutien-gorge, ça ne fait pas le même effet. Et ça a tendance à ne pas rester en place. Alors que rien ne va plus dans son couple, c’est en courant après sa perruque en escapade que Betty tombe sur une troupe de cabaret burlesque installée à bord d’une péniche. Le destin venait de la prendre par la main. Une nouvelle vie allait commencer pour elle.
Jamais maladie n’aura connu pareil traitement en bande dessinée. Le cancer étant déjà en soi un sujet tabou, le cancer du sein l’est encore plus, car il touche à la féminité et à l’intimité. La chimio fait perdre les cheveux. Vais-je m’habituer à la perruque qui va les remplacer ? Avec un sein en moins, mon compagnon voudra-t-il continuer à me faire l’amour comme avant ? Suis-je encore désirable ? Suis-je encore sexy ? Les autrices mettent un grand coup de pied dans la fourmilière, en faisant de Betty le fer-de-lance d’une génération qui n’a pas peur des conséquences de la maladie. Aucune honte à avoir, ni morale, ni physique. Les membres du cabaret burlesque vont démontrer à Betty qu’on peut être heureux avec un gros cul, avec une jambe en moins, ou avec une cicatrice sur la poitrine. Il suffit de se laisser aller.
© Rocheleau, Cazot – Dargaud Les éditions Dargaud rééditent cet album paru pour la première fois en 2017 chez Casterman. Véritable succès, il dénonçait le diktat de la beauté et le business des prothèses mammaires. Bien avant Le jour du caillou, faisant également la part belle aux arts de la scène, la scénariste Véro Cazot signait là son premier grand succès. Au dessin et aux couleurs, Julie Rocheleau relevait le défi d’un album quasi-muet en mettant tant d’amour dans les corps et les âmes abimées. L’album est chapitré par des phrases semblant toutes droites issues de films des années 20, comme Betty Boop, cette pin-up de dessins animés à qui le titre est un clin d’oeil. Les autrices redéfinissent la féminité et ses normes pour le plus grands bien des lectrices, ainsi que des lecteurs qui pourront appréhender autrement la maladie s’ils s’y trouvent un jour confrontés.
© Rocheleau, Cazot – Dargaud Betty Boob devrait être distribuée gratuitement dans les services des hôpitaux qui traitent cette forme de cancer. Les seins de Betty donnent la plus belle leçon de vie qui soit. C’est subtil et c’est beau, aussi bien dans le fond que dans la forme. XXIème siècle, la bande dessinée est féminine ou elle n’est pas. Magistral.
One shot : Betty Boob
Genre : Emotion
Scénario : Véro Cazot
Dessins & Couleurs : Julie Rocheleau
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205213126
Nombre de pages : 188
Prix : 19,50 €
- Les inédits du Club des Peur-de-Rien 10 à 15par Laurent Lafourcade
Les enfants de Chick Bill et Ric Hochet
« -Ta droite, Bombonne ! Ta droite !
-La main pour dire bonjour !
-Celle qui est dans le gant marqué d’une croix !
-Attention ! Evitons le corps-à-corps !
-Ah ça oui ! Evitons-le ! »
En publiant coup sur coup les deux dernières séries de trois albums des aventures inédites (ou presque) du Club des Peur-de-Rien, les éditions BD Must rendent hommage à l’un des auteurs majeurs de la bande dessinée populaire, celle d’un âge d’or qui ne s’éteindra jamais, un auteur dont on parle trop peu mais qui a pourtant l’une des bibliographies les plus importantes : Tibet. Voici donc les volumes 10 à 15, scénarisés pêle-mêle par Greg, Duchâteau, De Groot et Tibet lui-même.
© Tibet, Greg, Duchâteau, De Groot – BD Must Bombonne va décocher des uppercuts pour le tournoi des gants de plomb dans Les rois du ring. Les garçons vont accueillir une fille dans leur troupe, plus exactement dans la troupe théâtrale des Rois des Don Juan. Cette fascinante vedette s’appelle Gwendolyne. Sa coiffure rappelle Sheila à la grande époque de L’école est finie. Nos amis vont fonder une agence de réclames dans Les rois de la publicité. Vous cherchez un slogan ? Adressez-vous à eux ! Après ça, on va les retrouver en tant que rédacteurs pour L’écho de Chalut-lez-Copeaux dans Les rois des reporters. Ils prendront ensuite de la hauteur en regagnant les airs dans Les rois des aérostiers, avant de terminer au bord de la mer pour Les rois des vacanciers, seule aventure n’ayant pas paru dans le magazine Junior, mais dans Tintin.
© Tibet, Greg, Duchâteau, De Groot – BD Must Junior, Bombonne, Génie et Ras-du-Sol vécurent vingt-six aventures entre 1959 et 1979. Ils sont nés quasiment par sérendipité, une succession de hasards ayant permis leur création. Vandersteen ayant décidé de quitter Le Lombard en 1958, Raymond Leblanc demanda à Will de créer un personnage baptisé Junior pour combler le vide. Guère enthousiasmé, ce dernier en parla à Tibet qui avait dans ses cartons un projet refusé quelques années auparavant. Il ne se doutait pas que cela allait l’occuper vingt ans, entre Chick Bill et Ric Hochet. Le Club des Peur-de-Rien n’a jamais connu une édition en albums digne de leurs auteurs. BD-Must comble un vide, mais les histoires qui ne sont pas publiées chez eux aujourd’hui sont quasiment introuvables, ou à des prix exorbitants. M’enfin, pouvoir profiter de quinze histoires sur les vingt-six existantes, c’est déjà pas mal. Qu’ils en soient remerciés.
© Tibet, Greg, Duchâteau, De Groot – BD Must Le club des « Peur-de-Rien » aurait mérité la même renommée que Ric Hochet et Chick Bill. Avec des séries comme Totoche de Tabary et La Ribambelle de Roba, elle témoigne d’un temps où le monde n’était pas envahi de nouvelles technologies polluantes et où les enfants savaient rester des gosses.
Série : Les inédits du Club des Peur-de-Rien
Tomes : 10 à 15
Genre : Aventures humoristiques
Scénario : Greg / Duchâteau / De Groot / Tibet
Dessins : Tibet
Éditeur : BD Must
Nombre de pages : 32
Prix : 59 € le trio d’albums
ISBN : 97823907209-42/-59/-66 / 97828753593-08/-15/-22
- Garfield – Poids lourd 27par Laurent Lafourcade
Lasagnes for ever
« -Bonjour Garfield. Qu’est-ce que tu fais ?
-J’attends que tu partes pour manger le beignet que je cache derrière moi. »
Sylvestre, alias Grosminet, poursuit un canari depuis 1945. Le chat zozoteur rêve de boulotter Titi qui se moque de lui avec une insolence crasse. Le chat noir et blanc à la grosse truffe rouge a été créé par Fritz Freleng. Sa première apparition a été dans le court métrage Les oiseaux se mâchent pour nourrir. Il lui arrivera aussi de poursuivre Speedy Gonzales, la souris la plus rapide du Mexique. Arriba, riba ! Plus tard, le chat initiera son fils Sylvestre Junior à la chasse aux oiseaux, tout za en zozottant allègrement. Dans la grande histoire du dessin animé, Sylvestre reste supplanté par Tom, de Tom et Jerry, né en 1940. Le chat gris est aux trousses de la même souris depuis ses débuts. Ils se sont retrouvés ensemble dans diverses époques, héros de quantités de téléfilms d’animation. Encore plus ancien, Félix le chat est né en 1919 !
© Davis – Presses aventures
© PAWNSChez Disney, les chats sont présents dans le catalogue depuis le tout début. On oublie souvent que l’ennemi juré de Mickey, qui apparaît dès Steamboat Willy, Pat Hibulaire, est un chat. Dans Cendrillon, il y a le fourbe Lucifer. Dans Pinocchio, Figaro fait le bonheur de Gepetto tandis que Gédéon fait le malheur du pantin. Les siamois Si et Am pourrissent la vie de Lady dans La belle et le clochard. Le chat de Cheshire arbore son sourire dans Alice au pays des merveilles, tandis que le vieux Rufus apporte son aide à Bernard et Bianca. On ne les compte pas dans Les Aristochats où chats de luxe côtoient les chats de gouttière. Oliver, lui, parcourt New-York dans Oliver et compagnie. Dans tout ça, on ne parle que des anciens. On en trouve aussi dans les productions modernes comme Mitaine dans Volt.
© Davis – Presses aventures
© PAWNSDepuis 1986, le chat de Philippe Geluck décoche ses aphorismes et ses réflexions sur le sens de la vie. Billy-the-cat, le plus humain des chats puisqu’il s’agit d’un garçon réincarné après avoir été renversé par une voiture, a connu son heure de gloire et mériterait un retour sous les feux de la rampe. Azraël continue à traîner entre les jambes de Gargamel pour croquer du Schtroumpf. Ce n’est pas le seul chat de Peyo puisque Poussy a été le héros de tout un tas de gags. Pêle-mêle, citons Chaminou et Célimène chez Macherot, Raoul Chatigré dans Léonard le génie, Clark Gaybeul chez l’inénarrable Edika, le fameux chat du rabbin par Sfar, Sénéchal dans Cubitus ou encore le chat de Gaston. Chi enchante le Japon pendant que Simon’s cat fait rire le Royaume-Uni. En dessins animés, on allait oublier Waldo Kitty et les célèbres Entrechats.
© Davis – Presses aventures
© PAWNSAutant en animation qu’en bande dessinée, des dizaines et des dizaines de chats ronronnent. On en a oublié plus que l’on en a cité. Ah, oui, tiens, il y a un chat roux tigré… Comment s’appelle-t-il déjà ? Attendez… Garfield ! Mais lui, il est tellement célèbre qu’on peut faire une chronique sur lui sans jamais en parler. C’est pas ça, ce qui s’appelle la gloire ? Garfield est une valeur sûre, c’est pour ça qu’il revient pour un vingt-septième opus Poids lourd !
Série : Garfield
Tome : Poids lourd 27
Genre : Humour félin
Scénario & Dessins : Jim Davis
Éditeur : Presses aventure
ISBN : 9782897518868
Nombre de pages : 256
Prix : 14,90 €
- Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 4 – Les cigares du Pharaonpar Laurent Lafourcade
Cap sur l’Orient
« -Ah !… Ah !… Voilà ce chien de chrétien !… Ces étrangers que je hais… Que je hais !…
-« Chien !… » Et vous alors… Homme !
-Tous périront entends-tu ?… Tous… Patrash Pasha te le dit !… Toi aussi, tu mourrass !… Les hommes du désert ne veulent plus d’étrangers chez eux… Ils veulent être maître chez eux !… Est-ce que nous allons chez vous, nous ? Quel est ton nom ?…
-Que t’importe mon nom; il ne t’apprendra pas grand-chose : dans mon pays, on m’appelle Tintin…
-Tintin ?… Est-ce possible ?… Allah est grand !… Viens que je t’embrasse ! Voilà plusieurs années que je suis tes aventures !… Vois !… Aussi, trois fois béni est le jour qui m’a permis de contempler ton visage… »
8 décembre 1932, les premières planches des aventures de Tintin en Orient paraissent dans Le Petit Vingtième. Elles se poursuivront jusqu’au 8 février 1934 pour un total de cent-vingt-quatre planches. Plus tard dans l’année, les éditions Casterman publieront le récit en album avec le sous-titre Les cigares du Pharaon. Pour la première fois, Hergé s’est affranchi de l’Abbé Wallez. Hergé commencera à refondre l’album en 1942, avant de l’interrompre l’année suivante. Il terminera cette nouvelle version seulement en 1954. Avec la participation de Dominique Maricq, Philippe Goddin nous invite dans les coulisses des Cigares, mais aussi dans les travaux réalisés par Hergé à la même période. Ce quatrième épisode est un pivot, une charnière dans l’œuvre de Hergé. Le scénario commence à être construit. On n’est plus dans une simple succession de saynètes et d’événements comme dans les épisodes précédents, mais on n’est pas encore dans la maturité et le professionnalisme que l’on découvrira dans Le Lotus Bleu. L’histoire navigue entre réalité et fantaisie débridée. Hergé est dans une période créative foisonnante qu’il a encore du mal à canaliser. Hormis pour la bande dessinée, il travaille également beaucoup pour la publicité, qu’on appelait alors la réclame.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Une semaine avant le démarrage de l’histoire dans la presse, Hergé propose une splendide carte aux ambiances exotiques. Elle présente l’essentiel de l’Eurasie, avec des personnages locaux. On y voit Tintin et Milou sur une embarcation en pleine mer d’Oman. Dans les Cigares, Hergé met en évidence sa fascination pour l’Egypte ancienne, avec le tombeau de Kih-Oskh. La couverture du Petit Vingtième du 19 janvier 1933 est inspirée d’un bas-relief conservé au Louvre. Dans les Cigares, on trouve aussi une scène unique dans laquelle Tintin croise une célébrité existante : l’aventurier Henry de Monfreid. Dans les Cigares, plus exactement dans la dernière version, on assiste à un paradoxe temporel. Le cheik Patrash Pasha est ravi de rencontrer Tintin dont il a suivi toutes les aventures, dont Objectif Lune qu’il n’est pas censé avoir encore vécu. Les versions précédentes montraient Tintin en Amérique, puis Tintin au Congo, ce qui restait plausible. L' »anomalie » vient du fait qu’un éditeur anglais n’ayant pas encore publié Tintin au Congo ait demandé un changement. Au final, c’est drôle.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Parmi les coulisses remarquables conservées ici, on peut admirer des croquis et portraits de Germaine, à la mine de plomb ou en sanguine. Magnifique. On apprend que Roberto Rastapopoulos, qui fait ici sa première apparition, est la reproduction d’un personnage issu du film Le lion des Mogols, de 1924. On connaissait l’influence de Benjamin Rabier sur Hergé. On (re-)découvre celle de Jean de Brunhoff, avec des éléphants cousins au premier degré de Babar. Quick et Flupke ne sont pas en reste. En pleine montée du nazisme, ils caricaturent les dictateurs européens.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Replongez-vous avec délectation dans cette quatrième aventure du reporter à la houppe. Rendez-vous en Mai pour découvrir les coulisses du Lotus Bleu, dont la première version colorisée vient de sortir. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : Tintin Hergé Les coulisses d’une œuvre
Tome : 4 – Les cigares du Pharaon
Genre : Aventure
Auteur : Philippe Goddin
Avec la participation de : Dominique Maricq
Scénario & Dessins : Hergé
Éditeur : Moulinsart
ISBN : 9782810440283
Nombre de pages : 108
Prix : 19,95 €
- Camille 2 – You-hou, les p’tits martiens !par Laurent Lafourcade
Girafe à temps plein
« -Regarde Papy, j’ai mis tes bottes !
-Mais elles sont trop grandes pour toi ! Attends… Maintenant, c’est moi qui vais essayer les tiennes !
-Mais, Papy, elles sont trop petites pour toi ! »
Camille est une girafe. D’après le dictionnaire Larousse, la girafe est un grand mammifère ruminant des savanes africaines du sud du Sahara, remarquable par la longueur de son cou et ses petites cornes recouvertes de velours. De la famille des girafidés, elle se nourrit de feuilles d’arbres, jusqu’à 5 mètres de hauteur, et de buissons épineux. Elle marche l’amble et se déplace en troupeaux où semble dominer un grand mâle. En plus de tout ça, Camille est poète, curieuse et aventurière. Pour le deuxième recueil de ses aventures, retrouvons-là avec tout son humour et sa tendresse.
© Duquennoy – La boîte à bulles Mieux que Katy Perry qui vient de faire un tour dans l’espace dans la fusée Blue Origin de Jeff Bezos, Camille va sur Mars. Elle a décidé d’aller voir si les martiens existent vraiment. Aux rectangles rouges et blancs de la fusée de Tintin, elle a préféré des pois verts sur fond blanc. Décidément, Camille est une originale. Une fois sur place, pas de Matt Damon, mais des martiens qu’elle mettra du temps à voir mais qui sont bel et bien là. Sont-ils au moins sympathiques ?
Revenons sur Terre. Camille et les insectes, c’est une grande histoire. Elle parle aux coccinelles et s’amuse avec elles. La puce, au contraire, c’est elle qui s’amuse, et non pas Camille, à la fois dérangée et démangée. Va falloir que la bestiole trouve un autre terrain de jeu.
© Duquennoy – La boîte à bulles Camille est une grande sportive. Elle fait partie d’une équipe de hockey. En direct de la patinoire de l’étang gelé, elle participe à la finale de la Girafa Cup. Qui remportera la victoire ? Avec sa grâce naturelle et sa souplesse inégalable, Camille ne pouvait pas ne pas pratiquer la danse classique. En vacances à la mer, elle va s’inscrire à toutes les activités possibles et imaginables : planche à voile, ski nautique, natation et plongée sous-marine.
Camille va enfin nous gratifier de jolis moments de poésie en apprenant à écrire, aidée par un courant d’air, en nous parlant de ses très lointains ancêtres, ou encore en chaussant les belles bottes rouges que son papy lui a offertes, histoire ô combien émouvante qui vous fera même verser une petite larme.
© Duquennoy – La boîte à bulles Dans cette deuxième compilation de neuf histoires de Camille, Jacques Duquennoy démontre que la recette 25 % émotion, 25 % tendresse, 25 % humour et 25 % aventure est la meilleure garantie d’un joli moment de partage entre parents et enfants au moment de la lecture du soir, ou à tout autre moment de la journée. Camille est le genre de personnage grâce à qui on est enfant toute sa vie. Elle a le pouvoir d’arrêter le temps. Il n’y a pas d’âge pour lire Camille.
Série : Camille
Tome : 2 – You-hou, les p’tits martiens !
Genre : Mignonnerie
Scénario, Dessins & Couleurs : Jacques Duquennoy
Éditeur : La boîte à bulles
Collection : La malle aux images
ISBN : 9782849535325
Nombre de pages : 80
Prix : 11,50 €
- C’était la Nationale 7par Laurent Lafourcade
Près de 1000 kilomètres de voyage et d’anecdotes
« Pour beaucoup de Français, et les parisiens ne sont pas les moins nombreux, cette belle route de près de mille kilomètres reliant la capitale à la Méditerranée symbolisait le temps des vacances, de l’insouciance, du soleil assuré et du bleu azuréen. C’était aussi les embouteillages dantesques, les poids lourds coincés dans les rues étroites des villages, les bouchons surchauffés… L’itinéraire Paris-Côte d’Azur, c’était aussi la Nationale
6, route souvent confondue avec son illustre sœur, et c’était enfin la Route Bleue, échappée bucolique qui quittait la Nationale 7 avant Lyon pour la rattraper à Valence. »
Thierry Dubois est un passionné de la Nationale 7 qu’il parcourt depuis trente ans. Il la photographie, il l’étudie, il collectionne tout ce qui s’y rapporte. Sa passion, il l’a étendue à la Nationale 6 et à la route Bleue, indissociables de la 7. Initialement paru en 2010, ce livre a été complètement refondu et enrichi, avec de nombreuses nouvelles illustrations et photos. Attachez vos ceintures. On va quitter Paris. Direction la Côte d’Azur.
De toutes les routes de France d’Europe
Celle que j’préfère est celle qui conduit
En auto ou en auto-stop
Vers les rivages du Midi.
Avec sa célèbre chanson, Charles Trenet a gravé le mythe de la Nationale 7 dans le marbre. Il a pourtant fait une confusion dans le texte, car si la Nationale 7 traverse bien la Provence, c’est la Nationale 6 qui passe par la Bourgogne. Thierry Dubois remet d’emblée les pendules à l’heure. De Paris à Lyon, les automobilistes pouvaient emprunter l’une ou l’autre. A partir de la ville des Lumières, il n’y avait pas d’alternative pour rejoindre Menton. Pour revenir avant Lyon et pour esquiver cette grande ville, les conducteurs de la 7 pouvaient bifurquer sur la Route Bleue passant par Saint-Etienne pour retrouver la route principale à Valence.
© Dubois – Paquet Nationale Sept
Il faut la prendre qu’on aille à Rome à Sète
Que l’on soit deux trois quatre cinq six ou sept
C’est une route qui fait recette
L’histoire de la Nationale 7 commence dès 58 avant Jésus-Christ, avec les premières Via romaines. Il faudra attendre 1716 pour que des aménagements supplémentaires voient le jour grâce à la création de l’administration des Ponts et Chaussées. Ce sont les premiers pavages dont certains survivront jusqu’au XXème siècle. En 1811, la Nationale 7 se voit enfin attribuer un nom : Route Impériale… n°8 ! En 1824, un décalage de numéros lui attribue son 7. Le nom exact de Route Nationale 7, elle va le porter de 1871 à 2006.
© Dubois – Paquet Route des vacances
Qui traverse la Bourgogne et la Provence
Qui fait d’Paris un p’tit faubourg d’Valence
Et la banlieue d’Saint-Paul de Vence.
Tout au long de l’album, Thierry Dubois dissèque les portions successives de la route, avec de nombreuses photos et illustrations. On démarre au kilomètre zéro, sur le parvis de Notre-Dame-de-Paris. Dans les années 40, l’aéroport d’Orly n’était pas encore aussi gargantuesque qu’aujourd’hui. Pas de radars fixes en 1964. A Fontainebleau, devant l’Obélisque, une roulotte servait de PC mobile aux gendarmes. Jusqu’en 1965, on rentrait dans Nevers par la monumentale Porte de Paris, avant qu’une déviation ne soit mise en place. Au fil du chemin, auberges et pompes à essence scandent le parcours.
© Dubois – Paquet Le ciel d’été
Remplit nos cœurs de sa lucidité
Chasse les aigreurs et les acidités
Qui font l’malheur des grandes cités.
Moulins, Roanne, Montélimar, Avignon, Aix-en-Provence, Fréjus, Cannes, Nice,… L’auteur met en scène les automobiles de l’époque avec précision et émotion. Les photos des années 50 et 60 sentent bon cette époque où l’on prenait le temps de prendre le temps. On va voir le tramway dans les rues de Lyon. On assistera à une étape de la course cycliste Paris-Nice. On verra aussi malheureusement qu’en ce temps-là les accidents de la route ne pardonnaient pas. Les corniches de la Côte d’Azur annoncent la fin du voyage. Ce livre est une histoire d’amour. A ranger aux côtés de On est heureux Nationale 10, C’était la Nationale 7 forme avec lui un diptyque indispensable à tous les amoureux d’automobile et de géographie prêts à un incomparable et inestimable voyage dans le temps.
© Dubois – Paquet Tout excitées
On chante, on fête
Les oliviers sont bleus ma p’tite Lisette
L’amour joyeux est là qui fait risette
On est heureux Nationale 7.
One shot : C’était la Nationale 7
Genre : Album illustré
Textes, Dessin & Couleurs : Thierry Dubois
Éditeur : Paquet
Collection : Calandre
ISBN : 9782888909750
Nombre de pages : 280
Prix : 39 €
- Les aventures de Spirou & Fantasio en noir et blanc – Les pirates du silence, et La quick superpar Laurent Lafourcade
Une version du Silence qui fait du Bruit
« -Euh !… J’ai peut-être la berlue, mais je vois le Marsupilami dans le jardin.
-Mmm ?!? Mais mon pauvre vieux, il est chez le Comte, à Champignac !
-Marsupilami !! C’est bien lui. Mais il n’a pas bonne mine.
-Houba.
-Quelle surprise ! Mais je ne vois pas le Comte…
-Bizarre, il est harassé ! Il serait venu de Champignac à pied qu’il n’aurait pas l’air plus fatigué… (…) S’il s’est enfui de Champignac, comment nous a-t-il retrouvés ici ? Je l’ai toujours dit : cet animal a des facultés qui nous étonneront encore… Dis donc, Champignac ne répond pas. »
Les éditions Black and White lancent une somptueuse collection en noir et blanc, ça va de soi, des aventures de Spirou et Fantasio, avec un dossier final conçu et rédigé par Bertrand Pissavy-Yvernault. Dans une qualité éditoriale irréprochable, chaque titre sera tiré à 1500 exemplaires. Le trait de Franquin est sublimé dans un noir de Chine sur un blanc immaculé. Les pirates du silence, suivi dans l’album Dupuis mais précédé dans celui-ci pour respecter la chronologie exacte de La Quick Super, inaugurent la série.
© Franquin, Rosy, Will – Black & White La Quick Super a été publiée pour la première fois dans le journal Spirou à l’automne 1955. Spirou et Fantasio arrivent au garage afin d’emprunter une voiture Quick pour le week-end. Tout ça pour un essai destiné à la chronique automobile du journal de Spirou. Mais des vols de voitures inquiètent le concessionnaire. Située juste après Le repaire de la murène, l’histoire est scénarisée par le poétique Maurice Rosy, dont on ne saurait que vous recommander la lecture de la biographie C’est la vie. Ce court récit s’inscrit comme une respiration dans l’œuvre du grand André Franquin, au même titre que La foire aux gangsters ou autre Peur au bout du fil. Cette récréation démontre le talent de Franquin. En effet, d’une part, on ressent le plaisir qu’il a eu à réaliser cette historiette ; d’autre part, il ne néglige aucune case, aucune attitude, voulant donner le meilleur de lui-même, comme pour un récit plus important : un respect du lecteur exemplaire et hors du commun.
© Franquin, Rosy, Will – Black & White Les pirates du silence est également réalisé sur un scénario de Maurice Rosy. Elle a été publiée dans le journal Spirou de novembre 1955 à avril 1956. Il n’y a donc eu aucune interruption entre les deux récits réunis ici. Aux décors, Will vient prêter main forte. Le Marsupilami a quitté Champignac où il était resté chez le Comte afin de rejoindre Spirou et Fantasio. Pacôme ne répondant pas au téléphone et Fantasio ayant prévu de partir en reportage à Incognito City, une ville de milliardaires, où ils vivent, ou plutôt sont censés vivre, en toute sécurité, Spirou et Fantasio embarquent la bestiole avec eux. Des malfrats ont échafaudé une stratégie pour endormir la ville afin de la dépouiller, grâce à un gaz inventé par Champignac… qu’ils ont en fait enlevé. Spirou réussira-t-il à déjouer leur plan ?
© Franquin, Rosy, Will – Black & White Aventure préfigurant le style Atome qui sera popularisé par Yves Chaland et Joost Swarte, entre autres, Les pirates du silence est à l’origine d’un courant graphique où architecture moderne et décoration intérieure design offrent une esthétique épurée. Lors de sa conception, les rapports entre Franquin et Dupuis ne sont pas au beau fixe. Ça débouchera d’ailleurs sur la création de Modeste et Pompon pour Le Lombard. Tout cela, on l’apprend, et bien plus encore, dans le dossier complémentaire concocté par le spécialiste historien de Marcinelle Bertrand Pissavy-Yvernault. Il est agrémenté de nombreux documents d’époque comme les couvertures du journal et des recueils, ou encore des photos d’époque des auteurs.
© Franquin, Rosy, Will – Black & White Les pirates du silence inaugurent avec grand bruit cette collection prestigieuse. Les éditions Black and White annoncent sur leur site que l’album est déjà épuisé. Les chanceux qui le possèdent tiennent là un trésor d’exception, aussi bien dans le fond que dans la forme. Sublime.
Série : Les aventures de Spirou & Fantasio en noir et blanc
Tome : Les pirates du silence, et La Quick Super
Genre : Aventure
Scénario : Maurice Rosy
Dessins : André Franquin
Décors : Will
Dossier complémentaire : Bertrand Pissavy-Yvernault
Éditeur : Black & White
ISBN : 9782383630890
Nombre de pages : 88
Prix : 49 €
- Boulevard Tintin – Tintin 5 – Le Lotus Bleu, version coloriséepar Laurent Lafourcade
Des couleurs dans le Bleu
« -Eh bien ?… Ça va mieux ?… Au fait, quel est ton nom ?… Moi, je m’appelle Tintin.
– Moi, Tchang… Mais… pourquoi m’as-tu sauvé ?… »
Après avoir déjoué les plans d’une bande internationale de trafiquants de stupéfiants, le jeune globe-trotter Tintin et son chien Milou prennent quelques jours de repos bien mérités dans le palais de leur hôte le Maharadjah de Rawhajpoutalah. Alors qu’il écoute un fakir lui prédire des choses terribles, le reporter est demandé dans la galerie par un étranger venu spécialement de Shanghaï qui désire lui parler. Avant qu’il n’ait pu faire des révélations, le visiteur est touché au cou par une fléchette au Radjaïdjah, le poison-qui-rend-fou. Il a juste le temps de lui donner un nom : Mitsuhirato, et de dire à Tintin qu’on a besoin de lui, avant de sombrer dans un délire profond. Tintin décide de partir pour la Chine. Entre colons racistes, trafiquants de drogue, catastrophes naturelles et dictature politique, il ne se doutait pas qu’il allait vivre une aventure hors du commun et faire une rencontre qui allait bouleverser sa vie : celle d’un petit chinois nommé Tchang.
© Hergé – Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024Les éditions Moulinsart et Casterman poursuivent la colorisation des aventures en noir et blanc de Tintin. Si au départ on avait pensé à une simple opération mercantile, il faut avouer que le travail est extrêmement bien réalisé et apporte un plus fort intéressant, positionnant la collection à mi-chemin entre les versions d’origine et celles totalement redessinées. (Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis) L’indispensable Philippe Goddin rédige la préface. Il revient sur la genèse du récit, sur la rencontre de Hergé avec un étudiant chinois et sa contribution aux inscriptions en langue chinoise dans l’album. Pour ceux qui voudraient en savoir encore plus, on ne peut que vous conseiller de lire Tchang Tchong-Jen Artiste voyageur, biographie de l’homme derrière le Lotus, parue il y a quelques semaines seulement, racontée par Dominique Maricq et Tchang Yifei, la propre fille de Tchang Tchong-Jen.
© Hergé – Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024L’épisode est truffé de scènes aujourd’hui cultes. Il y a de l’hilarant, avec le fakir qui se fait mal au derrière en s’asseyant sur un canapé au lieu de sa planche à clous. Il y a surtout du suspens et du drame. Tintin manque de se faire tuer en prenant le thé dans sa chambre d’hôtel, avant de passer pas loin d’avoir la tête coupée à la machette par Didi. Tintin fait mine de fumer de l’opium allongé sur un lit au sol. Il se déguisera en général, retrouvera Rastapopoulos, sauvera Tchang de la noyade. Les Dupondt, quant à eux, tenteront de passer incognitos, sans succès, devant une foule hilare. Ce ne sont que quelques exemples au milieu de moments qui restent inoubliables pour tous ceux qui ont découvert Tintin au plus jeune âge.
© Hergé – Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024Le Lotus bleu est définitivement un album mythique. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : Tintin version colorisée
Tome : 5 – Le lotus bleu
Genre : Aventure
Scénario & Dessins : Hergé
Couleurs : Tintinimaginatio
Préface : Philippe Goddin
Éditeur : Moulinsart/Casterman
ISBN : 9782810440276
Nombre de pages : 144
Prix : 23 €
- Camp Coyote 2 – Sang dessus dessouspar Laurent Lafourcade
Patrouille tous-risques
« -Salut les pioupious ! Qu’est-ce que vous faites de beau ??
-Salut Cheffe Sandy ! Boun a ingéré deux cerises et il essaie désespérément de faire un nœud avec leurs queues.
-Avec les cerises entières ?! Il y arriverait plus facilement s’il n’avait pris que les queues.
-Ah oui, pas bête !
-Boun, crache les noyaux !… Euh… Je crois que c’est trop tard…
-Hrrrr…
-Oh mon dieu ! Il s’étouffe avec les noyaux de cerises !! »
Au Camp Coyote, il y a des accidents graves tous les jours… ou presque. C’est donc avec émotion que le chiffre 1 va être accroché au panneau indiquant le nombre de jours écoulés depuis la dernière catastrophe. Rassurez-vous… ou pas… ça ne va pas durer. Le jeune scout Œuf Pourri pourra le raconter à ses petits-enfants, s’il en a un jour, ce qui n’est pas gagné vu là où il s’est fait mal la dernière fois. Le Chef Orignal demande un volontaire pour accrocher solennellement le panonceau en haut du mât, sinon Chef Jean-Claude, le poulpe, se chargera de désigner un candidat, lui qui a tendance à confondre désigner et dévorer. Du coup, tout le monde va se bousculer au portillon. Cette mésaventure du panneau des accidents graves est la première des dix péripéties subies par les scouts du Camp Coyote.
© Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel On connaissait la patrouille des Castors et plus récemment celle du Faucon. Il y a aussi eu celle des Libellules, plus trash. Les scouts du Camp Coyote renouvellent le genre dans une ambiance… disons… décomplexée. Tous les coups sont permis, surtout ceux qu’il se prennent sur la tête : coups durs et coups du sort, coups de bambous et coups bas. Cora, Boun, Gabi et Œuf Pourri sont sous les ordres des chefs du camp. Parmi eux, Sandy est la seule humaine, Coyote est un coyote, Koala est un koala, Orignal est un orignal et Jean-Claude, on l’a dit, est un poulpe. Tout au long de l’album, ils vont avoir à faire avec des moustiques, une momie, un vampire, des ratons, un voyageur temporel, des orties, de l’orage et toutes sortes de joyeusetés.
© Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel Marc Dubuisson n’épargne rien à ses petits héros. Les enfants de South Park auraient très bien pu se retrouver dans ce camp scout, ou à l’inverse les scouts dans l’école de la ville américaine. Si South Park est trash et grossier, Camp Coyote est parfois trash mais jamais grossier. On reste dans du tout public… à partir de 9-10 ans quand même. Au dessin, Paka, que l’on a connu avec Roger et ses humains scénarisé par le youtubeur Cyprien, dynamite la sauce. Il y a quelques accents manga, juste ce qu’il faut. Le dessinateur n’hésite pas à faire dépasser les personnages des cases pour les mettre en avant. Les couleurs de BenBk pimentent l’ensemble avec tout le talent qu’on lui connaît. Souhaitons à Camp Coyote le même succès que Les p’tits diables.
© Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel Camp Coyote est réalisée par un trio de sales gosses qui donnent un grand coup de pied dans la fourmilière de la BD humoristique. Ils mettent le foutoir chez Albin Michel pour notre plus grand plaisir.
Série : Camp Coyote
Tome : 2 – Sang dessus dessous
Genre : Humour
Scénario : Marc Dubuisson
Dessins : Paka
Couleurs : BenBk
Éditeur : Albin Michel
ISBN : 978226484826
Nombre de pages : 48
Prix : 12,90 €
- Quand la nuit tombe 2 – Mylaine par Laurent Lafourcade
Au beau milieu de la tache
« -Nom, prénom, profession.
-Marie-Hélène Veil. J’étais étudiante.
-Bist du Jüdin ?
-Es-tu juive ?
-Oui.
-Où sont les autres de ta famille ?
-Je l’ignore.
(…)
-Ecoute-moi bien. Demain matin, tu seras de nouveau interrogée. Si tu ne nous dis pas où est tont père, tu seras fusillée. Emmenez-là à la Gestapo, cours Berriat. »
Paris, Janvier 2022, Mylaine, 99 ans, attend sa nièce Marion. Le thé va être froid. Le temps est maussade. Ah ! Voici la jeune femme qui arrive. Marion est venue avec son carnet de notes et un enregistreur. Mylaine va répondre aux questions sur son petit tour d’Europe… dans les années 40. Elle répond toujours aux questions, mais elle ne souhaite pas être dans la BD. Les petits illustrés, elle ne sait même pas comment on les lit, mais elle veut que les jeunes entendent que ça a existé. Mylaine a grandi à Blâmont en Lorraine, où son père dirigeait une usine de fabrication de textiles. Elle faisait du scoutisme. Elle a passé son bac en 1939. Son père mobilisé, la famille a fui en zone libre où elle a passé une licence de droit. Elle s’est fiancée avec Robert à vingt ans en 42. A partir de 43, la famille se cache sous une fausse identité dans une petite maison de montagne à Sarcenas…jusqu’à ce jour fatidique de février 1944 où une patrouille allemande toqua à la porte. Seule à la maison avec sa sœur Lisou, Mylaine parvient à sauver sa cadette, mais, elle, est embarquée par les nazis.
© Achard, Galmés – Delcourt Le cauchemar n’allait faire que commencer. Après avoir été tabassée en bonne et due forme, Mylaine est déportée à Drancy. Comme ses compagnons d’infortune, elle pensait qu’elle allait travailler dur, qu’ils seraient mal nourris et mal traités, mais ce qu’ils allaient découvrir, ça, non… Le 7 mars 1944, Mylaine partait à bord du convoi 69 pour Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée, avec mille cinq cents autres déportés. Tête rasée, bras tatoué, il allait en falloir du courage afin que jamais les crépuscules ne vainquent les aurores. Les rations de biafrais, les nuits glaciales et les jours pas bien plus chauds, les odeurs d’excréments et surtout celle des corps brûlés dans les fours crématoires, il y a des choses qui ne peuvent être résiliées… et surtout que les générations futures doivent se rappeler pour tirer les leçons de l’Histoire.
© Achard, Galmés – Delcourt « Quand la nuit tombe » est un diptyque témoignage, l’histoire de deux sœurs séparées par la guerre, qui ont chacune vécu le drame par un prisme différent. Il n’y a pas d’échelle de la douleur. Mais s’il y en avait une, Lisou et surtout Mylaine seraient montées tout en haut. Elles ont toutes les deux survécu à l’horreur. Aujourd’hui, elles témoignent sous la plume de leur petite-nièce Marion Achard, contribuant ainsi, au même titre que Madeleine Riffaut ou Ginette Kolinka, à l’indispensable devoir de mémoire. A la manière de David Evrard dans Irena et Simone, le graphisme de Toni Galmès adoucit l’ambiance pour un contre-pied qui rend les événements encore plus dramatiquement puissants. La postface présente les membres de la famille Weill et les gens qu’ils ont croisé, ainsi que les criminels de guerre responsables de leur situation. De nombreux documents d’époque, photos, lettres et télégrammes, donnent encore plus de véracité et d’émotion à l’histoire. Et quelle est sublime cette photo de Lisou et Mylaine qui rient ensemble en septembre 2024. Quelle incroyable leçon de vie que donnent ces dames !
© Achard, Galmés – Delcourt Il est impossible de compter tous les albums de bande dessinée consacrés à la Seconde Guerre Mondiale. Si cette année, il ne fallait en retenir qu’un (mais il ne faut pas, tous sont indispensables) ce serait peut-être ce second tome de Quand la nuit tombe…afin que le soleil ne se couche plus.
Série : Quand la nuit tombe
Tome : 2 – Mylaine
Genre : Histoire
Scénario : Marion Achard
Dessins & Couleurs : Toni Galmés
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire et histoires
ISBN : 9782413077664
Nombre de pages : 160
Prix : 20,50 €
- La chandelle du bon Roy Henripar Laurent Lafourcade
Paris vaut bien une mèche
« -Votre Majesté m’a fait demander ?
-Nous avons un souci, Monsieur mon médecin ! Votre remède secret ne fait plus effet ! Je ne peux plus me passer de mon porte-pot. Des envies pressantes me prennent à tout moment et ne me laissent faire que trois gouttes qui ne me soulagent guère.
-Vos problèmes de rétention se seront réveillés, Sire. Je vous avais imploré de retenir vos ardeurs avec ces dames.
-Il se trouve que je dois disputer une partie de paume dans ce fameux tripot de la sphère. Je compte sur vous pour ne pas avoir à m’éclipser tous les deux coups de raquette. »
1594, le bon roi Henri, Henri IV, est enfin arrivé à Paris. La Renaissance tire sa révérence, pendant qu’une époque moderne s’installe. Quand on pense que certains consultent encore des voyants et des rebouteux alors que la médecine véritable est en plein développement. Ça tombe bien, le roi a des problèmes. Il est là pour séduire le peuple de la capitale. Il n’est pas bon d’étaler ses problèmes urinaires qui pourraient écorner son image. Le roi a sans cesse des envies pressantes. Les remèdes habituels ne font plus effet. Il doit disputer bientôt une partie de jeu de paume et compte bien sur son médecin pour qu’il n’ait pas à s’éclipser tous les deux coups de raquette. Pendant ce temps, Mathilde, une jeune femme s’approchant de ses dix-huit ans, consulte sa tante, Bertille du Livarot, une voyante qui soigne les corps et l’âme. Elle lui prédit qu’elle rencontrera l’amour en la personne du premier à qui elle adressera la parole et un sourire. Sera-ce le roi, ou bien Thibault, ce joli saltimbanque, épicurien et un brin hypnotiseur ?
© Hübsch, Charlot, Bouet – Bamboo Après le cul de Louis XIV, dans Le royal fondement, la face cachée du roi Soleil, des mêmes auteurs, le zizi d’Henri IV est à l’honneur dans ce témoignage drôle et cocasse d’une petite histoire de l’Histoire de France. Philippe Charlot signe une comédie savoureuse. Il offre à Henri IV, puissant parmi les puissants, une fragilité humaine. Dans la scène anthologique de « la mèche », on a mal pour lui, et on tourne de l’œil avec lui. Pour l’époque, il n’y avait pas de médecine plus efficace. Il payait là ses errements sexuels, courant le guilledou à droite et à gauche. Il y a du Rostand et du Molière dans les situations et les dialogues du scénariste dans une mise en scène qui n’aurait pas déplu aux grands tragédiens comiques. Ajoutez de la musique et Offenbach pourrait toquer à la porte.
© Hübsch, Charlot, Bouet – Bamboo Le réalisme souple d’Eric Hübsch sert à merveille le côté comédie de l’histoire. Les couleurs de Sébastien Bouet scandent les ambiances. En fait, tout de cet album est synthétisé dans sa couverture. A la manière d’une affiche de cinéma présentant les principaux personnages dans des mises en scènes issues de l’aventure, elle invite à découvrir les différents protagonistes et voir ce qui va leur arriver. Au milieu, le portrait rieur du monarque aguiche le lecteur. Avant d’ouvrir le livre, on sait qu’il va y avoir du mystère, du suspens, des manigances, et qu’on va aussi s’amuser.
