
Avenue des CHRONIQUES
- Red 2 – Le médaillon d’Edenpar Laurent Lafourcade
Petit prince incognito
« -Bonjour Sire !
-Bonjour Barnum. Oh ! Je te dérange en pleine activité je vois !
-Certes ! Je préparais le goûter de Red… Je veux dire de sa Majesté Réginald-Edouard.
-Ça doit de changer de la vie au palais ! Dis-moi Barnum, des nouvelles à propos de cette histoire de médaillon perdu puis retrouvé ?
-Je suppose que quelqu’un nous a vus sur la plage et nous l’a renvoyé. Cette personne préfère garder l’anonymat pour je ne sais quelle raison ! »
Futur héritier du royaume de Terrelande, le petit prince Reginald-Edouard, alias Red, est envoyé incognito en Pilanésie pour vivre une année scolaire d’enfant ordinaire et anonyme au milieu des autres. Le roi Coriandre, son père, ne l’a pas laissé partir seul. Barnum, un grand colosse, est chargé de veiller sur lui. Red ne supportait plus la solitude de la cour. Habitant seul avec son père veuf, il avait grandement besoin d’élargir son horizon. Pas question pour lui de dévoiler son identité. Il y a juste un petit hic. Lors d’une sortie sur la plage, il a perdu un médaillon. En soi, ce n’est pas si dramatique que cela. Ce qu’il y a de plus embêtant en réalité c’est qu’un individu mystérieux l’a récupéré et lui a renvoyé à son domicile provisoire pour l’année. Quelqu’un saurait-il donc qui il est ?
© Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière Pas de quoi s’affoler pour l’instant. Afin de faire comme les autres enfants de Pilanésie, Red invite toute la classe à la maison. Pour Barnum, qui est censé ici être son père, c’est hors de question. Mais quand Madame Solena, l’enseignante, va le remercier pour l’invitation, il ne va plus pouvoir refuser. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il prépare la fête. Recevoir du monde chez soi n’est pas le meilleur moyen pour rester discret. Parallèlement, Red va découvrir comment ses parents se sont rencontrés et se sont unis malgré l’opposition de son grand-père, puis il apprendra comment sa mère a disparu. Des indices troublants vont rapidement venir remettre en question la version officielle des faits.
© Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière Antonello Dalena et Falzar, rodés sur la série Grandir avec les Schtroumpfs, se retrouvent pour un triptyque original dont voici le deuxième épisode. L’histoire pourrait s’inscrire dans la plus pure tradition des contes modernes. Dans un univers extra-terrestre, on y retrouve les poncifs des grands films de la meilleure époque Disney : un royaume, la famille, une maman qui n’a pas été là pour aider son fils à grandir, un mystère, ou plutôt un secret sciemment caché,… Red ne peut pas ne pas plaire aux jeunes lecteurs. Les couleurs violacées d’Annalisa Ferrari donnent une dimension dépaysante à cette histoire qui est la quête initiatique d’un jeune noble qui est en soi un garçon (presque) comme les autres.
© Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière Deuxième volet de Red, ce Médaillon d’Eden installe les personnages dans une intrigue mystérieuse. Comme Harry Potter, Red est une histoire de relations parents/enfant avec les énigmes gravitant autour. Déjà addictif… Pourvu que l’univers se développe au-delà du troisième tome.
Série : Red
Tome : 2 – Le médaillon d’Eden
Genre : Aventure
Scénario : Falzar
Dessins : Antonello Dalena
Couleurs : Annalisa Ferrari
Éditeur : La Gouttière
ISBN : 9782357961234
Nombre de pages : 32
Prix : 11,70 €
- Le regard invisible 2 – Le gardien de la montagnepar Laurent Lafourcade
Retour au Mont Maudit
« -Bienvenue à l’auberge du chamois, jeunes gens !
-Entrez, entrez ! Mettez-vous à l’aise. Vous avez fait bon voyage ?
-Heu… Oui, merci.
-Nous avons réserv…
-Je sais, je sais, ne vous en faites pas. A cette période de l’année, il n’y a pas grand monde A vrai dire, vous êtes les seuls. Je vous donne les clefs de vos chambres tout de suite ! Remarquez, même à la haute saison, c’est plutôt calme, par ici. Hi ! Hi ! Hi ! »
Les Oussards, ultime village avant la haute-montagne, un hameau accroché au flan des sommets séparant la Savoie française du Val d’Aoste italien. Livia, Emma, Yanis, Océane et Alessio débarquent à l’auberge du chamois. La propriétaire leur donne les clefs de leurs chambres. En cette saison, il n’y a pas grand monde. Ils sont mêmes les seuls clients. Les jeunes gens cherchent à déterminer qui leur a envoyé ces lettres anonymes avec des dessins de créatures folkloriques. Que s’est-il passé quand ils étaient sur les lieux il y a sept ans ? Une postière du village voisin les met sur la voie d’un individu tatoué. Il y a bien eu un salon de tatouage en ville, mais il est à l’abandon. En forçant la porte, ils découvrent qu’il doit bien y avoir un rapport avec leur corbeau.
© Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil Des symboles magiques, des créatures légendaires issues d’anciennes croyances, ce folklore est une réalité pour certaines personnes dans ces montagnes. La tenancière de l’hôtel invite le groupe à rencontrer le spécialiste des légendes locales dans son cabinet de curiosités à la sortie du bourg. L’homme va leur raconter qu’il y a bien longtemps, Saint-Bernard était parvenu à chasser les diables des cols menant à la vallée d’Aoste. Les démons s’étaient juste retirés sur le Mont Maudit d’où ils descendaient régulièrement pour y célébrer leurs sarabandes infernales, des sabbats où se joignaient sorcières, sorciers et esprits malfaisants, avant qu’un ecclésiastique ne parvienne à les repousser. Pourtant, aujourd’hui encore, certaines nuits, d’étranges phénomènes se produisent. Le récit perturbe particulièrement Alessio dont les dessins étaient visionnaires. Persuadé que le démon l’appelle, il veut aller au Mont Maudit. Pas question qu’il y aille seul.
© Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil Second épisode du Regard invisible, Le gardien de la montagne sème le trouble entre fantastique et réalité. A la manière d’un Maxime Chattam ou Jean-Christophe Grangé, Gwenaël et Serge Carrère surfent sur le surnaturel sans laisser le lecteur prendre une décision. Le suspense monte crescendo en même temps que les légendes intègrent le plausible. Elisa Ferrari accentue la tension avec les attitudes de ses personnages, notamment Alessio qui est, on s’en doutait, véritablement le pivot de l’intrigue. Les scènes ésotériques sont appuyées par les couleurs inquiétantes d’Alex Gonzalbo.
© Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil Comme un bon thriller offrant un agréable moment de lecture, sans être révolutionnaire, Le regard invisible est un diptyque efficace, avec une fin inattendue. A lire.
Série : Le regard invisible
Tome : 2 – Le gardien de la montagne
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Gwenaël & Serge Carrère
Dessins : Elisa Ferrari
Couleurs : Alex Gonzalbo
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302102422
Nombre de pages : 48
Prix : 15,50 €
- Ça va aller, mademoisellepar Laurent Lafourcade
Vis ma vie en H.P.
« -Bonjour, c’est pour quoi ?
-Euh… pour… euh… Pour de l’aide.
-D’accord. Pour les urgences psychiatriques, c’est le couloir à gauche. Des infirmiers vont vous recevoir.
-Ok.
-Je vais prendre votre nom et votre carte vitale s’il vous plaît. »
Blandine Denis est une jeune femme qui a besoin d’aide. Elle est admise aux urgences psychiatriques de l’hôpital. Des infirmiers vont la recevoir. Elle a pris des substances. Elle a 9 de tension. Elle est artiste de bande dessinée. Si elle est là, c’est parce qu’elle a des obsessions et des pensées intrusives qui grandissent dans sa tête. Au fil des jours, elles se font de plus en plus bruyantes et deviennent insupportables. Elle lutte pour ne pas les écouter, mais elles sont très fortes et persuasives. Elles la culpabilisent et la dévalorisent. Ce sont des TOC, des troubles obsessionnels compulsifs. Une psychiatre lui propose une hospitalisation qu’elle accepte. A 19 h, une gentille infirmière lui montre la chambre qu’elle va partager avec Assia, qui vient aussi tout juste d’arriver. Blandine va nous raconter son séjour, au fil des jours et de ses démons.
© Denis – Lapin Les horaires sont stricts. On mange comme les poules. Les affaires personnelles sont auscultées afin qu’il ne reste rien de dangereux. Pas de lacet, pas de rasoir, ni même de téléphone et de chargeur. On n’a droit à son portable que cinq minutes par jour. L’ensemble des effets personnels est inventorié. Blandine est affublée du pyjama de rigueur et reçoit une dose de cheval de médocs. Les sédatifs font leur effet. Elle s’endort dans ce qu’elle appelle « la maison des fous ». De jour en jour, les autres patients lui partagent leurs traumas. Elle réclame aux soignants les outils pour aller mieux. Le temps s’étire. Elle s’ennuie. Elle dort. Elle subit les effets secondaires des médicaments : des décharges, des tremblements, une agitation incontrôlable,…
Chaque patient porte une histoire, un vécu. Certains semblent de bonne humeur. D’autres portent un chagrin immense. Chez certains, ça déborde, comme Michel qui tremble tellement qu’il ne parvient pas à manger son yaourt. Ce sont des enfants blessés qui ont besoin d’être pris par la main, à qui il faut réapprendre à vivre doucement. Tercian, lithium, abilify, paroxétine, sertraline, xanax, aprazolam, fluoxétine, aripiprazole,… : chacun son traitement, quand on ne passe pas de l’un à l’autre afin de trouver le bon.
© Denis – Lapin Blandine se demande où elle en est par rapport aux autres. Comment en est-elle arrivée là ? Va-t-elle s’en sortir ? Est-elle malade ? L’autrice est en errance médicale depuis des années. Elle a rencontré des tas de thérapeutes qui lui ont tous diagnostiqué des pathologies différentes. Alors, autiste ? bipolaire ? HPI ? dépressive ? hypersensible ? borderline ?
Avec émotion et pudeur, Blandine Denis livre un témoignage inestimable. Une mauvaise rencontre, un mauvais choix, un hasard malheureux, personne n’est à l’abri de se retrouver dans sa situation. Il faut apprendre à vivre avec. Ça peut être long, c’est long, ce sera long. C’est pour ça que dès qu’elle est admise dans l’HP un infirmier lui dit : « Ça va aller, mademoiselle. » Certains auront la patience d’attendre l’hypothétique guérison, d’autres non, comme ma fille Katrina, ma chérie, qui est partie en août 2022, à 18 ans, après près de deux ans de souffrance, d’hospitalisations peu efficaces, d’abandon d’accompagnement par un médecin soi-disant réputé, peut-être parce que le cas était trop complexe pour lui. Dans ces mois sombres, certains soignants ont quand même tenté de tout donner pour l’aider… en vain. Des dizaines de scènes de cet album, elle les a vécues. J’aurais tellement aimé qu’elle puisse le lire pour prendre conscience qu’elle n’était pas toute seule.
© Denis – Lapin Ce journal intime est une immersion poignante et instructive sur la vie des patients d’hôpitaux psychiatriques. Il est temps que leurs troubles cessent d’être tabous. Ce ne sont pas des fous. Ceux qui s’interrogeaient n’auront plus de doute après avoir lu ce livre qui leur apprendra qui ils sont.
A tous ceux qui souffrent de troubles psychiques, à tous ceux qui ont dans leur entourage quelqu’un dans cette peine, la lecture de « Ça va aller, mademoiselle » vous donnera la force d’avancer, non pas vers la lumière totale, Blandine Denis ne nous ment pas dans la conclusion, mais vers de belles éclaircies de plus en plus fréquentes et longues. Et habillez-vous en couleur, ça aide à les faire entrer à l’intérieur.
Titre : Ça va aller, mademoiselle
Genre : Tranche de vie
Scénario, Dessins & Couleurs : Blandine Denis
Éditeur : Lapin
Collection : Causes en corps
ISBN : 9782377541928
Nombre de pages : 176
Prix : 21 €
- Natacha 24 – Chanson d’Avrilpar Laurent Lafourcade
Pas de doute, Walthéry, c’est le patron !
« -Ça vous intéresse de savoir ce que nos grands-parents ont encore vécu à la fin de leur retour vers l’Europe quand ils ont quitté la Nouvelle-Calédonie ?…
-Hein ?!! Ah bon !?! Je croyais qu’ils étaient rentrés sans histoires… Que c’était fini !…
-Oh non ! Non ! Pas du tout ! Eh bien vous allez voir ! Ecoutez, c’est étonnant ! »
Alors que le vol SN.Bardaf 614 survole l’Atlantique Nord en direction de l’Europe, à son bord, Walter, stewart de son état, s’occupe en lisant un livre de citations puis une revue de potins de stars. Natacha, elle, a d’autres lectures en cours, notamment le journal de sa grand-mère, accompagnée du grand-père de Walter et de la jeune Chacha, qui, quelques années auparavant, quittaient la Nouvelle-Calédonie pour rentrer dans leur pays, à bord du voilier « L’épervier bleu ». Leur frêle embarcation croise en pleine nuit la route d’un vapeur stoppé. Ils montent à bord et trouvent plusieurs personnes inanimées, jusqu’à ce qu’un membre d’équipage, le second du navire, les prenne pour des passagers clandestins. Petit à petit, tout le monde se réveille. Pendant leur sommeil, ils ont été dévalisés et le coffre-fort du bateau a été dynamité. Quel est donc ce mystère ? Le trio est suspecté d’être à l’origine du forfait.
© Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis Tante Nana, comme l’appelle Chacha, et ses compagnons d’infortune n’en sont pas au bout de leurs surprises. Une fois à terre, après une nuit au poste, ils sont rapidement relâchés faute de preuves. Les ennuis ne vont pas tarder à recommencer lorsque, le soir, ils vont assister à une rixe sur le port. Natacha va rapidement faire le rapprochement avec le bateau « endormi ». Les malfrats s’apprêtent à reproduire la même opération sur un autre navire. Le trio va embarquer à bord, avec des masques à gaz dans leurs bagages, afin de déjouer l’opération. Ça ne va pas être si simple parce qu’ils vont devoir infiltrer le gang. Ils n’imaginent pas où ils vont se retrouver.
Troisième épisode de la trilogie inaugurée par « L’épervier bleu », « Chanson d’Avril » peut se lire indépendamment des deux précédents. François Walthéry poursuit l’adaptation du scénario que le trop méconnu Sirius avait écrit pour son héros baraqué L’épervier bleu. Pour replacer l’histoire dans son contexte, Walthéry fait à nouveau appel aux grands-parents de ses héros. Le récit est dynamique, enlevé. On est de nouveau dans l’âge d’or de la BD franco-belge, avec un bon méchant bien mégalo comme il faut. On a de nouveau quatorze ans (même si j’ai eu quatorze ans plus tard que le moment où j’ai découvert Natacha). Pour autant, on n’est pas dans de la BD à papa. On est dans de l’intemporel. Et ça, c’est merveilleux. Il n’y a que des artistes comme Walthéry qui parviennent à faire perdurer la magie. Si certaines séries sentent la naphtaline, Natacha fait montre d’une forme exceptionnelle. Pour la première fois, Usagi est aux couleurs, en restant dans la continuité de l’ambiance de la série.
© Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis Parallèlement à la sortie de l’album, la série est adaptée au cinéma par Noémie Saglio et Laurent Turner. Camille Lou tient le rôle-titre de Natacha (presque) hôtesse de l’air, qui sort le 2 avril. Vincent Dedienne joue Walter. Dans les seconds rôles, on retrouve Didier Bourdon, Elsa Zylberstein, Fabrice Lucchini et Isabelle Adjani. Excusez du peu. Natacha et Walter tentent de retrouver la Joconde qui a été volée, clin d’œil au tome 7 de la série : « L’hôtesse et Monna Lisa ».
https://youtu.be/0duehCR7q1M?si=m9R-lnVqiWVOROapRevenons à l’album. « Chanson d’avril » est le nom d’un révolver offert à Natacha par Eric et Larsen, deux vieux amis, celui que l’on appelait l’épervier bleu (avant que ce ne soit un bateau) et son complice d’aventures. Le titre est le plus bel hommage qu’un artiste, François Walthéry, puisse rendre à un autre, Max Mayeu, alias Sirius, car il fait partie de la grande histoire de la bande dessinée.
© Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis Walthéry a encore plusieurs scénarios sous le coude. S’il faut attendre si longtemps entre chaque album de Natacha pour qu’ils soient de si bonne qualité, ça vaut vraiment le coup. C’est comme ça que l’on est et que l’on reste culte.
Série : Natacha
Tome : 24 – Chanson d’Avril
Genre : Aventure
Scénario : Sirius & François Walthéry
Dessins : François Walthéry
Couleurs : Usagi
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034757442
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €
- Confessions d’un amateur de bande dessinée belgepar Laurent Lafourcade
Mes idoles de lectures
« J’avais demandé à mamie de m’offrir pour les étrennes un album illustré et elle m’avait autorisé à en choisir un parmi ceux qui nous seraient présentés. L’une des vendeuses ouvrit un grand tiroir où je vis en effet des albums, bien sûr des Tintin et peut-être aussi des Walt Disney ou des Nic et Mino qui ne m’intéressaient pas. Mon regard fut d’emblée attiré par une couverture où figurait un personnage barbu qui tenait une lanterne et affrontait un vol de chauves-souris au cœur d’une sorte de caverne aux parois couvertes de signes mystérieux. » (François Rivière)
François Rivière n’a pas dix ans lorsqu’il reçoit pour Noël de la part de sa grand-mère le premier tome du Mystère de la Grande Pyramide, une aventure de Blake et Mortimer signée par un certain Edgar P. Jacobs. Avec son copain Georges, il s’imagine dans la peau du Professeur Mortimer pendant que son camarade se mue en Capitaine Blake. Les « By jove ! » et les « Damned ! » deviennent les leurs. François se baigne ensuite dans les albums de Jacques Martin, par le biais de L’île maudite, troisième aventure d’Alix, puis rencontre les personnages de Willy Vandersteen Bob et Bobette dans le désormais mythique Fantôme espagnol. Il connaît encore peu Tintin dont il n’a lu que deux aventures Les 7 boules de cristal et sa suite Le temple du soleil.
© Rivière – Les impressions nouvelles Son éducation chrétienne l’ayant tenu à l’écart de l’école de Marcinelle, c’est plus tard qu’il tombe sur l’hebdomadaire Spirou. Ce n’est qu’au lycée, grâce à deux frères abonnés au journal, qu’il découvre le Marsupilami et Gil Jourdan. La bibliothèque fournie de la fratrie lui mit aussi dans les mains les romans Marabout de Bob Morane, signés Henri Vernes. Au fil des mois, François va de surprise en surprise, en découvrant le monde de Macherot avec Chlorophylle et celui de François Craenhals avec Pom et Teddy. Ayant failli mourir de péritonite aiguë et d’occlusions intestinales, le futur écrivain dévore dans sa convalescence les vieux livres du grenier de sa grand-mère comme Le silence du Colonel Bramble, d’André Maurois, auteur dont il deviendra inconditionnel.
© Rivière – Les impressions nouvelles La vie de François Rivière va prendre un tournant le jour où il écrit à Jacobs, lui témoignant toute son admiration. Plus tard, il sera reçu chez l’artiste, au Bois des Pauvres. François Rivière va rencontrer Alain Saint-Ogan, Jacques Martin et Hergé, avec le privilège d’un thé partagé avec ses collaborateurs aux studios du maître. François Rivière entrera dans le monde de la bande dessinée en collaborant à la première version des inoubliables Cahiers de la BD dont chaque numéro décortiquait l’œuvre d’un auteur de bande dessinée après un entretien fleuve. Le roman se termine au décès de Hergé.
© Rivière – Les impressions nouvelles A la différence de nombreuses autobiographies, celle de François Rivière a ceci de particulier qu’elle est rédigée par un grand écrivain, lui-même, avec un vrai style littéraire, très travaillé et fort agréable à lire. On attend à présent que le biographe d’Agatha Christie nous raconte sa vie de scénariste de bande dessinée dans un second tome.
Titre : Confessions d’un amateur de bande dessinée belge
Genre : Autobiographie
Auteur : François Rivière
Illustrations : Hubert Van Rie
Éditeur : Les impressions nouvelles
ISBN : 9782390701903
Nombre de pages : 128
Prix : 16 €
- Jeux de classepar Laurent Lafourcade
Une brève histoire de l’égalité
« -C’est bon, chaque élève est bien devant son prof principal, avec sa classe ? La 5e A, on est au complet, là ?
-Euh, la 5e B, un peu de silence s’il vous plaît !
-…et la 5e C, faites du bruit !
-Pour rappel, cette course d’orientation n’est pas une compétition. L’objectif, c’est de favoriser la curiosité.
-De respecter les règles, aussi.
-Et d’encourager l’entraide ! »
Pour démarrer l’année scolaire, le collège Gisèle Halimi a organisé pour l’ensemble des classes de 5e une course d’orientation dans un parc de la ville. Le but n’est pas de gagner, mais de coopérer. Favoriser la curiosité, respecter les règles et surtout, surtout, encourager l’entraide. Après la victoire d’Enzo et Olympe, les profs annoncent aux élèves qu’un projet pédagogique spécifique les accompagnera toute l’année. A l’initiative de la mairesse, toutes les classes de 5e de la ville mèneront une action écologique encadrée par leur prof principal. En mai, la première magistrate viendra décerner un prix au meilleur projet citoyen, avec un voyage surprise à la clef ! Alba, Saël, Olympe, Enzo et Rémi comptent bien être au cœur de l’action.
© Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD Saël a 11 ans. Sa mère est comptable, son père est technicien informatique. A travers son journal intime, on va suivre son année et celle de ses camarades de deuxième année de collège. Avec eux, on va quitter l’enfance pour découvrir la vie de citoyen, citoyen de sa classe, de son quartier, de sa ville et du monde. Il y aura les élections des délégués de classe, avec un compromis particulier. On va aller voir des maraîchers qui gèrent une ferme avec des personnes en réinsertion. On découvrira que tout n’est pas réalisable, aussi beau soit le projet, comme le refus du budget pour fabriquer des équipements sportifs écoresponsables. On va aussi vivre des succès en pensant écologique et social comme la vente des paniers bio. En parallèle, les vies privées des enfants évoluent, comme l’histoire de la vie.
© Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD Les auteurs adaptent librement le livre Une brève histoire de l’égalité de l’économiste Thomas Piketty, explicitant et vulgarisant le sujet de la redistribution des richesses. Professeur d’histoire-géographie en collège, Julie Scheibling sensibilise les jeunes aux réalités économiques et aux impacts sur la vie privée de chacun, leur démontrant que tout le monde, à son échelle, peut agir. Plus de dix ans après sa première incursion avec Eugène, l’illustrateur Quentin Vijoux revient dans la bande dessinée. Dans un graphisme sobre, avec des décors minimalistes, le dessinateur laisse le propos au premier plan.
© Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD Le collège d’aujourd’hui n’est plus un lieu où l’on est assis, passif, à écouter, ou pas, des cours rébarbatifs. Le collège d’aujourd’hui a la lourde tâche de former le citoyen, car les élèves sont à un âge charnière. Jeux de classes est un livre agitateur de consciences, le genre d’album qui fait qu’on n’est plus vraiment le même après l’avoir lu, car il explique que l’on peut, ne pas subir la société, mais en être acteur.
Titre : Jeux de classe
Genre : Social
Scénario : Julie Scheibling
Dessins & Couleurs : Quentin Vijoux
D’après : Thomas Piketty
Éditeur : Seuil jeunesse BD
ISBN : 9791023520279
Nombre de pages : 144
Prix : 13,50 €
- Carcomapar Laurent Lafourcade
La ballade des âmes salées
« -Le cap, Capitaine ?
-Voyons voir… Le Sud… Pourquoi pas ? Mes frères ! Le serment !
-Sans plus jamais passer par aucun port, je vivrai et mourrai en mer. La terre, c’était hier. Et hier n’est plus. Je suis né du sel, et au sel je retournerai. Les algues pour tombeau. Et seules les mouettes me pleureront. »
« Je suis né du sel, et au sel je retournerai. » Sur le Carcoma, le Capitaine et son équipage ont tous fait le même serment. Plus jamais, ils ne mettront pied sur la terre ferme. Aujourd’hui, Puce, une armoire à glace, hurle. Tique, son frère, a été emporté par la fièvre. Puce refuse de rendre son corps à l’océan. Il va devoir le faire. Il appartient aux vagues, comme tout un chacun sur ce bateau. Les mouettes le pleureront.
En haut de la vigie, Sépia surveille l’horizon. Surveille ? Pas trop. Assoupie par l’alcool, la pirate ne voit pas que le navire se dirige vers des récifs. Il y a des dégâts. Il va falloir descendre pour les quelques réparations et la remise à flots. Avant de remonter à bord, Sépia récupère dans l’eau une forme lumineuse. Pas question de parler au capitaine de cette espèce de pieuvre-alien brillante. Personne ne sait ce que c’est, mais c’est beau.
© Garrido – Dupuis Sépia va élever la bestiole comme si elle était sa mère. Elle la berce, la nourrit. La bête plonge dans la mer, revient. C’est une sorte de sirène que tout l’équipage prend d’affection. Dans la solitude de sa cabine, le capitaine boit et crache ses tripes noires devant le portrait d’une femme. Il n’est plus le même depuis qu’il a eu la malchance de découvrir ce qui se trouvait derrière l’horizon. Sépia aussi a son secret. Ce n’est pas innocent si elle a cette attitude avec la sirène dont le seul maître à bord ignore encore l’existence. Tout va dégénérer le jour où l’équipage va manifester son désir de rompre le serment pour regagner la terre. Le Capitaine n’est pas disposé à le parjurer.
© Garrido – Dupuis Après le formidable triptyque Love, love, love avec Kid Toussaint, Andrés Garrido revient dans un one shot de pirates qui ne ressemble à aucun autre. Ici, pas de propos historique comme souvent, pas d’abordage ni de coups de canon. Nous sommes avec un équipage atypique d’écorchés vifs. Des fous, des assassins, des voleurs, des ivrognes, mais avant tout des êtres humains avec un passé déchiré. Carcoma est une histoire de deuil et de reconstruction, de solitude et de rédemption, et aussi de connexion avec soi-même et avec les autres. Andrés Garrido y place ses inquiétudes liées à la pandémie. Il y expose les difficultés pour rompre l’isolement et les tentatives pour s’accrocher dans l’obscurité d’une période dont on ne connaissait pas l’issue quand on la vivait. Graphiquement, c’est grandiose et pourtant, on n’est pas dans une finesse à la Patrice Pellerin ou François Bourgeon. Le trait de Garrido est fantastique dans tous les sens du terme, on pourrait dire merveilleux, mais un merveilleux aux frontières de la peur comme dans le final de La Belle au Bois Dormant version Disney. Les couleurs sépia sombre accentuent la noirceur de l’intrigue, illuminée par la sirène étincellante.
© Garrido – Dupuis A quoi bon fuir un passé qui nous hante ? Avec une histoire dans un univers de piraterie, Andrés Garrido démontre qu’une échappatoire ne peut pas être une guérison. Le but est de prendre conscience de ses actes pour avancer. Carcoma est l’un des chocs de l’année. Indispensable.
Titre : Carcoma
Genre : Pirate/Fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Andrés Garrido
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808502856
Nombre de pages : 176
Prix : 27,95 €
- Zen sans maîtrepar Laurent Lafourcade
Un néerlandais au pays du soleil levant
« -Que diriez-vous d’une tasse de thé ?
-Oh, avec grand plaisir !
-Etes-vous un prêtre ?
-Euh… En fait, non… »
Frenk est parti au Japon pour s’initier au bouddhisme. Entre apprentissage au zen et souvenirs de son enfance et adolescence, il prend conscience du tournant que prend sa vie en adoptant cette nouvelle philosophie. Les moines zen qui méditent ne bougent pas. Ils restent assis, immobiles, pour voir plus que ce que l’on nous a appris à voir. C’est ça que l’on appelle la lévitation. Porter des vêtements amples. Poser ses fesses sur le sol. S’asseoir en tailleur, le dos bien droit. Imaginer qu’on est soulevé doucement par un cheveu du crâne. Former un petit bol avec les mains. Ça y est, on est prêt. Les pensées parasites arrivent, c’est normal. Un jour, un beau jour, l’esprit cessera de divaguer. C’est ça, méditer. Frenk se mue en guide, guide spirituel, mais aussi guide bel et bien physique : les arts martiaux, les bentos, le thé, la pêche avec des cormorans, un séisme, la calligraphie. On est là-bas, avec lui.
© Meeuwsen – Anspach Si Frenk suit cette voie, ce n’est pas un hasard. A travers les flashbacks, il remonte le temps pour comprendre et faire comprendre au lecteur ce qui l’a amené, ce qui l’a guidé, jusqu’à cet abordage du zen. Tout commence à l’adolescence avec la découverte et la lecture dans la bibliothèque de son père des Jardins du zen, un essai sur le bouddhisme zen par Bert Schierbeek et cette question, une parmi tant d’autres, soulevée par l’auteur : Quel est le bruit d’une main qui applaudit seule ? Et puis, il y eut la rencontre avec la mort, d’abord celle de Panthère, la chatte noire de la maison et le rituel de son inhumation, puis celle d’un camarade de classe qu’il n’aimait pas particulièrement. Un jour, Frenk se fait raser la tête. Il ne savait pas encore qu’il se débarrassait de son ancien moi et disait adieu à son individualité physique.
© Meeuwsen – Anspach Cet album se mérite. Il faut quelques pages pour en comprendre le sens et en adopter le rythme. L’auteur néerlandais Frenk Meeuwsen partage son expérience de découverte de la philosophie orientale au Japon dans les années 90. Il a vécu à Kyoto, la ville des temples. Deuxième album publié chez Anspach après Année Zéro, Zen sans maître est en fait le premier qu’il a réalisé. A la base en noir et blanc, il a été colorisé à l’occasion de cette traduction en français, en deux tons, bleutés pour le passé au Pays-Bas, ocre pour le présent au Japon. Il compile cinquante-cinq instants de vie, comme des haïkus, pour une immersion introspective. On va croiser des personnages étonnants, comme Alain, un dandy philosophe hors du temps. Le livre est drôle, parfois, émouvant, souvent, et surtout, ça aide à comprendre le sens de la vie. L’auteur a trouvé le sens de la sienne. Avec générosité, il montre le chemin à qui voudrait le suivre.
© Meeuwsen – Anspach Avec un titre qui sonne comme un jeu de mots, 500 mètres, Zen sans maître, Frenk Meeuwsen nous invite à une course au sens de la vie dont il est un guide inestimable. Ceux qui n’ont jamais compris le principe de la méditation vont enfin en concevoir le but.
Titre : Zen sans maître
Genre : Philosophie
Scénario, Dessins & Couleurs : Frenk Meeuwsen
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105382
Nombre de pages : 288
Prix : 32 €
- Le démon de mamie ou la sénescence enchantéepar Laurent Lafourcade
Mamie à tout prix
« -Eh oui, comme les copines, me voilà grand-mère ! 2 fois avec mon fils… Ma fille a décidé de ne pas se reproduire. Planète pourrie… Trop de monde sur Terre… Climat qui…
-Et je préfère les filles !
-Ça , ce n’est pas un argument, ma chérie ! »
Comme ses copines, Noémie, soixante-dix printemps au compteur, est mamie, depuis quelques années déjà. Si sa fille n’a pas l’intention d’en avoir, son fils lui a déjà donné deux jolis petits enfants. Elle se souvient avec émotion de la naissance du premier et des conseils avisés de son fils et de sa belle-fille, comme si elle n’avait jamais été maman elle-même. Il faut dire que certaines techniques ont changé. De son temps, on faisait dormir les bébés sur le ventre. Maintenant, c’est sur le dos, pour éviter les MIN : morts inattendues du nourrisson. Il lui faut aussi un petit coussin spécial derrière la tête pour qu’il ne souffre pas de plagiocéphalie, le syndrome de la nuque plate. Ceci n’est qu’un exemple minime dans tout l’attirail que possède un jeune couple pour gérer son bébé. Noémie découvre comment tout a évolué depuis son époque.
© Cestac – Dargaud Avoir un petit-enfant, c’est partager des moments de complicité : les repas à la becquée avec les mains qui patouillent dans l’assiette, les sourires, les premiers pas, les siestes ensemble, les cubes et les petites voitures, faire des gâteaux et de la peinture, aller au spectacle et à la plage. Quand il y en a un deuxième, c’est un petit peu plus compliqué, mais Noémie y parvient quand même. Les accidents de tuyauterie, le bazar lors des toujours longs pour eux voyages en train, les réflexions tout fort dans les files d’attente (« Il attend un bébé, le monsieur ? »), ce sont autant d’instants inoubliables qu’on se remémore plus tard en souriant en famille.
© Cestac – Dargaud Dans la vie de Noémie, il n’y a pas que les petits-enfants. Il y a aussi le couple, les petits bobos, la gym, les sorties touristiques de « la ménopause en vadrouille », le bridge, les ateliers artistiques, le bénévolat… et la sexualité. Noémie finit en racontant avec émotion la façon dont elle voudrait mourir. Entre Noémie et Florence Cestac, il n’y a qu’un pas. Nul doute que la dessinatrice a mis beaucoup d’elle-même dans son avatar. Après Le démon de midi, celui de l’après-midi et celui du soir, celui de mamie est le quatrième épisode de la vie de ce double de papier. Cestac n’a aucun tabou. L’album est empreint de sincérité.
© Cestac – Dargaud Si Noémie tire sa révérence avec ce dernier épisode, Florence Cestac a plein de projets en tête parmi lesquels un bouquin sur la cuisine avec un de ses amis d’enfance qui en a fait son métier. En attendant, celles qui sont mamies se retrouveront dans cette sénescence enchantée et les autres apprendront à les connaître… ou les reconnaître.
One shot : Le démon de mamie ou la sénescence enchantée
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Florence Cestac
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205212280
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €
- Marsupilami 34 – Marsu Clubpar Laurent Lafourcade
Avis de recherche
« -Roux comment ?
-Foncé avec des nuances rouges comme le Ron Prohibido… ou plus ambré avec des reflets acajou comme le Zacapa Royal ? Faut être précis si vous voulez aider la police.
-Roux. Comme sa tante. »
Avec George, Diane écume la ville de Chiquito afin de retrouver son neveu Hector. Le bar-commissariat prend toutes les infos concernant sa disparition. Les gens de la rue seront certainement d’une plus grande aide… s’ils l’ont aperçu. Il faut dire que les kidnappings contre rançon sont légion. Des affiches parsèment la ville de photos de gamins enlevés. (Il y a même Benoît Brisefer qu’on aimerait bien revoir.) Ce que Diane ne sait pas, c’est que pour Hector, ce n’est pas le même problème. L’enfant a été transformé en Marsupilami par le sorcier Chahutas Touhtankilosé. Mais a-t-il vraiment envie de redevenir humain ? Qu’est-ce qui pourrait bien le faire changer d’avis ?
© Batem, Colman, Cerise – Dupuis Trois ans et demi après SuperMarsu, la première partie de cette aventure, on va enfin découvrir ce qu’il est advenu de Hector, métamorphosé en Marsupilami. Alors que le financement de ses recherches a été stoppé et qu’ils doivent repartir à Londres, Diane ne se voit pas quitter le pays sans son neveu. Pendant ce temps, le gamin, dans la peau d’un Marsu, apprend à vivre en communauté au milieu des autres individus de l’espèce. Toutes les règles ne sont pas évidentes à accepter. En particulier, deux mâles adultes ne peuvent pas cohabiter sur le même territoire. Il va devoir fonder une famille, ce qui va lui valoir une démonstration de séance de séduction par un marsupilami de haute volée.
© Batem, Colman, Cerise – Dupuis Une page se tourne avec ce trente-quatrième volume du Marsupilami, parce que c’est le seizième et dernier scénario de Stéphane Colman. Un nouveau cycle va s’ouvrir avec de nouveaux scénaristes. Il y a peu de chances également que Diane et Hector soient de la partie pour la suite, à moins d’un retournement de situation. Cet au revoir est en tout cas émouvant et dynamique. Les recherches en ville alternent avec les scènes quasi-muettes dans la jungle. Les amateurs de Marsu dans son milieu naturel sont servis. Batem est en grande forme. Il avait réalisé un album de strips du personnage entre les tomes 33 et 34 mais, indéniablement, la bête est mieux servie dans les longs métrages.
© Batem, Colman, Cerise – Dupuis Bienvenue au MarsuClub ! On achète sans problème une carte de membre permanent.
Série : Marsupilami
Tome : 34 – Marsu Club
Genre : Aventure exotique
Scénario : Colman
Dessins : Batem
Couleurs : Cerise
D’après : Franquin
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034766314
Nombre de pages : 56
Prix : 13,50 €
- Kaïju n°8 Side B 1 / Kaïju n°8 13par Laurent Lafourcade
Entre Naruto et Goldorak
« -Monsieur Hoshina ! Nous sommes l’équipe de Tokyo TV ! C’est nous qui réalisons le reportage sur les nouvelles recrues de la 3e unité !
-Comment se passe le tournage ?
-Très bien, nous avons la chance que tout le monde soit très coopératif ! D’ailleurs accepteriez-vous de répondre à quelques questions ? »
Une équipe de télévision réalise un reportage sur les nouvelles recrues de la troisième unité. Sôshiro Hoshina répond à leurs questions et se félicite de la promotion de cette année. Quand le journaliste l’interroge sur la sélection dans le groupe de Kafka Hibino, Hoshina s’en sort par une pirouette. Les aptitudes au combat ne sont pas le seul critère. Kafka a été choisi pour son potentiel comique. Le vice-commandant invite ensuite les journalistes à le suivre pour assister à un entraînement de Kendo dans le Dojo. Kikoru Shinomiya lui propose un combat. Tout cela rappelle à Hoshina son apprentissage au sein de forces de défense, sous le commandement de Mina Ashiro.
KAIJU 8 GO Side B © 2023 by Naoya Matsumoto, Keiji Ando, Kentaro Hidano All rights reserved
© Matsumoto, Ando, Hidano – CrunchyrollEn parallèle au lancement de ce spin-off de Kaïju n°8, estampillé Side B, paraît le treizième tome de la série-mère. On y retrouve les forces de défense en bien mauvaise posture face au Kaïju n°9. Une meute de Kaïjus engage une attaque simultanée. Les dégâts s’amplifient très rapidement. Aujourd’hui, le numéro 9 est déterminé à s’emparer de Tokyo pour en faire sa base opérationnelle afin de conquérir le Japon tout entier. Il tient Mina Ashiro et tente de l’absorber pour conférer ses capacités à ses créations et mettre l’humanité à sa merci. Pour lutter contre lui, Kafka est confronté à un dilemme : aller au front, ou sauver les humains en proies aux Kaïjus ?
KAIJU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto All rights reserved
© Matsumoto – CrunchyrollDouble dose de Kaïjus chez Crunchyroll. Dans Side B, Kentarô Hidano adapte le roman « Immersion dans la 3e unité ! », de Naoya Matsumoto et Keiji Andô. On y assiste en flashback aux premiers pas de Sôshiro Hoshina dans des combats au sabre. On le verra sauver un enfant de l’intérieur… Si, si… de l’intérieur.
KAIJU 8 GO Side B © 2023 by Naoya Matsumoto, Keiji Ando, Kentaro Hidano All rights reserved
© Matsumoto, Ando, Hidano – CrunchyrollDans la série dite « classique », le secteur de Kasumigaseki est à feu et à sang face à une meute de méga-Kaïju. Mina Ashiro n’a jamais été en aussi mauvaise posture. Au niveau graphique Hidano et Matsumoto sont de la même école. Sans s’y pencher en détails, le profane ne remarquera même pas que les deux séries sont dessinés par deux mangakas différents.
KAIJU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto All rights reserved
© Matsumoto – CrunchyrollKaïju n°8 est un univers puissant. Réunissant les concepts initiatiques de Naruto et combattifs de Goldorak, c’est la licence à suivre. Elle deviendra sans nul doute une référence dans le futur.
Série : Kaïju n°8 Side B
Tome : 1
Genre : Shonen
Scénario & Dessins : Kentarô Hidano
D’après : Naoya Matsumoto & Keiji Andô
Éditeur : Crunchyroll
ISBN : 9782820351791
Nombre de pages : 192
Prix : 6,99 €
Série : Kaïju n°8
Tome : 13
Genre : Shonen
Scénario & Dessins : Naoya Matsumoto
Éditeur : Crunchyroll
ISBN : 9782820348937
Nombre de pages : 192
Prix : 6,99 €
- Boulevard Tintin – Tchang Tchong-Jen Artiste voyageurpar Laurent Lafourcade
L’homme derrière le Lotus
« C’était un homme très doux, très amical. Pendant huit mois et demi, je suis venu raconter la Chine à Hergé tous les dimanches. Il trouvait certaines de mes anecdotes très intéressantes. Nous faisions de grandes promenades à Bruxelles… Et nous sommes devenus amis… » (Tchang Tchong-Jen)
« Moi, Tchang Tchong-Jen… Mais… pourquoi m’as-tu sauvé la vie ?… » Nous sommes en 1936 dans Le Lotus Bleu, cinquième aventure de Tintin. Le reporter au Petit Vingtième vient de sauver un jeune chinois de la noyade. Ce que le lecteur de l’époque ignore, c’est que ce rescapé existe bel et bien. En effet, quelques mois plus tôt, Hergé a rencontré un étudiant chinois qui, pendant plusieurs mois, lui a raconté la Chine. Comment la vie a mis ces deux artistes sur la même route ? On connaît tous les grandes lignes de la vie de Hergé, mais quelle fut celle de Tchang Tchong-Jen ? Avec la participation de sa fille Tchang Yifei, Dominique Maricq retrace le parcours de cet homme hors du commun.
© Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024Avant « Le Lotus », les chinois étaient représentés de façon caricaturale dans les aventures de Tintin. Chez les Soviets, ce sont des bourreaux. En Amérique, ils sont décrits comme friands de petits chiens. Pour sa nouvelle histoire, Hergé est bien décidé à se documenter sérieusement.
Zhang Shaofu est sculpteur sur bois. Son fils Tchang est sensibilisé dès son plus jeune âge à la beauté et à l’équilibre dans la création artistique. En 1927, à 20 ans, il boucle avec succès sa sixième année d’études pour apprendre l’art et la technique de la photographie. L’année suivante, il travaille pour un magazine spécialisé dans l’art contemporain. En parallèle, il donne des cours particuliers de dessin à des enfants de familles aisées. En 1931, grâce à une bourse et la bienveillance d’une certaine Madame Tan, il part pour un séjour en Europe afin d’étudier les Beaux-Arts à l’Académie royale de Bruxelles et de s’imprégner de culture artistique occidentale. En 1934 et en 1935, il obtiendra le Premier Prix de sculpture de la ville de Bruxelles.
© Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024En 32, afin d’obtenir des renseignements pour les futures aventures de Tintin, sur les conseils de l’Abbé Gosset, Hergé écrit à ce jeune étudiant chinois arrivé quelques mois plus tôt en Belgique. Un mois plus tard, Tchang lui répond. Ayant compris que la bande dessinée n’était pas une simple distraction et ayant découvert la notoriété de son interlocuteur, Tchang se montre intéressé par ce projet qui lui permettrait d’exposer la réalité tragique de la situation politique de son pays et de montrer le vrai visage des japonais. Si ces derniers se fâchent, c’est que c’est la vérité. Face aux réticences de l’Abbé Wallez, Hergé tient bon. Comme le dit Tchang : « La liberté d’expression pour les artistes et les écrivains est affaire de responsabilité. » Tchang est le complice d’une histoire dans l’histoire, la parsemant de références aux mœurs et coutumes chinoises, anecdotes savoureuses, clins d’œil appuyés. Quant à la couleur du Lotus, le bleu, elle n’existe pas. C’est Hergé qui l’a inventée pour désigner la fumerie d’opium.
© Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
© Hergé/Tintinimaginatio 2024La collaboration des deux artistes sur Le Lotus Bleu n’est qu’une partie de ce livre qui s’attarde également sur les années de Tchang à son retour en Chine en 1936, une improbable histoire de tableau volé, les années Mao, ses succès dans la sculpture, puis, évidemment les retrouvailles en 1981, quarante-sept ans après la première rencontre avec Hergé, avant de se terminer sur les dernières années du sculpteur en France. Apportant un éclairage inédit sur la carrière de Tchang Tchong-Jen et son apport à l’œuvre de Hergé, cette biographie invite à se replonger dans Le Lotus Bleu, car, quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Titre : Tchang Tchong-Jen Artiste voyageur
Genre : Biographie
Auteurs : Dominique Maricq & Tchang Yifei
Éditeur : Moulinsart / Casterman
ISBN : 9782203293144
Nombre de pages : 190
Prix : 25 €
- Promise Cinderella 2 / Les noces des lucioles 2par Laurent Lafourcade
Unions ? Mais avec qui ?
« -Ta valise… Une nouvelle tentative de fuite ?
-Ah… Non, non. Je triais mes affaires. Il me manque plein de choses…
-Tu retournes chercher le reste ?
-Ah… Bof, il n’y a pas d’urgence… Pour l’instant, ça ira. Bon, je vais tout ranger.
