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Boulevard BD

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Avenue des CHRONIQUES

  • La formidable aventure des Frères Flanchin
    par Laurent Lafourcade

    Les nouveaux naufragés du A

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    « -C’est dans votre tête que le monde est dangereux, père. Je sais qu’il peut être merveilleux, plein de belles choses et de gens extraordinaires. Si vous sortiez d’ici, vous pourriez le voir… Père, si vous brûlez les livres de notre mère, je quitte cette maison !

    -Vas-y ! Pars ! Tu reviendras terrifié après avoir croisé le premier inconnu venu, bien décidé à te détrousser et à laisser ton corps pourrir dans un fossé. »

    XVIIIème siècle. Dans une vallée des Pyrénées, vit un veuf et ses deux fils. Aujourd’hui, le plus jeune, Enric, a huit ans, l’âge auquel son frère Fabian lui a promis qu’il lui révèlerait un secret. Ce secret, ce sont des livres que leur mère lui avait demandé de cacher. Maman en avait plein, mais ceux-ci, ce sont les tomes d’une encyclopédie. Les savants ont mis dedans tous les secrets du monde. Lorsque le paternel l’apprend, il entre dans une colère noire. Il a interdit les livres dans la maison. Ses fils n’ont pas besoin de lire, parce que, dixit, le monde est une pourriture et les hommes ne valent pas mieux puisqu’ils l’ont laissé pour mort sur un champ de bataille au milieu des cadavres. Le vieil homme brûle les livres. Le lendemain, l’aîné, Fabian, quitte le domaine d’Ortis. Le cadet ne tarde pas à lui emboîter le pas. Le père demande aussitôt à Firmin, le garçon de ferme, de les suivre. Iront-ils jusqu’à l’Atlantique, cet océan dont parlait le livre et qu’ils n’ont jamais vu ?

    © Marko, Charlot – Bamboo

    Non loin de là, dans une roulotte, les cadavres des deux occupants sont découverts. Ils étaient montreurs d’ours. La bête ne s’est pas échappée toute seule. Elle a été libérée. Le peau-rouge qui travaillait avec eux a disparu. Le maréchal des logis déclare la chasse à l’homme et à l’ours lancée.

    Au-delà d’une double épopée montagnarde, Philippe Charlot écrit celle d’un homme meurtri. Si le père Flanchin ne souhaite pas que son second apprenne à lire, c’est pour qu’il ne devienne pas comme ces imbéciles de savants qui n’ont pas pu sauver sa femme. Qu’à cela ne tienne, Fabian lui apprendra. De son côté, Firmin est rentré à la ferme bredouille. Une nouvelle fois furieux, le père prend son fusil et file dans la montagne. Alors que les frères sont aux abois, persuadés que les traqueurs de l’indien les recherchent à eux, ce dernier les tire d’un bien mauvais pas. Les chasses à l’homme ont démarré. Rien ne peut arrêter les meutes acharnées.

    © Marko, Charlot – Bamboo

    Dans un décor mettant à l’honneur les sublimes montagnes pyrénéennes chères autant au scénariste béarnais Charlot qu’au dessinateur basque Marko, la formidable aventure des frères Flanchin dénonce aussi l’absurdité de la guerre. Sur les champs de bataille, on y tue pour des considérations qui dépassent les hommes. Alors que tout laissait à penser qu’on serait dans une sorte de quête initiatique des jeunes frères, on se rend compte que c’est la quête spirituelle d’un père en quête de rédemption qui est véritablement au cœur de l’intrigue. Les auteurs ajoutent au conte naturaliste une dose de culture amérindienne avec le personnage de Kuti Hikut, « De l’autre côté du lac ». Un cahier complémentaire dévoile les coulisses de la création de l’histoire et sur les éléments historiques la composant, du montreur d’ours au peuple constituant les premières nations américaines.

    © Marko, Charlot – Bamboo

    Les hauteurs des Pyrénées permettent à deux auteurs d’atteindre les sommets de leur art. La formidable aventure des frères Flanchin est une belle histoire dans tous les sens du terme. Voici l’un des meilleurs albums de l’année.


    One shot : La formidable aventure des Frères Flanchin

    Genre : Aventure

    Scénario : Philippe Charlot

    Dessins & Couleurs : Marko

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Grand Angle

    ISBN : 9782818998007

    Nombre de pages : 80

    Prix : 16,90 €


  • Le meilleur ami du chien
    par Laurent Lafourcade

    J’habite chez mon chien

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    « -Fais pas semblant de dormir, je te vois.

    -Mmmggrr… J’fais pas semblant.

    -Tu me fais le coup tous les matins. Va sortir ton humain.

    -Oui, oui… Nathan, on y va ! Apporte ta laisse. On pourrait installer des toilettes d’humains, tu ne crois pas ?

    -Nan ! C’est moche. Il peut faire dehors comme nous. »

    Le matin se lève. Le soleil darde ses rayons. Il est l’heure de sortir son humain pour qu’il aille faire ses besoins dehors. On ne va quand même pas installer des toilettes à l’intérieur. Tasse de café en main, le chien tient au bout d’une laisse l’humain qui fait caca au pied d’un arbre. Et oui. Les canidés ont pris le pouvoir. L’homo sapiens sapiens est devenu l’homo familiaris. Nous sommes en 2037. L’homme est devenu le meilleur ami du chien. Les familles de chiens habitent les maisons humaines. Ils marchent debout sur leurs deux pattes arrières et possèdent pour la plupart un humain de compagnie, qui s’affole quand on part cinq minutes, qui agresse le facteur, qui crache les comprimés cachés dans des bouts de fromage, et toutes ces sortes de choses que font les bêtes.

    © Guerse, Lhote – Fluide glacial

    Tout a commencé dans les années 2020, par la dégénérescence de l’homme sous l’emprise de l’intelligence artificielle. Problème : sans l’homme, pas de chien. Le grand Saint-Bernard, un sage, convoque les chiens de la ville dans le parc municipal. Ce sont les premiers chiens qui ont construit l’homme, en chassant pour lui, en le protégeant, en tirant les traîneaux. Les chiens d’aujourd’hui, qu’ont-ils fait pour l’humain ? Rien ! Ils l’ont laissé devenir con et dangereux pour lui-même. Il est temps de le sauver, de sauver l’humanité. Le grand Saint-Bernard exhorte ses semblables à se redresser, à retourner chez leurs humains, prendre possession de leurs biens, bref, les adopter pour les sauver.

    © Guerse, Lhote – Fluide glacial

    Olivier Lhote et Guillaume Guerse inversent les rôles des hommes et des chiens dans un naturel déconcertant. L’human expo remplace l’exposition canine. On abandonne son humain au pied d’un arbre pour les vacances. L’humain adore mettre sa tête à la vitre en voiture quand on roule. On lui met une puce pour le tracer. Tout ce qu’ils font, tout ce que l’on fait à nos chiens, Lhote et Guerse le font aux humains. C’est d’autant plus marrant que rien ou presque n’est inventé. C’est un album d’observation. Guillaume Guerse, co-fondateur des Requins Marteaux et pilier du journal Ferraille, humanise les chiens et canise les humains. En plus d’être scénariste, Olivier Lhote est comportementaliste canin. Il s’est spécialisé dans la rééducation des chiens difficiles et la préparation mentale des chiens sportifs ou de travail. Dans pas longtemps, il pourra donc faire le même boulot sur les humains.

    © Guerse, Lhote – Fluide glacial

    Jamais plus vous ne lancerez la baballe à votre toutou comme avant. Maintenant que vous savez que vous êtes son meilleur ami, c’est d’un œil beaucoup plus drôle et aiguisé que vous reconsidèrerez votre animal, afin d’éviter de devenir trop con. Merci qui ? Merci Fluide glacial !


    One shot : Le meilleur ami du chien

    Genre : Humour

    Scénario : Olivier Lhote

    Dessins & Couleurs : Guillaume Guerse

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038206847

    Nombre de pages : 56

    Prix : 13,90 €


  • Les aventures de Lapinot 20 – Le chapeau maudit
    par Laurent Lafourcade

    Le pouvoir corrompt le meilleur

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     « -Ha ! Il faut m’aider ! Je… Je… Je deviens fou ! Toutes mes prédictions ont lieu ! Mon copain Rémi est mort. Il a été attaqué par un sanglier ! C’est un animal aux pieds fourchus comme le cochon. Je l’avais annoncé pour blaguer. Paul et Sophia se seont retrouvés écrasés par des éboulis alors que j’avais dit que le ciel allait leur tomber sur la tête. Ils sont morts aussi.

    -Ecoutez… Si vous pouviez me laisser en dehors de votre jeu… J’ai un copain qui a des soucis.

    -Mes… Mes trois amis sont morts… Je vais vous annoncer quelque chose, vous allez voir… Vous… Euh… Vous allez recevoir trois crottes d’oiseau sur la tête.

    -Super… »

                    Par une belle nuit étoilée de pleine lune, Richard et Lapinot se promènent dans la nature. Alors que Richard disserte sur la conquête du cosmos, Lapinot est plus cartésien. Ils retrouvent deux copines pour admirer ensemble au milieu de ruines locales une éclipse qui doit avoir lieu dans la nuit. Sur place, ils rencontrent une petite équipe de rôlistes dont un coiffé d’un grand chapeau et se nommant l’OMA, l’oiseau de mauvais augure, maître de la toile du temps, annonçant les malheurs à venir. Ce dont il ne se doutait pas, c’est que, Dieu sait par quel sortilège, son attribut allait passer à l’action. Quelques instants plus tard, pendant que Richard mange une chipolata avec un groupe de bikers, le joueur au chapeau annonce affolé à Lapinot que ce qu’il a prédit s’est réalisé. Ses amis, morts dans le jeu, sont morts pour de vrai ! Le lapin reste sceptique mais va rapidement se rendre compte de la véracité des faits.

    © Trondheim, Findlaky – Dargaud

                    « L’exquise mort est sans saveur… Apporte goût et chaleur à chaque homicide énoncé. » C’est face à un véritable OMA, oiseau de mauvais augure, que vont se retrouver Lapinot et ses amis, Fabien et Tania les ayant rejoints. Et qui, bien sûr, va mettre le chapeau sur la tête pour le tester ? On vous le donne en mille : Richard ! On vous laisse deviner ce que ça va donner sur la tête de l’incongru. Tout ce petit monde va se trouver au beau milieu d’une nuit fantastique et d’une sorte de quatrième dimension. Ce qui sûr, c’est qu’après cette nuit, ils ne verront plus jamais les éclipses comme avant.

    © Trondheim, Findlaky – Dargaud

                    Après une (ré-)incrusion à L’Association, son éditeur originel qui l’a mis sur le devant de la scène, Lewis Trondheim est de retour chez l’éditeur qui l’a fait connaître au grand public. Il faut croire que le 48cc ce n’était pas pour la maison de l’Hydre. Bref, où qu’ils soient, c’est toujours un bonheur incommensurable de retrouver Lapinot et ses amis. Ils sont ici les héros d’une mésaventure fantastique qui va les bouleverser au plus haut point. Sous couvert de surnaturel, Trondheim traite de questions métaphysiques : sommes-nous responsables de nos décisions ? Est-on guidé dans nos actions ? Les complotistes trouveraient une réponse politique improbable. Les autres questionneraient hasard et coïncidences. Ce chapeau, au fond, ne serait-il pas une des premières allégories de l’intelligence artificielle ? Dans la nuit sombre des couleurs de Brigitte Findlaky, Lewis Trondheim écrit un conte philosophique moderne.

    © Trondheim, Findlaky – Dargaud

                    Quand on ouvre un album de Lapinot, on ne sait jamais sur quel chemin il va nous mener. Chaque route en sa compagnie est un moment tout autant de réflexion que de bonheur de lecture. Chapeau magique, fait que Trondheim n’arrête jamais cette série.


    Série : Les aventures de Lapinot

    Tome : 20 – Le chapeau maudit

    Genre : Fantastique

    Scénario & Dessins : Lewis Trondheim

    Couleurs : Brigitte Findlaky

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782205213096

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,95 €


  • Les incroyables aventures de Gribouillis
    par Laurent Lafourcade

    Un catalogue diabolique

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    « -Héla ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Hé toi, qu’est-ce que tu fais là ? On ne veut pas de graffitis ici !! T’as compris la rature, on ne veut pas de toi sur notre page… Dégage !

    -Mais… Mais laissez-le tranquille ! Vous voyez bien qu’il est nouveau ici. »

    Un vilain gribouillis tout noir est chatouillé par une puce. Apparaissent une patte, une tête, une queue puis trois autres pattes. Le gribouillis canin a pris vie. Il est unique, il est quasi impossible de faire deux fois le même gribouillis. La bête entend une lamentation. Elle est intriguée et s’avance sur la page blanche, trop blanche, prudemment. Le gribouillis arrive au bout de la page où d’autres feuilles sont agrafées à la sienne. Au-delà de la petite attache de métal, il entend de nouveau la voix : « Mes yeux… Rendez-moi mes yeux ! ». Il se glisse de l’autre côté, et débarque dans un monde jusqu’ici pour lui inconnu. On ne peut pas dire qu’il soit accueilli chaleureusement. Une chaudière l’agresse, veut le faire dégager. Ce n’est pas le petit radiateur électrique qui le fera changer d’avis. Gribouillis est au beau milieu des pages d’un catalogue.

    © Turf – Delcourt

    De retour en pleurs sur sa page blanche, le pauvre malheureux est rejoint par un diablotin dans son cube. Le jouet l’accuse de troubler l’ordre de son catalogue, puis, finalement, semble s’attacher à lui. Il lui offre une ombre, puis la parole, sans succès, avant de lui attacher un collier et de le traîner dans les pages du magazine, tel un trophée de chasse. Entre les accessoires ménagers, les vêtements et les jouets, Gribouillis va rencontrer tout une faune surréaliste. Le diablotin le perd et appelle une peluche, un chien commissaire-principal, pour qu’il mobilise ses troupes afin de le retrouver. Pendant que les troupes s’organisent, Gribouillis s’introduit dans un coin de page brûlé derrière laquelle il découvre un château où habite une princesse à qui on a pris les yeux.

    © Turf – Delcourt

    Mumm n’est pas qu’une célèbre marque de champagne. C’est aussi l’acronyme des Merveilleuses Usines Mécaniques Modernes, dont nous sommes ici dans le grand catalogue, avec ses ustensiles, ses jouets, ses agrafes et son gribouillis. Turf écrit un conte surréaliste en noir et blanc. Il reste dans l’ADN Paul Grimault, comme dans La nef des fous, mais dans un ton plus décalé, plus acide. Hommage aux catalogues d’antan et aux crobars que l’on fait sur des bouts de page au téléphone, au moins à l’époque où les téléphones étaient à fil, ces incroyables aventures de Gribouillis est la réédition de l’album Gribouillis paru en 2003 et ayant bénéficié ensuite de deux tirages de tête. Ce nouveau titre, avec cette nouvelle couverture est plus cinématographique. Elle met en scène le Gribouillis et la princesse dans deux culs-de-lampe, tandis que le diablotin mène la troupe des chasseurs qui recherchent les fuyards. En fond, le château sombre trône sur une butte.

    © Turf – Delcourt

    Les incroyables aventures de Gribouillis sont écrites comme un rêve, avec ses instants improbables et ses rencontres inattendues. Toutes les histoires de princesse et de château ont quelque chose d’étrange, on le sait depuis Charles Perrault. Le conteur aurait-il imaginé qu’un jour un chien de traits de stylo vienne s’immiscer dans l’histoire ? On reste un peu circonspect à la fin. Mais après tout, n’est-ce pas l’apanage des rêves ?


    One shot : Les incroyables aventures de Gribouillis

    Genre : Aventure onirique

    Scénario & Dessins : Turf

    Éditeur : Delcourt

    ISBN : 9782413088431

    Nombre de pages : 120

    Prix : 17,50 €


  • Darwin’s incident 8
    par Laurent Lafourcade

    La frontière entre les espèces

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    « -Madame Lydia Eldred ? FBI.

    -Où est Lucy ?

    -Nous vous donnerons plus d’informations une fois que nous serons arrivés. Les autres nous attendent.

    -Merci d’avoir fait le déplacement, Madame Eldred. Tout d’abord permettez-moi de vous expliquer les choses dans l’ordre et…

    -Où est Lucy ? »

    En arrivant au siège du FBI à New-York, Lydia Eldred n’a qu’une question aux lèvres : Où est sa fille Lucy ? Elle a été capturée par Omelas, qu’elle suit pourtant sur les caméras de surveillance sans résistance. Ça ne change rien au fait qu’elle soit en danger. Il est trop dangereux de rendre l’affaire publique, on ne sait comment l’humanzee pourrait réagir. Avec Charlie, Omelas est le seul représentant de cette race hybride entre les humains et les singes. Du côté des terroristes de l’ALA, depuis que Feyerabend a été arrêté par les forces de l’ordre, c’est la débandade. Le seul endroit encore inconnu par le FBI est la tanière d’Omelas. Aurait-il amené Lucy dans ce lieu où il a passé les quinze premières années de sa vie ? Les recherches sont en cours.

    © 2024 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
    © KANA 2025

    Tous les sens de Charlie sont en éveil. Il peut sentir Lucy, la voir même à une distance où elle n’est pas plus grande qu’un grain de riz. Il promet à Lydia de lui ramener sa fille. Lors d’un interrogatoire, Feyerabend va glisser un indice à Charlie, sans que la police ne soit au courant. Dans l’antre de son « frère », Omelas n’est pas prêt à prendre le chemin de la rédemption. Lucy tente de lui faire comprendre qu’il doit arrêter de tuer, qu’il doit aller vivre quelque part où il n’aurait plus aucun contact avec les humains. Irréaliste et irréalisable pour l’hybride. Lui, ce qu’il veut, c’est créer d’autres êtres à son image afin que l’homme ne soit plus l’être dominant dans l’échelle de Darwin.

    © 2024 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
    © KANA 2025

    Les cartes ont été rebattues pour ce huitième épisode de Darwin’s incident. Plus personne n’a vraiment la main sur la suite des événements. Si Omelas a une petite longueur d’avance, il est loin de posséder toutes les clefs pour arriver à ses fins. Shum Umezawa introduit un nouveau personnage truculent en la personne de Gonzales. (Mais vous pouvez m’appeler Gonzo !) Conseillé par la député Linares qu’il a rencontrée quand elle est venue faire un discours près de chez lui avant les élections, il enseignait autrefois la chasse aux touristes, la seule activité qui rapportait un peu dans son bled. Depuis, il est devenu végane et a commencé à travailler pour elle. C’est pour cela qu’il escorte Charlie qui a rendez-vous avec la professeur Yuan.

    © 2024 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
    © KANA 2025

    On l’a déjà dit, Darwin’s incident est le meilleur seinen du moment. C’est un succès confirmé. Pour preuve, son adaptation en anime est en cours et est prévue pour une diffusion fin 2026.


    Série : Darwin’s incident

    Tome : 8

    Genre : Anticipation

    Scénario & Dessins : Shun Umezawa

    Éditeur : Kana

    Collection : Big Kana

    ISBN : 978505134305

    Nombre de pages : 160

    Prix : 7,90 €


  • La danseuse aux dents noires
    par Laurent Lafourcade

    L’ophtalmo du roi

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    « -Dans quel état d’esprit est le roi ?

    -En deux mots, il est mort de trouille. Et son entourage n’arrange rien. Entre les bonzes et les concubines… Bienvenue au Cambodge, professeur ! »

    Marseille, 1912. Le professeur Hermentaire Truc quitte la France pour le Cambodge. Afin d’aider la patrie à retrouver son prestige sur la scène mondiale, il se rend dans les colonies. A la veille de la Première Guerre Mondiale, mais ça personne ne le sait encore, il part pour le Cambodge afin d’opérer le roi Sisowath qui perd la vue à cause d’une cataracte. De mauvaises langues prétendent que l’action de la France n’est pas à la hauteur de sa mission civilisatrice. Sisowath est un souverain ami. Son voyage en France en 1906 accompagné de danseuses de son ballet royal a enflammé Paris. Il est un allié qu’il faut aider. Ce que le professeur Truc ignore, c’est que la rébellion est aux portes du palais, prête à s’emparer du trône et que les allemands espèrent que la France perde le Cambodge pour que le Siam, leur allié, mette la main dessus.

    © Stalner, Truc, Truc – Dupuis

    Voici donc le chirurgien embarqué pour l’Asie en compagnie de son fidèle assistant Guerlet, fidèle mais pas convaincu de l’intérêt de dépenser de l’énergie en Indochine alors que l’Alsace-Lorraine est à récupérer. Tout le monde ne sera pas ravi de voir Truc arriver à Saïgon. Après un traquenard raté en sortant de la fumerie d’opium Le Lotus Bleu, puis un autre sur le fleuve Mékong, le professeur atteint Phnom Penh. Au palais, en habits d’apparat, le Roi fume sur son trône. Une panthère noire pose avec fierté à ses côtés. Des musiciens accompagnent des danseuses, dont Simala, la favorite du Roi, aux dents teintes en noir, signe de grande noblesse et de séduction. Une fois le spectacle terminé, voici l’heure des présentations. Le souverain est très inquiet. La tâche ne va pas être simple pour Hermentaire Truc qui va devoir composer avec la crainte du Roi et les manigances allemandes qui vont tenter de faire échouer l’entreprise.

    © Stalner, Truc, Truc – Dupuis

    Basé sur les mémoires d’Hermentaire, La danseuse aux dents noires est scénarisée par les propres petits-enfants du chirurgien. Certains cartouches sont des reproductions in extenso de son carnet de voyage. L’homme va devoir accomplir une mission au service de l’aura de la France. Il ne se doutait pas qu’il allait se trouver au milieu d’un nid d’espion. Mais ça, c’est pour la dramaturgie du récit. Le fonds historique est néanmoins bel et bien véridique. Le cahier documentaire en fin d’album démêle le vrai du faux, mais on a tellement envie de croire en tout. On est vraiment dans un principe similaire à l’adage : Si la légende est plus belle que la réalité, alors écrivons la légende. Les photos de l’aïeul et de ses souvenirs, ainsi que celles du Roi, immergent dans l’époque. Ça en est presque troublant. On en apprend également plus sur ces « dents noires », qui étaient réellement teintés pour devenir des outils de séduction.

    Eric Stalner a relevé le défi de dessiner cette histoire si loin de ce qu’il fait d’habitude. En amenant Hermentaire Truc au Cambodge, il l’immerge tel un chien dans un jeu de quille. Dépaysant tout autant pour le dessinateur que pour le personnage. L’auteur fait également un travail de coloriste maîtrisé puisqu’on ressent la tiédeur et l’humidité de la région en la saison de l’action.

    © Stalner, Truc, Truc – Dupuis

    La cour est une ménagerie où les coups de griffe peuvent être mortels. Le professeur et le héros ne font qu’un dans cette fiction transformant des faits réels en thriller diplomatique. La danseuse aux dents noires est l’un des événements de la rentrée BD.


    One shot : La danseuse aux dents noires

    Genre : Biopic romancé

    Scénario : Jean-Laurent & Olivier Truc

    Dessins & Couleurs : Eric Stalner

    Éditeur : Dupuis

    Collection : Aire Libre

    ISBN : 9782808508087

    Nombre de pages : 128

    Prix : 21,95 €


  • Ange Leca 2 – Monstres américains
    par Laurent Lafourcade

    Perdues de vue

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    « -Ange, look ! Le New-York building de Joseph Pulitzer ! Un sacré morceau ! Jusqu’en 1894, c’était le plus haut du monde.

    -C’est donc là que Clouët travaille…

    -Ah ok… T’es pas venu à New-York pour nous aider en fait.

    -Pas seulement, c’est vrai. Mais garde ça pour toi, d’accord ?

    -Si tu me dis pourquoi t’es ici.

    -Pour une femme à laquelle je tiens. Mais je vais faire de mon mieux pour aider ton père. »

    Eté 1911. Direction New-York pour Ange Leca, journaliste d’origine corse, et son chien Clémenceau. César Capponi, détective chez Pinkerton, va l’héberger. Ange est sollicité par un ami de Démétrius pour mener une enquête. Associé à William Hearst, Clouët des Pesruches fait son beurre dans le sensationnalisme. Il s’affiche aux bras d’une jeune italienne de 19 ans. Qu’a-t-il donc fait d’Emma pour laquelle Ange n’est pas insensible ?  Ange va aussi devoir aider César dans une autre énigme. Miss Blackstone, la fille d’un client, qui a servi de modèle pour le grand peintre William Henry Huddle, et son mari Robert Newcomb auraient vendu aux enchères à prix d’or l’une de ces toiles. Comment ont-ils pu faire cela ? Etait-ce un faux ? Les Newcomb et le tableau sont en tous cas introuvables. Ange Leca est sur deux fronts. Il est plus attaché à l’une qu’à l’autre. Il se trouve que dès le lendemain, Clouët des Pesruches sera présent au New-York fencing club’s house warming party, un événement privé. Mais le jeune Ray, vendeur de journaux un peu et fouineur beaucoup, pourrait s’arranger pour dégoter une invitation pour Ange.

    © Graffin, Ropert, Lepointe – Bamboo

    Il va rapidement s’avérer véridique que les Blackstone ont bel et bien vendu un tableau familial. Ils se sont évaporés ensuite dans la nature, comme s’ils voulaient échapper à l’ire paternelle. C’est une enquête de tous les dangers qui attend Leca. La mafia est sur sa route, menaçant leurs proies par des lettres signées de la Main Noire avant de leur offrir une coûteuse protection. Les féministes du Women’s press club vont-elles aider le corse dans ses recherches ? Ce qui l’intéresse avant tout, c’est de retrouver Emma. Cela va l’amener à franchir les portes de la folie, gardées par un médecin encore plus fou que ses patients, le Docteur Henry Cotton, qui a réellement existé.