© Hübsch, Charlot, Bouet – Bamboo Mathilde trouvera-t-elle l’amour ? Le bon roi Henri guérira-t-il de ses maux urinaires ? On ne va pas vendre la mèche. Découvrez-la dans cet album truculent.
One shot : La chandelle du bon Roy Henri
Genre : Comédie historique
Scénario : Philippe Charlot
Dessins : Eric Hübsch
Couleurs : Sébastien Bouet
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 971041100828
Nombre de pages : 64
Prix : 16,90 €
- Nelson 27 – Merguez orbitalepar Laurent Lafourcade
Diablotin satellisé !
« -Votre honneur ! La couleur du suspect constitue un aveu de culpabilité !
-Hééé ! C’est de la discrimination !
-Il a raison : je vous condamne pour racisme anti-orange !
-Attention ! Ils deviennent tout rouges ! »
Du charbon, un peu d’essence et en route vers les étoiles ! Nelson remplit le barbecue fumant de charbon de bois. Cela va-t-il lui permettre de décoller dans les cieux ? Si lui, ce n’est pas certain, les victimes de ses facéties risquent bien de décoller de leurs sièges. Ce ne sont pas les deux agents s’étant approchés trop près d’un pot de peinture, orange ça va se soit, qui contenait un pétard qui vont dire le contraire. Leurs uniformes sont souillés. Le principal suspect, de la même couleur, doit payer ! Tout ça se règlera au tribunal. Mais attention, avec Nelson, tout peut se retourner contre vous sans que vous ne soupçonniez le retour de bâton qui ne vient pas toujours d’où l’on penserait.
© Bertschy – Dupuis Intrigué par le comportement de Nelson, Floyd décide de le remplacer pour capter un signal du cosmos, fier de participer à une expérience scientifique ambitieuse. Va-t-il venir de manière extra-terrestre ou orageuse ? Le labrador risque de se faire cramer les poils. De son côté, Julie peut compter sur son compagnon de vie pour qu’aucun de ses dimanches ne ressemble à un autre. Les jours de boulot, l’employée subit son patron. Il a une mission passionnante pour elle en rapport avec ses compétences : divertir Priscilla, son adorable petite fille venue passer la journée ici. On ne sait pas trop qui va surveiller qui. Pendant ce temps, Hubert change des ampoules, à ses risques et périls, profite -ou pas- de son régime à la cantine, tout ça pour planquer des M&M’s dans son bureau.
© Bertschy – Dupuis Dans ce vingt-septième album, Bertschy dépasse le cinq millième strip de la série. L’auteur se renouvelle sans cesse en gardant sa dream team de personnages principaux et agrémentant son monde de personnages secondaires éphémères bien campés, que ce soit un pizzaïolo, un dentiste, un plombier, ou bien des guests comme l’ours Paddington himself. Bertschy prouve deux choses. Un, l’art du strip, c’est comme le sport, plus on pratique, meilleur on est. Deux, à force de travail, et de décantation, le strip, c’est comme les grands crus, ça se bonifie en vieillissant. Editorialement, la série est indéniablement sous exploitée. Les éditions Dupuis tiennent là une pépite dont il ne tient qu’à elles pour qu’elles le mettent beaucoup plus sur le devant de la scène. Bertschy a le potentiel de Jim Davis, et par ricochet, Nelson celui de Garfield.
© Bertschy – Dupuis L’album se termine au strip 5073. Or, 27 albums fois quarante-six planches de quatre strips, ça fait 4968. Cent-cinq strips sont donc passés à l’as. De quoi faire un demi-album d’inédits qui pourrait être intégré à un Artbook. Pourquoi pas ? En attendant, cette fournée « classique » démontre que Nelson est plus que jamais une valeur sûre.
Série : Nelson
Tome : 27 – Merguez orbitale
Genre : Humour diabolique
Scénario, Dessins & Couleurs : Bertschy
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808510028
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
- Adelin & Irina 4 – La cité ardentepar Laurent Lafourcade
Fantaisy Fantasy
« -Hein ? Qu’est-ce que… Qui êtes-vous ?
-Princesse Irina, je présume ? Permettez-moi de me présenter : mon nom est Derr-Leth. Je suis l’éxécuteur testamantaire du sorcier Magul. Je suis venu vous demander de l’aide pour une mission très importante… Si vous pouviez m’accorder quelques minutes… »
L’épée de la domination confère à son détenteur le pouvoir d’imposer son autorité à tous ceux qui sont mis en sa présence. Forgée par le sorcier Magul à la suite d’un pacte démoniaque, elle fut cachée au centre d’une île labyrinthe truffée de pièges et de monstres. Objet de toutes les convoitises, nombreux sont ceux qui ont tenté de mettre la main dessus : Dona Miranda, Cirro le démoniste, Zark, ainsi que la princesse Irina. Une seule personne a récupéré ce super top gadget trop cool, c’est Belinda, l’assistante de Cirro, celle qui vient du futur. Elle a niqué tous les monstres et louté tous les pièges. C’est hypra-génial. Elle va pouvoir commander à tout le monde. Voici donc que Belinda quitte l’île. Il ne lui faudra pas longtemps pour devenir une dictatrice comme il se doit.
© Nico Van de Walle – Editions du Tiroir Alors qu’elle était en train de dicter pour mémoire ses exploits à son page Adelin, la princesse Irina reçoit la visite de Derr-Leth, l’exécuteur testamentaire du sorcier Magul. Il est venu lui demander de l’aide pour une mission de la plus haute importance : affronter cette Belinda à l’autre bout du monde, dans un pays qu’elle a conquis, où elle a tout pouvoir et dont tous les sujets l’adorent. Comme Irina a tenu dans ses mains à moment donné l’épée de la domination, elle est immunisée contre son pouvoir. Belinda compte étendre sa domination sur les royaumes avoisinants. Derr-Leth recrute donc une armée de mercenaires, tous immunisés pour diverses raisons, afin de subtiliser l’épée et la lui ramener pour la remettre à sa place.
© Nico Van de Walle – Editions du Tiroir Adelin et Irina est une série d’Heroïc-Fantasy à prendre au second degré. Avec un ton parodique et un humour parfois trash, elle est plus proche de Lanfeust de Troy que des Mondes d’Aquilon. Nico VanDeWalle est un sale gosse. Ça se voit, ça se lit. Ses personnages sont aussi malins que crétins. Le scénariste se permet tout. Ce n’est parce qu’on a eu la tête coupée dans un épisode précédent qu’on ne peut pas revenir. Les femmes sont à la fois sexys et féministes. Le mâle alpha n’a pas le grand rôle. Le dessinateur relève le défi de scènes de foules et de combats. On en prend plein les yeux. Nico VanDeWalle prouve que le genre, quand il sait se renouveler, a encore de beaux jours devant lui.
© Nico Van de Walle – Editions du Tiroir « Adelin et Irina » régénère le style de « Donjons et dragons » tout en respectant son ADN. Entre cette série et Rubine 90’s, Nico VanDeWalle devient l’un des piliers incontournables des Editions du Tiroir.
Série : Adelin & Irina
Tome : 4 – La cité ardente
Genre : Heroïc Fantasy
Scénario, Dessins & Couleurs : Nico Van de Walle
Éditeur : Editions du Tiroir
Collection : L’aventure
ISBN : 9782931251164
Nombre de pages : 48
Prix : 16 €
- Moon 2 – La ville moribondepar Laurent Lafourcade
Eruption de révélations
« -Au fait, as-tu déjà réfléchi à ce que tu allais dire à Papa et Maman ?
-Leur demander ce qu’ils font réellement ici.
-Ils vont sûrement sauter de joie !
-Mes yeux de chien battu sauront régler ça.
-Ne sois pas si naïf !
-C’est ici !
-Et maintenant ? Il ne nous reste plus qu’à ouvrir cette porte ! »
Perris, 2323, les trois enfants Moon ont découvert que leurs parents ont des occupations plus mystérieuses que ce qu’ils pensaient. Alors qu’ils explorent l’un des endroits les plus sécurisés de la ville, ils parviennent à « Mission control » où ils sont arrêtés par les hommes du professeur Brenner. Ils savent très bien que ce que ce dernier présente comme un prototype de nouveau générateur, capable de fournir de l’électricité à toute la ville, sert à tout autre chose. La gaffe de Han Sulton va leur donner la clef : c’est une machine à voyager dans le temps. Le professeur doit alors à présent leur une explication : que font donc leurs parents à Capri au temps des romains ?
© Vandevelde, Louwes – Anspach
© 2024 Menlu. All rights reservedEn l’an 79, les parents agents spatio-temporels ont déjà quitté Capri. Leur travail consiste à laisser l’histoire suivre son cours, afin de préserver l’avenir. Aussi difficile que cela puisse être. Ils se dirigent vers Pompéi, aux trousses du professeur Maran Chen. Ce dernier est recherché pour voyage temporel non autorisé et tentative de manipulation de l’Histoire. Lui, estimant être dans son bon droit, souhaite simplement sauver des rouleaux renfermant de précieuses informations inédites sur Pompéi et l’Antiquité. Mais cela risquerait de causer un effet papillon. Alors que Mr et Ms Moon veulent l’obliger à les suivre, de gré ou de force, des secousses se font ressentir. Le Vésuve entre en éruption.
© Vandevelde, Louwes – Anspach
© 2024 Menlu. All rights reservedA 2244 ans d’écart, les aventures des parents et des enfants de la famille Moon réinventent le concept de voyage dans le temps. En rajoutant des histoires de familles dans un thriller inter-siècles, les auteurs apportent de l’humanité et de l’émotion à l’intrigue. Le scénariste Johan Vandevelde est issu des arts audiovisuels. Pas étonnant donc qu’il s’intéresse à Pompéi dont la catastrophe a donné lieu à l’un des plus grands péplums de tous les temps : Les derniers jours de Pompéi. Vandevelde a fait carrière comme scénariste de télévision avant de se lancer dans la littérature jeunesse. Le dessinateur Stephan Louwes a fréquenté la prestigieuse Luca School of Arts de Bruxelles. Dans un style graphique voisin de Griffo, il publie depuis 2018. On l’a déjà dit à la sortie du tome 1, Moon est une série en noir et blanc, qui aurait gagné à être éditée en couleurs. Autant certaines histoires et certains traits sont plus efficaces en noir et blanc, ou niveaux de gris, autant Moon demanderait une colorisation.
© Vandevelde, Louwes – Anspach
© 2024 Menlu. All rights reservedEfficace et déjà addictive, au scénario construit à la manière d’une série Netflix, Moon accroche le lecteur pour ne pas le lâcher et dissémine des indices qui explosent lors de cliffhangers insupportables, dans le meilleur sens du terme.
Série : Moon
Tome : 2 – La ville moribonde
Genre : Thriller fantastique
Scénario : Johan Vandevelde
Dessins : Stephan Louwes
Traduction : Philippe Nihoul
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105405
Nombre de pages : 72
Prix : 17,50 €
- La BD en classe 3 – En avant l’aventure !par Laurent Lafourcade
Etudier la BD à l’école et au collège
« L’aventure est forcément, d’un récit à l’autre, protéiforme. Toutes les aventures ne se ressemblent pas et à travers elles, ce sont des pans de vie qui sont donnés à voir. Les albums de ce corpus sont autant de propositions de découvertes, de questionnements. Il faut dire que la bande dessinée est un art qui se prête extrêmement bien aux déclinaisons de l’aventure. Les grands espaces naturels, les surgissements fantastiques, les mondes imaginaires, les personnages hors norme…, tout cela peut peupler une bande dessinée. À travers le scénario certes, mais surtout par le biais de choix graphiques et de couleurs, la vie est donnée à des personnages aux prises avec des péripéties plus ou moins dangereuses, plus ou moins facétieuses. »
Après « Faites entrer les monstres ! » et « Bulles de nature », « En avant, l’aventure ! », troisième volet de La BD en classe, propose une étude approfondie et de nombreuses activités autour d’un panel d’albums sur le vaste thème de l’aventure. Comme pour les tomes précédents, indépendants de celui-ci, La BD en classe se présente sous la forme de deux fascicules : un dossier enseignant de 52 pages et un carnet élève en comprenant 116.
© SNE Le dossier enseignant débute par la présentation du sujet et des ouvrages du corpus. Tous les genres et tous les styles sont représentés. Il y a de l’historique avec Les enfants de la résistance, de l’humour avec Imbattable, du fantastique avec Lightfall. Dans les formes, on a du manga avec Magus of the library, de l’adaptation littéraire avec L’œil du loup, du Comics avec Ultimate Spider-Man, du classique parmi les classiques avec Philémon, de Fred. Ce ne sont que quelques exemples parmi les vingt-et-un albums sélectionnés. Chaque partie du dossier enseignant cible un domaine particulier en s’appuyant sur des extraits des BD.
© SNE L’aventure est abordée sous les axes de ses composantes, de l’élément déclencheur au « voyage ». Au travers du « héros », on va aborder la découverte de soi et de l’autre. Il va être question d’accomplissement, de dépassement de soi, d’identité et d’amitié. Après avoir traité de temporalité, aussi bien narrative, avec le suspens, que graphique (avec la composition de la planche ou encore l’adaptation graphique), les différentes facettes du héros vont être décortiquées : super-héros, antihéros, héros ordinaire n’auront plus de secrets. Pour aller plus loin, la partie « Ce qui traverse l’aventure » creuse dans les profondeurs sous-jacentes des récits pour mettre en évidence des messages, aussi bien sur l’Art que sur l’éducation au développement durable ou encore la déconstruction des stéréotypes de genre. Le dossier enseignant se termine par l’analyse d’une œuvre intégrale : La longue marche des dindes, de Léonie Bischoff.
© SNE Un carnet élève individuel accompagne ce dossier enseignant. Proposant activités, jeux et larges extraits des albums, il permet aux élèves de s’approprier le projet et de pénétrer au cœur du sujet. Imaginer la suite d’une situation de suspens, numéroter les cases et les bulles d’une planche, réaliser un roman-photo, travailler les émotions avec les emanatas, sont, parmi d’autres activités, les outils pour leur faire comprendre les processus de conception et de fabrication des bandes dessinées.
© SNE Faciliter l’utilisation de la bande dessinée dans les établissements scolaires, tel est le but de cette publication du Syndicat national de l’Edition, rédigée par des enseignants et des conseillers pédagogiques, passionnés de bande dessinée, comme votre serviteur. Cerise sur le gâteau : le dossier enseignant et le carnet élève sont tous les deux téléchargeables gratuitement sur le site du SNE : https://www.sne.fr/promotion-de-la-lecture/la-bd-en-classe/
Série : La BD en classe
Tome : 3 – En avant l’aventure !
Genre : Ouvrage pédagogique
Éditeur : Syndicat National de l’Edition
Nombre de pages : 52 (dossier enseignant) et 116 (carnet élèves)
Prix : gratuit
- L’armée des ombrespar Laurent Lafourcade
Ami entends-tu le vol noir des corbeaux
« -Police, vos papiers… Je vois que vous êtes en règle, Monsieur… Je vous prierai tout de même de m’accompagner jusqu’à nos bureaux… Une simple vérification.
-Gerbier ?!
-Désormais, je m’appelle aussi André Roussel.
-Vous me dites votre nom secret parce que… vous allez me tuer !!! »
Camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux, en Haute-Vienne, dans le Limousin, avec la complicité de l’un de ses codétenus, un homme s’apprête à s’évader. Nous sommes en pleine Seconde Guerre Mondiale. Il va rejoindre les membres d’un réseau de Résistance. Quelques semaines plus tard, à Marseille, un homme attend qu’on vienne le chercher. Embarqué dans une voiture par des supposés policiers, il comprend rapidement qu’il est là pour être exécuté. Depuis que sa compagne a disparu, le réseau a fait l’erreur de continuer à l’employer. « Pour l’action, la délation, la mort. » Dans une froideur implacable, le traître se laisse étouffer dans une villa isolée. L’action est dirigée par Philippe Gerbier, l’un des membres d’un réseau de résistance, qui, au fil des années de guerre, va lutter contre l’envahisseur, sans pitié, ni pour l’ennemi, ni pour ses propres participants, ni pour soi-même.
© Moynot, Morvan, Lacou – Philéas Adapté du roman de Joseph Kessel, L’armée des ombres recueille des témoignages de résistants français. Là où le phénomène est encore plus étonnant, c’est que le roman est paru en 1943, en plein conflit. Kesssel faisait partie des forces françaises libres. Exilé à Londres, l’auteur a changé les lieux des événements et les noms des témoins pour préserver leur protection. A 45 ans, trop âgé pour combattre, c’est le général de Gaulle lui-même qui lui a suggéré, en tant que journaliste-écrivain, de faire avancer le combat de la Résistance en assemblant ses mots, en la faisant connaître, en la magnifiant.
En 1969, le réalisateur Jean-Pierre Melville en proposera une version cinématographique avec un exceptionnel Lino Ventura dans le rôle de Philippe Gerbier.
© Moynot, Morvan, Lacou – Philéas Dans la droite ligne de son travail auprès de Madeleine Riffaud, Jean-David Morvan poursuit un devoir de mémoire dans une bibliographie qui commence à avoir son importance. Outre la série Madeleine résistante, dont trois tomes sont déjà parus, il faut citer Adieu Birkenau, Simone, Irena, Les amis de Spirou, ou encore entre autres Missak, Mélinée et le groupe Manouchian. Toutes ces histoires sont en relation et parfois se croisent, comme en témoigne Madeleine Riffaud elle-même, en postface de cet album, qui a rencontré la Mathilde, qui ne s’appelait pas Mathilde, de L’armée des ombres. C’est avec émotion qu’on lit ce paragraphe, dernière intervention de Madeleine qui nous a quitté récemment. Elle nous donne ici la mission la plus précieuse : « Faites tout pour préserver la paix, elle est fragile. »
Accompagné aux décors par Benoît Lacou, Emmanuel Moynot retrouve l’ambiance sombre de ses premiers albums, dans ce contexte historique malheureusement bien réel, mais cette fois-ci avec des couleurs, les couleurs obscurcies du trio Oshima-Martin-Bertheloot qui appuient le côté caché des actions de résistance.
© Moynot, Morvan, Lacou – Philéas « Ici, chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe. Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place. Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes. Chantez, compagnons, dans la nuit, la liberté nous écoute. » La dernière strophe du chant des partisans, du même Joseph Kessel et de Maurice Druon, est la parfaite synthèse de cette Armée des ombres, transposée ici avec puissance pour la bande dessinée.
One shot : L’armée des ombres
Genre : Histoire
Scénario : Jean-David Morvan
Dessins & Couleurs : Emmanuel Moynot
Décors : Benoît Lacou
D’après : Joseph Kessel
Éditeur : Philéas
ISBN : 97824914
Nombre de pages : 144
Prix : 21,90 €
- Boulevard Tintin – Tintin, bibliographie d’un mythe 2014-2024par Laurent Lafourcade
Dix ans, et plus, de tintinologies
« -Qu’est-ce qui s’est passé ?
-Le dernier bouquin que je voulais ranger, figure-toi que c’était le tien…
-« La vraie vérité sur Tintin » ?
-Oui, je l’ai reçu ce matin… Je ne sais pas si je dois te remercier, vu la suite… La seule place qui restait pour le ranger, c’était tout en haut de la bibliothèque… Perché sur l’escabeau, j’ai forcé pour caser ton chef-d’œuvre entre le plafond et la plus haute pile… Il n’est pas très épais, mais la pression a suffi à desceller les pitons qui retenaient les étagères complètement surchargées, et comme les bibliothèques étaient solidarisées les unes aux autres, elles se sont toutes effondrées…
-Si tu avais péri dans cet effondrement, tu n’aurais pas été le premier à mourir écrasé sous sa bibliothèque…(…) Mais calencher sous tous les ouvrages consacrés à Hergé et surtout, écrabouillé sous tous les albums de Tintin, avoue que c’est la plus belle mort dont puisse rêver un Tintinophile comme toi ! »
Olivier Roche a failli mourir dans l’effondrement de sa bibliothèque alors qu’il y rangeait le dernier opus d’Albert Algoud. Olivier Roche est tintinophile et tintinologue. C’est un tintinologue spéléologiste. Il y en a peu. Si le tintinologue dit classique se reconnaît par sa passion pour l’œuvre de Hergé et sa connaissance pointue des aventures du reporter, le tintinologue spéléologiste a exploré toutes les cavités souterraines du monde de l’édition et a déniché l’ensemble des ouvrages, livres et revues, consacrés à Hergé. Si certains bouquins publiés dans des maisons d’éditions renommées se trouvent aisément sur les présentoirs des librairies, d’autres ont des tirages plus confidentiels, voir sont diffusés à quelques exemplaires seulement dans une sphère familiale ou privée. Par bonheur, le tintinologue spéléologiste, et en particulier Olivier Roche, est généreux. Il a le don du partage. Tous ces livres recensés, le spécialiste les a déjà énumérés dans un premier tome de Tintin, bibliographie d’un mythe, publié il y a une dizaine d’années. Dans ce second, ou peut-être deuxième, volume, l’exégète balaye la période 2014-2024 en guise de mise en jour, l’annexant de quelques oublis. Alors, prenez votre casque et votre lampe frontale, équipez-vous de harnais et de baudriers et suivez Olivier Roche dans les couloirs des publications tintinesques.
© Roche – Les impressions nouvelles
© Hergé/Tintinimaginatio 2024Le TBM classifie les ouvrages en sept chapitres. Chaque livre est présenté avec sa couverture, son principe en est décrit avant qu’Olivier Roche en note l’intérêt… ou pas. (Big up à Bob Garcia !) On commence par Textes et versions (d’albums de Tintin ou de Quick et Flupke), puis la conséquente partie sur les études critiques. Les amplifications imaginaires précèdent les hommages, catalogues d’expositions et questionnements sur l’avenir, avant de se pencher sur les livres consacrés au créateur. Les deux derniers chapitres sont originaux. Ils traitent des ouvrages non publiés en français, comme une inédite version suédoise des jurons du Capitaine Haddock recensés par Albert Algoud, puis des périodiques et séries, comme l’indispensable Houpette libérée, lettre électronique mensuelle ou presque rédigée par l’omniscient Olivier Roche.
Les livres de Philippe Goddin sont parmi les plus remarquables, aussi bien dans le sens de leur qualité que de leur visibilité (zeugma !). L’auteur enchaîne La malédiction de Rascar Capac (Les secrets du Temple du soleil) en 2014, les tribulations de Tintin au Congo en 2018, puis Hergé, Tintin et les américains en 2020. Les bouquins fourmillent de détails, d’anecdotes et de références. Goddin était prêt à faire de même sur les albums suivants mais les relations compliquées avec Nick Rodwell, le gardien du temple (entendez par là l’héritage de Hergé et non pas celui du soleil), ont sabré l’auteur dans son élan.
Entre Casterman et Moulinsart, filiale d’édition de Tintinimaginatio, les « Je t’aime moi non plus » scandent les parutions et en particulier les versions colorisées des premières aventures en noir et blanc. Il semble que les relations soient apaisées.
© Roche – Les impressions nouvelles
© Hergé/Tintinimaginatio 2024Olivier Roche met en exergue dix ouvrages fondamentaux, dont la plupart l’ont été également pour Boulevard BD. On retrouve ainsi Hergé et la presse, par Geoffroy Kursner, Casterman de Tintin à Tardi, par Florian Moine, Tintin au-delà des idées reçues, par l’avenir de la tintinologie Patrice Guérin, Le mystère Tintin, par le fort agréable à lire Renaud Nattiez, Les îles noires d’Hergé, pavé signé Ludwig Schuurman, La dernière aventure de Tintin et d’Hergé, sous-titré L’Alph-Art ou l’art de l’inachevé, par l’une des trop rares tintinologues Nicole Benkemoun, Les rêves de Tintin, par Pierre Fresnault-Deruelle (Les livres de PFD sont remarquables mais il ne faut pas oublier de se munir d’un dictionnaire), Objectif Hergé de Michel Porret, Tintin au pays du mal, par Jean-Philippe Costes, RG renseignements généraux, par Emmanuel Rabu et Jochen Gerner, et pour finir, l’indispensable et tendre Hergé et le carnet oublié du passionnant Jacques Langlois.
© Roche – Les impressions nouvelles
© Hergé/Tintinimaginatio 2024Pour conclure à la façon du serpent qui se mord la queue dans Tintin au Congo, comme le rappelle Olivier Roche en me citant en page 10 de ce livre : « Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. »
Titre : Tintin, bibliographie d’un mythe 2014-2024
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Olivier Roche
Préface : Albert Algoud
Éditeur : Les impressions nouvelles
ISBN : 9782390702092
Nombre de pages : 312
Prix : 30 €
- Petits Dieux 2 – Monsieur Doudoupar Laurent Lafourcade
Ne m’oublie pas…
« -Ça fait un moment que ma déesse n’a pas joué à mon jeu… Et donc pensé à moi. Mais je ne m’en fais pas ! Monsieur Doudou va s’occuper de moi !
-Comment ça ?
-Notre déesse est jeune et crée sans cesse de nouvelles créatures. Mais elle s’en lasse aussi très vite… Et lorsqu’elle nous oublie, nous disparaissons, c’est comme ça. »
Diane Perrin est une autrice de livres jeunesse. La vieille dame est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle n’est plus capable d’écrire de nouvelles histoires, au grand dam des héros qu’elle a créés, et en particulier de Pabo, le rat, et la fée Cléo qui n’ont encore jamais été les héros d’épisodes de la série imaginée par Diane. « Les livres forment le monde et tracent les limites de notre réalité ! » Diane Perrin est la déesse de tous les personnages nés de son imagination qui aujourd’hui s’efface. Elle a construit le monde dans lequel ils vivent. Certains d’entre eux sont ses préférés, comme Boumboum, héroïne de 104 aventures. Pour elle, il n’y a pas trop de crainte à avoir. Elle vivra toujours par le biais de tous les autres dieux et déesses qui les auront lues. Bobo et Sir Gerald ont aussi vécu des tas d’histoires. Pabo et Cléo, eux, sont restés au stade de l’idée. Si l’autrice ne couche pas leur histoire sur papier, ils disparaîtront avec sa mémoire car ils ne seront jamais « lus » par d’autres. Il faut rapidement trouver une solution.
© Salvia, Krystel – Dargaud Alors que ces petits héros sont arrivés dans la maison de Diane il y a peu, une autre humaine va débarquer, avec sa mère, et son cortège de créatures que son imaginaire fait vivre. Cette humaine, c’est Lala, la petite-fille de Diane. Parmi ses jouets, il y a son doudou, le grand méchant Monsieur Doudou. Le hibou de chiffon est le favori de la déesse. Adulé par ses pairs, il influence sa maîtresse pour conserver sa place privilégiée, quitte à ce que ses compatriotes soient délaissés, au profit des nouvelles technologies. L’entente avec les personnages de littérature ne va pas être idyllique. Les rivalités se mettent en place. Et pendant ce temps, la mémoire de Diane continue de s’effilocher.
© Salvia, Krystel – Dargaud Petits Dieux est l’une des séries les plus originales de ces dernières années, aussi bien par l’orientation de son scénario, que par la conception graphique originale du monde qui disparaît. Mathieu Salvia concrétise les personnages imaginaires en les sortant du cerveau de leur créatrice et des pages des livres dont ils sont ou seront peut-être issus, et, un peu à la manière de Toy Story, humanise les jouets. Mais contrairement à Randy, Lala est sous l’emprise de l’un d’entre eux. Monsieur Doudou est fourbe et toxique. Après Alzheimer dans le tome 1, c’est bel et bien cette emprise qui est au cœur de ce deuxième tome. Au dessin et aux couleurs, Krystel sublime cette histoire émouvante. Alors que Salvia, on l’a dit, concrétise les personnages de littérature, Krystel concrétise le vide symbolisant les trous causés par les souvenirs croqués par le dragon blanc de la maladie. Ça donne des décors jamais vus, avec des compositions inédites.
© Salvia, Krystel – Dargaud Petits Dieux est une poésie dramatique, un magnifique hommage à la littérature et à l’imagination. « Certaines histoires sont spéciales, celle-ci en fait partie. » L’histoire se conclura dans un troisième tome. Tous ceux qui aiment lire ne peuvent pas ne pas adorer Petits Dieux.
Série : Petits Dieux
Tome : 2 – Monsieur Doudou
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Mathieu Salvia
Dessins & Couleurs : Krystel
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505122104
Nombre de pages : 64
Prix : 12,95 €
- Une histoire de L’Associationpar Laurent Lafourcade
L’auteur au cœur de la création
« En 1990, sept jeunes auteurs fondent la maison d’édition alternative L’Association. Issus pour la majorité d’écoles d’arts appliqués, diversement intégrés au champ de la bande dessinée, ils se lancent dans l’autoédition à partir d’un constat partagé d’insatisfaction à l’égard des possibilités éditoriales, esthétiques et narratives qui prévalaient alors. Les fondateurs de L’Association considèrent que les années 1980 se caractérisent par la reproduction de recettes des auteurs à succès des deux précédentes décennies et par la domination de la série, du personnage et du genre de l’aventure, au détriment de la singularité des créateurs, éclipsés par leurs productions et contraints éditorialement. »
A l’origine, cette histoire de L’Association est une thèse, écrite par son auteur Benjamin Caraco et dirigée par l’académicien Pascal Ory. Caraco est historien, sociologue, bédéphile et directeur de bibliothèque universitaire. Pour sa thèse, il a mené trente-deux entretiens, analysé le catalogue et accédé aux sources financières. Il a pénétré au cœur de l’entreprise et rencontré ses salariés. Les collections Eperluette et Ciboulettes, entre autres, n’auront plus de secrets. L’Association est une école artistique avec un fonctionnement d’avant-garde. Après l’école (A suivre), c’est la Nouvelle Vague de la BD. C’est la maison de Lapinot et les carottes de Patagonie, de La guerre d’Allan et de L’ascension du Haut Mal. On va assister au succès puis au déclin de L’Association, les déchirements entre Jean-Christophe Menu, l’un des pères fondateurs, et ses acolytes, sa liquidation, puis sa renaissance, jusqu’à son statut désormais indiscutable d’éditeur de référence.
© Caraco – Presses universitaires François Rabelais Six chapitres composent l’ouvrage. Première partie : La formation d’un collectif d’auteurs. Benjamin Caraco dresse un portrait des sept auteurs majeurs fondateurs de L’Association, Menu, Trondheim, David B., Stanislas, Killofer, Konture et Mokeït, à partir de leurs lieux de sociabilités. Il montre ce collectif en passant par trois événements particuliers : la fondation en 1990, la séparation en 2005-2006 et la grève des salariés en 2010-2011 qui a entraîné le retour des fondateurs après la décision de Menu qui voulait procéder à des licenciements. Dans ce chapitre, Caraco n’oublie pas ceux qu’il appelle les parrains, auteurs déjà connus et reconnus qui sont venus apporter leur pierre à l’édifice comme Dupuy et Berbérian, Baudoin ou Goossens, ainsi que la seconde vague de nouveaux auteurs avec Vanoli, Blutch, Sardon, Baraou, Parrondo, Ayroles, Gerner, Lécroart, Sfar, Guibert, Delisle, Satrapi, Sattouf. Avec les auteurs, Caraco soulève la question cruciale de la rentabilité dans une structure alternative comme celle-ci : l’objectif est-il de vivre de la bande dessinée ou pour la bande dessinée ?
© Caraco – Presses universitaires François Rabelais Deuxième partie : Une inscription décomplexée dans l’histoire de la bande dessinée. Dans la plupart des cas, il est plus question de vocation que de carrière. Les auteurs sont en recherche de styles et de procédés narratifs découlant des travaux de leurs prédécesseurs tout en évoluant dans un espace des possibles. Leurs influences sont tout autant internes, venant de l’univers de la BD, de l’école franco-belge à l’underground américain, qu’externes, liées aux autres formes d’Arts : cinéma, littérature, musique,…
© Caraco – Presses universitaires François Rabelais Troisième partie : Une maison d’édition d’auteurs. L’Association revendique son indépendance éditoriale induisant la qualité de son catalogue. Les partis prix éditoriaux et les contraintes économiques vont engendrer des frictions. Caraco compare son fonctionnement à celui d’une entreprise pour en dégager les points communs et les différences. On y parle de statuts, de bureau, d’adhérents, de gouvernance, de salariés (et de leurs profils). Il explicite la gestion faite par Menu et ses conséquences, comme par exemple l’édition du pavé Comix 2000 au sujet duquel il déclarait : « Risquer de crever pour un beau projet, ça vaut le coup. »
© Caraco – Presses universitaires François Rabelais Quatrième partie : Accompagner les œuvres par le discours. Editer un livre, ce n’est pas seulement l’imprimer. Le discours d’accompagnement des albums de L’Association est l’un des signes distinctifs de la maison, qui a contribué à la légitimiser. Si au départ Menu s’en chargeait, avec une réception parfois mitigée, les auteurs ont pris la main dessus. Petit à petit, du mythe du groupe fondateur à la création du logo de l’hydre, L’Association s’est construit une légende bien réelle, une histoire qui n’appartient qu’à elle.
Cinquième partie : Le catalogue, expression d’une politique éditoriale au-delà du discours. Après s’être penché sur les auteurs, Benjamin Caraco analyse le catalogue, situant les productions individuelles au sein d’un ensemble. La maison revendique l’originalité comme stratégie de distinction. Il y est question de politique éditoriale évidemment, de stratégies de collections cadrant, ou plutôt classifiant, les productions, tout en gardant cette fameuse notion d’originalité. Avec des graphiques et des tableaux, l’auteur détaille les chiffres et présente chaque collection comme Patte de mouche ou Ciboulette, sans oublier la revue Lapin et l’Oubapo, ouvroir de bande dessinée potentielle, créé à l’image de l’Oulipo, groupe de littérature expérimentale fondé par Raymond Queneau et François Le Lionnais en 1960. Caraco ausculte enfin le catalogue par le prisme des genres et des thématiques traitées.
© Caraco – Presses universitaires François Rabelais Sixième partie : La construction en référence. La dernière partie permet de comprendre comment L’Association se construit en référence d’une édition de bande dessinée exigeante, revendiquant le terme album plutôt que livre, afin de rattacher ses publications au monde de la littérature. On va parler des rapports avec la presse, des refus des services de presse à un assouplissement stratégique, du discours de Trondheim élu Grand Prix à Angoulême en 2006 où il fustige les journalistes. Enfin, on parle des rapports de L’Association avec les festivals, d’expositions, de traductions et d’adaptations, notamment au cinéma.
L’Association est la maison d’édition qui a remis l’auteur au cœur de la création. En 35 ans, elle a réussi sa mission. Tout ça valait bien une thèse. Benjamin Caraco l’a faite. Au cœur du processus éditorial, l’aventure se lit comme un roman.
Titre : Une histoire de L’Association
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Benjamin Caraco
Préface : Pascal Ory
Éditeur : Presses universitaires François Rabelais
Collection : Iconotextes
ISBN : 9782869069510
Nombre de pages : 270
Prix : 27 €
- To your eternity 22par Laurent Lafourcade
Deux frères dans la tourmente
« -Eibel ! Tu m’entends ?! Ça va ? On marchait tranquillement, et toi, tu te mets à souffrir et t’écrouler tout à coup ! Tu m’as fait peur ! Hein ? Tu te relèves déjà ? Tu ferais mieux de te reposer encore un peu…
-Non… Ça… Ça va aller… »
La poupée et Eibel Dee, le chasseur d’immortels qui la poursuivait pour mettre la main sur sa propriétaire n°32, marchent en direction de l’entrepôt qu’Imm et les autres utilisaient. Si la poupée ne donne pas de signe de fatigue, justement parce qu’elle n’est pas humaine, Eibel est épuisé. Quelques années plus tôt, enfant, il était confié à une riche famille d’accueil qui l’a élevé comme leur fils, dans la fraternité avec leur enfant Anton, Anton Dee, celui-même qui a capturé Tonali et est devenu membre de Kaibara, l’organisation qui veut mettre la main sur la poupée. Bonshen Nicoli La Tasty Peach Uralius (ça fait toujours plaisir d’énoncer son patronyme en entier) est lui aussi en captivité. La poupée et Eibel sont retrouvés par les parents de ce dernier. La marionnette va découvrir leurs vrais visages. Va-t-elle réussir à s’extirper de ce guet-apens pour retrouver ses amis et délivrer ceux qui sont détenus ?
© Oima – Pika On ne s’ennuie pas une seconde dans ce vingt-deuxième tome de cette excellente série dont certains épisodes ont toutefois été plus contemplatifs. L’histoire avance à grands pas. Le passé de certains protagonistes est dévoilé et on comprend mieux leurs failles. La poupée tire son épingle du jeu en devenant un personnage pivot, et un autre personnage fait des éclats. C’est aussi un jouet, un petit crabe qui va jouer un rôle primordial, alliant suspense et humour sans ridicule. Un grand moment de la série digne d’une scène de Mission : impossible.
© Oima – Pika Le thème principal de l’épisode est la fraternité. L’essentiel de l’intrigue tourne autour des frères Dee. Si l’on trouve des circonstances atténuantes à Eibel, compte tenu de la découverte de ses véritables origines, il semble qu’il y a moins à sauver chez Anton. Ceci-dit, tous deux sont victimes de leur éducation, et surtout de la famille qui les a élevés. Au fond, dans son corps d’adulte, Anton, qui dans son cerveau a huit ans, aime maladroitement. Il est plus naïf et impulsif que méchant. Il agit instinctivement qu’il en devient ridicule à un point inimaginable. Il va lui falloir laisser parler l’enfant en lui pour éviter l’autodestruction.
© Oima – Pika To your eternity, comme son titre l’indique, ouvre le débat sur l’immortalité. Au-delà de ça, c’est une réflexion sur le temps qui passe, de l’enfance à l’âge adulte, les rapports aux jouets, l’impossible retour dans le temps. Sous une enveloppe subtile, Yoshitoki Oima signe l’un des mangas les plus philosophiques du moment.
Série : To your eternity
Tome : 22
Genre : Fantastique émouvant
Scénario & Dessins : Yoshitoki Oima
Éditeur : Pika
ISBN : 9782811691998
Nombre de pages : 192
Prix : 7,20 €
- Trésor 3 – La pierre de vœupar Laurent Lafourcade
L’îlemagination
« -Et nous… Tu crois qu’on va pouvoir rentrer…?
-On va trouver la pierre de vœu et tout va rentrer dans l’ordre.
-Faut retrouver Noisette et les autres. C’est ma faute si tout le monde est séparé.
-Trésor, passe-moi la carte. »
Depuis que Trésor, dit Trez’, et ses amis ont débarqué sur l’île mystérieuse, on ne peut pas dire que l’aventure qu’ils vivent soit de tout repos. Trez’ a retrouvé ses parents, qui le reconnaissent enfin. Son père est un pirate. Sa mère lui promet d’être avec lui chaque fois qu’il mettra les pieds dans l’eau. Appelée par l’aventure, elle aimait les tempêtes, le vent dans les voiles, les légendes de pirates et les îles imaginaires. Elle fait partie de l’océan. Ils doivent maintenant retrouver les camarades de Trez, qui sont dispersés. Heureusement, il y a la carte de l’île que le petit garçon a dessiné et qu’il a signé William Vague Rouge à l’encre de framboise. Noé, dit Noisette, et Mollu le robot avancent dans la jungle luxuriante en semant, pour qu’on les retrouve, des cailloux… plus gros que ceux que le petit Poucet laissait derrière lui. Juliette, accompagnée de l’antiquaire Pivoleux avec qui elle a fait un pacte, sont à la recherche de la Pierre de Vœu. Restent Dico et Yavannah qui explorent des galeries souterraines. L’objectif commun de tout ce petit monde est de mettre la main sur cette fameuse Pierre, parce qu’elle leur permettrait de rentrer chez eux. Objectif commun ? Pivoleux n’a pas forcément le même…
© De la Provôté, Saurel – Dupuis Trésor n’est pas une énième série mettant en vedette une bande de gamins. Elle entre évidemment dans cette catégorie mais a une particularité spécifique. L’histoire de Trésor est un récit sur le pouvoir de l’imagination. Le scénariste Jean-Baptiste Saurel voit en l’imagination une échappatoire quotidienne et une source d’énergie. La scène des retrouvailles du môme avec sa mère laisse un instant dans le doute avant qu’on ne réalise sa plausible réalité. La carte dessinée par Trez’ lui permet de concrétiser l’imaginaire qui devient alors réel. L’imaginaire est salvateur. C’est pour ça que des enfants supportent beaucoup mieux certaines situations que des adultes. Ils ont de la spontanéité en même temps que du recul. Ils rassurent, alors que l’on craindrait de leur apprendre, quand il le faut, de mauvaises nouvelles. Le problème, c’est quand un enfant devient adulte. Dans la plupart des cas, il perd cette magie. C’est le traumatisme que vit Pivoleux à la recherche d’une quête de jouvence.
© De la Provôté, Saurel – Dupuis Pauline de la Provôté est mise au défi de diversifier les décors et les ambiances. Après la mer et la jungle, les profondeurs souterraines vont être le cœur de ce troisième épisode et épisode final du premier cycle de Trésor. En effet, le jeune héros et ses compagnons vont explorer plusieurs grottes dangereuses et différentes. Quelques accents japonisant dans certaines attitudes et actions séduiront un lectorat qui pourrait être injustement réticent à passer du manga au franco-belge. Avec les progrès acquis depuis le premier tome, la dessinatrice est devenue une créatrice d’ambiances. Comme Trez’, elle laisse aller son imagination pour proposer aux lecteurs le meilleur environnement possible, aidée en cela par les couleurs de Charlotte Cousquer qui donnent une dimension relief aux images par des éclairages orientés.