-Ton mari vient de m’appeler. »
Cendrillon est promise à son prince. Hayame est coincée entre son mari Masahiro qu’elle a quitté pour adultère et Issei, le jeune homme fortuné qui l’a recueillie lorsqu’elle a quitté le domicile conjugal. L’époux souhaite divorcer au plus vite. C’est pour cela qu’il vient d’appeler Issei, afin qu’il fasse accélérer les choses. Hayame n’apprécie pas vraiment que son hôte s’occupe de ses affaires. Ce dernier veut inciter la femme trompée à prouver l’adultère de son mari pour le délester de trois millions de yens. C’est le dé qui l’a décidé. Issei est joueur. Hayame doit aller jusqu’au bout, suivre son mari et prendre des photos compromettantes. Ça permettra qu’elle rembourse son protecteur, à qui elle a soi-disant endommagé une œuvre d’art. C’est Promise Cinderella.
© 2018 Oreco Tachibana
© 2025, Editions Glénat, pour l’édition françaiseLes lucioles célèbrent leurs noces. Ere Meiji, Satoko Kirigaya, jeune noble, a été enlevée. La belle n’a vu son salut qu’à sa promesse d’épouser Shinpei, son ravisseur. Sur l’île de Tennyojima, Satoko est devenue une courtisane, une prostituée de luxe. Difficile pour Shinpei qui s’oppose à ce qu’un autre homme ne la touche. Alors, quand Monsieur Nitobe va vouloir aller un peu plus loin avec elle, souhaitant que les courtisanes apprécient elles aussi les temps passés en sa compagnie, ça ne va pas lui plaire. Le client est gauche et ne sait pas comment s’y prendre. Il propose à Satoko d’acheter sa liberté, de quitter la maison close et l’île avec lui. Il veut l’épouser. Satoko va-t-elle trahir Shinpei ? Toujours est-il qu’entre lui et Nitobe la guerre est déclarée. Pas touche à la belle.
© 2023 Oreco Tachibana
© 2025, Editions Glénat, pour l’édition françaisePromise Cinderella, comme son titre l’indique, tord et distord le mythe de Cendrillon. La confrontation entre la femme, le mari et le protecteur va mettre les points sur les i à tout le monde. Dans tout ça, que souhaite réellement la maîtresse ? Le mari pourrait tomber de haut. La dernière partie de l’épisode met en scène de nouveaux personnages de la famille d’Issei : son frère Seigo, et surtout sa grand-mère, une vieille dame indigne et drôle, qui a bien l’intention que chaque chose, en parlant d’humains, soit à sa place. Sa tension pourrait bien grimper en flèche.
© 2018 Oreco Tachibana
© 2025, Editions Glénat, pour l’édition françaiseAvec ce tome 2, Les noces de Lucioles nous immerge à l’intérieur d’une maison close. Satoko va apprendre à vivre entre prétendants et courtisanes. Il va être question de cicatrices, celles morales de la vie, mais aussi celles qui sont marquées sur les corps. Il n’y a rien de vulgaire dans ce manga. Les sentiments sont exprimés sans vulgarité ni consommation. Les paroles sont plus fortes que les actes.
© 2023 Oreco Tachibana
© 2025, Editions Glénat, pour l’édition françaiseSi Les noces des lucioles prend une tournure sociétale racontant une époque révolue, Promise Cinderella s’aventure sur la route de la comédie, dramatique, mais une comédie quand même. Dans ces jeux de l’amour, il ne faut jamais se fier aux premiers sentiments que l’on pourrait avoir.
Série : Promise Cinderella
Tome : 2
Genre : Comédie romantique
Scénario & Dessins : Oreco Tachibana
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344065440
Nombre de pages : 192
Prix : 7,90 €
Série : Les noces des lucioles
Tome :2
Genre : Thriller romantique
Scénario & Dessins : Oreco Tachibana
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344065433
Nombre de pages : 208
Prix : 7,90 €
- Les amis de Jacobs 36 – Décembre 2024par Laurent Lafourcade
Happy new year old chaps !
« -Eh bien, ce qui m’étonne dans ce dernier exploit de la « Marque Jaune », c’est qu’il est, tout compte fait, beaucoup moins spectaculaire que les précédents… Ne trouvez-vous pas ?
-En effet ! C’est curieux…
-A moins que ce ne soit le début de quelque diablerie nouvelle !?… »
La pipe à la main gauche et l’autre dans la poche de son pantalon, dans un chic so british, Mortimer nous souhaite une bonne année. Pourtant, c’est le cœur serré que nous ouvrons ce trente-sixième numéro de la luxueuse revues des Amis de Jacobs. Ce Mortimer est réalisé par André Juillard. Il n’en signera plus puisqu’il nous a quitté il y a quelques semaines. Il est des numéros qu’on aurait préféré ne jamais lire. Celui-ci en fait partie. Christian Viard lui rend hommage dans un émouvant éditorial, parlant de son élégance dans tous les sens du terme et de sa générosité. Sur une dizaine de pages, les cartes de vœux de Juillard rappellent son souvenir.
© Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
© Les Amis de JacobsPlace ensuite à la deuxième partie du jeu des mille erreurs et des mille découvertes sur La Marque Jaune. Christian Viard poursuit le décorticage de cet épisode mythique. Sur la couverture, Blake et Mortimer sont acculés devant un mur de brique orné du célèbre graffiti. Cette scène ne pourrait se produire avant le dernier quart de l’album. Le manteau en tweed chiné du professeur aurait dû être sali. Il est paradoxalement impeccable. Autre paradoxe, par deux fois, les voitures de police sont garées à droite. L’escalier de Park Lane a un nombre de marches fluctuant et Mortimer possède, comme Lucky Luke, un introuvable pistolet à 7 coups. En revêtant le costume de Sherlock Holmes, le fin rédacteur a ausculté chaque case. Un travail remarquable.
© Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
© Les Amis de JacobsUne lettre de Jean Van Hamme explique pourquoi les droits audiovisuels de La Marque Jaune naviguent de producteurs en producteurs, chacun se cassant les dents sur la très complexe, voire impossible, adaptation de l’histoire pour le grand écran.
Pour terminer la revue, il est question de S.O.S. Météores. Il a été tant et tant écrit sur cet épisode que l’on croyait avoir tout dit. Et bien, non. Guido Vogliotti s’arrête sur les estampes et les objets chinois et japonais que l’on voit dans l’appartement de Per Enrik Quarnströn, collectionneur d’art oriental, alias Monsieur Henri, alias encore Olrik. L’auteur de l’article met en parallèle les œuvres dans les dessins de Jacobs avec des photos de leurs modèles réels. En bonus, deux petits détours par Le Lotus bleu et Les 3 formules du Prof. Sato.
© Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
© Les Amis de JacobsOn le dit pour Tintin, mais on peut aussi le dire pour eux. Quand on a fini de lire Blake & Mortimer, on peut recommencer à lire Blake & Mortimer. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. La revue des amis de Jacobs le prouve depuis déjà 36 numéros !
Série : Les amis de Jacobs
Tome : 36 – Décembre 2024
Genre : Revue d’étude
Directeurs de publication : Christian Viard et Didier Bruimaud
Éditeur : Les amis de Jacobs
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €
- Aux côtés du Dieu-Loup 2par Laurent Lafourcade
L’autre enfant bénie
« -Tsubaki a beau être un enfant béni, il est encore ignorant des choses de ce monde.
-Elle veut quoi ta reine ? Pourquoi elle t’a envoyé récupérer Tsubaki ?
-Parce qu’elle manque de petits camarades. »
Tsubaki, Adler et le Seigneur Loup sont sortis de la forêt de brume et ont mis le cap sur Centrose, la capitale. C’est la Reine qui a envoyé Adler pour récupérer l’enfant béni. Elle-même est une enfant bénie. Née des souhaits des humains empêtrés dans la guerre et désireux d’être sauvés, la sauveuse est naturellement devenue Reine, mettant ses pouvoirs pour lutter contre les Maléfleurs qu’elle cherche à éradiquer. Arrivés aux portes de la cité, Jack, le Capitaine de la garde, fait du zèle et refuse de les laisser entrer. Il a Adler dans le nez et ne croit pas que ce soit la Reine qui a envoyé l’homme en mission. Seule Rosalotte Spinnen Lilie pourrait les sortir de ce mauvais pas. Ça tombe bien, c’est la Reine en personne et elle passe par là.
© 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
© 2025 Bamboo éditionNos héros vont avoir du fil à retordre avec les détracteurs de la Reine. Les tenants de l’ancien dogme vénèrent le grand Dieu, un des dieux de jadis, ceux qui ont fait cadeau des Bénédifleurs. Ils tentent de retourner l’esprit de Tsubaki, lui expliquant qu’il a eu la tête emplie de balivernes par la souveraine. Pour eux, les Maléfleurs sont tout aussi légitimes que les autres, car elles sont les châtiments nécessaires aux pauvres pêcheurs que sont tous les hommes, pour leur bien. Tsubaki parviendra-t-il à préserver son intégrité ?
© 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
© 2025 Bamboo éditionLa série a démarré en 2022 chez Square-Enix au Japon dans le G-Fantasy. En plus de deux ans, seulement deux tomes sont parus au pays du Soleil Levant. La publication française n’a donc aucun retard. Aux côtés du Dieu-Loup est un conte folklorique fantastique émouvant sur la prise de conscience de soi, le libre-arbitre et la difficulté de tenir les rênes du pouvoir. Yomoko Yamamoto dessine l’histoire avec grâce et sobriété. Les dialogues sont fins. Les personnages s’affrontent dans des joutes oratoires décisives où celui qui réussira à induire ou influencer l’autre prendra le dessus.
© 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
© 2025 Bamboo éditionMettant à l’honneur les relations homme-animal, Aux côtés du Dieu-Loup est un voyage spirituel qui soigne les blessures du monde.
Série : Aux côtés du Dieu-Loup
Tome : 2
Genre : Seinen Heroïc-fantasy
Scénario & Dessins : Yomoko Yamamoto
Éditeur : Bamboo
Collection : Doki Doki
ISBN : 9791041111800
Nombre de pages : 192
Prix : 7,95 €
- Edika sous couverturespar Laurent Lafourcade
Le roi des couv’ de Fluide Glacial
« -Mon coeur mon ange, ich liebe dich forever.
-Alors elle vient cette chute oui ou merde ? On a pas qu’ça à fout’bordel.
-Okay, reste plus qu’à terminer mon pied. C’est bon. Trèèès bien. Vas-y, vas-y. Encore. Encore un peu. Mais pourquoi il s’arrête ?! »
Edika est un rêveur. Réduit à tort au rôle de dessinateur de femmes à grosses poitrines, l’auteur est avant tout un poète drôle, émouvant et intemporel. Intemporel. L’humour d’Edika est hors du temps. Et ça, peu de gens peuvent se targuer de parvenir à accomplir cet art. Dans un autre genre, Sempé était à la bourgeoisie ce qu’Edika est à la France populaire. En attendant qu’un livre improbable consacre un parallèle entre ces deux artistes, la encore nouvelle collection Les Jolis P’tits cultes consacre un ouvrage à Edika, et plus particulièrement aux 83 couvertures qu’il a réalisé pour le magazine Fluide Glacial.
© Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial Avant d’avoir les honneurs de la Une, engagé par Jacques Diament qui nous a quitté récemment, Edika a commencé par des gags en couleurs en quatrième de couverture dès 1979. Se présenter à la rédaction d’un journal en noir et blanc avec des pages en couleurs, fallait oser… ou bien être un poète comme on l’a défini. Rapidement, il va signer des histoires courtes en noir et blanc, comme tout ce qui se fait dans le magazine, et intégrer l’intérieur. Avec Binet, l’auteur des Bidochon, il deviendra un pilier de Fluide. Edika est le roi de l’absurde, du nonsense, des histoires sans chute. Pour ça, il se met en abyme et se moque de lui-même dans ses récits. Pour parler « Fluide », ses personnages eux-mêmes se foutent de sa gueule.
© Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial Gérard Viry-Babel, rédacteur au journal, a déjà signé le dossier documentaire dans l’anthologie Edika parue entre 2020 et 2023. Il rédige aujourd’hui ce petit livre, ode à une idole, avec admiration et amour, avec un focus sur ces fameuses et poilantes couvertures. La première date de mars 1981, pour le numéro 57. Un astronaute se moque d’une petite alien difforme sans remarquer qu’une bête gigantesque s’apprête à le croquer. Les thèmes de ses couvertures vont ensuite devenir plus terre à terre, de l’obsession anatomique à la famille de Bronsky, avec en particulier le chat Clark Gaybeul et son slip Grande Barque. Il y a aussi ce que Viry-Babel appelle les couvertures muettes, dessins d’humour se suffisant à eux-mêmes mettant en scène ces femmes plantureuses. Le livre se termine sur deux couvertures spéciales, l’une en odorama, l’autre en flipbook.
© Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial Après Franquin et Gotlib pour Slowburn, Gotlib avec son Pervers pépère et Edika, un Gotlib et la musique est annoncé pour très bientôt. En attendant, ce Edika sous couvertures met à l’honneur un auteur majeur de la grande époque de l’humour fluidifié, dans cette adorable petite collection à emmener partout. Tiens, une vieille dame assise à côté de vous dans l’autobus s’indigne de voir une couille qui dépasse du slip de Clark Gaybeul !
One shot : Edika sous couvertures
Genre : Ouvrage d’étude
Scénario et dessins : Edika
Textes : Gérard Viry-Babel
Éditeur : Fluide glacial
Collection : Les Jolis p’tits Cultes
ISBN : 9791038208209
Nombre de pages : 64
Prix : 9,90 €
- Boulevard Tintin – Les amis de Hergé 78 – Automne 2024par Laurent Lafourcade
Une houpette en papier glacé
« -Haddock… Tintin… Tournesol… C’est bien. Attendez ici. Je vais voir si vous pouvez être reçus. »
Dans une ruelle de Kiltch, un petit village d’Ecosse, un petit chien blanc marche de dos devant son maître vêtu d’un kilt, d’un béret et de hautes chaussettes, un bâton à la main. Ce chien s’appelle Milou. Son maître, c’est Tintin. La scène est extraite de L’île noire, album mythique, encore plus que les autres puisqu’il a connu trois versions, signées Hergé. Cette illustration servit de couverture au Petit Vingtième, le supplément illustré hebdomadaire du Vingtième Siècle daté du jeudi 20 janvier 1938. Aujourd’hui, elle est la couverture du soixante-dix-huitième numéro de la somptueuse revue semestrielle des Amis de Hergé.
© Hergé/Tintinimaginatio 2024
© Les amis de Hergé a.s.b.l.Après le très émouvant éditorial de Philippe Goddin sur la conservation et la pérennité de ses archives, c’est parti pour un sommaire riche en découvertes et anecdotes. Pour trouver l’origine de l’expression « Tonnerre de Brest ! », il faudrait remonter en avril 1718 où la foudre s’est abattue sur vingt-quatre clochers du Finistère. Un long article de Jean Lecoq s’annonce comme le premier d’une série mettant en parallèle les carrières des deux géants qu’étaient et que sont encore Hergé et Franquin. (Tiens, il existe l’association des amis de Hergé et celle des amis de Jacobs et étonnamment pas celle des amis de Franquin ?!) On revient sur un débat de 2016 à Nivelles à propos de la nationalité de Tintin, avant de profiter d’un retour en photos sur la journée des Amis de Hergé de l’année dernière. Saviez-vous que Hergé faisait parfois des strips de sauvegarde à la table lumineuse ? Cela a été le cas pour L’étoile mystérieuse. Mais pourquoi donc ? Vous le saurez en lisant la chronique de Marcel Wilmet. Il sera ensuite question de peloton d’exécution avant de partir à Cervens avec Haddock et Tintin dans L’affaire Tournesol.
© Hergé/Tintinimaginatio 2024
© Les amis de Hergé a.s.b.l.En flamand, saviez-vous qu’Au pays de l’or noir a eu le même titre qu’un roman de Jules Verne ? Les pélicans noirs, association bordelaise, se penche sur les relations entre Messieurs Dupond et Dupont. Signé Pierre Fresnault-Deruelle, le dossier central revient sur la séquence de rêve du Temple du Soleil. Philippe Goddin remet ensuite les pendules à l’heure dans un article démontrant qu’un ouvrage sur Tintin et le Thermozéro serait le bienvenu. Dans les autres articles, il va être question entre autres d’os de dinosaures, de soleils rouges, de dessin pour le journal Tintin, de rhum, de matériel lunaire et de crayons de couleurs. Les rubriques habituelles comme C’est une bonne question, La dépêche et les scoops de Walter Rizotto sont également au rendez-vous.
© Hergé/Tintinimaginatio 2024
© Les amis de Hergé a.s.b.l.Pour adhérer aux Amis de Hergé, il suffit de se rendre sur le site lesamisdeherge.com : https://lesamisdeherge.com/lassociation/inscription/ La revue de l’association le prouve depuis déjà 78 numéros : Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : Les amis de Hergé
Tome : 78 – Automne 2024
Genre : Revue d’étude
Rédacteur en chef : Philippe Goddin
Éditeur : Les amis de Hergé a.s.b.l.
Nombre de pages : 60
Prix : 25 €
ISSN : 0773-6703
- 100 bucket list of the dead 15par Laurent Lafourcade
Dauphins de la mort
« -Regardez, làààà !! Des dauphins !! C’est bien de dauphins, hein ?!
-C’est la première fois que j’en croise dans la nature !
-Le détroit de Hayasaki abrite une population d’environ 200 grands dauphins. Ils sont sédentaires et restent donc dans le détroit toute l’année. Au Japon, c’est une caractéristique assez rare chez les dauphins. »
On dit que les dauphins sont les créatures les plus intelligentes après l’homme. Ils sont très curieux et s’attachent facilement aux gens. Ça serait super de nager avec eux. C’est d’ailleurs le quarante-cinquième vœu dans la liste de ce qu’Akira rêve de faire avant d’être transformé en zombie. Pour ceux qui ne sauraient pas, le monde en général et le Japon en particulier subit une apocalypse zombie. La pandémie gagne du terrain et seuls quelques rescapés survivent, dont Akira et ses amis. Victime de burn out, ça tombait très bien pour cet employé de bureau qui rêvait de ne plus retourner travailler dans son entreprise.
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2024La petite troupe est à bord d’un bateau, en vue de Guankajima, dite l’île cuirassé, dont le véritable patronyme est Hashima. Appartenant à la préfecture de Nagasaki, elle abritait autrefois une mine de charbon sous-marine. Aujourd’hui, on peut en visiter les ruines. Hormis cette histoire de dauphins, un autre item qui est barré interpelle Shizuka, le 33, « Rencontrer l’âme sœur ». Ce n’est pas normal qu’il soit déclaré comme accompli. A qui ça fait référence ? Akira a des sentiments pour elle et a rayé la ligne quand il a cru l’avoir perdue. Il essaye de noyer le poisson et de changer de discussion…grâce aux dauphins. Sur l’île, infestée de zombies, quelqu’un va tournebouler le cœur de Shizuka. C’est Jôichirô Sakaki, un médecin qui fait le tour du Japon pour soigner ceux qui en ont besoin.
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2024Dans ce quinzième épisode, Haro Aso et Kotaro Takata rebattent les cartes des sentiments. A quoi bon attendre pour déclarer sa flamme ? Il vaut mieux avoir des remords que des regrets, comme le chantent Big Flo et Oli. Le couple pas encore couple Akira-Shizuka est mis à rude épreuve, pas celle des zombies, mais celle de l’élément perturbateur. Il va falloir pour l’un et pour l’autre prendre des décisions et faire des choix. Qui aurait cru que 100 bucket list of the dead c’est aussi une belle histoire d’amour ?
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2024Trois conséquents bonus complètent l’aventure. Le premier envoie Kencho et Akira in Borderland dont le scénariste est Haro Aso, le même que Bucket list. Les deux autres sont des mises en abime des personnages réjouis de la sortie des versions anime et live de la série pour Netflix. Très malin et très drôle.
L’apocalypse zombie est le remède au burn out. Après quinze tomes, on ne peut plus en douter. 100 bucket list of the dead est une série majeure pour explorer la psychologie humaine.
Série : 100 bucket list of the dead
Tome : 15
Genre : Zombies
Scénario : Haro Aso
Dessins : Kotaro Takata
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505125136
Nombre de pages : 160
Prix : 7,90 €
- Le Père-Lachaisepar Laurent Lafourcade
Légendes, célébrités et sépultures insolites
« -Je peux savoir ce que tu fais ?
-Bah, comme toi je pose des questions dont j’ai la réponse avec un air mystérieux.
-Toi, un air mystérieux, vraiment ?
-Il n’y a pas que des chats au Père-Lachaise… Sauf que nous, on sait se faire discrets, on ne sort que quand il n’y a plus personne… »
Les allées du Père-Lachaise, le plus célèbre cimetière de France, sont peuplées d’animaux. Parmi eux, un chat noir nous offre une visite guidée. Suivons-le dans les divisions de la dernière demeure de tant d’hommes et de femmes illustres. Pourtant, celui qui a donné son nom au lieu n’y est même pas enterré. François Chaix de La Chaize, prêtre jésuite décédé en 1709, est inhumé à l’église Saint-Paul Saint-Louis. Confesseur de Louis XIV, le Roi lui octroie un domaine qui sera racheté par la ville de Paris. Le Cimetière des Innocents étant saturé, le lieu deviendra un cimetière qui peinera à convaincre jusqu’à ce que les corps de Molière et Jean de la Fontaine y soient transférés en 1817. Aujourd’hui, le plus grand cimetière de Paris compte 70 000 tombes sur 44 hectares.
© François, Floc’h – Delcourt Scénarisé par Sébastien Floc’h, l’album collectif raconte la vie de quinze pensionnaires du cimetière du Père-Lachaise avant que, pour chacun d’entre eux, un chat noir ne nous indique sa tombe en ajoutant des anecdotes. Il y a des amoureux célèbres, comme Héloïse et Abélard. On trouve celui qui a donné ses lettres de noblesses à la pomme de terre : Antoine Parmentier. La noblesse russe est présente avec Elisabeth Stroganoff dont une légende urbaine entoure sa tombe. Les artistes ne manquent pas à l’appel, qu’ils soient musiciens (Frédéric Chopin), peintre (Théodore Géricault), romanciers (Honoré de Balzac et Oscar Wilde), poète (Alfred de Musset), comédien (Sarah Bernhardt) ou musicien (Jim Morrison). D’autres célébrités complètent la liste.
© Mancini, Floc’h – Delcourt Au dessin, les artistes confirmés côtoient des auteurs ayant encore peu publié. On connaît bien Ricard Efa (dessinateur de biographies de Degas et de Monet au Lombard), Oriol (récemment lu avec le diptyque L’or du temps sur scénario de Rodolphe chez Daniel Maghen), Terkel Risbjerg (dessinateur de l’exceptionnel Copenhague chez Dargaud) et Sylvain Dorange (dont la biographie des époux Klarsfeld a été très remarquée à La boîte à bulles). Chaque dessinateur conserve le style qui lui est propre pour illustrer en cinq planches les vies illustres, plus deux planches des commentaires félins. Dans des tons de mi-saison, la splendide couverture d’Enrique Corominas est une chaleureuse invitation à fouler les pavés des allées du cimetière.
© Mancini, Floc’h – Delcourt Il y a tant de célébrités enterrées au Père-Lachaise qu’on voudrait que cet album soit le premier d’une série d’anthologie. Instructif et poétique, le livre montre quelques-unes des histoires et légendes qui entourent certaines sépultures. Passionnant.
One shot : Le Père-Lachaise
Genre : Biopics
Scénario : Sébastien Floc’h
Dessins & Couleurs : David François, Fabio Mancini, Gaël Henry, Nancy Peña, Teddy Kristiansen, Alexis Vitrebert, Ricard Efa, Oriol, Eliot Baum, Facundo Percio, Sagar, Terkel Risbjerg, Enrique Corominas, Grazia La Padula, Florent Desanthèmes, Sylvain Dorange
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413076827
Nombre de pages : 162
Prix : 23,50 €
- Robert Badinter Au nom de la justicepar Laurent Lafourcade
L’avocat qui a dit stop
« -Je sais bien qu’on vous encourage aujourd’hui à voter la mort. L’opinion, les médias, la foule amassée devant ce tribunal qui vocifère, vous encourage, mais vous savez bien qu’un jour la peine de mort sera abolie. (…) Alors le temps passera. C’en sera fini du tumulte, des encouragements, et vous demeurerez seuls avec votre jugement. Vous resterez seuls avec votre jugement. Et vos enfants, vos petits-enfants sauront un jour que vous avez décidé la mort d’un homme… » (Robert Badinter)
Robert Badinter est né à Paris le 30 mars 1928. Ses parents ont immigré de Bessarabie (aujourd’hui la Moldavie). Ils ont fui la discrimination juive et sont à présent naturalisés français. La France est le premier pays à avoir reconnu aux juifs le statut de citoyens en 1791. Pour Simon, le père de Robert, la France, c’est la République et l’égalité. Il n’imagine pas les années sombres qui allaient suivre. La famille fait fortune dans le commerce de la fourrure et emménage dans un chic appartement parisien. L’antisémitisme monte en France et la guerre est déclarée. Les juifs sont mis au pilori. Simon Badinter est arrêté. Robert, son frère et sa mère fuient en zone libre. Après la guerre, c’est le retour à Paris où il faudra tout reconstruire. Simon, lui, ne reviendra jamais de déportation.
© Le Naour, Marko – Dunod Graphic Robert est orphelin. Il est humilié. Il est le fils de l’homme traqué, dépossédé de ses droits, persécuté, assassiné et dont il gardera à jamais le souvenir. C’est là qu’il faut trouver les raisons de son engagement pour la justice et pour le droit. Il voulait devenir professeur de droit. Devant attendre l’âge de 25 ans avant de passer l’agrégation, pour patienter, il passe, sans conviction, un certificat d’aptitude au métier d’avocat. Après s’être fait la main sur des procès de divorces, il entre dans l’équipe d’Henry Torrès, un ténor du barreau, ancien résistant. Il devient l’avocat du show-biz. En 1956, il rencontre l’actrice Anne Vernon qui deviendra sa première épouse. Ils se quitteront en 1964. Deux ans plus tard, Robert fait la connaissance d’Elizabeth avec qui ils auront trois enfants.
© Le Naour, Marko – Dunod Graphic Entretemps, l’engagement en politique de Robert Badinter a pris de l’ampleur, tout d’abord aux côtés de Pierre Mendès France. Alors qu’il mène une vie bourgeoise, Badinter a choisi de s’engager à gauche parce qu’il défend la justice, garantie par l’égalité devant la loi et parce que la justice est totale, indivisible, qu’elle est aussi sociale et fiscale. Il est un social-démocrate, partisan de la redistribution mais pas de la confiscation. En 1971, l’affaire Buffet-Bontems relance le débat sur la peine de mort. Ces deux détenus sont à l’origine d’une prise d’otage qui tourne mal. L’un d’eux a tué, l’autre non. Malgré la plaidoirie de Badinter, les deux sont condamnés à la peine capitale. Le combat de l’avocat pour l’abolition de la peine de mort ne cessera jamais. Ça sera sa raison de vivre. En 1981, il devient Garde des Sceaux du gouvernement de Pierre Mauroy sous la présidence de François Mitterrand. La suite appartient à l’Histoire.
© Le Naour, Marko – Dunod Graphic Après Gisèle Halimi l’insoumise, Jean-Yves Le Naour et Marko racontent la vie et la carrière d’une autre personne de loi qui a contribué à faire de la France un pays civilisé : Robert Badinter. Le scénario, le découpage et la mise en couleur si particulière en deux tons sont d’une efficacité redoutable, autant que les plaidoiries de l’avocat. A ranger à côté de L’abolition, album signé Malo Kerfriden et Marie Bardiaux-Vaïente paru chez Glénat, Robert Badinter Au nom de la justice est un récit mémoire indispensable.
One shot : Robert Badinter Au nom de la justice
Genre : Biopic
Scénario : Jean-Yves Le Naour
Dessins & Couleurs : Marko
Éditeur : Dunod Graphic
ISBN : 9782100875030
Nombre de pages : 96
Prix : 19,90 €
- Somnapar Laurent Lafourcade
Les cornes ne font pas le démon
« -J’ai menti à Roland. J’ai dit que je me sentais mal, mais la vérité, c’est que je ne supporte pas les bûchers. Toute cette fumée…
-Je ne voulais pas non plus que Niklas voit ça. Il fait toujours des cauchemars depuis qu’il a vu Harald dépecer un cochon.
-Dis… Tu la connaissais ?
-Pas vraiment. Je crois qu’elle et son mari étaient arrivés il y a deux étés. Elle était jeune, jolie. Elle s’appelait Greta, je crois. »
Qu’est-ce qu’un rêve ? La frontière est parfois si tenue entre le rêve et la réalité que l’on peut hésiter à savoir dans quel monde on est. Dans un village anglais du XVIIème siècle, les nuits d’Ingrid sont envahies de plaisirs coupables avec un démon. Epouse de Roland, le bailli, chef des inquisiteurs, c’est comme si elle comblait les nuits avec son bien-aimé par des relations charnelles avec un fantôme. Ces songes doivent rester secrets car au village il ne ferait pas bon d’être soupçonné de sorcellerie. D’ailleurs, le bûcher est allumé. Greta, la femme du charpentier, est en train de brûler, accusée d’avoir ensorcelé le meunier. Quand le matin se lève, les rêves d’Ingrid s’estompent, mais la sensation persiste.
© Cloonan, Lotay – Delcourt Ingrid a une grande amie en la personne de Maja. C’est la femme d’Harald, le boucher. Maja n’a d’yeux que pour Sigurd, l’époux de Greta, qui vient d’être brûlée vive. Une nuit, poussée par son amant démon, Ingrid va surprendre Maja et Sigurd dans la chaumière du vieux chasseur. Pour son amie, elle saura garder le secret. Le Père Gudman fait du combat contre la sorcellerie son cheval de bataille. Dieu ne fait pas bon ménage avec le Diable. Entre ses nuits érotiques avec le démon et ses jours à affronter la perfidie des hommes, Ingrid réussira-t-elle à préserver son intégrité autant physique que morale ?
© Cloonan, Lotay – Delcourt Une petite histoire avant de s’endormir ? Ainsi est sous-titré Somna, ce Comics lauréat du prix Award Will Eisner au Comiccon international. Les autrices Becky Cloonan et Tula Lotay ont écrit ce scénario à quatre mains et se sont partagées les dessins des planches. A Becky Cloonan, les scènes réelles dans un style réaliste. A Tula Lotay, les scènes sataniques des rêves érotiques dans un hyper-réalisme. Si le mélange des styles peut être déroutant, il est parfaitement justifié par le propos et les différences d’ambiances. Bien que le livre soit destiné à un public averti, les scènes de sexe restent softs. Somna est un drame amoureux, une histoire tragique comme il y a dû en avoir à la grande époque des procès en sorcellerie car, au fond, tout reste réaliste si l’on considère que les rêves sont des allégories de l’esprit. A ranger à côté d’Un sombre manteau, signé Jaime Martin, paru il n’y a pas longtemps chez Dupuis dans la collection Aire Libre.
© Cloonan, Lotay – Delcourt Le Comics, ce n’est pas que des histoires de super-héros, c’est aussi des petites pépites de folk horror comme Somna qui, plus qu’une histoire fantastique, est un témoignage historique sur un temps nauséabond de chasses aux sorcières, époque que l’on espère politiquement ne plus jamais vivre. Rien n’est moins sûr.
One shot : Somna
Genre : Historico-fantastique
Scénario & Dessins : Becky Cloonan & Tula Lotay
Couleurs : Lee Loughridge, Dee Cunniffe & Tula Lotay
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
ISBN : 9782413084990
Nombre de pages : 180
Prix : 23,50 €
- Tokyo Cannabis 4par Laurent Lafourcade
Les revers de l’or vert
« -Calme-toi, Morio !!
-Allez, putain ! Ne crève pas !!
-On peut pas appeler d’ambulance ! Et encore moins les flics ! Réfléchis ! Si les ambulanciers voient la serre, on se fera embarquer tous les deux pour avoir fait pousser de l’herbe !! Même pire encore !! T’es un meurtrier, mec ! Ce sera la fin pour toi et toute ta famille !! »
Morio est dans une sacrée merde. Il vient de porter un coup fatal à Maruyama. Kagayama essaye en vain de le ranimer pendant qu’il demande à Morio de rentrer chez lui et de faire comme si de rien n’était avec sa famille. Sa femme et sa fille ne se doutent toujours pas qu’il est devenu l’un des pontes de la culture du cannabis. Ce qu’il est loin de se douter, c’est que Maruyama n’a pas expiré son dernier souffle. Il est dans le coma mais a bel et bien survécu.
© 2022 by Yuto Inai / Coamix
© Inai – Kana 2025De leur côté, Kanzaki et l’agent Izumi interrogent Fukamiya, la sale vermine de toxico qui leur sert d’indic. L’individu a trouvé les types derrière la Mick X, la nouvelle herbe extraordinaire : c’est l’organisation Kurobe, le groupe de malfrats à l’origine de plusieurs affaires de coups et blessures dont parlent les infos. Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces types refourguent de la Mick X. Le scoop, c’est que les Kurobe et le cultivateur sont liés. Mais ni les flics ni l’indic ne savent qui il est. Kanzaki met la pression sur Fukamiya pour qu’il en découvre un peu plus.
© 2022 by Yuto Inai / Coamix
© Inai – Kana 2025Actuellement, quatre grandes organisations sévissent dans Tokyo. Les Heaven Emperor règnent sur le quartier d’Ueno tandis que les Bad Dog sont les rois d’Ikebukuro. Les Omega dirigent Shibuya et les Kurobe Shinjuku. Ces derniers veulent juste se faire du fric alors que les autres organisations se livrent une guerre sans pitié avec violence. Pour autant, malheur à qui entraverait le business des Kurobe. Ils pourraient mordre. Morio et Kagayama le savent bien. Pour l’heure, il leur faut trouver un nouveau lieu pour cultiver leur herbe. Mais à force d’avoir l’œil sur les bandits et sur les forces de l’ordre, on oublie d’être vigilant sur sa famille. L’épouse de Morio vient de trouver sur une étagère une boîte pleine de yens.
© 2022 by Yuto Inai / Coamix
© Inai – Kana 2025Le manga de Yûto Inai est pire que le cannabis. Il rend addictif. Mais la différence est que l’addiction à cette lecture ne nuit pas à la santé et donne plutôt l’envie de ne pas toucher à cette merde.
Série : Tokyo Cannabis
Tome : 4
Genre : Seinen Thriller
Scénario & Dessins : Yûto Inai
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505130987
Nombre de pages : 160
Prix : 7,90 €
- Gunthrie 1 – Little Annypar Laurent Lafourcade
Un fusil bien convoité
« -Rien, Sam ! Hmmm… Et visiblement, on a bien regardé !
-Il a parlé ?
-Ouais, même si y’a un moment où j’ai cru qu’il était muet, le coyote ! Un frère et une sœur manquent au troupeau, Sam !
-Et ils ne sont pas ici ! Oui, forcément, ils ne sont pas ici !
-On n’a plus qu’à mettre la main sur celui des deux qui a le fusil !
-Et eux ?
-On respecte la tradition, c’est la mort qui fait son tri, Hox, pas nous ! »
Dans la quasi-indifférence de sa famille, sauf peut-être celle de sa sœur, Gunthrie vient de quitter sa ferme du Nevada pour répondre à l’appel du Wyoming. Son père, Theodore Oldhabit, est mort à Little Big Horn, comme un soldat, pas comme un héros. Gunthrie va porter dans sa tombe son fusil fétiche, dont la crosse est ornée d’une gravure de son portrait réalisée par Annie Oakley. A peine parti, un groupe de quatre hommes débarque à la ferme, massacrant sa mère et ses frères. Sa sœur n’était plus là. Ils recherchent le fusil. Poursuivi par les mercenaires, protégé par l’œil bienveillant de sa sœur, Gunthrie trouvera-t-il la sépulture de son père ? A moins qu’un coup de théâtre ne rebatte les cartes.
© Cazenove, Carrère, Maffre – Soleil Gunthrie est un héros très discret. La série aurait pu s’intituler ainsi si ce n’avait pas été déjà pris. Le personnage est très peu loquace. On peut dénombrer ses prises de parole. Derrière lui, c’est sa sœur cadette Joe qui supervise la situation. Les méchants ne sont pas des bandits d’opérette. On tue, on éventre, on plante, sans aucun état d’âme. Gunthrie reste lui-même très froid. On doit presque se forcer pour avoir de l’empathie pour lui. Comme Joe, on a envie d’apporter de l’humanité dans la vie désabusée de Gunthrie. L’aventure est aussi une histoire de famille, une famille déstructurée, qui aurait pu être modèle avant que le père ne parte au combat, événement qui a chamboulé les rapports entre les enfants entre eux et avec leur mère.
© Cazenove, Carrère, Maffre – Soleil Quand un dessinateur réaliste tous publics s’associe avec l’un des piliers de l’humour classique et l’un des spécialistes de l’ambiance de l’ouest américain, ça donne un album inattendu. Christophe Cazenove, scénariste des Sisters et des Petits mythos, change son fusil d’épaule. C’est le cas de le dire. Il écrit un western sombre. Une histoire de famille, d’escroquerie et de vengeance. Pour que la marche ne soit pas trop haute à gravir, c’est l’auteur de Léo Loden qui est au dessin. Dans son réalisme souple, le trait de Serge Carrère adoucit, si l’on peut adoucir cette histoire, la tournure violente de l’aventure. Et quoi de mieux que les couleurs de Jérôme Maffre, plus qu’habitué au western (et dans western, il y a Stern), pour empoussiérer le récit déjà obscurci par des ombres noires appuyant la dramatisation.
© Cazenove, Carrère, Maffre – Soleil C’est un sacré pari pour de tels auteurs que de se lancer dans ce type de récit. L’album est sorti il y a quelques mois déjà et est passé injustement inaperçu. Il aurait été judicieux de la part de l’éditeur de mieux mettre cette prise de risque en avant, car elle donne un western tragique et sans concession, impitoyable.
Série : Gunthrie
Tome : 1 – Little Anny
Genre : Western
Scénario : Christophe Cazenove
Dessins : Serge Carrère
Couleurs : Jérôme Maffre
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302094062
Nombre de pages : 48
Prix : 14,95 €
- L’âge bêtepar Laurent Lafourcade
Merveilleuse adolescence 90’s
« -Kes’ y a ?
-Hein ?
-Haaan, y t’a dit va niquer ta mère.
-Quoi ?
-Tu m’as dit va niquer ta mère ?!
-Non ! Non !
-Haaan, Kader ! Il a dit, ta mère c’était une pute !
-Ah ! Non non non !!!
-Je vais te niquer ta mère, fils de pute !
-Toi, t’es mort à la sortie. »
Bienvenue dans le monde merveilleux de l’adolescence. Après son enfance dans Petit journal d’un gros fragile, Jonathan Munoz nous invite dans son adolescence. Tout commence en 1996. Jonathan a douze ans et entre en 6ème. C’est l’époque du Roi Lion, de Toy Story, d’Independence Day, des Spice Girls et de Eels. L’innocence s’évade. La cruauté de la vraie vie s’invite, tout d’abord avec les gros durs et simples d’esprits du collège. Même les gens cools sont là pour se foutre de votre gueule. Quand on porte des vêtements de chez Tati, Carrefour ou Emmaüs, ça prête aux railleries. Pour autant, ce n’est pas parce qu’on va arriver un jour avec des Nike que ça va changer les choses.
© Munoz, Thibaut-Jouvray – Fluide glacial 1997, Jonathan oublie de composter son ticket dans le bus et vole à la « Fnic ». Hou Hou Hou ! Le délinquant ! 1998, Papa meurt parce qu’il a été irradié quand il travaillait à l’usine. Jusqu’à présent, Jonathan était dans un monde où la mort n’existait pas. Aujourd’hui, elle laisse un si grand vide… que Papa avait pris le temps de remplir avant de partir. 1999, c’est l’année de découverte de la branlette et du premier flirt. Jonathan passe de l’âge bête à l’âge bite. 2000, c’est le lycée, les gros seins de Laurie Molasti et le théâtre. Jonathan a les cheveux longs et explore de nouveaux territoires à conquérir. Au fil des années, Jonathan découvre la sexualité mais trouver le diplôme du bac, ça va être une autre paire de manches.
© Munoz, Thibaut-Jouvray – Fluide glacial Sous les couleurs d’Anne-Claire Thibaut-Jouvray, Jonathan Munoz signe une bande dessinée autobiographique dans laquelle de nombreux lecteurs se retrouveront, même s’ils n’ont pas forcément le même âge que lui. Au travers d’anecdotes tendres, drôles et émouvantes, Munoz ne cache rien de son adolescence, même les moments les plus intimes ou les plus gênants. Il réinvente le journal intime. Il en profite également pour rendre le plus bel hommage qu’un enfant peut rendre à son papa. Et alors qu’on pensait avoir tout lu, l’épilogue est un moment d’émotion inattendu, un tour de magie.
© Munoz, Thibaut-Jouvray – Fluide glacial Le chemin entre l’enfance et la vie d’adulte est un labyrinthe qui passe par l’adolescence. Les plus chanceux auront pu s’en évader pour ne jamais devenir adulte. C’est peut-être ça être auteur de bande dessinée d’humour, quand « l’âge bête » reste pour l’éternité.
One shot : L’âge bête
Genre : Humour émotion
Scénario & Dessins : Jonathan Munoz
Couleurs : Anne-Claire Thibaut-Jouvray
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207172
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
- Un putain de salopard 4 – Le rituelpar Laurent Lafourcade
Quête d’amour et de vérité
« -Mais ? Qu’est-ce que vous faites debout, Monsieur Hermann ?
-Je vais bien, je vais bien… Ne vous inquiétez pas…
-Je ne sais pas si c’est vraiment raisonnable de vous lever…
-On vient de m’annoncer la venue d’un invité un peu spécial, Christelle…
-Et ça ne peut pas attendre un petit peu ?
-On a retrouvé l’un des salopards qui avaient enlevé ma fille… On est en train de me le ramener ici…
-L’un des… ? Le père de Max ?
-Je ne sais pas, celui que l’on appelait Mermoz… Je n’imaginais pas un jour retrouver l’une de ces ordures vivantes… »
Dans un bidonville d’Amazonie, Max et Baïa tentent de fuir le Manchot qui est à leurs trousses. Dans ses ruelles étroites où une voiture a du mal à se faufiler, les fuyards parviennent à semer le tueur. Mais celui-ci est loin d’avoir dit son dernier mot. Max et Baïa sont recueillis par Régo, un vieux flic, bien décidé à arrêter O Maneta, le Manchot. Pendant ce temps, Herman, le patron du camp forestier, se remet. Il est bien décidé à mettre la main sur les salopards qui ont enlevé sa fille Isabel et volé un magot il y a sept ans, en 1965. L’un d’entre eux n’est autre que le fameux Manchot, qui est également le père de Max… et pas que. A son tour, il va l’enlever pour qu’il le mène en pleine jungle, sur les traces de ses méfaits. Tout ce petit monde va se retrouver dans une chasse impitoyable au milieu de l’enfer vert.
© Loisel, Pont, Lapierre – Rue de Sèvres Quatrième acte et épiloguepour un Putain de Salopard. Des ruelles crasseuses au milieu de cabanons brinquebalants jusqu’au jardin luxuriant, poumon de la planète, rien n’est épargné aux héros de la série. D’ailleurs, Max n’est pas un héros, c’est tout simplement un homme ordinaire, un homme ordinaire au destin hors du commun qui cherche à éclaircir son passé et à répondre aux questions sur ses origines. Il n’est pas au bout de ses surprises, ni lui, ni Baïa, avec qui l’histoire d’amour qu’il vit serait peut-être impossible. Il ne faut pas oublier que nous sommes en 1972, et que, pour eux, comme encore plus dans une autre optique pour Christelle et Charlotte, les esprits sont loin d’être ouverts.
© Loisel, Pont, Lapierre – Rue de Sèvres Sous les couleurs de François Lapierre, Olivier Pont ne se contente pas d’illustrer le scénario de Régis Loisel. Il l’adapte lui-même, avec la même exigence qui caractérise l’auteur de La quête de l’oiseau du temps. Dans des genres qui n’ont rien en commun, ces deux récits se rejoignent dans le sens où ce sont toutes deux des histoires de famille. Le lecteur qui a écrasé une larme au final de La quête se trouvera dans la même situation dans le final du Salopard. Dans la première comme dans la seconde, la paternité est l’âme de l’intrigue. Alors qu’Un putain de salopard semble mettre la focale sur Max et Le Manchot, la plus belle histoire d’amour entre un papa et son enfant est celle d’Herman et Isabel, que les auteurs ont su retranscrire avec une force incommensurable.
© Loisel, Pont, Lapierre – Rue de Sèvres Un putain de salopard se clôt avec puissance et émotion. A (re)lire d’une traite, la quadrilogie est vraiment une putain de bonne série.
Série : Un putain de salopard
Tome : 4 – Le rituel
Genre : Aventure
Scénario : Régis Loisel
Adaptation & Dessins : Olivier Pont
Couleurs : François Lapierre
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810206155
Nombre de pages : 96
Prix : 18 €
- Lina et le secret de la passerellepar Laurent Lafourcade
100 ans entre papa et maman
« -Je t’accompagne ? Tu veux me présenter à tes parents ?