    © Graffin, Ropert, Lepointe – Bamboo

    Tom Graffin & Jérôme Ropert scénarisent un thriller sombre et dépaysant. Beaucoup de personnages et de noms à retenir, mais ni l’époque, ni le lieu de l’enquête ne sont un prétexte. Ils les utilisent à bon escient faisant de la ville un personnage à part entière, comme Paris dans le premier tome. Entre docteur boucher et serial killer, l’enquête glauque ne déplairait pas à Jean-Christophe Grangé.

    Le Beaver building new-yorkais trône en couverture. Des villas somptueuses du Cap Corse aux gratte-ciels imposants de l’Amérique, Victor Lepointe s’applique pour des décors minutieux. Quel grand écart à côté de ces organes qui dégoulinent lors de l’autopsie d’un cadavre. Les couleurs ambiance sépia sans l’être vraiment immergent dans l’époque, dans un rouge feu succédant à la dominante bleu eau de la crue de la Seine.

    © Graffin, Ropert, Lepointe – Bamboo

    Ange Leca est un homme qui a des failles et des faiblesses. Il s’implique comme personne dans des histoires où il mêle son but et ses sentiments. Avec ses enquêtes, les auteurs nous promettent un tour du monde. Après Paris et New-York, on le retrouvera bientôt à Londres. Vu les dates, peut-être montera-t-il un jour à bord du Titanic ? Pour l’instant, c’est dans la Grosse Pomme et ses alentours qu’il traîne avec son chien.


    Série : Ange Leca

    Titre : 2 –Monstres américains

    Genre : Polar

    Scénario : Tom Graffin & Jérôme Ropert

    Dessin & Couleurs : Victor Lepointe

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Grand Angle

    ISBN : 9791041109265

    Nombre de pages : 72

    Prix : 15,90 €


  • Moonlight Express
    par Laurent Lafourcade

    Monument girl

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    « -Messieurs, voici le père Draganovic qui a signalé l’existence des œuvres dont nous préparons le sauvetage d’ici quelques jours…

    -Enchanté, messieurs.

    -D’ici quelques jours ?

    -Hier, à Francfort, le père Draganovic nous a convaincus de couvrir, par une action de police, la récupération de ces objets en zone russe. »

                    Berlin, Noël 1946, venue de Paris, Clarisse d’Arcier est accueillie par le sergent Norman Bold. Elle vient retrouver son père, mais surtout le sergent Jay Johnson, qui ne semble pas ravi de retrouver son amoureuse. Pourquoi donc ce casseur de cœurs de porcelaine ne l’aime-t-il plus ? Bref, l’affaire semble réglée. On ne se dit rien, mais tout est dit. Surgit des décombres de la ville détruite, un jeune homme avance hagard vers les soldats. Bold lui propose à manger mais le gamin semble plutôt intéressé par un harmonica. Le militaire le lui tend. Il s’en empare et se met à jouer, à merveilleusement jouer. C’est le premier contact de Clarisse avec le génie musical de V. La musique de Bach se répand dans l’univers avec que l’impromptu ne s’en aille avec l’instrument.

     © Clérisse, Smolderen – Seuil

                    Le lendemain matin, Clarisse retrouve son père dans son bureau. Celui-ci vient de présenter le père Draganovic à Bold et Johnson. L’homme d’Eglise a signalé l’existence d’œuvres d’art à sauver. Il faut les exfiltrer sans alerter les russes, sous prétexte des trafics qui s’y tiennent. C’est la mission qui attend la troupe. Clarisse, elle, semble plutôt motivée pour retrouver le joueur d’harmonica. C’est dans la soirée, après être sortis d’un club de jazz, que Clarisse et Norman vont retomber sur V., faisant la manche dans la rue avec l’instrument. Personne ne semble savoir d’où il vient. Tout le monde l’appelle Vi, V. like victory. Et le voilà encore une fois reparti comme il est venu. Sur les ruines fumantes de la capitale exsangue, amours et amitiés se jouent et se déjouent jusqu’à ce qu’un assaut dans un train ne vienne bouleverser le destin. La suite, c’est douze ans plus tard, à Los Angeles. Les souvenirs vont ressurgir et les stigmates de l’après-guerre recommencer à saigner.

     © Clérisse, Smolderen – Seuil

                    Moonlight Express est tout autant une histoire de guerre qu’une histoire d’amour. Fresque historique se déroulant sur plusieurs années, on y suit des destins brisés, non pas par la guerre, mais par ses conséquences. Comme à son habitude, Thierry Smolderen n’écrit pas un scénario linéaire, ses personnages sont tout sauf formatés. Il n’y a pas de héros dans les récits de Smolderen, il y a tout simplement des humains. Il faut parfois s’accrocher pour comprendre les agissements de chacun, mais lorsque les fils se dénouent, tout est justifié. Il y est question d’art aussi pour ces Monuments Men pour qui les affaires sont toujours en cours tant qu’elles ne sont pas clôturées.

                    Dans son style graphique « flat » design, inspiré du Bahaus d’une après-guerre moderne, Alexandre Clérisse fait une fois de plus des merveilles avec des séquences incroyables comme au club de jazz, après l’attentat ou bien au parc d’attraction.

     © Clérisse, Smolderen – Seuil

                    Moonlight Express est un polar noir aux couleurs parfois chatoyantes. C’est paradoxal mais ça fait aussi partie du propos. Il en ressort également un côté âge d’or hollywoodien. Est-ce parce que les héros sont américains ? En blonde, Audrey Hepburn aurait en tous cas été impeccable dans le rôle de Clarisse.


    One shot : Moonlight Express

    Genre : Espionnage

    Scénario : Thierry Smolderen

    Dessins & Couleurs : Alexandre Clérisse

    Éditeur : Seuil

    ISBN : 9782021551204

    Nombre de pages : 160

    Prix : 25 €


  • Boulevard Tintin – Tintin c’est l’aventure 25 – Qui sont les Tintin d’aujourd’hui ?
    par Laurent Lafourcade

    Chaque aventurier est un peu Tintin

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    « -Et toi, l’aventure ne te manque pas ? Assis toute la journée ?

    -Haha ! Mais pas du tout ! Regarde-ça ! L’aventure est là, sous mon crayon ! L’aventure ne termine jamais. Tant qu’il y aura du monde et des BD pour y rêver. »

    Dans une mise en abime de quatre planches, l’autrice Alix Garin s’immerge dans les coulisses de la création. Expérience, inspiration et expression sont les trois piliers du créateur. La statue de Hergé va lui apprendre que raconter une histoire, c’est avant tout partager un regard, c’est partir à l’aventure pour un voyage qui n’aura pas de fin tant qu’il y aura des gens pour ce partage et ce rêve. On ne pouvait pas rêver plus bel argument pour le dernier numéro du magazine co-édité par Moulinsart et Géo : Tintin, c’est l’aventure.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Comme d’habitude, tous les articles sont illustrés par des images de Tintin et les sujets replacés au cœur de ses aventures. Dans la rubrique Panorama, on se demande entre autres si des animaux d’espèces différentes peuvent communiquer. C’est l’occasion de revenir sur l’inimitié entre Milou et la pie voleuse des Bijoux de la Castafiore. Dans un sublime portfolio, on (re)découvre un Hergé au crayon vagabond, à travers les archives personnelles de l’auteur : images de Tintin évidemment, mais aussi illustrations pour des livres, croquis de recherche… et papier peint ! L’essentiel du recueil est consacré aux Tintin d’aujourd’hui, ces aventuriers, nourris ou pas par les aventures du reporter, mais marchant tous sur ses pas… pour de vrai.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Leurs profils sont très divers. On trouve la première journaliste sous-marinière Nathalie Guibert, un médecin en terre inconnue Anaïs Pélier, un explorateur des climats extrêmes Christian Clot, une des plus célèbres navigatrices Isabelle Autissier, et bien d’autres encore. Il y a aussi des écrivains comme Alexis Jenni, surnommé l’anti-voyageur, qui a un rapport littéraire à l’idée d’aventure, ou encore Sonja Delzongle qui est partie en Ecosse, terre de légendes, à la demande de son éditeur, sur les traces du monstre du Loch Ness. Le titre de son livre ne fait pas de doute quant au clin d’œil à Hergé : Sur l’île noire.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Le recueil se clôt par l’extrait de l’album Antipodes, signé David B. et Eric Lambé, paru chez Casterman, racontant l’aventure d’un colon français dans une tribu d’anthropophages au Brésil au XVIème siècle.

    Avec ce vingt-cinquième numéro, le mook Tintin c’est l’aventure tire sa révérence. L’aventure éditoriale aura été une merveilleuse invitation au voyage. Celui-ci est loin d’être terminé, parce que quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Série : Tintin c’est l’aventure

    Tome : 25 – Qui sont les Tintin d’aujourd’hui ?

    Genre : Reportage

    Rédactrice en chef : Myrtille Delamarche

    Directeur éditorial : Didier Platteau

    Scénario & Dessins : Hergé

    Éditeur : Moulinsart/Géo

    Nombre de pages : 144

    Prix : 19,99 €


  • Les aventures de Spirou et Fantasio Classique – Le trésor de San Inferno
    par Laurent Lafourcade

    Les catacombes du désert

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    « -Bienvenue à San Inferno ! Gracias ! Grand merci d’être venus !!

    -Bonjour.

    -Je suis Sofia. La femme du Maire.

    -Moi c’est Fantasio et voilà Spirou. Derrière, ce sont nos animaux de compagnie…

    -J’ai hâte de rencontrer monsieur le Maire.

    -Il est là.

    -Où ça ? Dans le désert ? Il fait pousser du sable ?

    -Juste là… On l’a enterré y a un an. »

                    Spirou, Fantasio et le Marsupilami arrivent en jeep en plein désert. Là où ils vont, c’est le scoop du siècle… Non, du millénaire ! Fantasio espère bien qu’ils sont les premiers. C’est compter sans Seccotine, qu’ils croisent sur leur route avec un petit problème de moteur. Au grand désarroi de Fantasio, ils vont la secourir et l’accueillent dans leur véhicule. Elle sait qu’ils sont là pour une histoire de squelette. La blondinette compte bien participer à la quête. Parvenus au village de San Inferno, ils sont accueillis par la femme du Maire. Ce dernier, mordu par un serpent, piqué par un scorpion puis une mygale, gît six pieds sous terre. Mais bon, il est mort en riant ! Dans ce pauvre village où les activités se résument à picoler et à survivre, la veuve, Sofia, accueille les journalistes et les installe dans un gîte sommaire. Ensuite, elle leur présente la grotte dans laquelle les anciens enterraient leurs morts… enfin… les laissaient se dessécher dans des niches. De vraies catacombes. C’est en ces lieux qu’elle va leur présenter une découverte hors du commun : un squelette d’extraterrestre ! Mais il ne va pas tarder à être subtilisé, puis mis en miettes. Heureusement, il reste le médaillon qu’il portait autour du coup, forgé dans un métal inconnu.

    © Tarrin, Trondheim – Dupuis

                    En bon samaritain, Spirou accepte d’aider la mairesse à dégager le passage pour créer de nouveaux espaces de logement dans la sépulture, ce passage menant à ce que les anciens appelaient «Horado», percé en espagnol. Tout cela n’a pas l’air de réjouir Rodrigo, qui avait tenté de ravir le squelette de l’extra-terrestre. De plus, pour un macho comme lui, une femme qui dirige la commune, c’est carrément inconcevable. Entre le squelette de l’espace, l’entrée débouchée vers une cité troglodyte précolombienne et des manuscrits relatant de fantastiques histoires, Fantasio peut caresser l’espoir d’enfin décrocher le prix Pulitzer. Il va vite déchanter. Tout n’est pas si clair au cœur des civilisations retrouvées.

    © Tarrin, Trondheim – Dupuis

                    Après Le tombeau des Champignac et Spirou chez les Soviets, Fabrice Tarrin remet le couvert pour la troisième fois. Après Yann et Fred Neidhardt, c’est cette fois-ci un scénario de Lewis Trondheim qu’il met en image pour la collection Spirou et Fantasio classique avec un trait à mi-chemin entre La corne de rhinocéros et Le prisonnier du Bouddha, dans la grande époque franquinienne. Pourtant, le dessinateur avait juré qu’on ne l’y reprendrait plus…sauf pour une histoire qui se passerait en plein désert. Avec Trondheim, il n’y a qu’à demander et le couturier scénariste vous sert ce que vous voulez sur un plateau. Pour la première fois, Tarrin a pu mettre en scène le Marsupilami, accompagné ici de petits oiseaux bien bavards, les volubilos, qui ont la fâcheuse manie de répéter ce qu’ils entendent. Une petite trouvaille réjouissante. Les auteurs ont réussi leur coup, celui de rassembler les nostalgiques d’une époque bénie et les nouvelles générations pour une aventure mystérieuse.

    © Tarrin, Trondheim – Dupuis

                    Avec cette nouvelle collection Spirou et Fantasio classique, dont c’est le deuxième épisode, la série-mère a du souci à se faire. Il est difficile de s’y retrouver dans le Spirou-verse, mais avec des albums comme celui-ci, l’ADN du groom est préservé et en de bonnes mains.


    Série : Les aventures de Spirou et Fantasio Classique

    Tome : Le trésor de San Inferno

    Genre : Aventure

    Scénario : Lewis Trondheim

    Dessins & Couleurs : Fabrice Tarrin

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 97828008510417

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,50 €


  • La nuit est belle
    par Laurent Lafourcade

    Les marginaux de Paris by night

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    « -C’est trop tard, Monsieur.

    -Soyez sympa. J’étais bloqué dans le métro.

    -L’enregistrement est terminé. L’avion va décoller.

    -Attendez ! Attendez !!! Et voilà.

    -Désolée, Madame.

    – L’avion va décoller.

    -Hein ? Mais j’ai une répétition demain. Je dois absolument y être.

    -Le prochain vol pour Miami est dans trois heures. C’est le dernier avant demain midi. Il est complet. »

    Un homme et une femme qui ne se connaissaient pas ratent tous deux le même avion. Il y a une toute petite chance d’y avoir de la place dans le suivant, si des retardataires ne se présentent pas. Jusqu’au dernier instant, l’espoir… Pfff !… Puis l’envol…de l’espoir. Les deux inconnus vont devoir attendre jusqu’au lendemain midi. Alors qu’elle s’apprête à aller prendre une chambre dans l’un des hôtels de l’aéroport, il lui propose d’aller faire un tour à Paris avec sa voiture. Il ne la drague pas. C’est juste qu’il est insomniaque. Elle propose une visite du cimetière du Père-Lachaise. Mince ! Elle a oublié qu’il était fermé la nuit. Qu’à cela ne tienne ! Ils vont faire le mur. Elle rêve de revoir la tombe d’Oscar Wilde qu’elle venait embrasser ado, les lèvres maculées de rouge, avec une copine pour célébrer la liberté d’aimer. Quelle déception ! Ils ont mis un vitrage sur la partie basse pour éviter les baisers.

    © Guarino, Graham – Bamboo

    Les visiteurs ne vont pas tarder à se faire surprendre par un drôle de gardien : le fantôme de l’écrivain en personne. Il ne voulait pas les effrayer. Non, ce qu’il veut, c’est juste être tranquille, sortir pour piquer deux ou trois bouquins pour lire un peu. A trois, pour une balade nocturne dans Paris, ça va être plus fun, surtout quand on est poursuivi par une voiture de police. Pour Oscar, si le duo a raté l’avion, il y a bien une raison : c’est que chacun a quelque chose à régler. Elle, elle n’a plus son amie. Lui, il est poursuivi par le fisc. Bon, en attendant, comme il s’est blessé à la jambe, il faudrait trouver une pharmacie de garde. Le trio ne va pas tarder à devenir quatuor. A quatre, pour une balade nocturne dans Paris, ça va être plus fun.

    © Guarino, Graham – Bamboo

    Un vrai-faux loser, une super danseuse, un quasi-fantôme et une pharmacienne phénomène, quatre personnes, quatre destins qui n’auraient jamais dû se croiser, et pourtant… Les voilà réunis pour faire face à leurs passés, pour retrouver un sens à leur vie… ou à leur mort. David Graham écrit une quête de sens pour un quatuor en peine. Le fantôme d’Oscar Wilde est le d’Artagnan de trois mousquetaires vivants perdus dans la nuit, dont on ne connaît pas les prénoms, ce n’est pas anodin, et qui refoulent leur souffrance. Après Les vies de Charlie, Aurélie Guarino met de nouveau son émouvant graphisme au service des âmes. Formidable coloriste, elle met en scène les lumières de la nuit, des allées du Père-Lachaise jusqu’aux boulevards parisiens. Le parvis de l’Opéra Garnier est le théâtre d’une scène hors du temps. Peu à peu, la nuit laisse place au petit matin. L’occasion pour l’autrice de déployer un nouveau panel colorimétrique.

    © Guarino, Graham – Bamboo

    La nuit est belle est un hommage à la magie de la nuit, celle où les gens dorment et où seules quelques âmes de vivants et de morts hantent les rues. Le temps est comme suspendu. C’est le moment où l’on refait sa vie et où la vie nous refait. Tiens, si on en profitait pour lire un livre d’Oscar Wilde, autre que le fantôme des Canterville ? Ça lui ferait tellement plaisir…


    One shot : La nuit est belle

    Genre : Emotion

    Scénario : David Graham

    Dessins & Couleurs : Aurélie Guarino

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Grand Angle

    ISBN : 9791041105373

    Nombre de pages : 96

    Prix : 19,90 €


  • Wild West 5 – Rédemption 
    par Laurent Lafourcade

    Ses biens chers frères, ses biens chers sœurs…

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    « -Depuis combien de temps êtes-vous installés à Dolores City ?

    -Un peu plus d’un an.

    -Ah ! Le temps file si vite ! Vous vous êtes parfaitement intégrés. Les enfants adorent votre femme et votre petite Ingrid est la plus douce des enfants.

    -J’ai beaucoup de chance.

    -Vous êtes un homme peu loquace, Bill.

    -L’air est sec par ici, inutile de perdre de la salive en paroles.

    -Hé hé ! J’avoue qu’au départ, j’étais très méfiant vis-à-vis de votre nomination. Votre réputation était sulfureuse ! Mais force est de constater que l’ordre règne. Et c’est grâce à vous !

    -Je n’ai fait que mon boulot.

    -Certes ! Mais avec une efficacité redoutable. Plus aucun desperado n’ose se montrer en ville. C’est pourquoi j’ai une proposition à vous faire. »

                    Wild Bill, Calamity Jane et Charlie Utter ont posé leurs valises entre Californie et Nevada, à Dolores City. Si Calamity se distingue par ses beuveries, Charlie est postier et Wild Bill Hickok arbore une étoile de shérif. Sa femme est l’institutrice de la ville. Ce soir, le couple est invité à dîner chez les Coleman. L’industriel a une proposition à faire à Wild. L’exploitation de Borax est en plein essor. Il ouvre de nouvelles mines et va devoir s’absenter souvent. Il lui faut un homme de confiance sur place pour assurer ses arrières. Contre toute attente, malgré un salaire et un encadrement assurés, Wild Bill refuse. Il a trop à faire avec son poste de gardien de la loi.

    © Gloris, Lamontagne – Dupuis

                    La relative quiétude de la ville ne va pas tarder à voler en éclats. Voici que débarquent Charles, Catherine et leur oncle Louis. Ils ont racheté le ranch W et viennent s’installer dans un coin isolé de la commune pour élever dix têtes de bêtes à cornes. La population ne se doute pas que c’est ce petit groupe qui, quelques jours plus tôt, a braqué un train en compagnie d’autres desperados, tuant allégrement quiconque oserait les empêcher de repartir avec le contenu du coffre-fort. Ce qu’eux, les bandits, n’avaient pas prévu, c’est que Cath allait retrouver dans la rue quelqu’un dont elle a bien l’intention de se venger. Le problème, c’est que ce n’est pas n’importe qui dans la ville.

    © Gloris, Lamontagne – Dupuis

                    Comme à son habitude, Thierry Gloris écrit une histoire avec une encre de poussière et de sang. Loin des westerns édulcorés comme on peut en lire tant, Wild West semble beaucoup plus proche du Western Reality, avec ses meurtres sanglants, ses hold-up et ses viols. Il n’y a pas beaucoup d’enfants de chœur. N’est-ce pas, Monsieur le Pasteur ? Rédemption est une histoire de vengeance, mais aussi une mise en garde sur l’endoctrinement des foules. Sur des paroles facilement crues, des hommes peuvent devenir des barbares dans la certitude du bienfait de leurs actes. Tout ne fait que commencer dans cette première partie d’un nouveau diptyque. On verra bien comment ça va se dérouler dans la suite. Avec le scénariste Gloris, tout peut arriver à tout le monde. Certains vont y laisser des plumes. Bien malin celui qui pourra dire qui.

                    Jacques Lamontagne ensauvage l’épisode, plutôt citadin, avec son trait réaliste et ses visages qui se rapprochent de plus en plus des personnages de Norman Rockwell.

    © Gloris, Lamontagne – Dupuis

                    La rédemption est l’action de racheter ou de se racheter au sens religieux ou moral. Dans Wild West, toutes les rédemptions sont bonnes à prendre, encore faut-il avoir l’occasion et la volonté de le faire. Dans Wild West, la vengeance est un plat qui se mange à toutes températures.


    Série : Wild West

    Tome : 5 – Rédemption

    Genre : Western

    Scénario : Thierry Gloris

    Dessins & Couleurs : Jacques Lamontagne

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808506618

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15,95 €


  • Léonard 56 – Eclair de génie
    par Laurent Lafourcade

    Pas de court-circuit dans l’invention

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    « -…Tromblon polisson ?

    BLAM

    -Check ! Gant de boxe taquin ?

    GNON

    -Check ! Marteau rigolo ?

    PAF

    -Bâton de dynamite facétieux !

    -J’allais y venir !

    -Ch…e…ck !

    -Bon ! Tout est en état de marche, on peut commencer à présent ! »

                    Léonard et Basile, son fidèle et bien (trop ?) dévoué disciple, vérifient que tous les instruments sont en état de marche. Le tromblon, le gant de boxe, le marteau et même l’enclume sont en parfait état de marche. Disciple va pouvoir en prendre encore une fois plein la figure. Nos héros vont pouvoir passer aux choses sérieuses. Pas de temps à perdre, c’est que Léonard à un statut de plus grand génie de l’humanité à défendre, lui. Le disciple, lui, comme d’hab, va servir la science… et c’est sa joie… pardon… f’est fa voie… , parce qu’ils va laisser quelques dents sur le parquet.

    © Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard

                    Pendant que le facteur est invité par Mathurine à prendre un petit remontant – Ma foi, c’est si gentiment proposé -, Léonard demande à Disciple de se mettre tout nu dans la baignoire. Mais ? On n’a pas l’habitude de lire ça dans Léonard ? On a vu assez d’horreurs à la guerre ! On ne va quand même pas tomber dans le « Olé olé ». Meuh non… D’abord, on n’a jamais vu quelqu’un prendre sa douche habillé. Et puis, le génie a une nouvelle invention à tester. Ouf ! C’était pour ça. Le savant vient d’imaginer la première douche avec distributeur de gel incorporé grâce au pommeau shampouineur Léonardeau. On va avoir de la mousse plein les yeux, et peut-être même dans le verre du facteur. Ce test n’est que pour la première de toutes les inventions que Léonard va mettre au point dans ce cinquante-sixième album, déjà le dixième scénarisé par Zidrou.

    © Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard

                    Pêle-mêle, le lecteur va donc découvrir les origines du baby-sitting, les analyses médicales, les bougies comestibles, la pêche au gros, le véganisme (hilarant), la clé à percussion et la robe de mariée. La robe de mariée ? Et oui, Léonard en pince pour Gigliola, la jolie voisine. Mais il y a un hic ! Elle est jeune, et lui plus vraiment. Disciple, lui, apprendra qu’on ne s’adresse pas de la même façon à Mozzarella et à son patron. « C’est quoi le mot magique ? ». Il ira aussi se détendre, ou pas, à la fête foraine. Ce sera l’occasion pour Turk de lui en mettre plein la poire dans une histoire texaveryssime. L’album marque aussi le retour des frères Schippatore, bandits de grands chemins. Pour terminer, un petit tour en Léonardmobile nous amènera à la campagne, dans la Siliconvali, où le génie prévoit d’installer le futur centre névralgique de l’innovation technologique.

    © Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard

                    Léonard, Basile et Raoul prennent le jus. Court-circuit, certainement, mais à court de gags, certainement pas. Cinquante ans au compteur et le génie à encore et toujours des choses à inventer pour nous électrocuter de rire.


    Série : Léonard

    Tome : 56 – Eclair de génie

    Genre : Humour ingénieux

    Scénario : Zidrou

    Dessins : Turk

    Couleurs : Kaël

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808212465

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,50 €


  • Tokyo Cannabis 5
    par Laurent Lafourcade

    Des yens dans la chlorophylle

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    « -Qu’est-ce qui vous amène ?

    -Euh… est-ce que Morio est ici ?

    -Ah ! Oui, il est à l’intérieur ! Mais il est en pleine réunion, là ! Il ne peut pas sortir.

    -Il est donc bien ici… Euh… Kagayama… Quel genre de travail mon mari fait ici ? »

    En cherchant son époux Morio, Madame Chitô ne savait pas qu’elle allait mettre la main dans un engrenage dangereux. Elle ne le sait toujours pas d’ailleurs, grâce à la malice de Kagayama qui va parvenir à l’enfumer au sens figuré du terme (pas mal pour une histoire de pétards) pour qu’elle reparte rassérénée. Il lui fait croire que son mari lui donne un coup de main dans la culture et le commerce de « simples » plantes vertes et que l’importante somme d’argent qu’elle a trouvé chez elle n’est que le fonds de roulement de leur entreprise. Elle ignore donc encore, et certainement pour son bien, que Morio met au point des pieds de cannabis d’une qualité exceptionnelle pour fournir une beuh tout aussi remarquable. Les premiers clients sont épatés. Ils surnomment Morio King. Le fleuriste va tout faire et plus encore pour être à la hauteur de ce sobriquet.