© De la Provôté, Saurel – Dupuis Trésor est de ces séries qui donnent envie de ne plus grandir car elle fait prendre conscience que le plus grand cadeau de la vie n’est pas celui d’une improbable Pierre de Vœu, c’est celui de l’enfance. Si les adultes comprendront la double lecture, les enfants, eux, s’imagineront Goonies, pour ceux qui ont la réf, au milieu des personnages.
Série : Trésor
Tome : 3 – La pierre de voeu
Genre : Aventure
Scénario : Jean-Baptiste Saurel
Dessins : Pauline de la Provôté
Couleurs : Charlotte Cousquer
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808505109
Nombre de pages : 72
Prix : 15,50 €
- Gone with the wind 2par Thierry Ligot
Magistrale adaptation d’un roman intemporel
» – Hey, tu peux poser les sacs de la dame blanche, maintenant. on est libres !
– Libres de quoi ? D’être inutiles ?
– On a choisi de ne rien faire … et pouvoir choisir, c’est déjà être libre. »
Février 1866, Atlanta est détruite par les incendies et la guerre. Le Sud a perdu ! Les Unionistes sont désormais les maîtres de la ville et ils le font bien comprendre. Difficile pour les anciens Confédérés de conserver leur « standing » d’antan ! Surtout qu’il faut trouver de la main d’œuvre à payer maintenant ! Les esclaves ont été affranchis et certains ne sont pas prêts à retravailler pour leurs anciens maîtres. D’autres, dans leur misère, ne rêvent que de se venger d’eux. Pour Scarlett, la vie est un combat de chaque jour. Trouver de l’argent afin de régler les dettes de Tara, s’assurer de quoi subvenir aux besoins de son père, de sa sœur, de Mélanie et de son mari, Ashley Wilkes, dont elle ne cesse de rêver, … Ceci sans compter son irrésistible besoin de se mettre elle-même à l’abri : logement, … et surtout …
« ne plus jamais connaître la faim » !
Apprenant que Rhett est emprisonné pour meurtre, elle lui rend visite pour tenter de l’attendrir en vue obtenir de l’argent. Mais du haut de son arrogance, ce dernier devine rapidement le jeu de Scarlett et s’en joue adroitement pour l’humilier … une fois de plus !
Qu’importe ! Elle trouvera une autre solution … Celle-ci apparaîtra sous les traits du fiancé de sa sœur Suellen, Frank Kennedy … qu’elle n’hésitera pas à lui « voler » ! Un mariage d’argent qui, tout en sauvant Tara, la lance dans les affaires.
S’impliquant dans celles de son mari, avec de l’argent prêté par Reth, elle achète une scierie et s’investit avec succès dans le commerce du bois. Elle ne voit que ses intérêts sans se soucier réellement du « Qu’en dira-t-on » !
© Alary – Rue de Sèvres 2025 Suite à une agression d’anciens esclaves noirs, son mari et d’autres Sudistes, tous membres du KKK organisent une expédition punitive. Malheureusement, dans l’affrontement, il meurt laissant Scarlett veuve. Complètement abattue, elle sombre dans un désespoir profond. Mais Butler, jamais très loin, lui avoue enfin son amour pour elle et l’épouse.
Une union orageuse entre deux êtres qui s’attirent comme ils se détruisent. Car toujours entre eux, l’amour de Scarlett pour son beau-frère, Ashley … et l’espoir inavoué qu’un jour, il aurait pu … si la vie n’en avait décidé autrement !
Toutefois, il est dit que le destin lui interdira paix et tranquillité … tout comme d’atteindre enfin son rêve secret : l’amour de son beau-frère, Ashley Wilkes, le mari de sa tendre et timide cousine Mélanie, un ange de bonté, admirée et appréciée de toutes et tous à Atlanta.
Tout son opposé …
Mensonges, trahisons, froide, calculatrice, manipulatrice, n’ayant aucun scrupule, rien n’arrête cette femme au caractère bien trempé dans sa quête de l’absolu.
Menant sa vie comme bon lui semble, ignorant les ragots et médisances, bravant tous les « interdits sociaux », Scarlett s’attire de nombreux reproches de la bonne société sudiste ! Qu’importe à nouveau jusqu’au jour où, au creux de la vague …
» – Non, mais Rhett, j’ai peur …
– Allons Scarlett. Vous n’avez jamais eu peur de votre vie.
– J’ai peur d’aller en enfer.
– Mais Scarlett … l’enfer, c’est ici, sur cette terre. Vous êtes en enfer, là, maintenant. »
Mais Rhett Butler est inlassablement là ! Au fond d’elle, elle l’aime … et de son propre aveu, c’est réciproque … Il le lui avoue alors qu’elle est enceinte de son premier enfant ! Sera-t-il l’ange de sa rédemption ?
» – … je veillerai sur vous pendant les prochaines semaines …
– Rhett … Oooh ! Vous, me protéger ?
– Oui, ma chère. Et pourquoi ? A cause de mon amour pour vous, madame Kennedy … j’ai silencieusement eu faim et soif de vous, et vous adorais de loin. mais étant, comme Ashley Wilkes, un homme honorable, je vous l’ai caché. »
Mariages, enfants, réussite dans les affaires, tout pourrait enfin lui permettre de connaître la sérénité ! Pourtant Scarlett continue d’être cette insatisfaite jeune femme dans une course effrénée vers un bonheur total et visiblement inatteignable ! A chaque fois qu’elle pourrait se dire de l’avoir enfin trouvé, le Destin et la Mort la frappent cruellement, l’obligeant à se renforcer, à se durcir encore plus !
« Les fardeaux sont pour mes épaules assez fortes pour les porter »
Une action quasi en vase clos, dans un Atlanta qui doit se rebâtir, un Sud qui doit apprendre à survivre. Les uns et les autres qui ne cessent de se croiser, de s’associer et s’entraider ou de s’opposer, malgré les circonstances, la guerre, la défaite, la peur de perdre le peu qu’il leur reste, d’avoir encore un jour « faim » et d’être seuls !
© Alary – Rue de Sèvres 2025 Une majestueuse histoire d’amour, de passion sur fond de guerre, avec comme personnage central, Scarlett O’Hara. Une tragédie classique, antique à la sauce américaine d’une jeune femme amoureuse de deux hommes …
« Scarlett n’avait compris aucun des deux hommes qu’elle avait aimés et les avait perdus tous les deux.
Si elle avait compris Ashley, elle ne l’aurait jamais aimé.
Si elle avait compris Rhett, elle ne l’aurait jamais perdu. »
Et comme morale cette ultime pensée :
« Après tout, demain est un autre jour ! »
© Alary – Rue de Sèvres 2025 L’adaptation de Pierre Alary est une prouesse scénaristique et graphique. S’attaquer à un tel monument littéraire pouvait apparaître comme une gageure mais Pierre a réussi à en garder toute la « substantifique moëlle », la dynamique et l’intense énergie.
Son découpage, ses cadrages et angles, ses cases, tout est au service de la narration, des sentiments qu’elle inspire. Peur, amour, tendresse ou détresse, ses regards les font sortir des cases pour aller directement toucher le cœur du lecteur !
Pour sublimer son trait, des couleurs chaudes, ocrées comme celles d’un crépuscule … celui d’un monde en déclin.
L’ambiance hors du temps des maisons coloniales sudistes, leurs réceptions et bienséances mondaines, les affres de cette sanglante guerre de Sécession sont les décors de ces passions humaines dans un monde en total disparition et qui ne sait plus de quoi sera fait son lendemain. Pourtant, il lui faut survivre et même continuer à vivre en se reconstruisant, en s’adaptant et en surmontant les épreuves.
© Alary – Rue de Sèvres 2025 Un dessin, des dialogues, une narration, des couleurs soignées faisant exploser toute la dramaturgie de ce roman légendaire. Chaque planche, chaque case ne traduit que l’aspect dramatiquement humain de cet amour. Scarlett et Rhett se cherchent, s’évitent, se retrouvent pour s’éloigner à nouveau. Ils ne peuvent faire autre chose que de s’aimer en se déchirant jusqu’à l’explosion de leur passion dans un déchirement ultime !
Deux albums somptueux, luxueux, soignés dans leur finition, dos toilé, couverture avec dorures à chaud, papier de qualité dans un format large, … Bref à la hauteur du roman !
Série : Gone with the Wind
Tome : 2
Scénario, dessin & couleurs : Pierre Alary
D’après : Margaret Mitchell
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810202300
Page : 160
Prix : 27 €
- Les jardins invisiblespar Laurent Lafourcade
ADN Italie
« Cette année, dans l’immeuble d’en face, s’est installé un peintre qui, chaque jour, se pose sur son balcon pour travailler. Tous les jours en fin d’après-midi, il peint pendant une heure ou deux. Et moi, depuis chez nous, je viens le regarder faire. Sa toile me tourne le dos, je ne vois jamais ce qu’il peint. Mais parce que le dessin occupe déjà beaucoup de place pour moi, je vais me prendre au jeu d’imaginer ce qu’il fait. Je dessine ses toiles. Il peint avec de calme, des gestes posés. Tout le contraire de moi, enfant réservé mais anxieux. J’apaisais déjà mes angoisses par le dessin, mais avec une grande agitation intérieure. Je faisais des voix, les bruits et les musiques. Tumultueux à l’image de ce qu’était ma famille, je pense. »
Naples, mars 2021. Alfred et sa fille se rendent en taxi sur le tournage de Come Prima, l’adaptation de son livre éponyme. Perdus sur les docks du port, Alfred stresse. Du haut de ses douze ans, la gamine prend les choses en main et parvient à se repérer pour atteindre le plateau. Elle a 12 ans mais prend le rôle d’adulte. C’est comme s’il n’en avait que 5. Elle le rassure et lui évite de trébucher. Elle le fait grandir. Ce n’est pas la première fois. Cet instant est l’un des nombreux moments racontés par Alfred dans ce recueil de miscellanées retraçant des événements charnières de sa vie, parfois d’apparence anodins mais ne l’étant jamais.
© Alfred – Delcourt Chiavari (Liguria), été 82 ou 83. Alfred a six ou sept ans. Il observe le peintre installé sur un balcon en face de son immeuble, ne voyant jamais sa toile. Il imagine ce qu’il fait, dans le calme. Loin du tumulte de sa famille dans l’appartement, avec ses feuilles et ses crayons, Alfred est pile-poil à mi-chemin entre le calme et la fureur. En 90, à 14 ans, une partie de pêche avec son père et son grand-père le met face au fait accompli de la vie qui avance et du temps qui passe. Il se revoit en 78 quand ce dernier lui apprenait à nager. En 2008, lors d’une pause à Venise pendant une tournée promo, Alfred prend conscience que son destin est là. Sa femme est enceinte. Il la convainc de venir s’y installer à la naissance de leur fille. Ils y resteront trois ans.
© Alfred – Delcourt Pour la première fois, Alfred se lance dans l’autobiographie. Il a toujours nourri ses livres de fiction avec ses souvenirs personnels mais ne s’était jamais raconté ainsi. C’est d’abord sur Instagram qu’il s’est confié, pendant trois années. Une grande partie des fragments de ce livre est passée par ce réseau. Chaque chapitre est un moment de bascule, une prise de conscience, un changement de trajectoire. Il n’y a rien de spectaculaire dans les événements, mais il y a tout de spectaculaire dans le fond de l’âme de l’auteur, et par son truchement, de celle des lecteurs. Graphiquement, les planches sont aussi simples que somptueuses. D’ailleurs, ne dit-on pas que la difficulté est dans la simplicité ? Les canaux, les ruelles et les jardins de Venise sont envoûtants. Les bords de mer chauds d’Italie sont des invitations au voyage. Le point d’orgue est la série des cent-cinquante dessins au feutre de 8 cm sur 8, comme des polaroïds perdus à hauteur d’un enfant en Italie.
© Alfred – Delcourt Les jardins invisibles sont ceux du cœur. Avec émotion, nostalgie et générosité, Alfred partage sa fusion avec l’Italie, ainsi que celle avec sa fille. Il démontre l’importance de l’enfance, de ses racines et des branches que l’on fait pousser qui deviendront des arbres sur lesquels on pourra s’appuyer. Encore un livre majeur dans la bibliographie d’Alfred.
Titre : Les jardins invisibles
Genre : Biopic
Scénario, Dessins & Couleurs : Alfred
Éditeur : Delcourt
Collection : Shampooing
ISBN : 9782413088806
Nombre de pages : 160
Prix : 15,95 €
- Chi – Une vie de chat en Francepar Laurent Lafourcade
Des moustaches à Paris
« -C’est magnifique !… Allez…
-Tout va bien, ma chérie ?!
-C’est parti pour notre nouvelle vie !
-Ouiiiiiiii ! »
Une famille japonaise a quitté son pays du Soleil Levant pour une destination incroyable. La famille de la petite chatte Chi est venue habiter en France, à Paris même. Il est vrai que par la fenêtre du vasistas que l’on arrive à peine à atteindre sur des cartons de déménagement, on ne voit pas grand-chose. Alors, une petite balade en ville, ce n’est pas de refus pour découvrir les lieux. Chi est déboussolée par les nouvelles odeurs. Ses maîtres sont émerveillés par la Tour Eiffel, le musée d’Orsay, le pont Alexandre III… et la vitrine d’une boulangerie où pains et viennoiseries leur font de l’œil. Après une bien belle journée, Chi est de retour dans son appartement. En parvenant enfin à se hisser suffisamment haut, elle découvre enchantée les toits de Paris qui commencent à s’illuminer dans la nuit qui tombe.
© Kanata, Bouvier – Glénat Déménager, changer d’habitudes de vie, de fréquentations, ce n’est pas évident pour tout le monde. Il faut poser ses marques petit à petit. A deux pattes, ce n’est pas toujours facile, alors imaginez à quatre, surtout quand les autres vont au travail ou partent se promener et que l’on reste seul dans l’appartement. M’enfin, ça va être l’occasion pour Chi de faire la connaissance d’un autre chat du voisinage.
Quand il sort, Chi est en laisse, comme un chien… Quelle horreur ! Ceci dit, c’est toujours mieux que de rester enfermer. Toujours est-il que la famille va rapidement se trouver à l’étroit dans les lieux et va chercher à migrer vers un pavillon de banlieue. Avoir son petit jardin, ce ne serait pas mal pour tout le monde, non ?
© Kanata, Bouvier – Glénat La mangaka Konami Kanata retrouve ses héros, Chi et la famille de Yohei, en France. Pour l’occasion, elle s’est contentée du scénario et a confié les dessins à Catherine Bouvier qui se glisse avec minutie dans ses chaussons. Un cahier bonus nous apprend comment elles ont travaillé ensemble. Nouveaux personnages, scènes coupées, story-board, corrections, encrage et colorisation : le processus de création ne garde aucun secret. Comme d’habitude, l’histoire est 100 % kawaï. Chi une vie de chat est une véritable bouffée d’oxygène dans le monde de brutes dans lequel nous vivons. Hey, les gamins, laissez un peu tomber Mortelle Adèle, elle est d’accord pour partager, et lisez Chi !
© Kanata, Bouvier – Glénat Depuis les Aristochats, on n’avait plus vu de telles moustaches dans Paris. Mais quel bonheur de retrouver Chi après tant d’années d’absence, et qui plus est dans un nouvel univers qui ouvre la porte à de nouvelles aventures. Mais quel malheur que ce manga soit si fin !
Série : Chi
Tome : Une vie de chat en France
Genre : Mignonnerie
Scénario : Konami Kanata
Dessins & Couleurs : Catherine Bouvier
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344044681
Nombre de pages : 64
Prix : 9,50 €
- Red 2 – Le médaillon d’Edenpar Laurent Lafourcade
Petit prince incognito
« -Bonjour Sire !
-Bonjour Barnum. Oh ! Je te dérange en pleine activité je vois !
-Certes ! Je préparais le goûter de Red… Je veux dire de sa Majesté Réginald-Edouard.
-Ça doit de changer de la vie au palais ! Dis-moi Barnum, des nouvelles à propos de cette histoire de médaillon perdu puis retrouvé ?
-Je suppose que quelqu’un nous a vus sur la plage et nous l’a renvoyé. Cette personne préfère garder l’anonymat pour je ne sais quelle raison ! »
Futur héritier du royaume de Terrelande, le petit prince Reginald-Edouard, alias Red, est envoyé incognito en Pilanésie pour vivre une année scolaire d’enfant ordinaire et anonyme au milieu des autres. Le roi Coriandre, son père, ne l’a pas laissé partir seul. Barnum, un grand colosse, est chargé de veiller sur lui. Red ne supportait plus la solitude de la cour. Habitant seul avec son père veuf, il avait grandement besoin d’élargir son horizon. Pas question pour lui de dévoiler son identité. Il y a juste un petit hic. Lors d’une sortie sur la plage, il a perdu un médaillon. En soi, ce n’est pas si dramatique que cela. Ce qu’il y a de plus embêtant en réalité c’est qu’un individu mystérieux l’a récupéré et lui a renvoyé à son domicile provisoire pour l’année. Quelqu’un saurait-il donc qui il est ?
© Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière Pas de quoi s’affoler pour l’instant. Afin de faire comme les autres enfants de Pilanésie, Red invite toute la classe à la maison. Pour Barnum, qui est censé ici être son père, c’est hors de question. Mais quand Madame Solena, l’enseignante, va le remercier pour l’invitation, il ne va plus pouvoir refuser. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il prépare la fête. Recevoir du monde chez soi n’est pas le meilleur moyen pour rester discret. Parallèlement, Red va découvrir comment ses parents se sont rencontrés et se sont unis malgré l’opposition de son grand-père, puis il apprendra comment sa mère a disparu. Des indices troublants vont rapidement venir remettre en question la version officielle des faits.
© Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière Antonello Dalena et Falzar, rodés sur la série Grandir avec les Schtroumpfs, se retrouvent pour un triptyque original dont voici le deuxième épisode. L’histoire pourrait s’inscrire dans la plus pure tradition des contes modernes. Dans un univers extra-terrestre, on y retrouve les poncifs des grands films de la meilleure époque Disney : un royaume, la famille, une maman qui n’a pas été là pour aider son fils à grandir, un mystère, ou plutôt un secret sciemment caché,… Red ne peut pas ne pas plaire aux jeunes lecteurs. Les couleurs violacées d’Annalisa Ferrari donnent une dimension dépaysante à cette histoire qui est la quête initiatique d’un jeune noble qui est en soi un garçon (presque) comme les autres.
© Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière Deuxième volet de Red, ce Médaillon d’Eden installe les personnages dans une intrigue mystérieuse. Comme Harry Potter, Red est une histoire de relations parents/enfant avec les énigmes gravitant autour. Déjà addictif… Pourvu que l’univers se développe au-delà du troisième tome.
Série : Red
Tome : 2 – Le médaillon d’Eden
Genre : Aventure
Scénario : Falzar
Dessins : Antonello Dalena
Couleurs : Annalisa Ferrari
Éditeur : La Gouttière
ISBN : 9782357961234
Nombre de pages : 32
Prix : 11,70 €
- Le regard invisible 2 – Le gardien de la montagnepar Laurent Lafourcade
Retour au Mont Maudit
« -Bienvenue à l’auberge du chamois, jeunes gens !
-Entrez, entrez ! Mettez-vous à l’aise. Vous avez fait bon voyage ?
-Heu… Oui, merci.
-Nous avons réserv…
-Je sais, je sais, ne vous en faites pas. A cette période de l’année, il n’y a pas grand monde A vrai dire, vous êtes les seuls. Je vous donne les clefs de vos chambres tout de suite ! Remarquez, même à la haute saison, c’est plutôt calme, par ici. Hi ! Hi ! Hi ! »
Les Oussards, ultime village avant la haute-montagne, un hameau accroché au flan des sommets séparant la Savoie française du Val d’Aoste italien. Livia, Emma, Yanis, Océane et Alessio débarquent à l’auberge du chamois. La propriétaire leur donne les clefs de leurs chambres. En cette saison, il n’y a pas grand monde. Ils sont mêmes les seuls clients. Les jeunes gens cherchent à déterminer qui leur a envoyé ces lettres anonymes avec des dessins de créatures folkloriques. Que s’est-il passé quand ils étaient sur les lieux il y a sept ans ? Une postière du village voisin les met sur la voie d’un individu tatoué. Il y a bien eu un salon de tatouage en ville, mais il est à l’abandon. En forçant la porte, ils découvrent qu’il doit bien y avoir un rapport avec leur corbeau.
© Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil Des symboles magiques, des créatures légendaires issues d’anciennes croyances, ce folklore est une réalité pour certaines personnes dans ces montagnes. La tenancière de l’hôtel invite le groupe à rencontrer le spécialiste des légendes locales dans son cabinet de curiosités à la sortie du bourg. L’homme va leur raconter qu’il y a bien longtemps, Saint-Bernard était parvenu à chasser les diables des cols menant à la vallée d’Aoste. Les démons s’étaient juste retirés sur le Mont Maudit d’où ils descendaient régulièrement pour y célébrer leurs sarabandes infernales, des sabbats où se joignaient sorcières, sorciers et esprits malfaisants, avant qu’un ecclésiastique ne parvienne à les repousser. Pourtant, aujourd’hui encore, certaines nuits, d’étranges phénomènes se produisent. Le récit perturbe particulièrement Alessio dont les dessins étaient visionnaires. Persuadé que le démon l’appelle, il veut aller au Mont Maudit. Pas question qu’il y aille seul.
© Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil Second épisode du Regard invisible, Le gardien de la montagne sème le trouble entre fantastique et réalité. A la manière d’un Maxime Chattam ou Jean-Christophe Grangé, Gwenaël et Serge Carrère surfent sur le surnaturel sans laisser le lecteur prendre une décision. Le suspense monte crescendo en même temps que les légendes intègrent le plausible. Elisa Ferrari accentue la tension avec les attitudes de ses personnages, notamment Alessio qui est, on s’en doutait, véritablement le pivot de l’intrigue. Les scènes ésotériques sont appuyées par les couleurs inquiétantes d’Alex Gonzalbo.
© Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil Comme un bon thriller offrant un agréable moment de lecture, sans être révolutionnaire, Le regard invisible est un diptyque efficace, avec une fin inattendue. A lire.
Série : Le regard invisible
Tome : 2 – Le gardien de la montagne
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Gwenaël & Serge Carrère
Dessins : Elisa Ferrari
Couleurs : Alex Gonzalbo
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302102422
Nombre de pages : 48
Prix : 15,50 €
- Ça va aller, mademoisellepar Laurent Lafourcade
Vis ma vie en H.P.
« -Bonjour, c’est pour quoi ?
-Euh… pour… euh… Pour de l’aide.
-D’accord. Pour les urgences psychiatriques, c’est le couloir à gauche. Des infirmiers vont vous recevoir.
-Ok.
-Je vais prendre votre nom et votre carte vitale s’il vous plaît. »
Blandine Denis est une jeune femme qui a besoin d’aide. Elle est admise aux urgences psychiatriques de l’hôpital. Des infirmiers vont la recevoir. Elle a pris des substances. Elle a 9 de tension. Elle est artiste de bande dessinée. Si elle est là, c’est parce qu’elle a des obsessions et des pensées intrusives qui grandissent dans sa tête. Au fil des jours, elles se font de plus en plus bruyantes et deviennent insupportables. Elle lutte pour ne pas les écouter, mais elles sont très fortes et persuasives. Elles la culpabilisent et la dévalorisent. Ce sont des TOC, des troubles obsessionnels compulsifs. Une psychiatre lui propose une hospitalisation qu’elle accepte. A 19 h, une gentille infirmière lui montre la chambre qu’elle va partager avec Assia, qui vient aussi tout juste d’arriver. Blandine va nous raconter son séjour, au fil des jours et de ses démons.
© Denis – Lapin Les horaires sont stricts. On mange comme les poules. Les affaires personnelles sont auscultées afin qu’il ne reste rien de dangereux. Pas de lacet, pas de rasoir, ni même de téléphone et de chargeur. On n’a droit à son portable que cinq minutes par jour. L’ensemble des effets personnels est inventorié. Blandine est affublée du pyjama de rigueur et reçoit une dose de cheval de médocs. Les sédatifs font leur effet. Elle s’endort dans ce qu’elle appelle « la maison des fous ». De jour en jour, les autres patients lui partagent leurs traumas. Elle réclame aux soignants les outils pour aller mieux. Le temps s’étire. Elle s’ennuie. Elle dort. Elle subit les effets secondaires des médicaments : des décharges, des tremblements, une agitation incontrôlable,…
Chaque patient porte une histoire, un vécu. Certains semblent de bonne humeur. D’autres portent un chagrin immense. Chez certains, ça déborde, comme Michel qui tremble tellement qu’il ne parvient pas à manger son yaourt. Ce sont des enfants blessés qui ont besoin d’être pris par la main, à qui il faut réapprendre à vivre doucement. Tercian, lithium, abilify, paroxétine, sertraline, xanax, aprazolam, fluoxétine, aripiprazole,… : chacun son traitement, quand on ne passe pas de l’un à l’autre afin de trouver le bon.
© Denis – Lapin Blandine se demande où elle en est par rapport aux autres. Comment en est-elle arrivée là ? Va-t-elle s’en sortir ? Est-elle malade ? L’autrice est en errance médicale depuis des années. Elle a rencontré des tas de thérapeutes qui lui ont tous diagnostiqué des pathologies différentes. Alors, autiste ? bipolaire ? HPI ? dépressive ? hypersensible ? borderline ?
Avec émotion et pudeur, Blandine Denis livre un témoignage inestimable. Une mauvaise rencontre, un mauvais choix, un hasard malheureux, personne n’est à l’abri de se retrouver dans sa situation. Il faut apprendre à vivre avec. Ça peut être long, c’est long, ce sera long. C’est pour ça que dès qu’elle est admise dans l’HP un infirmier lui dit : « Ça va aller, mademoiselle. » Certains auront la patience d’attendre l’hypothétique guérison, d’autres non, comme ma fille Katrina, ma chérie, qui est partie en août 2022, à 18 ans, après près de deux ans de souffrance, d’hospitalisations peu efficaces, d’abandon d’accompagnement par un médecin soi-disant réputé, peut-être parce que le cas était trop complexe pour lui. Dans ces mois sombres, certains soignants ont quand même tenté de tout donner pour l’aider… en vain. Des dizaines de scènes de cet album, elle les a vécues. J’aurais tellement aimé qu’elle puisse le lire pour prendre conscience qu’elle n’était pas toute seule.
© Denis – Lapin Ce journal intime est une immersion poignante et instructive sur la vie des patients d’hôpitaux psychiatriques. Il est temps que leurs troubles cessent d’être tabous. Ce ne sont pas des fous. Ceux qui s’interrogeaient n’auront plus de doute après avoir lu ce livre qui leur apprendra qui ils sont.
A tous ceux qui souffrent de troubles psychiques, à tous ceux qui ont dans leur entourage quelqu’un dans cette peine, la lecture de « Ça va aller, mademoiselle » vous donnera la force d’avancer, non pas vers la lumière totale, Blandine Denis ne nous ment pas dans la conclusion, mais vers de belles éclaircies de plus en plus fréquentes et longues. Et habillez-vous en couleur, ça aide à les faire entrer à l’intérieur.
Titre : Ça va aller, mademoiselle
Genre : Tranche de vie
Scénario, Dessins & Couleurs : Blandine Denis
Éditeur : Lapin
Collection : Causes en corps
ISBN : 9782377541928
Nombre de pages : 176
Prix : 21 €
- Natacha 24 – Chanson d’Avrilpar Laurent Lafourcade
Pas de doute, Walthéry, c’est le patron !
« -Ça vous intéresse de savoir ce que nos grands-parents ont encore vécu à la fin de leur retour vers l’Europe quand ils ont quitté la Nouvelle-Calédonie ?…
-Hein ?!! Ah bon !?! Je croyais qu’ils étaient rentrés sans histoires… Que c’était fini !…
-Oh non ! Non ! Pas du tout ! Eh bien vous allez voir ! Ecoutez, c’est étonnant ! »
Alors que le vol SN.Bardaf 614 survole l’Atlantique Nord en direction de l’Europe, à son bord, Walter, stewart de son état, s’occupe en lisant un livre de citations puis une revue de potins de stars. Natacha, elle, a d’autres lectures en cours, notamment le journal de sa grand-mère, accompagnée du grand-père de Walter et de la jeune Chacha, qui, quelques années auparavant, quittaient la Nouvelle-Calédonie pour rentrer dans leur pays, à bord du voilier « L’épervier bleu ». Leur frêle embarcation croise en pleine nuit la route d’un vapeur stoppé. Ils montent à bord et trouvent plusieurs personnes inanimées, jusqu’à ce qu’un membre d’équipage, le second du navire, les prenne pour des passagers clandestins. Petit à petit, tout le monde se réveille. Pendant leur sommeil, ils ont été dévalisés et le coffre-fort du bateau a été dynamité. Quel est donc ce mystère ? Le trio est suspecté d’être à l’origine du forfait.
© Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis Tante Nana, comme l’appelle Chacha, et ses compagnons d’infortune n’en sont pas au bout de leurs surprises. Une fois à terre, après une nuit au poste, ils sont rapidement relâchés faute de preuves. Les ennuis ne vont pas tarder à recommencer lorsque, le soir, ils vont assister à une rixe sur le port. Natacha va rapidement faire le rapprochement avec le bateau « endormi ». Les malfrats s’apprêtent à reproduire la même opération sur un autre navire. Le trio va embarquer à bord, avec des masques à gaz dans leurs bagages, afin de déjouer l’opération. Ça ne va pas être si simple parce qu’ils vont devoir infiltrer le gang. Ils n’imaginent pas où ils vont se retrouver.
Troisième épisode de la trilogie inaugurée par « L’épervier bleu », « Chanson d’Avril » peut se lire indépendamment des deux précédents. François Walthéry poursuit l’adaptation du scénario que le trop méconnu Sirius avait écrit pour son héros baraqué L’épervier bleu. Pour replacer l’histoire dans son contexte, Walthéry fait à nouveau appel aux grands-parents de ses héros. Le récit est dynamique, enlevé. On est de nouveau dans l’âge d’or de la BD franco-belge, avec un bon méchant bien mégalo comme il faut. On a de nouveau quatorze ans (même si j’ai eu quatorze ans plus tard que le moment où j’ai découvert Natacha). Pour autant, on n’est pas dans de la BD à papa. On est dans de l’intemporel. Et ça, c’est merveilleux. Il n’y a que des artistes comme Walthéry qui parviennent à faire perdurer la magie. Si certaines séries sentent la naphtaline, Natacha fait montre d’une forme exceptionnelle. Pour la première fois, Usagi est aux couleurs, en restant dans la continuité de l’ambiance de la série.
© Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis Parallèlement à la sortie de l’album, la série est adaptée au cinéma par Noémie Saglio et Laurent Turner. Camille Lou tient le rôle-titre de Natacha (presque) hôtesse de l’air, qui sort le 2 avril. Vincent Dedienne joue Walter. Dans les seconds rôles, on retrouve Didier Bourdon, Elsa Zylberstein, Fabrice Lucchini et Isabelle Adjani. Excusez du peu. Natacha et Walter tentent de retrouver la Joconde qui a été volée, clin d’œil au tome 7 de la série : « L’hôtesse et Monna Lisa ».
https://youtu.be/0duehCR7q1M?si=m9R-lnVqiWVOROapRevenons à l’album. « Chanson d’avril » est le nom d’un révolver offert à Natacha par Eric et Larsen, deux vieux amis, celui que l’on appelait l’épervier bleu (avant que ce ne soit un bateau) et son complice d’aventures. Le titre est le plus bel hommage qu’un artiste, François Walthéry, puisse rendre à un autre, Max Mayeu, alias Sirius, car il fait partie de la grande histoire de la bande dessinée.
© Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis Walthéry a encore plusieurs scénarios sous le coude. S’il faut attendre si longtemps entre chaque album de Natacha pour qu’ils soient de si bonne qualité, ça vaut vraiment le coup. C’est comme ça que l’on est et que l’on reste culte.
Série : Natacha
Tome : 24 – Chanson d’Avril
Genre : Aventure
Scénario : Sirius & François Walthéry
Dessins : François Walthéry
Couleurs : Usagi
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034757442
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €
- Confessions d’un amateur de bande dessinée belgepar Laurent Lafourcade
Mes idoles de lectures
« J’avais demandé à mamie de m’offrir pour les étrennes un album illustré et elle m’avait autorisé à en choisir un parmi ceux qui nous seraient présentés. L’une des vendeuses ouvrit un grand tiroir où je vis en effet des albums, bien sûr des Tintin et peut-être aussi des Walt Disney ou des Nic et Mino qui ne m’intéressaient pas. Mon regard fut d’emblée attiré par une couverture où figurait un personnage barbu qui tenait une lanterne et affrontait un vol de chauves-souris au cœur d’une sorte de caverne aux parois couvertes de signes mystérieux. » (François Rivière)
François Rivière n’a pas dix ans lorsqu’il reçoit pour Noël de la part de sa grand-mère le premier tome du Mystère de la Grande Pyramide, une aventure de Blake et Mortimer signée par un certain Edgar P. Jacobs. Avec son copain Georges, il s’imagine dans la peau du Professeur Mortimer pendant que son camarade se mue en Capitaine Blake. Les « By jove ! » et les « Damned ! » deviennent les leurs. François se baigne ensuite dans les albums de Jacques Martin, par le biais de L’île maudite, troisième aventure d’Alix, puis rencontre les personnages de Willy Vandersteen Bob et Bobette dans le désormais mythique Fantôme espagnol. Il connaît encore peu Tintin dont il n’a lu que deux aventures Les 7 boules de cristal et sa suite Le temple du soleil.
© Rivière – Les impressions nouvelles Son éducation chrétienne l’ayant tenu à l’écart de l’école de Marcinelle, c’est plus tard qu’il tombe sur l’hebdomadaire Spirou. Ce n’est qu’au lycée, grâce à deux frères abonnés au journal, qu’il découvre le Marsupilami et Gil Jourdan. La bibliothèque fournie de la fratrie lui mit aussi dans les mains les romans Marabout de Bob Morane, signés Henri Vernes. Au fil des mois, François va de surprise en surprise, en découvrant le monde de Macherot avec Chlorophylle et celui de François Craenhals avec Pom et Teddy. Ayant failli mourir de péritonite aiguë et d’occlusions intestinales, le futur écrivain dévore dans sa convalescence les vieux livres du grenier de sa grand-mère comme Le silence du Colonel Bramble, d’André Maurois, auteur dont il deviendra inconditionnel.
© Rivière – Les impressions nouvelles La vie de François Rivière va prendre un tournant le jour où il écrit à Jacobs, lui témoignant toute son admiration. Plus tard, il sera reçu chez l’artiste, au Bois des Pauvres. François Rivière va rencontrer Alain Saint-Ogan, Jacques Martin et Hergé, avec le privilège d’un thé partagé avec ses collaborateurs aux studios du maître. François Rivière entrera dans le monde de la bande dessinée en collaborant à la première version des inoubliables Cahiers de la BD dont chaque numéro décortiquait l’œuvre d’un auteur de bande dessinée après un entretien fleuve. Le roman se termine au décès de Hergé.
© Rivière – Les impressions nouvelles A la différence de nombreuses autobiographies, celle de François Rivière a ceci de particulier qu’elle est rédigée par un grand écrivain, lui-même, avec un vrai style littéraire, très travaillé et fort agréable à lire. On attend à présent que le biographe d’Agatha Christie nous raconte sa vie de scénariste de bande dessinée dans un second tome.
Titre : Confessions d’un amateur de bande dessinée belge
Genre : Autobiographie
Auteur : François Rivière
Illustrations : Hubert Van Rie
Éditeur : Les impressions nouvelles
ISBN : 9782390701903
Nombre de pages : 128
Prix : 16 €
- Jeux de classepar Laurent Lafourcade
Une brève histoire de l’égalité
« -C’est bon, chaque élève est bien devant son prof principal, avec sa classe ? La 5e A, on est au complet, là ?
-Euh, la 5e B, un peu de silence s’il vous plaît !
-…et la 5e C, faites du bruit !
-Pour rappel, cette course d’orientation n’est pas une compétition. L’objectif, c’est de favoriser la curiosité.
-De respecter les règles, aussi.
-Et d’encourager l’entraide ! »
Pour démarrer l’année scolaire, le collège Gisèle Halimi a organisé pour l’ensemble des classes de 5e une course d’orientation dans un parc de la ville. Le but n’est pas de gagner, mais de coopérer. Favoriser la curiosité, respecter les règles et surtout, surtout, encourager l’entraide. Après la victoire d’Enzo et Olympe, les profs annoncent aux élèves qu’un projet pédagogique spécifique les accompagnera toute l’année. A l’initiative de la mairesse, toutes les classes de 5e de la ville mèneront une action écologique encadrée par leur prof principal. En mai, la première magistrate viendra décerner un prix au meilleur projet citoyen, avec un voyage surprise à la clef ! Alba, Saël, Olympe, Enzo et Rémi comptent bien être au cœur de l’action.
© Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD Saël a 11 ans. Sa mère est comptable, son père est technicien informatique. A travers son journal intime, on va suivre son année et celle de ses camarades de deuxième année de collège. Avec eux, on va quitter l’enfance pour découvrir la vie de citoyen, citoyen de sa classe, de son quartier, de sa ville et du monde. Il y aura les élections des délégués de classe, avec un compromis particulier. On va aller voir des maraîchers qui gèrent une ferme avec des personnes en réinsertion. On découvrira que tout n’est pas réalisable, aussi beau soit le projet, comme le refus du budget pour fabriquer des équipements sportifs écoresponsables. On va aussi vivre des succès en pensant écologique et social comme la vente des paniers bio. En parallèle, les vies privées des enfants évoluent, comme l’histoire de la vie.
© Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD Les auteurs adaptent librement le livre Une brève histoire de l’égalité de l’économiste Thomas Piketty, explicitant et vulgarisant le sujet de la redistribution des richesses. Professeur d’histoire-géographie en collège, Julie Scheibling sensibilise les jeunes aux réalités économiques et aux impacts sur la vie privée de chacun, leur démontrant que tout le monde, à son échelle, peut agir. Plus de dix ans après sa première incursion avec Eugène, l’illustrateur Quentin Vijoux revient dans la bande dessinée. Dans un graphisme sobre, avec des décors minimalistes, le dessinateur laisse le propos au premier plan.
© Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD Le collège d’aujourd’hui n’est plus un lieu où l’on est assis, passif, à écouter, ou pas, des cours rébarbatifs. Le collège d’aujourd’hui a la lourde tâche de former le citoyen, car les élèves sont à un âge charnière. Jeux de classes est un livre agitateur de consciences, le genre d’album qui fait qu’on n’est plus vraiment le même après l’avoir lu, car il explique que l’on peut, ne pas subir la société, mais en être acteur.
Titre : Jeux de classe
Genre : Social
Scénario : Julie Scheibling
Dessins & Couleurs : Quentin Vijoux
D’après : Thomas Piketty
Éditeur : Seuil jeunesse BD
ISBN : 9791023520279
Nombre de pages : 144
Prix : 13,50 €
- Carcomapar Laurent Lafourcade
La ballade des âmes salées
« -Le cap, Capitaine ?
-Voyons voir… Le Sud… Pourquoi pas ? Mes frères ! Le serment !
-Sans plus jamais passer par aucun port, je vivrai et mourrai en mer. La terre, c’était hier. Et hier n’est plus. Je suis né du sel, et au sel je retournerai. Les algues pour tombeau. Et seules les mouettes me pleureront. »
« Je suis né du sel, et au sel je retournerai. » Sur le Carcoma, le Capitaine et son équipage ont tous fait le même serment. Plus jamais, ils ne mettront pied sur la terre ferme. Aujourd’hui, Puce, une armoire à glace, hurle. Tique, son frère, a été emporté par la fièvre. Puce refuse de rendre son corps à l’océan. Il va devoir le faire. Il appartient aux vagues, comme tout un chacun sur ce bateau. Les mouettes le pleureront.
En haut de la vigie, Sépia surveille l’horizon. Surveille ? Pas trop. Assoupie par l’alcool, la pirate ne voit pas que le navire se dirige vers des récifs. Il y a des dégâts. Il va falloir descendre pour les quelques réparations et la remise à flots. Avant de remonter à bord, Sépia récupère dans l’eau une forme lumineuse. Pas question de parler au capitaine de cette espèce de pieuvre-alien brillante. Personne ne sait ce que c’est, mais c’est beau.
© Garrido – Dupuis Sépia va élever la bestiole comme si elle était sa mère. Elle la berce, la nourrit. La bête plonge dans la mer, revient. C’est une sorte de sirène que tout l’équipage prend d’affection. Dans la solitude de sa cabine, le capitaine boit et crache ses tripes noires devant le portrait d’une femme. Il n’est plus le même depuis qu’il a eu la malchance de découvrir ce qui se trouvait derrière l’horizon. Sépia aussi a son secret. Ce n’est pas innocent si elle a cette attitude avec la sirène dont le seul maître à bord ignore encore l’existence. Tout va dégénérer le jour où l’équipage va manifester son désir de rompre le serment pour regagner la terre. Le Capitaine n’est pas disposé à le parjurer.
© Garrido – Dupuis Après le formidable triptyque Love, love, love avec Kid Toussaint, Andrés Garrido revient dans un one shot de pirates qui ne ressemble à aucun autre. Ici, pas de propos historique comme souvent, pas d’abordage ni de coups de canon. Nous sommes avec un équipage atypique d’écorchés vifs. Des fous, des assassins, des voleurs, des ivrognes, mais avant tout des êtres humains avec un passé déchiré. Carcoma est une histoire de deuil et de reconstruction, de solitude et de rédemption, et aussi de connexion avec soi-même et avec les autres. Andrés Garrido y place ses inquiétudes liées à la pandémie. Il y expose les difficultés pour rompre l’isolement et les tentatives pour s’accrocher dans l’obscurité d’une période dont on ne connaissait pas l’issue quand on la vivait. Graphiquement, c’est grandiose et pourtant, on n’est pas dans une finesse à la Patrice Pellerin ou François Bourgeon. Le trait de Garrido est fantastique dans tous les sens du terme, on pourrait dire merveilleux, mais un merveilleux aux frontières de la peur comme dans le final de La Belle au Bois Dormant version Disney. Les couleurs sépia sombre accentuent la noirceur de l’intrigue, illuminée par la sirène étincellante.