-Hein ? Mais non.
-On va devenir copains tous les deux, autant que tu me présentes à tes parents…
-Mes parents sont séparés, je vais chez mon père.
-C’est dur, hein ? Tu vois toujours ta mère ?
-Mais oui, tout va très bien. »
Lina est une collégienne parisienne comme les autres. Comme les autres ? Pas tout à fait. Sa mère vit dans la capitale de nos jours. Son père aussi… mais en 1910. Régulièrement, elle emprunte un passage secret dans lequel elle se change pour passer d’un monde à l’autre. C’est secret ! Sauf que… Sauf que… D’un côté comme de l’autre, il y en a qui se posent des questions. Début XXème, ce sont deux malfrats qui ont surpris une conversation de Lina avec sa grand-mère à propos de « petites boules rouges du futur ». Début XXIème, c’est Gus, le petit nouveau collégien, que Lina toise un peu. Ben, fallait pas qu’elle oublie sur le banc de l’abri-bus le livre La grande crue de Paris, avec à l’intérieur une photo d’elle datée de 1908.
© Frey, Domecq, Dawid – La Gouttière Règle 1 : On protège le secret. Règle 2 : On ne s’occupe pas de l’époque de l’autre. Règle 3 : On respecte le planning. Si des gens découvrent la passerelle entre les deux époques, ils voudront l’utiliser, et peut-être même s’en emparer. Lina doit donc être très prudente dans ses passages. Si papa ne veut rien savoir du futur, Lina sait qu’une grande crue va envahir Paris. Avec Moma, sa grand-mère, elle va devoir prendre le taureau par les cornes, ou plutôt le cheval par la bride pour sauver les livres de la librairie que son père vient d’ouvrir. Mais attention au Gang des pivoines qui a un plan machiavélique. Résistera-t-il au passage du temps ?
© Frey, Domecq, Dawid – La Gouttière Julien Frey et Mathilde Domecq créent une héroïne hors du temps. Loin des histoires classiques d’enfant entre deux parents séparés, ce n’est pas ici une rue ou une ville qui amène de l’un à l’autre, mais un couloir du temps. Frey repousse les limites du possible en posant cette contrainte et l’utilise intelligemment tout au long du scénario. Ce n’est pas simplement un concept, c’est un levier de l’intrigue. Très malin. Avec son graphisme rond et dynamique, Mathilde Domecq assure le dessin, accompagné des couleurs de Dawid qui fait le pont entre les époques sans trancher brutalement. Redoutablement efficace.
© Frey, Domecq, Dawid – La Gouttière Présenté comme un one shot, Lina et le secret de la passerelle a tout le potentiel pour être le premier tome d’une série. L’histoire se suffit en soi mais l’évolution des personnages et le principe du récit donnent l’envie de suivre Lina et sa famille dans d’autres aventures inter-siècles.
One shot : Lina et le secret de la passerelle
Genre : Enquête
Scénario : Julien Frey
Dessins : Mathilde Domecq
Couleurs : Dawid
Éditeur : La Gouttière
ISBN : 9782357960602
Nombre de pages : 80
Prix : 14,70 €
- Sœur Calvairepar Laurent Lafourcade
La nonne exorciste
« -Voilà, voilà !
-Vous êtes pleine de grâce, Sœur Calvaire 24.
-Le Seigneur soit avec vous. De quoi s’agit-il ?
-Une affaire de niveau 3.
-Y a longtemps qu’on n’avait pas eu de niveau 3 !
-Foncez au cimetière de Niembro. Vous en avez pour une heure en voiture.
-En route, Natas. On a du boulot. »
Au monastère de l’Immaculée Conception de Villaviciosa dans les Asturies, les journées se suivent et se ressemblent pour les sœurs de la congrégation. Du lever à 6h30 au coucher à 22h45, prières, activités et détente alternent à un rythme millimétré d’horloger. Ça, c’est pour la majorité de ces dames, car pour l’une d’entre elles, ça ne se passe pas toujours comme cela. Telle Bruce Wayne en Batman ou Peter Parker en SpiderMan, Sœur Justine a une double vie. Elle n’est pas une super-héroïne, elle est exorciste. Nom de code : Sœur Calvaire. Natas, son Bull Terrier blanc l’accompagne dans ses missions. Aujourd’hui, elle est appelée dans un cimetière du nord de l’Espagne car un démon niche au sous-sol d’un mausolée.
© Carmona, Raule, Sanchez – Bamboo Sur place, elle fait la connaissance de Souleymane Saba, exorciste également, mais musulman. La catholique apprend que leurs religions ont plus de choses en commun qu’elle ne le pense. Pas de temps à perdre, les deux chasseurs de monstres doivent se mettre au travail. Le pouvoir de téléportation de Souleymane va permettre de ne pas faire de grabuge au cimetière. Ils ne seront pas trop de deux, deux et demi avec Natas, pour venir à bout du démon. C’est épuisant. De retour dans sa cellule, la nonne s’interroge sur l’origine de son pouvoir, dans sa foi et sa piété. Il serait temps d’éclaircir tout ça avec le Saint-Siège. Ça tombe bien, son mentor, celui qui l’envoie en mission, va bientôt débarquer au monastère pour s’entretenir avec elle.
© Carmona, Raule, Sanchez – Bamboo Sœur Calvaire est signée par deux auteurs espagnols. Au scénario, on retrouve Raule, bien connu en France pour des séries comme Isabellae, Arthus Trivium ou son one shot avec Berthet et David : L’art de mourir. Il signe ici une comédie dramatique nourrie aux comics américains. Ça défouraille du démon. Un brin d’humour dans les dialogues dédramatise les situations tragiques. Bonus, le scénariste rassemble les religions dans un œcuménisme élargi prouvant que l’union fait la force. Fran Carmona franchit pour la première fois la frontière. Le dessinateur a choisi un format de planche plus allongé que le traditionnel album franco-belge, se rapprochant ainsi du comics. C’est dommage qu’il n’en adopte pas plus le découpage, notamment dans les scènes de combat. Ça aurait été une cohérence mais qui dans tous les cas n’entache pas l’efficacité de son dessin, avec une mise en couleurs de Werner Sanchez.
© Carmona, Raule, Sanchez – Bamboo Sœur Calvaire réunit tous les ingrédients pour devenir une série au long cours. Cet épisode qui se suffit en soi a le goût et la couleur d’un pilote mettant en place un univers et des personnages. Espérons que le succès soit au rendez-vous pour que ça le devienne.
One shot : Sœur Calvaire
Genre : Fantastique
Scénario : Raule
Dessins : Fran Carmona
Couleurs : Werner Sanchez
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
ISBN : 9782382331804
Nombre de pages : 64
Prix : 15,90 €
- Red Flower 2 – Le lion trop fier de sa crinière par Laurent Lafourcade
Peuple recherche asile
« -Anansi ?! Qu’y a-t-il ?!
-M… M… Malédiction !! Le démon pâle de mes visions !! Petit, tu veux notre mort à tous ? Qu’est-ce qui t’a pris d’invoquer ce démon ?
-M… Mais non ! Je l’ai trouvée échouée sur la plage !
-Et tu l’as ramenée ici ?! C’est une catastrophe, Monseigneur ! Le mal a déjà pénétré au sein de notre village !! Et par la main de votre propre fils ! Quelle tragédie !! »
Kéli rentre au village avec une jeune femme inanimée dont un membre n’est pas de chair mais de terre froide. Elle porte une prothèse mécanique en guise de bras droit. Le peuple de Bao’ré ne connaît pas ce type de technologie. Afin d’éviter la colère du grand Ilgwé, le sorcier Anansi suggère de se débarrasser le plus rapidement possible de ce démon. La miraculée ne verra son salut qu’en l’intervention de la grand-mère de Kéli qui, en sa position de vieille sage, ordonne que l’on soigne l’humaine, car elle est bien humaine. Quelques jours plus tard, l’étrangère à la peau blanche se réveille. Si Kéli a du mal à la comprendre, ne parlant pas le même langage, Padiki arrive, elle, à entrer en communication. Elle s’appelle Heidi Hartmann. Que lui est-il arrivé ? Comment a-t-elle échoué sur la plage ?
© Loui – Glénat En initiant Heidi au Katafali, guide de vie amenant à l’harmonie, Kéli va percevoir ses émotions comme si c’était les siennes. Leurs esprits vont être reliés. Heidi est issue du peuple Eisenvolk. Elle vient d’un pays lointain caché dans les montagnes, une terre glacée sans lumière et sans vie où les siens ont été exilés. Leur technologie leur a permis de survivre dans ce milieu hostile où ils ont fondé des familles, jusqu’au jour où, sur le point de découvrir une source d’énergie illimitée, ils ont été attaqués et ont dû s’exiler. Ils ont organisé plusieurs expéditions pour trouver une nouvelle terre d’accueil. Méfiant quant à ses intentions, instrumentalisant Yao, frère de Kéli et lion trop fier de sa crinière, Anansi se positionne en rempart contre ces envahisseurs qui pourraient s’emparer de l’île.
© Loui – Glénat En deux volumes seulement, si l’on excepte sa vie précédente en auto-édition, Red Flower s’est installé comme une série exotique surprenante, prenant le lecteur à contre-pied en l’amenant sur des chemins qu’il ne soupçonne pas. Une île au milieu de l’océan. Une tribu locale et ses coutumes. Les animaux, la nature, les traditions, tout cela aurait pu rester bucolique et planplan. Pas du tout. Loui a su rapidement apporter à son récit l’élément perturbateur qui a fait voler en éclat ce havre de paix. Le fantastique reste spirituel et cohérent. C’est la technologie qui va chambouler ce petit monde. Le mangaka fait se rencontrer deux univers qui n’avaient rien pour se croiser. Tout cela l’amène à traiter d’un phénomène de société bien actuel : celui des migrants, invitant les lecteurs à se poser la question : Et nous que ferions-nous ? Serions-nous des Yao ? des Anansi ? des Kéli ? Protéger ou se protéger ? Qu’est-ce qu’une menace ? Et d’abord, en est-ce une ?
© Loui – Glénat La fleur rouge de Red Flower saigne d’avoir un choix à faire. Dans un graphisme digne des meilleurs mangakas, Loui signe une série dépaysante et intelligente. A suivre de très près.
Série : Red Flower
Tome : 2 – Le lion trop fier de sa crinière
Genre : Initiation tribale
Scénario & Dessins : Loui
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344053492
Nombre de pages : 240
Prix : 7,90 €
- Complots à Versailles 10 – La demoiselle aux cartespar Laurent Lafourcade
La bonne aventure
« -Laissez-moi voir ! Je sens que vous êtes grande voyageuse… Mais le voyage n’est pas fini. Il y aura des tempêtes avant que votre bateau n’arrive au port ! Faites attention aux pirates, madame !
-Cécile, tout va bien ?
-Le quartier n’est pas des plus sûrs. Rentrons ! Au domaine, cocher !
-Tu as vu cette fille ? Elle était tellement… spéciale ! »
Hiver 1692. Cécile de Saint-Béryl est accostée par une diseuse de bonne aventure dans la rue. Celle-ci lui prédit un voyage plein de tempêtes et la met en garde contre d’éventuels pirates. La bohémienne s’esquive aussitôt. Cécile réalise que sa bourse a disparu et part illico à ses trousses. Peine perdue, ce n’est pas elle qui l’a subtilisée. La gitane en profite pour compléter sa prédiction en ouvrant la main de Cécile. « Derrière les masques, se cachent des complots. » La voyante s’appelle Céleste. Elle sait que Cécile aide les pauvres gens depuis le début de l’hiver. Elle sait aussi qui a volé la bourse et négocie avec le chapardeur pour la rendre à sa propriétaire. Les deux femmes se lient d’amitié et Cécile propose à Céleste de l’héberger. Mais quelqu’un qui prédit l’avenir et tire les cartes, ça pourrait en déranger certains à la cour.
© Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli – Jungle Georges de La Tour en a fait une huile sur toile vers 1635. Les diseuses de bonne aventure ont commencé à proliférer dès la fin de l’Antiquité, même si leur origine se situe concrètement au sixième siècle, en Thrace, au Sud de l’actuelle Bulgarie. Elles sont issues des peuples Roms et Tziganes. Elles prédisaient l’avenir de façon plutôt énigmatique à des non-gitans par la chiromancie (les lignes de la main), la thédomancie (les feuilles de thé), la cartomancie et la cristallomancie (la boule de cristal). Sous le prétexte à gruger et délester le naïf, elles exerçaient leur art, se forgeant ainsi des réputations de voleuses.
© Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli – Jungle Carbone et Cee Cee Mia forgent leur nouveau complot autour de cette « profession » à part. Céleste est une diseuse de bonne aventure, mais n’est pas une voleuse, tout du moins pas avec Cécile qu’elle estime et respecte pour ses aides aux nécessiteux. Titre de la série oblige, la cartomancienne va mettre à jour un nouveau complot à Versailles. Les scénaristes respectent le pitch originel tout en trouvant encore une fois un nouvel angle historique d’approche, agrémentant l’univers de nouveaux personnages de fiction tout à fait plausibles.La dessinatrice Mara Angelilli prend de l’assurance et commence à sortir des stéréotypes pour assurer un jeu théâtral qui lui est propre.
© Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli – Jungle Complots à Versailles est une série à intrigues permettant d’aborder l’Histoire par un angle tout aussi instructif que ludique et divertissant, essentiellement grâce à ses scénaristes qui ont su transposer puis s’affranchir de l’univers précis de la romancière Annie Jay.
Série : Complots à Versailles
Tome : 10 – La demoiselle aux cartes
Genre : Aventure historique
Dessins & Couleurs : Mara Angelilli
Scénario : Carbone & Cee Cee Mia
D’après : Annie Jay
Éditeur : Jungle
Collection : Miss Jungle
ISBN : 9782822242042
Nombre de pages : 56
Prix : 13,50 €
- Strom 3 – Double disparitionpar Laurent Lafourcade
Le passage du temps
« -Voilà, Alex. Ton argent est là, juste après ce passage. Te voilà riche, mon vieux !
-Si c’est un sale tour… je te descends, Ange.
-Tu l’as bien vu, Alex, je suis déjà plein aux as ! Je n’ai pas attendu toutes ces années pour te trahir. L’argent qui es là-dedans est à toi.
-A moi la belle vie, alors ! »
Dans un vieux château de la campagne de banlieue parisienne, le propriétaire des lieux reçoit la visite d’un vieil ami, sortant tout juste de vingt ans derrière les barreaux. Le repris de justice vient se venger de son ancien acolyte qui les aurait laissés tomber, lui et son complice, pendant qu’il profitait des richesses du butin. Aujourd’hui, Alex veut récupérer sa part. Cela ne pose aucun problème au déjà richissime Ange, alias Aristide Fandor, qui l’invite à le suivre dans les sous-sols. Quand il a acheté le château d’Aurus, il y a quinze ans, il était en ruine. Empreint de nombreuses légendes, il n’avait quasiment jamais été habité depuis sa construction au XIIIème siècle. La plus étrange raconte que le fauconnier du roi, un chevalier, aurait disparu peu après le décès de sa femme. Son corps n’a jamais été trouvé, comme s’il n’était jamais mort. Seul un gisant symbolise son souvenir. En étudiant une gravure de faucon, Fandor a découvert un passage secret. Il propose à son invité forcé de l’emprunter pour y récupérer son argent. Comme bien d’autres avant lui, Alex ne reviendra jamais. Aristide Fandor choisira de se volatiliser de la même façon quelques temps plus tard.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan Dix ans après, le château de nouveau à l’abandon, est racheté par un riche couple de parisiens, Monsieur et Madame Favre, dont la fille Suzanne est la meilleure amie de Raphaëlle, celle qui vient d’être promue avec son frère Raphaël en tant que page dans la très secrète confrérie des chevaliers de l’insolite. Avec leur parrain Tristan, ils démêlent des intrigues mystérieuses aux frontières du fantastique. Le jour où Suzanne et Raphaëlle vont disparaître, Tristan et Raphaël, accompagnés par l’étrange bestiole Sparadrap, vont se charger de l’enquête qui va les amener bien plus loin que les sous-sols du château, que ce soit dans l’espace… ou dans le temps.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan Après l’affaire du collectionneur, Lylian et James Christ poursuivent l’adaptation des romans d’Emmanuelle et Benoît de Saint-Chamas. Ce troisième épisode inaugure le deuxième cycle qui correspond au deuxième roman de la série de littérature jeunesse. L’initiation dans la confrérie alterne avec la résolution de l’énigme. Lylian a trouvé le moyen de garder un rythme dynamique pour happer le lecteur. Il faut dire que la scène d’introduction est de ces moments type pré-générique qui plonge dans la problématique qu’on a furieusement envie de résoudre. Les couleurs chaudes de Cyril Vincent enveloppent le graphisme dynamique de James Christ dans une ambiance énigmatique accrocheuse.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan Les portails d’Outre-temps ont ouvert leurs portes vers une autre dimension. Raphaël et Raphaëlle vous invitent à les traverser. Etes-vous prêts à les suivre au risque de ne pas revenir ?
Série : Strom
Tome : 3 – Double disparition
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Lylian
Dessins : James Christ
Couleurs : Cyril Vincent
D’après : Emmanuelle & Benoît de Saint-Chamas
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782095030124
Nombre de pages : 64
Prix : 13,95 €
- Hild Les femmes des Nibelungenpar Laurent Lafourcade
La femme du Seigneur de l’Anneau
« -Voici le testament de Dankwart, roi de Burgondie : Ma fidèle épouse Ute pourra rester à Weltz jusqu’à la fin de ses jours et sera prise en charge par nos fils…
-Comme cet homme était bon !
-…Ceux-ci recevront chacun leur part d’héritage. Ma fille Kriemhild restera sous leur tutelle et recevra sa part d’héritage dès qu’elle sera mariée à un homme de son rang.
-Pourquoi dois-je attendre jusque-là ? Je veux mon héritage maintenant ! Je veux voyager et…
-Tu dois te marier pour l’avenir de la Burgondie !
-Tu réclameras l’argent à ton mari après ! »
Burg Weltz est en deuil. Dankwart, roi de Burgondie, est mort. Il avait quatre enfants. Gunther, l’aîné, hérite de la couronne. Chacun de ses deux frères Gernaud et Giselher, va recevoir sa part d’héritage. Quant à leur sœur, Kriemhild, elle reste sous leur tutelle et percevra sa part à son mariage. Elle n’en a pas l’intention. Sa mère et ses frères trouvent son comportement bien présomptueux. Hagen, l’éminence grise, est formel. L’argent est une affaire d’hommes. Il n’a pas à être donné à une princesse célibataire qui pourrait en faire ce qu’elle veut. En attendant qu’elle soit mariée, il servira à la défense du pays. Quelques mois plus tard, le prince Siegfried de Santen, héritier d’un petit royaume dans les basses terres arrive à Burg Weltz. Il est également roi des Nibelungen et de sa puissante armée. Il est connu pour être un pourfendeur de dragons. Kriemhild n’a de toute façon pas le choix. Elle va devoir faire contre mauvaise fortune bon cœur et épouser le visiteur. Pas question pour elle pour autant de devenir une reine potiche.
© Hildebrandt – Anspach Si cette union va être un moyen de renforcer les royaumes des deux partis, un autre mariage est en vue : celui du roi Gunther, qui a semble-t-il trouvé chaussure à son pied en la personne de Brunhilde d’Yslande, une dame puissante et noble. Cela n’est pas du tout du goût de Hagen qui a bien l’intention de garder le contrôle de la situation. Quelques semaines plus tard, alors que l’élue débarque au Royaume, elle est accueillie chaleureusement par Kriemhild, voyant en elle comme une sœur dans une situation similaire à la sienne. Cette dernière lui apporte en retour une réponse cinglante. Elle ne se sentira jamais chez elle ici. Bref, les deux unions seront célébrées le même jour. Le peuple est en liesse pendant que les cœurs des princesses sont emplis d’aigreur.
© Hildebrandt – Anspach La chanson des Nibelungen est une épopée médiévale allemande du XIIIème siècle. Elle narre la vie de Siegfried et de son trésor, celui des Nibelungen, dont l’anneau qu’il porte prouve qu’il en est le propriétaire. Le compositeur Richard Wagner s’en est emparé, tout comme Tolkien s’en est inspiré pour Le Seigneur des anneaux. L’autrice néerlandaise Veerle Hildebrandt aborde l’aventure par l’angle féminin en faisant de Kriemhild et Brunehilde les pivots de l’épopée. Dans un univers phallocrate, ces féministes avant l’heure sont bien décidées à peser de tout leur poids, politique, familial et humain. Le scénario happe le lecteur de façon à ce qu’il soit impossible de fermer l’album. Le graphisme crayonné donne une autre dimension à la violence des hommes. Hildebrandt démontre qu’on peut revisiter une histoire battue et rebattue pour mettre les femmes sur un pied d’égalité décisif par rapport aux hommes, ce qui n’est que justice que ce soit dans l’Histoire ou dans les légendes.
© Hildebrandt – Anspach Les éditions Anspach sont en train de constituer un catalogue d’une qualité et d’une diversité impressionnante, ayant en particulier pour mérite, entre autres, d’importer sur le marché francophone des petites pépites comme cet album : Hild, les femmes des Nibelungen.
One shot : Hild
Genre : Geste
Scénario, Dessins & Couleurs : Veerle Hildebrandt
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105368
Nombre de pages : 152
Prix : 27,50 €
- La maison des impiespar Laurent Lafourcade
Rituels sataniques
« -Agent West, FBI…
-Pourquoi est-ce que le FBI me cherche moi ?
-Vous êtes Nathalie Burns, pas vrai ? Des six de Satan ?
-C’est mon nom, oui… Mais personne ne nous appelait comme ça… Pas dans la vraie vie.
-Eh bien peu importe, puisqu’il ne reste plus que trois d’entre vous, à présent… C’est pour ça que je suis là… Pour vous parler d’une série de meurtres… »
Une femme conduit une voiture sur une route de montagne américaine. La nuit est tombée. Elle s’arrête au Front Office de Lake Lane pour prendre possession du chalet qu’elle a loué. Arrivée devant la cabane avec vue sur le lac, elle ouvre le coffre de son véhicule et en sort le jeune otage qu’elle détient. C’est un ado fugueur qu’elle ramène à sa famille. Dans la soirée, elle découvre entre deux livres une caméra espion. Elle est observée. Profitant qu’elle le détache pour remonter en voiture, le gamin s’évade. C’est en le poursuivant qu’elle est arrêtée par la police. Le lendemain, dans sa cellule, elle est interrogée par l’agent West du FBI. Elle s’appelle Nathalie Burns et fait partie du groupe des six de Satan, un groupe d’enfants qui a jadis dénoncé les violences rituelles dont ils furent victimes dans un camp de vacances. Aujourd’hui, le FBI a besoin d’elle car un tueur s’en prend à ces six victimes.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Quelques années auparavant, à l’été 88, Nathalie fréquentait un centre de vacances pour enfants, le genre d’endroit où on vous envoie faire du patin à roulettes ou jouer à la balle au prisonnier. Leur histoire n’était pas différente des autres. Six enfants qui dénonçaient des violences rituelles. L’une d’entre elles, sept ans, a prétendu avoir accouché d’un démon. Ça n’étonnait personne. L’engrenage était lancé. Aujourd’hui, trois de ces ex-enfants ont été assassinés dans des conditions particulièrement sordides. Le groupe est manifestement ciblé. L’agent West propose un deal à Nathalie. Si elle l’aide à retrouver les deux autres survivants, elle étant la troisième, les poursuites contre elle seraient abandonnées.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Ed Brubaker et le duo Phillips père et fils sont de retour pour un one shot noir de chez noir de haute volée. Les auteurs de la série polar Reckless s’attaquent aux rituels sataniques et posent la question de la valeur de la parole d’enfants dans les affaires judiciaires, tout devant toujours être pris au sérieux et considéré. Entre flash-backs et présent, le duo West-Nathalie mène une enquête qui, faisons confiance aux auteurs, leur réservera bien des surprises… ainsi qu’aux lecteurs. On se croirait dans l’excellente série HBO True Detective. Brubaker construit son scénario en multipliant les rebondissements. Sean Phillips dessine des personnages aux attitudes réalistes, presque photographiques. Les couleurs de Jacob Phillips sèment le trouble entre fantastique et réalité. Au fil des chapitres, le sang de l’étoile rouge coule le long des pages.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Les Brubaker-Phillips portent le Comics américain réaliste à un niveau qu’il va être difficile d’égaler. Chacun de leurs albums est un coup de maître surpassant le précédent. Entre True Detective et Seven, la maison des impies est immanquable pour tous les passionnés de polars noirs.
One shot : La maison des impies
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Ed Brubaker
Dessins : Sean Phillips
Couleurs : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
ISBN : 9782413086857
Nombre de pages : 144
Prix : 18,50 €
- Le jour où… 8 – Le jour où je me suis choisiepar Laurent Lafourcade
Sortir d’une compassion pour une dépression
« -Lorsqu’on garde quelque chose, c’est qu’on l’aime.
-Pardon ? Vous m’avez parlé ?
-Oui. J’ai dit : lorsqu’on garde quelque chose, c’est qu’on l’aime. Tu viens ici tous les jours avec ta tristesse. Tu ne l’oublies jamais. C’est donc que tu l’aimes.
-Non, justement, non.
-Je t’assure que si. »
Autour d’un puzzle et d’une tasse de thé, la jeune Naori, infirmière, raconte à Chantal, écrivaine de son état, et ses amis comment une personne qui a changé sa vie lui a fait comprendre à quel point les petits bobos, les maladies, tout ça, pouvaient avoir du sens. Elle a appris à écouter ce que son corps lui racontait. L’histoire commence quelques mois plus tôt au Japon. Ayant tout abandonné pour repartir à zéro, ne sachant pas vraiment quoi faire de sa nouvelle vie, elle fréquentait souvent un calme jardin paysager. Emprisonnée par sa dépression qui n’a pas l’air décidée à la quitter, se rendant compte de la situation, un tailleur de bonsaï lui affirme que si elle vient ici tous les jours avec sa tristesse, c’est qu’elle l’aime. Si lui est heureux, c’est parce qu’il conçoit la vie comme son métier. Il ne créé pas la beauté mais la fait apparaître en enlevant tout ce qui gêne, tout ce qui est encombrant, comme on taille un arbuste miniature. Naori lui avoue ne pas avoir le moral. Mais que fait-elle pour que les choses changent ?
© BeKa, Marko, Cosson – Bamboo Le jardinier lui propose de se rendre au Cambodge à la rencontre d’une personne qui pourrait l’aider à résoudre ses problèmes. Y trouvera-t-elle le sens de sa présence sur Terre ? Là-bas, Chea, la fille adoptive de Rosangela, la conduit jusqu’à chez sa mère. C’est cette dernière qui va apprendre à Naori à connaître et écouter son corps. La seule obligation que l’on ait dans la vie, c’est de mourir. Pour le reste, on peut décider, soi-même et personne d’autre. Rosangela va démontrer à sa patiente, à son élève de vie plutôt, à écouter les bobos de son corps. Les maladies ne sont pas dues au hasard mais sont un signal pour nous indiquer que nous nous éloignons du chemin du plein épanouissement. Notre corps est latéralisé par les deux principes du yin et du yang. Par cette optique de vie, le destin de Naori pourrait prendre une nouvelle voie.
© BeKa, Marko, Cosson – Bamboo Bertrand des BeKa écrit une nouvelle fois un scénario salvateur, une bande dessinée à mettre entre les mains de tous ceux qui souffrent, physiquement ou moralement, les deux étant intimement liés. Mieux qu’un rendez-vous médical ou un suivi psychologique, l’album est une véritable thérapie. Sur le dessin rapide et élancé de Marko, la coloriste Maëla Cosson réalise un travail extraordinaire d’autrice à part entière. Elle contraste le bloc noir de la « dépression figurée » par des teintes pastels chaleureuses, tirant vers un orangé sépia réconfortant pour une tasse de thé au coin du feu, verdissant la nuit des lucioles où Naori découvre le principe de sa guérison. Les auteurs imposent le feel-good comme un genre à part entière dans le domaine de la bande dessinée.
© BeKa, Marko, Cosson – Bamboo Devrant être remboursée par la sécurité sociale, Le jour où… propose une philosophie de vie qui invite à se reconsidérer et à prendre du temps, non pas seulement pour soi, mais pour s’écouter.
Série : Le jour où…
Tome : 8 – Le jour où je me suis choisie
Genre : Emotion
Scénario : BeKa
Dessins : Marko
Couleurs : Maëla Cosson
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041103331
Nombre de pages : 60
Prix : 16,90 €
- Opération Cracoucasspar Laurent Lafourcade
Les livres, ça se rend !
« -Mon mari ne cesse de me parler de cet album, prêté à son camarade d’école : Baruck Picaglass. Je lui ai dit de se faire soigner mais il ne veut rien savoir.
-« Baruck Picaglass » dites-vous…
-Dans cette mallette, l’argent pour votre enquête.
-Jolie somme !
-De l’argent mis de côté pour la psychanalyse qu’il a refusé de suivre. »
« Ami lecteur, ne prête à personne le livre qui va suivre. A qui que ce soit, pas même ton meilleur ami, car il se peut qu’ensuite tu le regrettes et que tu sois amené à faire appel à nos services. » Signé Bruce, directeur des APJR, autrement dit les Albums Prêtés Jamais Rendus. C’est par cet avertissement que débute Opération Cracoucass. Quel lecteur de BD n’a jamais prêté un album qui ne lui a pas été rendu ? Personne. C’est pour cela que Bruce, ancien membre des unités Tango Air Force, a fondé sa propre agence de détectives spécialisée dans la bande dessinée. Si vous avez vécu cette mésaventure, l’équipe des APJR mettra tout en œuvre pour le retrouver. C’est ce qui est arrivé à Madame Petitbois. Elle en a tellement honte qu’elle a d’abord prétexté que c’était son mari qui avait eu le problème.
© Tofépi – L’articho Bref, Bruce va prendre l’affaire en mains. L’album concerné est le mythique « Les Schtroumpfs et le Cracoucass ». Les APJR sont sur le pied de guerre !! En avant pour l’opération Cracoucass ! Direction le manoir de Baruck Picaglass. La statue d’un splendide oiseau doré bien identifié surplombe le portail d’entrée. Le majordome annonce à Bruce le décès récent du propriétaire. Ce n’est pas cela qui va stopper l’enquête. Un APJR n’abandonne jamais. Le détective est prêt à parcourir le monde pour retrouver l’album et satisfaire sa cliente.
© Tofépi – L’articho Tofépi est l’un des génies méconnus du Neuvième Art. La collection Coco Comics était la collection qu’il fallait pour mettre en valeur son talent. Coco Comics est réservée aux 7-13 ans d’âge mental, qu’ils soient lecteurs, ou mêmes auteurs. Dans cette charte établie, la locution « âge mental » est loin d’être anodine. Elle est même salvatrice car si vous faites partie du public ciblé c’est que vous avez la chance de ne pas être devenu adulte, comme Tofépi, ou bien que vous êtes encore physiquement un enfant. Profitez-en ! En effet, la majorité des « vrais » jeunes ne lisant plus, on a la fâcheuse tendance à penser que ce type de BD n’est lu que par des adultes. Espérons vivement que ce ne soit pas vrai. Et si ça l’était, Coco Comics est là pour changer la donne.
© Tofépi – L’articho Le petit album ne saurait être complet sans son supplément : une mini-BD dont vous êtes le héros est à fabriquer au milieu. Le gang des marques-pages vous mettra dans la peau de Bruce. Opération Cracoucass étant déjà un mini-livre en soi, imaginez la taille du bonus.
Vous ne prêterez plus jamais vos livres comme avant ! Le Cracoucass peut voler tranquille. Il restera dans vos bibliothèques, à côté de l’intégrale de Tofépi.
One shot : Opération Cracoucass
Genre : Aventure humoristique
Scénario, Dessins & Couleurs : Tofépi
Éditeur : L’articho
Collection : Coco Comics
ISBN : 9782490015283
Nombre de pages : 40
Prix : 6 €
- Smoking La révolution Yves Saint-Laurentpar Laurent Lafourcade
Sublimer la mode
« -Parfum d’homme et cigarette… ma vilaine ! Je ne te demande pas ce que tu as fait cette nuit. Toutes les choses importantes se passent la nuit dans des bouges sans nom. Je veux tous les détails. Comment étais-tu habillée ?
-Comme maintenant. Je ne suis pas rentrée de la nuit.
-Smoking de la dernière collection. Rien en dessous.
-Je n’aime pas les chemises.
-Et les mains dans les poches, petite allumeuse. Mon héroïne… »
New York, 1967. Il n’y a pas si longtemps que Betty Catroux est mannequin pour Yves Saint-Laurent, le grand couturier. Elle porte les mêmes vêtements que lors de la soirée, ou plutôt la nuit, qu’elle vient de passer : un smoking. L’année dernière, Saint-Laurent a créé un smoking pour femme. Le vestiaire masculin est une pyramide et le smoking en est le sommet, le symbole absolu du pouvoir. Le créateur ne cherche à faire ni un hold-up, ni une révolution, mais une évolution. Aujourd’hui, Betty sublime le vêtement. Les mains dans les poches, elle adopte la posture du dominant, celui qui a le pouvoir en toute décontraction. Pourtant, tout n’est pas encore gagné. Les restaurants selects refusent une dame en pantalon. Les ecclésiastiques portent bien des robes. Pas question de se plier au conservatisme. Yves et Betty iront déjeuner ailleurs.
© Hui Phang, Bachelier – Albin Michel Loo Hui Phang s’intéresse à la mode depuis qu’elle est enfant. Fascinée par les défiles de mode et en particulier par ceux d’YSL, elle envisagea même le métier de styliste. On n’a pas tout perdu puisqu’elle est devenue scénariste de bande dessinée. C’est Beautiful People, un livre d’Olivia Drake, qui lui donne l’envie d’aborder la carrière d’Yves Saint-Laurent sous un angle purement sociologique. Elle se penche alors sur le smoking féminin, symbole d’affranchissement et de renversement des rapports de domination. Loo Hui Phang a rencontré la magnétique et drôle Betty Catroux qui a incarné cette modernité. Le livre accompagne le duo Yves-Betty. Tout au long de l’album, il va être question d’Art, d’uniformes, de noir et de bien d’autres choses. On verra comment Saint-Laurent abordait la mode et le prêt-à-porter par un tout autre angle que Coco Chanel ou Balenciaga. On assistera aux premières manifestations féministes et aux soirées festives dans lesquelles pour certains il est plus important de paraître que d’être. On s’arrêtera au tout dernier défilé du Maître, celui où il choisit de dire adieu à un métier qu’il a tant aimé.
© Hui Phang, Bachelier – Albin Michel Benjamin Bachelier signe la plus magistrale création graphique de 2024. (Quel regret que de ne pas l’avoir lu plus tôt; il aurait figuré dans les meilleurs albums de l’année dernière) Le dessinateur diversifie ses approches de la composition. Il alterne dessins, encre et découpages dans de simples ou doubles pages. Il traduit l’énergie créatrice d’Yves Saint-Laurent dans une mise en scène que le grand couturier aurait adoré. Bachelier s’approprie le génie de Saint-Laurent en le replaçant dans un grand terrain d’expérimentation graphique. Il était loin d’être évident d’aborder une histoire dont le héros est un vêtement. Les auteurs s’en sortent avec brio en le considérant comme un personnage à part entière entre un créateur et son modèle.
© Hui Phang, Bachelier – Albin Michel Encore un album qui, chez un tout petit éditeur, aurait raflé plusieurs prix. Malheureusement pour lui de ce côté-là, il est sorti chez une Major : Albin Michel. Plus qu’une histoire, l’album est une chronique philosophique sur une métamorphose de la société qui n’a pas complétement abouti, tout du moins pas dans tous les pays. D’une extraordinaire inventivité scénaristique et graphique, Smoking La révolution Yves Saint-Laurent est un bijou sur la place Vendôme de la bande dessinée. Eternellement fashion.
One shot : Smoking La révolution Yves Saint-Laurent
Genre : Biopic
Scénario : Loo Hui Phang
Dessins & Couleurs : Benjamin Bachelier
Éditeur : Albin Michel
ISBN : 9782226469953
Nombre de pages : 168
Prix : 24,90 €
- Donjon Parade 7 – Le sirop des costauds / 8 – L’hostellerie des impôtspar Laurent Lafourcade
Potion et pognon
« -Herbert, je ne veux pas te vexer, mais n’importe quel minus peut te brutaliser…
-Pas de jaloux !
-Ha ha !
-Tu voix bien qu’il y a un problème. Allez, on se les fait !
-En combat singulier, ils nous marravent. Avec quelle magie penses-tu les vaincre ? »
Marvin le rouge a plus d’un tour dans son sac. Pour vaincre l’ennemi, il a une stratégie à double magie : la magie du nombre (les poursuivre en groupe), et la magie de se battre façon déloyale. Après tout, il est loyal leur sirop des costauds qui décuple la force ? Alors que Marvin se morfondait d’ennui en effectuant son tour de garde dans les salles aux trésors, la venue de voleurs sirotant une potion décuplant leur force va lui donner de l’animation. Si le premier cambrioleur solitaire, malgré son sirop, ne fera pas long feu, quand les autres vont venir en nombre, ça va être une autre paire de manches de s’en débarrasser. Herbert et Marvin décident donc d’aller enquêter sur ce fameux breuvage : le sirop des costauds.
© Trondheim, Sfar, Tebo – Delcourt Dans L’hostellerie des impôts, des pourvoyeurs exécutaires réclament au gardien du Donjon le paiement d’un impôt, sans quoi celui-ci sera rasé. Le gardien convoque sur le champ son comptable Kadmiom. Il va falloir rassembler les documents afférents à cette nouvelle taxe. De retour dans son office, suivi par les trois inspecteurs des impôts, Kadmiom découvre son bureau vide. La porte n’a pas été fracturée et la femme qu’il aime s’y trouvait. Elle aurait donc filé avec les livres de comptes ? A la recherche des documents, Herbert est hypnotisé par la dite fiancée qui, pour se faire escorter, lui fait croire que c’est leur contrat de mariage et qu’il doit le défendre au péril de sa vie. Pourquoi s’enfuit-elle donc avec tous les comptes ?
© Trondheim, Sfar, Surcouf – Delcourt Donjon Parade, ce sont des histoires humoristiques situées entre les tomes 1 et 2 de la série mère Donjon Zénith, à l’époque de l’apogée du donjon. Ça faisait quatre ans, depuis Garderie pour petitots, dessiné par Alexis Nesme, qu’on n’avait pas eu de nouvelles de Donjon Parade. La série dont Manu Larcenet a dessiné les cinq premiers tomes revient avec eux tomes. Le premier, dessiné par le Goat Tebo, est un Astérix au Moyen-Âge. Bastons et potion magique raviront les fans d’Uderzo et Goscinny.
© Trondheim, Sfar, Tebo – Delcourt Le second, dessiné par Erwan Surcouf, est une satire du monde fiscal. Quoi qu’il fasse, le contribuable est destiné à payer et il est difficile voire impossible d’échapper au serpent de la finance. La série multicéphale née en 1998 est encore incroyablement en forme. C’est indubitablement parce que Sfar et Trondheim ont gardé cette notion de plaisir et d’amusement lorsqu’ils conçoivent un scénario. Ils se renouvellent en restant dans leur cahier des charges tout en multipliant les références.
© Trondheim, Sfar, Surcouf – Delcourt L’année 2025 est loin d’être terminée pour ce grand retour de Donjon Parade. Quatre autres tomes sont annoncés dessinés par Berbérian, Ohm, Soulcié et Delaf.
Série : Donjon Parade
Tome : 7 – Le sirop des costauds
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Joann Sfar & Lewis Trondheim
Dessins & Couleurs : Tebo
Éditeur : Delcourt
Collection : Humour de rire
ISBN : 9782413084983
Nombre de pages : 32
Prix : 11,50 €
Série : Donjon Parade
Tome : 8 – L’hostellerie des impôts
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Joann Sfar & Lewis Trondheim
Dessins & Couleurs : Erwann Surcouf
Éditeur : Delcourt
Collection : Humour de rire
ISBN : 9782413084969
Nombre de pages : 32
Prix : 11,50 €
- Boulevard Tintin – Haddock a dit…par Laurent Lafourcade
Les phrases cultes du Capitaine
« Capitaine, s’il est vrai que de votre vivant vous jurâtes comme un païen, fumâtes comme un Suisse et bûtes comme un sonneur, que néanmoins votre mémoire soit honorée ! » (Anatole France, dans Le crime de Sylvestre Bonnard)
Du Crabe aux pinces d’or à L’Alph’Art, Haddock est présent dans tous les albums des aventures de Tintin à partir de son apparition, en alcoolique désœuvré, dans sa cabine du Karaboudjan. Si Tintin est le héros et Tournesol le génie, Haddock est le Capitaine. Il a du caractère. Il a le verbe haut et la langue bien pendue. Auteur de plusieurs ouvrages dans la collection 1000 sabords consacrée à l’univers de Hergé, Pierre Bénard décide ici de suivre le marin barbu, cordial et braillard, au travers de ses répliques. En de courts chapitres de trois à quatre pages, l’auteur décortique les principales réparties de Haddock. Embarquons tous à bord, le navire va appareiller.
© Bénard, Broxolle – 1000 sabords « Salut, Wizskizsek ! » Etonnamment, la phrase qui démarre la série n’a pas été dite par Haddock. Et pour cause, elle est issue du Sceptre d’Ottokar. Si l’auteur la cite, c’est parce qu’elle a été prononcée par un personnage préfigurant le Capitaine. Sirov, paysan syldave mal dégrossi, répond au téléphone. On lui ordonne d’intercepter Tintin. Haddock en gardera le côté bourru, mais avec un côté beaucoup plus sympathique quand même. Pierre Bénard déniche ici des indices auxquels personne n’avait songé avant lui. Haddock se trouvait malgré lui du côté des trafiquants dans Le crabe aux pinces d’or. En créant ce personnage, Hergé ne pouvait pas imaginer la dimension qu’il prendrait dans la série. Pour un peu, Sirov aurait pu devenir le compagnon de route de Tintin à sa place.
© Bénard, Broxolle – 1000 sabords « On me laisse mourir de soif ! » est une phrase culte du Crabe. Le vieil ivrogne, comme l’appelle Allan, réclame du whisky. On ne sait comment il est tombé dans l’addiction, mais il ne peut s’en passer. C’est dans un état certain d’ébriété que Tintin le découvrira dans sa torpeur. Plus tard dans l’album, il lui promettra de ne plus boire. « Le pire ennemi du marin… » commencera-t-il en tant que conférencier. On sait pourtant qu’il ne poursuivra pas sa carrière à l’eau.
C’est dans L’étoile mystérieuse qu’il lancera pour la première fois son fameux « Tonnerre de Brest ! ». Il la prononcera douze fois dans l’album. C’est aussi dans cette histoire que, ordonnant au prophète Philippulus de descendre de son mât, il terminera pour la première fois sa phrase par un « Mille sabords ! » qui deviendra tout aussi célèbre. Dans Le temple du soleil, à Callao, il paraphrase Ray Ventura avec un optimisme avéré : « Tout va très bien ! ». Il invoquera à nouveau l’artiste dans L’affaire Tournesol, demandant à Nestor « Quelles nouvelles ? », à Moulinsart bien entendu.
© Bénard, Broxolle – 1000 sabords « Des montagnes, toujours des montagnes ! », « Espèces d’Inca de carnaval ! », « Ah ! Le calme. Ah ! Le silence… Ecoutez-le, ce silence… », « Le diable l’emporte, lui, ses assurances et son oncle Anatole ! », « Ha ! Ha ! Ha ! Ce cher rossignol milanais ! ». On découvre grâce à Pierre Bénard combien les phrases de Haddock sont ancrées dans nos esprits de lecteurs. « On ne fait pas d’un coup le tour du Capitaine Haddock » précise l’auteur de l’essai dans sa conclusion. Il en fait pourtant dans ce livre un portrait détaillé par le biais de ses interventions orales. On a ainsi l’impression de le connaître encore mieux, avec l’envie de se replonger dans les albums avec une focale sur lui. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
One shot : Haddock a dit…
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Pierre Bénard
Illustrations : Xavier Broxolle
Éditeur : 1000 sabords
ISBN : 9782494744271
Nombre de pages : 200
Prix : 16 €
- White Onlypar Laurent Lafourcade
Le destin tennistique d’Althea Gibson
« -Je sais. Elle fait ce qu’elle veut. Elle ne veut plus aller à l’école. Et puis je suis quoi, moi ? Un simple mécano.
-Papa… On m’a fait une proposition.
-Ah ?
-Buddy et des amis à lui ont proposé de m’inscrire au Cosmopolitan Tennis Club.
-C’est quoi ça ?