    © 2022 by Yuto Inai / Coamix
    © Inai – Kana 2025

    Il va falloir commencer à distribuer la Super Mick X en faisant gaffe de ne pas se faire gauler par le gang des Kurobe. Morio et Kagayama ont fait de la pub sur les réseaux sociaux. Ce soir, c’est avec les Bad Dog d’Ikebukuro qu’ils vont dealer, une organisation de malfrats bagarreurs dirigée par Gozu, leur chef de troisième génération qui se fait appeler « tête de bœuf ». Un kilo à 7000 yens le gramme, ça fait sept millions. Mais il faut rester sur ses gardes face à ce genre de truand. Le rendez-vous est fixé dans un garage dans la pénombre. Le deal va bien mal commencer. Morio va devoir user de diplomatie et de stratégie pour s’extirper d’une situation bien mal engagée. Son secret : un regard aussi déterminé que celui des truands. Ce qu’il veut c’est vendre, vendre, vendre… pour mettre sa famille à l’abri de tous les besoins.

    © 2022 by Yuto Inai / Coamix
    © Inai – Kana 2025

    Yûto Inai ne semble pas prêt à sortir Morio de l’engrenage infernal dans lequel il se trouve. Le cultivateur est en pleine guerre des gangs. Morio pense avoir tué Maruyama. Il ne sait pas qu’il est encore vivant, dans une clinique privée, et qu’il vient de se réveiller, amnésique. D’après le médecin, malheureusement, ses souvenirs peuvent revenir à tout instant. S’il parle à Shimizu, c’est foutu. Alors qu’on croyait avoir déjà eu à faire avec l’ensemble du panel des brigands possible, Inai introduit un nouveau fou furieux en la personne de Gaoh, chef charismatique des Omega de Shibuya, un jeune homme dont la vie dans sa boîte de nuit est dédiée à l’alcool, aux filles en petites tenues… et à la drogue. L’individu n’hésite pas à régler ses comptes en direct dans la violence et dans le sang, sous les yeux d’un public camé voué à sa cause.

    © 2022 by Yuto Inai / Coamix
    © Inai – Kana 2025

    Yûto Inai montre les dangers d’un poison destructif à éradiquer de la planète. Il est la dernière étape avant les drogues dures. Sa légalisation serait une porte ouverte vers un drame de santé mondial organisé. Tokyo Cannabis est un manga addictif qui permet d’y prendre garde.


    Série : Tokyo Cannabis

    Tome : 5

    Genre : Seinen Thriller

    Scénario & Dessins : Yûto Inai

    Éditeur : Kana

    ISBN : 9782505133186

    Nombre de pages : 160

    Prix : 7,90 €


  • Le réseau Papillon 10 – Les chemins de la Libération
    par Laurent Lafourcade

    Divisions et blindés

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    « -Tiens, salut Arnaud ! Je ne t’ai pas vu au camp aujourd’hui…

    -Non.

    -Ça n’a pas l’air d’aller.

    -Qu’est-ce qu’on va faire une fois la guerre terminée ? Tu sais, toi ? Moi, je ne sais pas.

    -Mes vieux veulent que je reprenne la ferme, tu imagines mon angoisse.

    -Ha ha ! C’est clair ! Je ne te vois pas agriculteur !

    -Au fond de toi, tu veux faire quoi ?

    -Tu vas te moquer de moi si je te le dis… Je veux être un héros… »

                    Août 1944, dans l’Orne. Ça fait deux mois déjà que les américains ont débarqué en France et repoussent l’envahisseur. Les troupes de Patton et de Leclerc remontent vers la Loire. Mais les nazis n’ont pas dit leur dernier mot. Ils tentent de maintenir leurs positions. La deuxième DB du Général Leclerc, avançant vers Alençon, va pouvoir compter sur les maquisards du réseau Papillon pour lui prêter main forte. A Saint-Cénéri, le Maire collabo voit se dresser face à lui une Elise déterminée qui lui rappelle ce que son père a fait pour protéger le village des boches. Arnaud, voyant la guerre approcher de la fin, ne se voit pas rester inactif. Il veut être un héros et participer activement à la Libération de la France. Au même moment, depuis Londres, Edmond enrage de ne pas pouvoir faire plus pour sauver ses parents.

    © Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle

                    Qu’ils se rassurent, les membres du réseau Papillon ne vont pas camper sur leurs positions. L’armée de Leclerc leur demande de les rejoindre aux abords de Champfleur car ils vont attaquer Alençon incessamment. Mais il y a une urgence. Maria a des contractions et perd du sang. Arnaud et Gaston vont l’amener d’urgence à Alençon dans le camion de François. En Angleterre, Edmond demande à être enrôlé comme pilote dans la Royal Air Force. En vain, on a trop besoin de lui aux transmissions. Quant à elle, au village, Elise doit éviter des tentatives de corruption de l’adjoint au Maire voyant le vent tourner et souhaitant retourner sa veste.

    © Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle

                    Nicolas Otéro et Franck Dumanche, avec son co-scénariste Michel-Yves Schmitt, n’épargnent rien aux membres du Réseau. Le temps a passé. Ce ne sont plus les jeunes adolescents du début. Ils ont grandi. La guerre les a fait grandir plus vite qu’ils n’auraient dû. Nous, lecteurs, savons exactement quand et comment la guerre va se terminer. Eux voient venir cette issue mais ne connaissent pas les échéances. C’est un paramètre qu’il est complexe de concevoir avec le recul que l’on a. Alors qu’on imagine qu’ils ont subi le plus dur, les auteurs les mettent encore dans des situations où ils vont devoir s’affirmer et assumer leurs choix. C’est le destin des héros. Après tout, c’est ce que souhaite ardemment Arnaud.

    François Mathivet rédige un carnet documentaire qui replace certaines séquences de l’histoire dans leurs contextes précis. En particulier, on connaît bien le Général Leclerc, mais on découvre qu’André Mazeline, instituteur normand résistant, a guidé la deuxième DB dans la forêt d’Ecouves vers Alençon. Il a poursuivi l’œuvre de Jean Moulin en unifiant les mouvements de résistance de la région et en formant les FFI (forces françaises de l’intérieur) de l’Orne.

    © Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle

    Le réseau Papillon est une aventure humaine, une œuvre de mémoire et un outil pédagogique. La série approche de la fin mais les chemins de la Libération ne sont pas les lieux d’une promenade bucolique. On est au cœur de la grande Histoire.


    Série : Le réseau Papillon

    Tome : 10 – Les chemins de la Libération

    Genre : Aventure historique

    Dessins : Nicolas Otéro

    Scénario : Franck Dumanche  & Michel-Yves Schmitt

    Couleurs : 1ver2anes

    Éditeur : Jungle

    ISBN : 9782822247290

    Nombre de pages : 56

    Prix : 12,95 €


  • Le patient
    par Laurent Lafourcade

    Les ailes noires des corneilles n’en finissent pas de voler

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    « -Excusez-moi ? Vous êtes le docteur Cotteau ?

    -Oui.

    -Les secrétaires m’ont envoyée vers vous concernant le patient Pierre Grimaud.

    -Ah, c’est vous la psy ?

    -Docteur Anna Kieffer, ravie de faire votre connaissance.

    -Je n’ai pas trop de temps, je vais vous montrer sa chambre. Vous devez connaître le dossier mais je vous refais le topo. Cela faisait 6 ans qu’il était dans le coma. C’est le seul rescapé du massacre des corneilles. Vous en avez entendu parler ? »

                     Pierre Grimaud se réveille après six ans de coma. Toute la famille du jeune homme a été massacrée dans sa maison. Sa sœur a été retrouvée errant hagarde dans la rue, un couteau ensanglanté en main. Lui, avait été lacéré de coups de couteaux, laissé pour mort parmi les autres cadavres. Pierre a commencé à montrer des signes de réveil il y a un mois. Il peut parler mais est encore très fatigué. Il souffre également d’une tétraparésie de réanimation. Il n’y a pas de dommage cérébral constaté. Il a même quelques souvenirs de la nuit du drame. La psychologue Anna Kieffer vient le voir pour la première fois. S’il a envie de parler, elle est là pour l’écouter.

    © Le Boucher – Glénat

                    Pierre a des hallucinations. Il a peur. Anna le rassure. Pour elle, il est en état de stress post-traumatique. C’est sa spécialité, tout comme la psycho-criminologie et la victimologie. Elle collabore avec la police sur certaines affaires, comme celle du massacre des corneilles. Elle devait prendre en charge l’auteur des crimes Laura, la sœur de Pierre, mais elle a mis fin à ses jours peu de temps après. Elle connaît bien l’histoire, c’est pour ça qu’elle s’est proposée pour s’occuper de Pierre.

    © Le Boucher – Glénat

                    Au fil des mois, entre flashbacks, secrets de famille et rééducation, on va évoluer avec Pierre, le comprendre, ou pas, dans sa relation avec les autres patients, les soignants… et sa psy. Au fil des mois, on va avancer avec Anna dans la quête de la vérité, car avant de partir, Laura lui avait révélé un secret.

                    Une abeille prise au piège dans un pot de miel, la matière même qu’elle produit, quel destin ! Y aura-t-il quelqu’un pour la sauver ? La scène résonne comme une métaphore. Rien n’est anodin. A l’image de Ces jours qui disparaissent, Le patient est un récit mystérieux qui se dévoile à pas de loup, qui s’interprète et dont l’éclosion du mystère se mérite. Les décors sont volontairement froids et dépouillés, neutres à l’image des chambres et des couloirs des hôpitaux, pour permettre de mieux se concentrer sur les regards questionneurs, trompeurs ou obliques, et les attitudes ambivalentes, suspectes ou inquisitrices. Les dialogues sont pesés, réfléchis ; chaque mot compte. Tout est pensé chez Timothé Le Boucher, de l’introduction au final, toujours désarmant.

    © Le Boucher – Glénat

                    Avec cette réédition au format poche, Le patient bénéficie d’une nouvelle mise en lumière. Timothé Le Boucher signe l’un des thrillers les plus puissants de ces dernières années.


    One shot : Le patient

    Genre : Thriller

    Scénario, Dessins & Couleurs : Timothé Le Boucher

    Éditeur : Glénat

    Collection : BD poches

    ISBN : 978234406

    Nombre de pages : 192

    Prix : 10 €


  • Les amis de Jacobs 35—Juin 2024
    par Laurent Lafourcade

    Par Blake et Mortimer, demeure !

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    « -Septimus ! Formidable !…

    -Septimus ?… Vous êtes sûr que c’est là son écriture ?

    -Absolument sûr !… C’est d’ailleurs bien son style ! »

    C’est un homme peu connu dont parle Christian Viard dans l’éditorial du déjà trente-septième numéro de la luxueuse revue Les amis de Jacobs. Jacques Labeye était non seulement un collectionneur de bandes dessinées mais également courtier en assurance, et en cette qualité, assureur de Jacobs de 1981 à 1987. Il fut secrétaire de la fondation Jacobs et défendit naïvement Philippe Biermé, son président, qui, tout le monde le sait à présent, a pillé le fonds de planches originales. Avant de disparaître, il confia il y a quelques années des lettres dactylographiées de Jacobs qui lui étaient adressées. En 1981, l’auteur lui écrivit pour un problème d’assurance automobile. En 1983, il lui demande d’aider Madame veuve Van Melkebeke à trouver un logement décent. En 1984, il lui fait part de tracasseries qu’il a sur le cœur. On ressent dans ces lettres le caractère empathique mais aussi désabusé de Jacobs. Elles démontrent, si c’était nécessaire, toute l’humanité que cet homme avait en lui.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que quand Christian Viard lit un album de Jacobs il entre dans les moindres détails graphiques. Il termine ici l’exploration de La Marque Jaune avec la suite et la fin du jeu des mille erreurs et des mille découvertes. Du sens de circulation aux écharpes mal nouées, du boutonnage de vêtements aux noms de médecins exerçant dans la capitale britannique, Viard entre dans chaque coin de case, dans chaque dialogue. Un boulot inestimable. Pour la suite, il s’apprête à s’attaquer à L’énigme de l’Atlantide. C’est pourtant une autre découverte qui laisse abasourdi : celle de l’hommage d’André Juillard à Maurice Tillieux dans une case de Signé Olrik reprenant in extenso une scène et un dialogue issus de l’aventure de Gil Jourdan La voiture immergée.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    Jean Fontaine prend le relais avec le retour sur une étude sémiologique réalisée par Pierre Fresnault-Deruelle en 1972. Christian Viard s’attache ensuite aux illustrations que Jacobs réalisa pour des jeux de société. C’est un pointilleux article scientifique que propose Jaime Sousa à propos de la chambre d’Horus à Gizeh, révélant l’intuition de Jacobs lors de l’écriture du Mystère de la Grande Pyramide. On poursuit avec des illustrations que fit Jacobs pour un projet avorté de zoo bruxellois, puis sur une correspondance de cartes postales entre Jacobs et Hergé, avant une interview de l’auteur pour, une fois n’est pas coutume, le journal Spirou en 1979, pour conclure avec un quiz sur l’auteur et ses personnages. Enfin, après un croquis inédit de dinosaures combattants, Marc Bourgne signe le dessin de quatrième de couverture avec un Mortimer en combinaison Vaillante.

    Les amis de Jacobs est une association visant à promouvoir la connaissance ou la découverte de l’œuvre d’Edgar-Pierre Jacobs et sa continuité par les nouveaux auteurs et scénaristes. Pour 35 € annuels, les adhérents reçoivent deux numéros des Amis de Jacobs, revue imprimée sur un papier de grande qualité et emplie d’articles d’une richesse incroyable. Toutes les informations pour adhérer et commander, entre autres, d’anciens numéros sont sur le site www.amisdejacobs.org.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    On le dit pour Tintin, mais on peut aussi le dire pour eux. Quand on a fini de lire Blake & Mortimer, on peut recommencer à lire Blake & Mortimer. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. La revue des amis de Jacobs le prouve depuis déjà 37 numéros !


    Série : Les amis de Jacobs

    Tome : 37 – Juin 2025

    Genre : Revue d’étude

    Directeurs de publication : Christian Viard et Didier Bruimaud

    Éditeur : Les amis de Jacobs

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15 €


  • La marche brume 2 – Les chimères
    par Laurent Lafourcade

    Des sorcières dans le brouillard

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    « -Sœur Zelda !!! La Brume est dans le village !

    -Vraiment ?!!! Mais c’est impossible, on vient de renforcer nos défenses ! A moins que… Yfrid…

    -Qu’est-ce que vous faites plantées là ?! Vous essayez de prendre racine, ou quoi !? Rejoignez les autres, et…

    -On ne peut pas, Zelda !

    -Mais qu’est-ce que vous bredouillez, encore ?!!! »

    Ogresse mutante élevée par une sorcière maîtresse de kung-fu, Tempérance cherche à percer le mystère de la Brume, ce brouillard mystérieux dans lequel il est préférable de ne pas se trouver en contact. Ses tantes les sorcières, appelées les brouches, mettent leur magie à la défense du village où la Brume, qui d’ordinaire est en forêt, a commencé à entrer. Zelda se métamorphose pour faire face au monstre armé qui semble la diriger. Ça ne suffira pas pour délivrer la cité de l’emprise noire. De son côté, le démoniaque Sire Langlois est furieux de ne pas encore avoir réussi à mettre la main sur Tempérance. Mais où est-elle, celle-ci ? Les sorcières l’ignorent également. Accompagnée d’une tête coupée volante qui la guide, elle recherche le responsable du malheur qui dévaste la planète, en tous lieux et, semble-t-il, en tous temps.

    © Fert – Dargaud

    Un enfant regarde une publicité en dessin animé du Captain Nature. Le super-héros se bat contre Poluxor et invite les téléspectateurs à lutter contre la pollution. En jouant près de la fenêtre avec des figurines, le gamin aperçoit quelque chose de la fenêtre de son immeuble, comme une brume qui monte. Le début de ce deuxième tome de La marche Brume est tellement déroutant qu’on vérifie sur la couverture qu’on ne s’est pas trompé de série. Planche 4, la transition est faite avec Tempérance que l’on retrouve en pleine forêt. A-t-elle rêvé ? Ou bien l’auteur prépare-t-il un subterfuge ? Les époques semblent paradoxalement se mêler entre sorcellerie moyenâgeuse et technologie et armement post-modernes. Le monde des brouches serait-il observé par des visiteurs du futur ?

    Stéphane Fert bouleverse les codes en installant un anachronisme temporel. Après tout, ne peut-on pas tout se permettre dans une œuvre de fiction ? Histoire de solidarité, de lutte contre une sorte virus, La Marche Brume montre une pandémie incarnée.

    © Fert – Dargaud

    Le précepte du scénariste Fert est résumé dans l’intervention « hors texte » de Clarence, la brouche historienne : « Les humains répugnent à savoir car « savoir » signifie « changer ». Ils ne cherchent dans les livres et les images que des histoires qui les confortent dans ce qu’ils sont, dans ce qu’ils croient, dans la légitimité des privilèges qu’ils ont acquis.(…) Mais la vie est un ouragan qui emporte tout et se moque des statues prétentieuses qui osent le défier. » La Marche Brume est aussi une histoire de métamorphose, la chrysalide devient papillon, l’adolescent devient adulte, Tempérance subit une transformation physique qui lui fait se poser encore plus de question sur qui elle est, d’où elle vient, sur l’héritage qu’elle porte.

    Le dessinateur Stéphane Fert montre son côté sombre dans un nouveau genre, une dark-fantasy retro-futuriste qu’il peint de tons mauves et noirs, de façon assez envoûtante. Fert sait aussi être drôle comme dans la scène de la maison Moumounette, moitié masure moitié poule, qui s’envole avec ses occupantes.

    © Fert – Dargaud

    La marche Brume avance au rythme du brouillard qui engloutit les êtres et les âmes. Mais les brouches veillent et protègent, au prix du danger. Stéphane Fert ensorcèle les lecteurs dans un conte qui renouvèle le genre.


    Série : La marche brume

    Tome : 2 – Les chimères

    Genre : Sorcellerie

    Scénario, Dessins & Couleurs : Stéphane Fert

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 978250511

    Nombre de pages : 136

    Prix : 22,95 €


      

  • Les pompiers 24 – Froid devant !
    par Laurent Lafourcade

    Etoiles des neiges

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    « -Trop content de partir voir la neige ! Enfin, je veux dire, la vraie neige… Celle d ‘en haut !

    -Merci de nous avoir conduits à la gare, Carême !

    -Avec plaisir ! Et bon voyage, bande de veinards ! »

                    C’est clair qu’ils en ont de la chance, les pompiers, d’aller passer un séjour en montagne. Ça va les changer. Ils vont apprendre des techniques de sauvetage, découvrir de nouveaux équipements et intervenir dans des milieux complètement différents. Et puis, juste changer d’air leur fera du bien. Nos amis sont accueillis au sommet de la station par le commandant Dénivelay et la lieutenante Granit. Les voici hébergés pendant trois semaines dans la caserne locale. Ça tombe bien, les recrutements sont compliqués et vu la demande en haute saison, la brigade de Ramon ne sera pas un luxe pour renforcer les équipes de pompiers-montagnards.

    © Cazenove, Stédo, Favrelle – Bamboo

                    La première partie de l’album se déroule donc dans la neige. La tempête peut survenir à tout moment, c’est pour ça qu’il faut bien refermer la porte de la caserne derrière soi. Il ne faudra pas abuser du klaxon, ça pourrait provoquer des avalanches. On apprendra qu’il y a différents types de neige : humide, verglacée, sèche, mouillée, poudreuse, croûtée. Mais toutes sont bonnes pour des batailles de boules. Les skieurs descendant tout schuss, attention également à l’endroit où l’on gare le fourgon. Dans l’hélico, la place est comptée. Pas question d’y entrer avec de trop grosses doudounes. N’est-ce pas, Horace et Robert ?  Nos pompiers apprendront même à utiliser un chien renifleur pour retrouver des victimes… et pas que.

    © Cazenove, Stédo, Favrelle – Bamboo

                    Dans la deuxième partie de l’album, on retrouve les flammes de situations plus conventionnelles, si tant est que conventionnel soit dans le vocabulaire des pompiers. Faire une intervention en compagnie d’Arnold, par exemple, c’est très dynamique, d’autant plus que le gars regarde trop de séries américaines. Horace, lui, il est toujours à la recherche de quelque chose, que ce soit le fourgon… ou l’incendie lui-même. Une Mémé de Sylvain Frécon aura beau lui rappeler le cours des événements, la mémoire de l’homme en rouge défaille. Robert, lui, ne se pose pas de question, il teste les nouveaux matelas des brancards.

    © Cazenove, Stédo, Favrelle – Bamboo

                    Y’a pas à dire, vingt-quatre albums et nos pompiers font toujours preuve d’autant d’efficacité. Stédo, Cazenove et Favrelle forment une brigade redoutable. Et puis bel hommage à Michel Blanc en couverture…


    Série : Les pompiers

    Tome : 24 – Froid devant !

    Genre : Humour

    Scénario :  Christophe Cazenove

    Dessins : Stédo

    Couleurs : Christian Favrelle

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9791041112760

    Nombre de pages : 48

    Prix : 11,90 €


  • Cizo 6 – Mercato Show
    par Laurent Lafourcade

    Transferts de vacances

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    « -Hey oh… Cizo ! Je suis là !

    -Yeah, Kooper !

    -Alors, t’as fait bon voyage, mon pote ?

    -Ouais, tranquille… J’ai dormi comme une marmotte !

    -C’est trop cool que t’aies pu venir !

    -Ouais, c’est clair !

    -Allez, enfile ton casque, je t’emmène à la maison ! »

    L’avion de Zandro Cizo vient d’atterrir à l’aéroport de Corfou, en Grèce. Le footballeur y retrouve son pote Luigi Kooper. Après la victoire de son équipe lors de la coupe des Continents. Depuis, Cizo doit gérer sa célébrité. Pas tous les jours facile. Entre les médias, la presse et les journalistes, impossible de sortir incognito. Tout le monde veut savoir où il va signer la saison prochaine. Lui-même n’a pas encore décidé. Après une partie de beach-volley, un bain de mer et une séquence nostalgie sur le championnat de 2006, il est temps d’aller rejoindre les parents de Kooper au restaurant. Alors que Cizo pensait se détendre et décompresser, un grand écran est branché pour suive en direct 100 % foot Ultimate Football à l’occasion du Mercato. Les annonces et les pronostics vont bon train pour savoir qui va rejoindre quelle équipe.

    © Aré, Dottori – Kennes

    Les animateurs Pédro et Mitch, épaulés par les journalistes Wendy et Paganino énumèrent les changements que vont connaître les clubs et les scoops qu’ils ont dans leurs escarcelles. La grande surprise de ce mercato vient du « Fuego Barça ». L’équipe connaît tout d’abord un changement d’entraîneur. Le tacticien Guardiol va remplacer Kuivert. Dès son arrivée, le nouveau coach a fait une annonce tonitruante. Deux stars vainqueurs de la coupe des Continents viennent rejoindre le club. La nouvelle va laisser notre Cizo pantois. Est-ce que ça va l’aider à lui à faire son choix ? En attendant, dans quelques jours, il va participer à un grand match caritatif au Freedom Mandela Stadium. Les All United vont affronter la Liberty Team dans une rencontre d’anthologie. Place aux dieux du stade !

    © Aré, Dottori – Kennes

    Après un premier cycle de cinq albums, ce sixième épisode des aventures de Cizo est un album de transition. Le footballeur est en pleine réflexion sur son avenir. Le dessinateur Aré créé une respiration en deux parties. La première partie tourne autour des vacances à Corfou, la seconde ravira les fans d’action avec le match amical réunissant les All Stars du ballon rond. Dans cette bande dessinée animalière, l’auteur ne cache pas son amour pour l’univers Disney (Il travaille pour le journal de Mickey) et les Looney tunes. On croisera ainsi Donald, Picsou, Dingo, Gontran Bonheur, mais aussi Pépé le putois. En fin d’album, un carnet de recherches et croquis met en valeur le travail de l’auteur.

    © Aré, Dottori – Kennes

    Le Mercato n’a jamais été ni aussi Chaud, ni aussi Show. Cizo est au cœur de toutes les curiosités et de toutes les convoitises. L’album n’est pas réservée qu’aux fans du ballon rond, car, au-delà du foot, c’est bel et bien l’amitié qui est le réel sujet de l’aventure. 


    Série : Cizo

    Tome : 6 – Mercato Show

    Genre : Sport

    Scénario & Dessins : Aré

    Couleurs : Alessandra Dottori

    Éditeur : Kennes

    ISBN : 9782931300183

    Nombre de pages : 64

    Prix : 13,95 €


  • Fuck ze tourists
    par Laurent Lafourcade

    Voyage au bout de la connerie

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    « -Encore un canal ! Ils les ont gratuits ou quoi ?! On abandonne cette valise, ma choupinette, Pff ! Pff ! Elle nous retarde !

    -Jamais ! Je préfère encore me couper un sein ! Pour rappel, lapin, dans cette valise, il y a le gorgonzola que j’ai acheté pour remercier la voisine d’avoir nourri nos perruches et fouiné partout dans la maison. »

    Un couple de touristes n’est pas franchement ravi de son séjour à Venise : des canaux partout, du mal à se repérer sur « gougle maps».  La connexion satellite semble déconner. L’agence de voyage ne perd rien pour attendre ! Il leur tarde de retrouver le bateau de croisière qui les a déposés pour l’escale. Malheureusement pour eux, ils vont se retrouver au beau milieu d’une manifestation anti-touriste organisée par des vénitiens excédés de voir leur belle cité des doges envahie par trente millions de touristes chaque année. Ceci est la première des histoires de ce recueil signé Zidrou et Maltaite qui nous fait faire le tour du monde, non pas pour visiter le globe, mais pour se moquer avec plus d’acidité que de tendresse, du tourisme de masse.

    © Maltaite, Zidrou – Fluide glacial

    Même les animaux locaux sont désabusés face au ridicule des détenteurs de perches à selfies. C’est le cas de ces deux lamas, dans les hauteurs du Machu Picchu, posant aux côtés de trépanés du cervelet pour des photos qu’ils publieront sur Crétinstagram. Qu’ils se rassurent, leurs potes dromadaires côtoient les mêmes énergumènes en Egypte.