© Garrido – Dupuis A quoi bon fuir un passé qui nous hante ? Avec une histoire dans un univers de piraterie, Andrés Garrido démontre qu’une échappatoire ne peut pas être une guérison. Le but est de prendre conscience de ses actes pour avancer. Carcoma est l’un des chocs de l’année. Indispensable.
Titre : Carcoma
Genre : Pirate/Fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Andrés Garrido
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808502856
Nombre de pages : 176
Prix : 27,95 €
- Zen sans maîtrepar Laurent Lafourcade
Un néerlandais au pays du soleil levant
« -Que diriez-vous d’une tasse de thé ?
-Oh, avec grand plaisir !
-Etes-vous un prêtre ?
-Euh… En fait, non… »
Frenk est parti au Japon pour s’initier au bouddhisme. Entre apprentissage au zen et souvenirs de son enfance et adolescence, il prend conscience du tournant que prend sa vie en adoptant cette nouvelle philosophie. Les moines zen qui méditent ne bougent pas. Ils restent assis, immobiles, pour voir plus que ce que l’on nous a appris à voir. C’est ça que l’on appelle la lévitation. Porter des vêtements amples. Poser ses fesses sur le sol. S’asseoir en tailleur, le dos bien droit. Imaginer qu’on est soulevé doucement par un cheveu du crâne. Former un petit bol avec les mains. Ça y est, on est prêt. Les pensées parasites arrivent, c’est normal. Un jour, un beau jour, l’esprit cessera de divaguer. C’est ça, méditer. Frenk se mue en guide, guide spirituel, mais aussi guide bel et bien physique : les arts martiaux, les bentos, le thé, la pêche avec des cormorans, un séisme, la calligraphie. On est là-bas, avec lui.
© Meeuwsen – Anspach Si Frenk suit cette voie, ce n’est pas un hasard. A travers les flashbacks, il remonte le temps pour comprendre et faire comprendre au lecteur ce qui l’a amené, ce qui l’a guidé, jusqu’à cet abordage du zen. Tout commence à l’adolescence avec la découverte et la lecture dans la bibliothèque de son père des Jardins du zen, un essai sur le bouddhisme zen par Bert Schierbeek et cette question, une parmi tant d’autres, soulevée par l’auteur : Quel est le bruit d’une main qui applaudit seule ? Et puis, il y eut la rencontre avec la mort, d’abord celle de Panthère, la chatte noire de la maison et le rituel de son inhumation, puis celle d’un camarade de classe qu’il n’aimait pas particulièrement. Un jour, Frenk se fait raser la tête. Il ne savait pas encore qu’il se débarrassait de son ancien moi et disait adieu à son individualité physique.
© Meeuwsen – Anspach Cet album se mérite. Il faut quelques pages pour en comprendre le sens et en adopter le rythme. L’auteur néerlandais Frenk Meeuwsen partage son expérience de découverte de la philosophie orientale au Japon dans les années 90. Il a vécu à Kyoto, la ville des temples. Deuxième album publié chez Anspach après Année Zéro, Zen sans maître est en fait le premier qu’il a réalisé. A la base en noir et blanc, il a été colorisé à l’occasion de cette traduction en français, en deux tons, bleutés pour le passé au Pays-Bas, ocre pour le présent au Japon. Il compile cinquante-cinq instants de vie, comme des haïkus, pour une immersion introspective. On va croiser des personnages étonnants, comme Alain, un dandy philosophe hors du temps. Le livre est drôle, parfois, émouvant, souvent, et surtout, ça aide à comprendre le sens de la vie. L’auteur a trouvé le sens de la sienne. Avec générosité, il montre le chemin à qui voudrait le suivre.
© Meeuwsen – Anspach Avec un titre qui sonne comme un jeu de mots, 500 mètres, Zen sans maître, Frenk Meeuwsen nous invite à une course au sens de la vie dont il est un guide inestimable. Ceux qui n’ont jamais compris le principe de la méditation vont enfin en concevoir le but.
Titre : Zen sans maître
Genre : Philosophie
Scénario, Dessins & Couleurs : Frenk Meeuwsen
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105382
Nombre de pages : 288
Prix : 32 €
- Le démon de mamie ou la sénescence enchantéepar Laurent Lafourcade
Mamie à tout prix
« -Eh oui, comme les copines, me voilà grand-mère ! 2 fois avec mon fils… Ma fille a décidé de ne pas se reproduire. Planète pourrie… Trop de monde sur Terre… Climat qui…
-Et je préfère les filles !
-Ça , ce n’est pas un argument, ma chérie ! »
Comme ses copines, Noémie, soixante-dix printemps au compteur, est mamie, depuis quelques années déjà. Si sa fille n’a pas l’intention d’en avoir, son fils lui a déjà donné deux jolis petits enfants. Elle se souvient avec émotion de la naissance du premier et des conseils avisés de son fils et de sa belle-fille, comme si elle n’avait jamais été maman elle-même. Il faut dire que certaines techniques ont changé. De son temps, on faisait dormir les bébés sur le ventre. Maintenant, c’est sur le dos, pour éviter les MIN : morts inattendues du nourrisson. Il lui faut aussi un petit coussin spécial derrière la tête pour qu’il ne souffre pas de plagiocéphalie, le syndrome de la nuque plate. Ceci n’est qu’un exemple minime dans tout l’attirail que possède un jeune couple pour gérer son bébé. Noémie découvre comment tout a évolué depuis son époque.
© Cestac – Dargaud Avoir un petit-enfant, c’est partager des moments de complicité : les repas à la becquée avec les mains qui patouillent dans l’assiette, les sourires, les premiers pas, les siestes ensemble, les cubes et les petites voitures, faire des gâteaux et de la peinture, aller au spectacle et à la plage. Quand il y en a un deuxième, c’est un petit peu plus compliqué, mais Noémie y parvient quand même. Les accidents de tuyauterie, le bazar lors des toujours longs pour eux voyages en train, les réflexions tout fort dans les files d’attente (« Il attend un bébé, le monsieur ? »), ce sont autant d’instants inoubliables qu’on se remémore plus tard en souriant en famille.
© Cestac – Dargaud Dans la vie de Noémie, il n’y a pas que les petits-enfants. Il y a aussi le couple, les petits bobos, la gym, les sorties touristiques de « la ménopause en vadrouille », le bridge, les ateliers artistiques, le bénévolat… et la sexualité. Noémie finit en racontant avec émotion la façon dont elle voudrait mourir. Entre Noémie et Florence Cestac, il n’y a qu’un pas. Nul doute que la dessinatrice a mis beaucoup d’elle-même dans son avatar. Après Le démon de midi, celui de l’après-midi et celui du soir, celui de mamie est le quatrième épisode de la vie de ce double de papier. Cestac n’a aucun tabou. L’album est empreint de sincérité.
© Cestac – Dargaud Si Noémie tire sa révérence avec ce dernier épisode, Florence Cestac a plein de projets en tête parmi lesquels un bouquin sur la cuisine avec un de ses amis d’enfance qui en a fait son métier. En attendant, celles qui sont mamies se retrouveront dans cette sénescence enchantée et les autres apprendront à les connaître… ou les reconnaître.
One shot : Le démon de mamie ou la sénescence enchantée
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Florence Cestac
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205212280
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €
- Marsupilami 34 – Marsu Clubpar Laurent Lafourcade
Avis de recherche
« -Roux comment ?
-Foncé avec des nuances rouges comme le Ron Prohibido… ou plus ambré avec des reflets acajou comme le Zacapa Royal ? Faut être précis si vous voulez aider la police.
-Roux. Comme sa tante. »
Avec George, Diane écume la ville de Chiquito afin de retrouver son neveu Hector. Le bar-commissariat prend toutes les infos concernant sa disparition. Les gens de la rue seront certainement d’une plus grande aide… s’ils l’ont aperçu. Il faut dire que les kidnappings contre rançon sont légion. Des affiches parsèment la ville de photos de gamins enlevés. (Il y a même Benoît Brisefer qu’on aimerait bien revoir.) Ce que Diane ne sait pas, c’est que pour Hector, ce n’est pas le même problème. L’enfant a été transformé en Marsupilami par le sorcier Chahutas Touhtankilosé. Mais a-t-il vraiment envie de redevenir humain ? Qu’est-ce qui pourrait bien le faire changer d’avis ?
© Batem, Colman, Cerise – Dupuis Trois ans et demi après SuperMarsu, la première partie de cette aventure, on va enfin découvrir ce qu’il est advenu de Hector, métamorphosé en Marsupilami. Alors que le financement de ses recherches a été stoppé et qu’ils doivent repartir à Londres, Diane ne se voit pas quitter le pays sans son neveu. Pendant ce temps, le gamin, dans la peau d’un Marsu, apprend à vivre en communauté au milieu des autres individus de l’espèce. Toutes les règles ne sont pas évidentes à accepter. En particulier, deux mâles adultes ne peuvent pas cohabiter sur le même territoire. Il va devoir fonder une famille, ce qui va lui valoir une démonstration de séance de séduction par un marsupilami de haute volée.
© Batem, Colman, Cerise – Dupuis Une page se tourne avec ce trente-quatrième volume du Marsupilami, parce que c’est le seizième et dernier scénario de Stéphane Colman. Un nouveau cycle va s’ouvrir avec de nouveaux scénaristes. Il y a peu de chances également que Diane et Hector soient de la partie pour la suite, à moins d’un retournement de situation. Cet au revoir est en tout cas émouvant et dynamique. Les recherches en ville alternent avec les scènes quasi-muettes dans la jungle. Les amateurs de Marsu dans son milieu naturel sont servis. Batem est en grande forme. Il avait réalisé un album de strips du personnage entre les tomes 33 et 34 mais, indéniablement, la bête est mieux servie dans les longs métrages.
© Batem, Colman, Cerise – Dupuis Bienvenue au MarsuClub ! On achète sans problème une carte de membre permanent.
Série : Marsupilami
Tome : 34 – Marsu Club
Genre : Aventure exotique
Scénario : Colman
Dessins : Batem
Couleurs : Cerise
D’après : Franquin
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034766314
Nombre de pages : 56
Prix : 13,50 €
- Kaïju n°8 Side B 1 / Kaïju n°8 13par Laurent Lafourcade
Entre Naruto et Goldorak
« -Monsieur Hoshina ! Nous sommes l’équipe de Tokyo TV ! C’est nous qui réalisons le reportage sur les nouvelles recrues de la 3e unité !
-Comment se passe le tournage ?
-Très bien, nous avons la chance que tout le monde soit très coopératif ! D’ailleurs accepteriez-vous de répondre à quelques questions ? »
Une équipe de télévision réalise un reportage sur les nouvelles recrues de la troisième unité. Sôshiro Hoshina répond à leurs questions et se félicite de la promotion de cette année. Quand le journaliste l’interroge sur la sélection dans le groupe de Kafka Hibino, Hoshina s’en sort par une pirouette. Les aptitudes au combat ne sont pas le seul critère. Kafka a été choisi pour son potentiel comique. Le vice-commandant invite ensuite les journalistes à le suivre pour assister à un entraînement de Kendo dans le Dojo. Kikoru Shinomiya lui propose un combat. Tout cela rappelle à Hoshina son apprentissage au sein de forces de défense, sous le commandement de Mina Ashiro.
KAIJU 8 GO Side B © 2023 by Naoya Matsumoto, Keiji Ando, Kentaro Hidano All rights reserved
© Matsumoto, Ando, Hidano – CrunchyrollEn parallèle au lancement de ce spin-off de Kaïju n°8, estampillé Side B, paraît le treizième tome de la série-mère. On y retrouve les forces de défense en bien mauvaise posture face au Kaïju n°9. Une meute de Kaïjus engage une attaque simultanée. Les dégâts s’amplifient très rapidement. Aujourd’hui, le numéro 9 est déterminé à s’emparer de Tokyo pour en faire sa base opérationnelle afin de conquérir le Japon tout entier. Il tient Mina Ashiro et tente de l’absorber pour conférer ses capacités à ses créations et mettre l’humanité à sa merci. Pour lutter contre lui, Kafka est confronté à un dilemme : aller au front, ou sauver les humains en proies aux Kaïjus ?
KAIJU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto All rights reserved
© Matsumoto – CrunchyrollDouble dose de Kaïjus chez Crunchyroll. Dans Side B, Kentarô Hidano adapte le roman « Immersion dans la 3e unité ! », de Naoya Matsumoto et Keiji Andô. On y assiste en flashback aux premiers pas de Sôshiro Hoshina dans des combats au sabre. On le verra sauver un enfant de l’intérieur… Si, si… de l’intérieur.
KAIJU 8 GO Side B © 2023 by Naoya Matsumoto, Keiji Ando, Kentaro Hidano All rights reserved
© Matsumoto, Ando, Hidano – CrunchyrollDans la série dite « classique », le secteur de Kasumigaseki est à feu et à sang face à une meute de méga-Kaïju. Mina Ashiro n’a jamais été en aussi mauvaise posture. Au niveau graphique Hidano et Matsumoto sont de la même école. Sans s’y pencher en détails, le profane ne remarquera même pas que les deux séries sont dessinés par deux mangakas différents.
KAIJU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto All rights reserved
© Matsumoto – CrunchyrollKaïju n°8 est un univers puissant. Réunissant les concepts initiatiques de Naruto et combattifs de Goldorak, c’est la licence à suivre. Elle deviendra sans nul doute une référence dans le futur.
Série : Kaïju n°8 Side B
Tome : 1
Genre : Shonen
Scénario & Dessins : Kentarô Hidano
D’après : Naoya Matsumoto & Keiji Andô
Éditeur : Crunchyroll
ISBN : 9782820351791
Nombre de pages : 192
Prix : 6,99 €
Série : Kaïju n°8
Tome : 13
Genre : Shonen
Scénario & Dessins : Naoya Matsumoto
Éditeur : Crunchyroll
ISBN : 9782820348937
Nombre de pages : 192
Prix : 6,99 €
- Boulevard Tintin – Tchang Tchong-Jen Artiste voyageurpar Laurent Lafourcade
L’homme derrière le Lotus
« C’était un homme très doux, très amical. Pendant huit mois et demi, je suis venu raconter la Chine à Hergé tous les dimanches. Il trouvait certaines de mes anecdotes très intéressantes. Nous faisions de grandes promenades à Bruxelles… Et nous sommes devenus amis… » (Tchang Tchong-Jen)
« Moi, Tchang Tchong-Jen… Mais… pourquoi m’as-tu sauvé la vie ?… » Nous sommes en 1936 dans Le Lotus Bleu, cinquième aventure de Tintin. Le reporter au Petit Vingtième vient de sauver un jeune chinois de la noyade. Ce que le lecteur de l’époque ignore, c’est que ce rescapé existe bel et bien. En effet, quelques mois plus tôt, Hergé a rencontré un étudiant chinois qui, pendant plusieurs mois, lui a raconté la Chine. Comment la vie a mis ces deux artistes sur la même route ? On connaît tous les grandes lignes de la vie de Hergé, mais quelle fut celle de Tchang Tchong-Jen ? Avec la participation de sa fille Tchang Yifei, Dominique Maricq retrace le parcours de cet homme hors du commun.
© Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024Avant « Le Lotus », les chinois étaient représentés de façon caricaturale dans les aventures de Tintin. Chez les Soviets, ce sont des bourreaux. En Amérique, ils sont décrits comme friands de petits chiens. Pour sa nouvelle histoire, Hergé est bien décidé à se documenter sérieusement.
Zhang Shaofu est sculpteur sur bois. Son fils Tchang est sensibilisé dès son plus jeune âge à la beauté et à l’équilibre dans la création artistique. En 1927, à 20 ans, il boucle avec succès sa sixième année d’études pour apprendre l’art et la technique de la photographie. L’année suivante, il travaille pour un magazine spécialisé dans l’art contemporain. En parallèle, il donne des cours particuliers de dessin à des enfants de familles aisées. En 1931, grâce à une bourse et la bienveillance d’une certaine Madame Tan, il part pour un séjour en Europe afin d’étudier les Beaux-Arts à l’Académie royale de Bruxelles et de s’imprégner de culture artistique occidentale. En 1934 et en 1935, il obtiendra le Premier Prix de sculpture de la ville de Bruxelles.
© Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024En 32, afin d’obtenir des renseignements pour les futures aventures de Tintin, sur les conseils de l’Abbé Gosset, Hergé écrit à ce jeune étudiant chinois arrivé quelques mois plus tôt en Belgique. Un mois plus tard, Tchang lui répond. Ayant compris que la bande dessinée n’était pas une simple distraction et ayant découvert la notoriété de son interlocuteur, Tchang se montre intéressé par ce projet qui lui permettrait d’exposer la réalité tragique de la situation politique de son pays et de montrer le vrai visage des japonais. Si ces derniers se fâchent, c’est que c’est la vérité. Face aux réticences de l’Abbé Wallez, Hergé tient bon. Comme le dit Tchang : « La liberté d’expression pour les artistes et les écrivains est affaire de responsabilité. » Tchang est le complice d’une histoire dans l’histoire, la parsemant de références aux mœurs et coutumes chinoises, anecdotes savoureuses, clins d’œil appuyés. Quant à la couleur du Lotus, le bleu, elle n’existe pas. C’est Hergé qui l’a inventée pour désigner la fumerie d’opium.
© Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024La collaboration des deux artistes sur Le Lotus Bleu n’est qu’une partie de ce livre qui s’attarde également sur les années de Tchang à son retour en Chine en 1936, une improbable histoire de tableau volé, les années Mao, ses succès dans la sculpture, puis, évidemment les retrouvailles en 1981, quarante-sept ans après la première rencontre avec Hergé, avant de se terminer sur les dernières années du sculpteur en France. Apportant un éclairage inédit sur la carrière de Tchang Tchong-Jen et son apport à l’œuvre de Hergé, cette biographie invite à se replonger dans Le Lotus Bleu, car, quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Titre : Tchang Tchong-Jen Artiste voyageur
Genre : Biographie
Auteurs : Dominique Maricq & Tchang Yifei
Éditeur : Moulinsart / Casterman
ISBN : 9782203293144
Nombre de pages : 190
Prix : 25 €
- Promise Cinderella 2 / Les noces des lucioles 2par Laurent Lafourcade
Unions ? Mais avec qui ?
« -Ta valise… Une nouvelle tentative de fuite ?
-Ah… Non, non. Je triais mes affaires. Il me manque plein de choses…
-Tu retournes chercher le reste ?
-Ah… Bof, il n’y a pas d’urgence… Pour l’instant, ça ira. Bon, je vais tout ranger.
-Ton mari vient de m’appeler. »
Cendrillon est promise à son prince. Hayame est coincée entre son mari Masahiro qu’elle a quitté pour adultère et Issei, le jeune homme fortuné qui l’a recueillie lorsqu’elle a quitté le domicile conjugal. L’époux souhaite divorcer au plus vite. C’est pour cela qu’il vient d’appeler Issei, afin qu’il fasse accélérer les choses. Hayame n’apprécie pas vraiment que son hôte s’occupe de ses affaires. Ce dernier veut inciter la femme trompée à prouver l’adultère de son mari pour le délester de trois millions de yens. C’est le dé qui l’a décidé. Issei est joueur. Hayame doit aller jusqu’au bout, suivre son mari et prendre des photos compromettantes. Ça permettra qu’elle rembourse son protecteur, à qui elle a soi-disant endommagé une œuvre d’art. C’est Promise Cinderella.
© 2018 Oreco Tachibana
© 2025, Editions Glénat, pour l’édition françaiseLes lucioles célèbrent leurs noces. Ere Meiji, Satoko Kirigaya, jeune noble, a été enlevée. La belle n’a vu son salut qu’à sa promesse d’épouser Shinpei, son ravisseur. Sur l’île de Tennyojima, Satoko est devenue une courtisane, une prostituée de luxe. Difficile pour Shinpei qui s’oppose à ce qu’un autre homme ne la touche. Alors, quand Monsieur Nitobe va vouloir aller un peu plus loin avec elle, souhaitant que les courtisanes apprécient elles aussi les temps passés en sa compagnie, ça ne va pas lui plaire. Le client est gauche et ne sait pas comment s’y prendre. Il propose à Satoko d’acheter sa liberté, de quitter la maison close et l’île avec lui. Il veut l’épouser. Satoko va-t-elle trahir Shinpei ? Toujours est-il qu’entre lui et Nitobe la guerre est déclarée. Pas touche à la belle.
© 2023 Oreco Tachibana
© 2025, Editions Glénat, pour l’édition françaisePromise Cinderella, comme son titre l’indique, tord et distord le mythe de Cendrillon. La confrontation entre la femme, le mari et le protecteur va mettre les points sur les i à tout le monde. Dans tout ça, que souhaite réellement la maîtresse ? Le mari pourrait tomber de haut. La dernière partie de l’épisode met en scène de nouveaux personnages de la famille d’Issei : son frère Seigo, et surtout sa grand-mère, une vieille dame indigne et drôle, qui a bien l’intention que chaque chose, en parlant d’humains, soit à sa place. Sa tension pourrait bien grimper en flèche.
© 2018 Oreco Tachibana
© 2025, Editions Glénat, pour l’édition françaiseAvec ce tome 2, Les noces de Lucioles nous immerge à l’intérieur d’une maison close. Satoko va apprendre à vivre entre prétendants et courtisanes. Il va être question de cicatrices, celles morales de la vie, mais aussi celles qui sont marquées sur les corps. Il n’y a rien de vulgaire dans ce manga. Les sentiments sont exprimés sans vulgarité ni consommation. Les paroles sont plus fortes que les actes.
© 2023 Oreco Tachibana
© 2025, Editions Glénat, pour l’édition françaiseSi Les noces des lucioles prend une tournure sociétale racontant une époque révolue, Promise Cinderella s’aventure sur la route de la comédie, dramatique, mais une comédie quand même. Dans ces jeux de l’amour, il ne faut jamais se fier aux premiers sentiments que l’on pourrait avoir.
Série : Promise Cinderella
Tome : 2
Genre : Comédie romantique
Scénario & Dessins : Oreco Tachibana
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344065440
Nombre de pages : 192
Prix : 7,90 €
Série : Les noces des lucioles
Tome :2
Genre : Thriller romantique
Scénario & Dessins : Oreco Tachibana
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344065433
Nombre de pages : 208
Prix : 7,90 €
- Les amis de Jacobs 36 – Décembre 2024par Laurent Lafourcade
Happy new year old chaps !
« -Eh bien, ce qui m’étonne dans ce dernier exploit de la « Marque Jaune », c’est qu’il est, tout compte fait, beaucoup moins spectaculaire que les précédents… Ne trouvez-vous pas ?
-En effet ! C’est curieux…
-A moins que ce ne soit le début de quelque diablerie nouvelle !?… »
La pipe à la main gauche et l’autre dans la poche de son pantalon, dans un chic so british, Mortimer nous souhaite une bonne année. Pourtant, c’est le cœur serré que nous ouvrons ce trente-sixième numéro de la luxueuse revues des Amis de Jacobs. Ce Mortimer est réalisé par André Juillard. Il n’en signera plus puisqu’il nous a quitté il y a quelques semaines. Il est des numéros qu’on aurait préféré ne jamais lire. Celui-ci en fait partie. Christian Viard lui rend hommage dans un émouvant éditorial, parlant de son élégance dans tous les sens du terme et de sa générosité. Sur une dizaine de pages, les cartes de vœux de Juillard rappellent son souvenir.
© Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
© Les Amis de JacobsPlace ensuite à la deuxième partie du jeu des mille erreurs et des mille découvertes sur La Marque Jaune. Christian Viard poursuit le décorticage de cet épisode mythique. Sur la couverture, Blake et Mortimer sont acculés devant un mur de brique orné du célèbre graffiti. Cette scène ne pourrait se produire avant le dernier quart de l’album. Le manteau en tweed chiné du professeur aurait dû être sali. Il est paradoxalement impeccable. Autre paradoxe, par deux fois, les voitures de police sont garées à droite. L’escalier de Park Lane a un nombre de marches fluctuant et Mortimer possède, comme Lucky Luke, un introuvable pistolet à 7 coups. En revêtant le costume de Sherlock Holmes, le fin rédacteur a ausculté chaque case. Un travail remarquable.
© Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
© Les Amis de JacobsUne lettre de Jean Van Hamme explique pourquoi les droits audiovisuels de La Marque Jaune naviguent de producteurs en producteurs, chacun se cassant les dents sur la très complexe, voire impossible, adaptation de l’histoire pour le grand écran.
Pour terminer la revue, il est question de S.O.S. Météores. Il a été tant et tant écrit sur cet épisode que l’on croyait avoir tout dit. Et bien, non. Guido Vogliotti s’arrête sur les estampes et les objets chinois et japonais que l’on voit dans l’appartement de Per Enrik Quarnströn, collectionneur d’art oriental, alias Monsieur Henri, alias encore Olrik. L’auteur de l’article met en parallèle les œuvres dans les dessins de Jacobs avec des photos de leurs modèles réels. En bonus, deux petits détours par Le Lotus bleu et Les 3 formules du Prof. Sato.
© Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
© Les Amis de JacobsOn le dit pour Tintin, mais on peut aussi le dire pour eux. Quand on a fini de lire Blake & Mortimer, on peut recommencer à lire Blake & Mortimer. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. La revue des amis de Jacobs le prouve depuis déjà 36 numéros !
Série : Les amis de Jacobs
Tome : 36 – Décembre 2024
Genre : Revue d’étude
Directeurs de publication : Christian Viard et Didier Bruimaud
Éditeur : Les amis de Jacobs
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €
- Aux côtés du Dieu-Loup 2par Laurent Lafourcade
L’autre enfant bénie
« -Tsubaki a beau être un enfant béni, il est encore ignorant des choses de ce monde.
-Elle veut quoi ta reine ? Pourquoi elle t’a envoyé récupérer Tsubaki ?
-Parce qu’elle manque de petits camarades. »
Tsubaki, Adler et le Seigneur Loup sont sortis de la forêt de brume et ont mis le cap sur Centrose, la capitale. C’est la Reine qui a envoyé Adler pour récupérer l’enfant béni. Elle-même est une enfant bénie. Née des souhaits des humains empêtrés dans la guerre et désireux d’être sauvés, la sauveuse est naturellement devenue Reine, mettant ses pouvoirs pour lutter contre les Maléfleurs qu’elle cherche à éradiquer. Arrivés aux portes de la cité, Jack, le Capitaine de la garde, fait du zèle et refuse de les laisser entrer. Il a Adler dans le nez et ne croit pas que ce soit la Reine qui a envoyé l’homme en mission. Seule Rosalotte Spinnen Lilie pourrait les sortir de ce mauvais pas. Ça tombe bien, c’est la Reine en personne et elle passe par là.
© 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
© 2025 Bamboo éditionNos héros vont avoir du fil à retordre avec les détracteurs de la Reine. Les tenants de l’ancien dogme vénèrent le grand Dieu, un des dieux de jadis, ceux qui ont fait cadeau des Bénédifleurs. Ils tentent de retourner l’esprit de Tsubaki, lui expliquant qu’il a eu la tête emplie de balivernes par la souveraine. Pour eux, les Maléfleurs sont tout aussi légitimes que les autres, car elles sont les châtiments nécessaires aux pauvres pêcheurs que sont tous les hommes, pour leur bien. Tsubaki parviendra-t-il à préserver son intégrité ?
© 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
© 2025 Bamboo éditionLa série a démarré en 2022 chez Square-Enix au Japon dans le G-Fantasy. En plus de deux ans, seulement deux tomes sont parus au pays du Soleil Levant. La publication française n’a donc aucun retard. Aux côtés du Dieu-Loup est un conte folklorique fantastique émouvant sur la prise de conscience de soi, le libre-arbitre et la difficulté de tenir les rênes du pouvoir. Yomoko Yamamoto dessine l’histoire avec grâce et sobriété. Les dialogues sont fins. Les personnages s’affrontent dans des joutes oratoires décisives où celui qui réussira à induire ou influencer l’autre prendra le dessus.
© 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
© 2025 Bamboo éditionMettant à l’honneur les relations homme-animal, Aux côtés du Dieu-Loup est un voyage spirituel qui soigne les blessures du monde.
Série : Aux côtés du Dieu-Loup
Tome : 2
Genre : Seinen Heroïc-fantasy
Scénario & Dessins : Yomoko Yamamoto
Éditeur : Bamboo
Collection : Doki Doki
ISBN : 9791041111800
Nombre de pages : 192
Prix : 7,95 €
- Edika sous couverturespar Laurent Lafourcade
Le roi des couv’ de Fluide Glacial
« -Mon coeur mon ange, ich liebe dich forever.
-Alors elle vient cette chute oui ou merde ? On a pas qu’ça à fout’bordel.
-Okay, reste plus qu’à terminer mon pied. C’est bon. Trèèès bien. Vas-y, vas-y. Encore. Encore un peu. Mais pourquoi il s’arrête ?! »
Edika est un rêveur. Réduit à tort au rôle de dessinateur de femmes à grosses poitrines, l’auteur est avant tout un poète drôle, émouvant et intemporel. Intemporel. L’humour d’Edika est hors du temps. Et ça, peu de gens peuvent se targuer de parvenir à accomplir cet art. Dans un autre genre, Sempé était à la bourgeoisie ce qu’Edika est à la France populaire. En attendant qu’un livre improbable consacre un parallèle entre ces deux artistes, la encore nouvelle collection Les Jolis P’tits cultes consacre un ouvrage à Edika, et plus particulièrement aux 83 couvertures qu’il a réalisé pour le magazine Fluide Glacial.
© Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial Avant d’avoir les honneurs de la Une, engagé par Jacques Diament qui nous a quitté récemment, Edika a commencé par des gags en couleurs en quatrième de couverture dès 1979. Se présenter à la rédaction d’un journal en noir et blanc avec des pages en couleurs, fallait oser… ou bien être un poète comme on l’a défini. Rapidement, il va signer des histoires courtes en noir et blanc, comme tout ce qui se fait dans le magazine, et intégrer l’intérieur. Avec Binet, l’auteur des Bidochon, il deviendra un pilier de Fluide. Edika est le roi de l’absurde, du nonsense, des histoires sans chute. Pour ça, il se met en abyme et se moque de lui-même dans ses récits. Pour parler « Fluide », ses personnages eux-mêmes se foutent de sa gueule.
© Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial Gérard Viry-Babel, rédacteur au journal, a déjà signé le dossier documentaire dans l’anthologie Edika parue entre 2020 et 2023. Il rédige aujourd’hui ce petit livre, ode à une idole, avec admiration et amour, avec un focus sur ces fameuses et poilantes couvertures. La première date de mars 1981, pour le numéro 57. Un astronaute se moque d’une petite alien difforme sans remarquer qu’une bête gigantesque s’apprête à le croquer. Les thèmes de ses couvertures vont ensuite devenir plus terre à terre, de l’obsession anatomique à la famille de Bronsky, avec en particulier le chat Clark Gaybeul et son slip Grande Barque. Il y a aussi ce que Viry-Babel appelle les couvertures muettes, dessins d’humour se suffisant à eux-mêmes mettant en scène ces femmes plantureuses. Le livre se termine sur deux couvertures spéciales, l’une en odorama, l’autre en flipbook.
© Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial Après Franquin et Gotlib pour Slowburn, Gotlib avec son Pervers pépère et Edika, un Gotlib et la musique est annoncé pour très bientôt. En attendant, ce Edika sous couvertures met à l’honneur un auteur majeur de la grande époque de l’humour fluidifié, dans cette adorable petite collection à emmener partout. Tiens, une vieille dame assise à côté de vous dans l’autobus s’indigne de voir une couille qui dépasse du slip de Clark Gaybeul !
One shot : Edika sous couvertures
Genre : Ouvrage d’étude
Scénario et dessins : Edika
Textes : Gérard Viry-Babel
Éditeur : Fluide glacial
Collection : Les Jolis p’tits Cultes
ISBN : 9791038208209
Nombre de pages : 64
Prix : 9,90 €
- Boulevard Tintin – Les amis de Hergé 78 – Automne 2024par Laurent Lafourcade
Une houpette en papier glacé
« -Haddock… Tintin… Tournesol… C’est bien. Attendez ici. Je vais voir si vous pouvez être reçus. »
Dans une ruelle de Kiltch, un petit village d’Ecosse, un petit chien blanc marche de dos devant son maître vêtu d’un kilt, d’un béret et de hautes chaussettes, un bâton à la main. Ce chien s’appelle Milou. Son maître, c’est Tintin. La scène est extraite de L’île noire, album mythique, encore plus que les autres puisqu’il a connu trois versions, signées Hergé. Cette illustration servit de couverture au Petit Vingtième, le supplément illustré hebdomadaire du Vingtième Siècle daté du jeudi 20 janvier 1938. Aujourd’hui, elle est la couverture du soixante-dix-huitième numéro de la somptueuse revue semestrielle des Amis de Hergé.
© Hergé/Tintinimaginatio 2024
© Les amis de Hergé a.s.b.l.Après le très émouvant éditorial de Philippe Goddin sur la conservation et la pérennité de ses archives, c’est parti pour un sommaire riche en découvertes et anecdotes. Pour trouver l’origine de l’expression « Tonnerre de Brest ! », il faudrait remonter en avril 1718 où la foudre s’est abattue sur vingt-quatre clochers du Finistère. Un long article de Jean Lecoq s’annonce comme le premier d’une série mettant en parallèle les carrières des deux géants qu’étaient et que sont encore Hergé et Franquin. (Tiens, il existe l’association des amis de Hergé et celle des amis de Jacobs et étonnamment pas celle des amis de Franquin ?!) On revient sur un débat de 2016 à Nivelles à propos de la nationalité de Tintin, avant de profiter d’un retour en photos sur la journée des Amis de Hergé de l’année dernière. Saviez-vous que Hergé faisait parfois des strips de sauvegarde à la table lumineuse ? Cela a été le cas pour L’étoile mystérieuse. Mais pourquoi donc ? Vous le saurez en lisant la chronique de Marcel Wilmet. Il sera ensuite question de peloton d’exécution avant de partir à Cervens avec Haddock et Tintin dans L’affaire Tournesol.
© Hergé/Tintinimaginatio 2024
© Les amis de Hergé a.s.b.l.En flamand, saviez-vous qu’Au pays de l’or noir a eu le même titre qu’un roman de Jules Verne ? Les pélicans noirs, association bordelaise, se penche sur les relations entre Messieurs Dupond et Dupont. Signé Pierre Fresnault-Deruelle, le dossier central revient sur la séquence de rêve du Temple du Soleil. Philippe Goddin remet ensuite les pendules à l’heure dans un article démontrant qu’un ouvrage sur Tintin et le Thermozéro serait le bienvenu. Dans les autres articles, il va être question entre autres d’os de dinosaures, de soleils rouges, de dessin pour le journal Tintin, de rhum, de matériel lunaire et de crayons de couleurs. Les rubriques habituelles comme C’est une bonne question, La dépêche et les scoops de Walter Rizotto sont également au rendez-vous.
© Hergé/Tintinimaginatio 2024
© Les amis de Hergé a.s.b.l.Pour adhérer aux Amis de Hergé, il suffit de se rendre sur le site lesamisdeherge.com : https://lesamisdeherge.com/lassociation/inscription/ La revue de l’association le prouve depuis déjà 78 numéros : Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : Les amis de Hergé
Tome : 78 – Automne 2024
Genre : Revue d’étude
Rédacteur en chef : Philippe Goddin
Éditeur : Les amis de Hergé a.s.b.l.
Nombre de pages : 60
Prix : 25 €
ISSN : 0773-6703
- 100 bucket list of the dead 15par Laurent Lafourcade
Dauphins de la mort
« -Regardez, làààà !! Des dauphins !! C’est bien de dauphins, hein ?!
-C’est la première fois que j’en croise dans la nature !
-Le détroit de Hayasaki abrite une population d’environ 200 grands dauphins. Ils sont sédentaires et restent donc dans le détroit toute l’année. Au Japon, c’est une caractéristique assez rare chez les dauphins. »
On dit que les dauphins sont les créatures les plus intelligentes après l’homme. Ils sont très curieux et s’attachent facilement aux gens. Ça serait super de nager avec eux. C’est d’ailleurs le quarante-cinquième vœu dans la liste de ce qu’Akira rêve de faire avant d’être transformé en zombie. Pour ceux qui ne sauraient pas, le monde en général et le Japon en particulier subit une apocalypse zombie. La pandémie gagne du terrain et seuls quelques rescapés survivent, dont Akira et ses amis. Victime de burn out, ça tombait très bien pour cet employé de bureau qui rêvait de ne plus retourner travailler dans son entreprise.
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2024La petite troupe est à bord d’un bateau, en vue de Guankajima, dite l’île cuirassé, dont le véritable patronyme est Hashima. Appartenant à la préfecture de Nagasaki, elle abritait autrefois une mine de charbon sous-marine. Aujourd’hui, on peut en visiter les ruines. Hormis cette histoire de dauphins, un autre item qui est barré interpelle Shizuka, le 33, « Rencontrer l’âme sœur ». Ce n’est pas normal qu’il soit déclaré comme accompli. A qui ça fait référence ? Akira a des sentiments pour elle et a rayé la ligne quand il a cru l’avoir perdue. Il essaye de noyer le poisson et de changer de discussion…grâce aux dauphins. Sur l’île, infestée de zombies, quelqu’un va tournebouler le cœur de Shizuka. C’est Jôichirô Sakaki, un médecin qui fait le tour du Japon pour soigner ceux qui en ont besoin.
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2024Dans ce quinzième épisode, Haro Aso et Kotaro Takata rebattent les cartes des sentiments. A quoi bon attendre pour déclarer sa flamme ? Il vaut mieux avoir des remords que des regrets, comme le chantent Big Flo et Oli. Le couple pas encore couple Akira-Shizuka est mis à rude épreuve, pas celle des zombies, mais celle de l’élément perturbateur. Il va falloir pour l’un et pour l’autre prendre des décisions et faire des choix. Qui aurait cru que 100 bucket list of the dead c’est aussi une belle histoire d’amour ?
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2024Trois conséquents bonus complètent l’aventure. Le premier envoie Kencho et Akira in Borderland dont le scénariste est Haro Aso, le même que Bucket list. Les deux autres sont des mises en abime des personnages réjouis de la sortie des versions anime et live de la série pour Netflix. Très malin et très drôle.
L’apocalypse zombie est le remède au burn out. Après quinze tomes, on ne peut plus en douter. 100 bucket list of the dead est une série majeure pour explorer la psychologie humaine.
Série : 100 bucket list of the dead
Tome : 15
Genre : Zombies
Scénario : Haro Aso
Dessins : Kotaro Takata
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505125136
Nombre de pages : 160
Prix : 7,90 €
- Le Père-Lachaisepar Laurent Lafourcade
Légendes, célébrités et sépultures insolites
« -Je peux savoir ce que tu fais ?
-Bah, comme toi je pose des questions dont j’ai la réponse avec un air mystérieux.
-Toi, un air mystérieux, vraiment ?
-Il n’y a pas que des chats au Père-Lachaise… Sauf que nous, on sait se faire discrets, on ne sort que quand il n’y a plus personne… »
Les allées du Père-Lachaise, le plus célèbre cimetière de France, sont peuplées d’animaux. Parmi eux, un chat noir nous offre une visite guidée. Suivons-le dans les divisions de la dernière demeure de tant d’hommes et de femmes illustres. Pourtant, celui qui a donné son nom au lieu n’y est même pas enterré. François Chaix de La Chaize, prêtre jésuite décédé en 1709, est inhumé à l’église Saint-Paul Saint-Louis. Confesseur de Louis XIV, le Roi lui octroie un domaine qui sera racheté par la ville de Paris. Le Cimetière des Innocents étant saturé, le lieu deviendra un cimetière qui peinera à convaincre jusqu’à ce que les corps de Molière et Jean de la Fontaine y soient transférés en 1817. Aujourd’hui, le plus grand cimetière de Paris compte 70 000 tombes sur 44 hectares.
© François, Floc’h – Delcourt Scénarisé par Sébastien Floc’h, l’album collectif raconte la vie de quinze pensionnaires du cimetière du Père-Lachaise avant que, pour chacun d’entre eux, un chat noir ne nous indique sa tombe en ajoutant des anecdotes. Il y a des amoureux célèbres, comme Héloïse et Abélard. On trouve celui qui a donné ses lettres de noblesses à la pomme de terre : Antoine Parmentier. La noblesse russe est présente avec Elisabeth Stroganoff dont une légende urbaine entoure sa tombe. Les artistes ne manquent pas à l’appel, qu’ils soient musiciens (Frédéric Chopin), peintre (Théodore Géricault), romanciers (Honoré de Balzac et Oscar Wilde), poète (Alfred de Musset), comédien (Sarah Bernhardt) ou musicien (Jim Morrison). D’autres célébrités complètent la liste.
© Mancini, Floc’h – Delcourt Au dessin, les artistes confirmés côtoient des auteurs ayant encore peu publié. On connaît bien Ricard Efa (dessinateur de biographies de Degas et de Monet au Lombard), Oriol (récemment lu avec le diptyque L’or du temps sur scénario de Rodolphe chez Daniel Maghen), Terkel Risbjerg (dessinateur de l’exceptionnel Copenhague chez Dargaud) et Sylvain Dorange (dont la biographie des époux Klarsfeld a été très remarquée à La boîte à bulles). Chaque dessinateur conserve le style qui lui est propre pour illustrer en cinq planches les vies illustres, plus deux planches des commentaires félins. Dans des tons de mi-saison, la splendide couverture d’Enrique Corominas est une chaleureuse invitation à fouler les pavés des allées du cimetière.