-Ah ah ah ! C’est des noirs qui se prennent pour des blancs en jouant au tennis. »
Pas facile dans les années 40 pour une jeune fille de Harlem de se faire une place dans le sport. Issue d’une famille nombreuse, papa mécanicien, Althea Gibson joue au basket, au base-ball et au paddle dans les rues de la ville, parfois même avec la police. Elle s’est même mise au tennis. Mais problème, à cette époque, les compétitions sportives de cette activité sont réservées aux blancs. La politique de ségrégation raciale fait la loi. Les noirs avaient leurs propres clubs, leurs tournois et leur fédération : l’American Tennis Association. Plus douée que ses camarades de jeu, Althea écrase ses adversaires. Entraînée par Fred Johnson, elle rêve d’affronter les plus grandes joueuses mondiales sur le circuit. Elle intègre les meilleures écoles de tennis black. Grâce à une tribune de la championne Alice Marble dans l’American Lawn Tennis Magazine, le rêve d’Althea va s’exaucer. Comme dans le football, la boxe et le baseball, les noirs vont pouvoir intégrer les grandes compétitions de Tennis.
© Frey, Dorange – Vents d’Ouest Y aurait-il eu Artur Ashe ou les sœurs Williams si Althea Gibson n’avait pas existé ? C’est la question que l’on peut légitimement se poser. La championne a en tous cas ouvert une brèche. Aujourd’hui oubliée du grand public, elle s’est construite dans une Amérique raciste. Exemple de combattivité et de pugnacité, Althea a remporté Roland Garros, Wimbledon et l’US National (ancêtre de l’US Open) à la fin des années 50. Elle tentera de poursuivre sa carrière dans la chanson, sans trop de succès, puis dans le golf, arrivant jusqu’à la vingt-septième place mondiale. Ces activités ne rapportant pas l’argent qu’elles rapportent aujourd’hui, Althea Gibson pourra-t-elle terminer sa vie avec un niveau de vie plus élevé que celui des quartiers de Harlem où elle a été élevée ?
© Frey, Dorange – Vents d’Ouest Le scénariste Julien Frey retrace la vie de la tenniswoman méconnue en quatre chapitres. La fille de Harlem s’attarde sur son enfance. Noire et blancs montre ses succès dans le tennis et son combat pour pouvoir affronter les « blancs ». Toutes les balles retrace sa carrière sur le circuit international professionnel. Vivre conclue sur ses derniers choix de vie. L’ensemble est raconté par la voix d’Althea, de façon linéaire, et se termine sur un émouvant flashback entre elle, adolescente, et son père.
Au dessin, Sylvain Dorange navigue des rues de New-York aux courts de Tennis dans une ambiance colorimétrique à mi-chemin entre des tons très fifties et une fausse impression sépia qui va à ravir avec l’atmosphère du récit.
© Frey, Dorange – Vents d’Ouest Althea Gibson est au sport ce que Rosa Parks et Claudette Colvin sont au combat des blacks pour se faire une place légitime dans la société. Ce biopic lui apporte enfin un morceau de l’aura qu’elle mérite.
https://youtu.be/HgD8SUWT51I?si=q-nqwEouLGOKrFQr
One shot : White only
Genre : Biopic
Scénario : Julien Frey
Dessins & Couleurs : Sylvain Dorange
Éditeur : Vents d’Ouest
ISBN : 9782749309927
Nombre de pages : 152
Prix : 23 €
- Bloompar Laurent Lafourcade
Les transmissions invisibles
« -Police nationale. Contrôle d’identité.
-Et merde !
-Ne bougez pas, mademoiselle.
-Rentrez vite chez vous, c’est dangereux de traîner dans la rue. Pensez à recharger votre certificat de bonne santé. Et dépêchez-vous, le couvre-feu est à 18 heures, aujourd’hui. »
Chambre 17. Dans un site confiné, Alix, une jeune fille, dort avec un respirateur artificiel. Un homme en combinaison de protection tente de la réveiller alors que de gigantesques méduses bleues volent autour d’elle. Est-ce une réalité ? Sont-elles issues de ses songes ?
Il ne fait pas bon traîner dans la rue. Le monde est confiné. Des patrouilles des forces de l’ordre contrôlent les identités et les autorisations. Des personnes hostiles à ce fonctionnement manifestent. Pour la sécurité de la nation, le gouvernement n’acceptera aucun acte subversif. Dans son appartement, l’anthropologue Albert Hermann est affligé par la situation. Son petit-fils Farès vient lui rendre visite. L’homme âgé lui explique que le monde pourrait changer si seulement cent personnes adoptaient de nouvelles habitudes, qui se diffuseraient à d’autres communautés.
© Billet, Ruillier – Payot & Rivages Par ailleurs, des méduses ont envahi le bassin de refroidissement d’un réacteur nucléaire, entraînant la fermeture de la centrale et des pertes colossales. Ces agglutinations se nomment des « blooms ». Les animaux disparaissent une fois les dégâts faits. Dans le ciel, des vols d’oiseaux ont endommagé le plus grand parc éolien du pays, avec pour conséquences de nombreuses coupures d’électricité. En bord de mer, des algues prolifèrent sur les plages du Nord. C’est lorsqu’Alix va disparaître que Papi Albert va comprendre qu’il est grand temps d’agir.
© Billet, Ruillier – Payot & Rivages Julia Billet et Jérôme Ruillier ont écrit le scénario de cette dystopie à quatre mains. Différente d’une bande dessinée documentaire, Bloom traite du rapport intérieur à la nature. Le phénomène des méduses n’est pas une invention mais bel et bien une réalité. « Bloom » signifie « prolifération ». Pour Ruillier, c’est une alerte de la nature qui demande aux humains d’arrêter. Dans la couleur bleue de l’océan et du rêve, le dessinateur en fait des lanceurs d’alerte. En photographie, les blooms sont les halos sur les clichés.
La majeure partie de l’histoire est crayonnée en gris. Seules les méduses sont bleues. Le récit pourrait paraître plombant et pessimiste. Détrompez-vous. Les auteurs croient encore en l’être humain, et cela va se traduire graphiquement dans un final ouvrant vers de nouveaux horizons.
© Billet, Ruillier – Payot & Rivages Album exigent, avec très peu de textes et de phylactères, Bloom est une fable écologique démontrant que la nature, la musique et les couleurs jouent un rôle stratégique dans l’avenir de l’homme. N’oubliez pas de tourner la page après la dernière image, sinon, vous ne connaîtrez ni la fin, ni le début. Comprenne qui lira.
One shot : Bloom
Genre : Drame
Scénario : Julia Billet & Jérôme Ruillier
Dessins & Couleurs : Jérôme Ruillier
Éditeur : Payot & Rivages
Collection : Virages graphiques
ISBN : 9782743665487
Nombre de pages : 160
Prix : 23 €
- Le secret de Miss Greenepar Laurent Lafourcade
One drop rule
« -Grand-mère n’y comprend rien !!!
-Belle, je ne te permets pas !
-Mais c’est vrai, maman ! C’est notre unique chance d’évoluer et de vivre décemment !
-Tu es excessive, Belle ! Et puis grand-mère a raison, vous n’imaginez pas tous les sacrifices que cela engendre…
-Nous en sommes parfaitement conscients… »
New York, 1898. Une jeune femme achète un livre chez Tillmans book & Art shop. C’est une vieille édition de 1852. Belle Greener, c’est ainsi qu’elle se nomme, la cherchait depuis longtemps. Dans le bus qui la ramène chez elle, elle assiste à l’expulsion d’une demoiselle noire par le chauffeur. Ça la bouleverse. Elle-même a du sang noir, mais ça ne se voit pas sur son visage halé. La règle de la goutte unique est claire : un seul ancêtre noir, une seule goutte de sang noir, vous classifie comme nègre dans les registres. Découvert, c’est au mieux la prison, au pire le lynchage. Contre l’avis de leur grand-mère, Belle et ses frères et sœurs sont bien décidés à dissimuler leur généalogie, tout en faisant le serment de ne pas avoir d’enfants, pour ne pas leur imposer leur choix. La famille s’invente des ancêtres portugais et se rebaptise Da Costa Greene.
© Antona, Jacqmin – Le Lombard Renier ses origines pour se déclarer blanc, la décision n’est pas facile à prendre. Est-ce trahir les siens que de se ranger dans la classe de l’oppresseur ? Belle voit dans ce « passing » le seul moyen pour se faire une place dans la haute société new-yorkaise. Sa passion, ce sont les livres. Elle adore les ouvrir, les sentir, admirer leurs enluminures et évidemment les lire. Belle devient bibliothécaire à l’université de Princeton. Fin 1905, recommandée par Junius Morgan quelques semaines plus tôt, la Morgan Library de New-York l’engage. Belle Greene vit un rêve éveillé. Il s’agit à présent de gérer la collection privée de livres anciens et d’œuvres d’art de John Pierpont Morgan, l’oncle de son futur ancien patron. Elle est loin de se douter jusqu’où cela va la mener. Ce n’est pas parce qu’elle a fait une promesse que Belle ne connaîtra pas d’histoire d’amour, amour charnel et amour familial. Là encore, le destin va bouleverser son avenir.
© Antona, Jacqmin – Le Lombard Nicolas Antona raconte la vie méconnue de Belle Greene, et à travers elle celle de la condition africaine dans une Amérique qui veut se construire dans une élite blanche. La « one drop rule » était la règle qui qualifiait de noire toute personne ayant une trace visuellement perceptible d’ascendance africaine. C’est pour justifier son teint qui pourrait la trahir que Belle s’est choisie des ancêtres de Lusitanie. Antona accompagne la bibliothécaire dans sa trajectoire de vie, son choix assumé, et son amour des livres, car l’amour des livres est aussi un sujet primordial de celui-ci. Aux dessins et aux couleurs, habituée aux biographies puisqu’elle a déjà plongé dans les vies d’Agatha Christie et de George Sand, Nina Jacqmin apporte toute sa délicatesse à celle-ci.
Ne ratez pas le texte en post-face qui conclue véritablement l’album, avant un dossier historique dénonçant le racisme et les inégalités de l’époque.
© Antona, Jacqmin – Le Lombard Le secret de Miss Greene prouve que la bande dessinée a infiniment à apporter dans le devoir de mémoire. La vie de Belle est passionnante dans tous les sens du terme et relance le débat sur la question du choix de son propre destin, au risque d’une certaine forme de trahison, parce qu’il faut un courage extrême pour assumer certaines décisions.
One shot : Le secret de Miss Greene
Genre : Biopic
Scénario : Nicolas Antona
Dessins & Couleurs : Nina Jacqmin
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808214018
Nombre de pages : 152
Prix : 22,95 €
- CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection Hergé & Co 4ème éditionpar Laurent Lafourcade
Toutes les figurines Tintin chez vous !
« Le plaisir de la collection ne va pas sans un soupçon de nostalgie : grâce à ses catalogues de grande qualité, Christian Mallet nous invite au rêve et surtout, il permet de nous replonger dans les images d’un univers qui ne nous a jamais quittés depuis l’enfance malgré l’absence d’un nouvel album : l’univers de Tintin ! » (Renaud Nattiez)
Tintinophiles de tous types, au rapport ! Cet album va vous permettre de posséder d’un seul coup toutes les figurines de collection issues de l’univers de Hergé. Pour cette quatrième édition de l’argus CAC3D consacré à l’œuvre du père de Tintin, Christian Mallet a mis à jour son ouvrage en le complétant des dernières productions sorties de chez les différents fabricants depuis trois ans. Pour aborder un univers qui a un tel aura, il fallait un véritable exégète pour signer la préface. Cette fois-ci, il s’agit de celui qui a analysé toute la biographie du maître avec des livres comme « Faut-il brûler Tintin ? », qui connaît Milou comme s’il était son maître (« Milou humain, trop humain »), qui a mis les personnages (ou leurs avatars) dans une fiction jouissive (« Meurtres à Moulinserre ») et qui a interrogé les plus grands spécialistes sur l’avenir du personnage (« Demain Tintin ? ») : j’ai nommé Renaud Nattiez.
© Mallet – Côte-à-cas éditions
© Hergé – Tintinimaginatio 2025Le spécialiste ne prend pas les lecteurs à revers. Il le dit d’entrée : il n’est pas collectionneur, mais il a toujours été intrigué par cette espèce bizarre. En une phrase, se dégage l’intérêt de cette préface. « Je ne suis pas collectionneur. » Cette phrase prouve bien que ce livre ne leur est pas réservé. Les produits dérivés, sculptures et objets, de grande qualité, contribuent à rendre le monde de Tintin plus vivant, entretiennent la ferveur et prolongent notre fascination d’enfant. Renaud Nattiez distingue deux types de collectionneurs : ceux qui le sont sans le savoir, comme lui, les lecteurs essentiellement, jeunes ou vieux, et ceux assumés, pas forcément spécialistes de l’œuvre, dont la passion est empreinte d’une dimension intellectuelle et ludique. Les deux types se rejoignent, se côtoient. L’auteur rappelle que les aventures de Tintin sont elles-mêmes parsemées de collectionneurs. Hergé était collectionneur d’Art, tout autant qu’il se réjouissait de voir se réaliser des objets issus de l’œuvre, ici un Sceptre d’Ottokar, là un fétiche Arumbaya. Les produits dérivés font partie de son succès. Nattiez pose une question cruciale : ont-ils la puissance d’inciter de potentiels jeunes lecteurs à découvrir le monde de Tintin ?
© Mallet – Côte-à-cas éditions
© Hergé – Tintinimaginatio 2025En attendant de participer au débat, profitons de l’instant présent avec ce CAC3D. Comme on l’a déjà dit, il y a deux façons d’appréhender l’argus. Le collectionneur estimera sa collection pour en revendre des pièces ou en acheter de nouvelles. L’amateur le compulsera pour le plaisir des yeux. Les pièces sont toutes en photo. La chronique sur l’édition précédente présente quelques objets. Observons quelques nouveautés produites depuis la précédente édition. En avril 2024, Tintin conduit la Torpedo bleue du Docteur Finney, scène issue des Cigares du Pharaon. Produit par Tintinimaginatio, ce polychrome en résine et métal tiré à 1250 exemplaires coûte 1295 €. La même société sort en juin 2023 une statuette en résine du Maharadjah et son fils, tirée de l’affiche de l’exposition « le Musée imaginaire de Tintin » : 29 cm de résine pour 315 €, sculpté par l’atelier Moulinsart. Plus raisonnablement, pour (seulement) 110 €, vous pourrez vous offrir Tintin filant à moto devant Milou et les Dupondt à terre, scène issue du Sceptre d’Ottokar en résine et métal polychrome au 1/24ème.
© Mallet – Côte-à-cas éditions
© Hergé – Tintinimaginatio 2025Christian Mallet nous offre sur un plateau tous ces produits dérivés de l’univers de Hergé qui invitent, encore et encore à relire Tintin. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection
Tome : Hergé & Co 4ème édition
Genre : Argus
Auteur : Christian Mallet
Éditeur : Côte-à-cas éditions
Nombre de pages : 214
Prix : 49 €
ISBN : 9782491066420
- Le Royaume 9 – Le complot de la Reinepar Laurent Lafourcade
La lumière montre l’ombre et la vérité le mystère
« – Berthe ! Cette fois, c’en est trop ! Je veux en finir une bonne fois pour toutes avec cette fille ! Anne doit disparaître !
– Mnng mng ?! Mggnnmgn ?…
– Non… Grands dieux, pas avec une de tes potions ! Elles ne fonctionnent jamais ! Je veux qu’Anne disparaisse pour toujours. Toi, tu serais fichue de lui donner des superpouvoirs en pensant l’empoisonner !
– Mgnn… ngn… mgnnng…
– Tu vas plutôt convoquer mes dames de cour ! Fais-les venir dans mes appartements ce soir ! Nous fomenterons un complot ! »
Au royaume des Six Ponts, le soleil se lève. Les oiseaux bavards demandent au coq de la fermer. Ils auraient bien dormi un peu plus. La Reine du Royaume est furieuse. Le Roi vient de lui faire un nouvel affront. Pour son mariage avec le Prince Eric d’Arbédie, la Princesse Cécile tient à ce que sa meilleure amie Anne, la tavernière, soit à ses côtés à la table d’honneur. Devant le refus de sa mère, qui déteste la roturière, Cécile s’adresse à son père qui lui octroie ce droit. C’en est trop pour la matriarche qui décide de tout faire pour rayer Anne de la carte. Pendant ce temps, Anne reconstruit sa taverne. Elle ne se doute pas qu’elle va être embarquée au cœur d’une aventure qui lui dévoilera le secret de ses origines.
© Feroumont, Marchand – Dupuis Autrefois, c’était Igor qui régnait sur le Royaume. C’était un roi juste, bon et droit, jusqu’au jour où son épouse la douce Adèle mourut d’une étrange maladie. Il se lança alors dans des conquêtes belliqueuses faisant couler le sang. Seul l’un de ses vassaux, le Comte de Rose-Adieu, contesta la démarche de ces plans de guerre, provoquant le courroux du Roi. Décidé à restaurer son autorité, ce dernier mit le fief du Comte à feu et à sang. Seule sa fille sera sauvée… par Serge, le frère même d’Igor. Ne devinerions-nous pas qui elle est ?
© Feroumont, Marchand – Dupuis Le complot de la Reine est la première partie d’un diptyque qui se clôturera dès cet été avec la seconde partie intitulée Blanche-Fleur. Si ce nom rappelle quelque chose à certains lecteurs, c’est parce qu’il s’agit de la réédition en deux volumes dans la série classique Le Royaume du hors-série Le Royaume de Blanche-Fleur paru en 2019 qui devait clôturer la série mais qui ne la clôture finalement pas. Après cette prévisible erreur de marketing, les éditions Dupuis tentent de rattraper le coup. Ça vaut le coup, justement, pour cette collection qui est la meilleure série d’humour et d’aventure médiévale depuis Johan & Pirlouit et Gully. Féroumont poursuit sa merveilleuse série ensoleillée par les couleurs de Sarah Marchand.
© Feroumont, Marchand – Dupuis Le Royaume est une excellente série. C’est le chaînon manquant entre les classiques de l’âge d’or et les pépites modernes. Que les oiseaux bavardent ! Que la cervoise soit servie ! Que la Reine complote ! On en redemande.
Série : Le Royaume
Tome : 9 – Le complot de la Reine
Genre : Aventure humoristique
Scénario & Dessins : Feroumont
Couleurs : Sarah Marchand
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808508858
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €
- Les cowboys sont toujours à l’Ouest 2par Laurent Lafourcade
Nouvelles neuves du Far-West
« -T’as de la chance, Suzie… Je ne rate jamais ma cible.
-C’est pas Suzie, c’est Micheline !
-Hein ? Micheline ?
-Monsieur Lambert, va falloir se calmer avec les mains baladeuses ! Sinon c’est la mienne que vous aurez dans la gueule ! »
Il y a bien longtemps, Starwild Ranger était une légende vivante, un héros du Colorado. Le cow-boy solitaire pouvait tuer une mouche en plein vol, ne ratant jamais sa cible. Aujourd’hui, à la maison de retraite Les Séquoias, il a du mal à viser la cuvette. Tout a une fin. L’aventurier a roulé sa bosse dans toute l’Amérique. Il en a, des anecdotes à raconter. Alors, il va les exposer aux oreilles de Micheline, l’infirmière de l’Ehpad qui s’occupe de lui. Ça change de Suzie la danseuse de saloon, mais c’est tout aussi excitant.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Starwild a eu un ami très fort pour retrouver les personnes disparues. Il s’appelait Kévin Croquette, c’était un descendant du fameux David Crockett. Les neiges du Wyoming n’avaient pas de secret pour lui. Dans le désert du Chihuahuan, c’est la belle Charlie qui fait sa loi. N’en déplaise à son époux. Dans l’Oregon, les célèbres détectives de l’agence Pinkerton vont y laisser des plumes face à un tireur d’élite hors pair. Les HPI, ce n’est pas une mode qui date d’aujourd’hui. Retour dans la neige avec les monts Blackfoot dans les Rocheuses. Rien ne peut empêcher le trappeur de faire des kilomètres pour retrouver l’amour de sa vie. La mort rôde en Arizona. Les frères Ramirez vont en faire les frais dans une revisite de Destination finale où la faucheuse aura le dernier mot. Cette dernière, Horacio James Dobson s’en moque bien. Il a trouvé le moyen de lui faire rabattre son caquet.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Starwild Ranger a encore d’autres histoires à raconter. On vous les laisse découvrir dans ce deuxième tome de Les cow-boys sont toujours à l’Ouest. Lucky Luke n’est plus le seul poor lonesome cow-boy. Olivier Supiot explore l’Amérique dans cet album à mourir au sens propre et de rire au sens figuré. Le trait légèrement acide de Damien Geffroy propulse les courts récits dans un second degré tout aussi drôle que dérangeant, sous les couleurs froides pour les montagnes et chaudes pour les plaines de Laure Durandelle. Si l’on a pu reprocher jadis à l’humour fluide d’être sexiste ou gras, sans le renier pour autant, une série comme celle-ci montre comment il a su évoluer pour atteindre une exigence et un second degré plutôt fins.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Les cowboys sont toujours à l’Ouest. Et bien, qu’ils y restent. C’est là qu’on les préfère. Pourvu que ce soit la deuxième, et non pas la seconde fois, qu’on les y retrouve.
Série : Les cowboys sont toujours à l’Ouest
Tome : 2
Genre : Humour
Scénario : Olivier Supiot
Dessins : Damien Geffroy
Couleurs : Laure Durandelle
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207578
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €
- Les Rugbymen 23 – Cet après-midi, vous avez carte bleue !par Laurent Lafourcade
Les plaqués font du ski
« -Voilààà ! On prrend un coup et on le rrend ! Nous, on rrigole pas avec la politesse !!! C’est surr le terrrain que nos adverrsairres doivent chanter, pas sous la douche ! Allez les demis ! Faites pas les choses à moitié ! Là, le 4 ! Je suis sûrr qu’il aime la verrdurre… Avec un bon assaisonnement, comme ça ! Alleeez !… On donne tout !! »
Il promet à sa femme de rentrer directement après l’entraînement. Il lui jure de ne pas faire la troisième mi-temps. Il va aussi partir au ski avec ses petits camarades de jeu. L’anesthésiste est sans conteste la tête d’affiche de ce vingt-deuxième album des rugbymen. Ce n’est pas de sa faute après tout si la sophrologie qui clôt une séance de sport le détend tellement qu’il en oublie ses obligations. Si par hasard, elle est déjà couchée quand il rentre, ce sont ses pieds gelés dans le lit qui vont le trahir. Ça, c’est quand il arrive à franchir la porte d’entrée. Parce que lorsqu’il se trompe de veste et qu’il l’échange avec celle de La Teigne. Conséquence : chacun a les clefs de l’autre. Pas le choix. Va falloir tambouriner pour pouvoir entrer. Pour une fois qu’il ne revenait pas en camion-poubelle !
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Bref, ce n’est pas ces petites mésaventures de rien du tout qui vont empêcher notre anesthésiste unique et préféré de découvrir le ski à Sécateur à l’occasion d’un bon entraînement en altitude, bien équipé, bien habillé… N’est-ce pas, Lapinette ? Il ne va pas être déçu, Sécateur. Pour sa première descente, le lancer sur une piste de ski à bosses, c’est un sacré challenge. Le ski, c’est comme le rugby ! Y a de l’action, du danger, des chocs, et ça finit toujours sur un brancard. On se remettra avec du vin chaud, juste avant une bonne fondue à l’auberge, la troupe emmenée par Loupiote. Il faudra juste passer le barrage de la diététicienne.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Les rugbygirls ne sont pas oubliées et ont aussi leur part de gags. Plutôt que d’alterner les albums, les auteurs ont décidé de les intégrer. « Un pain vaut mieux que deux tu l’auras ! » C’est la devise de La Raclée. Pour elle, les squats avec un sac de dix kilos sur les épaules, c’est du gâteau. Et pour cause, elle s’entraîne chez elle avec 42,8 kg sur le dos : son chien Haka, un superbe et volumineux molosse doux comme un agneau mais qui plaque mille fois mieux que n’importe qui. Planquez-vous les mecs. Il manquerait plus que le rugby mixte débarque pour que les sportives vous fassent goûter la terre.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Les Rugbymen du club de Paillar sont menés par un quatuor : le duo BeKa au scénario, Poupard au dessin et Maëla Cosson aux couleurs. Avec des entraîneurs comme eux, l’ovalie a fait plus que transformer son essai en bande dessinée. Sportif, drôle, et pas réservé qu’aux rugbymen.
Série : Les Rugbymen
Tome : 23 – Cet après-midi, vous avez carte bleue !
Genre : Humour plaqué
Scénario : BeKa
Dessins : Poupard
Couleurs : Maëla Cosson
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041109319
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
- Minato’s coin laundry 1par Laurent Lafourcade
Love laverie
« -Salut Shin.
-Bonjour, Monsieur Minato.
-C’est encore la canicule, aujourd’hui.
-A la télé, ils ont prévu plus de trente degrés.
-Sérieux ?! Hé, si c’est trop pénible, je t’autorise à te mettre dans le lave-linge.
-Non merci. »
Ayant hérité de la laverie de son grand-père, Minato Akira a décidé de changer de vie. Adieu le stressant fonctionnement du monde de l’entreprise pour l’ancien homme d’affaires, qui n’a pas exercé longtemps, mais qui aspirait déjà à une autre vie. En fonction depuis trente ans, la boutique est fréquentée par des clients du quartier et des personnes âgées. Alors, lorsque Katsuki Shintaro, dix-sept ans au compteur, commence à fréquenter les lieux, ça change des clients habituels. La discussion s’engage le jour où le lycéen s’étonne qu’un sèche-linge ne fonctionne pas alors qu’il a pourtant mis de la monnaie. C’était un simple fil débranché. Alors que Katsuki reste impassible, Minato est séduit par la musculature et la carrure du client. Il se ressaisit aussitôt. Celui-ci est bien jeune.
© Sawa Kanzume 2020 © Yuzu Tsubaki 2020
© 2025, Editions Vega, pour l’édition françaiseC’est une relation d’amitié qui va s’installer entre ces deux jeunes gens qu’une bonne dizaine d’années sépare. Mais vont-ils en rester là ? Dans une ambiance hors du temps, la laverie devient le lieu où son propriétaire se pose des questions sur ses sentiments et où son client bien particulier se découvre. C’est en réfléchissant à un sujet pour le prix junior d’un concours de scénario que la scénariste Yuzu Tsubaki a pensé à la minuscule laverie à l’ancienne près de chez elle, si petite qu’il était difficile d’y entrer à plus de cinq adultes. Elle l’a mise en scène lors d’une brûlante journée d’été, mêlant le chant des cigales et celui des tambours des machines.
© Sawa Kanzume 2020 © Yuzu Tsubaki 2020
© 2025, Editions Vega, pour l’édition françaiseSawa Kanzume dessine le quotidien de ces deux hommes annoncé pour durer. Son graphisme est aussi simple et délicat que l’histoire. Avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, le Yaoi, autrement appelé Boy’s love, ne verse jamais dans le prosélytisme et le sexe. Tout reste évasif (pour l’instant tout du moins) dans cette belle histoire d’amour dont la problématique dans la tête des personnages est plus la différence d’âge que le genre. Le duo est touchant. Il ne se passe rien mais il y est tant raconté. Les mangakas jouent sur les paroles et les regards. L’exercice est bien plus complexe qu’en apparence.
© Sawa Kanzume 2020 © Yuzu Tsubaki 2020
© 2025, Editions Vega, pour l’édition française« Je t’aime » est une simple phrase que l’on peut regretter de ne pas dire. Après tout, quels sont les risques ? Minato’s coin laundry brise avec délicatesse les frontières de choses encore inexplicablement incomprises par certains, pour plus de tolérance.
Série : Minato’s coin laundry
Tome : 1
Genre : Yaoi
Scénario : Yuzu Tsubaki
Dessins : Sawa Kanzume
Éditeur : Vega
ISBN : 9782379507472
Nombre de pages : 164
Prix : 8,35 €
- Un Berliet en orpar Laurent Lafourcade
Les corniauds
« -Alors ? Comment ça s’est passé ?
-Les doigts dans le nez, Lucine ! C’était presque trop facile !
-Je t’l’avais dit ! C’est du velours, cette affaire ! On n’a plus qu’à fourrer le flouze dans le Berliet et sa remarque.
-Minuto ! Il faut quand même qu’on vérifie la cargaison. Imagine que les malles soient vides !
-Tu te fais du mouron pour rien. J’suis sûr de mon indic. Mais s’il te faut ça pour te rassurer, on va te l’ouvrir, ce coffre. Alors, mes p’tits gars, 40 kilos d’or pur ! Jetez un œil à ça ! »
Paris, Place Vendôme, juin 1957. La célèbre bijouterie Van Clif & Arbels voit ses convoyeurs de fonds dépossédés de la malle qu’ils transportent. Un groupe de bandits à mains armées s’empare du magot avant de filer à bord de leur Traction avant Citroën. Pour éviter d’être pris en chasse, ils avaient pris soin de placer sur la route une 2 CV camionnette piégée, envoyant leurs poursuivants dans le décor. Un peu plus tard, les voici réfugiés au garage des transports Bonpain, qui font du régional, du national et de l’international. Le patron Lucien referme le portail derrière eux avant que tous admirent les quarante kilos de lingots d’or pur. Ils vont être planqués dans les voitures transportés et dans la cabine d’un Berliet. Direction dès le lendemain ni vu ni connu pour l’Italie.
© Weytens, Skiav, Larme – Paquet Suite à un bête accident de lingot tombé sur le pied, Lucien ne peut pas prendre le volant du camion. Il va donc charger l’un de ses innocents employé de faire le job. Sans le mettre dans la confidence du larcin, il demande à Dédé d’assurer la conduite du Berliet pour amener les voitures à Rome. Celui-ci propose à son pote Max de l’accompagner. Ils vont donc faire la route, surveillés de plus ou moins près par les voleurs d’origine qui veulent s’assurer du bon déroulement des opérations sans risquer d’être eux-mêmes pris dans la magouille en cas de souci avec les forces de l’ordre ou la douane.
© Weytens, Skiav, Larme – Paquet On est dans une histoire de gangsters à la Audiard. On chante du Charles Trenet sur la Nationale 7… Non, on ne chante pas, on risquerait de se faire flinguer. Capisci ? Fred Weytens écrit une histoire classique rondement menée. Un personnage féminin est rapidement introduit dans ce monde macho. Sauvée d’une agression par Dédé et Max, Sofia est une jeune femme qui prend sa vie en mains et qui ne sera pas si « décor » que ça. Les dessins Walthéry-compatibles de Skiav rentrent dans le cadre du franco-belge de l’âge d’or. Pour chercher la petite bête, certains personnages secondaires auraient demandé un peu plus de maîtrise. Sous les couleurs, classiques elles aussi de Patrick Larme, l’ensemble reste fort bien mené. Les amateurs de vieilles cylindrées et de tôle froissée seront enchantés.
© Weytens, Skiav, Larme – Paquet Encore une fois, la collection Calandre tient toutes ses promesses. Hommage non dissimulé au film de Gérard Oury Le corniaud, avec Bourvil et Louis de Funès, Un Berliet en or est le premier tome de ce qui a tout pour devenir une série de bagnoles des années 50.
One shot : Un Berliet en or
Genre : Polar automobile
Scénario : Fred Weytens
Dessins : Skiav
Couleurs : Patrick Larme
Éditeur : Paquet
Collection : Calandre
ISBN : 9782888907497
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €
- Un monde oublié 2par Laurent Lafourcade
Jurassic Love
« -Il faut être fou pour croire à une histoire pareille… Mais je vous crois !
-Songez un peu : un monde coupé du monde, couvert de forêts préglaciaires, peuplé d’hommes des cavernes, de ptérodactyles et de dinosaures ! J’en ai la chair de poule rien que d’imaginer Bowen et Miss La Rue affrontant les mille dangers de ce continent !
-Je partage votre sentiment, Billings… Si tout ceci est vrai, c’est tout bonnement incroyable ! Mais malgré l’horreur de la situation, la menace la plus redoutable à laquelle ils aient eu à faire face reste la trahison de Walsh… »
Bowen Tyler, ingénieur dans la marine américaine, fait partie d’un équipage disparu en mer, au large d’une île. Alors que son père vient de décéder, il est important pour Billings, le secrétaire particulier du patriarche, de prouver que le fiston est toujours vivant. Voici donc Billings bien décidé à se rendre sur place pour tenter de retrouver Bowen, et pourquoi pas tant qu’on y est Lys LaRue, dont le nom ne figure pas non plus sur la liste des rescapés. Une fois sur les lieux, trois options s’offrent à lui : 1.escalader la paroi de l’île à l’aide d’une échelle métallique, 2.lancer un harpon avec un filin qui serait tendu entre le yacht et le sommet, 3.assembler les pièces de l’hydravion emmené en kit pour survoler les lieux. C’est ce choix que va privilégier Billings.
© Gabor, Corbeyran, Oshima – Glénat A peine franchie la falaise qui entoure l’île, l’aviateur découvre un monde incroyable. L’île est peuplée de dinosaures. Un ptérodactyle manque de croquer l’hydravion qui amerrit en catastrophe sur un lac. Des diplodocus paissent paisiblement les feuilles d’arbres aussi hauts qu’eux. Une jeune femme court afin d’échapper à une panthère noire. Billings la sauve en tirant sur l’animal. Des hommes singes surgissent de la jungle. Belliqueux, ils s’enfuient après que le nouveau venu ne fait une nouvelle fois parler son fusil. Ne s’exprimant pas dans le même langage, le sauveur et la sauvée communiquent par langue des signes. Elle lui fait entamer une exploration de l’île. Au fil des péripéties, la liaison entre eux ne passe plus seulement par les signes. La route les mènera-t-elle jusqu’à Tyler ?
© Gabor, Corbeyran, Oshima – Glénat Second volet d’Un monde oublié, l’épisode clôt un premier cycle. Corbeyran adapte le roman de Burroughs avec un dynamisme certain. Si des scènes peuvent sembler désuètes, il faut remettre le roman dans le contexte de l’époque où il a été écrit. Pour une histoire qui a plus de cent ans, elle est étonnamment inventive. Il y a même une bestiole qui ressemble furieusement à une stryge, nommé ici un wieroo. Au dessin, Gabor suit le rythme imposé dans une immersion exotique hors de tous temps connus. Il n’hésite pas à sortir du classicisme dans des planches destructurées comme celle où l’explorateur est prisonnier. Les couleurs d’Hiroyuki Oshima et de The Tribe permettent de restent dans l’ambiance début XXème.
© Gabor, Corbeyran, Oshima – Glénat On a trop tendance à réduire Edgar Rice Burroughs à Tarzan. Des initiatives d’adaptation comme ce Monde oublié permettent de montrer la grande étendue de sa bibliographie.
Série : Un monde oublié
Tome : 2
Genre : Aventure
Scénario : Corbeyran
Dessins : Gabor
D’après : Edgar Rice Burroughs
Couleurs : Hiroyuki Oshima The tribe
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344039793
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
- # Les mémés 5 – Punks à chienpar Laurent Lafourcade
Mamies sans blues
« -Mon 1er mari était un alcoolique notoire ! Parfait’ment ! Notouâââre ! Même qu’il en a fait un AV ! Là ! Dans l’cerveau ! Une veine bouchée !
-Par un caillot ?
-Non, par un bouchon de Côtes-du-Rhône ! Extrrrêmement rare qu’il a dit le médecin ! »
« Punk is not dead ». Elles non plus ! Huguette, Lucette et Paulette ont huilé les roues de leurs caddies. Les voici prêtes pour ce cinquième volume de leurs aventures… au coin de la rue… parce qu’elles ne vont pas bien plus loin. Sauf la fois où Huguette est partie en Bretagne avec sa dépression. Une autre mémé est partie sur le bassin d’Arcachon avec ses hémorroïdes… qui sont revenues en pleine forme. Niveau santé, les mémés font attention à leurs dents, surtout à celle qui reste (au singulier). Trente-deux au départ, toutes tombées au champ d’honneur sauf une ! Le dentiste à intérêt à prendre soin à la der des ders.
En général, les mémés sont veuves. Ça ne les empêche pas de penser à leurs maris défunts, par exemple grâce à une séance de spiritisme avec une technique spécifique visant à booster la communication. Elles y pensent aussi devant le lave-linge. Une culotte rose, et là, qui arrive au loin ? Le slip bleu de l’époux. Gérard, reviens ! Il s’était caché derrière la chaussette. Les mémés sont aussi bien évidemment préoccupées par leur propre mort. Il faut se préparer et comparer les modèles et les prix des boîtes en bois. Et lors d’une visite au cimetière, Huguette, encore elle, est tombé dans le trou préparé par un tractopelle. Plus de peur que de mal. Ce serait presque une EMI (expérience de mort imminente).
Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Thalassa ? Derrick ? Starsky et Hutch ? Le juste prix ? Tournez manège ? Rien de tout ça. Un album des mémés est le meilleur moyen pour passer un bon moment. Sylvain Frécon est aux commandes de l’une des séries les plus drôles du moment. Etat des lieux et photographie du, non pas troisième, mais quatrième âge, #Les mémés offre un regard sur la France veuve. A peine clichés, les réflexions de ces mamies ne sont que l’image de ce que disent tout haut quand on les croise dans la rue ou au supermarché certaines vieilles dames indignes. Car elles se lâchent, nos vieilles. Privilège de l’âge, elles se fichent pas mal du qu’en-dira-t-on et n’ont pas de filtre.
Pour pisser de rire en toute sérénité sans avoir besoin d’une couche-confiance pour personne âgée, la série #Les mémés vous permettra de ne plus voir votre mamie du même œil.
Titre : # Les mémés
Titre : 5 – Punks à chien
Genre : Humour
Scénario, Dessins, Couleurs : Sylvain Frécon
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207615
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
© Frécon – Fluide glacial
- Fils du tonnerre 1 – Thor, enfant terriblepar Laurent Lafourcade
Complètement marteau !
« -Non mais tu m’as bien regardée ? Je ne suis pas ton facteur !
-Mais… Val’ ?!
-T’as qu’à demander à Ratatosk ! C’est mon boulot après tout.
-Oh non, pas l’écureuil… Il fait toujours tout de travers.
-Sinon, moi, ‘veux bien y aller ! Ouais, on veut bien y aller !
-Oui, voilà, t’as qu’à envoyer tes fils… Ça nous fera des vacances à tous. »
Le jeune Thor vient de recevoir un cadeau des nains. Il espère vivement que ce soit quelque chose qu’il a demandé. Trop bien, c’est un marteau ! Pas besoin de le faire ramener par Fenfir, le loup rejeton de Tonton Loki, il revient tout seul. Faut juste maîtriser le lancer et la réception. Ailleurs à Asgard, Odin demande en appel à son épouse Frigg quand est-ce qu’elle compte rentrer. La réponse est cinglante : dès qu’il aura prouvé qu’il peut éduquer ses fils et maintenir l’ordre au pays. Tout est loin d’être sous contrôle. Pour se faire des vacances, Val lui suggère d’envoyer ses enfants Thor et Vidar apporter le message qu’il voulait qu’elle amène à Jötunheim. La route sera longue et l’aventure épique.
© Ruiz, Toussaint, Noiry – Le Lombard Le monde de la mythologie nordique est très compliqué. Avec Fils du tonnerre, voici comment remettre de l’ordre au royaume d’Asgard. Odin en est le dieu principal. Il est l’époux de Frigg, déesse de l’amour et de la maternité. C’est elle qui met son époux à l’épreuve. Thor n’est pas encore le dieu du tonnerre. Il le deviendra. Mais pour l’instant, il tente d’accomplir sa mission avec son frère Vidar, beaucoup plus discret que lui. Thrym est le géant de Jötunheim, la contrée où ils doivent se rendre. C’est sans compter les bâtons dans les roues que vont leur mettre Loki, dieu de la ruse, de la malice et de la discorde, et ses trois enfants : la gothique Hel, Fenrir l’enfant-loup et Jörmungand, le serpent fourbe. Par ailleurs, il y a aussi Ratatosk, l’écureuil qui semble venir tout droit de l’imagination d’un scénariste de bande dessinée du XXIème siècle, mais qui est bel et bien issu de cette mythologie scandinave.
© Ruiz, Toussaint, Noiry – Le Lombard Après Télémaque, série en quatre tomes chez Dupuis qui revisitait la mythologie grecque par le biais des aventures du fils d’Ulysse, Kid Toussaint et Kenny Ruiz se retrouvent dans cet autre univers mythologique. Avec un scénario moderne et dynamique respectant néanmoins les sources de ce qu’il raconte, Kid Toussaint instruit, divertit et passionne. Sous les couleurs divines de Noiry, Kenny Ruiz dynamise le récit. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce voyage sur les terres des dieux nordiques. Le découpage punchy invite à un rythme de lecture soutenu, avec des compositions inédites comme la double-planche traversée par le marteau de Thor brisant les cases. A mi-chemin entre le format comics et le 48cc, la maquette de la série offre au lecteur une alternative qui devrait amener à la lecture ceux qui n’ont pas forcément le penchant pour, et bien sûr conserver les lecteurs aguerris.
© Ruiz, Toussaint, Noiry – Le Lombard Moins répandue en France-Belgique que les mythologies grecque et romaine, à part avec le Thor de Marvel, la culture panthéiste nordique trouve dans Fils du tonnerre une porte « magique » grâce à cette série qui la met à l’honneur avec une vivacité incroyable.
Série : Fils du tonnerre
Tome : 1 – Thor, enfant terrible
Genre : Aventure mythologique
Scénario : Kid Toussaint
Dessins : Kenny Ruiz
Couleurs : Noiry
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808214070
Nombre de pages : 88
Prix : 10,95 €
- Camille 1 – C’est parti !par Laurent Lafourcade
Girafe mon amie
« -Coucou ! Vous m’avez vue ? Je suis en train d’escalader l’Himalaya ! Facile, l’Himalaya ! Ben dis donc, ça grimpe fort ! Ah… C’est un petit peu raide là ! »
Camille est une girafe. Elle n’est pas comme ses consœurs qui se pavanent dans la savane en mangeant des feuilles d’acacias et de combretums. Non, Camille a des activités beaucoup plus diverses et diversifiées. Elle fait de l’aéroplane et des crêpes. Elle va à la pêche et gravit l’Himalaya. Elle tourne, tourne, tourne dans sa voiture. Elle peint tout partout et teste les toboggans. Peut-être pour son bébé ? Enfin, elle adore les livres : elle est libraire. Camille est curieuse et espiègle. Elle s’intéresse à tout et a une imagination débordante. Bref, Camille, c’est la copine qu’il vous faut.
© Duquennoy – La boîte à bulles Quand elle fait de l’aéroplane, Camille affronte toutes les météos : le vent, la pluie, l’orage et le brouillard. Comme elle apprend à tout piloter, elle peut amener sa grande famille dans les airs. Quand elle va à la pêche et que c’est le 1er avril, elle devrait prendre garde aux farces du petit poisson rouge. Quand elle teste les toboggans, Camille prend des notes détaillées, leur attribuant un certain nombre d’étoiles selon l’amusement qu’ils procurent. Lorsque son bébé n’arrive pas à s’endormir, quoi de mieux qu’un gros calinou. L’album se termine par un des plus beaux hommages aux livres qui puisse être.
© Duquennoy – La boîte à bulles Jacques Duquennoy donne une nouvelle vie à sa girafe. Ces neuf histoires de Camille sont regroupées dans la première compilation de ses aventures. Elle a fait les beaux jours des enfants et des éditions Albin Michel de 2003 à 2011 dans de petits albums qui ont eu un certain succès. Ses facéties sont aujourd’hui rééditées sous forme de compilations dans l’adorable collection La malle aux images des éditions La boîte à bulles. Elle ne pouvait trouver meilleure place qu’aux côtés du formidable Ours Barnabé de Philippe Coudray. Camille a le même esprit universel et tendre que Barnabé, sauf qu’elle, elle parle. Ses récits sont définis comme 25 % émotion, 25 % tendresse, 25 % humour et 25 % aventure.
© Duquennoy – La boîte à bulles Beaucoup d’entre nous ont commencé la vie avec la girafe Sophie (celle qui fait Pouêt Pouêt et que le chien de la maison prenait pour un jouet à lui). Dans ce monde de brutes où tout va trop vite, quoi de mieux que de la poursuivre, son enfance, avec les livres de Camille ? Ça se découvre tout petit, ça se lit, ça se relit à tout âge avec un brin de nostalgie, ça se transmet. Merci Camille et Jacques.
Série : Camille
Tome : 1 – C’est parti !
Genre : Mignonnerie
Scénario, Dessins & Couleurs : Jacques Duquennoy
Éditeur : La boîte à bulles
Collection : La malle aux images
ISBN : 9782849535097
Nombre de pages : 80
Prix : 11,50 €
- La dérive, une aventure de Michel et Zonzonpar Laurent Lafourcade
Folle aventure
« -Ah ! Vous voilà enfin !!
-?!!
-Cher assistant ! C’est moi, professeure Zonzon, l’intrépide botaniste.
-Heeu…
-Hum… Je vous imaginais plus costaud.
-Mais !
-Bon ! Allez, ça fera l’affaire ! Vous porterez le matériel. Hop là ! C’est partiiiii ! »
Michel Médor cherche du travail. Chez Croquette Studio, ça ne répond pas. Chez Baballe Factory, son profil n’a pas retenu l’attention de la direction. Il n’y a plus qu’à aller faire la queue à Espace Emploi. La file est longue avant de pouvoir s’entretenir avec un conseiller. A part une formation en ligne de cake design ou un engagement dans l’armée, il n’y a rien pour lui. C’est au food truck de son ami Gégé que Michel va tomber sur une annonce intéressante. Demain, un rendez-vous est proposé dès 8 heures du matin à tous ceux qui aiment l’aventure et le danger, devant le café de la gare. Le lendemain matin, sous une pluie battante, Michel est le seul prétendant pour devenir, il le découvre sur place, l’assistant de l’intrépide botaniste professeure Zonzon. Il portera le matériel. Le train va démarrer. C’est parti !