    Quelle déception pour ce groupe de filles débarquant dans la station de Val d’Hiver. Monsieur Fusk a privatisé tout le domaine pour son bon plaisir et celui de sa onzième épouse. Quelle déception pour ces migrants débarquant sur un boat people devant un par terre de touristes les attendant pour les prendre en photo : ils ne seront pas chaleureusement accueillis parce que ces derniers doivent se dépêcher de repartir pour arriver avant la nuit sur le site de l’incendie qui ravage un parc naturel voisin.

    © Maltaite, Zidrou – Fluide glacial

    Un safari-photo, une visite de camp de concentration, Bruxelles, New-York, Barcelone, une île paradisiaque, les auteurs ne lésinent pas sur les frais de voyage. Zidrou dénonce le pathétisme des voyages low cost, le ridicule des city trips et l’égocentrisme des réseaux sociaux. Dans les plus belles villes, les locaux ont du fuir le centre pour laisser place aux touristes avec leurs portables et leurs tee-shirts niais. Zidrou n’invente rien. Il lui suffit de grossir à peine un poil le trait pour faire rire. Même le tourisme de catastrophe existe, et ça, ça ferait plutôt pleurer.

    Le réalisme souple d’Eric Maltaite apporte le côté décalé nécessaire à ce genre de comédie dramatique. Le dessinateur rajoute des détails dans tous les coins faisant de cet album d’humour, chose rare, un album qui se relie. Il y a de quoi voir dans tous les coins de cases et l’on peut s’amuser à retrouver en arrière-plans certains touristes d’histoire en histoire. De la bimbo qui n’a plus grand-chose de naturel au couple gay en passant par les mangeurs de glace, tous sont là au rendez-vous.

    Hosmane Benahmed a terminé avec respect les couleurs de l’album, commencées par Philippe Ory, occasion de rendre hommage à ce talentueux coloriste décédé pendant la réalisation du livre.

    © Maltaite, Zidrou – Fluide glacial

    Le titre et la couverture ne sont peut-être pas des plus vendeurs, mais Fuck ze tourists est bel et bien un album d’ « Umour et Dérision » dans la grande tradition fluide glacialesque qui invite, qui plus est, à se retourner sur nos propres comportements en voyage.


    One shot : Fuck ze tourists

    Genre : Humour

    Scénario : Zidrou

    Dessins : Eric Maltaite

    Couleurs : Philippe Ory & Hosmane Benahmed

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038207295

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,90 €


  • Lunatique. Le fanzine de l’espace
    par Laurent Lafourcade

    Poésie orbitale

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    « -Mon chéri ?

    -Oui ?

    -Pourquoi y’a un cheval dans la cuisine ?

    -C’est le serveur tout à l’heure, j’ai commandé un chocolat et d’autres trucs, il a confondu.

    -Il a confondu ta commande avec un cheval ?

    -Oui. »

    Un spationaute a été embauché parce qu’il était rigolo. Le problème, c’est qu’il est aussi couillon et risque de se prendre un astéroïde sur le casque. Par chance, il arrive à s’asseoir dessus. Espérons que sa faute professionnelle ne le fasse pas virer. M’enfin, la vue est belle. Si Mémé pouvait voir ça. Les réflexions de l’astronaute scandent ce petit album poétique, le tout premier de l’autrice basque Amaia Carrère.

    © Amaia Carrère

    Dans Le client, un homme est attablé. Voici venir le serveur, nœud papillon et serviette pendante sur l’avant-bras. Le soi-disant client prend ses aises et sort un livre. Il ne souhaite pas consommer. Ça va un petit peu énerver le garçon de café. Le client va se laisser tenter pour calmer le vendeur. Boisson ? Croissant ? Muffin ? Le service correspondra-t-il bien à la commande ?

    Dans Jambon de tamanoir, deux personnages sont en train de dîner. Que sont-ils en train de déguster ? Du tamanoir. D’après Michel Cymès, un changement d’alimentation peut relancer le désir dans le couple. On verra bien s’il dit vrai.

    © Amaia Carrère

    Retour dans l’espace avec Cosmo Story où l’on va apprendre qu’il n’y a pas toujours qui l’on croit sous un scaphandre.

    Novembre 2023. Amaia Carrère n’a plus de projet professionnel en vue. Elle s’emmerde (sic) et manque de magnésium. C’est alors qu’un coup de fil va bouleverser sa vie. Elle est invitée dans un festival de BD six mois plus tard. Encore faut-il avoir quelque chose à vendre. Au boulot ! Elle qui n’avait jusqu’à présent publié qu’un livre pour enfants va se lancer pour la première fois dans la bande dessinée, en auto-édition. C’est ainsi qu’est né Lunatique, au dessin minimaliste et épuré, mettant en valeur des dialogues théâtraux surréalistes. L’autrice est partie pour une trilogie poétique.

    © Amaia Carrère

    Lunatique signifie d’humeur changeante. Avec cet adorable petit album, il veut aussi dire d’humour changeant. Disponible en français ou en euskara, la langue basque, sur www.amaia-carrere.com.


    One shot : Lunatique. Le fanzine de l’espace

    Genre : Humour poétique

    Scénario, Dessins & Couleurs : Amaia Carrère

    Éditeur : Auto-édition

    Nombre de pages : 56

    Prix : 14 €


  • Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 6 – L’oreille cassée – 7 – L’île noire
    par Laurent Lafourcade

    Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 6 – L’oreille cassée / 7 – L’île noire

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    Au-delà de l’Atlantique, au-delà de la Manche

    « -Pif ! Paf ! Pan !… Je suis mort !… Vive le général Alcazar et les pommes de terre frites !

    -Vous conduire à l’Île Noire ?… Pas pour tout l’or du monde ! Je tiens à la vie, moi, jeune homme ! »

    1935. Après Le lotus bleu, L’oreille cassé n’est que le deuxième album de Tintin au scénario savamment structuré. L’aventure commence en décembre 1935 dans le Petit Vingtième. Une statuette est dérobée au Musée ethnographique et remplacée par une fausse.  L’enquête amène Tintin en Amérique du Sud sur fond de conflit armé entre deux pays imaginaires, pendants de la Bolivie et du Paraguay en pleine guerre du Chaco. Hergé signe une histoire policière aux multiples rebondissements. L’histoire est construite avec moins de rigueur mais plus de spontanéité que Le Lotus Bleu. L’oreille cassé est un véritable feuilleton construit au fil des semaines. Hergé interagit avec les lecteurs du Petit Vingtième, avec des énigmes régulières à résoudre. Polar tout aussi comique que tragique, l’aventure n’en est pas moins une satire politique et militaire. Avec ce récit multi-facettes, Hergé ratisse large et conquiert un large public, des enfants aux adultes.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    1937. Ce n’est pas l’Atlantique que Tintin va traverser, mais tout simplement la Manche. Alors qu’il se promenait dans la campagne avec Milou, Tintin se fait tirer dessus par les aviateurs d’un avion qui semblait en panne. Lors d’une visite des Dupondt à la clinique, notre reporter apprend qu’un avion de tourisme ressemblant à celui qu’il a vu s’est écrasé dans le Sussex en Angleterre. Il décide de se rendre sur place, mais ce n’est pas du goût de tout le monde, notamment du voyageur d’un train qui l’accuse de vol afin qu’il se fasse arrêter et ne puisse pas partir. Ce sera peine perdue. Tintin va aller jusqu’en Ecosse pour tenter de confondre un trafic de faux-monnayeurs, et se trouver confronté à un gorille effrayant.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Dans les coulisses de L’oreille cassée, on nous rappelle que si la tribu des Arumbayas est totalement imaginaire, le musée ethnographique dans lequel commence l’histoire existe bel et bien. Grâce notamment à des planches que l’on découvre en avant-première de la version colorisée de la première version à paraître en 2027, on revient sur cette fameuse scène disparue dans la dernière mouture où un indien souffle une flèche empoisonnée sur Tintin endormi… mais ce n’était qu’un rêve. On profite des merveilleuses couvertures du Petit Vingtième : la villa Rayon de Soleil dans la nuit, Ramon et Alonzo face au perroquet livrant son secret, Tintin devant le peloton d’exécution, et bien d’autres… L’oreille cassée, c’est aussi la première rencontre avec l’un des personnages secondaires mythiques de la franchise : le général Alcazar. Tintin croisera également la route de Ridgewell, explorateur que tout le monde croyait mort, inspiré par l’archéologue Percy Fawcett et l’ethnographe Robert de Wavrin. On s’attardera évidemment sur la seule scène allégorique de tout Tintin en fin d’album.

    Pendant ce temps, Jo et Zette sont confrontés au Rayon du mystère (sublime projet de couverture carrée) tandis que Quick et Flupke raillent la guerre italo-éthiopienne.

    Cet épisode est l’occasion de se replonger dans Hergé face à son fétiche, ouvrage passionnant signé Patrice Guérin, autre hergéologue réputé, paru chez 1000 sabords.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Dans les coulisses de L’île noire, contrairement à l’épisode précédent aux lieux imaginaires, on retrouve Tintin dans des décors et des pays existants. Il va franchir la Manche d’Ostende à Douvres, avec Milou, alors que le petit chien n’aurait pas dû pouvoir le faire à cause des règles sanitaires en vigueur pour les animaux. Là-bas, ils traverseront des villages fictifs et de réels décors inspirés de cartes postales, des falaises d’Ecclessbourne aux maisons typiques du Sussex. Le terrible Docteur Müller fait son apparition, ainsi que, bien avant les Bijoux, une pie voleuse… de clé de garage de pompiers. Un extrait d’un carnet de notes de Hergé montre comment l’auteur préparait une scène. On profite des incroyables illustrations hors texte intégrée à l’album Casterman de 1938. On remarque les différences, notamment au niveau des véhicules, entre les différentes éditions, car, de tous les albums, L’île Noire est celui qui a connu le plus de refontes.

    Cet épisode est l’occasion de se replonger dans Les îles noires d’Hergé, ouvrage très pointu signé Ludwig Schuurman, paru chez Georg et qui propose l’étude comparée des trois versions de l’album.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    On ne peut pas conclure cette chronique sans un mot pour Philippe Goddin qui vient de nous quitter. Icône des tintinologues, l’homme restera le plus grand exégète de tous les temps de l’univers de Hergé. Il a ouvert la voie à de nombreux auteurs qui se sont penchés sur l’œuvre du maître. Sans lui, vous ne liriez peut-être pas cette chronique aujourd’hui. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. Mais ce n’est pas tout. Quand on a fini de lire Goddin, on peut recommencer à lire Goddin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.



    Série : Tintin Hergé Les coulisses d’une œuvre

    Tomes : 6 – L’oreille cassée/ 7 – L’île noire

    Genre : Aventure

    Auteur : Philippe Goddin

    Avec la participation de : Dominique Maricq

    Scénario & Dessins : Hergé

    Éditeur : Moulinsart

    ISBN : 978281044-1693/-2010

    Nombre de pages : 108

    Prix : 19,95 €


  • Strange Fruit La chanson d’Abel
    par Laurent Lafourcade

    Biographie d’une chanson de Billie Holiday

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    « -Toujours pas de nouvelle de Billie…

    -Elle est imprévisible… Elle est partie en tournée, en plus… Humpf ! (…) Ecoutez, je suis désolé, je pense qu’il ne faut pas compter sur Billie pour « Strange Fruit ». La politique, c’est pas son truc.

    -Oui, mais vous disiez sur tout le monde trouve cette chanson très belle…

    -Oui, ça n’est pas ça le problème.

    -Alors, laissez-moi la chanter… »

    Inspiré par la photo de deux noirs lynchés par tout un village, Abel Meeropol a écrit une chanson. Elle s’appelle « Strange Fruit »… Fruit étrange… Comme si ces cadavres étaient des fruits suspendus à la branche d’un arbre. Cette chanson, Billie Holiday l’a chantée. Aujourd’hui, des années après, dans la loge de l’artiste, tous deux se remémorent la première fois qu’ils se sont rencontrés, il y a vingt ans, et l’histoire de cette chanson pas comme les autres. Comment un inconnu a-t-il pu entrer en contact avec une star ? Comment un petit prof de lycée est-il parvenu à convaincre l’une des chanteuses les plus en vue d’interpréter ce qui s’apparente à un brûlot politique ? « Southern trees bear a strange fruit… »

    © A.Dan, Hazard – Dupuis

    Nous sommes en 1939. Billie Holiday a grandi dans le Nord. Elle ne connaît rien aux lynchages dans le Sud. Alors, une chanson qui parle des corps noirs qui se balancent dans la brise, les yeux révulsés et la bouche déformée, ça risque de détoner dans la discographie de la métisse. Pour son agent, il est grand temps que les artistes noirs prennent la parole sur ce genre de sujets. Elle va y réfléchir. Elle tarde à se décider. La femme d’Abel propose de l’interpréter, mais son style n’est pas assez jazz. Meeropol doit-il se contenter d’écrire des textes moins engagés ? Il ne peut écrire que sur ce qui le touche, mais ce n’est pas ça qui va l’aider à boucler son loyer. Quelques semaines plus tard, l’artiste va accepter de mettre la chanson à son répertoire.

    © A.Dan, Hazard – Dupuis

    C’est en découvrant la photo du lynchage de Thomas Shipp et Abram Smith, suspectés de meurtre, dans l’Indiana en 1930, avec les sourires des spectateurs barbares, puis en découvrant qu’elle avait inspiré Abel Meeropol pour l’écriture d’une chanson, que Vincent Hazard s’est intéressé à l’histoire de cette chanson. Il a d’abord écrit une fiction à ce sujet pour l’émission Autant en emporte l’histoire, de Stéphanie Duncan sur France Inter, en 2020. Aujourd’hui, l’histoire devient une bande dessinée et nous amène au plus profond d’une Amérique raciste. Avec son frère Laurent, il est parti enquêter aux Etats-Unis, sur les traces du New York des années 30 et 40, dans les pas de Billie et d’Abel, allant même jusqu’à rencontrer Michael Meeropol, fils adoptif d’Abel et dont les véritables parents étaient Ethel et Julius Rosenberg, accusés d’espionnage avec l’union soviétique et condamnés à mort.

    A.Dan met musicalement l’aventure de cette chanson en image. C’est bien cette chanson qui est la véritable héroïne de l’histoire. Ce n’est pas Billie. Ce n’est pas Abel. C’est bien autour d’elle que tout tourne. Bien sûr, on est au cœur des préoccupations et des tourments de son auteur ; bien sûr, on est au cœur des affres et des déboires de son interprète. Mais c’est bien elle, la chanson, qui donne le ton. Des petits clubs de jazz miteux de Harlem jusqu’au Carnegie Hall, A.Dan dessine le parcours de « Strange Fruit », dans une ambiance tout aussi jazzy que parfois glauque. La couverture, sublime, sur laquelle Abel marche dans la rue, la nuit, et que l’ombre lumineuse de Billie éclaire le mur de briques, résume parfaitement le ton du récit.

    © A.Dan, Hazard – Dupuis

    Strange Fruit est un album musical témoignant d’une époque charnière de l’Histoire de l’Amérique. C’est un des événements de l’année qui prouve encore une fois que la désormais mythique collection Aire Libre ne commet aucun faux pas.


    One shot : Strange Fruit La chanson d’Abel

    Genre : Biopic

    Scénario : Vincent Hazard

    Dessins & Couleurs : A.Dan

    Éditeur : Dupuis

    Collection : Aire Libre

    ISBN : 9791034768523

    Nombre de pages : 128

    Prix : 26 €


  • Asadora ! 9
    par Laurent Lafourcade

    Love & Monster

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    « -Un déserteur… Ils en parlent souvent aux actualités… De la guerre du Vietnam ?

    -Yes, Vietnam.

    -Mais… Qu’est-ce que je peux faire ? Euh…. I… Euh… Help… Aïe want help… Euh… Comment on peut faire ? Et pourquoi quelqu’un qui chante une si belle chanson doit partir à la guerre ?! »

    Nous sommes en 1968. Asa a maintenant 21 ans. Elle vient de rencontrer un charmant jeune homme qui chante une charmante chanson avec une charmante guitare dans un recoin caché d’une rue sordide. Lui ne parle qu’anglais, elle le japonais. Elle parvient à baragouiner quelques mots dans la langue de Shakespeare. Elle comprend qu’il a déserté les troupes américaines pour éviter de faire la guerre au Vietnam. Il est caché dans l’appartement d’une femme qui n’apprécie pas trop la présence d’Asa. Elle le ramène manu militari, c’est le cas de le dire, à domicile pour qu’il ne se fasse pas repérer. La situation laisse Asa abasourdie. Elle laisse sur place un message où elle écrit qu’elle sera là tous les jours à 19 h pour l’attendre.

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    © KANA 2025

    Dans le méli-mélo des recherches du professeur Yodogawa, Keiichi Nakaido, son ancien assistant, cherche de la documentation sur le monstre inconnu qui hante les eaux territoriales de l’archipel. Dans une lettre d’un certain Ramos, du Timor oriental, il trouve la photo d’une étrange créature mi-humaine, mi-fantasmagorique. Est-ce un habitant déguisé avec un masque pour une coutume locale ? Est-ce autre chose ? Le mystère est entier. Yamakura, journaliste au Daily Every Sport, mène aussi son enquête. Il affirme qu’une société secrète installée le long de la côte de Bôsô, en passant par Tokyo, jusqu’à la péninsule de Miura, aurait à sa tête une sorte de gourou qui prétend que la paix dans le monde existe parce qu’il combat les monstres.

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    Forces de l’ordre, politiciens, journalistes, anciens flics, curieux, ce monstre, c’est Charlie ou quoi ? Tout le monde le recherche. En quatre ans, Asa a effectué 104 sorties aériennes. Elle a affronté la bête à 19 reprises et lui a tiré sept fois dessus avec des roquettes. Est-ce grâce à elle ? En tous cas, la bête n’a jamais atteint le rivage. Naoki Urasawa, osons-le le dire, le meilleur mangaka du monde, poursuit le feuilleton Asadora ! Il applique la méthode « Jaws – Les dents de la mer ». Le monstre, comme le requin, tout le monde en parle mais on ne le voit quasiment pas. Urasawa mêle savamment les scènes où il en est question avec la vie d’Asa, qui évolue. Elle a bien grandi. Elle est adulte et gère sa société d’aviation. Aujourd’hui, elle tombe amoureuse. Laissera-t-elle partir à la guerre River, l’homme qu’elle aime, et avec qui elle n’a pas encore conclu ?

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    © KANA 2025

    Asadora ! est une saga dont l’action se déroule et va se dérouler sur de nombreuses années, avec des personnages qui fatalement vont vieillir, promet Urasawa. L’auteur signe encore une série incroyable. Incroyable ? Incroyable ! Quel auteur, de manga, de bande dessinée, de littérature ou de quoi que ce soit, peut se targuer de faire se succéder les coups de maître dans sa bibliographie ? Personne ! 20th century boys, Monster, Billy Bat, Pluto… Personne ? Ha, si, Naoki Urasawa.


    Série : Asadora !

    Tome : 9

    Genre : Aventure Shonen

    Scénario & Dessins : Naoki Urasawa

    Éditeur : Kana

    Collection : Big Kana

    ISBN : 9782505134312

    Nombre de pages : 176

    Prix : 7,90 €


  • Gen War La guerre des générations Level 3 – Bastos à la playa !
    par Laurent Lafourcade

    Aïe Aïe Senior Météo !

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    « -Bizarre, cette canicule en plein mois d’avril, non ? En tous cas, y en a que ça n’a pas l’air de déranger. Hein, les feignasses de merde ! Regarde-moi ça ! Pour fumer des joints en écoutant du rap, ils sont fortiches, mais dès qu’il s’agit de cotiser pour nos retraites y a plus personne ! Une bonne guerre ! Voilà ce qu’il leur faudrait. »

    Dans l’univers post-apocalyptique dévasté de Gen War, les vieux ne supportent plus l’oisiveté des jeunes. Il leur faudrait une bonne guerre pour qu’ils apprennent la vie. Ça tombe bien, y’en a une, mais il en faudrait une plus grosse, comme la deuxième guerre mondiale par exemple. Mais voilà l’idée de génie pour rendre la vie impossible aux jeunes. Cela résoudrait les problèmes du rap, du bruit et des joints. Peut-être même qu’ils se mettraient à bosser et à cotiser pour les retraites. Du côté des jeunes, les boutonneux préparent la contre-attaque en cherchant un nouvel ennemi aux vieux, pour qu’ils leur lâchent les baskets. Dans les deux clans, les solutions envisagées ne semblent pas optimales pour tous.

    © Mo/CDM – Fluide glacial

    Jeunes comme vieux vont se retrouver dans un combat commun : celui contre le réchauffement climatique dû aux appareils connectés des gamins pour les uns, à la consommation à outrance des ancêtres pour les autres. Madame Lachatte Gépétay leur apportera-t-elle la réponse ? Faudrait pas qu’il y ait une couille au niveau des bits ! La nouvelle mission de tous va être de coloniser la côte pour profiter de la fraîcheur de l’océan. Qui seront les plus rapides ? Les meilleurs adversaires vont devoir s’unir dans l’adversité pour faire face à de redoutables ennemis. La guerre des générations va exploser de son cadre pour une survie à toute épreuve.

    © Mo/CDM – Fluide glacial

    Après la parution simultanée des deux premiers « Levels », Mo/CDM remet les générations en opposition pour un troisième tour de piste où jeunes et vieux, contre toute attente, vont être amenés à se serrer les coudes. Dans cette farce philosophique, le dessinateur traite d’écologie, de réchauffement climatique, de surconsommation et de pollution numérique avec un humour décapant. Ce n’est pas pour rien qu’il a reçu en 2024 le prestigieux prix Marcel Gotlib au Salon du Livre de Paris pour son album précédent : Tirez sur mon doigt monsieur le Président.

    © Mo/CDM – Fluide glacial

    Jeune ? Vieux ?… Choisis ton camp ! Au tribunal Jérôme Cahuzac ou à la bibliothèque Philippe Bouvard, tout comme au centre commercial Kylian Mbappé Samsung BNP, il y aura toujours quelqu’un pour vous accueillir.


    Série : Gen War La guerre des générations

    Titre : Level 3 – Bastos à la playa !

    Genre : Humour

    Scénario, Dessins & Couleurs : Mo/CDM

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038208223

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,90 €


  • Albertine a disparu
    par Laurent Lafourcade

    Inspiré de faits réels

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    « -Salut Gilles, tu viens pour le conseil municipal de vendredi ? Je serai là, tu peux compter sur ma voix pour la subvention de la nouvelle salle des fêtes.

    -Non, je viens pour Albertine. Tu as des nouvelles de ta belle-mère ? »

    Juillet 2022. Un petit village de campagne. Gilles, le Maire, est inquiet. Il en va de sa responsabilité de s’occuper des anciens. Ça fait longtemps que personne n’a de nouvelles d’Albertine Buisson, 99 ans, du hameau de la Noue. Il se trouve qu’Albertine est la belle-mère de Roselyne, l’une des conseillères municipales de la bourgade, mais ça fait 41 ans qu’elles ne se parlent plus. Elle déteste ses belles-filles. La dernière fois qu’elle l’a vue, c’était il y a vingt ans, lorsque la vieille dame a enterré son mari. Christian, son fils, le mari de Roselyne, lui apporte à manger toutes les semaines. En ce moment, Christian ne va pas fort. Le Covid a mis ses poumons dans un sale état. Gilles, Monsieur le Maire, se rend chez la mamie. Le portail est clos et une haute murette borde le jardin.

    © Bizzarri, Vignolle, Guerrier – Glénat

    Gilles est préoccupé par les seniors de sa commune vieillissante de 1400 habitants. Il se trouve que sa mère est aussi très âgée. Fort occupé par sa fonction, il sait qu’il ne lui consacre pas assez de temps. Cette année, plutôt que d’envoyer ses conseillers à leur rencontre, il décide de le faire lui-même, d’occuper le terrain, même si c’est chronophage. C’est le cas Albertine qui va prendre la majeure partie de son temps. Suite à l’hospitalisation de son mari, Roselyne avoue à son édile ce que lui a confié celui-ci avant de tomber dans le coma, un lourd secret, inavouable, un événement improbable, qui dépasse l’entendement, quelque chose au sujet d’Albertine qui va bouleverser la vie de la commune…

    © Bizzarri, Vignolle, Guerrier – Glénat

    François Vignolle et Vincent Guerrier sont respectivement coordinateur des enquêtes police/justice à RTL et M6 et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Perche. Si l’on précise le véritable métier du duo de scénaristes de cet album, c’est parce que l’histoire racontée ici est inspirée de faits réels. Ils ont suivi l’affaire dans leurs médias respectifs. Ils ont rencontré les principaux protagonistes de ce faits divers et ont reconstitué au plus près tout ce qui s’est passé. Ils le racontent ici du point de vue du Maire, qui s’est trouvé au cœur de la famille de la disparue, d’autant plus que la bru d’Albertine n’est autre qu’une conseillère municipale. L’angle scénaristique met le lecteur dans la peau du premier magistrat. On se questionne en même temps que lui. Lui-même se remet en question, et par là même nous aussi, par rapport à sa propre mère qui vieillit, avec notamment une scène finale d’une grande émotion.

    © Bizzarri, Vignolle, Guerrier – Glénat

    Le dessinateur Vincenzo Bizzarri adopte un style réaliste souple, à la Davodeau, à la Moynot, deux auteurs qui auraient très bien pu dessiner ce polar campagnard. De grandes cases, peu de textes, tout invite à se plonger au cœur des grandes étendues, tout invite à s’interroger sur nos liens avec nos aînés. Tout semble laisser le temps de le faire.

    Drame social d’ambiance, Albertine a disparu est ce genre d’histoires après laquelle on n’est plus tout à fait le même après l’avoir lue. Peut-être parce que c’est une histoire vraie. Peut-être parce qu’on a tous une Albertine dans notre famille. Un choc.