© Mancini, Floc’h – Delcourt Il y a tant de célébrités enterrées au Père-Lachaise qu’on voudrait que cet album soit le premier d’une série d’anthologie. Instructif et poétique, le livre montre quelques-unes des histoires et légendes qui entourent certaines sépultures. Passionnant.
One shot : Le Père-Lachaise
Genre : Biopics
Scénario : Sébastien Floc’h
Dessins & Couleurs : David François, Fabio Mancini, Gaël Henry, Nancy Peña, Teddy Kristiansen, Alexis Vitrebert, Ricard Efa, Oriol, Eliot Baum, Facundo Percio, Sagar, Terkel Risbjerg, Enrique Corominas, Grazia La Padula, Florent Desanthèmes, Sylvain Dorange
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413076827
Nombre de pages : 162
Prix : 23,50 €
- Robert Badinter Au nom de la justicepar Laurent Lafourcade
L’avocat qui a dit stop
« -Je sais bien qu’on vous encourage aujourd’hui à voter la mort. L’opinion, les médias, la foule amassée devant ce tribunal qui vocifère, vous encourage, mais vous savez bien qu’un jour la peine de mort sera abolie. (…) Alors le temps passera. C’en sera fini du tumulte, des encouragements, et vous demeurerez seuls avec votre jugement. Vous resterez seuls avec votre jugement. Et vos enfants, vos petits-enfants sauront un jour que vous avez décidé la mort d’un homme… » (Robert Badinter)
Robert Badinter est né à Paris le 30 mars 1928. Ses parents ont immigré de Bessarabie (aujourd’hui la Moldavie). Ils ont fui la discrimination juive et sont à présent naturalisés français. La France est le premier pays à avoir reconnu aux juifs le statut de citoyens en 1791. Pour Simon, le père de Robert, la France, c’est la République et l’égalité. Il n’imagine pas les années sombres qui allaient suivre. La famille fait fortune dans le commerce de la fourrure et emménage dans un chic appartement parisien. L’antisémitisme monte en France et la guerre est déclarée. Les juifs sont mis au pilori. Simon Badinter est arrêté. Robert, son frère et sa mère fuient en zone libre. Après la guerre, c’est le retour à Paris où il faudra tout reconstruire. Simon, lui, ne reviendra jamais de déportation.
© Le Naour, Marko – Dunod Graphic Robert est orphelin. Il est humilié. Il est le fils de l’homme traqué, dépossédé de ses droits, persécuté, assassiné et dont il gardera à jamais le souvenir. C’est là qu’il faut trouver les raisons de son engagement pour la justice et pour le droit. Il voulait devenir professeur de droit. Devant attendre l’âge de 25 ans avant de passer l’agrégation, pour patienter, il passe, sans conviction, un certificat d’aptitude au métier d’avocat. Après s’être fait la main sur des procès de divorces, il entre dans l’équipe d’Henry Torrès, un ténor du barreau, ancien résistant. Il devient l’avocat du show-biz. En 1956, il rencontre l’actrice Anne Vernon qui deviendra sa première épouse. Ils se quitteront en 1964. Deux ans plus tard, Robert fait la connaissance d’Elizabeth avec qui ils auront trois enfants.
© Le Naour, Marko – Dunod Graphic Entretemps, l’engagement en politique de Robert Badinter a pris de l’ampleur, tout d’abord aux côtés de Pierre Mendès France. Alors qu’il mène une vie bourgeoise, Badinter a choisi de s’engager à gauche parce qu’il défend la justice, garantie par l’égalité devant la loi et parce que la justice est totale, indivisible, qu’elle est aussi sociale et fiscale. Il est un social-démocrate, partisan de la redistribution mais pas de la confiscation. En 1971, l’affaire Buffet-Bontems relance le débat sur la peine de mort. Ces deux détenus sont à l’origine d’une prise d’otage qui tourne mal. L’un d’eux a tué, l’autre non. Malgré la plaidoirie de Badinter, les deux sont condamnés à la peine capitale. Le combat de l’avocat pour l’abolition de la peine de mort ne cessera jamais. Ça sera sa raison de vivre. En 1981, il devient Garde des Sceaux du gouvernement de Pierre Mauroy sous la présidence de François Mitterrand. La suite appartient à l’Histoire.
© Le Naour, Marko – Dunod Graphic Après Gisèle Halimi l’insoumise, Jean-Yves Le Naour et Marko racontent la vie et la carrière d’une autre personne de loi qui a contribué à faire de la France un pays civilisé : Robert Badinter. Le scénario, le découpage et la mise en couleur si particulière en deux tons sont d’une efficacité redoutable, autant que les plaidoiries de l’avocat. A ranger à côté de L’abolition, album signé Malo Kerfriden et Marie Bardiaux-Vaïente paru chez Glénat, Robert Badinter Au nom de la justice est un récit mémoire indispensable.
One shot : Robert Badinter Au nom de la justice
Genre : Biopic
Scénario : Jean-Yves Le Naour
Dessins & Couleurs : Marko
Éditeur : Dunod Graphic
ISBN : 9782100875030
Nombre de pages : 96
Prix : 19,90 €
- Somnapar Laurent Lafourcade
Les cornes ne font pas le démon
« -J’ai menti à Roland. J’ai dit que je me sentais mal, mais la vérité, c’est que je ne supporte pas les bûchers. Toute cette fumée…
-Je ne voulais pas non plus que Niklas voit ça. Il fait toujours des cauchemars depuis qu’il a vu Harald dépecer un cochon.
-Dis… Tu la connaissais ?
-Pas vraiment. Je crois qu’elle et son mari étaient arrivés il y a deux étés. Elle était jeune, jolie. Elle s’appelait Greta, je crois. »
Qu’est-ce qu’un rêve ? La frontière est parfois si tenue entre le rêve et la réalité que l’on peut hésiter à savoir dans quel monde on est. Dans un village anglais du XVIIème siècle, les nuits d’Ingrid sont envahies de plaisirs coupables avec un démon. Epouse de Roland, le bailli, chef des inquisiteurs, c’est comme si elle comblait les nuits avec son bien-aimé par des relations charnelles avec un fantôme. Ces songes doivent rester secrets car au village il ne ferait pas bon d’être soupçonné de sorcellerie. D’ailleurs, le bûcher est allumé. Greta, la femme du charpentier, est en train de brûler, accusée d’avoir ensorcelé le meunier. Quand le matin se lève, les rêves d’Ingrid s’estompent, mais la sensation persiste.
© Cloonan, Lotay – Delcourt Ingrid a une grande amie en la personne de Maja. C’est la femme d’Harald, le boucher. Maja n’a d’yeux que pour Sigurd, l’époux de Greta, qui vient d’être brûlée vive. Une nuit, poussée par son amant démon, Ingrid va surprendre Maja et Sigurd dans la chaumière du vieux chasseur. Pour son amie, elle saura garder le secret. Le Père Gudman fait du combat contre la sorcellerie son cheval de bataille. Dieu ne fait pas bon ménage avec le Diable. Entre ses nuits érotiques avec le démon et ses jours à affronter la perfidie des hommes, Ingrid réussira-t-elle à préserver son intégrité autant physique que morale ?
© Cloonan, Lotay – Delcourt Une petite histoire avant de s’endormir ? Ainsi est sous-titré Somna, ce Comics lauréat du prix Award Will Eisner au Comiccon international. Les autrices Becky Cloonan et Tula Lotay ont écrit ce scénario à quatre mains et se sont partagées les dessins des planches. A Becky Cloonan, les scènes réelles dans un style réaliste. A Tula Lotay, les scènes sataniques des rêves érotiques dans un hyper-réalisme. Si le mélange des styles peut être déroutant, il est parfaitement justifié par le propos et les différences d’ambiances. Bien que le livre soit destiné à un public averti, les scènes de sexe restent softs. Somna est un drame amoureux, une histoire tragique comme il y a dû en avoir à la grande époque des procès en sorcellerie car, au fond, tout reste réaliste si l’on considère que les rêves sont des allégories de l’esprit. A ranger à côté d’Un sombre manteau, signé Jaime Martin, paru il n’y a pas longtemps chez Dupuis dans la collection Aire Libre.
© Cloonan, Lotay – Delcourt Le Comics, ce n’est pas que des histoires de super-héros, c’est aussi des petites pépites de folk horror comme Somna qui, plus qu’une histoire fantastique, est un témoignage historique sur un temps nauséabond de chasses aux sorcières, époque que l’on espère politiquement ne plus jamais vivre. Rien n’est moins sûr.
One shot : Somna
Genre : Historico-fantastique
Scénario & Dessins : Becky Cloonan & Tula Lotay
Couleurs : Lee Loughridge, Dee Cunniffe & Tula Lotay
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
ISBN : 9782413084990
Nombre de pages : 180
Prix : 23,50 €
- Tokyo Cannabis 4par Laurent Lafourcade
Les revers de l’or vert
« -Calme-toi, Morio !!
-Allez, putain ! Ne crève pas !!
-On peut pas appeler d’ambulance ! Et encore moins les flics ! Réfléchis ! Si les ambulanciers voient la serre, on se fera embarquer tous les deux pour avoir fait pousser de l’herbe !! Même pire encore !! T’es un meurtrier, mec ! Ce sera la fin pour toi et toute ta famille !! »
Morio est dans une sacrée merde. Il vient de porter un coup fatal à Maruyama. Kagayama essaye en vain de le ranimer pendant qu’il demande à Morio de rentrer chez lui et de faire comme si de rien n’était avec sa famille. Sa femme et sa fille ne se doutent toujours pas qu’il est devenu l’un des pontes de la culture du cannabis. Ce qu’il est loin de se douter, c’est que Maruyama n’a pas expiré son dernier souffle. Il est dans le coma mais a bel et bien survécu.
© 2022 by Yuto Inai / Coamix
© Inai – Kana 2025De leur côté, Kanzaki et l’agent Izumi interrogent Fukamiya, la sale vermine de toxico qui leur sert d’indic. L’individu a trouvé les types derrière la Mick X, la nouvelle herbe extraordinaire : c’est l’organisation Kurobe, le groupe de malfrats à l’origine de plusieurs affaires de coups et blessures dont parlent les infos. Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces types refourguent de la Mick X. Le scoop, c’est que les Kurobe et le cultivateur sont liés. Mais ni les flics ni l’indic ne savent qui il est. Kanzaki met la pression sur Fukamiya pour qu’il en découvre un peu plus.
© 2022 by Yuto Inai / Coamix
© Inai – Kana 2025Actuellement, quatre grandes organisations sévissent dans Tokyo. Les Heaven Emperor règnent sur le quartier d’Ueno tandis que les Bad Dog sont les rois d’Ikebukuro. Les Omega dirigent Shibuya et les Kurobe Shinjuku. Ces derniers veulent juste se faire du fric alors que les autres organisations se livrent une guerre sans pitié avec violence. Pour autant, malheur à qui entraverait le business des Kurobe. Ils pourraient mordre. Morio et Kagayama le savent bien. Pour l’heure, il leur faut trouver un nouveau lieu pour cultiver leur herbe. Mais à force d’avoir l’œil sur les bandits et sur les forces de l’ordre, on oublie d’être vigilant sur sa famille. L’épouse de Morio vient de trouver sur une étagère une boîte pleine de yens.
© 2022 by Yuto Inai / Coamix
© Inai – Kana 2025Le manga de Yûto Inai est pire que le cannabis. Il rend addictif. Mais la différence est que l’addiction à cette lecture ne nuit pas à la santé et donne plutôt l’envie de ne pas toucher à cette merde.
Série : Tokyo Cannabis
Tome : 4
Genre : Seinen Thriller
Scénario & Dessins : Yûto Inai
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505130987
Nombre de pages : 160
Prix : 7,90 €
- Gunthrie 1 – Little Annypar Laurent Lafourcade
Un fusil bien convoité
« -Rien, Sam ! Hmmm… Et visiblement, on a bien regardé !
-Il a parlé ?
-Ouais, même si y’a un moment où j’ai cru qu’il était muet, le coyote ! Un frère et une sœur manquent au troupeau, Sam !
-Et ils ne sont pas ici ! Oui, forcément, ils ne sont pas ici !
-On n’a plus qu’à mettre la main sur celui des deux qui a le fusil !
-Et eux ?
-On respecte la tradition, c’est la mort qui fait son tri, Hox, pas nous ! »
Dans la quasi-indifférence de sa famille, sauf peut-être celle de sa sœur, Gunthrie vient de quitter sa ferme du Nevada pour répondre à l’appel du Wyoming. Son père, Theodore Oldhabit, est mort à Little Big Horn, comme un soldat, pas comme un héros. Gunthrie va porter dans sa tombe son fusil fétiche, dont la crosse est ornée d’une gravure de son portrait réalisée par Annie Oakley. A peine parti, un groupe de quatre hommes débarque à la ferme, massacrant sa mère et ses frères. Sa sœur n’était plus là. Ils recherchent le fusil. Poursuivi par les mercenaires, protégé par l’œil bienveillant de sa sœur, Gunthrie trouvera-t-il la sépulture de son père ? A moins qu’un coup de théâtre ne rebatte les cartes.
© Cazenove, Carrère, Maffre – Soleil Gunthrie est un héros très discret. La série aurait pu s’intituler ainsi si ce n’avait pas été déjà pris. Le personnage est très peu loquace. On peut dénombrer ses prises de parole. Derrière lui, c’est sa sœur cadette Joe qui supervise la situation. Les méchants ne sont pas des bandits d’opérette. On tue, on éventre, on plante, sans aucun état d’âme. Gunthrie reste lui-même très froid. On doit presque se forcer pour avoir de l’empathie pour lui. Comme Joe, on a envie d’apporter de l’humanité dans la vie désabusée de Gunthrie. L’aventure est aussi une histoire de famille, une famille déstructurée, qui aurait pu être modèle avant que le père ne parte au combat, événement qui a chamboulé les rapports entre les enfants entre eux et avec leur mère.
© Cazenove, Carrère, Maffre – Soleil Quand un dessinateur réaliste tous publics s’associe avec l’un des piliers de l’humour classique et l’un des spécialistes de l’ambiance de l’ouest américain, ça donne un album inattendu. Christophe Cazenove, scénariste des Sisters et des Petits mythos, change son fusil d’épaule. C’est le cas de le dire. Il écrit un western sombre. Une histoire de famille, d’escroquerie et de vengeance. Pour que la marche ne soit pas trop haute à gravir, c’est l’auteur de Léo Loden qui est au dessin. Dans son réalisme souple, le trait de Serge Carrère adoucit, si l’on peut adoucir cette histoire, la tournure violente de l’aventure. Et quoi de mieux que les couleurs de Jérôme Maffre, plus qu’habitué au western (et dans western, il y a Stern), pour empoussiérer le récit déjà obscurci par des ombres noires appuyant la dramatisation.
© Cazenove, Carrère, Maffre – Soleil C’est un sacré pari pour de tels auteurs que de se lancer dans ce type de récit. L’album est sorti il y a quelques mois déjà et est passé injustement inaperçu. Il aurait été judicieux de la part de l’éditeur de mieux mettre cette prise de risque en avant, car elle donne un western tragique et sans concession, impitoyable.
Série : Gunthrie
Tome : 1 – Little Anny
Genre : Western
Scénario : Christophe Cazenove
Dessins : Serge Carrère
Couleurs : Jérôme Maffre
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302094062
Nombre de pages : 48
Prix : 14,95 €
- L’âge bêtepar Laurent Lafourcade
Merveilleuse adolescence 90’s
« -Kes’ y a ?
-Hein ?
-Haaan, y t’a dit va niquer ta mère.
-Quoi ?
-Tu m’as dit va niquer ta mère ?!
-Non ! Non !
-Haaan, Kader ! Il a dit, ta mère c’était une pute !
-Ah ! Non non non !!!
-Je vais te niquer ta mère, fils de pute !
-Toi, t’es mort à la sortie. »
Bienvenue dans le monde merveilleux de l’adolescence. Après son enfance dans Petit journal d’un gros fragile, Jonathan Munoz nous invite dans son adolescence. Tout commence en 1996. Jonathan a douze ans et entre en 6ème. C’est l’époque du Roi Lion, de Toy Story, d’Independence Day, des Spice Girls et de Eels. L’innocence s’évade. La cruauté de la vraie vie s’invite, tout d’abord avec les gros durs et simples d’esprits du collège. Même les gens cools sont là pour se foutre de votre gueule. Quand on porte des vêtements de chez Tati, Carrefour ou Emmaüs, ça prête aux railleries. Pour autant, ce n’est pas parce qu’on va arriver un jour avec des Nike que ça va changer les choses.
© Munoz, Thibaut-Jouvray – Fluide glacial 1997, Jonathan oublie de composter son ticket dans le bus et vole à la « Fnic ». Hou Hou Hou ! Le délinquant ! 1998, Papa meurt parce qu’il a été irradié quand il travaillait à l’usine. Jusqu’à présent, Jonathan était dans un monde où la mort n’existait pas. Aujourd’hui, elle laisse un si grand vide… que Papa avait pris le temps de remplir avant de partir. 1999, c’est l’année de découverte de la branlette et du premier flirt. Jonathan passe de l’âge bête à l’âge bite. 2000, c’est le lycée, les gros seins de Laurie Molasti et le théâtre. Jonathan a les cheveux longs et explore de nouveaux territoires à conquérir. Au fil des années, Jonathan découvre la sexualité mais trouver le diplôme du bac, ça va être une autre paire de manches.
© Munoz, Thibaut-Jouvray – Fluide glacial Sous les couleurs d’Anne-Claire Thibaut-Jouvray, Jonathan Munoz signe une bande dessinée autobiographique dans laquelle de nombreux lecteurs se retrouveront, même s’ils n’ont pas forcément le même âge que lui. Au travers d’anecdotes tendres, drôles et émouvantes, Munoz ne cache rien de son adolescence, même les moments les plus intimes ou les plus gênants. Il réinvente le journal intime. Il en profite également pour rendre le plus bel hommage qu’un enfant peut rendre à son papa. Et alors qu’on pensait avoir tout lu, l’épilogue est un moment d’émotion inattendu, un tour de magie.
© Munoz, Thibaut-Jouvray – Fluide glacial Le chemin entre l’enfance et la vie d’adulte est un labyrinthe qui passe par l’adolescence. Les plus chanceux auront pu s’en évader pour ne jamais devenir adulte. C’est peut-être ça être auteur de bande dessinée d’humour, quand « l’âge bête » reste pour l’éternité.
One shot : L’âge bête
Genre : Humour émotion
Scénario & Dessins : Jonathan Munoz
Couleurs : Anne-Claire Thibaut-Jouvray
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207172
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
- Un putain de salopard 4 – Le rituelpar Laurent Lafourcade
Quête d’amour et de vérité
« -Mais ? Qu’est-ce que vous faites debout, Monsieur Hermann ?
-Je vais bien, je vais bien… Ne vous inquiétez pas…
-Je ne sais pas si c’est vraiment raisonnable de vous lever…
-On vient de m’annoncer la venue d’un invité un peu spécial, Christelle…
-Et ça ne peut pas attendre un petit peu ?
-On a retrouvé l’un des salopards qui avaient enlevé ma fille… On est en train de me le ramener ici…
-L’un des… ? Le père de Max ?
-Je ne sais pas, celui que l’on appelait Mermoz… Je n’imaginais pas un jour retrouver l’une de ces ordures vivantes… »
Dans un bidonville d’Amazonie, Max et Baïa tentent de fuir le Manchot qui est à leurs trousses. Dans ses ruelles étroites où une voiture a du mal à se faufiler, les fuyards parviennent à semer le tueur. Mais celui-ci est loin d’avoir dit son dernier mot. Max et Baïa sont recueillis par Régo, un vieux flic, bien décidé à arrêter O Maneta, le Manchot. Pendant ce temps, Herman, le patron du camp forestier, se remet. Il est bien décidé à mettre la main sur les salopards qui ont enlevé sa fille Isabel et volé un magot il y a sept ans, en 1965. L’un d’entre eux n’est autre que le fameux Manchot, qui est également le père de Max… et pas que. A son tour, il va l’enlever pour qu’il le mène en pleine jungle, sur les traces de ses méfaits. Tout ce petit monde va se retrouver dans une chasse impitoyable au milieu de l’enfer vert.
© Loisel, Pont, Lapierre – Rue de Sèvres Quatrième acte et épiloguepour un Putain de Salopard. Des ruelles crasseuses au milieu de cabanons brinquebalants jusqu’au jardin luxuriant, poumon de la planète, rien n’est épargné aux héros de la série. D’ailleurs, Max n’est pas un héros, c’est tout simplement un homme ordinaire, un homme ordinaire au destin hors du commun qui cherche à éclaircir son passé et à répondre aux questions sur ses origines. Il n’est pas au bout de ses surprises, ni lui, ni Baïa, avec qui l’histoire d’amour qu’il vit serait peut-être impossible. Il ne faut pas oublier que nous sommes en 1972, et que, pour eux, comme encore plus dans une autre optique pour Christelle et Charlotte, les esprits sont loin d’être ouverts.
© Loisel, Pont, Lapierre – Rue de Sèvres Sous les couleurs de François Lapierre, Olivier Pont ne se contente pas d’illustrer le scénario de Régis Loisel. Il l’adapte lui-même, avec la même exigence qui caractérise l’auteur de La quête de l’oiseau du temps. Dans des genres qui n’ont rien en commun, ces deux récits se rejoignent dans le sens où ce sont toutes deux des histoires de famille. Le lecteur qui a écrasé une larme au final de La quête se trouvera dans la même situation dans le final du Salopard. Dans la première comme dans la seconde, la paternité est l’âme de l’intrigue. Alors qu’Un putain de salopard semble mettre la focale sur Max et Le Manchot, la plus belle histoire d’amour entre un papa et son enfant est celle d’Herman et Isabel, que les auteurs ont su retranscrire avec une force incommensurable.
© Loisel, Pont, Lapierre – Rue de Sèvres Un putain de salopard se clôt avec puissance et émotion. A (re)lire d’une traite, la quadrilogie est vraiment une putain de bonne série.
Série : Un putain de salopard
Tome : 4 – Le rituel
Genre : Aventure
Scénario : Régis Loisel
Adaptation & Dessins : Olivier Pont
Couleurs : François Lapierre
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810206155
Nombre de pages : 96
Prix : 18 €
- Lina et le secret de la passerellepar Laurent Lafourcade
100 ans entre papa et maman
« -Je t’accompagne ? Tu veux me présenter à tes parents ?
-Hein ? Mais non.
-On va devenir copains tous les deux, autant que tu me présentes à tes parents…
-Mes parents sont séparés, je vais chez mon père.
-C’est dur, hein ? Tu vois toujours ta mère ?
-Mais oui, tout va très bien. »
Lina est une collégienne parisienne comme les autres. Comme les autres ? Pas tout à fait. Sa mère vit dans la capitale de nos jours. Son père aussi… mais en 1910. Régulièrement, elle emprunte un passage secret dans lequel elle se change pour passer d’un monde à l’autre. C’est secret ! Sauf que… Sauf que… D’un côté comme de l’autre, il y en a qui se posent des questions. Début XXème, ce sont deux malfrats qui ont surpris une conversation de Lina avec sa grand-mère à propos de « petites boules rouges du futur ». Début XXIème, c’est Gus, le petit nouveau collégien, que Lina toise un peu. Ben, fallait pas qu’elle oublie sur le banc de l’abri-bus le livre La grande crue de Paris, avec à l’intérieur une photo d’elle datée de 1908.
© Frey, Domecq, Dawid – La Gouttière Règle 1 : On protège le secret. Règle 2 : On ne s’occupe pas de l’époque de l’autre. Règle 3 : On respecte le planning. Si des gens découvrent la passerelle entre les deux époques, ils voudront l’utiliser, et peut-être même s’en emparer. Lina doit donc être très prudente dans ses passages. Si papa ne veut rien savoir du futur, Lina sait qu’une grande crue va envahir Paris. Avec Moma, sa grand-mère, elle va devoir prendre le taureau par les cornes, ou plutôt le cheval par la bride pour sauver les livres de la librairie que son père vient d’ouvrir. Mais attention au Gang des pivoines qui a un plan machiavélique. Résistera-t-il au passage du temps ?
© Frey, Domecq, Dawid – La Gouttière Julien Frey et Mathilde Domecq créent une héroïne hors du temps. Loin des histoires classiques d’enfant entre deux parents séparés, ce n’est pas ici une rue ou une ville qui amène de l’un à l’autre, mais un couloir du temps. Frey repousse les limites du possible en posant cette contrainte et l’utilise intelligemment tout au long du scénario. Ce n’est pas simplement un concept, c’est un levier de l’intrigue. Très malin. Avec son graphisme rond et dynamique, Mathilde Domecq assure le dessin, accompagné des couleurs de Dawid qui fait le pont entre les époques sans trancher brutalement. Redoutablement efficace.
© Frey, Domecq, Dawid – La Gouttière Présenté comme un one shot, Lina et le secret de la passerelle a tout le potentiel pour être le premier tome d’une série. L’histoire se suffit en soi mais l’évolution des personnages et le principe du récit donnent l’envie de suivre Lina et sa famille dans d’autres aventures inter-siècles.
One shot : Lina et le secret de la passerelle
Genre : Enquête
Scénario : Julien Frey
Dessins : Mathilde Domecq
Couleurs : Dawid
Éditeur : La Gouttière
ISBN : 9782357960602
Nombre de pages : 80
Prix : 14,70 €
- Sœur Calvairepar Laurent Lafourcade
La nonne exorciste
« -Voilà, voilà !
-Vous êtes pleine de grâce, Sœur Calvaire 24.
-Le Seigneur soit avec vous. De quoi s’agit-il ?
-Une affaire de niveau 3.
-Y a longtemps qu’on n’avait pas eu de niveau 3 !
-Foncez au cimetière de Niembro. Vous en avez pour une heure en voiture.
-En route, Natas. On a du boulot. »
Au monastère de l’Immaculée Conception de Villaviciosa dans les Asturies, les journées se suivent et se ressemblent pour les sœurs de la congrégation. Du lever à 6h30 au coucher à 22h45, prières, activités et détente alternent à un rythme millimétré d’horloger. Ça, c’est pour la majorité de ces dames, car pour l’une d’entre elles, ça ne se passe pas toujours comme cela. Telle Bruce Wayne en Batman ou Peter Parker en SpiderMan, Sœur Justine a une double vie. Elle n’est pas une super-héroïne, elle est exorciste. Nom de code : Sœur Calvaire. Natas, son Bull Terrier blanc l’accompagne dans ses missions. Aujourd’hui, elle est appelée dans un cimetière du nord de l’Espagne car un démon niche au sous-sol d’un mausolée.
© Carmona, Raule, Sanchez – Bamboo Sur place, elle fait la connaissance de Souleymane Saba, exorciste également, mais musulman. La catholique apprend que leurs religions ont plus de choses en commun qu’elle ne le pense. Pas de temps à perdre, les deux chasseurs de monstres doivent se mettre au travail. Le pouvoir de téléportation de Souleymane va permettre de ne pas faire de grabuge au cimetière. Ils ne seront pas trop de deux, deux et demi avec Natas, pour venir à bout du démon. C’est épuisant. De retour dans sa cellule, la nonne s’interroge sur l’origine de son pouvoir, dans sa foi et sa piété. Il serait temps d’éclaircir tout ça avec le Saint-Siège. Ça tombe bien, son mentor, celui qui l’envoie en mission, va bientôt débarquer au monastère pour s’entretenir avec elle.
© Carmona, Raule, Sanchez – Bamboo Sœur Calvaire est signée par deux auteurs espagnols. Au scénario, on retrouve Raule, bien connu en France pour des séries comme Isabellae, Arthus Trivium ou son one shot avec Berthet et David : L’art de mourir. Il signe ici une comédie dramatique nourrie aux comics américains. Ça défouraille du démon. Un brin d’humour dans les dialogues dédramatise les situations tragiques. Bonus, le scénariste rassemble les religions dans un œcuménisme élargi prouvant que l’union fait la force. Fran Carmona franchit pour la première fois la frontière. Le dessinateur a choisi un format de planche plus allongé que le traditionnel album franco-belge, se rapprochant ainsi du comics. C’est dommage qu’il n’en adopte pas plus le découpage, notamment dans les scènes de combat. Ça aurait été une cohérence mais qui dans tous les cas n’entache pas l’efficacité de son dessin, avec une mise en couleurs de Werner Sanchez.
© Carmona, Raule, Sanchez – Bamboo Sœur Calvaire réunit tous les ingrédients pour devenir une série au long cours. Cet épisode qui se suffit en soi a le goût et la couleur d’un pilote mettant en place un univers et des personnages. Espérons que le succès soit au rendez-vous pour que ça le devienne.
One shot : Sœur Calvaire
Genre : Fantastique
Scénario : Raule
Dessins : Fran Carmona
Couleurs : Werner Sanchez
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
ISBN : 9782382331804
Nombre de pages : 64
Prix : 15,90 €
- Red Flower 2 – Le lion trop fier de sa crinière par Laurent Lafourcade
Peuple recherche asile
« -Anansi ?! Qu’y a-t-il ?!
-M… M… Malédiction !! Le démon pâle de mes visions !! Petit, tu veux notre mort à tous ? Qu’est-ce qui t’a pris d’invoquer ce démon ?
-M… Mais non ! Je l’ai trouvée échouée sur la plage !
-Et tu l’as ramenée ici ?! C’est une catastrophe, Monseigneur ! Le mal a déjà pénétré au sein de notre village !! Et par la main de votre propre fils ! Quelle tragédie !! »
Kéli rentre au village avec une jeune femme inanimée dont un membre n’est pas de chair mais de terre froide. Elle porte une prothèse mécanique en guise de bras droit. Le peuple de Bao’ré ne connaît pas ce type de technologie. Afin d’éviter la colère du grand Ilgwé, le sorcier Anansi suggère de se débarrasser le plus rapidement possible de ce démon. La miraculée ne verra son salut qu’en l’intervention de la grand-mère de Kéli qui, en sa position de vieille sage, ordonne que l’on soigne l’humaine, car elle est bien humaine. Quelques jours plus tard, l’étrangère à la peau blanche se réveille. Si Kéli a du mal à la comprendre, ne parlant pas le même langage, Padiki arrive, elle, à entrer en communication. Elle s’appelle Heidi Hartmann. Que lui est-il arrivé ? Comment a-t-elle échoué sur la plage ?
© Loui – Glénat En initiant Heidi au Katafali, guide de vie amenant à l’harmonie, Kéli va percevoir ses émotions comme si c’était les siennes. Leurs esprits vont être reliés. Heidi est issue du peuple Eisenvolk. Elle vient d’un pays lointain caché dans les montagnes, une terre glacée sans lumière et sans vie où les siens ont été exilés. Leur technologie leur a permis de survivre dans ce milieu hostile où ils ont fondé des familles, jusqu’au jour où, sur le point de découvrir une source d’énergie illimitée, ils ont été attaqués et ont dû s’exiler. Ils ont organisé plusieurs expéditions pour trouver une nouvelle terre d’accueil. Méfiant quant à ses intentions, instrumentalisant Yao, frère de Kéli et lion trop fier de sa crinière, Anansi se positionne en rempart contre ces envahisseurs qui pourraient s’emparer de l’île.
© Loui – Glénat En deux volumes seulement, si l’on excepte sa vie précédente en auto-édition, Red Flower s’est installé comme une série exotique surprenante, prenant le lecteur à contre-pied en l’amenant sur des chemins qu’il ne soupçonne pas. Une île au milieu de l’océan. Une tribu locale et ses coutumes. Les animaux, la nature, les traditions, tout cela aurait pu rester bucolique et planplan. Pas du tout. Loui a su rapidement apporter à son récit l’élément perturbateur qui a fait voler en éclat ce havre de paix. Le fantastique reste spirituel et cohérent. C’est la technologie qui va chambouler ce petit monde. Le mangaka fait se rencontrer deux univers qui n’avaient rien pour se croiser. Tout cela l’amène à traiter d’un phénomène de société bien actuel : celui des migrants, invitant les lecteurs à se poser la question : Et nous que ferions-nous ? Serions-nous des Yao ? des Anansi ? des Kéli ? Protéger ou se protéger ? Qu’est-ce qu’une menace ? Et d’abord, en est-ce une ?
© Loui – Glénat La fleur rouge de Red Flower saigne d’avoir un choix à faire. Dans un graphisme digne des meilleurs mangakas, Loui signe une série dépaysante et intelligente. A suivre de très près.
Série : Red Flower
Tome : 2 – Le lion trop fier de sa crinière
Genre : Initiation tribale
Scénario & Dessins : Loui
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344053492
Nombre de pages : 240
Prix : 7,90 €
- Complots à Versailles 10 – La demoiselle aux cartespar Laurent Lafourcade
La bonne aventure
« -Laissez-moi voir ! Je sens que vous êtes grande voyageuse… Mais le voyage n’est pas fini. Il y aura des tempêtes avant que votre bateau n’arrive au port ! Faites attention aux pirates, madame !
-Cécile, tout va bien ?
-Le quartier n’est pas des plus sûrs. Rentrons ! Au domaine, cocher !
-Tu as vu cette fille ? Elle était tellement… spéciale ! »
Hiver 1692. Cécile de Saint-Béryl est accostée par une diseuse de bonne aventure dans la rue. Celle-ci lui prédit un voyage plein de tempêtes et la met en garde contre d’éventuels pirates. La bohémienne s’esquive aussitôt. Cécile réalise que sa bourse a disparu et part illico à ses trousses. Peine perdue, ce n’est pas elle qui l’a subtilisée. La gitane en profite pour compléter sa prédiction en ouvrant la main de Cécile. « Derrière les masques, se cachent des complots. » La voyante s’appelle Céleste. Elle sait que Cécile aide les pauvres gens depuis le début de l’hiver. Elle sait aussi qui a volé la bourse et négocie avec le chapardeur pour la rendre à sa propriétaire. Les deux femmes se lient d’amitié et Cécile propose à Céleste de l’héberger. Mais quelqu’un qui prédit l’avenir et tire les cartes, ça pourrait en déranger certains à la cour.
© Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli – Jungle Georges de La Tour en a fait une huile sur toile vers 1635. Les diseuses de bonne aventure ont commencé à proliférer dès la fin de l’Antiquité, même si leur origine se situe concrètement au sixième siècle, en Thrace, au Sud de l’actuelle Bulgarie. Elles sont issues des peuples Roms et Tziganes. Elles prédisaient l’avenir de façon plutôt énigmatique à des non-gitans par la chiromancie (les lignes de la main), la thédomancie (les feuilles de thé), la cartomancie et la cristallomancie (la boule de cristal). Sous le prétexte à gruger et délester le naïf, elles exerçaient leur art, se forgeant ainsi des réputations de voleuses.
© Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli – Jungle Carbone et Cee Cee Mia forgent leur nouveau complot autour de cette « profession » à part. Céleste est une diseuse de bonne aventure, mais n’est pas une voleuse, tout du moins pas avec Cécile qu’elle estime et respecte pour ses aides aux nécessiteux. Titre de la série oblige, la cartomancienne va mettre à jour un nouveau complot à Versailles. Les scénaristes respectent le pitch originel tout en trouvant encore une fois un nouvel angle historique d’approche, agrémentant l’univers de nouveaux personnages de fiction tout à fait plausibles.La dessinatrice Mara Angelilli prend de l’assurance et commence à sortir des stéréotypes pour assurer un jeu théâtral qui lui est propre.
© Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli – Jungle Complots à Versailles est une série à intrigues permettant d’aborder l’Histoire par un angle tout aussi instructif que ludique et divertissant, essentiellement grâce à ses scénaristes qui ont su transposer puis s’affranchir de l’univers précis de la romancière Annie Jay.
Série : Complots à Versailles
Tome : 10 – La demoiselle aux cartes
Genre : Aventure historique
Dessins & Couleurs : Mara Angelilli
Scénario : Carbone & Cee Cee Mia
D’après : Annie Jay
Éditeur : Jungle
Collection : Miss Jungle
ISBN : 9782822242042
Nombre de pages : 56
Prix : 13,50 €
- Strom 3 – Double disparitionpar Laurent Lafourcade
Le passage du temps
« -Voilà, Alex. Ton argent est là, juste après ce passage. Te voilà riche, mon vieux !
-Si c’est un sale tour… je te descends, Ange.
-Tu l’as bien vu, Alex, je suis déjà plein aux as ! Je n’ai pas attendu toutes ces années pour te trahir. L’argent qui es là-dedans est à toi.
-A moi la belle vie, alors ! »
Dans un vieux château de la campagne de banlieue parisienne, le propriétaire des lieux reçoit la visite d’un vieil ami, sortant tout juste de vingt ans derrière les barreaux. Le repris de justice vient se venger de son ancien acolyte qui les aurait laissés tomber, lui et son complice, pendant qu’il profitait des richesses du butin. Aujourd’hui, Alex veut récupérer sa part. Cela ne pose aucun problème au déjà richissime Ange, alias Aristide Fandor, qui l’invite à le suivre dans les sous-sols. Quand il a acheté le château d’Aurus, il y a quinze ans, il était en ruine. Empreint de nombreuses légendes, il n’avait quasiment jamais été habité depuis sa construction au XIIIème siècle. La plus étrange raconte que le fauconnier du roi, un chevalier, aurait disparu peu après le décès de sa femme. Son corps n’a jamais été trouvé, comme s’il n’était jamais mort. Seul un gisant symbolise son souvenir. En étudiant une gravure de faucon, Fandor a découvert un passage secret. Il propose à son invité forcé de l’emprunter pour y récupérer son argent. Comme bien d’autres avant lui, Alex ne reviendra jamais. Aristide Fandor choisira de se volatiliser de la même façon quelques temps plus tard.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan Dix ans après, le château de nouveau à l’abandon, est racheté par un riche couple de parisiens, Monsieur et Madame Favre, dont la fille Suzanne est la meilleure amie de Raphaëlle, celle qui vient d’être promue avec son frère Raphaël en tant que page dans la très secrète confrérie des chevaliers de l’insolite. Avec leur parrain Tristan, ils démêlent des intrigues mystérieuses aux frontières du fantastique. Le jour où Suzanne et Raphaëlle vont disparaître, Tristan et Raphaël, accompagnés par l’étrange bestiole Sparadrap, vont se charger de l’enquête qui va les amener bien plus loin que les sous-sols du château, que ce soit dans l’espace… ou dans le temps.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan Après l’affaire du collectionneur, Lylian et James Christ poursuivent l’adaptation des romans d’Emmanuelle et Benoît de Saint-Chamas. Ce troisième épisode inaugure le deuxième cycle qui correspond au deuxième roman de la série de littérature jeunesse. L’initiation dans la confrérie alterne avec la résolution de l’énigme. Lylian a trouvé le moyen de garder un rythme dynamique pour happer le lecteur. Il faut dire que la scène d’introduction est de ces moments type pré-générique qui plonge dans la problématique qu’on a furieusement envie de résoudre. Les couleurs chaudes de Cyril Vincent enveloppent le graphisme dynamique de James Christ dans une ambiance énigmatique accrocheuse.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan Les portails d’Outre-temps ont ouvert leurs portes vers une autre dimension. Raphaël et Raphaëlle vous invitent à les traverser. Etes-vous prêts à les suivre au risque de ne pas revenir ?
Série : Strom
Tome : 3 – Double disparition
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Lylian
Dessins : James Christ
Couleurs : Cyril Vincent
D’après : Emmanuelle & Benoît de Saint-Chamas
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782095030124
Nombre de pages : 64
Prix : 13,95 €
- Hild Les femmes des Nibelungenpar Laurent Lafourcade
La femme du Seigneur de l’Anneau
« -Voici le testament de Dankwart, roi de Burgondie : Ma fidèle épouse Ute pourra rester à Weltz jusqu’à la fin de ses jours et sera prise en charge par nos fils…
-Comme cet homme était bon !
-…Ceux-ci recevront chacun leur part d’héritage. Ma fille Kriemhild restera sous leur tutelle et recevra sa part d’héritage dès qu’elle sera mariée à un homme de son rang.
-Pourquoi dois-je attendre jusque-là ? Je veux mon héritage maintenant ! Je veux voyager et…
-Tu dois te marier pour l’avenir de la Burgondie !
-Tu réclameras l’argent à ton mari après ! »
Burg Weltz est en deuil. Dankwart, roi de Burgondie, est mort. Il avait quatre enfants. Gunther, l’aîné, hérite de la couronne. Chacun de ses deux frères Gernaud et Giselher, va recevoir sa part d’héritage. Quant à leur sœur, Kriemhild, elle reste sous leur tutelle et percevra sa part à son mariage. Elle n’en a pas l’intention. Sa mère et ses frères trouvent son comportement bien présomptueux. Hagen, l’éminence grise, est formel. L’argent est une affaire d’hommes. Il n’a pas à être donné à une princesse célibataire qui pourrait en faire ce qu’elle veut. En attendant qu’elle soit mariée, il servira à la défense du pays. Quelques mois plus tard, le prince Siegfried de Santen, héritier d’un petit royaume dans les basses terres arrive à Burg Weltz. Il est également roi des Nibelungen et de sa puissante armée. Il est connu pour être un pourfendeur de dragons. Kriemhild n’a de toute façon pas le choix. Elle va devoir faire contre mauvaise fortune bon cœur et épouser le visiteur. Pas question pour elle pour autant de devenir une reine potiche.
© Hildebrandt – Anspach Si cette union va être un moyen de renforcer les royaumes des deux partis, un autre mariage est en vue : celui du roi Gunther, qui a semble-t-il trouvé chaussure à son pied en la personne de Brunhilde d’Yslande, une dame puissante et noble. Cela n’est pas du tout du goût de Hagen qui a bien l’intention de garder le contrôle de la situation. Quelques semaines plus tard, alors que l’élue débarque au Royaume, elle est accueillie chaleureusement par Kriemhild, voyant en elle comme une sœur dans une situation similaire à la sienne. Cette dernière lui apporte en retour une réponse cinglante. Elle ne se sentira jamais chez elle ici. Bref, les deux unions seront célébrées le même jour. Le peuple est en liesse pendant que les cœurs des princesses sont emplis d’aigreur.