© Gardelle – Gallimard Michel n’a jamais entendu parler d’elle auparavant mais il paraît que les exploits de la prof sont réputés au sein de la communauté scientifique. Le duo doit se rendre sur le légendaire Mont-Hubert, site célèbre pour sa flore abondante et mystérieuse, mais aussi dangereuse. De nombreux botanistes, comme le célèbre Carl Von Linotte au XVIIIème siècle, y ont laissé des compagnons d’expédition et en sont revenus par miracle. Zonzon doit impérativement aller là-bas pour ses collègues disparus, pour l’amour de la science, pour la gloire et pour les subventions. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Michel, dont elle ne parvient jamais à se souvenir de son nom, accepte de la suivre… maintenant qu’il est là… Mais il ne sera pas le seul. Trois énergumènes locaux ont surpris leur conversation. Le piaf Ferdinand est chargé de les garder à l’œil. Y aurait-il quelque chose à cacher sur le Mont-Hubert ?
© Gardelle – Gallimard Premier album de Florence Gardelle, La dérive est une aventure loufoque. Ça aurait pu être une histoire d’Indiana Jones, archéologue explorateur à la recherche de civilisations perdues et poursuivi par des malfrats armés jusqu’aux dents. C’est l’histoire de la professeure Zonzon et de son assistant au cœur d’une forêt luxuriante surveillés par des « locaux » qui semblent vouloir protéger un secret bien gardé. Il y a tout autant de suspense, beaucoup moins de violence, et beaucoup plus d’humour. C’est fou, fou, fou, c’est décalé, c’est tendre et c’est drôle. Florence Gardelle a parfaitement réussi son coup d’essai. Quelques illustrations double-pages couleurs s’intercalent comme des respirations dans cet album en noir et blanc que n’aurait pas renié des artistes comme Roland Topor ou Jacques Rouxel (les Shadocks).
© Gardelle – Gallimard Embarquez dans une expédition au cœur d’une nature sublime. La professeur Zonzon vous prend comme assistant pour une aventure dont vous ne reviendrez peut-être pas. Imprévisiblement merveilleux.
One shot : La dérive, une aventure de Michel et Zonzon
Genre : Aventure loufoque
Scénario, Dessins & Couleurs : Florence Gardelle
Éditeur : Gallimard
ISBN : 9782075196130
Nombre de pages : 96
Prix : 21 €
- Si chères à mon cœurpar Laurent Lafourcade
Le journal d’une sage-femme
« -Les filles, j’en peux plus… Ça fait deux jours que je suis de garde la nuit. Je ne vois plus la lumière du jour…
-Je voudrais être sous ma couette devant un bon film…
-En salle 6, il y a une dame primipare, sans antécédents particuliers, grossesse de déroulement normal à 39 semaines d’aménorrhée plus 3 jours, col ouvert à un doigt, présentation plongeante. Elle est en tout début de travail. Bref, rien à dire sur le plan clinique. Par contre, je ne les connais peut-être pas assez bien, mais je les trouve bizarres.
-Ah bon, pourquoi ?
-Bah tu verras… «
Aucun accouchement ne ressemble à un autre. Anna est sage-femme depuis quinze ans. Envoûtée, passionnée par son métier, Anna nous emmène à la rencontre de ceux et celles qui sont si chers à son cœur et qu’elle aime tant : ses patientes et ses patients. Fascinée par la naissance, la mort, les hôpitaux et l’espace depuis toute petite, en décalage avec les enfants de son âge, sa voie était toute tracée pour être au service de la vie. Etudiante, à 19 ans, c’est en assistant à un accouchement qu’elle découvre son destin : elle sera sage-femme. Les accouchements, les urgences, la réanimation d’un nouveau-né, la réalité dépasse tout ce qu’elle a pu lire. Tout est fort, tout est vrai. Elle est à la bonne place. A 23 ans, elle prête serment : « Je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. » Ceci n’est que le début. Dans deux jours, elle effectuera sa première garde de sage-femme.
© Roy, Rubini – Hatier Aucun jour n’est pareil à un autre. Aucune famille n’est identique à une autre. Anna connaîtra les plus belles joies et les plus grandes tristesses, comme celle d’un enfant mort à terme. Dans les cas comme ça, il faut revêtir le masque de la bonne humeur pour poursuivre la journée et accueillir les patients suivants. Ces femmes enceintes n’ont pas à remarquer les soucis. Entre celles qui ne veulent pas passer d’examens et d’autres qui refusent ou retardent toute aide médicale, Anna devra sortir les arguments les plus forts pour donner les meilleurs conseils afin de les accompagner au mieux dans leur projet de naissance. Les plus belles victoires sont certainement celles pour lesquelles le parcours a été celui du combattant : surmonter l’endométriose et l’infertilité, puis réussir sa grossesse et son accouchement après parfois des années de lutte, n’est-ce pas un moment merveilleux ? Comme le dit Anna, encore faut-il que les soignants soient bienveillants.
© Roy, Rubini – Hatier L’album énumère les cas divers et variés, et sans tabous. On y parle de dépression post-partum, d’accouchement dans l’eau, de la mort subite du nourrisson et du déni du décès, de ménopause joyeuse, de conflits de couple après la naissance. Anna est à la fois infirmière, psychologue, soutien. Le dernier chapitre du livre est consacré à sa propre vie, et notamment sa grossesse, prouvant à toutes les femmes et se montrant à elle-même que, bien que sage-femme, elle est une femme comme les autres.
Lauréate du prix Gisèle Halimi, Anna Roy livre sa vie et dit tout sur le métier de sage-femme dans cet album dessiné par Stéphanie Rubini avec pudeur et respect. Ode au métier, ces « histoires au féminin pluriel » pourraient bien donner envie à certain(e)s d’exercer la profession.
© Roy, Rubini – Hatier Exigeant et difficile, le métier de sage-femme apporte autant qu’il reçoit. « Moi je veux être utile à vivre et à rêver », chantait Julien Clerc sur des paroles d’Etienne Roda-Gil. Anna Roy, comme toutes les sage-femmes, est utile à vivre et à aimer. En mettant les patientes à l’honneur, « Si chères à mon cœur » en est la meilleure preuve. Vous ne naîtrez plus comme avant. Emouvant.
One shot : Si chères à mon cœur
Genre : Biographie
Scénario : Anna Roy
Dessins & Couleurs : Stéphanie Rubini
Éditeur : Hatier
ISBN : 9782401104600
Nombre de pages : 160
Prix : 21,95 €
- Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 3 – Tintin en Amériquepar Laurent Lafourcade
Prends garde à toi, Al Capone !
« -Nous voici à Chicago, Milou !
-Taxi, Sir ?
-Conduisez-moi à l’hôtel Osborne !
-On est poli à Chicago.
-Ça va !… Ça va !… All right !… Les volets sont fermés : l’oiseau est pris !… »
3 septembre 1931, les premières planches de Tintin en Amérique paraissent dans Le Petit Vingtième. A 24 ans, Hergé est féru de cinéma américain. Des cow-boys aux gangsters, il s’intéresse à la vie et aux mœurs d’outre-Atlantique. C’est seulement son troisième scénario. Hergé a envie de mettre toutes les références possibles, ce qui donne à l’album un style succession de scènes enchaînées. Le véritable scénariste est encore en construction. Il n’empêche que l’épisode est incontournable, bourré de scènes cultes et est l’une des meilleures ventes de la série. Philippe Goddin, avec la participation de Dominique Maricq, revient sur la genèse de l’œuvre dans cette splendide collection déclinée de Hergé, Chronologie d’une œuvre, publiée entre 2000 et 2011.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Avant Tintin, un autre personnage de Hergé s’était confronté aux criminels de l’Amérique et aux indiens : Totor. En mai 1930, dans un terrain vague de Bruxelles, Quick et Flupke jouaient aux cow-boys. L’Abbé Wallez avait déjà demandé à Hergé de privilégier le Congo. Cette fois-ci, l’auteur est bien décidé à faire embarquer son héros sur un transatlantique pour une aventure dont le premier titre était Tintin à Chicago. Hergé se documente comme il le peut sur la société américaine. La prohibition a exacerbé la criminalité. Tintin va être kidnappé par la bande d’Al Capone. Même en la police, il n’est pas possible de faire confiance. Tintin va ensuite se rendre en territoire indien, à la poursuite de Bobby Smiles.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Cette découverte des coulisses révèle, non pas des secrets, mais des instants oubliés de la carrière d’Hergé, comme Tim l’écureuil, héros du Far-West, récit illustré réalisé en 1931 pour le grand magasin L’innovation. On rebondit sur cet aimable Monsieur Mops dont les images ont servi d’illustrations pour les grands magasins bruxellois Au bon marché.
Pour en revenir à Tintin en Amérique, si l’on vous dit Taupe-au-regard-perçant, Canard-embourbé, Bison-flegmatique ou Œil-de-bœuf, à quoi pensez-vous ? Ce sont les indiens que rencontrera Petit-Visage-Pâle, alias Visage-Pâle-au-Cœur-de-Coyote dans la version couleur, alias encore Tintin.
© Hergé/Tintinimaginatio 2025 Quand on parle de scène culte, on ne peut s’empêcher de parler d’architecture et de Tintin passant d’une fenêtre à l’autre sur le mur d’un gratte-ciel new-yorkais.
Replongez-vous avec délectation dans cette troisième aventure du reporter à la houppe. Rendez-vous en Mars pour découvrir les coulisses des Cigares du Pharaon. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : Tintin Hergé Les coulisses d’une œuvre
Tome : 3 – Tintin en Amérique
Genre : Aventure
Auteur : Philippe Goddin
Avec la participation de : Dominique Maricq
Scénario & Dessins : Hergé
Éditeur : Moulinsart
ISBN : 9782810440276
Nombre de pages : 108
Prix : 19,95 €
- Tu mourras moins bête 6 – In moustachum veritaspar Laurent Lafourcade
Science avec conscience
« -Super ! Vous avez pas une comparaison moins grossophobe dans votre desace de boomeuse ?
-J’avoue, mais au moins, le lecteur est toujours là ! Puis on parle tout le temps de la pomme de Newton !!!
-Hm !
-Ben moi, je propose le « boule de Moustache »! »
Pourquoi le T-Rex a-t-il de si petits bras ? Voici la première des nombreuses questions auxquelles va devoir répondre la célèbre professeur Moustache, fille illégitime et moustachue d’Albert Einstein. Depuis de nombreuses années, les paléontologues ont analysé les ossements retrouvés. Cela leur a permis d’échafauder la théorie selon laquelle s’ils avaient des bras plus longs, ça accroissait les chances de blessures au combat et donc d’infection. Moins scientifique d’apparence, la question suivante porte sur l’empathie envers nos appareils ménagers. N’importe quoi ! Que nenni. Il y a une explication chimique à cela. La réponse est dans notre cerveau, dans la même zone que celle qui permet de reconnaître un pote dans la foule : le gyrus fusiforme.
© Montaigne – Delcourt Pour rester dans le sensoriel, on dit souvent que c’était mieux avant. Mais qu’est-ce qui le prouve ? John Trinkaux, disparu en 2017, est un chercheur dont la spécialité était l’étude des comportements chiants. Il va en particulier analyser l’attitude des enfants face à un Père Noël de grande surface. Avec l’aide de François Hollande (si, si), la professeure va nous expliquer l’onde gravitationnelle, avant de nous montrer que les cris des bébés nous sont insupportables depuis l’ère préhistoriques où les seuls que l’on n’oubliait pas étaient les nouveau-nés qui hurlaient. Préparez vos cernes sous les yeux.
© Montaigne – Delcourt Tiens, une question qui nous interpelle tous ! Est-ce qu’on pourra un jour faire parler les animaux ? Il y a eu de nombreuses expériences sur les singes et sur les chiens. C’est mal barré pour faire un débat avec eux. Autre question, qui vient celle-ci d’un certain Emmanuel M. : C’est quoi ce fichu Covid ? D’où que ça vient ? Prenez garde à vous, les virus ! Pour répondre à toutes ces questions et à bien d’autres, Marion Montaigne s’est entourée de chercheurs et de scientifiques qui l’ont aidé à comprendre et à vulgariser les différents sujets traités. Avec humour, dérision et sérieux, elle aborde des thèmes divers et variés qui nous intéressent tous. Même les préoccupations les plus pointues sont mises à portée de main. Ça fait quelques années maintenant que la série est adaptée en dessins animées sur Arte.
© Montaigne – Delcourt Qui tutoie les prix Nobel et les savants ? Qui peut rétrécir, voyager dans le temps ? Qui arbore sa pilosité sub-bucale et pense en dehors du bocal ? Qui sait expliquer ce qu’est la radiation ? Qui contacte-t-on pour poser une question ? Le professeur moustache ! Avec Tu mourras moins bête, Marion Montaigne a inventé la vulgarisation scientifique avec un grand V. Six albums déjà et la moustache est toujours frétillante.
Série : Tu mourras moins bête
Tome : 6 – In moustachum veritas
Genre : Humour scientifique
Scénario, Dessins & Couleurs : Marion Montaigne
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413086161
Nombre de pages : 256
Prix : 19,99 €
- La main du diablepar Laurent Lafourcade
La belle vie a un prix
« -Savez-vous qu’il ne tient qu’à vous de posséder une pareille maison ?
-Comment ça ?
-De combien d’argent disposez-vous ?
– 50 dollars… Non 49 et quelques cents…
– C’est bien peu en effet… Mais tant pis. Je vous la laisse à ce prix.
-De quoi parlez-vous ?
-Elle ! La main du diable ! Au fait : croyez-vous au diable ? »
Sur une route maritime entre Hawaï et San Francisco, à bord du steamer Caldonia, le célèbre écrivain Robert Louis Stevenson rencontre un homme qui va lui raconter une histoire extraordinaire. Cet homme, c’est Charles Dawson. Il habite à Honolulu. Dawson a lu « L’île au trésor » et « Docteur Jekyll et Mister Hyde ». Il sait que Stevenson adore les étranges histoires. Peut-être que celle qu’il a vécu intéresserait l’écrivain ? Dawson la lui racontera, mais quand elle sera terminée.
© Rodolphe, Griffo – Anspach Tout a commencé un an auparavant. Criblé par les dettes de jeu, Charles Dawson fait la manche à Honolulu dans l’espoir de récolter un pécule qui lui permettra de regagner San Francisco. Pour l’instant, il en est en tout et pour tout à quarante-neuf dollars. C’est alors que, l’apercevant dans la rue, le riche propriétaire d’une luxueuse villa l’invite à visiter les lieux et lui propose de lui vendre « La main du diable », pour les quarante-neuf dollars qu’il a en poche. Cet objet, à la forme d’une main avec une mitaine, permet d’exaucer tous les vœux : santé, fortune, amour… Que demander de plus ? De grands hommes l’ont possédé : James Cook, Napoléon. Alors, pourquoi chacun s’en est-il séparé ? Pourquoi cet homme veut la vendre ? Tout simplement parce que si l’on meurt en sa possession, Satan vous rappelle à lui en son royaume. La seule condition est de la vendre moins cher que le prix auquel on l’a acheté.
© Rodolphe, Griffo – Anspach Dawson doute de l’efficacité de l’objet. Son hôte lui propose de faire un premier vœu, comme celui d’avoir de nouveau dans sa poche la somme que lui a coûté la main après l’avoir payée. Elle y est ! L’ancien clochard repart donc avec l’objet et commence une vie de patachon, entouré de luxe et de femmes. Après quelques temps, ayant amassé des sommes considérables, il décide de s’en séparer. Un jour funeste, il apprend qu’il est atteint d’un mal incurable. Seule la main pourrait le guérir. Il va falloir la retrouver et pouvoir la racheter.
© Rodolphe, Griffo – Anspach Au-delà d’une simple malédiction, La main du diable questionne sur le sens de la vie. Le scénario de Rodolphe s’inspire d’une nouvelle de Stevenson « The Bottle Imp », Le Diable dans la bouteille. Il met l’auteur en abime montrant comment il aurait pu créer son histoire. Au dessin, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu Griffo à ce niveau. Qu’est-ce que ça fait plaisir de retrouver le dessinateur de Giacomo C. en grande forme.
One shot : La main du diable
Genre : Drame
Scénario : Rodolphe
Dessins & Couleurs : Griffo
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105351
Nombre de pages : 56
Prix : 16 €
- Au chant des grenouilles 2 – Le concourspar Laurent Lafourcade
Mercotte, au jury !
« -Pour gagner, on doit surprendre le jury ! Prendre des risques ! Retournons vite dans la forêt. On trouvera sûrement une idée.
-Et si on allait voir Uriana pour lui demander conseil ?
-Mais c’est de la triche ! »
Tout le monde s’affaire au petit village de Greenwood, surtout les candidats au concours de pâtisserie. Les parents de la chouette Vanille accueillent les amis de celle-ci pour s’y préparer. Trouveront-ils la recette du gâteau aux légumes avec un élément provenant d’un arbre qui leur permettra de remporter la compétition ? Moss a une longueur d’avance ; elle a eu toutes les règles du concours avant. Honey regrette de ne pas avoir écouté ses parents. Il faut se ressaisir. L’union faisant la force, tout n’est pas perdu. L’important est de choisir pertinemment l’élément venant de l’arbre. Il va falloir prendre des risques pour surprendre le jury. La sorcière Urania aurait peut-être une idée.
© Almanza, Canepa, Halard, Rigano – Oxymore Vanille et Shadow décident de se rendre chez elle. Celle-ci leur suggère des glands. C’est bon, les glands. Sauf que ce n’est pas du tout la saison. Heureusement que Snow en a toute une collection. Vanille a travaillé toute la nuit pour imaginer la recette et dessiner le gâteau qui va peut-être les faire gagner. Il y a de la farine de glands de chêne, des œufs, du miel, du beurre et du sel, trois sortes de salades, des carottes, des pétales de fleurs et de la betterave. Dans quelques heures, le grand jury élira le meilleur gâteau que Greenwood ait jamais vu, le meilleur et le plus beau !
© Almanza, Canepa, Halard, Rigano – Oxymore Après un premier tome introductif, ce deuxième volume d’Au chant des grenouilles présente une vraie histoire. Jérémie Almanza succède à Florent Sacré dans une incroyable cohérence graphique. C’est somptueux. Giovanni Rigano conserve les quelques planches encyclopédiques, permettant aux lecteurs de tout savoir sur le chêne, alias le papy des forêts, sur les lucioles, ainsi que sur, et c’est le plus incroyable mais vrai, la façon qu’on les arbres pour communiquer entre eux. Barbera Canepa et Anaïs Halard scénarisent cette chronique forestière au fil rouge fantastique.
© Almanza, Canepa, Halard, Rigano – Oxymore Au chant des grenouilles s’installe comme une série merveilleuse dans tous les sens du terme, de celles que ne peuvent comprendre que les enfants et ceux qui n’ont jamais quitté l’enfance.
Série : Au chant des grenouilles
Tome : 2 – Le concours
Genre : Bucolisme
Scénario : Barbara Canepa et Anaïs Halard
Dessins : Jérémie Almanza
Couleurs : Jérémie Almanza & Barbara Canepa
Dessins des pages encyclopédies : Giovanni, Rigano
Éditeur : Oxymore
Collection : Métamorphose
ISBN : 9782385610708
Nombre de pages : 48
Prix : 14,95 €
- Nonolulu 1 – L’île super perduepar Laurent Lafourcade
Le club des 6 exotique
« -Tout le monde va bien ?
-Kof kof !
-Bon bah, on fait quoi maintenant ?
-Regardez ce que j’ai trouvé ! Il y a un message dedans ! C’est l’écriture de ma mère. »
Au large d’une île déserte, un voilier est en train de sombrer. Six enfants nagent comme ils le peuvent pour rejoindre la rive. Leurs parents ne leur ont laissé que des bouteilles à la mer. « Attendez sagement notre retour, on est partis chercher de l’aide… » Signé Maman. Les autres recommandations demandent aux plus grands de s’occuper des plus jeunes, aux plus petits de bien les écouter, et à tous de ne pas laisser faire n’importe quoi à Nonolulu. Cette dernière est un peu vexée. La confiance règne.
© Battault, Méhée – Auzou BD Nonolulu, c’est la cheffe, mais que dans ses rêves. Les plus grands sont Charlotte, madame Je-sais-tout, et son cousin Jean, un peu trop sage mais gentil. Allistair est le petit frère de Charlotte, c’est le véritable intellectuel de la bande. Quant à Kim et Bao, ce sont les jumeaux casse-cou. Tout ce petit monde va devoir apprendre à cohabiter et survivre sur cette île dont les plus grands dangers, si danger il y a, sont l’écho farceur d’une grotte et un bernard-l’hermite chapardeur. Ouistitis, perroquets et tortues complètent la faune locale. Il reste même un dodo !
© Battault, Méhée – Auzou BD Nonolulu est une série parfaite pour de premiers lecteurs. Avec des gags simples (mais pas simplets) de Paule Battault, un graphisme kawaï et des couleurs solaires de Loïc Méhée, le petit album a tout pour attirer le chaland. Les enfants s’imagineront avec délectation dans la peau de Nonolulu, petite fille décalée à la répartie bien pensée. « Il y avait trois bananes dans le garde-manger… Peux-tu m’expliquer pourquoi il n’en reste plus qu’une ? » « Bah, parce que j’avais pas vu la troisième ! » Ils verront en Charlotte celle qui veut commander et qui ne parvient pas à se faire entendre, celle que l’on aime bien prendre à contre-pied en la taquinant. Ils trouveront dans les jumeaux les petits frères coquins dont on voudrait qu’ils ne soient pas là mais qui nous manquent énormément quand ils sont absents.
© Battault, Méhée – Auzou BD Pour des vacances forcées sur une île comme celle-ci avec Nonolulu et sa bande, on signe tout de suite. Et les parents dans tout ça ? Ils vont revenir quand ? Le plus tard possible on espère.
Série : Nonolulu
Tome : 1 – L’île super perdue
Genre : Humour paradisiaque
Scénario : Paule Battault
Dessins & Couleurs : Loïc Méhée
Éditeur : Auzou BD
ISBN : 9791039542555
Nombre de pages : 104
Prix : 11,95 €
- Bienvenue chez Smitch entreprise modernepar Laurent Lafourcade
Qui veut être mon associé ?
« -Je vous ai réunis pour faire taire cette rumeur d’achat. Nous ne sommes encore qu’en phase de négociation. Mais soyez assurés que notre première préoccupation est nos collaborateurs. Nous avons à cœur de défendre vos intérêts. Inutile, donc, de précipiter les choses. Et je vous le dis, les yeux dans les yeux… Lambertin & Fils sera toujours votre maison. »
Branle-bas de combat chez Lambertin & fils. Le rapprochement avec Smitch international va les propulser dans le Top 10 du business. A nous, l’Amérique ! L’entreprise Smitch génère le PIB du Mozambique. Voilà justement Monsieur Smitch qui arrive… à trottinette. Laurent Lambertin l’essaye illico. Au départ, il n’est pas vraiment décidé à vendre, mais quand il regarde le chèque que lui tend l’acheteur, ça change la donne. Encore faut-il que Papa soit d’accord. Si l’on veut entrer dans la cour des grands et conquérir le monde, il n’y a pas le choix. Bref, l’affaire va se faire. Lambertin & fils sera toujours la maison de ses employés, mais en un peu plus américain quand même.
© Tartrais – Fluide glacial Bienvenue chez Smitch est une fable grinçante et drôlissime sur le monde de l’entreprise. Les open spaces et les visio-conférences n’auront plus de secrets pour vous. La machine à café est le lieu de passage obligé. La photocopieuse fait figure de déesse aux pieds de laquelle tout le monde se prosterne. On a beau s’américaniser, les délégués syndicaux restent des délégués syndicaux. Les merguez sont en train de chauffer sur le barbecue du piquet de grève. Si les employés savent à peu près à quoi s’attendre, ce n’est pas le cas du nouveau stagiaire qui débarque alors que tout le monde se casse, il n’y a pas d’autre mot, en week-end prolongé.
© Tartrais – Fluide glacial Erik Tartrais sait de quoi il parle. Dans les années 90, après avoir renoncé à une carrière d’artiste proche de la nature, il opte pour le métier de publicitaire. A lui les costards-cravate dans une entreprise capitaliste et bourgeoise. Ce choix lui reviendra en pleine figure à la quarantaine, de plein fouet. Il renonce aux tickets-resto à 15 €. Son expérience aura au moins eu le mérite de nourrir ce livre poilant fait de courtes séquences de trois planches intercalées avec de grands dessins humoristiques à la Voutch. Les équipes d’Envoyé Spécial peuvent aller se rhabiller. Le vrai reportage, il est dans des bouquins comme celui-ci.
© Tartrais – Fluide glacial Qui veut être mon associé ? Travailler dans une entreprise moderne est un rêve qui vous semblait inaccessible ? Avant de postuler, lisez quand même Bienvenue chez Smitch. Vous aurez un bel aperçu de ce qui vous attend.
One shot : Bienvenue chez Smitch entreprise moderne
Genre : Humour d’entreprise
Scénario, Dessins & Couleurs : Erik Tartrais
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207387
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €
- Une aventure de Jeff Mistral 1 – Mort imminentepar Laurent Lafourcade
Mistral gagnant pour l’esprit Tillieux
« -C’est ici qu’aurait dû être exposé Lucie, l’un des plus beaux diamants au monde ! C’était le joyau de notre exposition dont l’inauguration était prévue ce soir ! C’est incompréhensible. Toutes les mesures de sécurité ont pourtant été prises et il a été volé cette nuit ! Regardez, Monsieur Mistral… C’est Lucie. Il faut retrouver ce diamant coûte que coûte !
-Et où était-il rangé cette nuit ?
-Venez, je vais vous montrer ! »
Septembre 1962, Musée des arts décoratifs de Paris, salle des expositions, 8 h du matin. Alors qu’il se trouvait dans un coffre-fort réputé inviolable, Lucie, l’un des plus beaux diamants du monde, a été dérobé. Les serrures ont été fracturées mais le coffre a été ouvert sans dégât. Tout cela est bien étrange. Le détective privé Jeff Mistral est engagé pour retrouver le joyau et le voleur. Ce dernier connaissait forcément les codes de l’alarme et du coffre. Le lendemain, l’enquêteur se rend au bar des amis de la marine, dans le 7ème arrondissement. Il y a été invité par une mystérieuse Lucie… comme le diamant. La femme qui l’a convié va lui raconter une étrange histoire.
© Andrieu, Julié, Dumas – Klev La dame lui apprend que c’est son conjoint Aristide Klein qui a volé le diamant. Si elle informe le détective, c’est pour qu’il l’aide à se sortir du guêpier dans lequel il s’est fourré, car le vol a suscité bien des convoitises. Si le vol a pu être commis aussi facilement, c’est parce que depuis qu’il a eu un accident de voiture il y a quelques années de cela, Aristide, ayant vécu une expérience de mort imminente, peut dorénavant sortir son esprit de son corps pour observer ce qu’il veut où il veut. Craignant de trop gros ennuis, Aristide serait prêt à rendre le fruit de son larcin. Tout cela semble tellement étrange. N’y aurait-il pas anguille sous roche ?
© Andrieu, Julié, Dumas – Klev Amateurs de vieilles cylindrées et adorateurs de Maurice Tillieux, cet album est fait pour vous. Les nostalgiques de Gil Jourdan trouveront chez Jeff Mistral une partie de l’ADN qui a fait le succès de cette série représentative de l’âge d’or de la bande dessinée. A l’époque, les histoires étaient dans le jus contemporain. Aujourd’hui, on fait un bond en arrière dans le temps d’une soixantaine d’années. Olivier Andrieu y met tous les ingrédients nécessaires pour que la sauce prenne. Il flirte avec le surnaturel comme a pu le faire Tillieux. Rassurez-vous : tout, absolument tout, est justifié. Pour ajouter à la mise dans l’ambiance, Jeff Mistral a un petit côté André Pousse, l’un des seconds rôles emblématiques du cinéma de gangsters.
Après Urbain Pujol paru l’an passé chez Idées Plus, Alain Julié, connu pour avoir longtemps dessiné Les Vélos Maniacs chez Bamboo, reste dans l’univers des années 50/60. Il nous offre entre autres une course poursuite mémorable entre une DS Citroën et une Peugeot 404, près des mythiques usines Renault de Boulogne-Billancourt sur l’île Seguin. Les couleurs de Claire Dumas immergent à merveille dans l’époque. La coloriste réhausse la ligne claire impeccable du dessinateur tout en restant dans une cohérence classique légèrement modernisée, juste ce qu’il faut, par quelques ombrées.
© Andrieu, Julié, Dumas – Klev Enfin, il est des cahiers bonus qui servent juste à faire croire aux lecteurs qu’ils ont intérêt à acheter une première édition pour avoir quelques simples croquis. Ici, c’est un riche dossier qui nous est proposé, avec tout le dessous du travail des auteurs et les premières planches en noir et blanc.
Du bon polar ficelé bien comme il faut, avec ses bandits et ses poursuites, Jeff Mistral est la promesse d’un joli moment de BD, comme à la grande époque. Tout ça prouve qu’un âge d’or ne s’en va complètement jamais.
Série : Une aventure de Jeff Mistral
Tome : 1 – Mort imminente
Genre : Polar
Scénario : Olivier Andrieu
Dessins : Alain Julié
Couleurs : Claire Dumas
Éditeur : Klev
ISBN : 9782959206627
Nombre de pages : 72
Prix : 15 €
- CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection Franco-Belge métal 3ème éditionpar Laurent Lafourcade
Enluminez vos bibliothèques
« Cette collection est conçue pour les passionnés et les amoureux d’objets dérivés en lien avec l’univers de la bande dessinée. En quête d’enrichir votre collection, cet ouvrage est indispensable pour trouver la référence des pièces qu’il vous manque et qui viendront embellir vos étagères. »
Après Philippe-Antoine Guénard, créateur de la société Pixi, pour la précédente édition, c’est Tony Dhaussy qui préface le nouvel argus mis à jour de figurines franco-belge en métal, orchestré par Christian Mallet. Les deux hommes se sont rencontrés il y a une dizaine d’années et ont co-écrit le CAC3D sur les Schtroumpfs. Leur passion commune pour les produits dérivés les a réunis. 31 fabricants sont recensés dans ce volume, soit douze de plus que dans l’édition précédente. Un coup d’œil sur la chronique qui y était consacrée vous donnera un premier aperçu. Attardons-nous ici sur quelques objets qui n’y figuraient pas.
© Mallet – Côte-à-cas éditions 275, c’est le nombre d’exemplaires de la scène Pixi représentant Blake, Mortimer et Nasir au pub. En métal polychrome, la miniature tirée de l’univers de Jacobs coûte 345 €. Les trois personnages sont attablés. Il y a quatre chaises. Des bières ont été servies. Un vieux poêle à bois complète la scène.
Toujours chez Pixi, Lucky Luke et Jolly Jumper sont pliés de rire sur un bronze de 28 cm produit à seulement 60 exemplaires. Si on vous dit 57,14 €, c’est son prix au centimètre parce que l’objet coûte 1600 €.
On retrouve les Schtroumpfs dans une scène adorable avec Le coffre à BD des Schtroumpfs. Le grand Schtroumpf, le Schtroumpf à lunettes, un Schtroumpf lambda, la Schtroumpfette et le bébé Schtroumpf lisent leurs propres albums, chez Pixi encore, pour 390 € en 300 exemplaires.
© Mallet – Côte-à-cas éditions Impossible de passer à côté de la sublime plaque émaillée éditée par côte-à-cas éditions représentant un dessin inédit de Achdé. Lucky Luke et Jolly Jumper chevauchent vers le soleil couchant. On peut se la procurer pour 349 € en version couleurs et pour 299 € en noir et blanc. Produites par l’émaillerie belge, elles inaugurent la collection « Les plaques légendaires ».
Qui pour faire une partie de baby-foot avec Lucien et ses copains ? Céline Godard a sculpté la scène pour Like an angel, d’après Frank Margerin. Les 60 exemplaires coûtent 546 € pièce.
© Mallet – Côte-à-cas éditions C’est la troisième édition de cette encyclopédie des figurines de collection franco-belge métal. Christian Mallet remet à jour ses argus tous les trois ans. Ça va être très vite être le cas du volume consacré à l’univers de Hergé dont la nouvelle mouture sort le 1er mars. En attendant, cet opus sur les figurines métal sera du meilleur effet sur votre table basse lorsque vous recevrez des invités ou pas.
Série : CAC 3D – Encyclopédie des produits dérivés
Tome : Encyclopédie des figurines de collection Franco-Belge métal 3ème édition
Genre : Argus
Auteur : Christian Mallet
Éditeur : Côte-à-cas éditions
ISBN : 9782491066413
Nombre de pages : 274
Prix : 44 €
- Les morsures de l’ombrepar Laurent Lafourcade
Dialogues avec mon prisonnier
« -Lydia ?
-Je vois que la mémoire vous revient, commandant !
-Lydia, pourquoi m’avez-vous enfermé là-dedans ? C’est quoi, ce jeu ? La plaisanterie a assez duré, Lydia ! Alors, vous allez ouvrir cette grille et… Et où est mon flingue, d’abord ?
-Votre arme est entre mes mains, désormais. Tout comme votre vie… »
Un homme se réveille enfermé dans une cellule au sous-sol d’une maison. C’est Benoît Lorand, un flic. Il a été désarmé et démuni de son téléphone. Sa soirée de la veille lui revient petit à petit. Une conquête dans un bar qui l’amène chez elle, une soirée emballée, … Comment se fait-il qu’il se retrouve ainsi prisonnier ? Sa geôlière tarde à lui donner des explications. Ce qu’elle veut, c’est le regarder mourir. Pendant ce temps, au commissariat central de Besançon, on s’inquiète de la disparition du collègue. Djamila est chargée de l’enquête. Elle part interroger Gaëlle, l’épouse du disparu. Elle connaît les frasques nocturnes de son mari mais n’a jamais souhaité divorcer. Ils ont un fils de trois ans.
© Beausang-O’Griafa, Delaporte, Lofé – Philéas Voici un univers polar où les flics ont autant de parts d’ombre que les malfrats qu’ils ont l’habitude de traquer et de mettre sous les verrous. Si Benoît Lorand est porté sur l’alcool et les femmes, son supérieur a le vice du jeu. Il est prêt à utiliser des moyens illicites pour renflouer ses dettes et continuer à jouer à crédit. Son statut donne confiance. De l’autre côté, Lydia n’a pas l’apparence d’une kidnappeuse. Elle est psychologiquement perturbée et se rend régulièrement chez sa psy. Elle a un rapport complexe avec sa mère qui la pense folle. Au fil de ses rendez-vous et de ses joutes verbales avec son prisonnier, Lydia va dévoiler son vrai visage et justifier ses agissements.
© Beausang-O’Griafa, Delaporte, Lofé – Philéas Après l’exceptionnelle saga historico-humaine Visages ceux que nous sommes, le scénariste Miceal Beausang-O’Griafa adapte le polar sombre de Karine Giébel. Quasi huis-clos dans le sous-sol d’une maison, il réussit à faire monter la tension crescendo, notamment par ses talents de dialoguiste. Le roman a ceci de passionnant que les rôles de victime et de bourreau sont poreux. Au fil de l’histoire, les empathies pour les personnages changent de camp. La prestation est difficile à jouer. Pour y parvenir, les adaptateurs se transforment en metteurs en scène de théâtre. Dans un graphisme réaliste très charbonneux, avec de forts aplats noirs, Xavier Delaporte pose une tension palpable. On pourrait parfois se croire dans un roman-photo, avec tout le respect que l’on doit au genre, permettant de rentrer au plus près dans la tête des personnages. Greg Lofé complète le dessin par ses couleurs, même sombres quand elles sont claires, en parfaite adéquation avec cette histoire qui aurait pu faire partie de la mythique collection Série noire. Référence plus récente, on ne peut s’empêcher de penser à Joe Goldberg, l’assassin à la cage de verre de la série You, elle-même adaptée du roman Parfaite de Caroline Kepnes. Mais le livre de Giébel est plus ancien ; il date de 2007. Serait-ce lui qui aurait inspiré l’autre ? Ceci est une autre histoire.
© Beausang-O’Griafa, Delaporte, Lofé – Philéas Rien n’est manichéen dans Les morsures de l’ombre. Tout est machiavélique. Ce best-seller du polar trouve dans la bande dessinée un écrin qui le met en valeur.
One shot : Les morsures de l’ombre
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Miceal Beausang-O’Griafa
D’après : Karine Giébel
Dessins : Xavier Delaporte
Couleurs : Greg Lofé
Éditeur : Philéas
ISBN : 9782491467890
Nombre de pages : 96
Prix : 19,90 €
- La forêt d’Oreka 1 – Une longue nuitpar Laurent Lafourcade
Un monde fou, fou, fou
« -Tu vas nous manquer, Hannah, mais crois-moi… Tu n’oublieras jamais cet été. »
Quand la petite Hannah est déposée par ses parents chez son grand-père qui habite un cabanon de bois au beau milieu d’une forêt, elle n’imagine pas encore l’intensité du séjour qu’elle va vivre. Et pourtant, elle n’a pas envie de rester. Rien que de penser à la forêt, aux loups et aux bruits, elle est terrifiée. Son aïeul la rassure. Elle n’a pas à s’inquiéter de tout cela. Elle doit juste se tenir à l’écart si elle voit un corbeau. Ses craintes ne vont pas l’empêcher d’aller se promener toute seule dans les bois. C’est là qu’elle va faire de premières rencontres bizarroïdes : un écureuil qui parle, des lapins qui jouent aux cartes, un tortue violoniste et des canards bodybuildés. Ce n’est pas tout. Il y a aussi un arbre qui sort de son trou et un village de gnomes.
© Sordo – Dupuis Quand papi vient la rejoindre, il lui explique qu’elle n’a rien à craindre de tout cela. Il lui apprend que cette forêt est la plus ancienne au monde. C’est l’origine de tout. Elle est pleine de secrets. Bien avant l’existence des humains, la forêt d’Oreka est le foyer des premiers habitants de la Terre. L’esprit de la forêt, le vent, l’eau, ainsi que les dames du jour et de la nuit vivent tous ici. La forêt est divisée en deux parties : celle appartenant à la dame du jour et dans laquelle vit le grand-père, puis l’autre plongée éternellement dans la nuit obscure. Cet été, Hannah ne verra donc pas la nuit, sauf si elle s’aventure de l’autre côté…
© Sordo – Dupuis Lewis Caroll peut aller se rhabiller. Paco Sordo et sa forêt déjantée débarquent. L’univers est complétement fou, fou, fou, avec des personnages plus truculents les uns que les autres. Le pompon revient à Infiniticochon, le porc qui va accompagner nos héros. C’est bien pratique, on peut en découper des bouts pour en manger, ça repousse. Il n’a même pas mal ; ça le chatouille. Tout va dérailler lorsque papi va retrouver sa maison dévastée par un arbre qui a poussé en dessous. Pour les animaux, c’est un coup de l’esprit de la forêt, pas ravi du tout qu’une petite citadine soit là. Le trait universel de Sordo parle aux enfants. Il a lu Roal Dahl et Eric Kästner pour les amener dans ce monde barré. La maquette de la couverture est aussi belle que l’histoire est folle.
© Sordo – Dupuis Quand la bande dessinée pour enfants donne l’impression de raconter n’importe quoi mais que c’est au final si finement construit, que demander de plus ? La forêt d’Oreka n’a pas fini de dévoiler ses mystères.
Série : La forêt d’Oreka
Tome : 1 – Une longue nuit
Genre : Aventure humoristique
Scénario, Dessins & Couleurs : Paco Sordo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808501958
Nombre de pages : 104
Prix : 12,95 €
- Rebuild the world 010par Laurent Lafourcade
Shopping & Concurrence
« -Salut, Cheryl. Qu’est-ce qu’il y a ?
-J’aurais un service à te demander, Akira. Est-ce que tu veux bien nous accompagner pour faire des achats ? On aurait besoin d’aller dans des magasins où les enfants des taudis ne sont pas les bienvenus. Ça ne te dérange pas ? »
Alors qu’Akira et Alpha récoltent des reliques dans des vestiges on ne peut plus ordinaires, le chasseur reçoit un appel de Cheryl. Celle-ci lui prie de l’accompagner dans des magasins où les enfants des taudis ne sont pas les bienvenus pour faire des achats. Pourquoi pas après tout ? Il a du temps à tuer avant la prochaine disponibilité d’Elena et Sarah pour partir en territoires inexplorés. Voici donc Akira, aguerri aux affrontements dans des zones sauvages, transformé en escort boy pour du shopping dans des boutiques de luxe.
© Kirihito Ayamura 2023
© Nahuse 2023
© 2024, Editions Vega, pour l’édition françaiseEchange de services, Akira va par la suite demander à Cheryl de venir avec lui explorer des ruines qu’il vient de découvrir afin de l’aider à rapporter les reliques qui s’y trouvent.
Les essais vestimentaires de Cheryl permettent à Kirihito Ayamura de développer son trait dans des costumes et des drapés plus originaux. C’est vraiment le seul intérêt de la première partie de ce dixième volume de Rebuild the world, très poussive et tirant à la ligne. Par bonheur, ça ne va pas durer. L’ADN de la série revient en force en milieu d’épisode. Direction la cité de Narahagaka. Mais nos héros ne sont pas les seuls. Il y a des monstres à exterminer et des ennemis avec qui il va falloir jouer des coudes. De vrais rôles de méchants identifiés apparaissent. Akira va devoir plus que jamais s’affirmer.
© Kirihito Ayamura 2023
© Nahuse 2023
© 2024, Editions Vega, pour l’édition françaiseContre toute attente, Rebuild the world est aussi une série féministe. Derrière le « mâle » Akira, ce sont les héroïnes qui mènent le bal. Si Elena et Sarah n’apparaissent qu’au tout début, elles sont pour Akira une référence dans le métier de chasseurs de reliques, ces sortes d’archéologues armés des temps modernes. Alpha, sous forme d’esprit, représente le double féminin d’Akira et influence ses pensées. Indubitablement amoureuse d’Akira, Cheryl démontre qu’on peut être à la fois féminine et aventurière. Loin du cliché des personnages shôjo, elle s’affirme comme un personnage clef dans l’entourage d’Akira. Il en est dépendant. Elle le rassure. Il en a besoin même dans les moments où il est au premier plan, rappelant l’adage : « Derrière chaque grand homme se cache une grande femme. ».
© Kirihito Ayamura 2023
© Nahuse 2023
© 2024, Editions Vega, pour l’édition françaiseUne fois passé la (longue) parenthèse du début, on retrouve avec plaisir l’essence de la série. Rebuild the world est une saga post-apocalyptique qui se densifie.
Série : Rebuild the world
Tome : 10
Genre : Shonen
Roman d’origine : Nahuse
Dessins : Kirihito Ayamura
Design des personnages : Gin
Design de l’univers : Yish
Design des machines : Cell
Éditeur : Vega
ISBN : 9782379503689
Nombre de pages : 178
Prix : 8,35 €
- Aventurosaure 6 – La promesse de Tyratopspar Laurent Lafourcade
L’heure du choix
« -Je… Je suis très inquiet pour Rex et Patchy.
-Je sais, Braki. Moi aussi ! C’est pour ça que je m’équipe… Pour être prêts quand on va les secourir, tu comprends ?
-Absolument. Désolé… Je dois me ressaisir !
-Tu en auras le temps, car on a beaucoup de chemin devant nous…
-Tu as un plan ? Où veux-tu aller, Cory ?
-Je veux aller venger mes parents ! »
Une famille comme une autre dans un petit village isolé. Des parents bordent leur fille qui s’apprête à s’endormir. Une belle journée les attend demain…ou pas. Des cris retentissent au dehors. Torus, le papa, empoigne une fourche et quitte la maison, ordonnant à son épouse et à son enfant de rester à l’intérieur. La maman demande à sa fille de monter sur le toit par la cheminée et de courir se cacher dans la forêt. « Ils » veulent tout brûler et capturer les enfants. A l’extérieur, la petite assiste à une vision d’horreur. Le village est en flammes et son père git à terre. La rescapée va devoir prendre toute seule son destin en mains. Cette scène s’est déroulée il y a quelques années déjà. On connaît bien cette orpheline : c’est Cory. Elle sera élevée par le clan Ninjaptor.
© Paré-Sorel – Presses aventure On retrouve Cory de nos jours avec Gogo et Braki. Cory veut venger ses parents, mais il faut aussi sauver Rex et Patchy. Prisonnier de l’ignoble empereur Tyratops, Rex croupit dans une geôle de la forteresse du général Ank. Ce dernier, que l’on pensait définitivement out, n’a pas dit son dernier mot. Quant à Patchy, elle est toujours malgré elle l’apprentie de la sorcière Ovi. Elles doivent se rendre chez l’empereur afin de lui faire part de la dernière trouvaille de la magicienne maléfique. Tout ce petit monde va se rejoindre à la forteresse où Tyratops compte bien se servir de Rex pour honorer une promesse qu’il a faite il y a longtemps à un être qui lui est extrêmement cher. Si Rex lui obéit, il pourra retrouver sa mère, sinon il assistera à la mort de tous les villageois de Crétincia. Va-t-il céder au chantage ?