    One shot : Albertine a disparu

    Genre : Polar rural

    Scénario : François Vignolle & Vincent Guerrier

    Dessins & Couleurs : Vincenzo Bizzarri

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344062340

    Nombre de pages : 144

    Prix : 23 €


  • Les omniscients 6 – Le chemin des dieux
    par Laurent Lafourcade

    Changements d’alliances

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    « -Les vieux dieux viennent d’annoncer l’ultime épreuve ! Ils sont fous !

    -C’est quoi, l’épreuve ?

    -Je l’avais dit qu’ils étaient devenus dingos, hein ! J’avais prévenu !

    -Ouais, ouais, tu l’avais dit, ok. Alors, c’est quoi l’épreuve finale ? »

    Au cœur de New-York, dans la villa que l’Etat a mise à disposition des omniscients, Diego déboule avec l’annonce des vieux dieux : l’ultime épreuve va débuter. Entre les omniscients et les iconoclastes, le gagnant sera le premier à rejoindre les dieux sur leur territoire retiré d’où ils observent le monde afin d’en récolter toutes les connaissances. Le gros délire ! C’est de la mythologie ! On ne se rend pas chez des dieux. La croyance, c’est immatériel. Chez les omniscients, c’est au tour d’Albert, intuitif et connecté aux émotions de concourir. Dans le camp adverse des iconoclastes, Kate, qui lit dans les pensées, est désignée. L’équipe du vainqueur décidera si les dieux continuent la collecte du savoir absolu ou pas !

    © Dugomier, Castellani, Bekaert – Le Lombard

    Pendant que le duo est en pleine compétition, un iconoclaste décide de faire cavalier seul. C’est Jimmy. Ce dernier cherche à prendre le contrôle du territoire Tazmède. L’ambitieux pourrait en faire une dictature. Elu à l’unanimité par le congrès, il embrigade la foule, revendiquant son savoir absolu, en prétextant réfléchir et penser à sa place. La présidente espère intéresser les jeunes à la connaissance et à la formation. Mais a-t-elle bien géré la gestion des omniscients et des tazmédistes ? Quant au Docteur Schweitzer, arbitre de la compétition, il aurait un petit penchant pour la victoire des omniscients. Tant que ça reste personnel et pas public, après tout !

    © Dugomier, Castellani, Bekaert – Le Lombard

    Avec ce sixième épisode, Vincent Dugomier donne un tournant politique à la série. Embrigadement des foules, fanatisme politique, Jimmy pourrait être le fils de Donald Trump et de son vice-président J.D.Vance. Par son pouvoir d’endoctrinement, Jimmy lobotomise la foule. En face, il va falloir revoir les alliances pour contrer la dictature. Les omniscients est beaucoup plus une série psychologique qu’une série d’action. Pas toujours facile pour Renata Castellani de mettre ses capacités en valeur. Ici, elle va en avoir l’occasion, avec l’escalier invisible qui mène au domaine des dieux. Un aperçu en est donné sur la couverture. C’est encore plus impressionnant à l’intérieur.

    © Dugomier, Castellani, Bekaert – Le Lombard

    Leur pouvoir est le savoir absolu, mais savoir, est-ce pouvoir ? Omniscients et iconoclastes vont devoir tout tenter pour que le monde ne sombre pas du côté obscur. La tension monte d’un cran.


    Série : Les omniscients

    Tome : 6 – Le chemin des dieux

    Genre : Thriller fantastique

    Scénario : Vincent Dugomier

    Dessins : Renata Castellani

    Couleurs : Benoît Bekaert & Antoine Lapasset

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808214827

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,95 €


  • Artifices Un magicien en Algérie
    par Laurent Lafourcade

    Magie blanche dans la face sombre de la colonisation

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    « -Bonjour. Colonel de Neveu. Chef du bureau politique de l’armée française à Alger.

    -Je sais qui vous êtes. J’avais demandé à mon secrétaire de ne pas accepter ce rendez-vous.

    -Je ne suis pas un homme à qui l’on refuse grand-chose !

    -Alors vous êtes un homme qu’on a mal renseigné. J’ai pris ma retraite. Je ne donne plus aucun spectacle.

    -J’ai entendu cela. Mais j’ai du mal à croire que le grand Jean-Eugène Robert-Houdin, le père de la prestidigitation moderne, puisse tourner le dos à son pays alors que celui-ci a tellement besoin de lui ! »

    Algérie 1856. L’armée française est mise en déroute par la population locale qui use de magie et d’hypnose pour lutter contre l’envahisseur. Les soldats se voient attaqués de scorpions alors qu’ils ne sont qu’illusion. A Blois, le colonel de Neveu, chef du bureau politique de l’armée française à Alger, vient rencontrer le grand Jean-Eugène Robert-Houdin, le père de la prestidigitation moderne, afin de le convaincre de donner un coup de main à son pays. Il ne va pas être facile à convaincre, ayant du mal à imaginer ce que la France peut attendre d’un saltimbanque comme lui. Et puis, il a pris sa retraite. Il ne faudra que quelques jours pour qu’il change d’avis. S’il peut empêcher le massacre de milliers de soldats et de civils, il veut bien remonter sur scène, en Algérie, afin de démontrer aux « indigènes », comme l’armée les appelle, que la France maîtrise les mêmes tours de passe-passe que leurs marabouts.

    © Ribas, Mariolle – Daniel Maghen

    Dix ans après, le magicien retrouve les planches de la scène, au théâtre impérial d’Alger. Malgré le poids des ans, une fois la représentation commencée, il retrouve rapidement son talent d’antan. Proposant qu’on lui tire dessus sur scène, il arrête la balle avec ses dents. Mais quel tour ! L’assistance est médusée. Les miracles n’existent pas. La magie, ce n’est que de l’intelligence humaine. Au fil des jours, Robert-Houdin va se trouver au cœur de la guerre. Il échappera à un attentat, se trouvera au beau milieu d’une tempête de sable dans le désert et connaîtra la captivité avant d’affronter Sidi Tahar dans un duel de magie. Qui sera le plus prestigieux illusionniste ? Et cela suffira-t-il à positionner la France en tant que dominatrice dans ce pays qu’elle colonise ?

    © Ribas, Mariolle – Daniel Maghen

    Avec Artifices, les auteurs s’emparent d’une partie méconnue de la vie d’un des fondateurs de l’illusionnisme moderne. En 1856, Jean-Eugène Robert-Houdin a cinquante-et-un ans. Le voilà embarqué dans une entreprise politique au service de l’Etat. Le cahier documentaire en fin d’albums revient sur sa vie en montrant comment le gouvernement français l’a utilisé pour détourner les Arabes des miracles, dixit Charles Baudelaire en personne. On y revient sur le rôle des femmes dans la résistance locale, comme dans l’album avec le personnage de Nélia, inspirée de Lalla Fatma N’Soumer, combattante, stratège et féministe avant l’heure. Comme le conclue le scénariste dans le dossier, toute l’histoire nous invite à nous questionner sur ce que nous croyons voir et savoir dans notre monde saturé d’images. De la scène du théâtre aux dunes du désert, des quartiers chics d’Alger aux traboules de villages kabyles, le dessinateur Julien Ribas invite au voyage.

    © Ribas, Mariolle – Daniel Maghen

    Relatant les derniers éclats, et non pas des moindres, de Robert-Houdin, Artifices, un magicien en Algérie a ceci d’étonnant que les questions que l’histoire soulève sont, 170 ans plus tard, étonnamment d’actualités.


    One shot : Artifices Un magicien en Algérie

    Genre : Histoire

    Scénario : Mathieu Mariolle

    Dessins & Couleurs : Julien Ribas

    Éditeur : Daniel Maghen

    ISBN : 9782356741967

    Nombre de pages : 112

    Prix : 19,50 €


  • Jim Morrison
    par Laurent Lafourcade

    Light my Doors

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    « -Qu’est-ce que tu as foutu aujourd’hui ? Je ne t’ai pas vu de la journée.

    -Quelques musées. J’ai bu quelques verres à droite à gauche. J’ai pensé aux Doors…

    -Aux Doors ? Je croyais que tu ne voulais plus penser aux Doors.

    -Et j’ai visité Le Père-Lachaise aussi… Fascinant cimetière… »

    Paris 1971. Dans un bar de la capitale, un homme est assis seul au comptoir. Un type l’accoste, ayant l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. Il lui demande son nom mais ça ne lui dit rien. Il lui chante une chanson. Il lui chante « Love her Madly ». Le refrain rappelle vaguement quelque chose au bonhomme. Et pour cause, l’homme qui buvait tout seul avec sa dépression, c’est Jim Morrison. C’est lui, le chanteur des Doors, qui a interprété cette chanson. Les souvenirs vont remonter à la surface. Embrumé par l’alcool, Morrison revit sa vie, repasse par les moments marquants de son existence. Il quitte le bar et traverse Paris accompagné de ses succès, ses addictions et sa muse. Avec lui, on fondera l’un des plus mythiques groupe de rock de tous les temps et on fera l’amour… sur la musique des Doors… jusqu’au dernier jour.

    © Jef, Bertocchini- Des ronds dans l’O

    Frédéric Bertocchini propose une version éthérée de la vie de Jim Morrison. Jef adopte un style graphique charbonneux. L’album a déjà été publié en noir et blanc chez Emmanuel Proust en 2010. Sous-titré Poète du chaos, il a été traduit en de nombreuses langues. Pour les éditions Des ronds dans l’O, le dessinateur y a ajouté des couleurs. Les dégradés sombres s’insèrent parfaitement à l’univers et donnent un côté Comics polar qui peint l’âme de Morrison. On pourrait presque ranger le livre aux côtes des thrillers de Sean Phillips et Ed Brubaker.

    Le final laisse circonspect. Dans le lancer de la lecture, on ressent comme une frustration, avant de comprendre, avec quelques secondes de recul, que c’était exactement ce qu’il fallait faire. Frédéric Bertocchini pose la conclusion parfaite.

    © Jef, Bertocchini- Des ronds dans l’O

    Le club des 27 est un tristement célèbre rassemblement d’artistes de la musique morts à cet âge-là. Brian Jones, fondateur des Rolling Stones en 1969, Jimi Hendrix, l’un des plus grands guitaristes de tous les temps, en 1970, Janis Joplin, la reine de la soul, en 1970 également, Jim Morrison en 1971, Kurt Cobain, leader de Nirvana, en 1994, et Amy Winehouse, avec sa voix incroyable, en 2011, ont tous le point commun d’avoir brûlé leur vie. Plus ancien, le bluesman Robert Johnson, mort en 1938, est souvent ajouté au groupe.

    Certaines personnes passent sur Terre comme les étoiles filantes traversent le ciel dégagé du mois d’août. Peut-être parce qu’elles ont fait tout ce qu’elles avaient à faire… Ce sont pourtant celles-là que l’on n’oubliera jamais.

    © Jef, Bertocchini- Des ronds dans l’O

    Rock & Folk ne s’est pas trompé. Cet album est l’un des meilleurs biopics consacrés à la compréhension du chanteur des Doors. L’album aurait pu s’appeler Inside Jim Morrison. La porte des Doors ne se refermera jamais.


    One shot : Jim Morrison

    Genre : Biopic

    Scénario : Frédéric Bertocchini

    Dessins & Couleurs : Jef

    Éditeur : Des ronds dans l’O

    ISBN : 9782374181646

    Nombre de pages : 120

    Prix : 24 €


  • Corentin Tréguier 2 – L’improbable revolution de Corentin Tréguier au Royaume-Uni
    par Laurent Lafourcade

    C’est la lutte finale !

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    « -Monsieur l’officier, je suis un passage du SS Commodore, qui, selon toute vraisemblance, vient de quitter le port sans moi. Je ne me souviens absolument pas de ce qui m’est arrive. Je n’ai plus rien sur moi. Pourriez-vous m’aider à…

    -Nom, prénom, origine, papiers d’identité.

    -Tréguier, Corentin, Breton… Enfin, français. Comme je vous l’expliquai, je n’ai rien sur moi.

    -Le vagabondage est interdit à Cardiff, et puni de trois jours de fers et quatre livres d’amende. Suivez-moi. »

                    Mai 1875. Alors qu’il se rendait aux Indes orientales, le botaniste Corentin Tréguier est abandonné à l’occasion d’une escale sur les terres anglaises par l’équipage du bateau qui repart sans lui au petit matin. Pour bénéficier d’un gîte et d’un couvert, Corentin ne va pas avoir d’autre choix que de se faire engager comme mineur dans les mines de charbon de la Rhondda Valley. Dix heures par jour, six jours par semaine pour un salaire de trois shillings et sept pences hebdomadaires. L’usage de la violence contre un supérieur est interdit, de même que les bagarres…sauf dans les périodes de pause. Toute langue non comprise par les contremaîtres (gallois, écossais, irlandais,…) est prohibée, de même que sont interdits rassemblements, réunions et regroupements dans des syndicats. Corentin va bien s’amuser…

    © Hamo, Suarez – Nathan

                    Au fil des jours, dans une correspondance avec sa mère, il lui raconte la dure vie à la mine. Le malheureux voit un sens à sa présence ici, comme au Congo. Il prédit que quelque chose va se passer et qu’il doit y prendre part. Son destin est en marche. Son destin ? Celui de tout le Royaume-Uni ! C’est un coup de grisou qui va changer la donne. Une galerie s’effondre. Il y a des blessés. Il y a des morts. Corentin en sort indemne. C’en est trop. Les ouvriers se mettent en grève. Le français mène la fronde. Pendant ce temps, alors qu’ils ignorent que leur ami est en Angleterre, Christian et Camille se retrouvent à Londres. Il ne manquerait plus que la mère de Corentin traverse la Manche pour le retrouver.

    © Hamo, Suarez – Nathan

                    Si l’histoire de Corentin Tréguier se lit comme un feuilleton, c’est parce qu’elle a été conçue comme un feuilleton. Cette histoire, comme la précédente, est issue de la série de podcasts éponyme de France Culture. Dix épisodes, dix chapitres dans l’album, Emmanuel Suarez adapte son récit très dialogué. C’est là que l’on voit que la radio et la bande dessinée se rejoignent dans l’art du dialogue. Il y en a beaucoup ici mais ça se lit avec grande fluidité. Dans Corentin Tréguier, tout passe par les joutes oratoires et la correspondance épistolaire. Il n’y a quasiment aucun récitatif. Avec son dessin d’un réalisme souple, Hamo se classe dans une gamme d’auteurs comme Xavier Fourquemin. Avec des pupilles rondes et fines, Hamo parvient à donner l’état d’esprit et le caractère de chacun des personnages au premier coup d’œil. Il suffit de regarder les portraits de la galerie en fin d’album pour le comprendre.

    © Hamo, Suarez – Nathan

    L’improbable revolution de Corentin Tréguier au Royaume-Uni, l’album possède un titre qui ne pouvait pas mieux le résumer. Les auteurs offrent un bon moment d’aventure populaire avec un grand A, et qui plus est, historique. Le final laisse augurer d’un prochain épisode en Amérique du Sud et c’est tant mieux.


    Série : Corentin Tréguier

    Tome : 2 – L’improbable revolution de Corentin Tréguier au Royaume-Uni

    Genre : Aventure historique

    Scénario : Emmanuel Suarez

    Dessins & Couleurs : Hamo

    Éditeur : Nathan

    ISBN : 9782095030162

    Nombre de pages : 124

    Prix : 22 €


  • Rockabilly
    par Laurent Lafourcade

    Barbie in Dark Musical Kentucky

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    « -Barbie, je te présente Evy, ma petite sœur, et Zach, le frangin…

    -‘lut !

    -…Eddie, mon autre frangin, et Dad…

    -Hé, Bram !! Cachottier !! Tu nous avais pas dit que t’avais épousé une beauté !! Bienvenue ! Bienvenue ! »

    En attendant que sa belle-sœur arrive à la gare où il est allé la chercher, Hank, un jeune homme, gratte sur sa guitare. Quand Mary-Barbara, alias Barbie, débarque, il n’en croit pas ses yeux. “Putain, la nénette !” Son frère Bram s’est marié avec elle, mais c’est la première fois qu’il la voit. Attirée par la guitare, elle lui demande ce qu’il joue. Un peu de tout : Jimmie Rodgers, Hank Williams, du rock’n roll,… Il lui demande si elle connaît Elvis Presley. Elle adore. Fats Domino et Bill Haley aussi. Côté cinéma, elle a vu La fureur de vivre avec James Dean. Hank, pas encore. Il n’y a pas de cinoche dans le coin. Faut aller à Hazard. On n’est pas à Memphis. Ici, c’est le trou du cul du monde. Si Hank s’interroge sur le fait que Barbie soit venue se paumer chez eux, elle rétorque que c’est parce que c’est encore pire d’où elle vient. Trois ans dans une institution congréganiste pour filles paumées. La seule solution pour s’en sortir, c’était de se marier.

    © Dubois, Rodolphe – Daniel Maghen

    Bram et Hank vivent avec leur père, leurs deux autres frères Zach et Eddie, et leur petite sœur Evy, dans une maison isolée, à quelques pas de la casse paternelle. Leur mère est partie il y a quelques temps déjà. Le repas du soir est l’occasion pour Barbie, sous le bras protecteur de son époux, de découvrir les travers de chacun. Dad balance des blagues salaces. Eddie la dévisage de son regard ténébreux. Zach fait exprès de laisser tomber son bout de pain sous la table pour zyeuter sous ses jupons. Hank, lui, il rêve de se tirer de ce zoo familial. Le repas va être interrompu par une descente de flics. Ils recherchent Eddie, qui a juste eu le temps de partir se planquer. Il est soupçonné de meurtre. Entre non-dits et secrets, Barbie vient d’arriver dans une famille de l’Amérique profonde qui a bien des choses à cacher.

    © Dubois, Rodolphe – Daniel Maghen

    Après les deux triptyques futuristes Ter et Terre, le duo Rodolphe-Dubois se tourne vers le passé pour une immersion dans l’Amérique des années 60, dans le Kentucky. « Le clair de lune est plus doux au Kentucky ; les jours d’été sont plus riches au Kentucky ; L’amitié y est plus vivace ; Les flammes de l’amour plus tenaces ; Mais le mal est toujours pire au Kentucky. » Ces vers de James H.Mulligan synthétisent à merveille le propos de cet album. La nuit est là, violente et dansante. Les jours sont intrigants et l’amour change de camp. Le mal est sous-jacent, plus profond qu’en apparence. La violence est moins explicite, plus pernicieuse. Rodolphe offre une photographie d’un lieu, d’une époque, en écrivant cette histoire qui ne pouvait se passer que là et qu’en ce temps-là. Christophe Dubois ne dessine pas mais met en musique cette chronique que l’on suit à travers les yeux de Barbie, spectatrice fortuite de la déchéance d’une famille de paumés. Une playlist est proposée grâce à un QR code pour prolonger l’atmosphère de l’album.

    © Dubois, Rodolphe – Daniel Maghen

    Avec Rockabilly, Rodolphe et Dubois prouvent une fois de plus, si c’était encore nécessaire, qu’ils sont un duo d’auteurs, à la manière de Mézières et Christin, qui, quoi qu’ils fassent ensemble, signent des albums solides. Cette immersion américaine est leur coup de maître.


    One shot : Rockabilly

    Genre : Thriller

    Scénario : Rodolphe

    Dessins & Couleurs : Christophe Dubois

    Éditeur : Daniel Maghen

    ISBN : 9782356741943

    Nombre de pages : 104

    Prix : 19,50 €


  • Game Over 24 – Fish & ships
    par Laurent Lafourcade

    Blork attitude

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                    Le petit barbare court à perdre haleine avec à ses trousses un Blork aussi cornu qu’un Minotaure. Il se réfugie dans une forêt de palmiers mais le monstre le poursuit dans l’enchevêtrement des lianes. Le fuyard sort de la zone se pensant sauvé pendant que le Blork est bloqué par les lianes qui s’emmêlent dans ses cornes. Il force, il force, il force pour s’en sortir. Les lianes accrochent une noix de coco qui, telle la pierre d’une catapulte, est projetée à toute vitesse sur la tête du petit barbare qu’elle explose littéralement. Game over.

                    Que serait le petit barbare sans la princesse qui l’accompagne ? On sait que l’un ou l’autre vont mourir une bonne quarantaine de fois pour un vingt-quatrième album consécutif. Mais ça n’est pas grave. Enfin… pour nous… pas pour eux. On prend toujours le même plaisir sadique à les voir échouer dans leurs quêtes, dans leurs tentatives de survie, dans leurs fuites face aux Blorks, parce que Midam, le grand chef d’orchestre, a su constituer autour de lui une équipe qui sait se renouveler dans la continuité.

    © Midam, Adam, Patelin, BenBK

                    Dans cet album, le petit barbare va se transformer en avatar de Lucky Luke afin de vider le chargeur de son colt sur un Blork. Quand la princesse va vouloir faire de même, c’est en danseuse de saloon qu’elle va s’incarner. C’est sûr, c’est moins dangereux pour l’ennemi.

                    Une guitare en forme de hache, c’est efficace pour combattre. Mais si celle-ci appartient au groupe de métal Kiss version Blorks il risque d’y avoir des représailles.

    © Midam, Adam, Patelin, BenBK

                    Outre les gags en une planche, il y a ceux en deux, dont la chute pleine case se découvre en tournant la page. Ce sont en fait les chutes les plus imprévisibles qu’il vaut mieux cacher pour ne pas les voir trop tôt ou pour que l’œil ne se pose pas dessus par inadvertance au risque de tout gâcher. C’est poilant.

                    Comme à l’accoutumée depuis quelques albums, le livre se termine par deux pages de making-of. Mais avant cela, une fois n’est pas coutume, on retrouve nos héros dans une histoire, muette ça va de soi, en quatre planches. La princesse est prisonnière d’une horde de rats d’égouts géants. Le petit barbare se transforme en joueur de flûte de Hamelin pour tenter de la sauver de ce bien mauvais pas. On se doute que tout ne va pas se passer comme prévu.

    © Midam, Adam, Patelin, BenBK

                    Poissons et bateaux. Fish and ships. Il est « pané » celui ou celle qui sortira vivant du game… over. Hyper dynamique. Hyper efficace. Hyper drôle. Ça se mange sans faim et ça se lit et relit sans fin.


    Série : Game over

    Tome : 24 – Fish & Ships

    Genre : Humour geek

    Dessins : Midam & Adam

    Scénario : Midam & Patelin

    Couleurs : Ben BK

    Éditeur : Dupuis 

    ISBN : 9782808510233

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,50 € 


  • Les aventures pas-sages de la Baba Yaga 1 – Premiers pas dans l’aventure / Skeletos 1 – L’affaire du sceptre volé
    par Laurent Lafourcade

    Sorcière & Squelettes

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    « -Dire qu’il a fait beau toute la semaine ! Il pleut. Pile quand je decide d’aller explorer le monde. Et toi, comme par hazard, tu trouves le prétexte du mauvais temps pour pas qu’on parte…

    -Miaou ?

    -Non ! On va pas encore passer une journée dans le lit ! On a déjà fait ça hier et avant-hier. Et avant-avant-hier. Après tout, il suffit de bien s’équiper ! C’est rien que de l’eau ! Et avec le sourire, le matou ! On est des aventuriers. »

    La Baba-Yaga est une terrible sorcière. Elle apparaît dans tout plein de contes. Son nom fait encore trembler la nuit et obscurcir le jour. Elle est la gardienne des histoires pas-sages. Aujourd’hui, c’est son enfance qu’elle va nous raconter, quand elle était une petite fouinarde sans foi ni loi. Elle avait déjà son matou, qui schmoutait déjà pas mal à l’époque. Son tout premier souvenir, c’est quand elle a découvert son premier pouvoir, un jour où il pleuvait des cordes. Elle s’est rendu compte à l’occasion d’un éternuement qu’elle avait un souffle redoutable, qui a permis à son chat de voler. C’est un autre jour où elle essaya de cuisiner sa maison comme un poulet rôti qu’elle vit sa bâtisse s’enfuir sur deux pattes géantes de gallinacée. Elle va vite remettre la main dessus, avant de se retrouver dans les griffes du grand lézard royal aux dents acérés et aux griffes puissantes.

    © Lopoukhine, Leray – Seuil jeunesse BD

    Mais que fait une petite fille faite de chair et d’os au royaume des squelettes ? Skeletos, le garde royal, compte bien la ratatiner. Elle s’appelle Garance. Elle est avec son doudou Graziella. Il a un nom de fille mais c’est un garçon. Talapon, le fou du roi, a une explication. Garance n’est pas monstre. C’est un esprit venu du monde d’avant qu’il faut accueillir avec des égards. Une légende raconte qu’il existerait un monde plein de couleurs d’où tous les squelettes viendraient et où ils auraient eu de la peau sur les os, des poils et même un cœur à l’intérieur. C’est en pleine fête à la cour du Roi que Garance va disparaître, avec le sceptre royal. Elle se réveille à l’hôpital où sa maman lui apprend qu’elle a été renversée par une voiture. Tout cela n’était-il donc qu’un rêve ? Il y a peu de chances parce que Garance trouve au fond de son lit le fameux sceptre, dont la disparition cause bien des remous au royaume des squelettes.

    © Baronnet, Doremus – Seuil jeunesse BD

    Grégoire Lopoukhine et Marjolaine Leray redonnent vie à la célèbre sorcière Baba Yaga issue de la mythologie slave. C’est son enfance qu’ils s’attachent à raconter ici dans un trait crayons de couleurs. Enfin, c’est plutôt elle-même qui la raconte. La bande dessinée est adaptée d’un podcast qui en est déjà à sa sixième saison, avec la voix de César Forget. Les aventures de Baba Yaga sont complétement déjantées. On est dans l’univers de tous les possibles, où des vers de terre et des lézards se disputent le pouvoir et où, avec sa maison à pattes de poulet, la sorcière n’a ni plus ni moins inventé fortuitement le concept de camping-car. Ce tome introductif annonce tout un tas d’aventures plus folles les unes que les autres. Il n’y a qu’à écouter des épisodes du podcasts pour s’en rendre compte.