© Hildebrandt – Anspach La chanson des Nibelungen est une épopée médiévale allemande du XIIIème siècle. Elle narre la vie de Siegfried et de son trésor, celui des Nibelungen, dont l’anneau qu’il porte prouve qu’il en est le propriétaire. Le compositeur Richard Wagner s’en est emparé, tout comme Tolkien s’en est inspiré pour Le Seigneur des anneaux. L’autrice néerlandaise Veerle Hildebrandt aborde l’aventure par l’angle féminin en faisant de Kriemhild et Brunehilde les pivots de l’épopée. Dans un univers phallocrate, ces féministes avant l’heure sont bien décidées à peser de tout leur poids, politique, familial et humain. Le scénario happe le lecteur de façon à ce qu’il soit impossible de fermer l’album. Le graphisme crayonné donne une autre dimension à la violence des hommes. Hildebrandt démontre qu’on peut revisiter une histoire battue et rebattue pour mettre les femmes sur un pied d’égalité décisif par rapport aux hommes, ce qui n’est que justice que ce soit dans l’Histoire ou dans les légendes.
© Hildebrandt – Anspach Les éditions Anspach sont en train de constituer un catalogue d’une qualité et d’une diversité impressionnante, ayant en particulier pour mérite, entre autres, d’importer sur le marché francophone des petites pépites comme cet album : Hild, les femmes des Nibelungen.
One shot : Hild
Genre : Geste
Scénario, Dessins & Couleurs : Veerle Hildebrandt
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105368
Nombre de pages : 152
Prix : 27,50 €
- La maison des impiespar Laurent Lafourcade
Rituels sataniques
« -Agent West, FBI…
-Pourquoi est-ce que le FBI me cherche moi ?
-Vous êtes Nathalie Burns, pas vrai ? Des six de Satan ?
-C’est mon nom, oui… Mais personne ne nous appelait comme ça… Pas dans la vraie vie.
-Eh bien peu importe, puisqu’il ne reste plus que trois d’entre vous, à présent… C’est pour ça que je suis là… Pour vous parler d’une série de meurtres… »
Une femme conduit une voiture sur une route de montagne américaine. La nuit est tombée. Elle s’arrête au Front Office de Lake Lane pour prendre possession du chalet qu’elle a loué. Arrivée devant la cabane avec vue sur le lac, elle ouvre le coffre de son véhicule et en sort le jeune otage qu’elle détient. C’est un ado fugueur qu’elle ramène à sa famille. Dans la soirée, elle découvre entre deux livres une caméra espion. Elle est observée. Profitant qu’elle le détache pour remonter en voiture, le gamin s’évade. C’est en le poursuivant qu’elle est arrêtée par la police. Le lendemain, dans sa cellule, elle est interrogée par l’agent West du FBI. Elle s’appelle Nathalie Burns et fait partie du groupe des six de Satan, un groupe d’enfants qui a jadis dénoncé les violences rituelles dont ils furent victimes dans un camp de vacances. Aujourd’hui, le FBI a besoin d’elle car un tueur s’en prend à ces six victimes.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Quelques années auparavant, à l’été 88, Nathalie fréquentait un centre de vacances pour enfants, le genre d’endroit où on vous envoie faire du patin à roulettes ou jouer à la balle au prisonnier. Leur histoire n’était pas différente des autres. Six enfants qui dénonçaient des violences rituelles. L’une d’entre elles, sept ans, a prétendu avoir accouché d’un démon. Ça n’étonnait personne. L’engrenage était lancé. Aujourd’hui, trois de ces ex-enfants ont été assassinés dans des conditions particulièrement sordides. Le groupe est manifestement ciblé. L’agent West propose un deal à Nathalie. Si elle l’aide à retrouver les deux autres survivants, elle étant la troisième, les poursuites contre elle seraient abandonnées.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Ed Brubaker et le duo Phillips père et fils sont de retour pour un one shot noir de chez noir de haute volée. Les auteurs de la série polar Reckless s’attaquent aux rituels sataniques et posent la question de la valeur de la parole d’enfants dans les affaires judiciaires, tout devant toujours être pris au sérieux et considéré. Entre flash-backs et présent, le duo West-Nathalie mène une enquête qui, faisons confiance aux auteurs, leur réservera bien des surprises… ainsi qu’aux lecteurs. On se croirait dans l’excellente série HBO True Detective. Brubaker construit son scénario en multipliant les rebondissements. Sean Phillips dessine des personnages aux attitudes réalistes, presque photographiques. Les couleurs de Jacob Phillips sèment le trouble entre fantastique et réalité. Au fil des chapitres, le sang de l’étoile rouge coule le long des pages.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Les Brubaker-Phillips portent le Comics américain réaliste à un niveau qu’il va être difficile d’égaler. Chacun de leurs albums est un coup de maître surpassant le précédent. Entre True Detective et Seven, la maison des impies est immanquable pour tous les passionnés de polars noirs.
One shot : La maison des impies
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Ed Brubaker
Dessins : Sean Phillips
Couleurs : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
ISBN : 9782413086857
Nombre de pages : 144
Prix : 18,50 €
- Le jour où… 8 – Le jour où je me suis choisiepar Laurent Lafourcade
Sortir d’une compassion pour une dépression
« -Lorsqu’on garde quelque chose, c’est qu’on l’aime.
-Pardon ? Vous m’avez parlé ?
-Oui. J’ai dit : lorsqu’on garde quelque chose, c’est qu’on l’aime. Tu viens ici tous les jours avec ta tristesse. Tu ne l’oublies jamais. C’est donc que tu l’aimes.
-Non, justement, non.
-Je t’assure que si. »
Autour d’un puzzle et d’une tasse de thé, la jeune Naori, infirmière, raconte à Chantal, écrivaine de son état, et ses amis comment une personne qui a changé sa vie lui a fait comprendre à quel point les petits bobos, les maladies, tout ça, pouvaient avoir du sens. Elle a appris à écouter ce que son corps lui racontait. L’histoire commence quelques mois plus tôt au Japon. Ayant tout abandonné pour repartir à zéro, ne sachant pas vraiment quoi faire de sa nouvelle vie, elle fréquentait souvent un calme jardin paysager. Emprisonnée par sa dépression qui n’a pas l’air décidée à la quitter, se rendant compte de la situation, un tailleur de bonsaï lui affirme que si elle vient ici tous les jours avec sa tristesse, c’est qu’elle l’aime. Si lui est heureux, c’est parce qu’il conçoit la vie comme son métier. Il ne créé pas la beauté mais la fait apparaître en enlevant tout ce qui gêne, tout ce qui est encombrant, comme on taille un arbuste miniature. Naori lui avoue ne pas avoir le moral. Mais que fait-elle pour que les choses changent ?
© BeKa, Marko, Cosson – Bamboo Le jardinier lui propose de se rendre au Cambodge à la rencontre d’une personne qui pourrait l’aider à résoudre ses problèmes. Y trouvera-t-elle le sens de sa présence sur Terre ? Là-bas, Chea, la fille adoptive de Rosangela, la conduit jusqu’à chez sa mère. C’est cette dernière qui va apprendre à Naori à connaître et écouter son corps. La seule obligation que l’on ait dans la vie, c’est de mourir. Pour le reste, on peut décider, soi-même et personne d’autre. Rosangela va démontrer à sa patiente, à son élève de vie plutôt, à écouter les bobos de son corps. Les maladies ne sont pas dues au hasard mais sont un signal pour nous indiquer que nous nous éloignons du chemin du plein épanouissement. Notre corps est latéralisé par les deux principes du yin et du yang. Par cette optique de vie, le destin de Naori pourrait prendre une nouvelle voie.
© BeKa, Marko, Cosson – Bamboo Bertrand des BeKa écrit une nouvelle fois un scénario salvateur, une bande dessinée à mettre entre les mains de tous ceux qui souffrent, physiquement ou moralement, les deux étant intimement liés. Mieux qu’un rendez-vous médical ou un suivi psychologique, l’album est une véritable thérapie. Sur le dessin rapide et élancé de Marko, la coloriste Maëla Cosson réalise un travail extraordinaire d’autrice à part entière. Elle contraste le bloc noir de la « dépression figurée » par des teintes pastels chaleureuses, tirant vers un orangé sépia réconfortant pour une tasse de thé au coin du feu, verdissant la nuit des lucioles où Naori découvre le principe de sa guérison. Les auteurs imposent le feel-good comme un genre à part entière dans le domaine de la bande dessinée.
© BeKa, Marko, Cosson – Bamboo Devrant être remboursée par la sécurité sociale, Le jour où… propose une philosophie de vie qui invite à se reconsidérer et à prendre du temps, non pas seulement pour soi, mais pour s’écouter.
Série : Le jour où…
Tome : 8 – Le jour où je me suis choisie
Genre : Emotion
Scénario : BeKa
Dessins : Marko
Couleurs : Maëla Cosson
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041103331
Nombre de pages : 60
Prix : 16,90 €
- Opération Cracoucasspar Laurent Lafourcade
Les livres, ça se rend !
« -Mon mari ne cesse de me parler de cet album, prêté à son camarade d’école : Baruck Picaglass. Je lui ai dit de se faire soigner mais il ne veut rien savoir.
-« Baruck Picaglass » dites-vous…
-Dans cette mallette, l’argent pour votre enquête.
-Jolie somme !
-De l’argent mis de côté pour la psychanalyse qu’il a refusé de suivre. »
« Ami lecteur, ne prête à personne le livre qui va suivre. A qui que ce soit, pas même ton meilleur ami, car il se peut qu’ensuite tu le regrettes et que tu sois amené à faire appel à nos services. » Signé Bruce, directeur des APJR, autrement dit les Albums Prêtés Jamais Rendus. C’est par cet avertissement que débute Opération Cracoucass. Quel lecteur de BD n’a jamais prêté un album qui ne lui a pas été rendu ? Personne. C’est pour cela que Bruce, ancien membre des unités Tango Air Force, a fondé sa propre agence de détectives spécialisée dans la bande dessinée. Si vous avez vécu cette mésaventure, l’équipe des APJR mettra tout en œuvre pour le retrouver. C’est ce qui est arrivé à Madame Petitbois. Elle en a tellement honte qu’elle a d’abord prétexté que c’était son mari qui avait eu le problème.
© Tofépi – L’articho Bref, Bruce va prendre l’affaire en mains. L’album concerné est le mythique « Les Schtroumpfs et le Cracoucass ». Les APJR sont sur le pied de guerre !! En avant pour l’opération Cracoucass ! Direction le manoir de Baruck Picaglass. La statue d’un splendide oiseau doré bien identifié surplombe le portail d’entrée. Le majordome annonce à Bruce le décès récent du propriétaire. Ce n’est pas cela qui va stopper l’enquête. Un APJR n’abandonne jamais. Le détective est prêt à parcourir le monde pour retrouver l’album et satisfaire sa cliente.
© Tofépi – L’articho Tofépi est l’un des génies méconnus du Neuvième Art. La collection Coco Comics était la collection qu’il fallait pour mettre en valeur son talent. Coco Comics est réservée aux 7-13 ans d’âge mental, qu’ils soient lecteurs, ou mêmes auteurs. Dans cette charte établie, la locution « âge mental » est loin d’être anodine. Elle est même salvatrice car si vous faites partie du public ciblé c’est que vous avez la chance de ne pas être devenu adulte, comme Tofépi, ou bien que vous êtes encore physiquement un enfant. Profitez-en ! En effet, la majorité des « vrais » jeunes ne lisant plus, on a la fâcheuse tendance à penser que ce type de BD n’est lu que par des adultes. Espérons vivement que ce ne soit pas vrai. Et si ça l’était, Coco Comics est là pour changer la donne.
© Tofépi – L’articho Le petit album ne saurait être complet sans son supplément : une mini-BD dont vous êtes le héros est à fabriquer au milieu. Le gang des marques-pages vous mettra dans la peau de Bruce. Opération Cracoucass étant déjà un mini-livre en soi, imaginez la taille du bonus.
Vous ne prêterez plus jamais vos livres comme avant ! Le Cracoucass peut voler tranquille. Il restera dans vos bibliothèques, à côté de l’intégrale de Tofépi.
One shot : Opération Cracoucass
Genre : Aventure humoristique
Scénario, Dessins & Couleurs : Tofépi
Éditeur : L’articho
Collection : Coco Comics
ISBN : 9782490015283
Nombre de pages : 40
Prix : 6 €
- Smoking La révolution Yves Saint-Laurentpar Laurent Lafourcade
Sublimer la mode
« -Parfum d’homme et cigarette… ma vilaine ! Je ne te demande pas ce que tu as fait cette nuit. Toutes les choses importantes se passent la nuit dans des bouges sans nom. Je veux tous les détails. Comment étais-tu habillée ?
-Comme maintenant. Je ne suis pas rentrée de la nuit.
-Smoking de la dernière collection. Rien en dessous.
-Je n’aime pas les chemises.
-Et les mains dans les poches, petite allumeuse. Mon héroïne… »
New York, 1967. Il n’y a pas si longtemps que Betty Catroux est mannequin pour Yves Saint-Laurent, le grand couturier. Elle porte les mêmes vêtements que lors de la soirée, ou plutôt la nuit, qu’elle vient de passer : un smoking. L’année dernière, Saint-Laurent a créé un smoking pour femme. Le vestiaire masculin est une pyramide et le smoking en est le sommet, le symbole absolu du pouvoir. Le créateur ne cherche à faire ni un hold-up, ni une révolution, mais une évolution. Aujourd’hui, Betty sublime le vêtement. Les mains dans les poches, elle adopte la posture du dominant, celui qui a le pouvoir en toute décontraction. Pourtant, tout n’est pas encore gagné. Les restaurants selects refusent une dame en pantalon. Les ecclésiastiques portent bien des robes. Pas question de se plier au conservatisme. Yves et Betty iront déjeuner ailleurs.
© Hui Phang, Bachelier – Albin Michel Loo Hui Phang s’intéresse à la mode depuis qu’elle est enfant. Fascinée par les défiles de mode et en particulier par ceux d’YSL, elle envisagea même le métier de styliste. On n’a pas tout perdu puisqu’elle est devenue scénariste de bande dessinée. C’est Beautiful People, un livre d’Olivia Drake, qui lui donne l’envie d’aborder la carrière d’Yves Saint-Laurent sous un angle purement sociologique. Elle se penche alors sur le smoking féminin, symbole d’affranchissement et de renversement des rapports de domination. Loo Hui Phang a rencontré la magnétique et drôle Betty Catroux qui a incarné cette modernité. Le livre accompagne le duo Yves-Betty. Tout au long de l’album, il va être question d’Art, d’uniformes, de noir et de bien d’autres choses. On verra comment Saint-Laurent abordait la mode et le prêt-à-porter par un tout autre angle que Coco Chanel ou Balenciaga. On assistera aux premières manifestations féministes et aux soirées festives dans lesquelles pour certains il est plus important de paraître que d’être. On s’arrêtera au tout dernier défilé du Maître, celui où il choisit de dire adieu à un métier qu’il a tant aimé.
© Hui Phang, Bachelier – Albin Michel Benjamin Bachelier signe la plus magistrale création graphique de 2024. (Quel regret que de ne pas l’avoir lu plus tôt; il aurait figuré dans les meilleurs albums de l’année dernière) Le dessinateur diversifie ses approches de la composition. Il alterne dessins, encre et découpages dans de simples ou doubles pages. Il traduit l’énergie créatrice d’Yves Saint-Laurent dans une mise en scène que le grand couturier aurait adoré. Bachelier s’approprie le génie de Saint-Laurent en le replaçant dans un grand terrain d’expérimentation graphique. Il était loin d’être évident d’aborder une histoire dont le héros est un vêtement. Les auteurs s’en sortent avec brio en le considérant comme un personnage à part entière entre un créateur et son modèle.
© Hui Phang, Bachelier – Albin Michel Encore un album qui, chez un tout petit éditeur, aurait raflé plusieurs prix. Malheureusement pour lui de ce côté-là, il est sorti chez une Major : Albin Michel. Plus qu’une histoire, l’album est une chronique philosophique sur une métamorphose de la société qui n’a pas complétement abouti, tout du moins pas dans tous les pays. D’une extraordinaire inventivité scénaristique et graphique, Smoking La révolution Yves Saint-Laurent est un bijou sur la place Vendôme de la bande dessinée. Eternellement fashion.
One shot : Smoking La révolution Yves Saint-Laurent
Genre : Biopic
Scénario : Loo Hui Phang
Dessins & Couleurs : Benjamin Bachelier
Éditeur : Albin Michel
ISBN : 9782226469953
Nombre de pages : 168
Prix : 24,90 €
- Donjon Parade 7 – Le sirop des costauds / 8 – L’hostellerie des impôtspar Laurent Lafourcade
Potion et pognon
« -Herbert, je ne veux pas te vexer, mais n’importe quel minus peut te brutaliser…
-Pas de jaloux !
-Ha ha !
-Tu voix bien qu’il y a un problème. Allez, on se les fait !
-En combat singulier, ils nous marravent. Avec quelle magie penses-tu les vaincre ? »
Marvin le rouge a plus d’un tour dans son sac. Pour vaincre l’ennemi, il a une stratégie à double magie : la magie du nombre (les poursuivre en groupe), et la magie de se battre façon déloyale. Après tout, il est loyal leur sirop des costauds qui décuple la force ? Alors que Marvin se morfondait d’ennui en effectuant son tour de garde dans les salles aux trésors, la venue de voleurs sirotant une potion décuplant leur force va lui donner de l’animation. Si le premier cambrioleur solitaire, malgré son sirop, ne fera pas long feu, quand les autres vont venir en nombre, ça va être une autre paire de manches de s’en débarrasser. Herbert et Marvin décident donc d’aller enquêter sur ce fameux breuvage : le sirop des costauds.
© Trondheim, Sfar, Tebo – Delcourt Dans L’hostellerie des impôts, des pourvoyeurs exécutaires réclament au gardien du Donjon le paiement d’un impôt, sans quoi celui-ci sera rasé. Le gardien convoque sur le champ son comptable Kadmiom. Il va falloir rassembler les documents afférents à cette nouvelle taxe. De retour dans son office, suivi par les trois inspecteurs des impôts, Kadmiom découvre son bureau vide. La porte n’a pas été fracturée et la femme qu’il aime s’y trouvait. Elle aurait donc filé avec les livres de comptes ? A la recherche des documents, Herbert est hypnotisé par la dite fiancée qui, pour se faire escorter, lui fait croire que c’est leur contrat de mariage et qu’il doit le défendre au péril de sa vie. Pourquoi s’enfuit-elle donc avec tous les comptes ?
© Trondheim, Sfar, Surcouf – Delcourt Donjon Parade, ce sont des histoires humoristiques situées entre les tomes 1 et 2 de la série mère Donjon Zénith, à l’époque de l’apogée du donjon. Ça faisait quatre ans, depuis Garderie pour petitots, dessiné par Alexis Nesme, qu’on n’avait pas eu de nouvelles de Donjon Parade. La série dont Manu Larcenet a dessiné les cinq premiers tomes revient avec eux tomes. Le premier, dessiné par le Goat Tebo, est un Astérix au Moyen-Âge. Bastons et potion magique raviront les fans d’Uderzo et Goscinny.
© Trondheim, Sfar, Tebo – Delcourt Le second, dessiné par Erwan Surcouf, est une satire du monde fiscal. Quoi qu’il fasse, le contribuable est destiné à payer et il est difficile voire impossible d’échapper au serpent de la finance. La série multicéphale née en 1998 est encore incroyablement en forme. C’est indubitablement parce que Sfar et Trondheim ont gardé cette notion de plaisir et d’amusement lorsqu’ils conçoivent un scénario. Ils se renouvellent en restant dans leur cahier des charges tout en multipliant les références.
© Trondheim, Sfar, Surcouf – Delcourt L’année 2025 est loin d’être terminée pour ce grand retour de Donjon Parade. Quatre autres tomes sont annoncés dessinés par Berbérian, Ohm, Soulcié et Delaf.
Série : Donjon Parade
Tome : 7 – Le sirop des costauds
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Joann Sfar & Lewis Trondheim
Dessins & Couleurs : Tebo
Éditeur : Delcourt
Collection : Humour de rire
ISBN : 9782413084983
Nombre de pages : 32
Prix : 11,50 €
Série : Donjon Parade
Tome : 8 – L’hostellerie des impôts
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Joann Sfar & Lewis Trondheim
Dessins & Couleurs : Erwann Surcouf
Éditeur : Delcourt
Collection : Humour de rire
ISBN : 9782413084969
Nombre de pages : 32
Prix : 11,50 €
- Boulevard Tintin – Haddock a dit…par Laurent Lafourcade
Les phrases cultes du Capitaine
« Capitaine, s’il est vrai que de votre vivant vous jurâtes comme un païen, fumâtes comme un Suisse et bûtes comme un sonneur, que néanmoins votre mémoire soit honorée ! » (Anatole France, dans Le crime de Sylvestre Bonnard)
Du Crabe aux pinces d’or à L’Alph’Art, Haddock est présent dans tous les albums des aventures de Tintin à partir de son apparition, en alcoolique désœuvré, dans sa cabine du Karaboudjan. Si Tintin est le héros et Tournesol le génie, Haddock est le Capitaine. Il a du caractère. Il a le verbe haut et la langue bien pendue. Auteur de plusieurs ouvrages dans la collection 1000 sabords consacrée à l’univers de Hergé, Pierre Bénard décide ici de suivre le marin barbu, cordial et braillard, au travers de ses répliques. En de courts chapitres de trois à quatre pages, l’auteur décortique les principales réparties de Haddock. Embarquons tous à bord, le navire va appareiller.
© Bénard, Broxolle – 1000 sabords « Salut, Wizskizsek ! » Etonnamment, la phrase qui démarre la série n’a pas été dite par Haddock. Et pour cause, elle est issue du Sceptre d’Ottokar. Si l’auteur la cite, c’est parce qu’elle a été prononcée par un personnage préfigurant le Capitaine. Sirov, paysan syldave mal dégrossi, répond au téléphone. On lui ordonne d’intercepter Tintin. Haddock en gardera le côté bourru, mais avec un côté beaucoup plus sympathique quand même. Pierre Bénard déniche ici des indices auxquels personne n’avait songé avant lui. Haddock se trouvait malgré lui du côté des trafiquants dans Le crabe aux pinces d’or. En créant ce personnage, Hergé ne pouvait pas imaginer la dimension qu’il prendrait dans la série. Pour un peu, Sirov aurait pu devenir le compagnon de route de Tintin à sa place.
© Bénard, Broxolle – 1000 sabords « On me laisse mourir de soif ! » est une phrase culte du Crabe. Le vieil ivrogne, comme l’appelle Allan, réclame du whisky. On ne sait comment il est tombé dans l’addiction, mais il ne peut s’en passer. C’est dans un état certain d’ébriété que Tintin le découvrira dans sa torpeur. Plus tard dans l’album, il lui promettra de ne plus boire. « Le pire ennemi du marin… » commencera-t-il en tant que conférencier. On sait pourtant qu’il ne poursuivra pas sa carrière à l’eau.
C’est dans L’étoile mystérieuse qu’il lancera pour la première fois son fameux « Tonnerre de Brest ! ». Il la prononcera douze fois dans l’album. C’est aussi dans cette histoire que, ordonnant au prophète Philippulus de descendre de son mât, il terminera pour la première fois sa phrase par un « Mille sabords ! » qui deviendra tout aussi célèbre. Dans Le temple du soleil, à Callao, il paraphrase Ray Ventura avec un optimisme avéré : « Tout va très bien ! ». Il invoquera à nouveau l’artiste dans L’affaire Tournesol, demandant à Nestor « Quelles nouvelles ? », à Moulinsart bien entendu.
© Bénard, Broxolle – 1000 sabords « Des montagnes, toujours des montagnes ! », « Espèces d’Inca de carnaval ! », « Ah ! Le calme. Ah ! Le silence… Ecoutez-le, ce silence… », « Le diable l’emporte, lui, ses assurances et son oncle Anatole ! », « Ha ! Ha ! Ha ! Ce cher rossignol milanais ! ». On découvre grâce à Pierre Bénard combien les phrases de Haddock sont ancrées dans nos esprits de lecteurs. « On ne fait pas d’un coup le tour du Capitaine Haddock » précise l’auteur de l’essai dans sa conclusion. Il en fait pourtant dans ce livre un portrait détaillé par le biais de ses interventions orales. On a ainsi l’impression de le connaître encore mieux, avec l’envie de se replonger dans les albums avec une focale sur lui. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
One shot : Haddock a dit…
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Pierre Bénard
Illustrations : Xavier Broxolle
Éditeur : 1000 sabords
ISBN : 9782494744271
Nombre de pages : 200
Prix : 16 €
- White Onlypar Laurent Lafourcade
Le destin tennistique d’Althea Gibson
« -Je sais. Elle fait ce qu’elle veut. Elle ne veut plus aller à l’école. Et puis je suis quoi, moi ? Un simple mécano.
-Papa… On m’a fait une proposition.
-Ah ?
-Buddy et des amis à lui ont proposé de m’inscrire au Cosmopolitan Tennis Club.
-C’est quoi ça ?
-Ah ah ah ! C’est des noirs qui se prennent pour des blancs en jouant au tennis. »
Pas facile dans les années 40 pour une jeune fille de Harlem de se faire une place dans le sport. Issue d’une famille nombreuse, papa mécanicien, Althea Gibson joue au basket, au base-ball et au paddle dans les rues de la ville, parfois même avec la police. Elle s’est même mise au tennis. Mais problème, à cette époque, les compétitions sportives de cette activité sont réservées aux blancs. La politique de ségrégation raciale fait la loi. Les noirs avaient leurs propres clubs, leurs tournois et leur fédération : l’American Tennis Association. Plus douée que ses camarades de jeu, Althea écrase ses adversaires. Entraînée par Fred Johnson, elle rêve d’affronter les plus grandes joueuses mondiales sur le circuit. Elle intègre les meilleures écoles de tennis black. Grâce à une tribune de la championne Alice Marble dans l’American Lawn Tennis Magazine, le rêve d’Althea va s’exaucer. Comme dans le football, la boxe et le baseball, les noirs vont pouvoir intégrer les grandes compétitions de Tennis.
© Frey, Dorange – Vents d’Ouest Y aurait-il eu Artur Ashe ou les sœurs Williams si Althea Gibson n’avait pas existé ? C’est la question que l’on peut légitimement se poser. La championne a en tous cas ouvert une brèche. Aujourd’hui oubliée du grand public, elle s’est construite dans une Amérique raciste. Exemple de combattivité et de pugnacité, Althea a remporté Roland Garros, Wimbledon et l’US National (ancêtre de l’US Open) à la fin des années 50. Elle tentera de poursuivre sa carrière dans la chanson, sans trop de succès, puis dans le golf, arrivant jusqu’à la vingt-septième place mondiale. Ces activités ne rapportant pas l’argent qu’elles rapportent aujourd’hui, Althea Gibson pourra-t-elle terminer sa vie avec un niveau de vie plus élevé que celui des quartiers de Harlem où elle a été élevée ?
© Frey, Dorange – Vents d’Ouest Le scénariste Julien Frey retrace la vie de la tenniswoman méconnue en quatre chapitres. La fille de Harlem s’attarde sur son enfance. Noire et blancs montre ses succès dans le tennis et son combat pour pouvoir affronter les « blancs ». Toutes les balles retrace sa carrière sur le circuit international professionnel. Vivre conclue sur ses derniers choix de vie. L’ensemble est raconté par la voix d’Althea, de façon linéaire, et se termine sur un émouvant flashback entre elle, adolescente, et son père.
Au dessin, Sylvain Dorange navigue des rues de New-York aux courts de Tennis dans une ambiance colorimétrique à mi-chemin entre des tons très fifties et une fausse impression sépia qui va à ravir avec l’atmosphère du récit.
© Frey, Dorange – Vents d’Ouest Althea Gibson est au sport ce que Rosa Parks et Claudette Colvin sont au combat des blacks pour se faire une place légitime dans la société. Ce biopic lui apporte enfin un morceau de l’aura qu’elle mérite.
https://youtu.be/HgD8SUWT51I?si=q-nqwEouLGOKrFQr
One shot : White only
Genre : Biopic
Scénario : Julien Frey
Dessins & Couleurs : Sylvain Dorange
Éditeur : Vents d’Ouest
ISBN : 9782749309927
Nombre de pages : 152
Prix : 23 €
- Bloompar Laurent Lafourcade
Les transmissions invisibles
« -Police nationale. Contrôle d’identité.
-Et merde !
-Ne bougez pas, mademoiselle.
-Rentrez vite chez vous, c’est dangereux de traîner dans la rue. Pensez à recharger votre certificat de bonne santé. Et dépêchez-vous, le couvre-feu est à 18 heures, aujourd’hui. »
Chambre 17. Dans un site confiné, Alix, une jeune fille, dort avec un respirateur artificiel. Un homme en combinaison de protection tente de la réveiller alors que de gigantesques méduses bleues volent autour d’elle. Est-ce une réalité ? Sont-elles issues de ses songes ?
Il ne fait pas bon traîner dans la rue. Le monde est confiné. Des patrouilles des forces de l’ordre contrôlent les identités et les autorisations. Des personnes hostiles à ce fonctionnement manifestent. Pour la sécurité de la nation, le gouvernement n’acceptera aucun acte subversif. Dans son appartement, l’anthropologue Albert Hermann est affligé par la situation. Son petit-fils Farès vient lui rendre visite. L’homme âgé lui explique que le monde pourrait changer si seulement cent personnes adoptaient de nouvelles habitudes, qui se diffuseraient à d’autres communautés.
© Billet, Ruillier – Payot & Rivages Par ailleurs, des méduses ont envahi le bassin de refroidissement d’un réacteur nucléaire, entraînant la fermeture de la centrale et des pertes colossales. Ces agglutinations se nomment des « blooms ». Les animaux disparaissent une fois les dégâts faits. Dans le ciel, des vols d’oiseaux ont endommagé le plus grand parc éolien du pays, avec pour conséquences de nombreuses coupures d’électricité. En bord de mer, des algues prolifèrent sur les plages du Nord. C’est lorsqu’Alix va disparaître que Papi Albert va comprendre qu’il est grand temps d’agir.
© Billet, Ruillier – Payot & Rivages Julia Billet et Jérôme Ruillier ont écrit le scénario de cette dystopie à quatre mains. Différente d’une bande dessinée documentaire, Bloom traite du rapport intérieur à la nature. Le phénomène des méduses n’est pas une invention mais bel et bien une réalité. « Bloom » signifie « prolifération ». Pour Ruillier, c’est une alerte de la nature qui demande aux humains d’arrêter. Dans la couleur bleue de l’océan et du rêve, le dessinateur en fait des lanceurs d’alerte. En photographie, les blooms sont les halos sur les clichés.
La majeure partie de l’histoire est crayonnée en gris. Seules les méduses sont bleues. Le récit pourrait paraître plombant et pessimiste. Détrompez-vous. Les auteurs croient encore en l’être humain, et cela va se traduire graphiquement dans un final ouvrant vers de nouveaux horizons.
© Billet, Ruillier – Payot & Rivages Album exigent, avec très peu de textes et de phylactères, Bloom est une fable écologique démontrant que la nature, la musique et les couleurs jouent un rôle stratégique dans l’avenir de l’homme. N’oubliez pas de tourner la page après la dernière image, sinon, vous ne connaîtrez ni la fin, ni le début. Comprenne qui lira.
One shot : Bloom
Genre : Drame
Scénario : Julia Billet & Jérôme Ruillier
Dessins & Couleurs : Jérôme Ruillier
Éditeur : Payot & Rivages
Collection : Virages graphiques
ISBN : 9782743665487
Nombre de pages : 160
Prix : 23 €
- Le secret de Miss Greenepar Laurent Lafourcade
One drop rule
« -Grand-mère n’y comprend rien !!!
-Belle, je ne te permets pas !
-Mais c’est vrai, maman ! C’est notre unique chance d’évoluer et de vivre décemment !
-Tu es excessive, Belle ! Et puis grand-mère a raison, vous n’imaginez pas tous les sacrifices que cela engendre…
-Nous en sommes parfaitement conscients… »
New York, 1898. Une jeune femme achète un livre chez Tillmans book & Art shop. C’est une vieille édition de 1852. Belle Greener, c’est ainsi qu’elle se nomme, la cherchait depuis longtemps. Dans le bus qui la ramène chez elle, elle assiste à l’expulsion d’une demoiselle noire par le chauffeur. Ça la bouleverse. Elle-même a du sang noir, mais ça ne se voit pas sur son visage halé. La règle de la goutte unique est claire : un seul ancêtre noir, une seule goutte de sang noir, vous classifie comme nègre dans les registres. Découvert, c’est au mieux la prison, au pire le lynchage. Contre l’avis de leur grand-mère, Belle et ses frères et sœurs sont bien décidés à dissimuler leur généalogie, tout en faisant le serment de ne pas avoir d’enfants, pour ne pas leur imposer leur choix. La famille s’invente des ancêtres portugais et se rebaptise Da Costa Greene.
© Antona, Jacqmin – Le Lombard Renier ses origines pour se déclarer blanc, la décision n’est pas facile à prendre. Est-ce trahir les siens que de se ranger dans la classe de l’oppresseur ? Belle voit dans ce « passing » le seul moyen pour se faire une place dans la haute société new-yorkaise. Sa passion, ce sont les livres. Elle adore les ouvrir, les sentir, admirer leurs enluminures et évidemment les lire. Belle devient bibliothécaire à l’université de Princeton. Fin 1905, recommandée par Junius Morgan quelques semaines plus tôt, la Morgan Library de New-York l’engage. Belle Greene vit un rêve éveillé. Il s’agit à présent de gérer la collection privée de livres anciens et d’œuvres d’art de John Pierpont Morgan, l’oncle de son futur ancien patron. Elle est loin de se douter jusqu’où cela va la mener. Ce n’est pas parce qu’elle a fait une promesse que Belle ne connaîtra pas d’histoire d’amour, amour charnel et amour familial. Là encore, le destin va bouleverser son avenir.
© Antona, Jacqmin – Le Lombard Nicolas Antona raconte la vie méconnue de Belle Greene, et à travers elle celle de la condition africaine dans une Amérique qui veut se construire dans une élite blanche. La « one drop rule » était la règle qui qualifiait de noire toute personne ayant une trace visuellement perceptible d’ascendance africaine. C’est pour justifier son teint qui pourrait la trahir que Belle s’est choisie des ancêtres de Lusitanie. Antona accompagne la bibliothécaire dans sa trajectoire de vie, son choix assumé, et son amour des livres, car l’amour des livres est aussi un sujet primordial de celui-ci. Aux dessins et aux couleurs, habituée aux biographies puisqu’elle a déjà plongé dans les vies d’Agatha Christie et de George Sand, Nina Jacqmin apporte toute sa délicatesse à celle-ci.
Ne ratez pas le texte en post-face qui conclue véritablement l’album, avant un dossier historique dénonçant le racisme et les inégalités de l’époque.
© Antona, Jacqmin – Le Lombard Le secret de Miss Greene prouve que la bande dessinée a infiniment à apporter dans le devoir de mémoire. La vie de Belle est passionnante dans tous les sens du terme et relance le débat sur la question du choix de son propre destin, au risque d’une certaine forme de trahison, parce qu’il faut un courage extrême pour assumer certaines décisions.
One shot : Le secret de Miss Greene
Genre : Biopic
Scénario : Nicolas Antona
Dessins & Couleurs : Nina Jacqmin
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808214018
Nombre de pages : 152
Prix : 22,95 €
- CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection Hergé & Co 4ème éditionpar Laurent Lafourcade
Toutes les figurines Tintin chez vous !
« Le plaisir de la collection ne va pas sans un soupçon de nostalgie : grâce à ses catalogues de grande qualité, Christian Mallet nous invite au rêve et surtout, il permet de nous replonger dans les images d’un univers qui ne nous a jamais quittés depuis l’enfance malgré l’absence d’un nouvel album : l’univers de Tintin ! » (Renaud Nattiez)
Tintinophiles de tous types, au rapport ! Cet album va vous permettre de posséder d’un seul coup toutes les figurines de collection issues de l’univers de Hergé. Pour cette quatrième édition de l’argus CAC3D consacré à l’œuvre du père de Tintin, Christian Mallet a mis à jour son ouvrage en le complétant des dernières productions sorties de chez les différents fabricants depuis trois ans. Pour aborder un univers qui a un tel aura, il fallait un véritable exégète pour signer la préface. Cette fois-ci, il s’agit de celui qui a analysé toute la biographie du maître avec des livres comme « Faut-il brûler Tintin ? », qui connaît Milou comme s’il était son maître (« Milou humain, trop humain »), qui a mis les personnages (ou leurs avatars) dans une fiction jouissive (« Meurtres à Moulinserre ») et qui a interrogé les plus grands spécialistes sur l’avenir du personnage (« Demain Tintin ? ») : j’ai nommé Renaud Nattiez.
© Mallet – Côte-à-cas éditions
© Hergé – Tintinimaginatio 2025Le spécialiste ne prend pas les lecteurs à revers. Il le dit d’entrée : il n’est pas collectionneur, mais il a toujours été intrigué par cette espèce bizarre. En une phrase, se dégage l’intérêt de cette préface. « Je ne suis pas collectionneur. » Cette phrase prouve bien que ce livre ne leur est pas réservé. Les produits dérivés, sculptures et objets, de grande qualité, contribuent à rendre le monde de Tintin plus vivant, entretiennent la ferveur et prolongent notre fascination d’enfant. Renaud Nattiez distingue deux types de collectionneurs : ceux qui le sont sans le savoir, comme lui, les lecteurs essentiellement, jeunes ou vieux, et ceux assumés, pas forcément spécialistes de l’œuvre, dont la passion est empreinte d’une dimension intellectuelle et ludique. Les deux types se rejoignent, se côtoient. L’auteur rappelle que les aventures de Tintin sont elles-mêmes parsemées de collectionneurs. Hergé était collectionneur d’Art, tout autant qu’il se réjouissait de voir se réaliser des objets issus de l’œuvre, ici un Sceptre d’Ottokar, là un fétiche Arumbaya. Les produits dérivés font partie de son succès. Nattiez pose une question cruciale : ont-ils la puissance d’inciter de potentiels jeunes lecteurs à découvrir le monde de Tintin ?
© Mallet – Côte-à-cas éditions
© Hergé – Tintinimaginatio 2025En attendant de participer au débat, profitons de l’instant présent avec ce CAC3D. Comme on l’a déjà dit, il y a deux façons d’appréhender l’argus. Le collectionneur estimera sa collection pour en revendre des pièces ou en acheter de nouvelles. L’amateur le compulsera pour le plaisir des yeux. Les pièces sont toutes en photo. La chronique sur l’édition précédente présente quelques objets. Observons quelques nouveautés produites depuis la précédente édition. En avril 2024, Tintin conduit la Torpedo bleue du Docteur Finney, scène issue des Cigares du Pharaon. Produit par Tintinimaginatio, ce polychrome en résine et métal tiré à 1250 exemplaires coûte 1295 €. La même société sort en juin 2023 une statuette en résine du Maharadjah et son fils, tirée de l’affiche de l’exposition « le Musée imaginaire de Tintin » : 29 cm de résine pour 315 €, sculpté par l’atelier Moulinsart. Plus raisonnablement, pour (seulement) 110 €, vous pourrez vous offrir Tintin filant à moto devant Milou et les Dupondt à terre, scène issue du Sceptre d’Ottokar en résine et métal polychrome au 1/24ème.
© Mallet – Côte-à-cas éditions
© Hergé – Tintinimaginatio 2025Christian Mallet nous offre sur un plateau tous ces produits dérivés de l’univers de Hergé qui invitent, encore et encore à relire Tintin. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection
Tome : Hergé & Co 4ème édition
Genre : Argus
Auteur : Christian Mallet
Éditeur : Côte-à-cas éditions
Nombre de pages : 214
Prix : 49 €
ISBN : 9782491066420
- Le Royaume 9 – Le complot de la Reinepar Laurent Lafourcade
La lumière montre l’ombre et la vérité le mystère
« – Berthe ! Cette fois, c’en est trop ! Je veux en finir une bonne fois pour toutes avec cette fille ! Anne doit disparaître !
– Mnng mng ?! Mggnnmgn ?…
– Non… Grands dieux, pas avec une de tes potions ! Elles ne fonctionnent jamais ! Je veux qu’Anne disparaisse pour toujours. Toi, tu serais fichue de lui donner des superpouvoirs en pensant l’empoisonner !
– Mgnn… ngn… mgnnng…
– Tu vas plutôt convoquer mes dames de cour ! Fais-les venir dans mes appartements ce soir ! Nous fomenterons un complot ! »
Au royaume des Six Ponts, le soleil se lève. Les oiseaux bavards demandent au coq de la fermer. Ils auraient bien dormi un peu plus. La Reine du Royaume est furieuse. Le Roi vient de lui faire un nouvel affront. Pour son mariage avec le Prince Eric d’Arbédie, la Princesse Cécile tient à ce que sa meilleure amie Anne, la tavernière, soit à ses côtés à la table d’honneur. Devant le refus de sa mère, qui déteste la roturière, Cécile s’adresse à son père qui lui octroie ce droit. C’en est trop pour la matriarche qui décide de tout faire pour rayer Anne de la carte. Pendant ce temps, Anne reconstruit sa taverne. Elle ne se doute pas qu’elle va être embarquée au cœur d’une aventure qui lui dévoilera le secret de ses origines.