© Paré-Sorel – Presses aventure La tension est à son comble dans ce sixième épisode d’Aventurosaure. Dans de nombreux récits d’heroïc-fantasy, on suit la quête initiatique d’un personnage. Ici, chacun d’entre eux accomplit son destin. Si la série est intergénérationnelle, Julien Paré-Sorel sait particulièrement parler aux enfants. A travers ses héros, il leur démontre qu’il est important de rester maître de ses choix. Avec Patchy, il invite à prendre garde aux dangers de l’emprise. Avec Cory, il donne un exemple de courage et de résilience. Avec Rex, il montre que la vie met parfois face à des choix cornéliens pour lesquels on sera seul à pouvoir et devoir prendre une décision irrévocable. Le côté feuilletonnant de la série, avec ses nombreux personnages, fait d’elle une invitation à se plonger ou replonger dans de grandes sagas. Les futurs lecteurs du Seigneur des anneaux pourront se dire plus tard : « Quand j’étais jeune, j’ai lu Aventurosaure. »
© Paré-Sorel – Presses aventure La bande dessinée québécoise est en forme. Au-delà d’une histoire fantastique de dinosaures humanisés, Aventurosaure est une fable sur l’adolescence expliquant aux jeunes lecteurs comment grandir et montrant aux plus grands le chemin qu’ils ont parcouru.
Série : Aventurosaure
Tome : 6 – La promesse de Tyratops
Genre : Jurassic Fantasy
Scénario, Dessins & Couleurs : Julien Paré-Sorel
Éditeur : Presses aventure
ISBN : 9782897518806
Nombre de pages : 64
Prix : 12,90 €
- Show-Ha Shoten ! 5 & 6par Laurent Lafourcade
Qui fera le plus rire ?
« -Ecoutez-moi bien ! Jusqu’ici, huit duos ont bénéficié des conseils avisés du Professeur Hiyama après avoir gagné ce concours. Et ils ont tous remporté le Kôshien du rire qui a suivi leur victoire ici. Ça n’a rien d’un hasard s’ils ont tous gagné sans exception ! Aujourd’hui, nous allons donc nous affronter pour remporter le Kôshien du rire ! Alors, si vous êtes venus ici en croyant qu’il s’agissait d’une sortie scolaire, vous faites fausse route ! »
Dans les concours d’humour, la coupe Hiyama est un passage obligé avant le Kôshien du rire. Tous ceux qui l’ont gagnée ont remporté ensuite la prestigieuse compétition. Le duo « Aller simple pour les cieux », formé par Azemichi Shijima et Taiyô Higashikata, est en lice pour cet affrontement intermédiaire. A gagner, entre autres, les précieux conseils du professeur Hiyama, le philosophe des humoristes. Avant de monter sur scène, il encourage et motive les troupes : « Ce sont des gens comme vous qui vont changer le monde de l’humour. » Dans les adversaires, un duo bien déterminé sort du lot. Il s’agit des filles de « Pantoufle de verre brisée », bien décidées à aller jusqu’au bout, avec une prestance et une assurance digne de rivaliser avec des pros.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2024Rappelons-le, les candidats des concours d’humour de Show-ha shoten sont des lycéens. Ils ont tous pour objectif de devenir les rois de la comédie. Les dix meilleurs duos du pays vont se retrouver à Osaka pour le plus grand tournoi de Manzai, cette compétition d’humour qui leur est réservée. Taiyô et Azemichi s’apprêtent à affronter de nouveau leurs meilleurs adversaires de la région du Kantô : les jacqueteurs et Rising. « Pantoufle de verre brisée » est aussi là. Il y en a d’autres qu’il va falloir apprendre à connaître comme le cool et le passionné du tandem « Shiba inus en tournée mondiale », le trio excentrique « Bol de riz au bœuf XL » ou encore le pas très fair-play duo « Brutus » qui présente des personnages détestables. Un paramètre essentiel est à prendre en compte, celui de l’ordre de passage. Il sera déterminant pour la victoire.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2024Ces cinquième et sixième tomes de Show-Ha shoten ! font la part belle à la compétition. Akinari Asakura etTakeshi Obata réussissent à insuffler du suspense et de la tension. Ils décortiquent la mécanique des concours impitoyables d’humour. Contre toute attente, alors qu’on n’est pas dans un thriller, les auteurs parviennent à terminer sur un cliffhanger inattendu. On l’a dit, la série n’est pas une série humoristique (bien qu’il y ait des moments drôles) mais un manga dont le thème est l’humour. La nuance est importante. Ceux qui s’attendent à être pliés en deux seront déçus. Ceux qui ont saisi le concept seront séduits. Dans les interludes, partageant sa motivation et ses doutes, le scénariste raconte comment il est devenu auteur.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2024Les japonais prennent l’humour très au sérieux. Les concours présentés sont bien réels dans leur pays. Show-Ha shoten ! permet de partager cette culture.
Série : Show-Ha Shoten !
Tomes : 5 & 6
Genre : Shonen
Scénario : Akinari Asakura
Dessins : Takeshi Obata
Éditeur : Kana
ISBN : 97825051264-85/-92
Nombre de pages : 196
Prix : 7,30 €
- Boulevard Tintin – Hergé, l’esprit d’une œuvrepar Laurent Lafourcade
Arrêts sur images
« -Par les moustaches de Pleksy-Gladz ! Quelqu’un d’autre les surveille déjà. » (L’affaire Tournesol)
Chaque lecteur de bande dessinée a dans son esprit des cases mythiques, des instants suspendus marqués, en général, par ses lectures d’enfance. S’il est un auteur qui, plus que d’autres, a provoqué ce phénomène d’inscription neuronale, c’est bien Hergé. Les aventures de Tintin sont farcies de ces images imprégnées en soi, comme dans le subconscient. Il y a des cases que l’on va attraper et d’autres qui viennent nous chercher. Avec ce livre, refonte de son ouvrage La profondeur des images plates éclairé par le livre 100 cases de maître de Gilles Ciment et Thierry Groensteen, Pierre Fresnault-Deruelle démontre que Hergé est dépassé par la puissance de son œuvre. C’est cela que l’auteur de l’essai cherche à capter à travers une méthode simple en commençant par décrire une vignette pour analyser jusqu’où elle nous emmène. Extraites de leurs planches, certaines vignettes surprennent, interpellent, interrogent et figent des instants. Plus de cinquante cases vont ainsi être mises en exergue, de façon courte et précise, sur deux ou trois pages pour chacune. Arrêtons-nous sur quelques-unes d’entre elles.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgTintin au Congo, planche 31, case 6. Dans la nuit, le chasseur Tintin attend le gibier. Derrière lui, une ombre menaçante et griffue s’apprête à l’attaquer. On se réjouit d’avoir peur. On s’imagine en train de crier comme au petit théâtre de Guignol : « Attention, derrière toi ! ». Fresnault-Deruelle compare l’image avec l’affiche du film de Louis Feuillade de 1913 (!) : Fantômas, Le mort qui tue, ayant la même composition.
Les cigares du Pharaon, planche 53, case 10. Dans le parc du Maharadjah de Rawhajpoutalah, Tintin se rend compte qu’un palmier possède un tronc creux cachant un puits, un passage secret. Magritte s’emparera du concept quelques années plus tard pour le distordre de manière surréaliste, alors que Hergé était resté dans le concret.
L’oreille cassée, planche 48, case 9. Est-ce parce qu’elle est reprise en couverture que l’image de Tintin voguant sur une pirogue en Amazonie que la case est mythique ? Peut-être… ou pas. Le danger peut surgir de partout. Pierre Fresnault-Deruelle voit en l’arbre mort couché dans l’eau une main énorme, menaçante, montrant la domination d’une jungle prédatrice.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgLe crabe aux pinces d’or, planche 15, case 8. Tintin et Milou entrent par le hublot dans la cabine du Capitaine Haddock, qu’ils ne connaissent pas encore. Le regard penché sur son verre de whisky, il ne remarque pas les intrus. L’auteur de l’essai voit en la corde qui a amené Tintin jusque-là une sorte de cordon ombilical amenant à une naissance, comme si le héros venait au monde. Pourtant, Hergé ne se doutait que cet instant allait révolutionner la série et contribuer grandement à faire ce qu’elle est aujourd’hui.
Tintin en scaphandrier découvre l’épave de La Licorne. Tintin et Haddock marchent dans l’allée qui les mène à l’héritage Moulinsart. Madame Clairmont quitte la salle de spectacle dans Les 7 boules de cristal. Les Dupondt passent derrière une plaque à rayons X dans Objectif lune. Haddock, Tintin et Milou descendent un escalier de secours dans L’affaire Tournesol. Au Tibet, un moine lévite. Choisir, c’est renoncer. La tâche de l’auteur a dû être complexe. Un addenda final complète l’ensemble par quelques surprises.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgCe livre est une madeleine de Proust que l’on peut feuilleter pour s’attarder sur l’une ou l’autre case qui va nous parler plus particulièrement. Certains penseront qu’il en manque. C’est normal. Chacun a ses propres cases cultes. Le concept de cet ouvrage pourrait se transformer en site internet que les contributeurs pourraient alimenter de leurs propres analyses. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Titre : Hergé, l’esprit d’une œuvre
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle
Préface : Michel Porret
Éditeur : Georg
ISBN : 9782825710777
Nombre de pages : 250
Prix : 20 €
- Cromimipar Laurent Lafourcade
On mange quoi, ce soir ?
« -Mais… Il n’y a que des images ?
-Mais… Il n’y a pas de texte ? »
Préhistoire, en plein Paléolithique. Cromimi fête ses cinq ans avec ses parents. En cadeau, la gamine reçoit un collier avec une dent de tigre et une lance, ces nouveaux bâtons armés d’un silex taillé. La voilà partie toute seule à la chasse. C’est tout d’abord un sanglier quel va apercevoir. Effrayé, l’animal prend ses jambes à son cou. Cromimi chute sur une branche. Elle ne pourra pas lancer son arme. Elle va ensuite tenter de viser un oiseau qui va s’envoler et lui faire caca sur la tête. Bon, sur terre, ça ne va pas. Dans les airs non plus. Est-ce que la pêche sera plus fructueuse ?
© Romanet, Georgette – Nathan L’amitié et le danger seront les deux arguments de la seconde partie de l’histoire dans laquelle Cromimi va se lier avec un lionceau et où elle affrontera un dinosaure, un T-Rex aux crocs acérés. Jean de la Fontaine nous a appris dans Le lion et le rat qu’on a toujours besoin d’un plus petit que soi. Cette histoire affirme l’adage. Charles Perrault a aussi inspiré les autrices puisqu’il y a un joli clin d’œil au Petit chaperon rouge.
© Romanet, Georgette – Nathan Nouveau Mini-bulles, nouvelle petite perle. Cromimi entre dans la famille de Petiote avec grâce. Caroline Romanet écrit une histoire sans texte à l’époque préhistorique. La fluidité du scénario coule tellement de source que les plus petits comprendront aisément l’histoire. Loin d’être mièvre, l’aventure a son suspense et ses instants de violence, tout comme dans les contes traditionnels et dans la vraie vie. Elle fait aussi la part belle à l’importance de la famille et du foyer. La dessinatrice Georgette a travaillé à l’informatique, sur le principe des gommettes, en utilisant des formes géométriques superposées comme avec des papiers découpés.
© Romanet, Georgette – Nathan Mini-bulles et maxi-plaisir. Quand la bande dessinée s’adresse aux plus petits avec tant de malice, d’intelligence et de respect, que demander de plus ?
Titre : Cromimi
Scénario : Caroline Romanet
Dessins & Couleurs : Georgette
Genre : Aventure pour les tout-petits
Éditeur : Nathan
Collection : Mini-bulles
ISBN : 9782095030087
Nombre de pages : 32
Prix : 8,50 €
- Go West – LawMen of the Westpar Thierry Ligot
Tiburce Oger réunit les Rangers du crayon
Alors que les élections américaines viennent de donner leur résultat, l’époque du Far West n’est peut-être pas aussi lointaine que cela. La campagne a été agressive, brutale. Poésie (si cela pouvait exister en politique) et bonnes manières ont été peu de mise.
Dans ce grand Ouest américain, de 1813 à 1902, les hommes de loi n’avaient pas pour autant la tâche plus facile face à des hors-la-loi sans pitié ni éducation. Le plus fort, le plus rapide ou le plus fourbe l’emportait souvent !
Mais ce n’est pas pour autant que shérifs, marshals, chasseurs de prime ou Minutemen ont abandonné leur tâche. Tout comme des juges et même des bourreaux … Le chemin sera long pour apporter loi et ordre (celle de l’homme blanc) à ces territoires sauvages, parfois même pas encore des États reconnus !
« Dans l’Ouest américain, l’homme de la frontière naît libre, un fusil à portée de main pour garantir sa sécurité et ses droits, voilà son état d’esprit. »
Et dans cette sauvagerie qui petit à petit va se « civiliser », un nouveau « pouvoir » apparaît afin de donner un visage « vainqueur » à cette avancée : la presse. Cette dernière va relater certains faits, certains destins d’hors-la-loi ou d’hommes de loi …
Si aujourd’hui des noms sont passés à la trappe de l’Histoire, d’autres ont marqué à tout jamais la mémoire collective !
© Tiburce Oger – Gastine – Grand Angle 2024 Tiburce Oger nous en fait (re)découvrir 14 dans ce 4e opus de sa désormais collection « Go West ». Pas forcément les plus connus (ouf !), mais tous ont marqué de leur empreinte ce chemin vers le respect de la loi !
Entre les Minuteman du mi XVIIIe siècle qui se défendaient contre les terribles raids des Indiens, Jim Werner, ancien esclave devenu Texas Ranger, le shérif Henry Plummer qui joua sur les 2 tableaux et le juge Parker, dit « l’homme qui pend », une longue et sanglante évolution marqua ces hommes chargés de faire la « loi » !
© Tiburce Oger – Toulhoat – Grand Angle 2024 Comme à son habitude, Tiburce a fait appel à ses « Rangers du crayon » pour mettre en images … en dessins ces 14 récits palpitants au travers d’une trame cohérente … Celle d’un carnet d’un malheureux journaliste tombé sous les tirs de 2 bandits.
Nous sommes en 1925, la route d’Isaac Stein, écrivain et reporter, s’arrête sur une piste en plein désert de l’Utah. Du sujet de ses notes, « La loi dans l’Ouest sauvage, chroniques et héros », il en devient involontairement l’objet du dernier chapitre … celui qu’il n’écrira jamais !
Bob le vieux et Jeb l’édenté vont lire ces notes et nous emmener dans des événements parfois méconnus du grand public, mais toujours véridiques ! C’est là l’une des grandes qualités de cette série : tout est vrai !
© Tiburce Oger – Astier – Grand Angle 2024 Quatorze styles parfois différents qui nous prouvent une fois de plus, si c’était nécessaire, que la veine du Far West est loin d’être morte dans le 9e Art. Mais qu’au contraire, elle a de superbes beaux jours devant elle avec tant de talents différents.
Évidemment cette brigade de « Rangers du crayon » a accueilli quelques nouveaux tels Richard Guerineau, Mario Milano, Xavier Besse et Alain Mounier. Ces derniers se sont prêtés au jeu d’une histoirette « western » alors que leur terrain de prédilection peut être tout autre. Mais quel plaisir visuel justement que de les découvrir dans un univers qui n’est pas obligatoirement celui où le lecteur les attend !
D’autres néanmoins semblent y prendre goût et y reviennent pour la seconde (Chris Regnault et Dimitri Armand), voire troisième fois (Laurent Hirn, Jef et Corentin Rouge) … quand ce n’est pas carrément la 4e (Dominique Bertail, Paul Gastine et Ronan Toulhoat) !
© Tiburce Oger – Meyer – Grand Angle 2024 Bref un 4e opus qui sent à nouveau bon l’authenticité, la poudre et la poussière, avec un petit goût de chanvre bien mordant !
À s’immerger sans tarder dans cet univers de violence, éventuellement avec un bon whisky (mais avec modération) en attendant le volume 5 de la saga. Celui-ci sera consacré aux femmes de l’Ouest … et verra de nombreuses dessinatrices de talent tenir les crayons !
Couverture du tirage de luxe noir et blanc © Tiburce Oger – Hirn – Grand Angle 2024
One shot : Law Men of the West
Genre : Western
Scénario : Tiburce Oger, avec la collaboration d’Hervé Richez
Dessins & Couleurs : Dimitri Armand, Laurent Astier, Dominique Bertail, Xavier Besse,Paul Gastine, Richard Guérineau,Laurent Hirn,Jef,Ralph Meyer,Mario Milano,Alain Mounier,Chris Régnault,Corentin Rouge,Ronan Toulhoat
Couleurs : Les mêmes, Raphaël Bauduin, Anaïs Blanchard, Jack Manini
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9791041106752
Nombre de pages : 120
Prix : 19,90 €
- Boulevard Tintin – Les rêves de Tintinpar Laurent Lafourcade
Entre métaphores et métamorphoses
« -Excusez-moi monsieur l’inca, mais avez-vous votre permis de chasse ?
-Mon permis de chasse ?… Misérable sacrilège, que le feu du ciel s’abatte sur ta tête !…
-Mon dieu, quel cauchemar !… Et c’est ce rayon de soleil qui… Mais, au fait… Ça par exemple ! On m’a laissé dormir !… Capitaine !… Eh bien, Capitaine !… »
D’après le Petit Larousse, le rêve est une suite de phénomènes psychiques (d’images, en particulier) se produisant pendant le sommeil. Par huit fois dans les aventures de Tintin, Hergé va faire rêver ses personnages. Ce sont ces huit séquences que Pierre Fresnault-Deruelle analyse dans cet ouvrage, se posant la question de savoir pourquoi l’auteur a introduit ces vignettes dont le message ne coule pas de source. Fresnault-Deruelle en voit deux raisons. La première est pour montrer que le héros cherche à trouver une vérité qui le perturbe, ou bien, plus superficiellement, fait des passerelles entre la réalité et une séquence onirique. La seconde raison permet à Hergé de réaliser des « broderies narratives » en remettant en cause son tracé ligne claire tout en le maintenant. Bienvenue dans une revisite de l’œuvre de l’artiste par le prisme du rêve.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgTout commence dans Les cigares du Pharaon avec l’entrée de Tintin dans la tombe de Kih-Oskh. Un gaz narcotique emporte le héros dans les bras de Morphée. Il se voit flotter dans un sarcophage. Des dieux égyptiens se penchent sur lui. Les Dupondt sont égyptiens. Rastapopoulos et un homme à tête de Milou transportent son corps endormi. Il s’imagine bébé. Nous sommes aux marges d’un surréalisme qui « dé-naïve » le récit.
Le cauchemar est burlesque dans Le crabe aux pinces d’or. Transformé en bouteille de Bourgogne dont sa tête est le bouchon, Tintin s’apprête à se voir vissé sur le crâne le tire-bouchon d’un Haddock assoiffé.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgDans la version noir et blanc de L’oreille cassée, un Arumbaya vient souffler une flèche empoissonnée au curare sur le reporter endormi. Tintin a manifestement été perturbé par ses lectures de l’après-midi. Hergé ne gardera pas la séquence dans la refonte de l’album. C’est le même genre de perturbation que connaîtra Tintin dans L’étoile mystérieuse lorsque, assoupi sur un fauteuil, il verra le prophète Philippulus et son gong s’immiscer dans son appartement.
S’il est une séquence de rêve plus célèbre que les autres, une scène emblématique de toute l’histoire du 9ème Art, c’est bien l’irruption de la momie de Rascar Capac dans la chambre de Tintin. Des centaines de petits lecteurs en ont cauchemardé. Semant encore une fois le trouble entre le rêve et une réalité fantastique, la scène atteint la perfection.
Dans Le temple du Soleil, à la recherche de Tournesol, Tintin rêve sur trois cases, en commençant par une scène qu’il n’a pas vécu mais qu’il reconstitue, celle de l’enlèvement du savant. Le rêve se termine quasiment en prophétie. Quand on connaît le dénouement de l’intrigue, on ne peut qu’en voir l’écho. Mais ça, Tintin ne le réalise pas encore.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgTintin au Tibet et Les bijoux de la Castafiore sont le cadre de deux rêves cocasses de Haddock. Il y voit dans l’un Tournesol en portefaix et dans l’autre le rossignol milanais en perroquet, à la fois métaphore et métamorphose. Notons que Bianca reviendra dans un cauchemar de Haddock sous les traits d’un pic-vert sur la première planche de L’alph’Art.
Après sa conclusion, en guise de post-scriptum, l’auteur de l’essai analyse rapidement dix situations pouvant s’apparenter aux rêves mais qui n’en sont pas, chez Hergé et quelques-uns de ses admirateurs.
© Hergé – Tintinimaginatio
© Fresnault-Deruelle – GeorgEn décortiquant huit courtes séquences, avec un vocabulaire parfois exigeant, Pierre Fresnault-Deruelle démontre le rôle essentiel du rêve, résonnant dans toute l’œuvre d’Hergé. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Titre : Les rêves de Tintin
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle
Préface : Michel Porret
Éditeur : Georg
ISBN : 9782825710562
Nombre de pages : 224
Prix : 20 €
- Une enquête du Lieutenant Bertillon 2 – Sednapar Laurent Lafourcade
Froid, moi ? Jamais !
« -Lieutenant Bertillon, au rapport. Un blizzard arrive et deux de nos jeunes manquent à l’appel. Leur vie est en danger, on part les chercher.
-Dites, commissaire… Vous avez vérifié les toits ? Parce que dernièrement…
-En tenue, Lieutenant ! Les motos chauffent dehors. »
Mis à l’écart pour sa gestion de l’affaire Amotken, le lieutenant Bertillon est envoyé au vert, ou plutôt au blanc, pendant un an dans le Grand Nord. Ça fait déjà huit mois que le policier se morfond, tuant le temps chez Sipi, le bistro du coin. C’est alors que deux collègues surgissent et lui demandent de les accompagner pour rechercher deux jeunes recrues qui ont disparues. Depuis qu’ils fricotent ensemble, Isi et Jolan n’en font qu’à leur tête, mais ils ont toujours été prudents. Peut-être sont-ils chez Bruce, un fast-food à une demi-heure de là. Il va falloir y aller en motoneige, et ne pas se perdre de vue en plein blizzard. Au retour, Bertillon s’attarde pour rentrer. La faune de la banquise semble déchaînée. Un orque brise la glace pour croquer un morse. Un pingouin tentant de voler heurte le flic en pleine face. Par la suite, c’est un bateau qui sort du sol. C’est le Sedna, un bateau de pêche disparu depuis trente ans !
© Pomès, Barth, Drac – Dupuis Sedna, ce n’est pas que le nom de ce bateau, c’est aussi celui de la fille de son Capitaine, Elijah. Elle revient aujourd’hui au village, après des années d’absence. Le navire ressurgit comme l’avion dans la série Manifest, sauf qu’il n’y a pas de survivant à bord. Il aurait été attaqué, comme le disait l’appel du Capitaine. Les cadavres de deux hommes-grenouilles gisent à l’intérieur. Sedna, la fille, était toute petite à l’époque. Ayant perdu sa mère, elle a été élevée par une nounou. Le lieutenant Bertillon se trouve confronté à une énigme qui a traversé le temps. Saura-t-il gérer l’enquête sans y impliquer ses sentiments comme il l’a fait précédemment ?
© Pomès, Barth, Drac – Dupuis Les enquêtes du Lieutenant Bertillon est une série d’ambiance. Les scénarii de Barth et Pomès sont on ne peut plus immersifs. Après s’être mêlé à la fête foraine et à tous ses manèges inhérents, le décor faussement dépouillé du grand Nord donne un ton glacial. Les événements flirtent à la frontière du fantastique. Les comportements des animaux peuvent s’expliquer. Le surgissement du bateau pourrait être dû à un mouvement de plaques tectoniques. Pourquoi pas ? Les auteurs s’amusent avec ce doute. La construction chapitrée du récit donne un côté feuilletonnant pas désagréable qui invite à des pauses pour faire monter le suspens. Avec des couleurs d’une des meilleures coloristes du moment, Drac, Cyrille Pomès met en scène ce petit théâtre modernisant des mystères à la Agatha Christie, avec ses personnages si caractéristiques aux mains immenses.
© Pomès, Barth, Drac – Dupuis Après les forains, les inuits. Le Lieutenant Bertillon rencontre des communautés aux traditions bien ancrées. Il semble engagé dans des enquêtes en terres inconnues. S’intégrer, s’adapter et enquêter sont les trois missions d’un policier qui a un bel avenir.
Série : Une enquête du Lieutenant Bertillon
Tome : 2 – Sedna
Genre : Polar
Scénario : Carine Barth & Cyrille Pomès
Dessins : Cyrille Pomès
Couleurs : Drac
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808505079
Nombre de pages : 80
Prix : 17,50 €
- Les cahiers de la BD Hors-série – Blueberry Le cycle de Chihuahua Pearlpar Laurent Lafourcade
Blueberry, un western incontournable
« –Le…. Le Lieutenant Blueberry ?!!? C’est vous ?!
-J’en ai bien peur, l’ami… Faudra faire comme moi : s’habituer à cette drôle d’idée…
-Que… Que diable faites-vous là, lieutenant ?… Huh ??….
-Eh bien, tel que vous me voyez, j’attends qu’une bonne âme passe et accepte de payer la caution de 50 dollars que ce grigou réclame pour me laisser sortir…
-Mais au nom du ciel, qu’avez-vous fait ?
-L’a démoli trois types et la moitié du saloon de l’irlandais.
-Ouais… Mais ce que le marshall oublie de dire, c’est que cette crapule d’O’Rourke héberge depuis des semaines un professionnel des cartes qui plume mes hommes au poker… Et hier, ce tricheur a osé me ratisser moi aussi. »
1973-1986, quatorze ans, dix albums, le cycle de Chihuahua Pearl, ou cycle du trésor des confédérés, constitue le cœur de la mythique série Blueberry et l’un des ensemble fondamentaux socle de la bande dessinée franco-belge. Le scénariste Jean-Michel Charlier et le dessinateur Jean Giraud sont au sommet de leur art pour porter cette aventure western de haute volée. Au même titre que le cycle du Soleil Noir qui a fait l’objet des précédents cahiers de la bande dessinée hors-série consacrés à XIII, celui-ci assied une décalogie à côté de laquelle il est inconcevable de passer.
© Revival
© Charlier, Giraud – DargaudTout commence lorsque le général Mac Pherson demande à Blueberry de retrouver et rapporter le trésor des confédérés, caché au Mexique. Sur les indications de la belle aventurière Pearl, dite Chihuahua Pearl, le yankee, aidé de mercenaires sudistes, doit faire évader Trevor, l’homme qui sait où il se trouve mais qui croupit dans les geôles du gouverneur Lopez. Blueberry va être accusé d’avoir détourné l’or à son profit. Emprisonné, puis évadé, il se retrouve au centre d’un complot visant à assassiner le président Grant. (Décidément, Van Hamme n’a rien inventé) Blueberry se réfugiera au sein d’une tribu Navajo. Il lui faudra prouver son innocence à la fois dans l’affaire de l’or et dans celle du complot contre le président. On le voit, l’histoire est touffue, ramifiée, à la manière de ce qui se fait aujourd’hui dans les séries télévisées. Ces cahiers de la BD vont tout nous révéler sur cette œuvre.
© Revival
© Charlier, Giraud – DargaudOn commence par un entretien avec Numa Sadoul, qui a été l’un des biographes de Jean Giraud. On y parle des influences de Jijé et de son évolution graphique, de son côté perfectionniste. Laurent Queyssi se penche sur les 90 années de vie de Blueberry, avec ses rebondissements. Nicolas Tellop s’attarde sur les influences cinématographiques, de La poursuite infernale de John Ford à La horde sauvage de Sam Peckinpah. Fleur Hopkins-Loféron s’attache aux rapports humains du personnage, à la métamorphose du militaire rebelle, à l’homme rangé qui veut banalement se marier. Après une analyse de la mise en scène graphique de Giraud, un entretien avec l’un des spécialistes de sa carrière Gilles Ratier met le travail de Jean-Michel Charlier à l’honneur. On découvre ensuite ce dernier conteur dans une démonstration signée Dionen Clauteaux. Le désert, les vrais mystères de l’Ouest, les visages-pâles, les peaux-rouges et les femmes, qu’elles soient divines, braves ou garces, sont les étapes suivantes de cet album à ranger dans sa bibliothèque, juste avant Arizona Love.
© Revival
© Charlier, Giraud – DargaudLes cahiers de la bande dessinée hors-série sont des petites bibles sur les séries historiques qui y sont traitées. Ceux consacrés à Blueberry ne dérogent pas à la règle en donnant envie de se replonger illico presto dans la saga culte.
Série : Les cahiers de la BD Hors-série
Tome : Blueberry Le cycle de Chihuahua Pearl
Genre : Ouvrage d’étude
Rédacteur en chef : Nicolas Tellop
D’après la série de : Charlier & Giraud
Éditeur : Vagator Revival
ISBN : 9791096119929
Nombre de pages : 120
Prix : 19,90 €
- Tout est bon dans le breton ! 3 – Complètement à l’Ouestpar Laurent Lafourcade
Kenavo, nom d’une moule de Cornouailles !
« -C’est fou ça ! Sur le site de l’office de tourisme de Plouzinec, vous indiquez 26°C à l’ombre, et pourtant j’ai attrapé un rhume.
-Alors ça c’est une spécificité de la région, notamment à cause du sens du vent. Il y a parfois une très légère différence entre la température réelle et la température ressentie. Là par exemple, il affiche 26°C en réel mais en ressenti on peut être à 18-19°C facile. »
En Bretagne, la température ressentie de l’air est parfois bien plus basse que les relevés réels. Pareil pour l’eau. La mer peut être à 24°C, en ressenti, on est entre 15 et 16. Par contre, pour l’eau de vie, c’est l’inverse : du 65°C peut facile paraître 110-115. En résumé, l’alcool, c’est comme les gags, c’est encore plus fort avec du breton. La famille Le Biniou est là pour nous le rappeler. Ils sont tous bretons, sauf la mère qui est normande. Personne n’est parfait. Martine tient l’agence de tourisme de Plouzinec. Elle a un accord avec météo France pour éviter d’être envahis. Remarquez, il suffit que son mari Pierrick, breton pur souche quant à lui, s’occupe d’un groupe de touriste pour que ceux-ci soient effarés de certaines coutumes locales.
© Delettres, Alteau – Casa BD A mi-chemin entre Robert Bidochon et Andy Capp, Pierrick tient la crêperie. Attention de ne pas se tromper entre galettes et crêpes salées. Le client maladroit risque un coup de poêle de Mamie Goudène s’il se trompe. Ici, on est en Haute-Bretagne, on dit galette. Quand il n’est pas au resto, Pierrick vend des marinières sur le marché… toutes blanches. Ben, quoi ? Ce sont des marinières sans rayures… made in China. J’t’en foutrais de l’éco-responsable 100 % local ! Il vendrait de l’air en bouteille, le Pierrick. Mais c’est qu’il va le faire, le margoulin ! Et pourquoi pas du crachin breton dans des gourdes tant qu’on y est ? Et bien, il va l’faire aussi !
© Delettres, Alteau – Casa BD Dans la famille, je demande le fils. Le plus fort en maths, c’est Erwan. Exercice complet avec la maîtresse sur le marché. Combien font cinq bouteilles de cidre à deux euros et deux caisses de bière bretonne à trois euros ? Deux jours, madame ! Sa sœur Nolwenn, en bonne adolescente qui se respecte, rêve de festival de rock. Les vieilles charrues, ce n’est si loin que ça. Si maman a peur pour sa sécurité, papa a trouvé le bon moyen pour qu’elle soit repérable dans la foule. Pas sûre qu’elle ait toujours envie d’y aller avec ça.
© Delettres, Alteau – Casa BD Tout comme pour la galette, Fabien Delettres, breton pur souche élevé au beurre salé, tient la recette de l’humour breton local. Il raille gentiment ses compatriotes avec un brin, un gros brin, de chauvinisme. La ligne claire extra-pure d’Alteau est parfaite pour ce style d’album populaire… et pas réservé qu’aux bretons.
Série : Tout est bon dans le breton !
Tomes : 3 – Complètement à l’Ouest
Genre : Humour régional
Textes : Fabien Delettres
Dessins : Alteau
Couleurs : Aintzane Landa
Éditeur : Casa BD
ISBN : 9782380584691
Nombre de pages : 56
Prix : 15,95 €
- Walking Dead – Clementine 2par Laurent Lafourcade
L’île du Docteur Morro
« -Tu es restée hors circuit pendant un mois, je dirais. Ricca a tenu le compte… Moi, je n’ai pas voulu.
-C’était ma jambe ?
-Ouais, elle était salement infectée. Ça t’a rendue super malade.
-Et comment on a… ?
-On a réussi à gagner la côte et Emi nous a prise sur son bateau. Elle nous a amenées ici sur l’île. Ça a duré des heures, les vagues étaient super hautes et flippantes. Moi, je pleurais, et Ricca récitait des espèces de prière pour toi.
-E-Emi ?
-Tu vas faire sa connaissance et celle des autres. »
Clementine, Ricca et Olivia poursuivent leur périple à travers l’Amérique, cherchant à fuir les rôdeurs. Les zombies ne sont pas très rapides, mais ils sont nombreux et une seule de leurs morsures peut être fatale pour se voir intégrer dans leur communauté mortifère. Clementine n’est pas bien. Elle est très fiévreuse. C’est sûrement dû à sa jambe amputée. Alors qu’elle retrouve Amos dans un délire, ses copines hèlent un bateau qui passe non loin.
Clementine se réveille un mois plus tard, guérie. Le trio est sur une île. Les filles sont hébergées par une petite communauté de huit personnes qui est parvenue à s’isoler des attaques des zombies. Elles ont été récupérées par Emi et son bateau de pêche. John bâtit des brises lames. Il est le fils de Mademoiselle Morro, mais ils ne passent pas beaucoup de temps ensemble. Elle est un peu docteur. Il y a aussi Gilles et Ginette, un couple âgé qui ne sait parler que français. Mercy est la plus jeune du groupe. Shu-Fen, avec son maillot de foot, est assez mystérieuse. Il reste Amir, adolescent à qui il manque un bras.
© Walden, Rathburn, Kirkman – Delcourt Comme dans chaque arc narratif de The walking dead, toute rencontre avec une nouvelle communauté donne lieu à son lot de mystères. Clementine et ses amies ne vont pas avoir de mal à s’intégrer à ce groupe qui, somme toute, les accueille sans trop de difficultés. Mademoiselle Morro est le personnage le plus énigmatique. La dame autopsie tous les cadavres de marcheurs qui tentent d’arriver par la mer afin de comprendre leur mutation. Là où l’aventure va prendre une autre dimension, c’est quand les nouvelles venues vont découvrir que l’île abrite tout un groupe de zombies enfermés dans une prison. Entre ça, et la digue qui donne quelques signes de faiblesse, l’île n’est pas si sécuritaire que cela.
© Walden, Rathburn, Kirkman – Delcourt Deuxième épisode de la trilogie Clementine, spin off de The walking dead, l’histoire imaginée par Tillie Walden, d’après l’univers créé par Robert Kirkman, est plus intimiste et spirituelle. Il y est question de tolérance, de religion, et en particulier de judéité. Clementine, Ricca et Olivia forment un trio attachant. L’une d’entre elles va voir sa vie bouleversée par autre chose que les zombies, mais ce n’est pas tellement le moment pour qu’il lui arrive ce qui lui tombe sur le poil. Le graphisme de Tillie Walden prend de la dimension avec les niveaux de gris de Cliff Rathburn. En bonus, des recherches de personnages accompagnent la liste des outils de dessin de l’autrice. Elle livre ses secrets pour la confection de cette histoire dans laquelle elle semble avoir donné beaucoup d’elle-même.
© Walden, Rathburn, Kirkman – Delcourt The Walking Dead est un monde qui n’a pas fini de tourner. Avec des invitées de la trempe de Tillie Walden, Robert Kirkman trouve des successeurs respectueux de son univers et étendant sa dimension avec de nouveaux regards. On attend avec impatience la façon dont elle va boucler sa trilogie.
Série : Walking Dead – Clementine
Tome : 2
Genre : Zombies
Scénario & Dessins : Tillie Walden
Niveaux de gris : Cliff Rathburn
Une série créée par : Robert Kirkman
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413075752
Nombre de pages : 280
Prix : 20,50 €
- U.C.C. Dolores 6 – Les yeux du Sans-peurpar Laurent Lafourcade
Les armes d’une mère
« -Bon, que tous les chiens des sables se tiennent prêts. Nous sortons dès les premiers signes de faiblesse. Et toi, Mony, avec moi ! Il est temps pour toi de monter sur scène et de nous montrer toute l’étendue de ton talent. Ta fille sera fière de sa mère. Quant à toi, Uskul, tu restes à bord, tu ouvres les yeux et tu nous guides.
-A vos ordres, Sans-peur. »
Sharkis, alias Sans-peur, et sa troupe, dont fait partie Mony, arrivent en vue des gorges d’Azath, en bordure du plateau d’Omassamo, l’un des secteurs les plus dangereux de Tishala, un véritable dédale de pierres sous la chaleur accablante des deux soleils de la planète. Si Mony a mis ses talents de guerrière au service de Sans-peur, c’est afin de gagner l’argent nécessaire qui lui permettra de faire réparer l’U.C.C. Dolores. Les mercenaires s’apprêtent à affronter une tribu Wassaï, encline à défendre son territoire. Aujourd’hui, le désert va avoir le goût du sang, d’autant plus qu’entre les deux clans rivaux, les racines tueuses défendent elles aussi leur fief. Lorsque Mony va comprendre qu’elle a en réalité été embauchée afin d’abattre Neka, la Wazili, une enfant Wassaï, son cœur de mère va se rebeller et tout va dégénérer entre celle que l’on appelle dorénavant Mony Main-Rouge et Sharkis, le colosse au double visage.
© Tarquin, Tarquin – Glénat Méfiez-vous de Sharkis Sans-peur. Il entre de plain-pied dans la short-list des « méchants » emblématiques de la fiction. Luke Skywalker a son Dark Vador, Thorgal a sa Kriss de Valnor, Alix a son Arbacès, quel que soit le genre, on reconnaît un héros à la qualité de son adversaire. Désormais, on peut ajouter le duo Mony/Sharkis à la liste. Avec son double visage tel Minos dans Goldorak (je sais je l’ai déjà référencé dans la chronique précédente mais c’est pour les nouveaux abonnés), le butor Sans-peur ne fait pas dans les sentiments. Le gaillard est increvable. Mony, elle, est de la trempe de Ripley (Sigourney Weaver dans Alien). Prête à se mettre en danger, jamais elle n’abandonnera un combat et restera toujours fidèle à ses convictions. Elle est la femme qui apporte de l’humanité dans cet « Avatar » de brutes.
© Tarquin, Tarquin – Glénat Lise et Didier Tarquin développent l’univers de l’unité cosmo corsaire Dolores qui devient une référence dans le domaine du Space-Opera. A la fois bourrin et féministe, le récit met en avant la force et le rôle d’une mère, Mony, dont la condition va guider les décisions. Les Sans-visages d’Estellos, les écorcheurs de Passorio, les mercenaires de Centauri et les Slougys de Bastanar sont autant de races secondaires qui donnent une dimension à plusieurs strates. Ce sixième épisode est scindé en deux parties distinctes. Les arides gorges d’Azath font place à la verdoyante mais tout aussi sauvage forêt d’Omassamo. Le dessin est tout aussi dynamique et efficace que le scénario. Les Tarquin nous font tout autant profiter de paysages grandioses que de gros plans qui traduisent tous les sentiments des personnages en donnant de la crédibilité et de la vie.
© Tarquin, Tarquin – Glénat Saga addictive, U.C.C. Dolores démontre la capacité de la bande dessinée d’aventure fantastique à se renouveler. Inventif, frais et punchy. La suite est promise pour (déjà) la fin de l’année.
Série : U.C.C. Dolores
Tome : 6 – Les yeux du Sans-peur
Genre : Space-Opera
Scénario, Dessins & Couleurs : Didier Tarquin & Lyse Tarquin
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344065921
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €
- The Kong Crew 3 – Central Darkpar Laurent Lafourcade
Crocs hauts d’île
« -Retrouver Spit le teckel est un enjeu national ! Ms suis-je bien fait comprendre ?
-Oui, Monsieur le Président. Je vous tiendrai informé, Monsieur le…
Tut tut tut…
-J’imagine qu’il le veut vivant, son clébard ? »
1947. Chacun cherche son chien. Virgil Price, pilote de l’armée américaine, et son teckel Spit ont disparu sur l’île de Manhattan, devenue depuis quelques années un no man’s land verrouillé par l’Etat. Alors, quand la célèbre Betty Pearl alerte l’opinion publique sur la disparition d’un chien, ça porte rapidement ses fruits. Pas question pour le gouvernement que des intrus viennent fourrer leurs museaux là où il ne faut pas. Le Président des USA ordonne aux forces armées de retrouver le clébard. Mais pourquoi donc y a-t-il un embargo sur Manhattan ? Peut-être bien parce qu’il y a un gorille géant, des dinosaures et autres bestioles gargantuesques…
© Hérenguel – Ankama Si The Kong Crew avait été un film, ça aurait certainement été le budget le plus cher du cinéma mondial. Alors Eric Hérenguel a eu la bonne idée d’en faire une BD. Depuis quatorze ans, King Kong fait la loi sur une île de Manhattan mais personne dans la population n’est au courant : secret militaire. Le gorille géant n’est pas le seul. Les lieux sont peuplés de dinosaures avec qui il ne s’entend pas vraiment. Il y a aussi Marha, une énorme araignée, et quand on dit énorme, c’est énorme, qui déteste les armes à feu. Ha, oui… Il y a aussi une troupe d’amazones menée par l’impitoyable reine Damara et dont le palais est situé à Central Dark, au cœur du territoire de Kong. Si Spit court à perdre haleine, les nouvelles de son maître sont moins rassurantes. Aux mains des amazones, il est toujours dans le coma.
© Hérenguel – Ankama The Kong Crew rend hommage au cinéma américain des années 30, en faisant un grand écart jusqu’à celui des années 2020, du King Kong de 1933 à la récente version de La planète des singes, en passant par Jurassic Park et World. Eric Hérenguel invente le Island Opera. Il ne se donne aucune limite. Les courses de Spit le teckel sont un running gag improbable. C’est drôle et ça s’intègre dans l’histoire avec un naturel déconcertant. Graphiquement, Hérenguel donne des leçons d’efficacité et de lisibilité. On en prend plein les yeux avec un véritable scénario (ce qui ne va pas toujours de pair). Les scénaristes de Godzilla versus Kong pourraient en prendre de la graine.
© Hérenguel – Ankama Fin du cycle The Kong Crew, de la BD d’action blockbuster 100 % dynamique. On ne s’ennuie pas une seconde. Manhattan n’a pas fini de cacher des secrets. On le découvre à la toute fin qui annonce un nouvel arc : Empire Star Building.
Série : The Kong Crew
Tome : 3 – Central Dark
Genre : Uchronie
Scénario, Dessins & Couleurs : Eric Hérenguel
Éditeur : Ankama
ISBN : 9791033517276
Nombre de pages : 92
Prix : 17,90 €
- Un tigre à la campagnepar Laurent Lafourcade
Whodunit provençal
« -Excusez-moi de vous déranger mais… vous êtes un policier de Paris, n’est-ce pas ?
-Madame, je suis l’inspecteur Plessin des Brigades du Tigre ! Pour vous servir, et plus !
-Ooohhh, inspecteur ! »
Années 30. Inspecteur et Joli-cœur, voici la synthèse de Michel Plessin. Du bagout, du charme et du discernement, le policier sait user de sa séduction pour interroger les suspects et dénouer les énigmes. Aussi, Plessin est client de maisons closes. Alors, quand ses collègues font une descente dans un établissement où il est en train de faire sa petite affaire, ça fait désordre. L’homme est également bagarreur. Il se défoule sur des rings de boxe. Si aujourd’hui il est envoyé en Provence pour une affaire de meurtre, c’est surtout pour l’extraire de cette vie parisienne dans laquelle il aime se dépraver. Cette mise au vert est loin de l’enchanter. Bref, Plessin arrive aux Baux des Alpilles afin de résoudre une énigme.
© Antona, Aranda – Kalopsia Marcellin, cadet de la famille Mérantés, sans histoire, travaillait pour le compte des entreprises Soubert Mérantés et avait épousé Gladys, l’aînée des Soubert. Pas d’ennemis, vie tranquille et rangée, familles plus que liées. Travaillant dans la pierre, ils ont fait fortune grâce à la reconstruction des villes détruites pendant la guerre de 14. Ils se sont ensuite développés dans les activités commerciales de la région. Une consanguinité sociale unit les deux familles. Tout cela a évidemment entraîné des jalousies, aussi bien des plus pauvres que des plus riches. Mais de là à aller jusqu’au meurtre, qui l’eut crû ? Plessin va être accompagné dans son enquête par Le bouseux, un gamin du coin, un brin voleur, mais qui connaît bien la façon de vivre de la population locale.