    © Lopoukhine, Leray – Seuil jeunesse BD

    Gaëtan Doremus et Denis Baronnet imaginent une histoire que n’aurait pas renié Tim Burton. Avec l’aventure de Garance, ils créent un pont entre le monde des vivants et celui des morts, sauf que tout le monde n’a pas bien conscience de sa condition, surtout quand, en fait, on n’est pas vraiment mort. Si c’est Skeletos qui donne son nom à la série, c’est parce que c’est lui qui va devoir se sortir un os du derrière pour tenter de récupérer le sceptre disparu. Il y a du Joan Sfar dans le traitement et le sujet de l’histoire. Petit Vampire n’est pas loin, ni psychologiquement, ni graphiquement.

    © Baronnet, Doremus – Seuil jeunesse BD

    Que vous soyez sorcière ou squelette, mort ou vivant, que vous ayez un chat ou un doudou, que vous soyez sages ou pas-sages, les aventures de Baba Yaga et de Skeletos sont faites pour vous.



    Série : Les aventures pas-sages de la Baba Yaga

    Tome : 1 – Premiers pas dans l’aventure

    Genre : Aventure fantastique humoristique

    Scénario : Grégoire Lopoukhine

    Dessins & Couleurs : Marjolaine Leray

    Éditeur : Seuil jeunesse BD

    ISBN : 9791023520750

    Nombre de pages : 96

    Prix : 13,90 €


    Série : Skeletos

    Tome : 1 – L’affaire du sceptre volé

    Genre : Aventure fantastique humoristique

    Scénario : Denis Baronnet

    Dessins & Couleurs : Gaëtan Doremus

    Éditeur : Seuil jeunesse BD

    ISBN : 9791023521184

    Nombre de pages : 96

    Prix : 13,90 €


  • Sakamoto Days 18 – Bataille dérangée
    par Laurent Lafourcade

    Affrontements au Musée

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    « -Dis, à propos du grand boum de tout à l’heure, je suis sûr que c’est la bande de Monsieur Slur qui est entrée dans le Musée ! Oh là là… Je ne saurai plus où me mettre si je le croise… Et puis, on ne voit plus aucun agent de la FJA à l’horizon… C’est pas bizarre, ça ?!

    -M’sieur Sakamoto !!

    -Shin. Désolé pour le retard.

    -Content que vous soyez sains et saufs !

    -Où est Amane ?

    -Aucune idée ! Je l’ai perdu de vue depuis un moment…

    -C’est noté… Dresse-moi le bilan de la situation. »

    La bande de Slur a débarqué en hélicoptère au Musée. C’est dur à avaler mais leur projet d’attentat à la bombe n’était qu’une feinte. La fédération nationale des assassins (FJA) ne reculera devant rien pour les éliminer. Tôt ou tard, des visiteurs innocents seront pris dans des tirs croisés, et ça, pour Monsieur Sakamoto, c’est inenvisageable. Natsuki va débloquer les issues pour évacuer le public pendant que Shin et Sakamoto retiendront l’ennemi. Slur est arrivé avec quatre de ses agents, tous plus forts les uns que les autres. Hormis Slur, il ya Gaku, un combattant puissant qui a déjà quasi détruit une antenne de la FJA, Kumanomi, une experte en magnétisme qui a perdu un bras au combat mais qui l’a déjà remplacé par une arme, Kashima, un homme-cerf qui cherche à sortir son maître de la spirale de la violence, ainsi que Haruma.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    Haruma est un grand amateur de sport. Il a grandi avec Slur dans l’orphelinat. Il s’apprête à lancer une balle mortelle en couverture de ce dix-huitième tome de Sakamoto Days. Tel un danseur dans une chorégraphie enchantée, l’assassin semble habité par une musique immersive. Son duel face à Shin est le climax de l’épisode. Haruma va utiliser ses connaissances et ses compétences dans les principaux sports de balle pour tenter de venir à bout de l’acolyte de l’épicier repenti. Mais Shin va tenter d’analyser chacune des approches de son ennemi pour déjouer ses coups, que ce soit au football, au bowling ou au handball. Chez les assassins, tous les coups sont permis. Il va falloir être expert en esquive pour éviter les coups et aguerri au combat pour en donner.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    Yuto Suzuki l’avoue en préface. Quand la date de remise du manuscrit approche, il a tendance à manquer de sommeil. C’est pourquoi il s’est prévu un kit de sieste pour se reposer. Il plonge alors dans un sommeil profond accompagné d’un long rêve. Il se réveille ensuite brutalement, regrettant le temps perdu, avant de réaliser que ces temps de repos sont extrêmement courts, n’excédant pas sept minutes, et suffisant pour recharger les batteries.

    Comme dans le volume précédent, Sakamoto apparaît très peu. Les lecteurs perspicaces auront remarqué qu’il a un petit peu maigri. Cela est dû aux remarques grossophobes des lecteurs duWeekly Shonen Jump qui lui trouvaient trop d’embonpoint.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    Monsieur Sakamoto et ses camarades de la FJA n’ont pas fini d’en découdre avec Slur et ses sbires. Dans un camp comme dans l’autre, certains y laisseront des plumes. Les combats font rage dans cette bataille dérangée au Musée, pendant que l’épicerie reste ouverte sept jours sur sept. Mais, y a-t-il quelqu’un pour tenir la boutique ?


    Série : Sakamoto Days

    Tome : 18 – Bataille dérangée

    Genre : Thriller/Polar

    Scénario & Dessins : Yuto Suzuki

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344064658

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,20 €


  • Promise Cinderella 3 & 4
    par Laurent Lafourcade

    Et maintenant, un frère…

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    « -Alors, ce premier jour de taf ?

    -J’ai été réprimandée du matin au soir.

    -Ha, ha, tu m’étonnes. (…)

    -Tu l’as rencontré ?

    -Qui ça ?

    -Mon frère.

    -Non, je ne l’ai pas vu.

    -Ah bon ? »

    Toujours pour rembourser la dette qu’elle a envers Isséi, un jeune gosse de riche. Hayame travaille dans une auberge. Isséi continue à lui donner des défis improbables, jouant d’elle avec un sadisme certain, Le challenge d’aujourd’hui consiste à baisser le caleçon de Koya, un bellâtre, et à prendre une photo de la scène. Va falloir la jouer maline. Ça semble mission impossible. Au grand dam d’Isséi, l’homme va se prendre au jeu et filer un coup de main inattendu à Hayame. A-t-il fait ça pour rendre Isséi fou de jalousie ? Si c’est cela, c’est réussi. Isséi est vert de rage. Les intentions d’Hayame ne sont pourtant pas d’entretenir une relation. Elle sort d’un divorce, ce n’est pas pour se remettre dans une situation compliquée.

    © 2018 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    C’est une toute autre rencontre que va faire plus tard Hayame, celle de Seigo Kataoka, sous-directeur de l’auberge. L’homme n’est autre que le frère aîné d’Isséi. Il mène son affaire de main de maître, avec comme exigence première la satisfaction du client. Fondamentaux et conscience professionnelle en toutes circonstances. Après une mise au point avec tous les employés, il convoque Hayame dans son bureau. Elle ne s’en rappelle plus mais dix ans plus tôt ils se sont déjà rencontrés. Les souvenirs vont revenir à sa mémoire. Là encore, les discussions entre les deux êtres vont agacer Isséi.

    © 2018 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Dans ces deux nouveaux tomes de Promise Cinderella, Oreco Tachibana fait considérablement évoluer les relations entre les personnages. On n’est plus du tout dans un jeu dominant-dominée avec Isséi et Hayame. La jeune femme, de près de dix ans son aînée, prend les choses en main. Elle se plie à la pantalonnade tout en assumant ses choix. Et lorsqu’il n’est plus question de dettes, elle choisit de rester, d’une part parce que financièrement il lui est encore compliqué de louer un appartement, ensuite parce qu’elle développe une certaine compassion si ce n’est amitié pour celui qui était son « geôlier ». Tachibana développe les personnages secondaires, avec la mise en scène de Madame Saionji, une habituée de l’auberge de plus de quinze ans, qui dirige une agence de jeunes acteurs, et Noda, un soi-disant copain d’Isséi, qui a la fâcheuse habitude de harceler les plus faibles.

    © 2018 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Entre jeux de dupes et de séduction, Promise Cinderella raconte le parcours d’une jeune japonaise contrainte de prendre un virage dans sa vie. Ce qui ne tue pas rend plus fort. Cet adage résume le destin d’Hayame qui ne compte pas être un pion que l’on déplace sur un échiquier. Elle n’est pas encore maîtresse du plateau mais commence à choisir les coups qui sont joués.



    Série : Promise Cinderella

    Tomes : 3 & 4

    Genre : Comédie romantique

    Scénario & Dessins : Oreco Tachibana

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 97823440654-57/-64

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,90 €


  • Sang de Sein
    par Laurent Lafourcade

    Cluedo au phare

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    « -Bravo Brieg… Encore une récompense !

    -Et tellement méritée ! J’ai adoré votre dernier livre.

    -Peu importent les récompenses. Ce qui compte, c’est la fidélité du public.

    -Comment vont les ventes du petit dernier ?

    -Déjà deux réimpressions. L’éditeur est ravi.

    -Monsieur Mahé, ça va être à vous. »

                     Ce soir, le prix Eugène Brillant est décerné à l’unanimité à l’écrivain Brieg Mahé pour son dernier ouvrage « Mes émois et moi ». Lors de son discours de remerciements, il annonce tourner la page de l’autofiction pour se lancer dans le policier. Il espère rédiger le roman policier ultime, modèle du roman d’enfermement qui laissera les lecteurs sans voix. Il invoque les mannes d’Agatha Christie pour le guider et la dépasser. Le bougre n’est pas étouffé par la modestie. Son récit serait un théâtral « Dix petits nègres » (rebaptisé « Ils étaient dix ») au cœur de l’océan. Grâce au Ministre de la culture et surtout grâce à sa directrice de cabinet, Brieg Mahé propose à cinq personnalités un séjour privé au mythique phare d’Ar-Men, sur l’île de Sein. Si tous ont été invités, c’est parce qu’ils sont les spécialistes dans leurs domaines respectifs.

    © Weber, Nicoby, Kness – Vents d’Ouest

                    L’auteur invite Nathan Martel, romancier et concurrent à succès, Amélie Williams, réalisatrice de films, François Dulac, spécialiste ès-lettres de l’œuvre d’Agatha Christie au sujet de laquelle il a écrit biographie et essais, Gérard Morteau, commissaire de police à la retraite, ainsi que Yann Le Menec, un gardien de phare qui a connu Ar-Men habité.

                    Ce n’est pas pour rien qu’Ar-Men est surnommé L’enfer des enfers. Le quintet d’invités va vivre (ou mourir) un séjour de trois jours inoubliables. Entre auteur moderne et réchauffeur de vieilles potées anglaises, les avis divergent. Mais bon, dix mille euros de défraiement par personnes permettent de laisser les susceptibilités de côté. Inutile de préciser que tout le monde ne reviendra pas vivant.

    © Weber, Nicoby, Kness – Vents d’Ouest

                    Réédité dans la collection BD poche, Sang de Sein est la troisième des quatre histoires maritimes bretonnes dessinées par Nicoby sur scénarios de Patrick Weber. Ce dernier écrit ici un Whodunit imprévisible, une mise en abime au cœur de la création. Dans les personnages, notez que François Dulac est en fait une représentation de François Rivière, scénariste de bande dessinée, connu entre autres pour Albany avec Floc’h, et aussi spécialiste des œuvres d’Edgar-P. Jacobs et… Agatha Christie. Sur le phare, rien ne va se passer comme prévu et un coup de théâtre magistral va laisser le lecteur bouche bée. Et quand c’est fini, ce n’est pas fini. Il faut tout lire jusqu’à la dernière page car le rebond de la conclusion est un écho au préambule.

                    Nicoby alterne entre un théâtre de personnages et une mer démontée dont il montre avec éclats qu’elle est la patronne. Quoi que vous fassiez, les vagues décideront pour vous. Le dessinateur le prouve dans son trait.

    © Weber, Nicoby, Kness – Vents d’Ouest

                    Histoire de mer, histoire de mort, histoire de mystères, avec un « s », Sang de Sein est un polar comme on en redemande. On sent les embruns sur soi quand on referme l’album.


    One shot : Sang de Sein

    Genre : Polar

    Scénario : Patrick Weber

    Dessins : Nicoby

    Couleurs : Kness

    Éditeur : Vents d’Ouest

    Collection : BD poches

    ISBN : 9782344069578

    Nombre de pages : 136

    Prix : 10 €


  • Au chant des grenouilles 3 – Le club du samedi
    par Laurent Lafourcade

    La résolution du mystère

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     « -Coucou, Fog ! Coucou, Basil !

    -Honey, descends ! On va faire un tour dans la forêt.

    -Je ne peux pas. Je suis en train de réviser le contrôle d’histoire.

    -Quoi ?!! Un contrôle ?!!

    -Non, mais on ne sait jamais.

    -Allez, viens ! On doit parler ! »

    Enfermé chez lui pour réviser son prochain contrôle d’histoire, le renardeau Honey est sollicité par Fog et Basil pour aller faire un tour dans la forêt. Ha, les sacrés tentateurs ! Incroyable, le père de Honey lui autorise l’escapade. Le corbeau et la sauterelle intègrent leur camarade dans la mission code rouge ! Pourtant, le club du samedi n’a pas mis Honey au courant. C’est parce que c’est une mission sans les autres. Fog pense être le seul à pouvoir résoudre l’énigme du gâteau empoisonné. Sa mère, c’est quand même la shérif du village. Si trop de monde les accompagne, ça risque de tout ralentir. Le trio reprend les indices depuis le début et se met en quête vers le marais. Trouveront-ils qui a saboté le concours de pâtisserie ?

    © Canepa, Halard, Rigano – Oxymore

    Qui ne rêverait pas d’habiter dans la forêt de Greenwood ? Qui ne souhaiterait pas faire partie du club du samedi pour partager les jeux et les secrets de Honey et ses copains ? Des sous-bois aux habitations, les décors sont idylliques. On n’avait rien vu d’aussi beau depuis l’adaptation du Vent dans les saules par Michel Plessix. Si les auteurs s’adressent en premier lieu aux enfants, ils ne se moquent pas d’eux, en leur proposant une vraie histoire, avec un début, un milieu et une fin, une véritable intrigue, et tout cela dans un graphisme aussi merveilleux que minutieux. On appelle cela le respect. De trop nombreuses séries jeunesses au graphisme survolé, sans aucun détail, devraient en prendre de la graine.

    © Canepa, Halard, Rigano – Oxymore

    La série concept de Barbara Canepa et Anaïs Halard est définitivement adoptée. Les différents dessinateurs sont dans une telle osmose que si on n’a pas les tomes à côté on ne remarque pas instantanément que ce n’est pas la même personne qui les a dessinés. Dans des couleurs de fin d’après-midi d’été, ce troisième épisode est confié à Giovanni Rigano qui a dessiné les pages encyclopédies de tous les volumes. Dans celui-ci, on découvre qu’il existe trois familles d’empreintes : les pelotes appartenant aux loups, aux ours, les sabots, particularités des cerfs, des sangliers, et les mains chez les hérissons, les lapins. Plus loin, les abeilles et les guêpes nous disent tout sur leurs particularités, sur la pollinisation et sur le miel. Enfin, on découvre tout ce que l’on peut faire avec de l’argile, une fois que la roche est concassée et humectée.

    © Canepa, Halard, Rigano – Oxymore

    Avec Le club du samedi, le triptyque introductif d’Au chant des grenouilles s’achève. Mais les aventures de nos amis ne sont pas près de s’arrêter. Des histoires indépendantes sont d’ores et déjà annoncées pour poursuivre la collection.


    Série : Au chant des grenouilles

    Tome : 3 – Le club du samedi

    Genre : Bucolisme

    Scénario : Barbara Canepa et Anaïs Halard

    Dessins : Giovanni Rigano

    Couleurs : Barbara Canepa, Giovanni Rigano & Gaetano Zinourov

    Éditeur : Oxymore

    Collection : Métamorphose

    ISBN : 9782385610951

    Nombre de pages : 48

    Prix : 14,95 €


  • La déconfiture
    par Laurent Lafourcade

    Ciel bleu, temps couverts

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    « -Plus fort que l’été 36, toute la France sur les routes.

    -La France entière se débine, elle fait ses ballots, elle fout le camp.

    -Ah elle est belle l’armée française !

    -On la cherche justement.

    -Jean-Foutre ! En 14 on se battait, nous !

    -Toujours et encore le même refrain. « 

    Juin 1940, c’est la débâcle de l’armée française. Les gradés tentent de préserver un semblant d’ordre. Les avions ennemis lâchent leurs bombes sur les troupes en déroute. Un obus allemand a causé un trou béant sur la route. Le soldat Amédée Videgrain est collé d’astreinte pour faire le planton sur place afin de signaler la présence de l’impact au camion de la Croix-Rouge qui va récupérer les corps des victimes du dernier assaut. Un fois passé, le soldat va rejoindre à moto ses camarades du onzième régiment. Pas facile avec une mécanique défectueuse et sans phare pour ne pas se faire repérer. A la recherche de son bataillon, Videgrain va croiser l’horreur, la désillusion, la mort, le fatalisme, et toutes ces sortes de choses qui sont et qui font la guerre. Où sont donc ses compagnons de galère ? « C’est la question, ils sont là, là, là… En fait, ils ne sont nulle part… Et les allemands partout. »

    © Rabaté – Futuropolis

    Dans toute une première partie, Amédée Videgrain est un soldat, uniquement un soldat, ou presque. Les événements tragiques qui s’enchaînent vont lui rappeler sa condition d’humain. Si même les gradés baissent les bras, à quoi bon se battre ? Dans la deuxième partie sous pavillon nazi, Videgrain ne se contente plus d’être un simple spectateur. Il avait… Il a… une vie. Il espère bien qu’un jour les choses rentreront dans l’ordre. Après avoir retrouvé ses camarades, il faut voir dans quel état moral, il va devoir prendre son destin en main pour retrouver sa famille. En racontant la guerre d’Amédée, Pascal Rabaté place le lecteur dans la peau d’un quidam qui se retrouve en situation de guerre et de défaite sur tous les fronts. Et nous, qu’aurions nous fait ? Pour Amédée, avant tout, l’objectif est de survivre. Il le dit lui-même en quittant une maison abandonnée dans laquelle il s’était réfugié : « La survie oui, le pillage non ! »

    © Rabaté – Futuropolis

    En 1940, les nazis sont en position victorieuse. L’armée française a subi une déconfiture. Des millions de civils sont en exode. Tout est résumé dans une scène muette poignante où les avions allemands bombardent une colonne de civils. Dans une ambiance blanche et noire aux tons bleutés à la Tardi, Pascal Rabaté signe l’un des récits de guerre majeurs en bande dessinée. A l’origine publié sous forme de diptyque, cette intégrale est publiée à l’occasion des 85 ans des événements. Videgrain est un soldat Lambda. C’est vous, c’est moi, c’est Rabaté, c’est l’espoir malgré tout pour paraphraser Emile Bravo. Videgrain n’est pas un héros. Il a un côté lâche, on le verra vers la fin du récit, mais après tout, ses agissements ne sont pas totalement illégitimes. Ne dit-on pas que la guerre est dirigée par les gradés et subie par les soldats ? Alors pourquoi ne pas reprendre sa liberté de penser ?

    © Rabaté – Futuropolis

    A lire avec l’adaptation de Suite française d’Irène Némirovsky par Emmanuel Moynot pour avoir un focus sur le côté « civils », La déconfiture apporte un point de vue « militaire » désabusé sur une tragédie dans laquelle, au final, vainqueurs comme perdants, tout le monde a été victime.


    One shot : La déconfiture

    Genre : Histoire

    Scénario & Dessins : Pascal Rabaté

    Éditeur : Futuropolis

    ISBN : 9782754847414

    Nombre de pages : 216

    Prix : 29 €


  • Kilomètre zéro
    par Laurent Lafourcade

    Namasté, la vie !

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    « -Tu te souviens de cette mission à Katmandou, l’année dernière ?

    -Oui.

    -Trois semaines après mon arrivée, le gynécologue m’a appelée pour m’annoncer les résultats de mes dernières analyses. Avant de rentrer en France, je me suis confiée à ce professeur américain, Jason. Sensible à ma détresse, il m’a parlé d’une méthode ancestrale népalaise. Une méthode qui permettrait, par une prise de conscience et un changement d’état d’esprit, d’augmenter ses chances de guérison. Il y a quelque chose que je voudrais te demander, Maëlle.

    -Bien sûr ! Tout ce que tu voudras…

    -Ecoute-moi, d’abord. »

                    Paris, aéroport Charles de Gaulle. Si aujourd’hui Maëlle prend l’avion, c’est parce qu’elle a fait une promesse la veille à son amie Romane. Malade d’un cancer, cette dernière lui a demandé de partir pour elle au Népal, à la recherche d’une méthode ancestrale que pourrait lui donnait un certain Jason et qui permettrait d’augmenter ses chances de guérison par une prise de conscience et un changement d’état d’esprit. Plusieurs livres mentionnent cette méthode mais aucun n’en divulgue le contenu. A la suite de conflits entre la Chine et le Népal, le gouvernement aurait caché le document, sans doute par crainte de retombées économiques et d’un écroulement du marché pharmaceutique. Si Maëlle trouve cela absurde, une promesse étant une promesse, elle s’envole pour un court séjour qui risque de changer plus que la vie de Romane.

    © Ducrest, Ankaoua – Casterman

                    A peine installée dans son hôtel à Katmandou, Maëlle Garnier, enfant chérie de la start-up nation, addict au travail, comme elle se définit, découvre une lettre de Jason. Une urgence médicale l’ayant obligé à quitter la capitale, celui-ci lui propose de le rejoindre au sanctuaire des Annapurnas, en plein cœur de l’Himalaya. Il a déjà tout prévu pour le trek. Shanti, un guide, a déjà été mandaté pour accompagner l’européenne. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, pour son amie, Maëlle s’apprête, sans le vouloir, à observer le monde avec un regard neuf et curieux comme le ferait un enfant. Elle n’imagine pas le chemin philosophique qu’elle va parcourir, plus long et plus pentu que le chemin physique. Elle n’imagine pas qu’elle n’est pas uniquement sur la route de la guérison de Maëlle.

    © Ducrest, Ankaoua – Casterman

                    Mathilde Ducrest adapte le best-seller aux deux millions d’exemplaires de Maud Ankaoua. Romancière, coach et conférencière, l’écrivaine a quitté le sombre monde de l’entreprise et de la finance pour s’intéresser à la vraie vie, aux relations humaines. A travers ses livres feel-good, elle partage ce qu’elle a appris sur elle-même et sur l’espèce humaine lors de ses pérégrinations à travers la planète. La dessinatrice guide la main et le regard du lecteur vers, le sous-titre le dit, le chemin du bonheur. Son trait clair met une distance entre les personnages et les paysages, comme si Maëlle, au début de l’histoire, était étrangère au décor. Au fil du récit, est-ce parce que l’on s’y habitue ?, est-ce parce qu’on est concentré sur le texte ?, est-ce parce que les éléments physiques et spirituels se fusionnent ?, la voyageuse trouve sa place graphique, en accomplissant pour son amie, et peut-être pour une autre raison, sa quête de sens. Comme quoi, un procédé qui peut paraître froid en feuilletant l’album s’avère payant lorsqu’on en comprend la raison à la lecture.

    © Ducrest, Ankaoua – Casterman

                    Kilomètre zéro est le genre d’album avec lequel, ou plutôt grâce auquel, on n’est plus tout à fait le même après l’avoir refermé. Ne nous aurait-il pas aidé à comprendre quelque chose sur nous-même, même si l’on ne le cherchait pas ? C’est en cela que la littérature, et par ricochet ici la bande dessinée, a quelque chose de magique et de transcendant.


    One shot : Kilomètre zéro

    Genre : Tranche de vie

    Adaptation, Dessins & Couleurs : Mathilde Ducrest

    D’après : Maud Ankaoua

    Éditeur : Casterman

    Nombre de pages : 152

    Prix : 21,50 €


  • Les grimpeurs 1
    par Laurent Lafourcade

    Bloc de gags pour gags à blocs

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    « -Trop bien ! Regarde ! Une nouvelle salle de bloc vient d’ouvrir et c’est aujourd’hui l’inauguration !

    -Montre voir… Mais c’est à 1 h de route !

    -1 h de route pour une journée de grimpe, c’est rieeen du tout ! Imagine ! Toi et moi, de nouveaux blocs à conquérir, de nouvelles prises, flambant neuves, un nouvel environnement à apprivoiser, nous deux en train d’analyser les blocs et de les réussir ensemble, en équipe ! C’est tout un univers qui s’offre à nous !!

    -Ok, ok, t’as gagné ! On y va !

    -Vrai ? »

    La grimpe, plus qu’un sport, plus qu’un loisir, pour ceux qui y goutent, ça devient rapidement une addiction. Alors, lorsqu’une nouvelle salle ouvre, les grimpeurs n’ont qu’une envie : aller l’essayer. On peut grimper entre potes ou avec son amoureuse, on peut grimper à la force des doigts et sans les pieds. On peut aussi grimper en extérieur dès qu’un rocher aux anfractuosités propices se présente. Grimper ne s’improvise pas. Il faut s’équiper, s’échauffer les bras, les jambes, les poignets et travailler son cardio. Au bloc, l’entraide, la bienveillance et le partage sont les règles d’or. Mais attention à ne pas confondre conseiller et agacer. Ça pourrait se retourner contre vous. La pratique peut aussi être bien utile dans la vie de tous les jours, par exemple quand on rentre éméché à la maison et qu’il faut se coucher sans réveiller sa chérie. Y a pas à dire, David assure en équilibre.