© Feroumont, Marchand – Dupuis Autrefois, c’était Igor qui régnait sur le Royaume. C’était un roi juste, bon et droit, jusqu’au jour où son épouse la douce Adèle mourut d’une étrange maladie. Il se lança alors dans des conquêtes belliqueuses faisant couler le sang. Seul l’un de ses vassaux, le Comte de Rose-Adieu, contesta la démarche de ces plans de guerre, provoquant le courroux du Roi. Décidé à restaurer son autorité, ce dernier mit le fief du Comte à feu et à sang. Seule sa fille sera sauvée… par Serge, le frère même d’Igor. Ne devinerions-nous pas qui elle est ?
© Feroumont, Marchand – Dupuis Le complot de la Reine est la première partie d’un diptyque qui se clôturera dès cet été avec la seconde partie intitulée Blanche-Fleur. Si ce nom rappelle quelque chose à certains lecteurs, c’est parce qu’il s’agit de la réédition en deux volumes dans la série classique Le Royaume du hors-série Le Royaume de Blanche-Fleur paru en 2019 qui devait clôturer la série mais qui ne la clôture finalement pas. Après cette prévisible erreur de marketing, les éditions Dupuis tentent de rattraper le coup. Ça vaut le coup, justement, pour cette collection qui est la meilleure série d’humour et d’aventure médiévale depuis Johan & Pirlouit et Gully. Féroumont poursuit sa merveilleuse série ensoleillée par les couleurs de Sarah Marchand.
© Feroumont, Marchand – Dupuis Le Royaume est une excellente série. C’est le chaînon manquant entre les classiques de l’âge d’or et les pépites modernes. Que les oiseaux bavardent ! Que la cervoise soit servie ! Que la Reine complote ! On en redemande.
Série : Le Royaume
Tome : 9 – Le complot de la Reine
Genre : Aventure humoristique
Scénario & Dessins : Feroumont
Couleurs : Sarah Marchand
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808508858
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €
- Les cowboys sont toujours à l’Ouest 2par Laurent Lafourcade
Nouvelles neuves du Far-West
« -T’as de la chance, Suzie… Je ne rate jamais ma cible.
-C’est pas Suzie, c’est Micheline !
-Hein ? Micheline ?
-Monsieur Lambert, va falloir se calmer avec les mains baladeuses ! Sinon c’est la mienne que vous aurez dans la gueule ! »
Il y a bien longtemps, Starwild Ranger était une légende vivante, un héros du Colorado. Le cow-boy solitaire pouvait tuer une mouche en plein vol, ne ratant jamais sa cible. Aujourd’hui, à la maison de retraite Les Séquoias, il a du mal à viser la cuvette. Tout a une fin. L’aventurier a roulé sa bosse dans toute l’Amérique. Il en a, des anecdotes à raconter. Alors, il va les exposer aux oreilles de Micheline, l’infirmière de l’Ehpad qui s’occupe de lui. Ça change de Suzie la danseuse de saloon, mais c’est tout aussi excitant.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Starwild a eu un ami très fort pour retrouver les personnes disparues. Il s’appelait Kévin Croquette, c’était un descendant du fameux David Crockett. Les neiges du Wyoming n’avaient pas de secret pour lui. Dans le désert du Chihuahuan, c’est la belle Charlie qui fait sa loi. N’en déplaise à son époux. Dans l’Oregon, les célèbres détectives de l’agence Pinkerton vont y laisser des plumes face à un tireur d’élite hors pair. Les HPI, ce n’est pas une mode qui date d’aujourd’hui. Retour dans la neige avec les monts Blackfoot dans les Rocheuses. Rien ne peut empêcher le trappeur de faire des kilomètres pour retrouver l’amour de sa vie. La mort rôde en Arizona. Les frères Ramirez vont en faire les frais dans une revisite de Destination finale où la faucheuse aura le dernier mot. Cette dernière, Horacio James Dobson s’en moque bien. Il a trouvé le moyen de lui faire rabattre son caquet.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Starwild Ranger a encore d’autres histoires à raconter. On vous les laisse découvrir dans ce deuxième tome de Les cow-boys sont toujours à l’Ouest. Lucky Luke n’est plus le seul poor lonesome cow-boy. Olivier Supiot explore l’Amérique dans cet album à mourir au sens propre et de rire au sens figuré. Le trait légèrement acide de Damien Geffroy propulse les courts récits dans un second degré tout aussi drôle que dérangeant, sous les couleurs froides pour les montagnes et chaudes pour les plaines de Laure Durandelle. Si l’on a pu reprocher jadis à l’humour fluide d’être sexiste ou gras, sans le renier pour autant, une série comme celle-ci montre comment il a su évoluer pour atteindre une exigence et un second degré plutôt fins.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Les cowboys sont toujours à l’Ouest. Et bien, qu’ils y restent. C’est là qu’on les préfère. Pourvu que ce soit la deuxième, et non pas la seconde fois, qu’on les y retrouve.
Série : Les cowboys sont toujours à l’Ouest
Tome : 2
Genre : Humour
Scénario : Olivier Supiot
Dessins : Damien Geffroy
Couleurs : Laure Durandelle
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207578
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €
- Les Rugbymen 23 – Cet après-midi, vous avez carte bleue !par Laurent Lafourcade
Les plaqués font du ski
« -Voilààà ! On prrend un coup et on le rrend ! Nous, on rrigole pas avec la politesse !!! C’est surr le terrrain que nos adverrsairres doivent chanter, pas sous la douche ! Allez les demis ! Faites pas les choses à moitié ! Là, le 4 ! Je suis sûrr qu’il aime la verrdurre… Avec un bon assaisonnement, comme ça ! Alleeez !… On donne tout !! »
Il promet à sa femme de rentrer directement après l’entraînement. Il lui jure de ne pas faire la troisième mi-temps. Il va aussi partir au ski avec ses petits camarades de jeu. L’anesthésiste est sans conteste la tête d’affiche de ce vingt-deuxième album des rugbymen. Ce n’est pas de sa faute après tout si la sophrologie qui clôt une séance de sport le détend tellement qu’il en oublie ses obligations. Si par hasard, elle est déjà couchée quand il rentre, ce sont ses pieds gelés dans le lit qui vont le trahir. Ça, c’est quand il arrive à franchir la porte d’entrée. Parce que lorsqu’il se trompe de veste et qu’il l’échange avec celle de La Teigne. Conséquence : chacun a les clefs de l’autre. Pas le choix. Va falloir tambouriner pour pouvoir entrer. Pour une fois qu’il ne revenait pas en camion-poubelle !
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Bref, ce n’est pas ces petites mésaventures de rien du tout qui vont empêcher notre anesthésiste unique et préféré de découvrir le ski à Sécateur à l’occasion d’un bon entraînement en altitude, bien équipé, bien habillé… N’est-ce pas, Lapinette ? Il ne va pas être déçu, Sécateur. Pour sa première descente, le lancer sur une piste de ski à bosses, c’est un sacré challenge. Le ski, c’est comme le rugby ! Y a de l’action, du danger, des chocs, et ça finit toujours sur un brancard. On se remettra avec du vin chaud, juste avant une bonne fondue à l’auberge, la troupe emmenée par Loupiote. Il faudra juste passer le barrage de la diététicienne.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Les rugbygirls ne sont pas oubliées et ont aussi leur part de gags. Plutôt que d’alterner les albums, les auteurs ont décidé de les intégrer. « Un pain vaut mieux que deux tu l’auras ! » C’est la devise de La Raclée. Pour elle, les squats avec un sac de dix kilos sur les épaules, c’est du gâteau. Et pour cause, elle s’entraîne chez elle avec 42,8 kg sur le dos : son chien Haka, un superbe et volumineux molosse doux comme un agneau mais qui plaque mille fois mieux que n’importe qui. Planquez-vous les mecs. Il manquerait plus que le rugby mixte débarque pour que les sportives vous fassent goûter la terre.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Les Rugbymen du club de Paillar sont menés par un quatuor : le duo BeKa au scénario, Poupard au dessin et Maëla Cosson aux couleurs. Avec des entraîneurs comme eux, l’ovalie a fait plus que transformer son essai en bande dessinée. Sportif, drôle, et pas réservé qu’aux rugbymen.
Série : Les Rugbymen
Tome : 23 – Cet après-midi, vous avez carte bleue !
Genre : Humour plaqué
Scénario : BeKa
Dessins : Poupard
Couleurs : Maëla Cosson
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041109319
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
- Minato’s coin laundry 1par Laurent Lafourcade
Love laverie
« -Salut Shin.
-Bonjour, Monsieur Minato.
-C’est encore la canicule, aujourd’hui.
-A la télé, ils ont prévu plus de trente degrés.
-Sérieux ?! Hé, si c’est trop pénible, je t’autorise à te mettre dans le lave-linge.
-Non merci. »
Ayant hérité de la laverie de son grand-père, Minato Akira a décidé de changer de vie. Adieu le stressant fonctionnement du monde de l’entreprise pour l’ancien homme d’affaires, qui n’a pas exercé longtemps, mais qui aspirait déjà à une autre vie. En fonction depuis trente ans, la boutique est fréquentée par des clients du quartier et des personnes âgées. Alors, lorsque Katsuki Shintaro, dix-sept ans au compteur, commence à fréquenter les lieux, ça change des clients habituels. La discussion s’engage le jour où le lycéen s’étonne qu’un sèche-linge ne fonctionne pas alors qu’il a pourtant mis de la monnaie. C’était un simple fil débranché. Alors que Katsuki reste impassible, Minato est séduit par la musculature et la carrure du client. Il se ressaisit aussitôt. Celui-ci est bien jeune.
© Sawa Kanzume 2020 © Yuzu Tsubaki 2020
© 2025, Editions Vega, pour l’édition françaiseC’est une relation d’amitié qui va s’installer entre ces deux jeunes gens qu’une bonne dizaine d’années sépare. Mais vont-ils en rester là ? Dans une ambiance hors du temps, la laverie devient le lieu où son propriétaire se pose des questions sur ses sentiments et où son client bien particulier se découvre. C’est en réfléchissant à un sujet pour le prix junior d’un concours de scénario que la scénariste Yuzu Tsubaki a pensé à la minuscule laverie à l’ancienne près de chez elle, si petite qu’il était difficile d’y entrer à plus de cinq adultes. Elle l’a mise en scène lors d’une brûlante journée d’été, mêlant le chant des cigales et celui des tambours des machines.
© Sawa Kanzume 2020 © Yuzu Tsubaki 2020
© 2025, Editions Vega, pour l’édition françaiseSawa Kanzume dessine le quotidien de ces deux hommes annoncé pour durer. Son graphisme est aussi simple et délicat que l’histoire. Avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, le Yaoi, autrement appelé Boy’s love, ne verse jamais dans le prosélytisme et le sexe. Tout reste évasif (pour l’instant tout du moins) dans cette belle histoire d’amour dont la problématique dans la tête des personnages est plus la différence d’âge que le genre. Le duo est touchant. Il ne se passe rien mais il y est tant raconté. Les mangakas jouent sur les paroles et les regards. L’exercice est bien plus complexe qu’en apparence.
© Sawa Kanzume 2020 © Yuzu Tsubaki 2020
© 2025, Editions Vega, pour l’édition française« Je t’aime » est une simple phrase que l’on peut regretter de ne pas dire. Après tout, quels sont les risques ? Minato’s coin laundry brise avec délicatesse les frontières de choses encore inexplicablement incomprises par certains, pour plus de tolérance.
Série : Minato’s coin laundry
Tome : 1
Genre : Yaoi
Scénario : Yuzu Tsubaki
Dessins : Sawa Kanzume
Éditeur : Vega
ISBN : 9782379507472
Nombre de pages : 164
Prix : 8,35 €
- Un Berliet en orpar Laurent Lafourcade
Les corniauds
« -Alors ? Comment ça s’est passé ?
-Les doigts dans le nez, Lucine ! C’était presque trop facile !
-Je t’l’avais dit ! C’est du velours, cette affaire ! On n’a plus qu’à fourrer le flouze dans le Berliet et sa remarque.
-Minuto ! Il faut quand même qu’on vérifie la cargaison. Imagine que les malles soient vides !
-Tu te fais du mouron pour rien. J’suis sûr de mon indic. Mais s’il te faut ça pour te rassurer, on va te l’ouvrir, ce coffre. Alors, mes p’tits gars, 40 kilos d’or pur ! Jetez un œil à ça ! »
Paris, Place Vendôme, juin 1957. La célèbre bijouterie Van Clif & Arbels voit ses convoyeurs de fonds dépossédés de la malle qu’ils transportent. Un groupe de bandits à mains armées s’empare du magot avant de filer à bord de leur Traction avant Citroën. Pour éviter d’être pris en chasse, ils avaient pris soin de placer sur la route une 2 CV camionnette piégée, envoyant leurs poursuivants dans le décor. Un peu plus tard, les voici réfugiés au garage des transports Bonpain, qui font du régional, du national et de l’international. Le patron Lucien referme le portail derrière eux avant que tous admirent les quarante kilos de lingots d’or pur. Ils vont être planqués dans les voitures transportés et dans la cabine d’un Berliet. Direction dès le lendemain ni vu ni connu pour l’Italie.
© Weytens, Skiav, Larme – Paquet Suite à un bête accident de lingot tombé sur le pied, Lucien ne peut pas prendre le volant du camion. Il va donc charger l’un de ses innocents employé de faire le job. Sans le mettre dans la confidence du larcin, il demande à Dédé d’assurer la conduite du Berliet pour amener les voitures à Rome. Celui-ci propose à son pote Max de l’accompagner. Ils vont donc faire la route, surveillés de plus ou moins près par les voleurs d’origine qui veulent s’assurer du bon déroulement des opérations sans risquer d’être eux-mêmes pris dans la magouille en cas de souci avec les forces de l’ordre ou la douane.
© Weytens, Skiav, Larme – Paquet On est dans une histoire de gangsters à la Audiard. On chante du Charles Trenet sur la Nationale 7… Non, on ne chante pas, on risquerait de se faire flinguer. Capisci ? Fred Weytens écrit une histoire classique rondement menée. Un personnage féminin est rapidement introduit dans ce monde macho. Sauvée d’une agression par Dédé et Max, Sofia est une jeune femme qui prend sa vie en mains et qui ne sera pas si « décor » que ça. Les dessins Walthéry-compatibles de Skiav rentrent dans le cadre du franco-belge de l’âge d’or. Pour chercher la petite bête, certains personnages secondaires auraient demandé un peu plus de maîtrise. Sous les couleurs, classiques elles aussi de Patrick Larme, l’ensemble reste fort bien mené. Les amateurs de vieilles cylindrées et de tôle froissée seront enchantés.
© Weytens, Skiav, Larme – Paquet Encore une fois, la collection Calandre tient toutes ses promesses. Hommage non dissimulé au film de Gérard Oury Le corniaud, avec Bourvil et Louis de Funès, Un Berliet en or est le premier tome de ce qui a tout pour devenir une série de bagnoles des années 50.
One shot : Un Berliet en or
Genre : Polar automobile
Scénario : Fred Weytens
Dessins : Skiav
Couleurs : Patrick Larme
Éditeur : Paquet
Collection : Calandre
ISBN : 9782888907497
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €
- Un monde oublié 2par Laurent Lafourcade
Jurassic Love
« -Il faut être fou pour croire à une histoire pareille… Mais je vous crois !
-Songez un peu : un monde coupé du monde, couvert de forêts préglaciaires, peuplé d’hommes des cavernes, de ptérodactyles et de dinosaures ! J’en ai la chair de poule rien que d’imaginer Bowen et Miss La Rue affrontant les mille dangers de ce continent !
-Je partage votre sentiment, Billings… Si tout ceci est vrai, c’est tout bonnement incroyable ! Mais malgré l’horreur de la situation, la menace la plus redoutable à laquelle ils aient eu à faire face reste la trahison de Walsh… »
Bowen Tyler, ingénieur dans la marine américaine, fait partie d’un équipage disparu en mer, au large d’une île. Alors que son père vient de décéder, il est important pour Billings, le secrétaire particulier du patriarche, de prouver que le fiston est toujours vivant. Voici donc Billings bien décidé à se rendre sur place pour tenter de retrouver Bowen, et pourquoi pas tant qu’on y est Lys LaRue, dont le nom ne figure pas non plus sur la liste des rescapés. Une fois sur les lieux, trois options s’offrent à lui : 1.escalader la paroi de l’île à l’aide d’une échelle métallique, 2.lancer un harpon avec un filin qui serait tendu entre le yacht et le sommet, 3.assembler les pièces de l’hydravion emmené en kit pour survoler les lieux. C’est ce choix que va privilégier Billings.
© Gabor, Corbeyran, Oshima – Glénat A peine franchie la falaise qui entoure l’île, l’aviateur découvre un monde incroyable. L’île est peuplée de dinosaures. Un ptérodactyle manque de croquer l’hydravion qui amerrit en catastrophe sur un lac. Des diplodocus paissent paisiblement les feuilles d’arbres aussi hauts qu’eux. Une jeune femme court afin d’échapper à une panthère noire. Billings la sauve en tirant sur l’animal. Des hommes singes surgissent de la jungle. Belliqueux, ils s’enfuient après que le nouveau venu ne fait une nouvelle fois parler son fusil. Ne s’exprimant pas dans le même langage, le sauveur et la sauvée communiquent par langue des signes. Elle lui fait entamer une exploration de l’île. Au fil des péripéties, la liaison entre eux ne passe plus seulement par les signes. La route les mènera-t-elle jusqu’à Tyler ?
© Gabor, Corbeyran, Oshima – Glénat Second volet d’Un monde oublié, l’épisode clôt un premier cycle. Corbeyran adapte le roman de Burroughs avec un dynamisme certain. Si des scènes peuvent sembler désuètes, il faut remettre le roman dans le contexte de l’époque où il a été écrit. Pour une histoire qui a plus de cent ans, elle est étonnamment inventive. Il y a même une bestiole qui ressemble furieusement à une stryge, nommé ici un wieroo. Au dessin, Gabor suit le rythme imposé dans une immersion exotique hors de tous temps connus. Il n’hésite pas à sortir du classicisme dans des planches destructurées comme celle où l’explorateur est prisonnier. Les couleurs d’Hiroyuki Oshima et de The Tribe permettent de restent dans l’ambiance début XXème.
© Gabor, Corbeyran, Oshima – Glénat On a trop tendance à réduire Edgar Rice Burroughs à Tarzan. Des initiatives d’adaptation comme ce Monde oublié permettent de montrer la grande étendue de sa bibliographie.
Série : Un monde oublié
Tome : 2
Genre : Aventure
Scénario : Corbeyran
Dessins : Gabor
D’après : Edgar Rice Burroughs
Couleurs : Hiroyuki Oshima The tribe
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344039793
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
- # Les mémés 5 – Punks à chienpar Laurent Lafourcade
Mamies sans blues
« -Mon 1er mari était un alcoolique notoire ! Parfait’ment ! Notouâââre ! Même qu’il en a fait un AV ! Là ! Dans l’cerveau ! Une veine bouchée !
-Par un caillot ?
-Non, par un bouchon de Côtes-du-Rhône ! Extrrrêmement rare qu’il a dit le médecin ! »
« Punk is not dead ». Elles non plus ! Huguette, Lucette et Paulette ont huilé les roues de leurs caddies. Les voici prêtes pour ce cinquième volume de leurs aventures… au coin de la rue… parce qu’elles ne vont pas bien plus loin. Sauf la fois où Huguette est partie en Bretagne avec sa dépression. Une autre mémé est partie sur le bassin d’Arcachon avec ses hémorroïdes… qui sont revenues en pleine forme. Niveau santé, les mémés font attention à leurs dents, surtout à celle qui reste (au singulier). Trente-deux au départ, toutes tombées au champ d’honneur sauf une ! Le dentiste à intérêt à prendre soin à la der des ders.
En général, les mémés sont veuves. Ça ne les empêche pas de penser à leurs maris défunts, par exemple grâce à une séance de spiritisme avec une technique spécifique visant à booster la communication. Elles y pensent aussi devant le lave-linge. Une culotte rose, et là, qui arrive au loin ? Le slip bleu de l’époux. Gérard, reviens ! Il s’était caché derrière la chaussette. Les mémés sont aussi bien évidemment préoccupées par leur propre mort. Il faut se préparer et comparer les modèles et les prix des boîtes en bois. Et lors d’une visite au cimetière, Huguette, encore elle, est tombé dans le trou préparé par un tractopelle. Plus de peur que de mal. Ce serait presque une EMI (expérience de mort imminente).
Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Thalassa ? Derrick ? Starsky et Hutch ? Le juste prix ? Tournez manège ? Rien de tout ça. Un album des mémés est le meilleur moyen pour passer un bon moment. Sylvain Frécon est aux commandes de l’une des séries les plus drôles du moment. Etat des lieux et photographie du, non pas troisième, mais quatrième âge, #Les mémés offre un regard sur la France veuve. A peine clichés, les réflexions de ces mamies ne sont que l’image de ce que disent tout haut quand on les croise dans la rue ou au supermarché certaines vieilles dames indignes. Car elles se lâchent, nos vieilles. Privilège de l’âge, elles se fichent pas mal du qu’en-dira-t-on et n’ont pas de filtre.
Pour pisser de rire en toute sérénité sans avoir besoin d’une couche-confiance pour personne âgée, la série #Les mémés vous permettra de ne plus voir votre mamie du même œil.
Titre : # Les mémés
Titre : 5 – Punks à chien
Genre : Humour
Scénario, Dessins, Couleurs : Sylvain Frécon
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207615
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
© Frécon – Fluide glacial
- Fils du tonnerre 1 – Thor, enfant terriblepar Laurent Lafourcade
Complètement marteau !
« -Non mais tu m’as bien regardée ? Je ne suis pas ton facteur !
-Mais… Val’ ?!
-T’as qu’à demander à Ratatosk ! C’est mon boulot après tout.
-Oh non, pas l’écureuil… Il fait toujours tout de travers.
-Sinon, moi, ‘veux bien y aller ! Ouais, on veut bien y aller !
-Oui, voilà, t’as qu’à envoyer tes fils… Ça nous fera des vacances à tous. »
Le jeune Thor vient de recevoir un cadeau des nains. Il espère vivement que ce soit quelque chose qu’il a demandé. Trop bien, c’est un marteau ! Pas besoin de le faire ramener par Fenfir, le loup rejeton de Tonton Loki, il revient tout seul. Faut juste maîtriser le lancer et la réception. Ailleurs à Asgard, Odin demande en appel à son épouse Frigg quand est-ce qu’elle compte rentrer. La réponse est cinglante : dès qu’il aura prouvé qu’il peut éduquer ses fils et maintenir l’ordre au pays. Tout est loin d’être sous contrôle. Pour se faire des vacances, Val lui suggère d’envoyer ses enfants Thor et Vidar apporter le message qu’il voulait qu’elle amène à Jötunheim. La route sera longue et l’aventure épique.
© Ruiz, Toussaint, Noiry – Le Lombard Le monde de la mythologie nordique est très compliqué. Avec Fils du tonnerre, voici comment remettre de l’ordre au royaume d’Asgard. Odin en est le dieu principal. Il est l’époux de Frigg, déesse de l’amour et de la maternité. C’est elle qui met son époux à l’épreuve. Thor n’est pas encore le dieu du tonnerre. Il le deviendra. Mais pour l’instant, il tente d’accomplir sa mission avec son frère Vidar, beaucoup plus discret que lui. Thrym est le géant de Jötunheim, la contrée où ils doivent se rendre. C’est sans compter les bâtons dans les roues que vont leur mettre Loki, dieu de la ruse, de la malice et de la discorde, et ses trois enfants : la gothique Hel, Fenrir l’enfant-loup et Jörmungand, le serpent fourbe. Par ailleurs, il y a aussi Ratatosk, l’écureuil qui semble venir tout droit de l’imagination d’un scénariste de bande dessinée du XXIème siècle, mais qui est bel et bien issu de cette mythologie scandinave.
© Ruiz, Toussaint, Noiry – Le Lombard Après Télémaque, série en quatre tomes chez Dupuis qui revisitait la mythologie grecque par le biais des aventures du fils d’Ulysse, Kid Toussaint et Kenny Ruiz se retrouvent dans cet autre univers mythologique. Avec un scénario moderne et dynamique respectant néanmoins les sources de ce qu’il raconte, Kid Toussaint instruit, divertit et passionne. Sous les couleurs divines de Noiry, Kenny Ruiz dynamise le récit. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce voyage sur les terres des dieux nordiques. Le découpage punchy invite à un rythme de lecture soutenu, avec des compositions inédites comme la double-planche traversée par le marteau de Thor brisant les cases. A mi-chemin entre le format comics et le 48cc, la maquette de la série offre au lecteur une alternative qui devrait amener à la lecture ceux qui n’ont pas forcément le penchant pour, et bien sûr conserver les lecteurs aguerris.
© Ruiz, Toussaint, Noiry – Le Lombard Moins répandue en France-Belgique que les mythologies grecque et romaine, à part avec le Thor de Marvel, la culture panthéiste nordique trouve dans Fils du tonnerre une porte « magique » grâce à cette série qui la met à l’honneur avec une vivacité incroyable.
Série : Fils du tonnerre
Tome : 1 – Thor, enfant terrible
Genre : Aventure mythologique
Scénario : Kid Toussaint
Dessins : Kenny Ruiz
Couleurs : Noiry
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808214070
Nombre de pages : 88
Prix : 10,95 €
- Camille 1 – C’est parti !par Laurent Lafourcade
Girafe mon amie
« -Coucou ! Vous m’avez vue ? Je suis en train d’escalader l’Himalaya ! Facile, l’Himalaya ! Ben dis donc, ça grimpe fort ! Ah… C’est un petit peu raide là ! »
Camille est une girafe. Elle n’est pas comme ses consœurs qui se pavanent dans la savane en mangeant des feuilles d’acacias et de combretums. Non, Camille a des activités beaucoup plus diverses et diversifiées. Elle fait de l’aéroplane et des crêpes. Elle va à la pêche et gravit l’Himalaya. Elle tourne, tourne, tourne dans sa voiture. Elle peint tout partout et teste les toboggans. Peut-être pour son bébé ? Enfin, elle adore les livres : elle est libraire. Camille est curieuse et espiègle. Elle s’intéresse à tout et a une imagination débordante. Bref, Camille, c’est la copine qu’il vous faut.
© Duquennoy – La boîte à bulles Quand elle fait de l’aéroplane, Camille affronte toutes les météos : le vent, la pluie, l’orage et le brouillard. Comme elle apprend à tout piloter, elle peut amener sa grande famille dans les airs. Quand elle va à la pêche et que c’est le 1er avril, elle devrait prendre garde aux farces du petit poisson rouge. Quand elle teste les toboggans, Camille prend des notes détaillées, leur attribuant un certain nombre d’étoiles selon l’amusement qu’ils procurent. Lorsque son bébé n’arrive pas à s’endormir, quoi de mieux qu’un gros calinou. L’album se termine par un des plus beaux hommages aux livres qui puisse être.
© Duquennoy – La boîte à bulles Jacques Duquennoy donne une nouvelle vie à sa girafe. Ces neuf histoires de Camille sont regroupées dans la première compilation de ses aventures. Elle a fait les beaux jours des enfants et des éditions Albin Michel de 2003 à 2011 dans de petits albums qui ont eu un certain succès. Ses facéties sont aujourd’hui rééditées sous forme de compilations dans l’adorable collection La malle aux images des éditions La boîte à bulles. Elle ne pouvait trouver meilleure place qu’aux côtés du formidable Ours Barnabé de Philippe Coudray. Camille a le même esprit universel et tendre que Barnabé, sauf qu’elle, elle parle. Ses récits sont définis comme 25 % émotion, 25 % tendresse, 25 % humour et 25 % aventure.
© Duquennoy – La boîte à bulles Beaucoup d’entre nous ont commencé la vie avec la girafe Sophie (celle qui fait Pouêt Pouêt et que le chien de la maison prenait pour un jouet à lui). Dans ce monde de brutes où tout va trop vite, quoi de mieux que de la poursuivre, son enfance, avec les livres de Camille ? Ça se découvre tout petit, ça se lit, ça se relit à tout âge avec un brin de nostalgie, ça se transmet. Merci Camille et Jacques.
Série : Camille
Tome : 1 – C’est parti !
Genre : Mignonnerie
Scénario, Dessins & Couleurs : Jacques Duquennoy
Éditeur : La boîte à bulles
Collection : La malle aux images
ISBN : 9782849535097
Nombre de pages : 80
Prix : 11,50 €
- La dérive, une aventure de Michel et Zonzonpar Laurent Lafourcade
Folle aventure
« -Ah ! Vous voilà enfin !!
-?!!
-Cher assistant ! C’est moi, professeure Zonzon, l’intrépide botaniste.
-Heeu…
-Hum… Je vous imaginais plus costaud.
-Mais !
-Bon ! Allez, ça fera l’affaire ! Vous porterez le matériel. Hop là ! C’est partiiiii ! »
Michel Médor cherche du travail. Chez Croquette Studio, ça ne répond pas. Chez Baballe Factory, son profil n’a pas retenu l’attention de la direction. Il n’y a plus qu’à aller faire la queue à Espace Emploi. La file est longue avant de pouvoir s’entretenir avec un conseiller. A part une formation en ligne de cake design ou un engagement dans l’armée, il n’y a rien pour lui. C’est au food truck de son ami Gégé que Michel va tomber sur une annonce intéressante. Demain, un rendez-vous est proposé dès 8 heures du matin à tous ceux qui aiment l’aventure et le danger, devant le café de la gare. Le lendemain matin, sous une pluie battante, Michel est le seul prétendant pour devenir, il le découvre sur place, l’assistant de l’intrépide botaniste professeure Zonzon. Il portera le matériel. Le train va démarrer. C’est parti !
© Gardelle – Gallimard Michel n’a jamais entendu parler d’elle auparavant mais il paraît que les exploits de la prof sont réputés au sein de la communauté scientifique. Le duo doit se rendre sur le légendaire Mont-Hubert, site célèbre pour sa flore abondante et mystérieuse, mais aussi dangereuse. De nombreux botanistes, comme le célèbre Carl Von Linotte au XVIIIème siècle, y ont laissé des compagnons d’expédition et en sont revenus par miracle. Zonzon doit impérativement aller là-bas pour ses collègues disparus, pour l’amour de la science, pour la gloire et pour les subventions. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Michel, dont elle ne parvient jamais à se souvenir de son nom, accepte de la suivre… maintenant qu’il est là… Mais il ne sera pas le seul. Trois énergumènes locaux ont surpris leur conversation. Le piaf Ferdinand est chargé de les garder à l’œil. Y aurait-il quelque chose à cacher sur le Mont-Hubert ?
© Gardelle – Gallimard Premier album de Florence Gardelle, La dérive est une aventure loufoque. Ça aurait pu être une histoire d’Indiana Jones, archéologue explorateur à la recherche de civilisations perdues et poursuivi par des malfrats armés jusqu’aux dents. C’est l’histoire de la professeure Zonzon et de son assistant au cœur d’une forêt luxuriante surveillés par des « locaux » qui semblent vouloir protéger un secret bien gardé. Il y a tout autant de suspense, beaucoup moins de violence, et beaucoup plus d’humour. C’est fou, fou, fou, c’est décalé, c’est tendre et c’est drôle. Florence Gardelle a parfaitement réussi son coup d’essai. Quelques illustrations double-pages couleurs s’intercalent comme des respirations dans cet album en noir et blanc que n’aurait pas renié des artistes comme Roland Topor ou Jacques Rouxel (les Shadocks).
© Gardelle – Gallimard Embarquez dans une expédition au cœur d’une nature sublime. La professeur Zonzon vous prend comme assistant pour une aventure dont vous ne reviendrez peut-être pas. Imprévisiblement merveilleux.
One shot : La dérive, une aventure de Michel et Zonzon
Genre : Aventure loufoque
Scénario, Dessins & Couleurs : Florence Gardelle
Éditeur : Gallimard
ISBN : 9782075196130
Nombre de pages : 96
Prix : 21 €
- Si chères à mon cœurpar Laurent Lafourcade
Le journal d’une sage-femme
« -Les filles, j’en peux plus… Ça fait deux jours que je suis de garde la nuit. Je ne vois plus la lumière du jour…
-Je voudrais être sous ma couette devant un bon film…
-En salle 6, il y a une dame primipare, sans antécédents particuliers, grossesse de déroulement normal à 39 semaines d’aménorrhée plus 3 jours, col ouvert à un doigt, présentation plongeante. Elle est en tout début de travail. Bref, rien à dire sur le plan clinique. Par contre, je ne les connais peut-être pas assez bien, mais je les trouve bizarres.
-Ah bon, pourquoi ?
-Bah tu verras… «
Aucun accouchement ne ressemble à un autre. Anna est sage-femme depuis quinze ans. Envoûtée, passionnée par son métier, Anna nous emmène à la rencontre de ceux et celles qui sont si chers à son cœur et qu’elle aime tant : ses patientes et ses patients. Fascinée par la naissance, la mort, les hôpitaux et l’espace depuis toute petite, en décalage avec les enfants de son âge, sa voie était toute tracée pour être au service de la vie. Etudiante, à 19 ans, c’est en assistant à un accouchement qu’elle découvre son destin : elle sera sage-femme. Les accouchements, les urgences, la réanimation d’un nouveau-né, la réalité dépasse tout ce qu’elle a pu lire. Tout est fort, tout est vrai. Elle est à la bonne place. A 23 ans, elle prête serment : « Je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. » Ceci n’est que le début. Dans deux jours, elle effectuera sa première garde de sage-femme.
© Roy, Rubini – Hatier Aucun jour n’est pareil à un autre. Aucune famille n’est identique à une autre. Anna connaîtra les plus belles joies et les plus grandes tristesses, comme celle d’un enfant mort à terme. Dans les cas comme ça, il faut revêtir le masque de la bonne humeur pour poursuivre la journée et accueillir les patients suivants. Ces femmes enceintes n’ont pas à remarquer les soucis. Entre celles qui ne veulent pas passer d’examens et d’autres qui refusent ou retardent toute aide médicale, Anna devra sortir les arguments les plus forts pour donner les meilleurs conseils afin de les accompagner au mieux dans leur projet de naissance. Les plus belles victoires sont certainement celles pour lesquelles le parcours a été celui du combattant : surmonter l’endométriose et l’infertilité, puis réussir sa grossesse et son accouchement après parfois des années de lutte, n’est-ce pas un moment merveilleux ? Comme le dit Anna, encore faut-il que les soignants soient bienveillants.
© Roy, Rubini – Hatier L’album énumère les cas divers et variés, et sans tabous. On y parle de dépression post-partum, d’accouchement dans l’eau, de la mort subite du nourrisson et du déni du décès, de ménopause joyeuse, de conflits de couple après la naissance. Anna est à la fois infirmière, psychologue, soutien. Le dernier chapitre du livre est consacré à sa propre vie, et notamment sa grossesse, prouvant à toutes les femmes et se montrant à elle-même que, bien que sage-femme, elle est une femme comme les autres.
Lauréate du prix Gisèle Halimi, Anna Roy livre sa vie et dit tout sur le métier de sage-femme dans cet album dessiné par Stéphanie Rubini avec pudeur et respect. Ode au métier, ces « histoires au féminin pluriel » pourraient bien donner envie à certain(e)s d’exercer la profession.
© Roy, Rubini – Hatier Exigeant et difficile, le métier de sage-femme apporte autant qu’il reçoit. « Moi je veux être utile à vivre et à rêver », chantait Julien Clerc sur des paroles d’Etienne Roda-Gil. Anna Roy, comme toutes les sage-femmes, est utile à vivre et à aimer. En mettant les patientes à l’honneur, « Si chères à mon cœur » en est la meilleure preuve. Vous ne naîtrez plus comme avant. Emouvant.
One shot : Si chères à mon cœur
Genre : Biographie
Scénario : Anna Roy
Dessins & Couleurs : Stéphanie Rubini
Éditeur : Hatier
ISBN : 9782401104600
Nombre de pages : 160
Prix : 21,95 €
- Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 3 – Tintin en Amériquepar Laurent Lafourcade
Prends garde à toi, Al Capone !
« -Nous voici à Chicago, Milou !
-Taxi, Sir ?
-Conduisez-moi à l’hôtel Osborne !
-On est poli à Chicago.
-Ça va !… Ça va !… All right !… Les volets sont fermés : l’oiseau est pris !… »
3 septembre 1931, les premières planches de Tintin en Amérique paraissent dans Le Petit Vingtième. A 24 ans, Hergé est féru de cinéma américain. Des cow-boys aux gangsters, il s’intéresse à la vie et aux mœurs d’outre-Atlantique. C’est seulement son troisième scénario. Hergé a envie de mettre toutes les références possibles, ce qui donne à l’album un style succession de scènes enchaînées. Le véritable scénariste est encore en construction. Il n’empêche que l’épisode est incontournable, bourré de scènes cultes et est l’une des meilleures ventes de la série. Philippe Goddin, avec la participation de Dominique Maricq, revient sur la genèse de l’œuvre dans cette splendide collection déclinée de Hergé, Chronologie d’une œuvre, publiée entre 2000 et 2011.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Avant Tintin, un autre personnage de Hergé s’était confronté aux criminels de l’Amérique et aux indiens : Totor. En mai 1930, dans un terrain vague de Bruxelles, Quick et Flupke jouaient aux cow-boys. L’Abbé Wallez avait déjà demandé à Hergé de privilégier le Congo. Cette fois-ci, l’auteur est bien décidé à faire embarquer son héros sur un transatlantique pour une aventure dont le premier titre était Tintin à Chicago. Hergé se documente comme il le peut sur la société américaine. La prohibition a exacerbé la criminalité. Tintin va être kidnappé par la bande d’Al Capone. Même en la police, il n’est pas possible de faire confiance. Tintin va ensuite se rendre en territoire indien, à la poursuite de Bobby Smiles.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Cette découverte des coulisses révèle, non pas des secrets, mais des instants oubliés de la carrière d’Hergé, comme Tim l’écureuil, héros du Far-West, récit illustré réalisé en 1931 pour le grand magasin L’innovation. On rebondit sur cet aimable Monsieur Mops dont les images ont servi d’illustrations pour les grands magasins bruxellois Au bon marché.
Pour en revenir à Tintin en Amérique, si l’on vous dit Taupe-au-regard-perçant, Canard-embourbé, Bison-flegmatique ou Œil-de-bœuf, à quoi pensez-vous ? Ce sont les indiens que rencontrera Petit-Visage-Pâle, alias Visage-Pâle-au-Cœur-de-Coyote dans la version couleur, alias encore Tintin.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Quand on parle de scène culte, on ne peut s’empêcher de parler d’architecture et de Tintin passant d’une fenêtre à l’autre sur le mur d’un gratte-ciel new-yorkais.
Replongez-vous avec délectation dans cette troisième aventure du reporter à la houppe. Rendez-vous en Mars pour découvrir les coulisses des Cigares du Pharaon. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : Tintin Hergé Les coulisses d’une œuvre
Tome : 3 – Tintin en Amérique
Genre : Aventure
Auteur : Philippe Goddin
Avec la participation de : Dominique Maricq
Scénario & Dessins : Hergé
Éditeur : Moulinsart
ISBN : 9782810440276
Nombre de pages : 108
Prix : 19,95 €
- Tu mourras moins bête 6 – In moustachum veritaspar Laurent Lafourcade
Science avec conscience
« -Super ! Vous avez pas une comparaison moins grossophobe dans votre desace de boomeuse ?
-J’avoue, mais au moins, le lecteur est toujours là ! Puis on parle tout le temps de la pomme de Newton !!!
-Hm !
-Ben moi, je propose le « boule de Moustache »! »
Pourquoi le T-Rex a-t-il de si petits bras ? Voici la première des nombreuses questions auxquelles va devoir répondre la célèbre professeur Moustache, fille illégitime et moustachue d’Albert Einstein. Depuis de nombreuses années, les paléontologues ont analysé les ossements retrouvés. Cela leur a permis d’échafauder la théorie selon laquelle s’ils avaient des bras plus longs, ça accroissait les chances de blessures au combat et donc d’infection. Moins scientifique d’apparence, la question suivante porte sur l’empathie envers nos appareils ménagers. N’importe quoi ! Que nenni. Il y a une explication chimique à cela. La réponse est dans notre cerveau, dans la même zone que celle qui permet de reconnaître un pote dans la foule : le gyrus fusiforme.
© Montaigne – Delcourt Pour rester dans le sensoriel, on dit souvent que c’était mieux avant. Mais qu’est-ce qui le prouve ? John Trinkaux, disparu en 2017, est un chercheur dont la spécialité était l’étude des comportements chiants. Il va en particulier analyser l’attitude des enfants face à un Père Noël de grande surface. Avec l’aide de François Hollande (si, si), la professeure va nous expliquer l’onde gravitationnelle, avant de nous montrer que les cris des bébés nous sont insupportables depuis l’ère préhistoriques où les seuls que l’on n’oubliait pas étaient les nouveau-nés qui hurlaient. Préparez vos cernes sous les yeux.
© Montaigne – Delcourt Tiens, une question qui nous interpelle tous ! Est-ce qu’on pourra un jour faire parler les animaux ? Il y a eu de nombreuses expériences sur les singes et sur les chiens. C’est mal barré pour faire un débat avec eux. Autre question, qui vient celle-ci d’un certain Emmanuel M. : C’est quoi ce fichu Covid ? D’où que ça vient ? Prenez garde à vous, les virus ! Pour répondre à toutes ces questions et à bien d’autres, Marion Montaigne s’est entourée de chercheurs et de scientifiques qui l’ont aidé à comprendre et à vulgariser les différents sujets traités. Avec humour, dérision et sérieux, elle aborde des thèmes divers et variés qui nous intéressent tous. Même les préoccupations les plus pointues sont mises à portée de main. Ça fait quelques années maintenant que la série est adaptée en dessins animées sur Arte.