© Antona, Aranda – Kalopsia Plessin fait partie des Brigades du Tigre, compagnie de police créée en 1907 par le Ministre de l’Intérieur Georges Clémenceau surnommé le Tigre. Les plus jeunes des plus vieux se rappellent de la célèbre série télévisée avec Jean-Claude Bouillon, le Commissaire Valentin. Il avait dans ses acolytes l’Inspecteur Pujol, Titi parisien, dont est inspiré Plessin. Ce dernier va donc pouvoir faire la différence entre la capitale et la campagne. Le graphisme est marqué années 80. L’histoire est somme toute très classique mais tout aussi efficace. Elle aurait été redoutable en récit à suivre, avec un côté feuilletonnant, à la grande époque des hebdos. Le personnage principal mérite d’être approfondi dans de nouvelles enquêtes.
© Antona, Aranda – Kalopsia Entre les magnats de la région, les prêches culpabilisantes du curé, les Manon des sources du coin, les meurtres et les amours, Nicolas Antona et Olivier Aranda nous entraînent dans une chronique villageoise d’époque qui sent bon le Pagnol à la sauce Cosy Crimes.
One shot : Un tigre à la campagne
Genre : Polar
Scénario : Nicolas Antona
Dessins : Olivier Aranda
Couleurs : Mylenium
Éditeur : Kalopsia
ISBN : 9782931205099
Nombre de pages : 94
Prix : 17,95 €
- Carthago 15 – Au cœur des ténèbrespar Laurent Lafourcade
Doomsday
« -Le flash ! La lueur… D’une telle puissance qu’on l’a aperçue même du fond de cette caverne ! Les premières retombées radioactives vont arriver dans moins d’une heure. On doit rester à l’abri dans cette caverne neuf jours au moins, à cause de la radioactivité extérieure…
-Heureusement qu’on a emporté quelques vivres, si le temps se gâtait… mais pour trois jours seulement. En se rationnant, on pourra tenir… Et en continuant plus en profondeur, on trouvera de l’eau dans cette grotte !
-Oui, mon ami… Il est très improbable que de l’aide arrive. Il faut tenir… survivre ! »
2027. Aujourd’hui, c’est le « Doomsday », le jour de la fin du monde, le jour où toute l’humanité a sombré dans les ténèbres. En plein enfer blanc, Donovan et Tuak se réfugient avec leurs quatre chiens de traîneaux au fond d’une grotte. Il va falloir y rester quelques jours afin de pouvoir sortir une fois que la radioactivité aura diminué. Mais comment survivre avec seulement trois jours de nourriture ? Il y a peu de chances que des secours viennent de la surface.
Quelques années plus tôt, en 2009, au Nid d’aigle de Vatra Dornei dans les Carpates, Wolfgang Feiersinger, alias le centenaire des Carpates, et la petite Lou regardent la collection de bestioles maritimes qui se déplacent dans l’aquarium gigantesque du collectionneur. La gamine semble s’en moquer.
© Bec, Bufi, Meloni – Les Humanoïdes Associés Feiersinger raconte alors à Lou l’histoire d’une chasse en Transylvanie dans sa jeunesse et sa rencontre avec de mystérieuses créatures ailées. Elles semblaient venir d’un autre temps, d’un autre monde, d’un autre univers. Depuis ce temps, il a le sentiment que ces bêtes ont pris une part de lui. Depuis, il n’a de cesse de chercher à en capturer.
En 2027, le temps paraît long pour les rescapés de la grotte. Il va falloir aller plus profondément dans les entrailles de la Terre. Et que trouve-t-on quand on descend profondément dans les entrailles de la Terre ? De l’eau ! Et si le salut venait des profondeurs ?
© Bec, Bufi, Meloni – Les Humanoïdes Associés Avant-dernier tome de la sage Carthago, Au cœur des ténèbres va mettre London Donovan d’un côté et Lou Melville de l’autre dans des situations qui risquent de bouleverser leurs destinées. Un peu moins de Mégalodons mais un peu plus de survie. Alors qu’on est à quelques planches du grand final, le premier tome de cet ultime diptyque va amener des personnages à aller au bout d’eux-mêmes. Le passé de Feiersinger a un petit air de Chant des Stryges. Le futur de Donovan a un goût d’Abyss. Christophe Bec prépare manifestement un grand final bien à lui pour cette série majeure de ce début de XXIème siècle. Ennio Bufi au dessin et Andrea Meloni aux couleurs servent avec réalisme, rudesse et émotion également cet épisode dont, une fois n’est pas coutume, l’océan n’est pas le principal décor.
© Bec, Bufi, Meloni – Les Humanoïdes Associés Les préoccupations humanistes et écologiques sont au cœur de Carthago, série de grande dimension. La seule mauvaise nouvelle est qu’il ne reste qu’un seul volume après celui-ci. Mais n’est-ce pas la signature d’un grand auteur que de savoir conclure une œuvre ?
Série : Carthago
Titre : 15 – Au cœur des ténèbres
Genre : Aventure sous-marine
Scénario : Christophe Bec
Dessins : Ennio Bufi
Couleurs : Andrea Meloni
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
ISBN : 9782731669275
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
- Chapatanka Une petite ville sans histoirespar Laurent Lafourcade
Twin Peaks has been
« -Chapatanka, une petite ville du Midwest où tout le monde se connaît… « Une ville sans histoires. »…
TUGUDU…
-Allô ? Non, vous ne me dérangez pas. Je travaillais à mon roman, mais là, je calais… Une disparition ! C’est super pour mon livre ça ! Je sauvegarde et j’arrive ! Appel à toutes les voitures ! Est-ce que quelqu’un peut prendre du café et des donuts ? »
Welcome to Chapatanka ! Maddie Edwards est shérif du Comté de Badger et romancière à ses heures perdues… ou l’inverse. Jusqu’au jour de cet appel téléphonique, la petite ville était sans histoires. Mais ça, c’était avant. Les flics sont appelés dans la campagne aux alentours par un couple de campeurs dont les jumelles ont disparu. Après une mini-battue, les renforts du FBI arrivent. Ils repartent. Parce que Maddie n’aime pas que les gars de la ville lui disent comment faire son travail. Bref, les parents avouent qu’ils ont voulu perdre leurs mômes dans la forêt. Ils ont du bol. L’abandon d’enfants est légal dans cet état. Ça n’empêche qu’on ne sait pas où elles sont.
© B-Gnet, Joret, Drac – Fluide glacial Ceci n’est qu’une des affaires qui empêcheront Maddie d’écrire tranquillement son roman. Ça pourrait lui donner de l’inspiration, mais ce n’est pas quelques membres trouvés par le vieux Peterson, un chercheur de girolles, qui vont lui permettre d’écrire un nouveau Dahlia noir. Au camp Howasapa Lake, il y a aussi des petits morceaux de cadavres partout, mais ça, c’est parce qu’une créature dangereuse est planquée dans le lac. Quand elle s’ennuie, Maddie arrête les flâneurs, parce qu’il est interdit de flâner dans une petite ville sans histoires. Et quand un flâneur s’échappe, ça occupe de partir à ses trousses. Fête d’Halloween et Ovnis complètent cette carte postale de l’Amérique profonde.
© B-Gnet, Joret, Drac – Fluide glacial B-Gnet, l’un des papes de l’humour actuel, scénarise cette parodie américaine qui rend hommage aux séries et aux films ayant pour cadre le cœur des Etats-Unis. B-Gnet a lu Goscinny. Les dialogues sont drôlissimes. Les clins d’œil sont légions : Rambo, Massacre à la tronçonneuse, E.T., Roro le crocro… non, pas Roro le crocro… les Village People (groupe français qui plus est), Vendredi 13, Vil Coyote, pour finir avec une conclusion en apothéose au cœur d’un film culte. Dans un graphisme à la Boris Mirror, sous les couleurs toujours impeccables de Drac, Jocelyn Joret dynamite la petite ville de Chapatanka. Quand l’auteur de Glouton rencontre le dessinateur de KidZ, ça ne peut donner qu’un album poilant et survolté.
© B-Gnet, Joret, Drac – Fluide glacial Chapatanka est une petite ville sans histoires. Qu’est-ce que ça aurait été sinon ? Les rangers sont au taquet pour combattre le crime. Planquez-vous, les slashers, sous peine de devenir les victimes dans le prochain livre de Maddie… si la shérif arrive à l’écrire un jour.
One shot : Chapatanka Une petite ville sans histoires
Genre : Polar humoristique
Scénario : B-Gnet
Dessins : Jocelyn Joret
Couleurs : Drac & Jocelyn Joret
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207011
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €
- Tomcatpar Laurent Lafourcade
La belle et la bête
« -Qu’est-ce que…?! Remets les gaz !
-Remets les gaz ! REMETS LES GAZ !
-Puissance ! Rentre le train ! RENTRE LE TRAIN !!! »
25 octobre 1994, au large de San Diego en Californie. Un Tomcat s’apprête à apponter sur un porte-avions. A ses commandes, Kara Hultgreen, une pilote émérite. On dit parfois que la vie ne tient qu’à un fil… L’entrée d’air du réacteur gauche, déjà pas vaillant, se bouche. Il se coupe net. Est-il encore temps pour remettre les gaz ? Le narrateur de l’histoire est un peu particulier. C’est l’avion lui-même : le Tomcat. Lors de son périlleux appontage, il revoit sa vie défiler devant ses yeux. Tout commence en 1977, à l’usine Grumman de Calverton dans l’Etat de New-York. Son premier nom de baptême était le Victory 207. Il était basé sur le célèbre porte-avions Nimitz. On le voit voler dans les airs. On le voit rivaliser avec le soviétique Mig-25. On le voit éviter des missiles et en envoyer lui-même. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme « killer ». Il pose ensuite ses vingt-sept tonnes d’acier sur le bateau, en visant le câble en acier lui permettant de passer de 230 à 0 km/h en deux secondes. Il lui arrive de s’y reprendre plusieurs fois. Ce n’est pas pour rien qu’il a inspiré Top Gun.
© Hugault, Heinzl – Paquet En 1986, au Texas, la jeune Kara Hultgreen a vingt-et-un ans. Elle sort d’un cinéma où elle vient de voir le film avec Tom Cruise. Elle veut être astronaute. Après son diplôme d’ingénieur aéronautique, elle vise pilote dans la Navy. Deux ans plus tard, faisant fi des remarques sexistes, elle est en deuxième année d’école d’officier pilote. Elle rêve d’être pilote de combat sur avion de chasse. Kara avance dans les études, gravit les échelons. Elle approchera de son rêve en 1993, quand sera abrogée la loi interdisant aux femmes les escadrons de combat. Quelques mois plus tard, son rêve, elle le touche. En 1994, elle pilote le Tomcat.
© Hugault, Heinzl – Paquet Qui mieux que Romain Hugault pouvait rendre à Kara Hultgreen et au Tomcat l’hommage qu’ils méritaient ? Aidé au scénario par Anastasia Heinzl, il a l’idée géniale de faire du Tomcat le narrateur du récit. Cette histoire est inspirée de faits réels. Il a fallu à Romain beaucoup de courage pour surmonter la disparition de sa mère aux commandes de son avion, une semaine après avoir vu ensemble Top Gun Maverick. On aurait pu dire que la réalité rejoignait la fiction, sauf que fiction il n’y a pas. Comme dans tous les albums de Romain Hugault, les avions paradent dans un ciel somptueux, sauf qu’ici, en plus, ils dessinent des cœurs, parce que c’est une histoire d’amour dédiée aux femmes du ciel. En fin de livre, un cahier supplémentaire signé Eloi Rousseau dévoile tous les secrets du Tomcat.
© Hugault, Heinzl – Paquet L’histoire de Kara Hultgreen dans le Tomcat est intense. Transcendée par les dessins sublimes de Romain Hugault, certainement le meilleur dessinateur d’avions du monde, elle ne peut laisser insensible, même ceux qui ne sont pas passionnés d’aviation.
One shot : Tomcat
Genre : Aviation
Scénario : Romain Hugault & Anastasia Heinzl
Dessins & Couleurs : Romain Hugault
Textes cahier supplémentaire : Eloi Rousseau
Éditeur : Paquet
Collection : Cockpit
ISBN : 9782889323883
Nombre de pages : 72
Prix : 17,50 €
- La quête de l’oiseau du temps : Avant la quête 8 – L’Omégonpar Laurent Lafourcade
Un final grandiose
« -Que commence la farandole ! Plus d’ombre ! Plus de geôle sombre ! Seulement Fol et son drôle de trône ! »
Loin du pays des sept marches, Bragon et sa troupe font une halte à la chaussée du ponant. Ils se rendent à l’Omégon, un lieu sacré au cœur d’une lande perdue, là où les anciens dieux rendaient justice et où deux d’entre eux ont jugé et condamné le troisième : Ramor. Depuis ce temps, ce dernier est enfermé dans une conque. Pour éviter son retour, les voyageurs vont aller planter là-bas la graine mystérieuse, ce qui permettrait de sauver les contrées d’Akbar. Mais cela a un prix. Et ça, ils ne le savent pas encore… sauf peut-être Mara, qui est enceinte, mais Bragon l’ignore. La route va être longue et le chemin semé d’embûches. Pendant ce temps, les adeptes de Ramor envoient leurs prêcheurs pour convaincre la population d’adhérer à l’ordre du signe, parfois par la violence.
© Loisel, Le Tendre, Mallié, Tatti – Dargaud Vingt-six ans ! Vingt-six ans se sont écoulés depuis L’ami Javin, premier tome du cycle Avant la Quête, et celui-ci, L’Omégon, le huitième. Les exigences des scénaristes et la valse des dessinateurs y sont pour beaucoup. Si la qualité graphique n’a eu de cesse d’être au rendez-vous, l’histoire a souvent été poussive, jusqu’au milieu même de ce dernier épisode, faisant la jonction avec la série originelle La quête de l’oiseau du temps. Et puis, comme touchée par la grâce, la magie de la quête opère vers le milieu de l’album. On retrouve enfin la puissance des aventures de Pelisse et du Fourreux. Les frissons démarrent lors de la disparition du petit Sig, se poursuivent avec l’arrivée à l’Omégon et continuent jusqu’à la dernière scène, la dernière planche, la dernière case. On a de nouveau quatorze ans quand on a découvert la Quête. C’est incroyable.
© Loisel, Le Tendre, Mallié, Tatti – Dargaud Même si l’histoire aurait pu être réduite de quelques tomes, on ne peut s’empêcher de penser que Régis Loisel et Serge Le Tendre savaient très bien où ils nous emmenaient. Ne vaut-il pas mieux un scénario qui monte doucement vers un final en apothéose plutôt que l’inverse ? Après tout, c’est la méthode Tolkien. La communauté de l’anneau est un livre très lent, qui prend son temps, mais qui prend aussi le temps de la description. Avec la saga de La quête de l’oiseau du temps (le « avant » et le « pendant »), les scénaristes ont construit une œuvre en BD aussi forte que Le seigneur des anneaux en littérature.
Si ce final a une telle dimension, c’est aussi grâce à Vincent Mallié qui revient après avoir dessiné les tomes 3 et 4 (ceci dit David Etien avait exactement le même talent) et aussi grâce à Bruno Tatti qui fait éclater les planches, comme si on se prenait les couleurs en pleine figure dans certaines scènes.
© Loisel, Le Tendre, Mallié, Tatti – Dargaud Pardon pour les doutes, bravo pour ce final. C’est ainsi qu’on peut résumer ce cycle d’Avant la quête qui ne donne qu’une envie : celle de relire la Quête à la lumière de ce nouvel éclairage. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série s’il y en a, il vaut mieux commencer par lire La Quête avant son prequel pour en garder toute la surprise, quitte à tout reprendre ensuite dans l’ordre chronologique de l’aventure. Ensuite, devrait venir un cycle« Après la quête », mais ça, c’est une autre histoire. Foi de Fol de Dol !
Série : La quête de l’oiseau du temps : Avant la quête
Tome : 8 – L’Omégon
Genre : Heroic-Fantasy
Scénario : Serge Le Tendre & Régis Loisel
Dessins : Vincent Mallié
Couleurs : Bruno Tatti
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205208429
Nombre de pages : 104
Prix : 19,95 €
- MacGuffin & Alan Smithee 6 – Visa pour Nan Madolpar Laurent Lafourcade
Atomique problématique
« -Et maintenant, si vous m’expliquiez pourquoi j’ai été gazé, kidnappé, ligoté, battu et pourchassé après m’être tapé 23 heures d’avion ce serait très aimable à vous… Et où est MacGuffin ?
-Pour répondre à cette question, il faut remonter à une vingtaine d’années. Immédiatement après la fin de la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis ont poursuivi leurs expérimentations atomiques… »
Mars 1968. A Phnom Penh, au Cambodge, la guerre civile fait rage entre le gouvernement et les khmers rouges commandés par Pol Pot. MacGuffin et Morisset s’installent dans un petit hôtel miteux. Le soir, alors qu’ils s’entretiennent dans un bar avec un indicateur au visage irradié par les essais atomiques, ils se trouvent piégés par les khmers rouges qui les enlèvent. Alan Smithee quitte Paris pour se rendre sur place. Dès son arrivée sur les lieux, il est capturé par la CIA qui n’aime pas que l’on se mêle de ses affaires. Il en faut plus pour l’arrêter. L’agent s’évade rapidement et rejoint sa patronne. Elle lui apprend qu’après la deuxième guerre mondiale les Etats-Unis ont établi des terrains d’essais nucléaires sur des atolls du coin. Depuis 1954, il y a eu plusieurs accidents qu’ils ont tenté d’étouffer. Officiellement, depuis 1962, les tests ont cessé.
© Viau, Duguay – Editions du Tiroir La semaine dernière, les services du S6 ont reçu un appel d’aide venant de l’atoll Majuro. Il aurait été émis par des individus irradiés évadés d’un hôpital secret américain. C’est avec eux que les agents MacGuffin et Morisset ont pris contact avant de disparaître. Smithee ne va pas être seul sur l’affaire. L’agente Penelope Lane se joint à lui pour tenter de les retrouver. Ils ne savent pas qu’ils sont séquestrés dans la province de Siem Réap, au Nord-Ouest du Cambodge, au cœur d’un temple antique. Entre les khmers rouges qui veulent prendre possession du pays et la CIA qui s’acharne à dissimuler les problèmes liés aux essais atomiques, les agents du S6 réussiront-ils à sauver leurs peaux et à déjouer le projet Brooklyn ?
© Viau, Duguay – Editions du Tiroir Entre James Bond et OSS117, la série de Ghyslain Duguay et Michel Viau rend hommage au cinéma d’espionnage des années 60. Entre scandale géopolitique et dégâts géologiques et biologiques, leurs agents très spéciaux se trouvent dans un contexte historique bien réel et fort dangereux. Le célèbre commandant Jacques-Yves Cousteau est aussi de la partie avec sa pipe et son bonnet rouge. Son bathyscaphe va être bien utile pour explorer les fonds marins aux allures d’Appel de Cthulhu.
En début d’album, les auteurs listent les chansons citées et qui peuvent servir de bande son en le lisant : La javanaise de Gainsbourg version Gréco, Mrs. Robinson de Simon et Garfunkel et Sunshine of your love, interprétée par Cream. A cela, on ne peut s’empêcher d’ajouter Itsy Bitsy Teenie Weenie Yellow Polkadot Bikini, popularisé en France en 1960 par Dalida.
© Viau, Duguay – Editions du Tiroir Avec MacGuffin & Alan Smithee, les auteurs québécois Viau et Duguay prouvent qu’on peut faire du blockbuster en bande dessinée. La BD francophone outre-Atlantique est en grande forme. Heureusement qu’il y a des éditeurs comme les éditions du Tiroir pour nous le faire savoir.
Série : MacGuffin & Alan Smithee
Tome : 6 – Visa pour Nan Madol
Genre : Espionnage
Scénario : Michel Viau
Dessins & Couleurs : Ghyslain Duguay
Éditeur : Editions du Tiroir
ISBN : 9782931251072
Nombre de pages : 64
Prix : 16 €
- Tanis 1 – Les tombeaux d’Atlantispar Laurent Lafourcade
Les plus belles histoires s’écrivent sur Papyrus
« -Allez, viens, c’est le soir où tout tenter.
-Pourquoi tu vas vers le tombeau d’Osiris ? C’est interdit d’approcher des ruines ! C’est tabou !
-Sépi ! Ce n’est pas plus dangereux que de toucher ma main !
-Tu es folle, Tanis.
-Arrête de t’inquiéter et regarde plutôt comme c’est beau ! On dirait que ça raconte une histoire…
-Il paraît qu’Osiris a été enterré ici avec tous ses trésors après la chute d’Atlantis !
-Oui, et que de terribles malheurs s’abattront sur ceux qui essayeront d’entrer ! »
C’était il y a douze millénaires, après la chute d’Atlantis, avant que l’Egypte ne soit l’Egypte et avant que les hommes ne chassent définitivement les géants et les dieux. Les trois étoiles de la ceinture d’Orion brillent au-dessus des pyramides et du Sphinx. Ces astres sont les âmes d’Osiris, d’Isis et d’Horus. Sépi et Tanis, la jeune fille aux cheveux blancs, s’approchent du tombeau d’Osiris. Si Sépi est sur ses gardes, Tanis est intrépide. Faisant fi des terribles malheurs qui pourraient s’abattre sur ceux qui tenteraient d’y pénétrer, Tanis pose sa main sur la porte qui s’ouvre comme par magie. Par le Nil sacré ! Seuls les anciens dieux pouvaient ouvrir cette porte. Qui est donc Tanis pour que cela se produise ? Toujours est-il que les deux explorateurs ne vont pas pousser plus loin leurs investigations ce soir-là.
© Perger, Mangin, Bajram – Dupuis Dans les vestiges d’un village attaqué il y a quelques années par les Aryanas, un vieil homme a recueilli un bébé aux cheveux blancs. Dix-huit ans plus tard, il l’élève toujours. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Nul ne le sait. Tel Thorgal l’orphelin des étoiles, cette fille a quelque chose de particulier dans ses origines. Bref, pour l’instant, elle se demande s’il y a vraiment des géants, d’anciens dieux, enterrés à l’intérieur des pyramides. Une légende dit que les tombeaux d’Atlantis renferment trois trésors assez puissants pour détruire l’humanité : le savoir, le pouvoir et le vouloir. Les géants s’en seraient servis pour briser la première lune pendant leurs guerres. Celle-ci serait devenue un fleuve de pierres célestes qui tombent du ciel et déciment des tribus entières. Curieuse de savoir à quoi ressemblent ces trésors, Tanis décide de pénétrer plus profondément dans la pyramide, avec Sépi bien sûr. La découverte d’un casque doré risque de bouleverser leurs destins.
© Perger, Mangin, Bajram – Dupuis Comme elle l’a fait savamment dans Le fléau des Dieux et comme elle le fait toujours dans Alix Senator, Valérie Mangin entremêle Histoire et légendes, réalité et fiction, pour raconter une histoire fantastique à tous points de vue. Ici, son compagnon Denis Bajram co-scénarise avec elle pour une mise en scène à grand spectacle avec un côté feuilleton comme dans le manga tout en gardant une structure franco-belge classique dans un découpage avec des inspirations Comics. Tanis est faite pour réunir les genres. La série est à la confluence de ces courants. Au dessin, Stéphane Perger mêle lui aussi Histoire et fiction avec cohérence et grand spectacle. La fiction égyptienne fait son grand retour chez Dupuis quelques années après Papyrus. Si les séries n’ont rien ou presque en commun, il n’est pas certain que Tanis aurait été ce qu’elle est si De Gieter n’avait pas porté si haut les couleurs du Nil. Plus adulte tout en restant très accessible aux jeunes ados, Tanis garde la magie des Dieux tout en faisant émerger une réflexion sur l’emprise politique et la manipulation des peuples.
© Perger, Mangin, Bajram – Dupuis Quel bonheur de voir débarquer Valérie Mangin et Denis Bajram dans une série tous publics. Tanis est la série bonne surprise de ce début d’année. Elle prouve que la bande dessinée, c’est bien plus fort que la vraie vie, car elle permet de voyager dans l’espace et dans le temps. Bienvenue en Egypte au temps des Dieux.
Série : Tanis
Tome : 1 – Les tombeaux d’Atlantis
Genre : Aventure fantastique égyptienne
Scénario : Valérie Mangin & Denis Bajram
Dessins & Couleurs : Stéphane Perger
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808501651
Nombre de pages : 72
Prix : 17,50 €
- Boulevard Tintin – Le procès de Roberto Rastapopoulospar Laurent Lafourcade
Un personnage au tribunal
« Des questions restent ouvertes. Le prévenu Roberto Rastapopoulos est-il la personnification du mal et l’infâme général en chef de l’armée souterraine du crime selon le ministère public ? Au contraire, n’est-il qu’un aventurier orgueilleux, s’adaptant aux circonstances, parfois trompé et souvent calomnié comme le plaidera, l’avocat de la défense ? Les débats achèveront bientôt de nous convaincre. Dans le tumulte habituel des préludes d’un procès célèbre, on cherche des yeux les témoins les plus sérieux ; on se montre. Chacun veut être présent au moment historique où la peine du prévenu contumace sera énoncée par le juge après avoir ouî les membres du jury. » (Frédéric Chauvaud et Michel Porret)
D’origine grecque et de nationalité américaine, Roberto Rastapopoulos est jugé en son absence par un tribunal. Cinéaste, patron de presse et truand notoire, l’homme est défendu par Maître Albert, avocat de la défense. Les faits qui lui sont reprochés sont : trafic de drogue international, trafic d’êtres humains au Moyen-Orient, trafic d’armes à grande échelle, enlèvement, trafic d’œuvres d’art, tentatives d’homicides dont de nombreux commandités sur la personne du reporter Tintin. Comme dans un véritable tribunal d’instance, un groupe de tintinologues met en scène ce procès. Témoins et experts vont se succéder à la barre.
© Chauvaud, Porret – Georg Frédéric Chauvaud, expert psychiatre scientifique, établit le portrait d’un homme colérique. Le médecin l’estime totalement responsable de ses actes, sans maladie malade caractérisée. Le professeur et expert en droit criminel Prosper Boissonnade prend sa suite, démontrant que Rastapopoulos est passible de la réclusion à perpétuité. Après lui, Thierry Oliveira de Figueira, un témoin de l’accusation, va raconter comment, lors d’un voyage en Egypte, il a assisté à une altercation entre Tintin et Rastapopoulos, le reporter s’étant interposé entre l’accusé du jour et le professeur Siclone. Le témoin suivant s’installe en jurant de dire toute la vérité. C’est Olivier Montbrun, alias Matou, un ami de Rastapopoulos, fondateur du mouvement #FreeRoberto. Pour lui, Hergé est le coupable qui a fait de Roberto di Gorgonzola, vrai nom de Rastapopoulos, un génie du mal dans seulement cinq albums de bande dessinée de fiction, dont un inachevé. Il était en vérité un grand maître du 7ème Art. Montbrun, que certains connaissent sous le nom de Roche, démonte un à un les arguments de l’accusation.
© Chauvaud, Porret – Georg Le procureur Arsène Tranchant prononce le réquisitoire contre Roberto Rastapopoulos, aussi fuyant qu’un Moriarty. En tant qu’avocat de la défense, Maître Albert, Albert Algoud pour les intimes, contrebalance en mettant en évidence le rôle d’humaniste de l’accusé. Il va jusqu’à le réhabiliter. Il enfonce le clou avec une argumentation qu’il dit contradictoire de Renaud Nattiez, éminent tintinologue. Rastapopoulos ne saurait être éliminé (donc condamné pour Algoud) car sans lui Tintin n’aurait jamais pu autant faire montre d’héroïsme. Après le verdict, le livre se termine par un recueil de documents concernant l’homme du jour.
© Chauvaud, Porret – Georg En parallèle à ce petit livre retraçant l’intégralité du procès, il est possible d’en voir la vidéo intégrale sur le site : https://criham.labo.univ-poitiers.fr/journee-detudes-le-proces-de-rastapopoulos/. Laissons au lecteur (ou au spectateur) le soin de découvrir la sentence du procès, avant de se replonger dans les albums dans lesquels apparaît le malfaisant. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Titre : Le procès de Roberto Rastapopoulos
Genre : Rapport de justice
Sous la direction de : Frédéric Chauvaud et Michel Porret
Avec la collaboration de : Jean-Philippe Martin, Didier Veillon, Thierry Olive, Olivier Roche & Albert Algoud
Éditeur : Georg
Collection : Achevé d’imprimer
ISBN : 9782825713068
Nombre de pages : 130
Prix : 10 €
- Asadora ! 8par Laurent Lafourcade
Question de bobine
« -Pourquoi tu chuchotes, Yone ? Tu as attrapé un rhume ?
-Aujourd’hui, je passe une audition.
-Hein ?
-Je vais enfin me produire devant les gens d’une maison de disques.
-C’est… C’est dingue !!
-Du coup, mon prof de chant m’a fortement conseillé de ménager ma voix aujourd’hui.
-Mais alors… Si jamais tu réussis à cette audition….
-Je ferai mes grands débuts. »
Yone, la camarade de classe d’Asa, qui rêve de devenir une star du show-business, vient de décrocher une place dans une audition. Elle aura lieu dans la salle de M.Noro. Asa a justement prévu de s’y rendre pour aider Nakaïdo dans ses recherches. Pendant ce temps, la rédaction du Daily Every Sports, qui vient de titrer sur l’apparition de la bête monstrueuse dans la baie de Tokyo, est assaillie de plaintes au téléphone de lecteurs qui ne croient pas en ces sornettes. Le journaliste qui a rédigé le papier n’a pas à s’inquiéter : il a un témoin, qui pourtant s’est rétracté. Entre la traque du monstre marin et la carrière de Yone, qu’est-ce qui va émerger en premier ?
© 2019 Naoki URASAWA All rights reserved
© KANA 2024Lorsque Yone va se présenter sur scène pour son audition, sans ses lunettes, sous le nom de Marilyn Nomajin, elle semble métamorphosée. Le maître de cérémonie et oncle de Nakaïdo a transformé le vilain petit canard en l’actrice de Sept ans de réflexion. Ce n’est pas du goût de son neveu qui juge la prestation indécente. Qu’importe, Yone a fait sensation, elle va faire ses débuts. Mais sa première expérience cinématographique ne va pas se passer aussi bien que prévu. Une prise de vue hors de propos, une bobine de film compromettante, et le rêve pourrait se transformer en cauchemar. Heureusement, Asa pourrait résoudre le problème.
© 2019 Naoki URASAWA All rights reserved
© KANA 2024Le feuilleton manga de la vie d’Asa se poursuit. Ce huitième épisode laisse peu de place au monstre pour laisser plus d’amplitude aux avanies de Yone. Il montre que le cinéma dans la réalité n’est pas composé de strass et de paillettes comme sur les tapis rouges. Urasawa dénonce une industrie qui, dans les années 60 déjà, est pourrie par des individus qui seraient aujourd’hui sous les barreaux avec le #MeToo. Ça prouve qu’il aura fallu attendre plus de soixante ans avant que certains agissements puants puissent être dénoncés.
Quand le mangaka parle de feuilleton pour son manga, il ne trompe pas son lecteur. Il passe d’une problématique à l’autre, en les imbriquant parfois, d’un groupe de personnages à un autre en en faisant intervenir certains parmi d’autres, comme Nakaïdo, l’assistant du professeur Yodogawa qui était sur les traces de la bête, se retrouvant à l’audition de Yone.
© 2019 Naoki URASAWA All rights reserved
© KANA 2024Chaque série de Naoki Urasawa met une claque au paysage, non pas seulement du manga, mais de la bande dessinée au sens large. Au même titre que 20th century boys, Monster et Billy Bat, Asadora ! est un coup de maître.
Série : Asadora !
Tome : 8
Genre : Aventure Shonen
Scénario & Dessins : Naoki Urasawa
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505124320
Nombre de pages : 176
Prix : 7,90 €
- Les échos du bonheurpar Laurent Lafourcade
Une construction de soi
« -Faire des bandes dessinées, c’est mon rêve. Mais ce métier est très dur et il y a de grandes chances que tu ne réussisses pas. Je réussirai ! Ou je recommencerai jusqu’au jour où j’y arriverai !
-C’est tout ce que je te souhaite mais au cas où… Mais il faut que tu commences ta vie. On commence à s’inquiéter pour toi. »
Mathilde rêve de faire des bandes dessinées. Pour l’instant, aucun éditeur n’a accepté ses projets. Ses parents s’inquiètent. Elle avance en âge et ils voudraient qu’elle commence sa vie. Mais Mathilde a aussi d’autres préoccupations. Elle s’occupe de sa grand-mère atteinte d’Alzheimer. Des bribes de son âme partent peu à peu. Elle ne reconnaît plus certains visages. Mathilde réalise que tout peut s’effondrer, sans prévenir. Elle ne veut pas trop préoccuper ses parents non plus avec ça. Bref, son amoureux vient de trouver un appartement pour eux. Ils vont emménager ensemble. Que va-t-il advenir de mamie ?
© Angevin – Des ronds dans l’O Les échos du bonheur n’est pas un album sur la maladie d’Alzheimer. C’est beaucoup plus que ça. S’il en est évidemment question, le sujet principal est la vie de Mathilde, avec sa famille, ses amis, son petit copain, le temps qui passe et les aléas. Des aléas, il va y en avoir, notamment le plus important que le monde n’ait jamais connu : le confinement. Bien sûr, il y a eu des guerres, mais ce ne sont pas des aléas. Le Covid nous est tombé dessus sans prévenir, sans qu’on ne sache comment réagir et ça a été un strike dans la vie de nombreuses personnes, notamment celles, comme Mathilde, en train de se construire. Mémé venait juste de rentrer en maison de retraite. L’emménagement n’était pas terminé. Dans leur nouvel espace de vie en confection, Mathilde et son amoureux allaient passer ce confinement ensemble.
© Angevin – Des ronds dans l’O Les échos du bonheur est le premier album de Mathilde Angevin. L’autrice signe un témoignage autobiographique émouvant. Elle nous immerge dans la vie d’une jeune femme de vingt-sept ans. Elle partage ses convictions et ses doutes, son travail et ses loisirs, ses amis et sa famille, ses joies et ses peines. Au fil du livre, le trait de Mathilde évolue, s’assure, se professionnalise. Ses couleurs pastel s’accordent à merveille avec le ton du récit, récit qui est plutôt une chronique qu’une histoire.
© Angevin – Des ronds dans l’O Quand on voit son évolution graphique au fil de l’album, on remarque tout le potentiel de Mathilde Angevin. Elle vient d’entrer dans le monde des autrices par une porte qui n’est pas près de se refermer. Les échos du bonheur est une nouvelle perle qui s’intègre naturellement dans le catalogue des Ronds dans l’O.
One shot : Les échos du bonheur
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Mathilde Angevin
Éditeur : Des ronds dans l’O
ISBN : 9782374181578
Nombre de pages : 136
Prix : 24 €
- Les fesses à Bardotpar Laurent Lafourcade
Le cinéma permet toujours de faire de belles rencontres…
« -Ben, vous en savez des choses sur ce film ! Vous l’avez vu plusieurs fois ?
-Non… J’étais sur le tournage. Une autre suze s’il vous plaît.
-Mais bien sûr, Monsieur… Monsieur ?
-Conrad Knapp, avec un K, mais on ne le prononce pas. »
1958, Trougnac, petit village du fin fond de la campagne française. Un homme débarque seul en voiture et demande à une jeune femme s’il y a un cinéma dans la commune. Oui, bien sûr ! C’est l’Eden. On peut y voir tous les films récents : Le beau Serge, de Claude Chabrol avec Jean-Claude Brialy, Maigret tend un piège avec Jean Gabin, ou encore En cas de malheur avec Gabin, encore, et Brigitte Bardot, le nouveau film de Claude Autant-Lara. C’est d’ailleurs pour ce réalisateur que travaille Conrad Knapp, l’homme qui vient d’arriver. Il est chargé de repérer les lieux pour le prochain film, avec les mêmes acteurs vedettes. Si le maire est un grand admirateur de ces stars, il n’est pas fan d’Autant-Lara, encarté au parti communiste.
© Pelaez, Séjourné – Bamboo Le village est divisé, mais Conrad sort un atout majeur : une photo, non pas des fesses de, mais des fesses à Bardot, issue d’une scène censurée d’En cas de malheur dans laquelle elle remonte sa jupe. L’atout du village quant à lui est qu’il y ait un cinéma. Il est situé juste à côté de l’église ce qui n’est pas du goût du curé. Ce dernier est d’ailleurs le frère du Duc Clovis Dieuleveult de Beaudrap, qui a financé la construction de la salle. Pour lui, comme pour d’autres, accueillir un tournage serait pour Trougnac une opportunité sociale et économique à ne pas manquer. Si certains imaginent déjà les équipes travailler, avec peut-être des rôles de jeunes figurantes à la clef, ce n’est pas aussi simple que ça. Conrad a d’autres villages à visiter.
© Pelaez, Séjourné – Bamboo Il n’y a pas que les acteurs de cinéma qui jouent des rôles. Voici une phrase que chacun des personnages de cet album va se rappeler. Trougnac décrochera-t-il la timbale ? Jean Gabin et surtout Brigitte Bardot vont-ils poser leurs valises dans le petit hôtel du village ? Philippe Pelaez écrit une comédie rurale truculente qui rend un hommage vibrant à la fin des années 50 et au cinéma de l’époque, avec des dialogues à la Henri Jeanson. Qu’on ne lui reproche pas la faute grammaticale dans le titre. Elle est justifiée et distordue dans le scénario. Pour une histoire de village, on n’est pas ni dans l’époque ni dans l’ambiance de Dans mon village on mangeait des chats, autre chronique tout aussi excellente du même scénariste. Après le diptyque La peau de l’autre, Gaël Séjourné montre un malin plaisir à mettre en scène cette comédie humaine rafraîchissante.
© Pelaez, Séjourné – Bamboo Rendez-vous tous à l’Eden. Il ne manque plus qu’Eddy Mitchell vienne faire un bond dans le passé pour la représentation des Fesses à Bardot. Grâce à Pelaez et Séjourné, l’heure de la dernière séance n’a pas encore sonné.
One shot : Les fesses à Bardot
Genre : Chronique villageoise
Scénario : Philippe Pelaez
Dessins & Couleurs : Gaël Séjourné
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9791041104628
Nombre de pages : 160
Prix : 22,90 €
- Stardust Family 1par Laurent Lafourcade
Permis de parents
« -Bon travail. Verdict ?
-Rien de particulier à signaler. Ils sont aptes à devenir parents. »
Léo est enchanté. Ces gens-là lui ont préparé tous ses plats favoris. Puis un van est venu chercher l’enfant. La séparation est difficile pour les adultes. Pour eux, les enfants représentent une source de bonheur infinie. Ils ont hâte d’être heureux. Pour cela, ils comptent sur Léo. Ils le peuvent. Rien de particulier à signaler. Léo valide leur demande de permis de procréer. En fait, Léo est venu chez eux en tant que « testeur de parents ». Son job est d’aller dans les familles désireuses d’avoir des enfants pour répondre à leur demande d’autorisation de procréation. S’il la juge recevable après le séjour, l’Etat leur donne le sésame pour enfanter.
© Aki Poroyama 2023
© 2025, Editions Vega, pour l’édition françaiseSi le pays en est venu à une telle extrémité, c’est parce que quelques décennies auparavant, il était confronté à une recrudescence d’actes de maltraitance. L’idée de permettre à la société de choisir qui avait le droit de devenir parent se développa. Un examen s’est alors mis en place. Les candidats doivent postuler auprès de leur mairie et on leur envoie un agent, comme Léo, pour examiner leurs cas. C’est ainsi que le taux de fécondité repart à la hausse, que la maltraitance chute et que la société s’idéalise. Tout un tas d’enfants ont ainsi été formés pour répondre aux demandes.
© Aki Poroyama 2023
© 2025, Editions Vega, pour l’édition françaiseLéo ne s’appelle pas toujours Léo. C’est aux familles chez qui il se rend de choisir son prénom. Cette semaine, il va chez Daïki et Chira. Les adultes lui apprennent qu’ils ont postulé pour devenir parents sous la pression familiale, mais ils ne le désirent pas. Ils demandent donc à Hikari, c’est ainsi qu’ils appellent l’enfant, de leur mettre un avis défavorable. Pendant le séjour, une relation de confiance va s’installer entre eux. Hikari va découvrir leur passé et tenter de comprendre pourquoi ils sont dans l’optique de ne pas procréer.
Aki Poroyama est aux commandes d’un diptyque d’anticipation. On y retrouve la problématique du renouvellement des générations et de ses conditions, comme dans d’autres séries plus « rentre dedans » comme Ikigami. Ici, pas question de supprimer des personnes, mais de choisir où l’on fait venir celles qui arrivent. Poroyama y met des accents de comédie tout en gardant une trame dramatique, notamment au travers du passé des personnages.
© Aki Poroyama 2023
© 2025, Editions Vega, pour l’édition françaiseChacun d’entre nous a une raison dissimulée de ses comportements. Stardust family est la famille de poussières d’étoiles. Peut-être est-ce là-haut, parmi les disparus, qu’il faut aller chercher les secrets de famille ?
Série : Stardust Family
Tome : 1
Genre : Anticipation
Scénario & Dessins : Aki Poroyama
Éditeur : Vega
ISBN : 9782379505591
Nombre de pages : 218
Prix : 8,35 €
- La brigade des cauchemars 8 – Janepar Laurent Lafourcade
Western Diabolicus
« -Perdue… Je suis perdue…
-Mon Dieu, non ! Ne fais pas ça ! Je t’en prie !! Tout va bien. On est là pour t’aider. Je suis Albert. Et toi, comment t’appelles-tu ? »
Jane, elle s’appelle Jane, cette jeune fille que le professeur Albert vient d’empêcher de se jeter du haut d’une falaise. C’est tout ce dont elle se souvient. Un petit voyage de la brigade dans ses souvenirs devrait pouvoir aider à découvrir qui elle est. Voici donc nos adolescents propulsés en plein Far West. Au détour d’un canyon, ils manquent de se faire renverser par trois cavaliers masqués. Plus loin, ils découvrent un avis de recherche placardé sur un arbre : Wanted Jane Doe dead or alive reward $5000. Forcément, quand il y a des cow-boys, il y a des indiens. Tchac ! Une flèche replante l’avis sur le bois. Le décor semble étrange. Le ciel semble fait de panneaux peints et d’étonnants lampadaires comme des brouilleurs entourent la ville de Groundhog Valley dont ils s’approchent. Avec des vampires en prime, la brigade des cauchemars va avoir du pain sur la planche pour dénouer le mystère de Jane.
© Dumont, Thilliez, Drac – Jungle En parallèle à l’enquête sur Jane, Ariane, Tristan, Sarah et Esteban sont à présent persuadés que quelqu’un en veut à la brigade. Léonard a clairement cherché à les éliminer. Et qui est Mordicus Galfard qui a enlevé Sofiane ? Apparemment, Elsa, qui travaille avec le professeur Albert et Alice, cache des choses. Ariane et Esteban décident d’aller fouiller chez elle. Ils vont trouver une radio de son crâne avec une sorte d’implant floqué d’un « M ». Evidemment, ils vont instantanément confier leurs doutes à Albert.
© Dumont, Thilliez, Drac – Jungle Depuis trois tomes, La brigade des cauchemars a pris une dimension feuilletonnesque haletante et addictive. Les aventures intérieures posent chacune des jalons pour développer un univers mystérieux aux multiples ramifications. On est passé de l’aventure type Okapi (sans être péjoratif) à la série Netflix dont on attend avec impatience la saison suivante que l’on va binge-watcher dès qu’elle paraîtra. D’ailleurs, La brigade est en cours de développement pour la télévision. Frank Thilliez et Yomgui Dumont créent des liens inattendus entre des personnages. Ils donnent encore une dimension supplémentaire au concept de voyage dans les esprits. Mais où s’arrêteront-ils ? Pas tout de suite, on l’espère. N’oublions pas les couleurs de Drac, westerns à souhait pour cet épisode.
© Dumont, Thilliez, Drac – Jungle La brigade des cauchemars est la meilleure série des éditions Jungle. C’est du tous publics comme on n’en fait presque plus, avec l’intelligence scénaristique d’un maître du thriller. Mais pourquoi ne bénéficie-t-elle pas d’une plus grande promotion ? Chaque album devrait être annoncé comme un événement.
Série : La brigade des cauchemars
Tome : 8 – Jane
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Franck Thilliez
Dessins : Yomgui Dumont
Couleurs : Drac, assistée de Takaku & Langlais
Éditeur : Jungle
Collection : Jungle frissons
ISBN : 9782822242011
Nombre de pages : 64
Prix : 13,95 €
- Popeye – Sundays 1930-1933par Laurent Lafourcade
Bon dimanche, marin !
« -Je file voir Olive Oyl, la plus chouette nénette du monde. Et j’vais la couvrir de baisers !
-Ah ! Euh… Oups ! Bonjoooooour !
-Alors ? On tourne le dos cinq minutes et voilà !
-Comment ça va, Ham ? T’as bonne mine, dis donc.
-Hé, minute vous deux !
-J’vais lui péter la mâchoire !
-Attendez, les gars ! Les gars ! Les gars, les gars, les gars !