    © Volpi, Domon, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

    On ne parle bien que de ce que l’on connaît bien. Le scénariste David Volpi et un grimpeur passionné et un pratiquant assidu. Son chat aussi. Avec humour, il fait découvrir les diverses facettes de l’activité : la salle, le barefoot climbing (grimper pieds nus), en s’appuyant sur les prouesses de stars de la grimpe comme Oriane Bertone, championne de France de bloc. On apprend que le sportif qui montre la voie par laquelle passer le plus aisément, ou pas, se nomme un ouvreur. On respire la magnésie, liquide ou en poudre blanche, qui permet aux doigts de ne pas glisser sur les prises. En cas de chute, no stress, le crashpad accueillera le débutant ou l’intrépide qui chute en extérieur, les salles étant équipées pour les « dérapages » éventuels.

    © Volpi, Domon, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

    Digne fils graphique de Frank Margerin, Jack Domon navigue des falaises en extérieur aux murs des salles avec leurs blocs de toutes les couleurs, représentées dans l’album par Alexandre Amouriq et Mirabelle. Le dessinateur de l’hilarante Sotizerie s’applique à reproduire les positions acrobatiques de ces hommes et femmes araignées qui, tel Spiderman, semblent collés aux parois. L’album est en partenariat avec la FFME (fédération française de la montagne et de l’escalade). Un cahier documentaire pédagogique complète et crédibilise tout ce qui est raconté dans ce livre qui donne vraiment envie de s’essayer à la pratique.

    © Volpi, Domon, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

    Pas besoin d’être grimpeur pour s’amuser avec cette BD. Après tout, la BD d’humour et la grimpe, c’est un peu la même chose, il suffit de savoir maîtriser la chute.


    Série : Les grimpeurs

    Tome : 1

    Genre : Humour escaladé

    Scénario : David Volpi

    Dessins : Jack Domon

    Couleurs : Alexandre Amouriq & Mirabelle

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9791041114580

    Nombre de pages : 48

    Prix : 11,90 €


     

  • Kujô l’implacable 9 & 10
    par Laurent Lafourcade

    La spirale de la violence

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    « -Un camion-benne a embouti le garage.

    -Quoi ?! C’est un coup du clan Fushimi, vous croyez ? Qu’est-ce qu’ils vont faire, maintenant ?

    -Ouais… Leur réseau d’information est béton. Ils ne vont pas traîner à trouver Inukai et ses potes. »

    Inukai a tué le fils de Kyôgoku. Il n’y avait pas pire pour déclencher la colère du chef de clan qui prépare sa vengeance. Son lieutenant Masami Karigane lui propose de faire appel à un tueur à gages étranger pour s’occuper d’Inukai et Mibu. Kotestu Kajiya, membre du clan Fushimi, propose de s’en charger, sans utiliser d’arme à feu. Il n’est pas face à des Yakuzas. La première étape va être d’emplafonner le garage de Mibu au camion-bélier. Ce dernier prépare la suite. Tant qu’à se faire flinguer, pourquoi pas buter Kyôgoku et ses sbires ? Pour retrouver Mibu, Kyôgoku va se renseigner directement auprès de maître Kujô, celui que l’on appelle l’implacable. Les tortures des Fushimi sont d’une violence inouïe. N’y a-t-il pas moins douloureux que de tomber dans leurs griffes ?

    © 2025 Shohei MANABE All rights reserved
    © KANA 2025

    Dans le volume suivant, c’est en prison que l’on va retrouver les principaux acteurs, dans un camp comme dans l’autre. Contre toute attente, Kujô est derrière les barreaux, dénoncé pour recel de malfaiteurs par Mibu. Ce dernier est lui aussi emprisonné. Il s’est présenté aux autorités avec des armes de poing et des munitions en provenance de l’arsenal du clan Fushimi. Il a été arrêté sous le coup de la loi sur la possession d’armes. Ayant conclu un arrangement avec la police, il pourrait échapper au procès. Troisième incarcéré, c’est Kyôgoku lui-même. Il risque dix ans minimum pour détention d’un arsenal. Pour les uns, comme pour les autres, les défenses s’organisent. Nobuteru Nagaragi, qui a été professeur de droit de Kujô, Shinji Karasuma, avocat au sein du cabinet de Kujô, et Yûzô Yamashiro, ancien patron de Kujô, vont s’occuper respectivement de chacun des clients, avec des stratégies à mettre en place pour certains afin d’éviter les conflits d’intérêts

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    Criminel ou victime, la loi est aveugle… Le « slogan » de la série n’aura jamais aussi bien résumé le propos. Le mangaka Shôhei Manabe enfonce le clou dans la spirale de la violence, en dessinant des scènes malaisantes à la limite du supportable. Si le tome 9 montre l’indicible dans les actes et dans les décisions, le tome 10 fait retomber la tension et propose une pause salvatrice mettant en jeu les tractations entre avocats. Nullement ennuyeux, il montre les dessous du métier. L’auteur remonte à l’enfance de Kujô avec les relations entre le futur avocat et son père…impitoyable.

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    Entre guerre des gangs et guerre d’avocats, Kujô l’implacable dépeint une réalité noire et affreusement crédible. Dérangeant, malsain et étonnamment fascinant.



    Série : Kujô l’implacable

    Tomes : 9 & 10

    Genre : Thriller/Polar

    Scénario & Dessins : Shôhei Manabe

    Éditeur : Kana

    Collection : Big Kana

    ISBN : 978250513-2806/-3209

    Nombre de pages : 192

    Prix : 8,10 €


  • La drôle de guerre de Papi et Lucien 4 – Opération : Résistance !
    par Laurent Lafourcade

    Entre ici, Jean Moulin !

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    « -Le cours de la guerre a complètement changé depuis le débarquement des Alliés en Afrique du Nord en novembre dernier ! Les plans du général de Gaulle ont changé aussi : l’or du Sahara que vous avez récupéré n’ira finalement pas à Londres… Vous allez l’apporter à la résistance intérieure !

    -On retourne en France ?

    -Exactement !

    -Super ! »

                    1943. Papi et Lucien rentrent d’Afrique avec l’or du Sahara qu’ils devaient convoyer jusqu’à Londres auprès du Général de Gaulle. Changement de plan : De Gaulle, de retour dans la capitale anglaise, veut mettre le paquet pour permettre aux maquisards de lutter efficacement contre l’occupant allemand. Ce sont eux qui pourront libérer le territoire français. Aux côtés des Etats-Unis et de l’Angleterre, la France ne doit pas être absente du combat contre le nazisme. Peu nombreux, isolés, divisés et sans le sou, les résistants ont grandement besoin de fonds. Papi et Lucien sont débarqués en douce sur la côte française. Chacun aux pédales d’un triporteur, ils embarquent le butin. La route va être longue et les embûches nombreuses.

    © Téhem, Erre – Auzou

                    Dans une petite préfecture du sud de la France, Helmut le nazi, ennemi héréditaire de nos héros, a été recyclé dans l’administratif. Le général Rommel ne veut plus le voir sur les champs de bataille. Il est chargé de traquer les opposants et de mener des interrogatoires pour le compte de la Gestapo, noble tâche s’il en est. L’obersturmführer, pour avoir la paix, l’autorise cependant à aller traquer l’ennemi dans la rue.

                    De son côté, De Gaulle charge un certain Jean Moulin de mettre de l’ordre et de structurer les réseaux de résistance. Il pourra disposer de l’or en transit pour sa mission.

                    Le grand-père et le petit-fils, eux, poursuivent leur périple. Le patriarche retrouve sa maison de famille, occupée par des résistants. L’armée secrète les accueille et leur présente le réseau.

    © Téhem, Erre – Auzou

                    Les choses, ou plutôt l’Histoire s’accélère. Lucien grandit. L’enfant est devenu un adolescent… boutonneux, certes, mais un adolescent. Il va retrouver sa mère, bras droit du général de Gaulle, et son père, infiltré dans la Gestapo pour mieux aider les rebelles. Qui aurait cru qu’on aurait pu rire avec l’histoire de Jean Moulin ? Fabrice Erre et Téhem parviennent à amuser et à émouvoir avec l’un des destins les plus poignants de la Seconde Guerre Mondiale. Le trait gros nez du dessinateur associé aux running gags du scénariste apporte le contrepoids nécessaire pour supporter l’insupportable. Les auteurs signent une série exemplaire au traitement décalé qui rappelle de grandes heures de la BD (souvenez-vous du Docteur Kilikil dans QRN sur Bretzelburg).

    © Téhem, Erre – Auzou

                    Plutôt que le café, préférez la Chicorée Zistant ! Celle que transportent Papi et Lucien a un goût libérateur. Apprendre la guerre, résister, se souvenir, en s’amusant, ce n’est pas donné à tous les auteurs de réussir à le faire. Cette série de Téhem et Fabrice Erre montre la puissance de la bande dessinée franco-belge tous publics dans un contrepied à point nommé.


    Série : La drôle de guerre de Papi et Lucien

    Tome : 4 – Opération : Résistance !

    Genre : Aventure historique

    Scénario : Fabrice Erre

    Dessins & Couleurs : Téhem

    Éditeur : Auzou

    ISBN : 9791039552493

    Nombre de pages : 56

    Prix : 12,95 €


  • Les petits mythos présentent la Mythologie Egyptienne
    par Laurent Lafourcade

    Du haut de ces pyramides, les petits mythos contemplent !

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    « -M’sieur Thot, « Pyramide », c’était le roi de quoi, déjà ?

    -C’était l’autre nom du Nil, je t’ai dit !

    -Zut… Moi j’avais noté que ça voulait dire « Momie » !

    -Ou bien ça veut dire qu’on est un peuple très dur à comprendre, ou qu’on est vraiment tombés sur les pires cancres de la Grèce… »

                    Ah, l’Egypte ! Ses dunes de sable, ses pyramides, ses papyrus, mais surtout ses dieux, ses déesses et ses légendes. Totor, Athéna, Hercule et Atlas sont en voyage en Egypte et découvrent ses secrets. Accompagnés d’Isis, Osiris et Thot, ils vont découvrir une autre civilisation que la leur. Tout commence par l’écriture : les hiéroglyphes. Tellement compliqué pour nos grecs ! A Memphis, Totor apprend que Ptah a créé le monde juste en parlant, et c’est certainement une gamelle qui a donné naissance aux gros mots.  Attention Hercule de ne pas s’approcher trop près de Râ. Aussi gentil soit-il, le Dieu-Soleil est blagueur. Et tous ces noms ! Qu’ils sont complexes à retenir ! C’est peut-être pour ça que Totor préfère Isis à Sekhmet, Nekhbet et Khefethernebes. Son nom est plus facile à prononcer.

    © Cazenove, Bloz, Marshall, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

                    Tout comme en Grèce, les divinités égyptiennes ont des attributs. Osiris porte une couronne blanche et Isis un trône en guise de couvre-chef parce que c’est la signification de son nom. Hercule s’esclaffe. Elle n’est pas passée loin de s’appeler « chaise ». Le dieu Thot, à tête d’Ibis, va raconter à Totor l’histoire d’Osiris, la fois où Seth a voulu se débarrasser de lui en le balançant dans le Nil dans un cercueil. Heureusement que sa sœur Isis l’a retrouvé. Si nos petits mythos regrettent que les égyptiens n’aient pas de labyrinthe, d’hydres, de cyclopes et de cerbères, ils vont apprendre que de nombreuses fables animalières composent leurs légendes. Ils vont également être décomplexés face à la mort qui, pour les égyptiens, n’est qu’une autre étape de la vie.

    © Cazenove, Bloz, Marshall, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

                    2025, année égyptienne chez Bamboo. En plus de ce hors-série des Petits Mythos, l’éditeur lance la série d’albums jeunesse Petit Chou, signée Amandine Marshall et Nathalie Janer dont les deux premiers albums sont parus en mai. La même scénariste, avec Domas aux dessins, publie un livre de Vrai/Faux sur l’Egypte antique. Ce n’est pas étonnant que ce soit cette même spécialiste qui se soit chargée des textes des Petits Mythos présentent la mythologie égyptienne. Entre les planches de gags et les dessins humoristiques pleines pages, dessinées une fois n’est pas coutume par Bloz et non pas par Larbier, mais toujours scénarisées par Christophe Cazenove, sous l’œil bienveillant d’Amandine Marshall qui raconte tout ou presque sur la civilisation et ses légendes dans des textes illustrés. Cerise sur le gâteau à l’institut du monde arabe à Paris : jusqu’au 11 janvier 2026, le Musée et les éditions Bamboo présentent l’exposition Le Mystère de Cléopâtre, avec des ateliers créatifs imaginés par les auteurs, comme le samedi 27 septembre où l’on pourra, avec l’égyptologue Amandine Marshall, apprendre à déchiffrer les hyéroglyphes et décoder ainsi les secrets des pharaons.

    © Cazenove, Bloz, Marshall, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

                    Après La mythologie nordique et Les jeux olympiques, La mythologie égyptienne ajoute une pierre à la collection Les petits mythos présentent, série aussi amusante qu’instructive.


    Série : Les petits mythos

    Tome : HS – Les petits mythos présentent la Mythologie Egyptienne

    Genre : Humour instructif

    Textes : Amandine Marshall

    Scénario : Christophe Cazenove

    Dessins : Bloz

    Couleurs : Alexandre Amouriq & Mirabelle

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9782818985601

    Nombre de pages : 48

    Prix : 11,90 €


  • Son odeur après la pluie
    par Laurent Lafourcade

    Un chien pour la vie

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    « -Cédric, tu travailles ?

    -Tu vois, Marie ? Même les profs de gym doivent préparer leurs cours !

    -Je cherche un nom pour un cabot que je vais adopter.

    -Ah ! L’aventurier nomade commence à prendre des responsabilités !

    -Si tu penses à trouver une compagne, tu sais où j’habite, beau gosse…

    -Chère Madame, je vous rappelle que vous nagez dans le bonheur en étant marié avec moi.

    -Le bonheur est surestimé.

    -C’est pas une tâche facile. Il faut un nom court, qui claque… et qui ait du sens. »

                    La trentaine rugissante, Cédric est un professeur d’EPS passionné et adepte de montagne. Alors, lorsqu’il cherche un nom pour le chien qu’il va adopter, quoi de mieux qu’un nom court, qui claque et qui ait du sens, donc du lien avec sa passion. Il a trouvé, quatre lettres, comme de la terre au feu, deux syllabes fuyant la lumière mais ne refusant pas les éclats du bonheur, l’animal s’appellera Ubac. Quelques jours plus tard, il ramène chez lui une adorable petite boule de poil, qui ne restera pas petite et bouleversera sa vie, un magnifique bouvier bernois qui sera un compagnon de route inestimable.

    © Munuera, Sedyas – Le Lombard

                    Ce ne sont seulement dans les balades en forêt qu’Ubac va accompagner Cédric. Ce dernier va aussi l’amener en cours, avec ses élèves, au grand dam de l’inspecteur de l’éducation nationale qui ne va pas tarder à le lui reprocher, tout comme il déplore que l’enseigne fasse sortir les enfants de l’école pour les emmener en montagne, à un jet de pierre de l’établissement. Il le menace de le déplacer s’il ne suit pas une formation professionnelle. Décidément, ce n’est pas une bonne période pour Cédric, lui qui vient de se faire virer de son appartement parce que le bail, soi-disant, n’autorisait pas les chiens. Il va trouver son salut grâce à un couple de retraité qui lui propose de le loger dans une partie du logement qu’ils viennent d’acheter pour ne pas passer leur retraite à Paris. Le karma semble de nouveau tourner dans le bon sens, d’autant plus qu’il a rencontré une sympathique jeune photographe dans un parc.

    © Munuera, Sedyas – Le Lombard

                    Son odeur après la pluie est l’une des plus belles histoires d’amour qui ait été écrite entre un homme et son chien. José-Luis Munuera, non content d’être l’un des meilleurs dessinateurs du moment, confirme ici qu’il est aussi l’un des meilleurs adaptateurs de romans. Après Melville, Dickens et Barrie, c’est un auteur contemporain qui lui offre aujourd’hui matière à un album marquant dont le héros du quotidien est un bouvier bernois, race de chien de berger qui autrefois gardait le bétail et tirait des charrettes de lait. Ubac est le compagnon des promenades de Cédric, mais aussi de celles du lecteur. Graphiquement, Munuera laisse également éclater son talent dans les scènes d’escalade en montagne.

                    Si un travail est à souligner particulièrement dans cet album, c’est celui de Sedyas. Et pas seulement dans les rochers blancs-bleus aux reflets jaunes d’un soleil éblouissant les yeux. Dans des planches grisâtres, seul Ubac apparaît en couleurs. La scène des retrouvailles avec Mathilde est particulièrement bien pensée dans ce sens où Sedyas montre comment l’animal illumine la vie des gens qui croisent sa route.

    © Munuera, Sedyas – Le Lombard

                    Une vie avec un chien, ce sont de nombreuses joies, mais aussi quelques peines. On suivra le destin d’Ubac jusqu’au bout, avec une inévitable petite larme à la fin, mais pour combien de bonheur. Avec cette histoire, Cédric Sapin-Defour se promène une dernière fois avec Ubac. En acceptant cette adaptation par José-Luis Munuera, il ne se doutait pas que le dessinateur allait lui offrir une éternité. Magnifique.


    One shot : Son odeur après la pluie

    Genre : Biopic canin

    Scénario & Dessins : José-Luis Munuera

    D’après : Cédric Sapin-Defour

    Couleurs : Sedyas

    Éditeur : Le Lombard

    Nombre de pages : 136

    Prix : 22,95 €


  • The world is dancing 6
    par Laurent Lafourcade

    La source du Nô : Danser vêtu du monde

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    « -Oniyasha !

    -Aïe…

    -Tu as encore besoin de repos.

    -Je…

    -Il paraît que tu as perdu connaissance en entrant dans ta loge. Prends bien soin de toi, surtout.

    -Si je me repose, on m’oubliera… Alors, le monde redeviendra comme avant. La danse est ma seule raison d’être. Si seulement j’avais une fleur forte… »

                    Japon, XIVème siècle. Oniyasha a découvert la danse et le théâtre. Il est sous la protection d’Ashikaga Yoshimitsu, troisième shogun du règne Muromachi qui l’a invité à vivre dans son palais. Oniyasha a encore plein de questions existentielles en lui à propos de l’art qu’il pratique. La beauté profonde et l’art de l’imitation sont les clefs de la transmission des émotions. Il va l’apprendre avec un astre au regard levé sur les brumes inondant les cieux. Cet astre, ce nuage de musique, c’est Inuô, artiste chef de la compagnie Saragaku Hieza de la province d’Ômi. Pour l’instant, Oniyasha qui se débrouille bien malgré son jeune âge perd un peu de son éclat sur scène. C’est son père Kan’Ami qui a fondé la compagnie Kanze. Il est encore un « fils de… » et va tout faire pour ne pas le rester.

    © 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
    © 2024 Vega, pour l’édition française

    L’oiseau est fait pour voler, le poisson est conçu pour nager. Quel est donc l’utilité du corps de l’homme ? La réponse à cette énigme posée dans le premier volume de The world is dancing se trouve dans ce sixième et dernier volume. Comme Inuô, Oniyasha veut incarner un art qui touche tout le monde. C’est en retrouvant Satsuki, devenue commerçante indépendante, qu’il va trouver la voie qu’il recherche. C’est elle qui, en lui demandant d’organiser un spectacle avec des acteurs non professionnels, va lui montrer le chemin de l’éclosion. Lui qui ne se croît personne, saura-t-il faire naître une fleur ? Il ne lui manque plus que la clé qui relie les acteurs à un autre monde, au-delà de celui des humains. Cette clé, c’est un masque !

    © 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
    © 2024 Vega, pour l’édition française

    The world is dancing raconte les origines du théâtre Nô. Relisez les articles consacrés aux cinq volumes précédents pour en savoir plus. Ce sixième et dernier tome est paru il y a déjà quelque mois, passé inaperçu entre les radars du fait du grand manque de visibilité des éditions Vega depuis qu’on ne sait plus si elles sont vraiment affiliées ou pas avec les éditions Dupuis. Cette conclusion remarquable est une élévation. On vit dans les entrailles d’Oniyasha, cherchant avec lui cette communion avec le public, cette transmission irréelle entre la scène et une certaine éternité. Il va évidemment la trouver dans ce nouvel art qui naît sous nos yeux : le Nô. Un entretien avec le mangaka Kazuto Mihara conclut la série. Il a cherché à comprendre un art considéré à tort comme compliqué et austère. Il a découvert tout ce qui y est sous-jacent et le transmet dans cet autre art qui est le sien, celui du manga, restituant une atmosphère à travers l’intensité des mouvements par le dessin.

    © 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
    © 2024 Vega, pour l’édition française

                    Le manga se termine à l’instant exact de la création du Nô, un instant suspendu. On aurait voulu poursuivre l’aventure pour découvrir comment il s’est développé au fil des siècles. Qui sait ? Kazuto Mihara ne ferme pas la porte à une éventuel nouveau cycle, sans pour autant l’annoncer. En attendant, les six volumes de The world is dancing constituent un émouvant voyage à travers l’art et le temps.


    Série : The world is dancing

    Tome : 6

    Genre : Emotion

    Scénario & Dessins : Kazuto Mihara

    Éditeur : Vega

    ISBN : 9782379504570

    Nombre de pages : 248

    Prix : 11 €


  • Totem 3 – Game over
    par Laurent Lafourcade

    Sauver un homme pour sauver le monde

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    « -Ok. C’est parti ! Libérons Teuma !

    -Ouais ! C’est ça. Allons sauver le monde… Encore…

    -Réglons cela une bonne fois pour toute. »

                    Le professeur Teuma a besoin d’Abel et de sa meilleure équipe. Il n’y a pas beaucoup de temps. Les gamers vont devoir utiliser leurs totems pour libérer le professeur et empêcher que ses connaissances ne tombent entre de mauvaises mains. Préoccupé non pas par sa rupture mais par sa pause dans sa relation avec Roxanne, Abel procrastine devant les jeux vidéos. C’est un événement dramatique, la mort de leur ami Lucien, qui va faire comprendre à Abel qu’il faut se bouger et libérer Teuma. Casques de réalité virtuelle sur les yeux, manettes en main, Yorick a pour avatar une bernache, Elif est un porc-épic, quant à Abel, il s’incarne pour le jeu dans une poule à lunettes. Leur mission : s’infiltrer dans le pénitencier où est détenu le captif.

    © Toussaint, Christ – Milan/Bande d’ados

                    Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série, dans Totem, le concept de réalité virtuelle se mêle à une réelle réalité. Les joueurs jouent dans la peau d’animaux qui agissent dans la vraie vie, comme s’ils contrôlaient des animaux à distance. Comme dans l’épisode précédent, nos héros vont au secours du professeur Teuma. S’ils ne peuvent pas mourir dans le jeu, dans la vraie vie d’un gamer, ce n’est pas pareil. On le vit dans l’histoire. Etre adolescent et faire face au deuil, c’est particulièrement bouleversant, parce qu’à cet âge-là, paradoxalement, on se pense invincible, on se croit immortel, et d’un autre côté le moindre grain de sable peut gripper la machine. Les corps se développent, les sentiments changent et se font plus forts.

    © Toussaint, Christ – Milan/Bande d’ados

    L’adolescence, c’est le temps des « je t’aime moi non plus » et de la route compliquée vers la vie d’adulte. Le thème est cher à Kid Toussaint. On le retrouve dans bon nombre de ses séries comme Magic 7, Télémaque, Les héricornes et par-dessus tout la remarquable série Elles. Le scénariste a ceci de particulier qu’il parle aux adolescents par leur propre biais, avec leurs propres armes. C’est ce qui fait la force de son traitement. Accompagné aux couleurs par Elsa Chanal, le dessinateur James Christ accentue ce point de vue humain et humaniste, en focalisant sur les visages, en plaçant au final relativement peu de décors.

    © Toussaint, Christ – Milan/Bande d’ados

                    Fait-on assez pour les gens qui nous entourent ? Est-ce qu’on compte vraiment pour eux ? Ne passe-t-on pas trop de temps dans des mondes numériques plein d’« amis » virtuels au détriment de nos proches ? Lisez Totem. Vous continuerez à jouer…mais plus comme avant.


    Série : Totem

    Tome : 3 – Game over

    Genre : Aventure fantastique

    Scénario : Kid Toussaint

    Dessins : James Christ

    Couleurs : Elsa Chanal

    Éditeur : Bayard

    Collection : Bande d’ados

    ISBN : 9791036371004

    Nombre de pages : 64

    Prix : 12,50 €


  • Elle ne fait pas son âge mais bien d’autres choses
    par Laurent Lafourcade

    Noémie Féministe Gros Nez

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    « -Bon, alors, chérie, tu viens ?

    -J’arrive ! Sois patient, je t’ai réservé une surprise !

    -Attention, tu es prêt ? »

    Quand on a Noémie dans sa vie, on a beau être prêt, on est quand même toujours surpris. On l’a quittée Mamie, on la retrouve plus jeune. Noémie est presque une femme comme les autres. Féministe, déterminée, bien décidée à ne pas subir sa vie, bien que des fois il n’y ait pas d’autre choix, ça fait des années que l’on suit son destin sous les pinceaux de la merveilleuse Florence Cestac, depuis le désormais célébrissime Démon de midi. On la retrouve ici dans une compilation de planches parues entre autres dans la presse magazine : Pilote, Spirou, L’écho des savanes, Fluide glacial, Casemate et Femme Majuscule. Les histoires et les gags restent farouchement d’actualité. Les garçons en prennent pour leur grade… mais avec tant de bienveillance et d’amour.

    © Cestac – Dargaud

    L’album débute par une salve de récits courts. Dès le départ, le ton est posé : Cette année, les garçons seront formidables… T’as qu’à croire ! Pauvre dessinatrice. Quand tout doit changer, rien ne change. Si elle avait su, elle se serait plutôt lancée dans le western ou la science-fiction. On enchaîne avec un joli conte de Noël avant de parler de premier amour, à douze ans, en bord de plage. Rapprochement, regards humides et premier baiser : vois le doux frisson de l’amour qui ne sera pas toujours possible.