© Montaigne – Delcourt Qui tutoie les prix Nobel et les savants ? Qui peut rétrécir, voyager dans le temps ? Qui arbore sa pilosité sub-bucale et pense en dehors du bocal ? Qui sait expliquer ce qu’est la radiation ? Qui contacte-t-on pour poser une question ? Le professeur moustache ! Avec Tu mourras moins bête, Marion Montaigne a inventé la vulgarisation scientifique avec un grand V. Six albums déjà et la moustache est toujours frétillante.
Série : Tu mourras moins bête
Tome : 6 – In moustachum veritas
Genre : Humour scientifique
Scénario, Dessins & Couleurs : Marion Montaigne
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413086161
Nombre de pages : 256
Prix : 19,99 €
- La main du diablepar Laurent Lafourcade
La belle vie a un prix
« -Savez-vous qu’il ne tient qu’à vous de posséder une pareille maison ?
-Comment ça ?
-De combien d’argent disposez-vous ?
– 50 dollars… Non 49 et quelques cents…
– C’est bien peu en effet… Mais tant pis. Je vous la laisse à ce prix.
-De quoi parlez-vous ?
-Elle ! La main du diable ! Au fait : croyez-vous au diable ? »
Sur une route maritime entre Hawaï et San Francisco, à bord du steamer Caldonia, le célèbre écrivain Robert Louis Stevenson rencontre un homme qui va lui raconter une histoire extraordinaire. Cet homme, c’est Charles Dawson. Il habite à Honolulu. Dawson a lu « L’île au trésor » et « Docteur Jekyll et Mister Hyde ». Il sait que Stevenson adore les étranges histoires. Peut-être que celle qu’il a vécu intéresserait l’écrivain ? Dawson la lui racontera, mais quand elle sera terminée.
© Rodolphe, Griffo – Anspach Tout a commencé un an auparavant. Criblé par les dettes de jeu, Charles Dawson fait la manche à Honolulu dans l’espoir de récolter un pécule qui lui permettra de regagner San Francisco. Pour l’instant, il en est en tout et pour tout à quarante-neuf dollars. C’est alors que, l’apercevant dans la rue, le riche propriétaire d’une luxueuse villa l’invite à visiter les lieux et lui propose de lui vendre « La main du diable », pour les quarante-neuf dollars qu’il a en poche. Cet objet, à la forme d’une main avec une mitaine, permet d’exaucer tous les vœux : santé, fortune, amour… Que demander de plus ? De grands hommes l’ont possédé : James Cook, Napoléon. Alors, pourquoi chacun s’en est-il séparé ? Pourquoi cet homme veut la vendre ? Tout simplement parce que si l’on meurt en sa possession, Satan vous rappelle à lui en son royaume. La seule condition est de la vendre moins cher que le prix auquel on l’a acheté.
© Rodolphe, Griffo – Anspach Dawson doute de l’efficacité de l’objet. Son hôte lui propose de faire un premier vœu, comme celui d’avoir de nouveau dans sa poche la somme que lui a coûté la main après l’avoir payée. Elle y est ! L’ancien clochard repart donc avec l’objet et commence une vie de patachon, entouré de luxe et de femmes. Après quelques temps, ayant amassé des sommes considérables, il décide de s’en séparer. Un jour funeste, il apprend qu’il est atteint d’un mal incurable. Seule la main pourrait le guérir. Il va falloir la retrouver et pouvoir la racheter.
© Rodolphe, Griffo – Anspach Au-delà d’une simple malédiction, La main du diable questionne sur le sens de la vie. Le scénario de Rodolphe s’inspire d’une nouvelle de Stevenson « The Bottle Imp », Le Diable dans la bouteille. Il met l’auteur en abime montrant comment il aurait pu créer son histoire. Au dessin, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu Griffo à ce niveau. Qu’est-ce que ça fait plaisir de retrouver le dessinateur de Giacomo C. en grande forme.
One shot : La main du diable
Genre : Drame
Scénario : Rodolphe
Dessins & Couleurs : Griffo
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105351
Nombre de pages : 56
Prix : 16 €
- Au chant des grenouilles 2 – Le concourspar Laurent Lafourcade
Mercotte, au jury !
« -Pour gagner, on doit surprendre le jury ! Prendre des risques ! Retournons vite dans la forêt. On trouvera sûrement une idée.
-Et si on allait voir Uriana pour lui demander conseil ?
-Mais c’est de la triche ! »
Tout le monde s’affaire au petit village de Greenwood, surtout les candidats au concours de pâtisserie. Les parents de la chouette Vanille accueillent les amis de celle-ci pour s’y préparer. Trouveront-ils la recette du gâteau aux légumes avec un élément provenant d’un arbre qui leur permettra de remporter la compétition ? Moss a une longueur d’avance ; elle a eu toutes les règles du concours avant. Honey regrette de ne pas avoir écouté ses parents. Il faut se ressaisir. L’union faisant la force, tout n’est pas perdu. L’important est de choisir pertinemment l’élément venant de l’arbre. Il va falloir prendre des risques pour surprendre le jury. La sorcière Urania aurait peut-être une idée.
© Almanza, Canepa, Halard, Rigano – Oxymore Vanille et Shadow décident de se rendre chez elle. Celle-ci leur suggère des glands. C’est bon, les glands. Sauf que ce n’est pas du tout la saison. Heureusement que Snow en a toute une collection. Vanille a travaillé toute la nuit pour imaginer la recette et dessiner le gâteau qui va peut-être les faire gagner. Il y a de la farine de glands de chêne, des œufs, du miel, du beurre et du sel, trois sortes de salades, des carottes, des pétales de fleurs et de la betterave. Dans quelques heures, le grand jury élira le meilleur gâteau que Greenwood ait jamais vu, le meilleur et le plus beau !
© Almanza, Canepa, Halard, Rigano – Oxymore Après un premier tome introductif, ce deuxième volume d’Au chant des grenouilles présente une vraie histoire. Jérémie Almanza succède à Florent Sacré dans une incroyable cohérence graphique. C’est somptueux. Giovanni Rigano conserve les quelques planches encyclopédiques, permettant aux lecteurs de tout savoir sur le chêne, alias le papy des forêts, sur les lucioles, ainsi que sur, et c’est le plus incroyable mais vrai, la façon qu’on les arbres pour communiquer entre eux. Barbera Canepa et Anaïs Halard scénarisent cette chronique forestière au fil rouge fantastique.
© Almanza, Canepa, Halard, Rigano – Oxymore Au chant des grenouilles s’installe comme une série merveilleuse dans tous les sens du terme, de celles que ne peuvent comprendre que les enfants et ceux qui n’ont jamais quitté l’enfance.
Série : Au chant des grenouilles
Tome : 2 – Le concours
Genre : Bucolisme
Scénario : Barbara Canepa et Anaïs Halard
Dessins : Jérémie Almanza
Couleurs : Jérémie Almanza & Barbara Canepa
Dessins des pages encyclopédies : Giovanni, Rigano
Éditeur : Oxymore
Collection : Métamorphose
ISBN : 9782385610708
Nombre de pages : 48
Prix : 14,95 €
- Nonolulu 1 – L’île super perduepar Laurent Lafourcade
Le club des 6 exotique
« -Tout le monde va bien ?
-Kof kof !
-Bon bah, on fait quoi maintenant ?
-Regardez ce que j’ai trouvé ! Il y a un message dedans ! C’est l’écriture de ma mère. »
Au large d’une île déserte, un voilier est en train de sombrer. Six enfants nagent comme ils le peuvent pour rejoindre la rive. Leurs parents ne leur ont laissé que des bouteilles à la mer. « Attendez sagement notre retour, on est partis chercher de l’aide… » Signé Maman. Les autres recommandations demandent aux plus grands de s’occuper des plus jeunes, aux plus petits de bien les écouter, et à tous de ne pas laisser faire n’importe quoi à Nonolulu. Cette dernière est un peu vexée. La confiance règne.
© Battault, Méhée – Auzou BD Nonolulu, c’est la cheffe, mais que dans ses rêves. Les plus grands sont Charlotte, madame Je-sais-tout, et son cousin Jean, un peu trop sage mais gentil. Allistair est le petit frère de Charlotte, c’est le véritable intellectuel de la bande. Quant à Kim et Bao, ce sont les jumeaux casse-cou. Tout ce petit monde va devoir apprendre à cohabiter et survivre sur cette île dont les plus grands dangers, si danger il y a, sont l’écho farceur d’une grotte et un bernard-l’hermite chapardeur. Ouistitis, perroquets et tortues complètent la faune locale. Il reste même un dodo !
© Battault, Méhée – Auzou BD Nonolulu est une série parfaite pour de premiers lecteurs. Avec des gags simples (mais pas simplets) de Paule Battault, un graphisme kawaï et des couleurs solaires de Loïc Méhée, le petit album a tout pour attirer le chaland. Les enfants s’imagineront avec délectation dans la peau de Nonolulu, petite fille décalée à la répartie bien pensée. « Il y avait trois bananes dans le garde-manger… Peux-tu m’expliquer pourquoi il n’en reste plus qu’une ? » « Bah, parce que j’avais pas vu la troisième ! » Ils verront en Charlotte celle qui veut commander et qui ne parvient pas à se faire entendre, celle que l’on aime bien prendre à contre-pied en la taquinant. Ils trouveront dans les jumeaux les petits frères coquins dont on voudrait qu’ils ne soient pas là mais qui nous manquent énormément quand ils sont absents.
© Battault, Méhée – Auzou BD Pour des vacances forcées sur une île comme celle-ci avec Nonolulu et sa bande, on signe tout de suite. Et les parents dans tout ça ? Ils vont revenir quand ? Le plus tard possible on espère.
Série : Nonolulu
Tome : 1 – L’île super perdue
Genre : Humour paradisiaque
Scénario : Paule Battault
Dessins & Couleurs : Loïc Méhée
Éditeur : Auzou BD
ISBN : 9791039542555
Nombre de pages : 104
Prix : 11,95 €
- Bienvenue chez Smitch entreprise modernepar Laurent Lafourcade
Qui veut être mon associé ?
« -Je vous ai réunis pour faire taire cette rumeur d’achat. Nous ne sommes encore qu’en phase de négociation. Mais soyez assurés que notre première préoccupation est nos collaborateurs. Nous avons à cœur de défendre vos intérêts. Inutile, donc, de précipiter les choses. Et je vous le dis, les yeux dans les yeux… Lambertin & Fils sera toujours votre maison. »
Branle-bas de combat chez Lambertin & fils. Le rapprochement avec Smitch international va les propulser dans le Top 10 du business. A nous, l’Amérique ! L’entreprise Smitch génère le PIB du Mozambique. Voilà justement Monsieur Smitch qui arrive… à trottinette. Laurent Lambertin l’essaye illico. Au départ, il n’est pas vraiment décidé à vendre, mais quand il regarde le chèque que lui tend l’acheteur, ça change la donne. Encore faut-il que Papa soit d’accord. Si l’on veut entrer dans la cour des grands et conquérir le monde, il n’y a pas le choix. Bref, l’affaire va se faire. Lambertin & fils sera toujours la maison de ses employés, mais en un peu plus américain quand même.
© Tartrais – Fluide glacial Bienvenue chez Smitch est une fable grinçante et drôlissime sur le monde de l’entreprise. Les open spaces et les visio-conférences n’auront plus de secrets pour vous. La machine à café est le lieu de passage obligé. La photocopieuse fait figure de déesse aux pieds de laquelle tout le monde se prosterne. On a beau s’américaniser, les délégués syndicaux restent des délégués syndicaux. Les merguez sont en train de chauffer sur le barbecue du piquet de grève. Si les employés savent à peu près à quoi s’attendre, ce n’est pas le cas du nouveau stagiaire qui débarque alors que tout le monde se casse, il n’y a pas d’autre mot, en week-end prolongé.
© Tartrais – Fluide glacial Erik Tartrais sait de quoi il parle. Dans les années 90, après avoir renoncé à une carrière d’artiste proche de la nature, il opte pour le métier de publicitaire. A lui les costards-cravate dans une entreprise capitaliste et bourgeoise. Ce choix lui reviendra en pleine figure à la quarantaine, de plein fouet. Il renonce aux tickets-resto à 15 €. Son expérience aura au moins eu le mérite de nourrir ce livre poilant fait de courtes séquences de trois planches intercalées avec de grands dessins humoristiques à la Voutch. Les équipes d’Envoyé Spécial peuvent aller se rhabiller. Le vrai reportage, il est dans des bouquins comme celui-ci.
© Tartrais – Fluide glacial Qui veut être mon associé ? Travailler dans une entreprise moderne est un rêve qui vous semblait inaccessible ? Avant de postuler, lisez quand même Bienvenue chez Smitch. Vous aurez un bel aperçu de ce qui vous attend.
One shot : Bienvenue chez Smitch entreprise moderne
Genre : Humour d’entreprise
Scénario, Dessins & Couleurs : Erik Tartrais
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207387
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €
- Une aventure de Jeff Mistral 1 – Mort imminentepar Laurent Lafourcade
Mistral gagnant pour l’esprit Tillieux
« -C’est ici qu’aurait dû être exposé Lucie, l’un des plus beaux diamants au monde ! C’était le joyau de notre exposition dont l’inauguration était prévue ce soir ! C’est incompréhensible. Toutes les mesures de sécurité ont pourtant été prises et il a été volé cette nuit ! Regardez, Monsieur Mistral… C’est Lucie. Il faut retrouver ce diamant coûte que coûte !
-Et où était-il rangé cette nuit ?
-Venez, je vais vous montrer ! »
Septembre 1962, Musée des arts décoratifs de Paris, salle des expositions, 8 h du matin. Alors qu’il se trouvait dans un coffre-fort réputé inviolable, Lucie, l’un des plus beaux diamants du monde, a été dérobé. Les serrures ont été fracturées mais le coffre a été ouvert sans dégât. Tout cela est bien étrange. Le détective privé Jeff Mistral est engagé pour retrouver le joyau et le voleur. Ce dernier connaissait forcément les codes de l’alarme et du coffre. Le lendemain, l’enquêteur se rend au bar des amis de la marine, dans le 7ème arrondissement. Il y a été invité par une mystérieuse Lucie… comme le diamant. La femme qui l’a convié va lui raconter une étrange histoire.
© Andrieu, Julié, Dumas – Klev La dame lui apprend que c’est son conjoint Aristide Klein qui a volé le diamant. Si elle informe le détective, c’est pour qu’il l’aide à se sortir du guêpier dans lequel il s’est fourré, car le vol a suscité bien des convoitises. Si le vol a pu être commis aussi facilement, c’est parce que depuis qu’il a eu un accident de voiture il y a quelques années de cela, Aristide, ayant vécu une expérience de mort imminente, peut dorénavant sortir son esprit de son corps pour observer ce qu’il veut où il veut. Craignant de trop gros ennuis, Aristide serait prêt à rendre le fruit de son larcin. Tout cela semble tellement étrange. N’y aurait-il pas anguille sous roche ?
© Andrieu, Julié, Dumas – Klev Amateurs de vieilles cylindrées et adorateurs de Maurice Tillieux, cet album est fait pour vous. Les nostalgiques de Gil Jourdan trouveront chez Jeff Mistral une partie de l’ADN qui a fait le succès de cette série représentative de l’âge d’or de la bande dessinée. A l’époque, les histoires étaient dans le jus contemporain. Aujourd’hui, on fait un bond en arrière dans le temps d’une soixantaine d’années. Olivier Andrieu y met tous les ingrédients nécessaires pour que la sauce prenne. Il flirte avec le surnaturel comme a pu le faire Tillieux. Rassurez-vous : tout, absolument tout, est justifié. Pour ajouter à la mise dans l’ambiance, Jeff Mistral a un petit côté André Pousse, l’un des seconds rôles emblématiques du cinéma de gangsters.
Après Urbain Pujol paru l’an passé chez Idées Plus, Alain Julié, connu pour avoir longtemps dessiné Les Vélos Maniacs chez Bamboo, reste dans l’univers des années 50/60. Il nous offre entre autres une course poursuite mémorable entre une DS Citroën et une Peugeot 404, près des mythiques usines Renault de Boulogne-Billancourt sur l’île Seguin. Les couleurs de Claire Dumas immergent à merveille dans l’époque. La coloriste réhausse la ligne claire impeccable du dessinateur tout en restant dans une cohérence classique légèrement modernisée, juste ce qu’il faut, par quelques ombrées.
© Andrieu, Julié, Dumas – Klev Enfin, il est des cahiers bonus qui servent juste à faire croire aux lecteurs qu’ils ont intérêt à acheter une première édition pour avoir quelques simples croquis. Ici, c’est un riche dossier qui nous est proposé, avec tout le dessous du travail des auteurs et les premières planches en noir et blanc.
Du bon polar ficelé bien comme il faut, avec ses bandits et ses poursuites, Jeff Mistral est la promesse d’un joli moment de BD, comme à la grande époque. Tout ça prouve qu’un âge d’or ne s’en va complètement jamais.
Série : Une aventure de Jeff Mistral
Tome : 1 – Mort imminente
Genre : Polar
Scénario : Olivier Andrieu
Dessins : Alain Julié
Couleurs : Claire Dumas
Éditeur : Klev
ISBN : 9782959206627
Nombre de pages : 72
Prix : 15 €
- CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection Franco-Belge métal 3ème éditionpar Laurent Lafourcade
Enluminez vos bibliothèques
« Cette collection est conçue pour les passionnés et les amoureux d’objets dérivés en lien avec l’univers de la bande dessinée. En quête d’enrichir votre collection, cet ouvrage est indispensable pour trouver la référence des pièces qu’il vous manque et qui viendront embellir vos étagères. »
Après Philippe-Antoine Guénard, créateur de la société Pixi, pour la précédente édition, c’est Tony Dhaussy qui préface le nouvel argus mis à jour de figurines franco-belge en métal, orchestré par Christian Mallet. Les deux hommes se sont rencontrés il y a une dizaine d’années et ont co-écrit le CAC3D sur les Schtroumpfs. Leur passion commune pour les produits dérivés les a réunis. 31 fabricants sont recensés dans ce volume, soit douze de plus que dans l’édition précédente. Un coup d’œil sur la chronique qui y était consacrée vous donnera un premier aperçu. Attardons-nous ici sur quelques objets qui n’y figuraient pas.
© Mallet – Côte-à-cas éditions 275, c’est le nombre d’exemplaires de la scène Pixi représentant Blake, Mortimer et Nasir au pub. En métal polychrome, la miniature tirée de l’univers de Jacobs coûte 345 €. Les trois personnages sont attablés. Il y a quatre chaises. Des bières ont été servies. Un vieux poêle à bois complète la scène.
Toujours chez Pixi, Lucky Luke et Jolly Jumper sont pliés de rire sur un bronze de 28 cm produit à seulement 60 exemplaires. Si on vous dit 57,14 €, c’est son prix au centimètre parce que l’objet coûte 1600 €.
On retrouve les Schtroumpfs dans une scène adorable avec Le coffre à BD des Schtroumpfs. Le grand Schtroumpf, le Schtroumpf à lunettes, un Schtroumpf lambda, la Schtroumpfette et le bébé Schtroumpf lisent leurs propres albums, chez Pixi encore, pour 390 € en 300 exemplaires.
© Mallet – Côte-à-cas éditions Impossible de passer à côté de la sublime plaque émaillée éditée par côte-à-cas éditions représentant un dessin inédit de Achdé. Lucky Luke et Jolly Jumper chevauchent vers le soleil couchant. On peut se la procurer pour 349 € en version couleurs et pour 299 € en noir et blanc. Produites par l’émaillerie belge, elles inaugurent la collection « Les plaques légendaires ».
Qui pour faire une partie de baby-foot avec Lucien et ses copains ? Céline Godard a sculpté la scène pour Like an angel, d’après Frank Margerin. Les 60 exemplaires coûtent 546 € pièce.
© Mallet – Côte-à-cas éditions C’est la troisième édition de cette encyclopédie des figurines de collection franco-belge métal. Christian Mallet remet à jour ses argus tous les trois ans. Ça va être très vite être le cas du volume consacré à l’univers de Hergé dont la nouvelle mouture sort le 1er mars. En attendant, cet opus sur les figurines métal sera du meilleur effet sur votre table basse lorsque vous recevrez des invités ou pas.
Série : CAC 3D – Encyclopédie des produits dérivés
Tome : Encyclopédie des figurines de collection Franco-Belge métal 3ème édition
Genre : Argus
Auteur : Christian Mallet
Éditeur : Côte-à-cas éditions
ISBN : 9782491066413
Nombre de pages : 274
Prix : 44 €
- Les morsures de l’ombrepar Laurent Lafourcade
Dialogues avec mon prisonnier
« -Lydia ?
-Je vois que la mémoire vous revient, commandant !
-Lydia, pourquoi m’avez-vous enfermé là-dedans ? C’est quoi, ce jeu ? La plaisanterie a assez duré, Lydia ! Alors, vous allez ouvrir cette grille et… Et où est mon flingue, d’abord ?
-Votre arme est entre mes mains, désormais. Tout comme votre vie… »
Un homme se réveille enfermé dans une cellule au sous-sol d’une maison. C’est Benoît Lorand, un flic. Il a été désarmé et démuni de son téléphone. Sa soirée de la veille lui revient petit à petit. Une conquête dans un bar qui l’amène chez elle, une soirée emballée, … Comment se fait-il qu’il se retrouve ainsi prisonnier ? Sa geôlière tarde à lui donner des explications. Ce qu’elle veut, c’est le regarder mourir. Pendant ce temps, au commissariat central de Besançon, on s’inquiète de la disparition du collègue. Djamila est chargée de l’enquête. Elle part interroger Gaëlle, l’épouse du disparu. Elle connaît les frasques nocturnes de son mari mais n’a jamais souhaité divorcer. Ils ont un fils de trois ans.
© Beausang-O’Griafa, Delaporte, Lofé – Philéas Voici un univers polar où les flics ont autant de parts d’ombre que les malfrats qu’ils ont l’habitude de traquer et de mettre sous les verrous. Si Benoît Lorand est porté sur l’alcool et les femmes, son supérieur a le vice du jeu. Il est prêt à utiliser des moyens illicites pour renflouer ses dettes et continuer à jouer à crédit. Son statut donne confiance. De l’autre côté, Lydia n’a pas l’apparence d’une kidnappeuse. Elle est psychologiquement perturbée et se rend régulièrement chez sa psy. Elle a un rapport complexe avec sa mère qui la pense folle. Au fil de ses rendez-vous et de ses joutes verbales avec son prisonnier, Lydia va dévoiler son vrai visage et justifier ses agissements.
© Beausang-O’Griafa, Delaporte, Lofé – Philéas Après l’exceptionnelle saga historico-humaine Visages ceux que nous sommes, le scénariste Miceal Beausang-O’Griafa adapte le polar sombre de Karine Giébel. Quasi huis-clos dans le sous-sol d’une maison, il réussit à faire monter la tension crescendo, notamment par ses talents de dialoguiste. Le roman a ceci de passionnant que les rôles de victime et de bourreau sont poreux. Au fil de l’histoire, les empathies pour les personnages changent de camp. La prestation est difficile à jouer. Pour y parvenir, les adaptateurs se transforment en metteurs en scène de théâtre. Dans un graphisme réaliste très charbonneux, avec de forts aplats noirs, Xavier Delaporte pose une tension palpable. On pourrait parfois se croire dans un roman-photo, avec tout le respect que l’on doit au genre, permettant de rentrer au plus près dans la tête des personnages. Greg Lofé complète le dessin par ses couleurs, même sombres quand elles sont claires, en parfaite adéquation avec cette histoire qui aurait pu faire partie de la mythique collection Série noire. Référence plus récente, on ne peut s’empêcher de penser à Joe Goldberg, l’assassin à la cage de verre de la série You, elle-même adaptée du roman Parfaite de Caroline Kepnes. Mais le livre de Giébel est plus ancien ; il date de 2007. Serait-ce lui qui aurait inspiré l’autre ? Ceci est une autre histoire.
© Beausang-O’Griafa, Delaporte, Lofé – Philéas Rien n’est manichéen dans Les morsures de l’ombre. Tout est machiavélique. Ce best-seller du polar trouve dans la bande dessinée un écrin qui le met en valeur.
One shot : Les morsures de l’ombre
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Miceal Beausang-O’Griafa
D’après : Karine Giébel
Dessins : Xavier Delaporte
Couleurs : Greg Lofé
Éditeur : Philéas
ISBN : 9782491467890
Nombre de pages : 96
Prix : 19,90 €
- La forêt d’Oreka 1 – Une longue nuitpar Laurent Lafourcade
Un monde fou, fou, fou
« -Tu vas nous manquer, Hannah, mais crois-moi… Tu n’oublieras jamais cet été. »
Quand la petite Hannah est déposée par ses parents chez son grand-père qui habite un cabanon de bois au beau milieu d’une forêt, elle n’imagine pas encore l’intensité du séjour qu’elle va vivre. Et pourtant, elle n’a pas envie de rester. Rien que de penser à la forêt, aux loups et aux bruits, elle est terrifiée. Son aïeul la rassure. Elle n’a pas à s’inquiéter de tout cela. Elle doit juste se tenir à l’écart si elle voit un corbeau. Ses craintes ne vont pas l’empêcher d’aller se promener toute seule dans les bois. C’est là qu’elle va faire de premières rencontres bizarroïdes : un écureuil qui parle, des lapins qui jouent aux cartes, un tortue violoniste et des canards bodybuildés. Ce n’est pas tout. Il y a aussi un arbre qui sort de son trou et un village de gnomes.
© Sordo – Dupuis Quand papi vient la rejoindre, il lui explique qu’elle n’a rien à craindre de tout cela. Il lui apprend que cette forêt est la plus ancienne au monde. C’est l’origine de tout. Elle est pleine de secrets. Bien avant l’existence des humains, la forêt d’Oreka est le foyer des premiers habitants de la Terre. L’esprit de la forêt, le vent, l’eau, ainsi que les dames du jour et de la nuit vivent tous ici. La forêt est divisée en deux parties : celle appartenant à la dame du jour et dans laquelle vit le grand-père, puis l’autre plongée éternellement dans la nuit obscure. Cet été, Hannah ne verra donc pas la nuit, sauf si elle s’aventure de l’autre côté…
© Sordo – Dupuis Lewis Caroll peut aller se rhabiller. Paco Sordo et sa forêt déjantée débarquent. L’univers est complétement fou, fou, fou, avec des personnages plus truculents les uns que les autres. Le pompon revient à Infiniticochon, le porc qui va accompagner nos héros. C’est bien pratique, on peut en découper des bouts pour en manger, ça repousse. Il n’a même pas mal ; ça le chatouille. Tout va dérailler lorsque papi va retrouver sa maison dévastée par un arbre qui a poussé en dessous. Pour les animaux, c’est un coup de l’esprit de la forêt, pas ravi du tout qu’une petite citadine soit là. Le trait universel de Sordo parle aux enfants. Il a lu Roal Dahl et Eric Kästner pour les amener dans ce monde barré. La maquette de la couverture est aussi belle que l’histoire est folle.
© Sordo – Dupuis Quand la bande dessinée pour enfants donne l’impression de raconter n’importe quoi mais que c’est au final si finement construit, que demander de plus ? La forêt d’Oreka n’a pas fini de dévoiler ses mystères.
Série : La forêt d’Oreka
Tome : 1 – Une longue nuit
Genre : Aventure humoristique
Scénario, Dessins & Couleurs : Paco Sordo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808501958
Nombre de pages : 104
Prix : 12,95 €
- Rebuild the world 010par Laurent Lafourcade
Shopping & Concurrence
« -Salut, Cheryl. Qu’est-ce qu’il y a ?
-J’aurais un service à te demander, Akira. Est-ce que tu veux bien nous accompagner pour faire des achats ? On aurait besoin d’aller dans des magasins où les enfants des taudis ne sont pas les bienvenus. Ça ne te dérange pas ? »
Alors qu’Akira et Alpha récoltent des reliques dans des vestiges on ne peut plus ordinaires, le chasseur reçoit un appel de Cheryl. Celle-ci lui prie de l’accompagner dans des magasins où les enfants des taudis ne sont pas les bienvenus pour faire des achats. Pourquoi pas après tout ? Il a du temps à tuer avant la prochaine disponibilité d’Elena et Sarah pour partir en territoires inexplorés. Voici donc Akira, aguerri aux affrontements dans des zones sauvages, transformé en escort boy pour du shopping dans des boutiques de luxe.
© Kirihito Ayamura 2023
© Nahuse 2023
© 2024, Editions Vega, pour l’édition françaiseEchange de services, Akira va par la suite demander à Cheryl de venir avec lui explorer des ruines qu’il vient de découvrir afin de l’aider à rapporter les reliques qui s’y trouvent.
Les essais vestimentaires de Cheryl permettent à Kirihito Ayamura de développer son trait dans des costumes et des drapés plus originaux. C’est vraiment le seul intérêt de la première partie de ce dixième volume de Rebuild the world, très poussive et tirant à la ligne. Par bonheur, ça ne va pas durer. L’ADN de la série revient en force en milieu d’épisode. Direction la cité de Narahagaka. Mais nos héros ne sont pas les seuls. Il y a des monstres à exterminer et des ennemis avec qui il va falloir jouer des coudes. De vrais rôles de méchants identifiés apparaissent. Akira va devoir plus que jamais s’affirmer.
© Kirihito Ayamura 2023
© Nahuse 2023
© 2024, Editions Vega, pour l’édition françaiseContre toute attente, Rebuild the world est aussi une série féministe. Derrière le « mâle » Akira, ce sont les héroïnes qui mènent le bal. Si Elena et Sarah n’apparaissent qu’au tout début, elles sont pour Akira une référence dans le métier de chasseurs de reliques, ces sortes d’archéologues armés des temps modernes. Alpha, sous forme d’esprit, représente le double féminin d’Akira et influence ses pensées. Indubitablement amoureuse d’Akira, Cheryl démontre qu’on peut être à la fois féminine et aventurière. Loin du cliché des personnages shôjo, elle s’affirme comme un personnage clef dans l’entourage d’Akira. Il en est dépendant. Elle le rassure. Il en a besoin même dans les moments où il est au premier plan, rappelant l’adage : « Derrière chaque grand homme se cache une grande femme. ».
© Kirihito Ayamura 2023
© Nahuse 2023
© 2024, Editions Vega, pour l’édition françaiseUne fois passé la (longue) parenthèse du début, on retrouve avec plaisir l’essence de la série. Rebuild the world est une saga post-apocalyptique qui se densifie.
Série : Rebuild the world
Tome : 10
Genre : Shonen
Roman d’origine : Nahuse
Dessins : Kirihito Ayamura
Design des personnages : Gin
Design de l’univers : Yish
Design des machines : Cell
Éditeur : Vega
ISBN : 9782379503689
Nombre de pages : 178
Prix : 8,35 €
- Aventurosaure 6 – La promesse de Tyratopspar Laurent Lafourcade
L’heure du choix
« -Je… Je suis très inquiet pour Rex et Patchy.
-Je sais, Braki. Moi aussi ! C’est pour ça que je m’équipe… Pour être prêts quand on va les secourir, tu comprends ?
-Absolument. Désolé… Je dois me ressaisir !
-Tu en auras le temps, car on a beaucoup de chemin devant nous…
-Tu as un plan ? Où veux-tu aller, Cory ?
-Je veux aller venger mes parents ! »
Une famille comme une autre dans un petit village isolé. Des parents bordent leur fille qui s’apprête à s’endormir. Une belle journée les attend demain…ou pas. Des cris retentissent au dehors. Torus, le papa, empoigne une fourche et quitte la maison, ordonnant à son épouse et à son enfant de rester à l’intérieur. La maman demande à sa fille de monter sur le toit par la cheminée et de courir se cacher dans la forêt. « Ils » veulent tout brûler et capturer les enfants. A l’extérieur, la petite assiste à une vision d’horreur. Le village est en flammes et son père git à terre. La rescapée va devoir prendre toute seule son destin en mains. Cette scène s’est déroulée il y a quelques années déjà. On connaît bien cette orpheline : c’est Cory. Elle sera élevée par le clan Ninjaptor.
© Paré-Sorel – Presses aventure On retrouve Cory de nos jours avec Gogo et Braki. Cory veut venger ses parents, mais il faut aussi sauver Rex et Patchy. Prisonnier de l’ignoble empereur Tyratops, Rex croupit dans une geôle de la forteresse du général Ank. Ce dernier, que l’on pensait définitivement out, n’a pas dit son dernier mot. Quant à Patchy, elle est toujours malgré elle l’apprentie de la sorcière Ovi. Elles doivent se rendre chez l’empereur afin de lui faire part de la dernière trouvaille de la magicienne maléfique. Tout ce petit monde va se rejoindre à la forteresse où Tyratops compte bien se servir de Rex pour honorer une promesse qu’il a faite il y a longtemps à un être qui lui est extrêmement cher. Si Rex lui obéit, il pourra retrouver sa mère, sinon il assistera à la mort de tous les villageois de Crétincia. Va-t-il céder au chantage ?
© Paré-Sorel – Presses aventure La tension est à son comble dans ce sixième épisode d’Aventurosaure. Dans de nombreux récits d’heroïc-fantasy, on suit la quête initiatique d’un personnage. Ici, chacun d’entre eux accomplit son destin. Si la série est intergénérationnelle, Julien Paré-Sorel sait particulièrement parler aux enfants. A travers ses héros, il leur démontre qu’il est important de rester maître de ses choix. Avec Patchy, il invite à prendre garde aux dangers de l’emprise. Avec Cory, il donne un exemple de courage et de résilience. Avec Rex, il montre que la vie met parfois face à des choix cornéliens pour lesquels on sera seul à pouvoir et devoir prendre une décision irrévocable. Le côté feuilletonnant de la série, avec ses nombreux personnages, fait d’elle une invitation à se plonger ou replonger dans de grandes sagas. Les futurs lecteurs du Seigneur des anneaux pourront se dire plus tard : « Quand j’étais jeune, j’ai lu Aventurosaure. »
© Paré-Sorel – Presses aventure La bande dessinée québécoise est en forme. Au-delà d’une histoire fantastique de dinosaures humanisés, Aventurosaure est une fable sur l’adolescence expliquant aux jeunes lecteurs comment grandir et montrant aux plus grands le chemin qu’ils ont parcouru.
Série : Aventurosaure
Tome : 6 – La promesse de Tyratops
Genre : Jurassic Fantasy
Scénario, Dessins & Couleurs : Julien Paré-Sorel
Éditeur : Presses aventure
ISBN : 9782897518806
Nombre de pages : 64
Prix : 12,90 €
- Show-Ha Shoten ! 5 & 6par Laurent Lafourcade
Qui fera le plus rire ?
« -Ecoutez-moi bien ! Jusqu’ici, huit duos ont bénéficié des conseils avisés du Professeur Hiyama après avoir gagné ce concours. Et ils ont tous remporté le Kôshien du rire qui a suivi leur victoire ici. Ça n’a rien d’un hasard s’ils ont tous gagné sans exception ! Aujourd’hui, nous allons donc nous affronter pour remporter le Kôshien du rire ! Alors, si vous êtes venus ici en croyant qu’il s’agissait d’une sortie scolaire, vous faites fausse route ! »
Dans les concours d’humour, la coupe Hiyama est un passage obligé avant le Kôshien du rire. Tous ceux qui l’ont gagnée ont remporté ensuite la prestigieuse compétition. Le duo « Aller simple pour les cieux », formé par Azemichi Shijima et Taiyô Higashikata, est en lice pour cet affrontement intermédiaire. A gagner, entre autres, les précieux conseils du professeur Hiyama, le philosophe des humoristes. Avant de monter sur scène, il encourage et motive les troupes : « Ce sont des gens comme vous qui vont changer le monde de l’humour. » Dans les adversaires, un duo bien déterminé sort du lot. Il s’agit des filles de « Pantoufle de verre brisée », bien décidées à aller jusqu’au bout, avec une prestance et une assurance digne de rivaliser avec des pros.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2024Rappelons-le, les candidats des concours d’humour de Show-ha shoten sont des lycéens. Ils ont tous pour objectif de devenir les rois de la comédie. Les dix meilleurs duos du pays vont se retrouver à Osaka pour le plus grand tournoi de Manzai, cette compétition d’humour qui leur est réservée. Taiyô et Azemichi s’apprêtent à affronter de nouveau leurs meilleurs adversaires de la région du Kantô : les jacqueteurs et Rising. « Pantoufle de verre brisée » est aussi là. Il y en a d’autres qu’il va falloir apprendre à connaître comme le cool et le passionné du tandem « Shiba inus en tournée mondiale », le trio excentrique « Bol de riz au bœuf XL » ou encore le pas très fair-play duo « Brutus » qui présente des personnages détestables. Un paramètre essentiel est à prendre en compte, celui de l’ordre de passage. Il sera déterminant pour la victoire.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2024Ces cinquième et sixième tomes de Show-Ha shoten ! font la part belle à la compétition. Akinari Asakura etTakeshi Obata réussissent à insuffler du suspense et de la tension. Ils décortiquent la mécanique des concours impitoyables d’humour. Contre toute attente, alors qu’on n’est pas dans un thriller, les auteurs parviennent à terminer sur un cliffhanger inattendu. On l’a dit, la série n’est pas une série humoristique (bien qu’il y ait des moments drôles) mais un manga dont le thème est l’humour. La nuance est importante. Ceux qui s’attendent à être pliés en deux seront déçus. Ceux qui ont saisi le concept seront séduits. Dans les interludes, partageant sa motivation et ses doutes, le scénariste raconte comment il est devenu auteur.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2024Les japonais prennent l’humour très au sérieux. Les concours présentés sont bien réels dans leur pays. Show-Ha shoten ! permet de partager cette culture.
Série : Show-Ha Shoten !
Tomes : 5 & 6
Genre : Shonen
Scénario : Akinari Asakura
Dessins : Takeshi Obata
Éditeur : Kana
ISBN : 97825051264-85/-92
Nombre de pages : 196
Prix : 7,30 €
- Boulevard Tintin – Hergé, l’esprit d’une œuvrepar Laurent Lafourcade
Arrêts sur images
« -Par les moustaches de Pleksy-Gladz ! Quelqu’un d’autre les surveille déjà. » (L’affaire Tournesol)
Chaque lecteur de bande dessinée a dans son esprit des cases mythiques, des instants suspendus marqués, en général, par ses lectures d’enfance. S’il est un auteur qui, plus que d’autres, a provoqué ce phénomène d’inscription neuronale, c’est bien Hergé. Les aventures de Tintin sont farcies de ces images imprégnées en soi, comme dans le subconscient. Il y a des cases que l’on va attraper et d’autres qui viennent nous chercher. Avec ce livre, refonte de son ouvrage La profondeur des images plates éclairé par le livre 100 cases de maître de Gilles Ciment et Thierry Groensteen, Pierre Fresnault-Deruelle démontre que Hergé est dépassé par la puissance de son œuvre. C’est cela que l’auteur de l’essai cherche à capter à travers une méthode simple en commençant par décrire une vignette pour analyser jusqu’où elle nous emmène. Extraites de leurs planches, certaines vignettes surprennent, interpellent, interrogent et figent des instants. Plus de cinquante cases vont ainsi être mises en exergue, de façon courte et précise, sur deux ou trois pages pour chacune. Arrêtons-nous sur quelques-unes d’entre elles.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgTintin au Congo, planche 31, case 6. Dans la nuit, le chasseur Tintin attend le gibier. Derrière lui, une ombre menaçante et griffue s’apprête à l’attaquer. On se réjouit d’avoir peur. On s’imagine en train de crier comme au petit théâtre de Guignol : « Attention, derrière toi ! ». Fresnault-Deruelle compare l’image avec l’affiche du film de Louis Feuillade de 1913 (!) : Fantômas, Le mort qui tue, ayant la même composition.
Les cigares du Pharaon, planche 53, case 10. Dans le parc du Maharadjah de Rawhajpoutalah, Tintin se rend compte qu’un palmier possède un tronc creux cachant un puits, un passage secret. Magritte s’emparera du concept quelques années plus tard pour le distordre de manière surréaliste, alors que Hergé était resté dans le concret.
L’oreille cassée, planche 48, case 9. Est-ce parce qu’elle est reprise en couverture que l’image de Tintin voguant sur une pirogue en Amazonie que la case est mythique ? Peut-être… ou pas. Le danger peut surgir de partout. Pierre Fresnault-Deruelle voit en l’arbre mort couché dans l’eau une main énorme, menaçante, montrant la domination d’une jungle prédatrice.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgLe crabe aux pinces d’or, planche 15, case 8. Tintin et Milou entrent par le hublot dans la cabine du Capitaine Haddock, qu’ils ne connaissent pas encore. Le regard penché sur son verre de whisky, il ne remarque pas les intrus. L’auteur de l’essai voit en la corde qui a amené Tintin jusque-là une sorte de cordon ombilical amenant à une naissance, comme si le héros venait au monde. Pourtant, Hergé ne se doutait que cet instant allait révolutionner la série et contribuer grandement à faire ce qu’elle est aujourd’hui.
Tintin en scaphandrier découvre l’épave de La Licorne. Tintin et Haddock marchent dans l’allée qui les mène à l’héritage Moulinsart. Madame Clairmont quitte la salle de spectacle dans Les 7 boules de cristal. Les Dupondt passent derrière une plaque à rayons X dans Objectif lune. Haddock, Tintin et Milou descendent un escalier de secours dans L’affaire Tournesol. Au Tibet, un moine lévite. Choisir, c’est renoncer. La tâche de l’auteur a dû être complexe. Un addenda final complète l’ensemble par quelques surprises.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgCe livre est une madeleine de Proust que l’on peut feuilleter pour s’attarder sur l’une ou l’autre case qui va nous parler plus particulièrement. Certains penseront qu’il en manque. C’est normal. Chacun a ses propres cases cultes. Le concept de cet ouvrage pourrait se transformer en site internet que les contributeurs pourraient alimenter de leurs propres analyses. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Titre : Hergé, l’esprit d’une œuvre
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle
Préface : Michel Porret
Éditeur : Georg
ISBN : 9782825710777
Nombre de pages : 250
Prix : 20 €