-J’vais lui fermer les écoutilles, nom d’une pipe ! »
Lorsque Ham part retrouver Olive Oyl la frangine de son copain Castor, il ne s’attend pas à ce qu’elle soit vautrée dans les bras d’un marin aux avant-bras musclés. Si les rivaux comptent régler ça à coups de poings, la prétendante va mettre tout le monde d’accord à coups de bouteille et de tabouret. Elle va rapidement porter son choix sur Popeye, ce beau matelot borgne à la pipe. Le type a cependant l’uppercut facile, ce qui l’amène à quelques séjours au frais, quand il ne règle pas ses différents sur un ring de boxe. Olive, elle, adore cuisiner. Mais si Popeye venait sans ce goinfre de Mister Wimpy, ce dévoreur de hamburgers, l’un des piliers de l’auberge de Rough-House, ce serait quand même mieux. Dans l’Amérique insouciante des années 30, le petit monde de Popeye n’a d’autre préoccupation que d’aimer, manger et cogner. Le bon vieux temps, quoi !
© 2024, King Features Syndicate
© FuturopolisEn créant la série Thimble Theatre, Elzie Crisler Segar ne se doutait qu’il devrait attendre dix ans et l’apparition de Popeye dans un strip pour connaître un réel succès. Comme le dit Francis Lacassin dans des propos repris en préface, Segar pratique le comique de déconstruction. Il montre l’inadaptation du système social par l’absurde. Il ne propose pas une caricature de la réalité, mais son négatif. On l’a pris à tort pendant des années pour un héros à cause des dessins animés où il réglait les problèmes en ingurgitant des tonnes d’épinards. Dans ces bandes dominicales, Popeye se révèle comme l’un des premiers anti-héros de la BD. Il est impulsif, colérique et réfléchit avec ses muscles plus volontiers qu’avec son cerveau.
© 2024, King Features Syndicate
© FuturopolisDans l’esprit de la mythique collection Copyright lancée en 1980 par Etienne Robial et Florence Cestac, les éditions Futuropolis offrent au public des planches jamais éditées en France, dans un bel album à l’italienne. Les pages ont été soigneusement travaillées pour se retrouver au plus près des couleurs et du grain de la presse américain des années 30. Saluons le travail de la traductrice Sidonie Van Den Dries, tâche complexe en raison du langage parfois argotique employé dans la version originale. En quatre ans de « Sundays », on voit le trait déjà aguerri de Segar se préciser. Il met en scène ses personnages comme un chef d’orchestre. C’est là qu’on voit que des scénaristes comme ceux des séries courtes télévisées n’ont rien inventé. Segar a posé les bases d’une autodérision, se moquant de ses propres personnages.
© 2024, King Features Syndicate
© Futuropolis« I’m Popeye the Sailor Man
I’m Popeye the Sailor Man
I yam wot I yam
And that’s all wot I yam
I’m Popeye the Sailor Man »
Il ne met pas un pied dans l’eau dans cet album, mais Popeye le marin, Popeye the sailor man, fait tellement partie du patrimoine qu’il est inconcevable de passer à côté de l’accostage de ces planches dominicales.
https://www.youtube.com/watch?v=u-59RqhR6Oo
Série : Popeye
Tome : Sundays 1930-1933
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Elzie Crisler Segar
Traduction : Sidonie Van Den Dries
Éditeur : Futuropolis
ISBN : 9782754844888
Nombre de pages : 208
Prix : 32 €
- Oscar et la dame Rosepar Laurent Lafourcade
Anges gardiens l’un de l’autre
« -Mamie-Rose…
-Oui ?
-Vous êtes sûre de vouloir revivre toute cette histoire ?
-Certaine. En ce moment, rien d’autre ne pourrait me faire plus plaisir… »
Par une belle nuit d’été, une dame âgée est assise sur une chaise de jardin. Elle lit une lettre à la lueur de lanternes. C’est un courrier adressé à Dieu par Oscar, un petit garçon de dix ans, qui recense les bêtises qu’il a pu faire. Oscar vient la rejoindre et s’assoit sur la chaise en face de celle qu’il appelle Mamie-Rose. Il lui demande si elle va bien. Lui, il est chauve parce qu’il a un cancer. C’est à l’hôpital qu’ils se sont rencontrés. Oscar regrette d’être un mauvais malade, qui empêche de croire que la médecine c’est formidable. N’est-ce pas, Docteur Düsseldorf ?
© Zabus, Vernay – Albin Michel C’est en voyant apparaître le médecin dans le jardin de Rose que l’on réalise ce que jusqu’alors on se refusait de comprendre : Oscar est un fantôme, Oscar est un souvenir, Oscar est décédé. Mais dans le cœur de Mamie-Rose, il est bel et bien vivant. L’ancienne catcheuse au langage fleuri et le petit garçon philosophe vont apprendre l’un de l’autre en dissertant sur la vie et le temps qui passe. Rose demandera à Oscar de vivre chaque jour comme s’il comptait pour dix ans. Oscar accompagnera ses amis enfants d’infortune, réapparaissant comme des songes concrétisés, ainsi que Rose qui est à l’automne de sa vie.
© Zabus, Vernay – Albin Michel Vincent Zabus enchaîne les scenarii émouvants. Incroyable, Nos rives partagées, Mademoiselle Sophie, Les petits métiers méconnus, chacune de ses histoires met en avant les sentiments. Il était normal que le roman aux 1,3 millions d’exemplaires d’Eric-Emmanuel Schmitt lui parle. Si Zabus réussit à arracher des larmes dans une adaptation, ça démontre d’une part la force du récit originel, et d’autre part le talent du scénariste. Il est bien aidé en cela par le trait tout en sensibilité de Valérie Vernay qui entremêle imagination et réalité dans des cases trompeuses, semant ainsi le trouble et le doute chez le lecteur.
© Zabus, Vernay – Albin Michel Gardez en vous ces anges qui ont croisé vos vies. Chacun a son Oscar en soi. « Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants. ». Cette citation de Jean d’Ormesson est le précepte de cette remarquable histoire.
One shot : Oscar et la dame Rose
Genre : Emotion
Scénario : Vincent Zabus
D’après : Eric-Emmanuel Schmitt
Dessins & Couleurs : Valérie Vernay
Éditeur : Albin Michel
ISBN : 9782226483799
Nombre de pages : 144
Prix : 22,90 €
- Les profs 27 – Retraite à point / Les petits mythos 15 – Grèce anatomiepar Laurent Lafourcade
Des hommes et des dieux
« -Je craaaque ! Ça fait quarante ans que j’essaie de faire rentrer des concepts philosophiques dans vos cerveaux gélatineux… J’en peux plus ! Allez, fin du cours !
‘Ah ! Le Maurice des grands jours…
-Ras le bol d’enseigner dans le vent !
-C’est pas ta matière la ventilosophie ?
-Ben heureusement, j’en ai plus que pour 15 jours et tchao Maurice ! »
Scrabble et Barbecue en salle des profs. Maurice est en chemisette, short, sandalettes et bob. Il s’occupe des saucisses et des brochettes pendant que Glawdys ouvre la fenêtre pour évacuer la fumée. Evénement au lycée Fanfaron, Maurice, le prof de philo s’apprête à prendre une retraite bien méritée. Une surdose de Boulard ou un âge requis pour le faire, qu’est-ce qui lui a permis de pouvoir prétendre à ce repos bien mérité ? L’éducation nationale ne faisant pas de cadeau, il a forcément toutes ses annuités. Tchao, Maurice ! C’est l’une des deux histoires courtes dans ce vingt-septième album des Profs. La seconde est consacrée à un phénomène de société à prendre à bras le corps, même avec humour : le harcèlement. Comme quoi, le rire engagé, ça existe.
© Léturgie, Erroc, Sti, Guénard – Bamboo Artémis est à l’honneur du quinzième album des Petits Mythos en couverture duquel Totor a peint une cible sur le gros popotin d’un sanglier de Calydon afin qu’elle ne rate pas sa cible. Ce que le lecteur avisé remarquera, c’est le clin d’œil qu’elle fait à l’animal qui le lui rend. Pas question pour elle de blesser une bête.
Artémis n’est pas Zeus, mais côté punition elle ne craint pas grand monde. La fille du dieu des dieux et de Léto ne quitte jamais son arc et ses flèches qu’elle décoche avec assurance. Côté humour, né d’une peau de bœuf enterrée remplie de la pisse de Zeus, Hermès et Poséïdon, le pas très sexy Orion assure le show. Côté bêtise et jalousie, c’est Apollon, le frère jumeau d’Artémis, qui occupe le poste.
© Cazenove, Larbier, Amouriq, Mirabelle – Bamboo Revenons aux Profs dont le nouvel album réserve une surprise en bonus. Il s’agit des Profs versus les Profs des réseaux sociaux. Ces derniers ont taquiné les auteurs de la BD avec des clashs humoristiques. Ceux-ci leur ont alors proposé de s’affronter sur le terrain de cartoons dessinés. Chaque équipe devait créer des situations drôles et décalées sur le thème du sport et de la vie des enseignants. C’était au public de les juger. Après les propos d’avant-match recueillis auprès de Mr Rêveur d’un côté et de Simon Léturgie de l’autre, les hostilités ont commencé parmi lesquelles : la natation café, la correction trampoline, le tir à la craie et bien d’autres épreuves. Quatre d’entre elles sont offertes dans l’album. Un QR code renvoie sur les réseaux pour découvrir les autres. On peut aussi aller directement sur le site Bamboo, rubrique profsvsprofsbd.
© Léturgie, Erroc, Sti, Guénard – Bamboo Chez Les petits Mythos, comme dans la BD, les suppléments mettent le focus sur Artémis, une déesse très moderne. Gardienne de la nature sauvage, elle se promène avec treize chiens offerts par le dieu Pan. Aimant qu’on l’honore, Artémis a demandé à son père d’être entourée de femmes. Ainsi, Callisto, Britomartis, Atalante et Polyphonté font, entre autres, partie de ses camarades. Les victimes d’Artémis se comptent par dizaines. Outre Orion, on peut citer le géant Tytios, le chasseur Actéon, transformé en cerf ou encore Siproitès qu’elle a changé en femme car il l’a vue nue. N’oublions pas par ailleurs le temple d’Artémis, à Ephèse en Turquie, qui compte parmi les sept merveilles du monde antique.
© Cazenove, Larbier, Amouriq, Mirabelle – Bamboo Entre modernité et antiquité, entre profs et mythos, profs mythos ou pédagogues ancestraux, il n’y a pas de frontière. Réunies par l’humour Bamboo, on peut compter sur ces deux séries infaillibles pour nous sortir de la morosité.
Série : Les profs
Tome : 27 – Retraite à point
Genre : Humour
Scénario : Erroc & Sti
Dessins : Simon Léturgie
Couleurs : Jacqueline Guénard
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9782818994870
Nombre de pages : 56
Prix : 11,90 €
Série : Les petits mythos
Tome : 15 – Grèce anatomie
Genre : Humour
Scénario : Christophe Cazenove
Dessins : Philippe Larbier
Couleurs : Alexandre Amouriq & Mirabelle
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041103348
Nombre de pages : 56
Prix : 11,90 €
- L’envahisseurpar Laurent Lafourcade
Confinement et conséquences
« -Bonjour, Papa. Hier, j’étais débordée et je n’ai pas pu t’appeler… Aux Canaries, mais je suis en train d’embarquer pour Majorque… Comment ? Tu as entendu ça où ?… Attends, attends, ne raccroche pas… Excusez-moi. Pardon, je voudrais pas… »
Carol a un métier de rêve. Elle est testeuse d’hôtels de luxe. Elle est aux Canaries et vient de profiter pendant plusieurs jours des prestations d’un cinq étoiles. Elle s’apprête à quitter le pays pour se rendre aux Baléares afin de noter un autre établissement à Majorque. Le destin en décidera autrement. Nous sommes en mars 2020. A cause d’une épidémie, le monde est en train de se confiner. Lorsqu’elle rentre finalement à Bilbao, en Espagne, elle ne sait pas que le confinement va durer plus que les deux semaines annoncées. Elle retrouve son appartement de célibataire et appelle son père qui vit seul dans la même ville. A la télévision et à la radio, les informations annoncent une situation tendue. Le nombre de malades et de victimes du Covid-19 augmente. Les hôpitaux sont surchargés. Le soir, des applaudissements se font entendre aux fenêtres pour acclamer les soignants, premiers sur le front.
© Pérez Ledo, Orbe – Robinson Quelques jours plus tard, Vicente, le père de Carol, contracte le virus et meurt. La jeune femme traverse la ville pour se rendre à son domicile. Elle appelle Linda, son auxiliaire de vie. Elle n’était pas là. Alors, qui a appelé l’ambulance pour prendre en charge Vicente ? Ce n’est pas la voisine de palier. Carol décide de dormir sur place dans son lit d’adolescente. Le lendemain, elle se rend compte qu’elle n’est pas seule dans l’appartement. Un jeune homme fait la vaisselle. Il lui demande comment va son père. Cet individu, c’est Omar. Il a dix-huit ans et a dû quitter le foyer qui l’hébergeait. C’est en faisant des petits boulots comme porter des courses chez des gens qu’il a fait la connaissance de Vicente qui lui a tendu la main. Maintenant que le vieil homme est décédé, que va-t-il advenir de lui ? En allant accomplir la dernière volonté du défunt, Omar et Carol vont apprendre à se connaître.
© Pérez Ledo, Orbe – Robinson Le scénariste José Antonio Pérez Ledo a imaginé cette histoire lorsque sa compagne est revenue de la visite d’un centre de formation professionnelle dans un quartier de Bilbao. De nombreux jeunes, SDF, hébergés par des foyers, sans papiers, étudient le jour et mendient la nuit. Certains résistent tandis que d’autres abandonnent. Des bonnes volontés en aident certains en marge des institutions. C’est ce rôle qu’il a donné à Vicente. Si Carol a voulu protéger son père en restant à distance, Omar a vu l’opportunité de rompre son isolement social. Les auteurs ont mis en exergue les difficultés inédites liées à la pandémie, qui ont exacerbé d’autres problématiques. Dans une pure ligne claire en niveaux de gris, Alex Orbe apporte toute la sensibilité de son trait. Le titre interpelle. Il est finement choisi. La couverture synthétise parfaitement le propos avec cette ambiance solitude Covid que personne n’oubliera jamais.
© Pérez Ledo, Orbe – Robinson La pandémie de 2020 a laissé des traces. Il y a eu des centaines de victimes. Il y a eu notamment dans la jeunesse des troubles psychologiques irréversibles. Il y a eu aussi des élans de solidarité inimaginables, qui ont permis d’imaginer des histoires poignantes comme celle de cet envahisseur.
One shot : L’envahisseur
Genre : Drame
Scénario : José Antonio Pérez Ledo
Dessins : Alex Orbe
Éditeur : Robinson
ISBN : 9782017265566
Nombre de pages : 176
Prix : 22 €
- Saint Seiya Les chevaliers du zodiaque Time Odyssey 3 – Hyôga entre feu et glacepar Laurent Lafourcade
Le chant du Cygne
« -Alors, Prométhée, mon palais a bien meilleure allure que le Mont Caucase, n’est-ce pas ?
-J’ai tenu ma promesse, Dieu Chronos, alors pourquoi suis-je toujours détenu ici ? Je suis aussi prisonnier de ton palais qu’autrefois de mes chaînes.
-N’aie crainte, tu seras bientôt libéré… à condition de ne pas m’avoir menti.
-Tu m’accuses de mensonge ?
-J’ai surtout appris de mes erreurs. Zeus a jugé bon de me trahir parce qu’il s’imagine être le plus grand des dieux de l’Olympe. Je compte bien lui prouver que je peux être encore plus grand que lui ! »
Blue Graad, à l’extrême nord de la Sibérie orientale. La reine Natassia se recueille sur la tombe de son père, entourée de deux gardes, lorsqu’ils sont interpelés par quatre individus cherchant la grotte de Kitej. Ils sont prêts à tout pour qu’on leur indique son emplacement, sauf qu’on ne force pas la main à une Reine. Son frère, le Seigneur Alexer, surgit pour lui prêter main forte. Mais ça ne suffira pas. Il faudra l’intervention de Hyôga, le chevalier du Cygne, pour gagner le combat. S’il est de retour, ce n’est pas par hasard. C’est pour annoncer la venue prochaine de Salori, réincarnation de la déesse Athéna. Pendant ce temps, au palais de Chronos, ce dernier s’entretient avec Prométhée qu’il a libéré. Il veut savoir où se trouve le feu d’Odin qu’il a volé aux dieux de l’Olympe. Et bien justement, la déesse Athéna des temps anciens l’aurait mis dans cette fameuse grotte de Kitej.
© Alquié, Dollen – Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)Prométhée lui avait confié le feu sacré afin que soient forgées les quatre-vingt-huit armures pour sa nouvelle génération de chevaliers. Ça leur a permis de vaincre Poséidon dont l’âme fut scellée dans une urne par Athéna. Aujourd’hui, cette urne et le feu de l’Olympe sont enfermés dans la grotte que seul le cosmos de la déesse peut ouvrir. Saori, sa nouvelle réincarnation, a remporté la bataille qui l’opposait à Julian Solo, nouvelle incarnation de Poséidon, enfermée elle aussi dans une urne. Escortée par des chevaliers, elle vient la porter à Blue Graad. Elle va donc ouvrir la grotte. Afin de prouver à Zeus que c’est lui le plus grand Dieu de l’Olympe, Chronos voudrait en profiter pour subtiliser le feu divin. Il confie cette mission à Yuki-Onna, sa quatrième heure, qui pourra compter sur des renforts.
© Alquié, Dollen – Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)Quand on voit la qualité du travail effectué par les auteurs, tant au niveau scénaristique que graphique, on peut se demander qui aurait pu faire mieux qu’eux. Pour ce troisième épisode sur les cinq prévus, Jérôme Alquié et Arnaud Dollen font s’affronter les chevaliers du Zodiaque avec les heures de Chronos, ses lieutenants fidèles. Hyôga, le chevalier du Cygne, est au cœur de cette histoire de glace et de feu, comme le somptueux cygne de la grotte de Kitej que l’on découvre dans une double planche grandiose. Les co-scénaristes signent encore une fois une histoire intelligente et référencée, qui peut parfaitement se lire sans avoir lu les deux premiers tomes, mais qui annonce une suite vengeresse.
© Alquié, Dollen – Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)Des quatre coins de l’univers, quand triomphe le mal, sans hésiter, ils partent en guerre pour un monde idéal. Les chevaliers du Zodiaque s’en vont toujours à l’attaque en chantant une chanson bien haut, c’est la chanson des héros. Leur geste a été chantée par des millions de téléspectateurs. Leur nouvelle version dessinée pourrait bien laisser une trace aussi indélébile.
Série : Saint Seiya Les chevaliers du zodiaque Time Odyssey
Tome : 3 – Hyôga entre feu et glace
Genre : Mythologie
Scénario : Jérôme Alquié & Arnaud Dollen
Dessins & Couleurs : Jérôme Alquié
D’après : Masami Kurumada
Éditeur : Kana
Collection : Classics
ISBN : 9782505088363
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
- L’île de minuit 1 – Le réveil de l’automatepar Laurent Lafourcade
« Seuls » sur l’île
« -Qui nous a amenés sur cette plage ? Pourquoi je ne me souviens que de mon prénom et pas de ma famille ?
-Il n’y a qu’un moyen de le savoir. Il faut fouiller cet endroit !
-Bonne idée. J’ai ce qu’il faut pour le repas. On commence par où ?
-Par là ! On doit monter là-haut. C’est le seul moyen d’avoir une vue dégagée et de comprendre où on est.
-On va devoir traverser la forêt ?
-Ça te pose un problème ?
-Je n’aime pas les grosses bêtes, le genre qui griffent et qui mordent. »
Une mouette survole la plage d’une île paradisiaque sur laquelle est échoué le corps d’un ado. Celui-ci se réveille et découvre intrigué une forêt luxuriante surplombé d’une montagne volcanique. Un peu plus loin, il aperçoit sur le sable un bunker. Alors qu’il hèle pour savoir si quelqu’un se trouve à l’intérieur, c’est de dehors que lui parvient une réponse féminine. Comme lui, une ado a débarqué sur l’île. Elle s’appelle Elena. Lui, c’est Elijah. Ils se rappellent de leurs prénoms mais n’ont aucun souvenir de qui ils étaient, ni de ce qu’il s’est passé avant qu’ils ne se retrouvent là. Le duo va rapidement devenir quatuor, quand ils vont rencontrer dans la jungle Maya, aux prises avec un jaguar, et Hector, chutant d’un arbre comme un fruit trop mur. Ensemble, ils vont chercher la raison de leur arrivée. C’est dans ce qui semble être une école abandonnée qu’ils vont trouver les premiers indices, ainsi qu’un gigantesque robot automate qui en sait certainement beaucoup sur eux.
© Grebil, Lylian – Dupuis Depuis Seuls, les groupes d’enfants au cœur d’énigmatiques mystères en BD ne se comptent plus. Dans un décor semblable à celui de l’île d’outre-monde de Natacha, quatre jeunes gens cherchent à découvrir ce qu’ils font là. Chacun a sa personnalité bien campée. Elena est l’intellectuelle de la bande. Membre du club astronomie du collège, elle sait se repérer grâce aux étoiles. Elle connaît les noms scientifiques des animaux et des plantes, mais elle est assez trouillarde. Elijah a une âme de meneur de troupes. Débrouillard et déterminé, il est aussi parfois colérique. Moins courageux, Hector est le comique, souvent involontaire, de la bande. La sportive du groupe, c’est Maya. Courageuse, c’est une fonceuse sur qui les autres peuvent compter, même si elle manque parfois d’empathie. Pour la chasse, elle est là. Pour la cueillette, il vaudra mieux s’en référer à Elena.
© Grebil, Lylian – Dupuis Après un passage dans l’illustration, Nicolas Grebil dessine ici son tout premier album de bande dessinée. Après Créatures, Dupuis trouve sa nouvelle série de bande d’ados. Grebil immerge ses personnages dans un décor sauvage où la nature a repris ses droits dans les rares lieux où la civilisation est passée. Au scénario, Lyllian, l’auteur des Géants, fait son entrée chez Dupuis. Celui qui est maintenant une valeur sûre imagine une histoire de bande qui a la saveur du Club des Cinq et la modernité de Seuls. De Lost à Sa majesté des mouches en passant par Hunger Games ou L’île du Docteur Moreau, les références se piochent dans des fictions solides et qui traversent des générations. L’île de minuit s’intègre dans ces influences bien marquées.
© Grebil, Lylian – Dupuis Prêts pour une destination de rêve ? Malgré son décor paradisiaque, l’île est plutôt mystérieuse. Rejoignez Elijah, Elena, Hector et Maya pour les aider à découvrir comment ils en sont arrivés là, et surtout pourquoi.
Série : L’île de minuit
Tome : 1 – Le réveil de l’automate
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Lylian
Dessins & Couleurs : Nicolas Grebil
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808503266
Nombre de pages : 72
Prix : 12,95 €
- Les amis de Spirou 2 – Un ami de Spirou a du cran, il sait dire oui ou non…par Laurent Lafourcade
Des enfants de la résistance
« -Les enfants, il ne faut pas rester là !
-Papa !
-Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais les nazis du camion ne vont pas laisser passer ça ! Suivez-moi vite ! Je connais une échappatoire. »
Octobre 1943, à Marcinelle, une rixe oppose la bande de Poildur et les AdS, la bande des Amis de Spirou. Ça tourne tellement mal que Spirouette se prend un coup de couteau. Les gendarmes arrivent et tentent de mettre de l’ordre, avant que, dans une grande confusion, les AdS ne s’enfuient sans leur amie blessée, disparue. A-t-elle seulement survécu ? Poursuivis par les forces de l’ordre, les jeunes parviennent à s’en débarrasser. Ils se réfugient à la mine du Bois du Cazier. C’est là que le père de Flup, alias Spip, les fait descendre dans la mine pour qu’ils se cachent. C’est qu’entretemps les mômes ont provoqué l’accident d’un camion nazi provenant de Lorient en France. Les occupants sont très énervés et comptent bien mettre la main sur eux.
© Evrard, Morvan, BenBK – Dupuis Un ami de Spirou est franc et droit, ça on le savait déjà. Un ami de Spirou a du cran, il sait dire oui ou non, ça, on va l’apprendre ici. Des galeries souterraines de la mine à la Ruche qui accueille le théâtre du Farfadet, la petite bande des Amis de Spirou va montrer tout son courage face à l’envahisseur. On va assister avec eux à l’organisation de la résistance. Ils vont rencontrer Jean Doisy, connu sous le surnom du Fureteur, qui a rédigé la charte des AdS. Avec l’aide de Suzanne Lepetit, dit Brigitte, et son fils André Moons, il a créé le théâtre ambulant du Farfadet, en profitant ainsi pour cacher et déplacer des enfants juifs. Doisy va même leur raconter comment a été choisi le nom de Spirou. Avec tout ça, il ne faut pas oublier Spirouette. Flup et ses copains gardent encore de l’espoir.
© Evrard, Morvan, BenBK – Dupuis David Evrard et Jean-David Morvan livrent le deuxième épisode de cette série au contexte historique véridique. Tout ce qui est raconté autour de Jean Doisy, premier rédacteur en chef de Spirou, bien que n’en ayant pas le titre dénommé, résistant très actif, est vrai. Le club des AdS a réellement existé également. C’est autour de cela que les auteurs ont construit leur univers. Il y est aussi question de chien qui parle, une incongruité pas si farfelue que cela. Le cahier documentaire le prouve en exposant une méthode de communication développée par les dresseurs allemands. Ce n’est pas la seule bestiole de l’histoire puisqu’un autre animal bien connu va venir mettre son grain de sel, entre réalité et onirisme, sans trop se faire remarquer.
© Evrard, Morvan, BenBK – Dupuis Les amis de Spirou est un vibrant témoignage de l’Histoire avec un grand H en général, et de la Seconde guerre mondiale en particulier, et de l’histoire du journal de Spirou. Un ami de Spirou a du cran, il sait dire oui ou non… Maintenant, on en est certains. Un ami de Spirou aime la discipline libre et joyeuse. Ça, ça nous sera démontré au prochain épisode. Spirou, ami, partout, toujours.
Série : Les amis de Spirou
Tome : 2 – Un ami de Spirou a du cran, il sait dire oui ou non…
Genre : Histoire
Scénario : Jean-David Morvan
Dessins : David Evrard
Couleurs : BenBK
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808507691
Nombre de pages : 72
Prix : 15,95 €
- Boulevard Tintin – Dans l’ombre d’Hergépar Laurent Lafourcade
Les confidences du secrétaire particulier de Georges Remi
« En janvier 1960, donc, à quelques jours de mon neuvième anniversaire, ma mère me fait la surprise d’une rencontre dont peu d’enfants de mon âge auront le privilège. Nous habitons rue Souveraine, un coin tranquille d’Ixelles, à quelques dizaines de minutes du centre de la capitale belge. Pas loin de chez nous, au 162 de l’avenue Louise, Georges Remi a installé, au début des années 1950, les fameux « Studios Hergé », un véritable atelier d’artistes, chargé de l’épauler dans la création des albums, en particulier pour les décors, les couleurs et le dessin, des nombreux véhicules, qui parsèment les aventures de Tintin : voitures, motos, bateaux et autres engins en tous genres. » (Alain Baran)
Janvier 1978, Alain Baran devient secrétaire particulier de Hergé. Pendant cinq ans, il va être tout aussi proche de Hergé l’auteur, que de Georges Remi l’homme, qu’il connaît depuis l’enfance. Les liens fusionnels qui les lient sont si fort que certains pensaient qu’un lien de parenté les unissait. Qu’en est-il en réalité ? Ce livre nous l’apprendra-t-il ? Qui sait ? L’auteur joue à semer le doute. Baran est né en 1951. Hergé a rencontré sa mère en 1939. Passionnée par la Chine et toute la culture qui s’y réfère, elle a voulu rencontrer le dessinateur qui a publié Le lotus bleu, une bande dessinée dont la justesse doit tout à Tchang, un étudiant chinois de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Avant de partir pour la Chine, Hergé lui fait promettre de lui donner ses impressions sur le pays. Une relation amicale va s’installer entre eux. C’est comme ça que, à quelques jours de ses 9 ans, en 1960, le petit Alain rencontre pour la première fois Hergé. En visitant les studios, il ne se doute pas qu’il y aura son bureau quelques années plus tard.
© Baran – Racine Avant cela, Alain Baran sera danseur dans la troupe de Maurice Béjart. C’est d’ailleurs lors d’un dîner organisé par sa mère que le chorégraphe et le dessinateur se rencontreront. Le drame de la disparition de son père biologique vient ternir la carrière grandissante d’Alain dans les ballets. A vingt-six ans, il apprend qu’Hergé cherche un secrétaire, celui qui l’avait étant malade et remplacé par sa femme qui ne faisait pas l’affaire. Après les explications sur les tenants et aboutissants de la tâche, sans lui promettre un avenir mirobolant, Hergé embauche le jeune homme pour un salaire deux fois plus élevé que celui qu’il touchait chez Béjart. L’aventure va commencer le 3 janvier 1978, avenue Louise.
Le métier n’est pas facile. Tel Gaston, Alain se laisse rapidement déborder par le courrier en retard. Il manquera même d’être débarqué. En 1979, ce sont les cinquante ans de Tintin. L’année s’annonce riche en événements, encore faut-il que les studios Hergé, les éditions Casterman qui publient les albums, et également les éditions du Lombard qui éditent le journal Tintin travaillent de concert. Ce ne sera pas simple. Le point d’orgue de l’année restera l’exposition Le Musée imaginaire de Tintin, au palais des Beaux-Arts de Bruxelles, qui, comme dans une mise en abime, sera le théâtre du vol du fétiche Arumbaya prêté par les Studios Hergé.
© Baran – Racine Baran nous emmène également dans les prémices de la création de l’Alph’Art. Il nous invite au retour de Tchang en Belgique, puis à la rencontre avec Steven Spielberg. Pendant ce temps, la santé d’Hergé décline. Le 22 février 1983, l’auteur franchit pour la dernière fois le seuil des Studios. Il mourra le 3 mars.
Tous ces événements n’occupent que la première moitié de ce livre dont le sous-titre n’est pas galvaudé. Alain Baran n’est pas avare en confidences. L’après-Hergé démontre que, plus que des Studios, l’homme avait construit un empire dont il allait falloir s’occuper, ce dont se chargera Baran. Que faire de l’Alph’Art ? Comment gérer les droits ? La télévision, le cinéma, la fin du journal Tintin et le flop de Tintin Reporter, les relations plus que complexes avec Nick Rodwell, la colorisation contestable des premières versions non redessinées, Alain Baran ne cache rien. En courts chapitres, percutants, efficaces, le secrétaire dévoile des coulisses passionnantes qui donnent envie, encore une fois, de se replonger dans l’œuvre grandiose de Hergé.
© Baran – Racine Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
One shot : Dans l’ombre d’Hergé
Genre : Biographie
Auteur : Alain Baran
Avec la collaboration de : Grégoire Comhaire
Éditeur : Racine
ISBN : 9782390252788
Nombre de pages : 288
Prix : 24,95 €
- La mécanique 1 – En moi le chaospar Laurent Lafourcade
No drugs, no rock
« -Safir, ma fille, pourquoi es-tu ici ?… J’ai besoin d’être seul ! Où est ton frère ?
-Il a encore fait une crise ce matin. Quand est-ce qu’il pourra retourner en ville ?
-Tu sais bien que c’est impossible… Attends, ne pars pas… Tu… Tu te souviens ? On était bien, non ? Tout change trop vite. Tout est devenu si laid et monstrueux…
-C’est toi, papa, qui est devenu un monstre… »
Qui se souvient du monde d’avant ? Dans une mégalopolis du futur où tout n’est que métal et béton, la population ne voit d’échappatoire que dans la consommation du blast, une drogue musicale de synthèse très puissante. La mafia fait la loi dans cette ville où tout le monde se sent prisonnier. Parmi les habitants, Safir, une jeune femme, s’occupe de son frère Pauli, adulte resté dans l’enfance. Leur père est l’un des magnats de la cité. Dans son fauteuil roulant, Icare Mc Donald, l’homme obèse, est relié à la vie par une armada de tuyaux métalliques. C’est le maire de Mégalopolyon. Il convoque une réunion de crise exceptionnelle car le blast de contrebande est devenu le modèle économique dominant, moins cher et extrêmement puissant. Cet ersatz n’aurait jamais dû pouvoir entrer sur le marché.
© Stevens, Jef – Soleil Dans ce monde, la littérature a depuis longtemps disparu, sauf chez certains néo-gauchistes. Or, toute détention d’ouvrage manuscrit ou typographié est punie de la peine maximale. « Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront jamais le printemps. », crie le vieux Saul Martin avant que les forces de l’ordre ne lui injectent une dose mortelle. La musique est aussi interdite. Alors, quand Safir chante, c’est sur une scène clandestine dans les bas-fonds de la ville, sur la scène du Mezcal. Accoudée au bar, une jolie brune au bras de métal la regarde. Quand Pauli va disparaître, Safir va demander à son père l’accès officiel aux niveaux interdits. Enlevé ? Disparu ? Va-t-elle le retrouver avant qu’il ne soit trop tard ? Et puis, il y a cet homme, musicien en costard cravate, qui vient d’arriver en ville. Qui est-il vraiment ?
© Stevens, Jef – Soleil Après les one shot Mezcal et Convoi, le duo Kevan Stevens et Jef est de retour pour une trilogie futuriste faisant passer une histoire comme Le cinquième élément au niveau d’un conte pour les tout-petits. Sexe, drogue et rock n’roll : si dans les années 70, c’était les trois mamelles de la liberté, dans cette anticipation, ça fait partie des interdits, au moins la drogue, quand elle n’est pas dealée par des autorités pas très catholiques, et la musique, parce que, comme la littérature, elle est considérée comme un élément terroriste massif. Le graphisme de Jef se rapproche d’un réalisme plus pur que ce qu’il faisait. Il précise en préface qu’aucune intelligence artificielle n’a été utilisée. C’est tout à son honneur mais c’est malheureux d’avoir à le préciser.
© Stevens, Jef – Soleil Paru chez Soleil, La mécanique est une série très Humanos-compatible. Alors, que tous les aficionados de Métal Hurlant se jettent sur cette série qui ne pourra pas les décevoir.
Série : La mécanique
Tome : 1 – En moi le chaos
Genre : Anticipation
Scénario : Kevan Stevens
Dialogues : Kevan Stevens & Jef
Dessins & couleurs : Jef
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302098831
Nombre de pages : 84
Prix : 17,50 €
- Distress 3par Laurent Lafourcade
Extension de communauté
« -Vous le saviez depuis quand ?
-On a Anoki dans le viseur depuis l’an dernier. Mais on est sûres depuis seulement quelques mois. Depuis le début de ton enquête en fait.
-Et… Pourquoi vous m’avez rien dit ?
-Il valait mieux que le principal intéressé t’en parle de lui-même, tu crois pas ? »
A Montréal, Anoki n’a plus de secret pour Lenny. Son ami sait à présent qu’il peut se transformer en monstre. Mais s’il est persuadé qu’il est un Wendigo, les choses ne sont pas aussi simples. Il y a de nombreux lycanthropes, autrement dit Loups-garous, dans le monde et particulièrement au Canada. La plupart d’entre eux tentent de rester discrets. Connie est formelle. Elle est de la même race. Le fait qu’il maîtrise ses transformations prouve qu’Anoki n’est donc pas un Wendigo mais bien un garou, même si les cornes prêtent à confusion. Pam, elle, est parfaitement humaine. Elle fait partie du clan Makonnen. Elle est originaire d’Ethiopie et ses ancêtres étaient des chasseurs de monstres qui ont émigré en Amérique au début du XIXème siècle. Aujourd’hui, la hache de guerre est enterrée. Les Makonnen et les garous sont potes, bien qu’il reste des clans de chasseurs actifs. Bref, afin de se faire oublier de ceux qui recherchent Anoki et pour découvrir sa famille, Connie propose à Anoki et Lenny de venir passer quelques jours dans la propriété familiale.
© Toth-M –Vega KFactory Parallèlement, Gus et Béa, frères et sœurs, rencontrent Stig dans une sombre église. Ces deux là sont liés au plus vaste réseau de deal de Fentanyl de la région. Stig l’a découvert sur YouTube avant qu’une vidéo ne disparaisse… juste au moment où se sont arrêtés des attaques de nuit par un monstre sévissant de Laval à Longueil. Stig propose de prendre sa place en échange du quart de leurs revenus et d’infos sur le loup cornu. Le duo a une semaine pour accepter la proposition.
© Toth-M –Vega KFactory Pour ce troisième volume de Distress, Toth-M donne une toute nouvelle dimension à ce qui devient une saga. Alors qu’on croyait les origines d’Anoki définies, l’auteur remet les hypothèses en question et propose un nouveau Twilight. Il introduit plusieurs nouveaux personnages dont deux aux particularités spécifiques. Il y a Stig, qui confère à la série une allure de complot à la Chant des Stryges, et Nimrod, qui permet d’accentuer le propos sur le handicap dans le sport. Rappelons que Lenny a eu sa carrière sportive brisée par un accident qui lui a fait perdre une jambe. Nimrod, lui, a perdu les deux. Toth-M n’insiste pas sur le côté boy’s love ce qui est très malin. Ça prouve que les préférences amoureuses sont au libre choix de chacun. C’est naturel, et l’intrigue prend le pas.
© Toth-M –Vega KFactory Des membres sont fantômes, des loups sont garous. Le récit est devenu complètement addictif. De quoi se jeter sur le Webtoon en ligne pour en avoir la version d’origine : https://www.webtoons.com/fr/romance/distress/list?title_no=7008. Un épisode par semaine est prévu jusqu’à ce que les épisodes en ligne rattrapent les livres papier.
Série : Distress
Tome : 3
Genre : Thriller émotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Toth-M
Éditeur : Vega
Collection : K Factory
ISBN : 9782808507387
Nombre de pages : 256
Prix : 15 €
- Simon & Lucie Les ciels changeantspar Laurent Lafourcade
L’amour à la folie
« -Simon ?
-Oui, Lucie ?
-Tu fais quuoooiii ? Que dit le thermomètre ?
-Ça se rafraîchit bien du côté de Neptune.
-Les neptuniens ont trop de chance.
-Lucie, viens on y va !
-Sur Neptune ? »
A quatorze ans, Simon et Lucie sont deux adolescents qui s’aiment. Ils habitent dans la même rue, l’un en face de l’autre. Lucie vit seule avec sa mère qui a un penchant pour la boisson. Simon habite avec sa mère et son beau-père… enfin… celui du moment. Cette nuit, c’est la canicule. Simon a rejoint Lucie dans sa chambre. Ils rient, ils s’embrassent, ils n’ont encore jamais fait l’amour. Ils sont encore jeunes et ne sont pas comme ces adultes dégueulasses qui n’hésitent pas à se moquer de leurs prochains. Lucie est artiste dans l’âme. Elle réalise des compositions sur supports carton. Pour cela, elle a un cutter. C’est avec cet instrument que Simon va graver le L de Lucie sur son bras.
© Kokor – Payot & Rivages Quelques années plus tard, un homme remplit un cahier après avoir terminé Jane Austen. Il est assis sur un banc dans le jardin d’un hôpital psychiatrique. Ce garçon, c’est Simon. Comment a-t-il pu en arriver là ? Comme lui, Jane Austen ne s’est pas mariée et n’a pas eu d’enfant. Elle n’a connu qu’un amour de jeunesse qui se serait mal fini. C’est au travers des entretiens avec le Docteur Walter, son psychiatre, que l’on va découvrir ce qu’est devenue Lucie et comment Simon s’est retrouvé interné. Retourner dans le passé, ça le sauve. Quatre ans de relations et puis une rencontre avec un garçon qui va changer la donne. Simon ne le supporte pas. Il se scarifie. Il va quitter la région parisienne pour la Bretagne afin de retrouver Lucie. C’est là quela situation va déraper.
© Kokor – Payot & Rivages Alain Kokor s’empare de romans de l’auteur-cinéaste Diastème. Simon et Lucie sont les protagonistes d’une tragédie d’amour contemporaine. Quand on est adolescent, on croit que quand on aime c’est pour la vie. Encore faut-il que celle-ci ne fasse pas de tour pendable comme de mettre un garçon au milieu du petit couple. Les ciels changent. Lucie grandit, évolue. Simon reste bloqué dans ses états d’âme, figé, ne comprenant pas les virages de la vie. C’est de cette incompréhension que découlera son internement. On va vivre l’HP de l’intérieur, avec ses moments fugaces de drôles folies et ses dramatiques camisoles chimiques. Simon sortira-t-il de l’hôpital ? Quand bien même en sortirait-il physiquement, peut-on en être moralement libéré ? Le trait d’Alain Kokor rend toute la détresse et l’amour de Simon tout au long des plus des trois cents planches de ce pavé.
© Kokor – Payot & Rivages Aimer à la folie, l’expression prend tout son sens dans ce roman d’amour. Si les ciels changeants de Simon & Lucie ne vous tirent pas des larmes, c’est que vous n’avez jamais aimé. Mais ça, ce n’est pas possible.
One shot : Simon & Lucie Les ciels changeants
Genre : Drame
Scénario, Dessins & Couleurs : Alain Kokor
D’après : Diastème
Éditeur : Payot & Rivages
Collection : Virages graphiques
ISBN : 9782743664657
Nombre de pages : 320
Prix : 29 €
- 1629 ou l’effroyable histoire des naufragés du Jakarta 2 – L’île rougepar Laurent Lafourcade
Derniers espoirs sur l’île du diable
« -Allez chercher le chirurgien !!! C’est un miracle!
-Ah ! Ah ! Avec un chef comme lui, on craint plus rien !
-On est sauvés !
-Le chirurgien arrive, vous pouvez le laisser!
-Bon ben prenez bien soin de lui alors…
-Nous, on va annoncer la bonne nouvelle à tout le monde ! »
Si pour certains, les îles sont paradisiaques, pour d’autres, elles sont cauchemardesques, surtout celle sur laquelle ont échoué les rescapés du Jakarta. A la fin de la première partie, on avait laissé le navire amiral de la VOC, la compagnie hollandaise des Indes orientales, échoué sur les récifs des îles Abrolhos. Tandis qu’une partie de l’équipage et des passagers a débarqué sur un îlot, Pelsaert, le Capitaine, et quelques marins sont partis en barque chercher du secours à Java. Lucrétia Hans, une riche passagère, fait partie des rescapés, ainsi que Wiebbe Hayes, un matelot loyal, ce qui n’est pas le cas de tous. Alors qu’on le croyait disparu dans le naufrage, Jéronimus Cornélius en a miraculeusement réchappé. La mort n’a pas voulu de lui qui avait tenté d’empoisonner le Capitaine et soulevé une mutinerie. Il est toujours vivant au grand dam de Lucrétia et de ses détracteurs.
© Dorison, Montaigne, Tessier – Glénat 1629 ou l’effroyable histoire des naufragés du Jakarta est inspiré d’une histoire vraie. Sur les 322 passagers et membres d’équipage du navire au départ d’Amsterdam, seulement 86 arrivèrent à destination. Dans la postface, les auteurs avouent avoir pris des libertés qui, paradoxalement, édulcorent la réalité. Si les scènes violentes, voire très violentes, ne sont pas oubliées, l’horreur de la réalité dépassait largement cette fiction. Et pourtant, 1629 n’est même pas une histoire de pirates. Ici, le ver est dans le fruit. Profitant de l’épuisement des marins, des conditions sanitaires déplorables et d’une météo difficile entre canicule et tempêtes, Jéronimus Cornélius a réussi à embrigader une partie de l’équipage pour faire main basse sur l’or transporté. Sur l’île des rescapés, il va rapidement trouver la force de poursuivre son rôle de chef des rebelles. L’arrivée des secours va sembler bien longue pour ses opposants.
© Dorison, Montaigne, Tessier – Glénat Entre Ulysse et Cyrano et la fin du diptyque 1629, 2024 a été une année où Xavier Dorison a confirmé sa position de scénariste incontournable. Avec 1629, il retrouve l’ambiance de Long John Silver pour une histoire explorant les tréfonds de l’âme humaine dans tout ce qu’elle a de plus sordide, aussi bien du côté des mauvais que celui des bons qui en retour n’auront aucune pitié pour les bourreaux. Le dessinateur Thimothée Montaigne baigne son trait dans des ambiances incroyables. Digne héritier de Mathieu Lauffray, il offre un grand spectacle, enveloppé par les couleurs de Clara Tessier. Les scènes intimistes sont tout autant travaillées, en particulier au travers du personnage de Lucrétia, qui permet au lecteur de s’immerger dans ce monde cruel.
© Dorison, Montaigne, Tessier – Glénat Doté d’une des plus belles maquettes de la décennie, 1629 ou l’effroyable histoire des naufragés du Jakarta est un diptyque indispensable, un blockbuster dont le contenu est d’aussi grande facture que le contenant, reléguant au second plan le récit de pirate classique.
Série : 1629 ou l’effroyable histoire des naufragés du Jakarta
Tome : 2 – L’île rouge
Genre : Aventure maritime
Scénario : Xavier Dorison
Dessins : Thimothée Montaigne
Couleurs : Clara Tessier
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344058138
Nombre de pages : 144
Prix : 35 €