    « La grise vie de Noémie » est issue du collectif « En chemin, elle rencontre… » parue chez Des ronds dans l’O. C’est une sombre histoire de viol collectif. Même dans une situation on ne peut plus dramatique, Cestac parvient à faire sourire. En quatre planches, elle démontre qu’elle est vraiment une grande autrice.

    © Cestac – Dargaud

    Plus loin, plus fort, plus vrai pour plus de changement, Noémie se présente aux présidentielles. Mais est-ce vraiment la réalité ? La jeune femme et son compagnon vont ensuite nous donner une leçon d’érotisme avant qu’elle ne pose en couverture de Elle.

    La deuxième partie est une série de gags en une planche. Essayage de robes (plutôt 44 que 38), rencontre avec la génération Z, épilation, gourou, résolutions, drague lourdingue et mains baladeuses, les enfants, le couple, la maison, soit on est à moment donné une Noémie, soit on a l’une d’entre elles à la maison.

    © Cestac – Dargaud

    Elle ne fait pas son âge mais bien d’autres choses, le livre aurait pu s’appeler Wonder Woman si le titre n’avait pas déjà été pris. Avec son fantastique graphisme Gros Nez, Florence Cestac dit les vérités en face. Vu que c’est un recueil de planches disparates, il y a forcément moins de structures que dans les albums précédents, mais le tout est bien vu et très finement pensé. En voilà une qui prouve encore une fois qu’elle n’a pas volé son Grand Prix à Angoulême il y a quelques années déjà. Cestac est en pleine préparation d’un livre de cuisine. On a déjà hâte de passer à table.


    One shot : Elle ne fait pas son âge mais bien d’autres choses

    Genre : Humour

    Scénario, Dessins & Couleurs : Florence Cestac

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782205214451

    Nombre de pages : 56

    Prix : 17,50 €


  • La fin du monde
    par Laurent Lafourcade

    …et le début du rêve

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    « -Ah ! Parci-Parlà ! Nous y voilà enfin !…

    DING !

    -Mademoiselle, je me présente : Alain Saint-Ogan, dessinateur ! Figurez-vous que j’ai un projet sur le futur !… Et on m’a parlé d’un ouvrage visionnaire sur le sujet par un certain Stanislas !?…

    -Ne cherchez plus Monsieur, vous l’avez trouvé !… L’an 2000 !

    -Mazette ! Il est de taille !… « 

                    La boutique Parci-Parlà est un cabinet de curiosités. La proposition sur la vitrine est alléchante : Changez de vie. Un homme à l’allure de Tintin mal rasé y entre, suivi d’une jeune femme brune, bas de laine, jupe courte, pull zippé et sac en bandoulière. Lui regarde un coucou, puis une étoile filante. Elle s’arrête sur une maisonnette remplie de miniatures puis essaye un chapeau chinois. Tous deux se retrouvent sur la maquette d’un navire : le « Pourquoi pas ? ». Il se plonge dans la lecture d’une vieille édition de L’oreille cassée. C’est l’occasion pour elle d’engager la conversation.

    © Stanislas, Thomas – L’Association

                    « -Vous êtes rigolo avec votre coiffure à la Tintin !…

                    -Vous avez une jolie voix…

                    -Je fais de la radio…

                    -Oh !? Je travaille justement à la Maison de la Radio !?… »

                    Elle, c’est Edith ; lui, c’est Oscar. Une histoire d’amour est-elle en train de naître ?

                    La fin du monde est un recueil d’histoires courtes dont le point commun, ou pas, est cette boutique étonnante. C’est dans celle-ci que rentrera ce petit bonhomme après que sa voiture s’est retournée. Il va y acheter des pilules Costo Elephant qui vont le transformer en pachyderme. Un autre individu y acquerra des graines qui vont hallucinamment germer.

    © Stanislas, Thomas – L’Association

                    Un aérolithe fonce dans la nuit de l’espace. Il transporte un astronaute à la recherche d’une autre planète. En costard cravate sous sa combinaison, il va affronter d’étranges créatures de l’espace, rencontrer une femme, et peut-être découvrir le secret de l’univers.

    Dédié à Alain Saint-Ogan, Georges Remi et Jean-Christophe Menu, cette fin du monde est un rêve éveillé. Alain Saint-Ogan est le principal protagoniste de l’histoire non innocemment intitulée Futuropolis. Il va trouver dans la boutique Parci-Parlà le livre L’an 2000 ! signé Stanislas. Tiens ! Ce nom me dit quelque chose… On va pouvoir profiter des belles grandes illustrations pleines pages de cet auteur. Menu sera, lui, le héros d’un récit féérique qui va amener aux sources de L’Association.

    © Stanislas, Thomas – L’Association

    L’album se termine par la seule histoire en couleur, dont Dominique Thomas s’est chargée. Une aventure de Joseph et Louise brouille les pistes entre les univers de Hergé et Saint-Ogan, avec ce sublime méli-mélo de Jo, Zette et Jocko (dont on verra les parents au lit) et de Zig, Puce et Alfred, pingouin iconique récompense des premiers festivals d’Angoulême.

    La fin du monde signifie-t-elle la fin d’une époque pour la bande dessinée ? Non, il est impossible qu’elle disparaisse. Stanislas le prouve dans cette poésie dessinée, ce recueil enchanté hommage à la fois au passé, au présent et au futur de la plus pure ligne claire qu’il soit.


    One shot : La fin du monde

    Genre : Onirisme

    Scénario & Dessins : Stanislas

    Couleurs : Dominique Thomas

    Éditeur : L’Association

    Collection : Ciboulette

    ISBN : 9782844149879

    Nombre de pages : 96

    Prix : 19 €


  • La maison des enfants
    par Laurent Lafourcade

    L’incroyable sauvetage des enfants juifs de Moissac

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    « -Chamois, tu viens faire quoi ici à cette heure ?!

    -Salut les gars. On a un gros problème. Castor vient d’être prévenu que des rafles vont avoir lieu demain en zone libre.

    -Quoi ?!Qu’est-ce que tu racontes ? Des rafles ?!

    -Vichy a donné son accord pour arrêter plus de 10 000 juifs de plus de 15 ans en ciblant d’abord les étrangers.

    -Dans le camp, il y en a bien une dizaine !

    -C’est pour ça que je suis là. Ils doivent partir dès ce soir. Vous les planquez en forêt le temps que ça se calme et vous reviendrez discrètement à Moissac pour chercher les instructions. Ordre de Castor. »

                    1942. Moissac, dans le Sud de la France. C’est la consternation. On vient d’apprendre que 13 000 juifs ont été arrêtés en deux jours à Paris. La France a livré aux allemands des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, innocents, tout ça parce qu’ils sont juifs. Pour le moment, la zone libre est épargnée, mais jusqu’à quand ? Les jeunes vont partir en camp scout. Les vacances leur feront du bien. On ne leur dira rien sur la situation. L’alerte générale ne va tarder. Un soir de veillée scoute, Chamois, alias Henri Wahl, vient apprendre à ses collègues que des rafles sont prévues en zone libre. Il va falloir planquer la dizaine de gamins juifs en forêt, en attendant les instructions pour les exfiltrer.

    © Busacchini, Mutti, Saint-Dizier, Perdriset, Lerolle – Plein vent

                    A Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, on va recenser les familles et les écoles qui pourront cacher les enfants. Les plus âgés pourront fuir en Suisse ou en Espagne. Pour communiquer, il faudra mettre au point un code secret. Les résistants sont tout « simplement » en train de structurer un réseau pour assurer la protection des gosses. On va fabriquer de fausses identités. Ils ne devront parler qu’en français. Il ne s’agit pas d’éveiller le moindre soupçon. La maison de Shatta et Bouli va être le lieu de transition, vivant au rythme des départs et des arrivées pour le sauvetage des enfants, en tentant de maintenir pour eux un semblant de vie normale. On y joue, on y chante, on y fait la fête, on y est heureux. Pendant que ceux que l’on appellera les Justes œuvrent en souterrain, les jeunes profitent encore de moments d’innocence… jusqu’au jour où il faudra quitter les lieux.

    © Busacchini, Mutti, Saint-Dizier, Perdriset, Lerolle – Plein vent

                    Grâce à l’engagement des scouts et des habitants de Moissac, aucun des 372 enfants ayant transité par la maison de Moissac ne sera déporté. Sarolta et Edouard Simon, alias Shatta et Bouli, ont accompli un travail incroyable. Faisant fi des mauvaises nouvelles qui arrivaient de la zone occupée, ils ont maintenu des valeurs éducatives, spirituelles et joyeuses pour préserver les enfants de l’actualité ô combien dramatique. Ils ont trouvé les moyens de les sauver, avec un courage et une abnégation hors du commun, apportant une lumière dans la nuit de la Shoah. Ce livre témoignage est librement inspiré de la vie des enfants juifs de Moissac en 1942 et 1943.

                    Le scénariste Pierre-Roland Saint-Dizier raconte l’histoire extraordinaire de héros ordinaires qui considéraient ne rien faire d’autre que leur métier d’homme. Il n’y a aucun sensationnalisme dans la façon de traiter le récit. Tout est raconté avec la plus grande sobriété. Aux dessins, Andrea Mutti et Angelo Bussacchini, avec les couleurs solides de Luc Perdriset et Christian Lerolle, ne cherchent pas les éclats. Le trait propre et sobre s’efface derrière les événements. Tout tourne autour des lieux. Tous ces auteurs ont la délicatesse de laisser l’héroïsme du quotidien aux femmes et aux hommes qui ont risqué leurs vies pour sauver l’humanité avec panache.

    © Busacchini, Mutti, Saint-Dizier, Perdriset, Lerolle – Plein vent

                    Ne jamais oublier. La maison des enfants, l’incroyable sauvetage des enfants juifs de Moissac, est un livre devoir de mémoire, qui montre que la réalité dépasse parfois la fiction. « Qui sauve une vie, sauve l’univers tout entier ».


    One shot : La maison des enfants

    Genre : Histoire

    Scénario : Pierre-Roland Saint-Dizier

    Dessins : Andrea Mutti & Angelo Bussacchini

    Couleurs : Luc Perdriset & Christian Lerolle

    Éditeur : Plein vent

    ISBN : 9782384880614

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15,90 €


  • Chocochat & moi 3 – Invasion de ronrons
    par Laurent Lafourcade

    Chat-tisfication à tous les repas !

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    « -Salut Cacahuète ! Chabruti ! Bobo ! Beauté ! Je sais que vous adorez vous cacher dans les cartons, mais faut partir ! Sinon on va être en retard et la maîtresse va nous punir !

    -Ouais ! Tu as raison !

    -Allons-y !

    -Je la vois déjà furieuse après nous…

    -J’espère qu’elle nous en voudra pas ! »

    Lulu est un petit garçon adopté par une famille de chats. Il habite chez eux. Il va à l’école des chats, comme s’il était un chat. Mais il ne partage pas tout avec les félins, notamment les goûts en matière de gastronomie. Les tartines de poisson aux croquettes, même bien fraîches, ce n’est pas le rêve au petit-déj. Aux repas de cantine, ce n’est pas foufou non plus : souris à la gélatine, éclair à la sardine, glace aux pépites de croquettes, souris flottante, tarte tathon ou donuts de souris, il n’y a pas grand-chose qui trouve grâce aux papilles de Lulu. Alors quand il prépare une belle salade cuisinée avec les légumes du potager, quand la famille féline rajoute des épices spicy à la souris par-dessus, ça a le don de lui couper l’appétit.

    © Arlène, Öckto Lambert – Bayard Jeunesse

    Hé oui, si Lulu prépare ses salades, c’est parce qu’il s’est trouvé une passion pour le jardinage. Chocochat trouve même géniale son invention pour faire des massages. Comment ça s’appelle déjà ? Ah, oui, un râteau ! Le petit coin de potager avance bien. Mais attention aux chats à l’affût qui pensent qu’il prépare une litière bien fraîche. Tomates, concombres et betteraves vont pousser. Avec tendresse et câlins, un peu de bichonnage, ça flatte les légumes et ça les fait grandir. Ça rend jaloux aussi. Quoi ? Chocochat serait jaloux de légumes ? Des papouilles, il en veut aussi. C’est aussi pour ça qu’il a pris un humain de compagnie.

    © Arlène, Öckto Lambert – Bayard Jeunesse

    30 millions d’amis pourrait avoir une nouvelle mascotte en la personne de Chocochat. En prenant le contrepied de la vie réelle, Alexandre Arlène et Fabien Öckto Lambert cassent les codes pour amener leurs personnages et leurs lecteurs dans un monde parallèle où les rôles sont redistribués. Le pire, c’est qu’on y croit à fond. Comme dans Migali, l’autre série du duo, des cases pleines planches ou des planches sans cases alternent entre les gags. Le dessinateur s’y éclate dans des compositions originales qui démontrent que ce n’est pas parce qu’on fait de la bande dessinée pour enfants qu’il ne faut pas leur offrir des plats de grande qualité. On reprendra bien un peu de pâtée à la sardine !

    © Arlène, Öckto Lambert – Bayard Jeunesse

    Après avoir lu Chocochat et moi, vous ne caresserez plus votre chat comme avant. Et si un jour c’était lui qui vous faisait des scroutchs scroutchs ?


    Série : Chocochat & moi

    Tome : 3 – Invasion de ronrons

    Genre : Humour

    Scénario : Alexandre Arlène

    Dessins & Couleurs : Fabien Öckto Lambert

    Éditeur : Bayard Jeunesse

    Collection : BD Kids

    ISBN : 9791036371011

    Nombre de pages : 56 

    Prix : 9,40 €


  • Capitaine Espace Le vagabond du cosmos
    par Laurent Lafourcade

    L’innocent de l’espace

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    « -Nom ?

    -Espace.

    -Profession ?

    -Bah, c’est-à-dire que à la base, je suis scientifique, mais depuis l’incident de la station, je fais pas mal de petits boulots…

    -Très bien, parlez-nous…de l’incident !

    -D’accord, je vais vous le faire en flashback. Ça sera plus simple. »

    Un homme a été recueilli par un vaisseau spatial. Le destin de la galaxie dépend de sa survie. Tout un tas de drogues lui a été administrée pour qu’il se réveille. Interrogé par un homme sur un écran géant, le rescapé raconte par flashback tout ce qui s’est passé. Tout commence dans le vide infini de l’espace, avec ses astres aux mille couleurs, ses petits troupeaux d’astéroïdes, ses petits vaisseaux de livraison et ses petites stations gouvernementales ultra secrètes de recherche d’armes bactériologiques. En pleine analyse d’échantillons de virus mortels, Espace, qui non content d’être Capitaine est aussi Professeur, reçoit un colis apporté par Barbara, du service de livraison L’Univers. En raison de la prolifération d’un virus, Espace et Barbara vont être contraints de quitter précipitamment la base dans une navette de fortune. Les voici compagnons d’infortune de nombreuses (més)aventures…jusqu’à ce qu’elle le laisse choir.

    © L’Abbé – Fluide glacial

    Le duo va tout d’abord atterrir sur une planète glacée et hostile. Ça n’empêchera pas Barbara de revêtir une nouvelle tenue hyper moulante… mais plus chaude. Ils vont être capturés (une chance d’après Espace) par des aliens qui le prennent pour leur dieu (là aussi, c’est ce qu’il pense), avant de devenir un Indiana Jones de planète inconnue, puis Space Clodo. C’est là que Barbara va lâcher son pilote de l’espace qui, pas désespéré pour deux sous, ne va pas arrêter la drogue et s’engage dans l’armée, une expérience sociale avec plein d’activités intéressantes. Savez-vous par exemple qu’il existe 3845 façons de tuer quelqu’un ? Avec lui, nous allons découvrir le terrible secret du camp d’entraînement, et en particulier celui du sergent instructeur major humain Karlson 37R, chargé de faire des recrues des machines de guerre. Le projet Titan expliquera ensuite comment le petit Capitaine en est arrivé à la situation dans laquelle on l’a trouvé au départ.

    © L’Abbé – Fluide glacial

    On le connaissait pour les percutants et hilarants strips carrés 3 cases pour 1 chute. L’Abbé est de retour pour un Space Opera qui renvoie la Saga Lanfeust de l’espace dans son berceau. On le voit dès la couverture, le héros fait figure d’innocent du village. Du danger, il y aura toujours quelqu’un ou la chance pour le protéger. La belle Barbara, bimbo fluide glaciale à souhait, dégaîne flingue et machette pour se protéger, et protéger le Capitaine par la même occasion. Loin des bimbos potiches, la combattante sait ce qu’elle veut et n’hésitera pas à quitter l’aventure quand elle en aura ras la casquette.

    © L’Abbé – Fluide glacial

    L’Abbé enchaîne et encadre les aventures du Capitaine par son interrogatoire. Les histoires sont ainsi liées par un fil conducteur. C’est trash et décalé. On retrouve bien l’ADN L’Abbé. Et si un jour le héros devait devenir un héros de cinéma, il n’y a guère qu’un Quentin Dupieux qui pourrait adapter ses aventures.

    Le Capitaine Flam, Albator et Ulysse 31 peuvent aller se rhabiller. Le nouveau vagabond du cosmos, le petit prince de Saint-Exupéry des planètes, c’est Capitaine Espace !


    One shot : Capitaine Espace

    Genre : Humour

    Scénario, Dessins & Couleurs : L’Abbé

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038207288

    Nombre de pages : 72

    Prix : 17,90 €


  • Anna et Froga L’intégrale ! / Commissaire Toumi Le crime était presque pas fait
    par Laurent Lafourcade

    Deux doses de Ricard désopilantes

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    « -C’est arrivé quand ?

    -Ben, cette nuit chef.

    -On a trouvé l’arme ?

    -Non.

    -Papiers ?

    -Ah, euh… Oui, tenez.

    -Pas les vôtres, abruti ! Ceux de la victime !

    -Ah, mais ce sont ceux de la vittime.

    -Quoi ?! Et les empreintes ?

    -Ah oui, j’avais oublié. »

                    Appelé au beau milieu de la nuit, le commissaire Toumi retrouve son adjoint Stucky sur les lieux du crime. La victime, ou plutôt la « vittime » comme dit Stucky, est M.Wurst, un critique d’art, ver de terre coupé en six morceaux en pleine nature. Les forces de l’ordre se rendent à l’appartement de l’assassiné. Tout est sens dessus dessous. Le critique avait la plume acerbe. Son dernier article démolissait une exposition d’art moderne, et celui qu’il préparait ne s’annonçait pas plus glorieux. Entre galeristes et artistes, Toumi et Stucky vont devoir user de tout leur flair pour confondre le meurtrier. L’affaire Wurst est la première des cinq enquêtes composant Le crime était presque pas fait.

    © Ricard – Sarbacane

                    Anna et Froga sont de retour avec leurs amis Bubu, René et Christophe dans l’intégrale de leurs aventures. Une petite fille, une grenouille, un chien, un chat et un ver de terre vont vivre tout un tas de petites aventures du quotidien, comme ce jour où Christophe le ver s’est coincé en sortant de chez lui parce qu’il avait mangé trop de frites. Un autre jour, ils sont allés tous ensemble acheter un cadeau pour l’anniversaire de Froga. C’est là où ils ont découvert que Bubu n’était pas aussi artiste dans l’âme qu’il le disait. Certainement qu’il joue mieux au tennis, mais gare au coup droit fulgurant de René. On ne s’ennuie jamais avec cette petite bande-là. Il y a toujours moyen de faire des farces au téléphone ou de tourner un film avec les moyens du bord quand il pleut.

    © Ricard – Sarbacane

                    Le commissaire Toumi est une parodie des enquêteurs flegmatiques des années 80. Le chien flic en imper, on ne peut plus fin limier, débarque toujours la cigarette au museau. Il a certainement vu tous les épisodes de Columbo et du Commissaire Maigret. Aussi rapide que Derrick, il est flanqué d’un adjoint doté d’un humour à toutes épreuves. Quant aux suspects, aux coupables et aux personnages de passage, ils ont chacun leur particularité, du serveur de restaurant désarmant au fan de Carlos.

    © Ricard – Sarbacane

                    Anna et Froga est une série destinée aux plus petits mais à l’humour si fin que les parents y trouveront aisément leur compte. Le concert au piano des dix vers de terre vaut son pesant de cacahouètes. L’autrice ponctue les très courts récits de saynètes peintes en lien avec l’histoire précédant. Ce couillon de cousin Jason risque d’en avoir mal à la tête. Avec sa petite robe rouge, Anna a un côté Emilie, de Domitille de Pressensé. Mais là où l’héroïne à la capuche reste terre à terre, la copine de Froga vit dans un univers surréaliste qui est une véritable bouffée d’oxygène pour échapper à la morosité.

    © Ricard – Sarbacane

                    Anouk Ricard a reçu le grand prix à Angoulême cette année pour l’ensemble de sa carrière. Cette récompense amplement méritée donne l’occasion de rééditer quelques-unes de ses pépites comme le font les éditions Sarbacane avec le décalé Commissaire Toumi, initialement paru en 2008, et l’intégrale des albums kawaïs d’Anna et Froga publiés entre 2007 et 2012. Comme quoi, Ricard, c’est aussi bien pour les parents que pour les enfants. Drôlissime !



    Ones shot : Anna et Froga L’intégrale ! / Commissaire Toumi Le crime était presque pas fait

    Genre : Humour décalé

    Scénario, Dessins & Couleurs : Anouk Ricard

    Éditeur : Sarbacane

    ISBN : 979104080-7841 / -8190

    Nombre de pages : 212 / 88

    Prix : 14,90 € / 13,90 €


  • Ulis
    par Laurent Lafourcade

    Une année dans la peau d’un AESH

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    « -Je suis contente que vous soyez là, Monsieur Faillez. Vous ne pouvez pas savoir comme c’est la croix et la bannière pour trouver quelqu’un. Madame Tramont commençait à se désespérer. Ça fait pas rêver grand monde, AESH. Et pourtant, c’est un beau métier. (…) Donc tout à l’heure, pour la réunion, rien à préparer, hein. L’idée, c’est vraiment de voir comment on va s’organiser pour intégrer le jeune au mieux. »

    Ivan Faillez démarre aujourd’hui son nouveau job. Il a été recruté en tant qu’AESH pour la classe Ulis d’un collège. Pendant toute une année, et plus si affinités, il va accompagner des élèves en situation de handicap dans leurs apprentissages en classe. Il va répéter les consignes de l’enseignante, les reformuler. Il va les aider à gérer le stress. Il va surtout être attaché à Matisse, un nouvel élève qui arrive bientôt. C’est Pauline qui est l’enseignante du dispositif. En effet, l’Ulis est un dispositif de soutien, et non pas une classe en tant que telle. Les élèves qui fréquentent le dispositif sont parfois en inclusion dans une classe ordinaire, pour certaines matières.

    © Toulmé – Delcourt

    Après avoir été déscolarisé en fin d’école primaire, Matisse va devoir réapprendre à vivre en communauté. Il est très stressé et fait du flapping. Au fil des jours, après avoir fait sa connaissance en ESS (équipe de suivi de scolarisation), Ivan va lui donner confiance en lui. Il va gérer les crises de panique et son intégration dans la classe. Au fil des jours, Ivan va découvrir une nouvelle famille. Il faut dire que pour lui, ça n’a pas été tous les jours facile. Séparé de sa compagne, il sort d’un burn-out. Il travaillait dans l’informatique. D’ailleurs, il hésite encore à y retourner. L’année se clôturera par une classe verte à la Dune du Pyla. Ivan rempilera-t-il pour une rentrée supplémentaire ?

    Fabien Toulmé maîtrise son sujet. Sa fille Julia est suivie par une AESH. L’auteur s’est donc trouvé confronté aux promesses de l’institution et aux limites des aides apportées. Pour l’écriture de ce projet, qui à la base devait être un film, il a passé du temps à l’Ulis du collège Aliénor d’Aquitaine à Bordeaux, en immersion.

    © Toulmé – Delcourt

    « Aux enfants extraordinaires, à leurs parents et aux professionnels passionnés et investis à leurs côtés. » La dédicace de Fabien Toulmé en début d’album donne le ton. Le livre est la reconnaissance d’un métier indispensable pourtant déconsidéré par les institutions. Etre AESH, aide aux élèves en situation de handicap, ça ne peut se faire que si on a foi en la personne humaine. Envoyés sur le terrain avant toute formation, il faut qu’ils aient de l’empathie pour ces enfants dont ils vont s’occuper. Face à des cas difficiles, très difficiles parfois, des enfants qui, pour certains, peuvent s’avérer violents, il en faut du courage pour ne pas baisser les bras car au final, quelle que soit leur pathologie, ces enfants sauront se montrer attachants. Etre AESH, c’est aussi savoir travailler en équipe. Et pas uniquement pour les AESH, pour les enseignants aussi. Bref, AESH, c’est un travail de groupe, que ce soit en école primaire ou au collège, que ce soit en classe ordinaire ou en Ulis, en accompagnement individualisé (l’AESH suit un seul élève) ou mutualisé (l’AESH suit plusieurs élèves).

    © Toulmé – Delcourt

    Ulis, c’est une année dans la peau d’un AESH. Avec ses joies, avec ses peines, avec ses doutes, avec ses victoires, Ulis est un docu-fiction magistral.


    One shot : Ulis

    Genre : Docu-fiction

    Scénario, Dessins & Couleurs : Fabien Toulmé

    Éditeur : Delcourt

    ISBN : 9782413088165

    Nombre de pages : 312

    Prix : 27,95 €


  • Kurusan, le samouraï noir 4 – Honnô-Ji
    par Laurent Lafourcade

    Honneur et fidélité

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    « -Yasuke ?

    -Les grandes affaires du monde me dépassent, seigneur. Mon utilité pour vous n’est que dans le chaos des combats. De là, je peux vous informer d’un fait important. Nos tanegashimas peuvent stopper n’importe quelle charge de cavalerie. Mais pour que leur action soit efficace, elles doivent être plus nombreuses et leurs servants impérativement protégés en seconde ligne. Alors seulement, elles nous permettront de remporter des batailles.

    -Tout est dit. Vous pouvez disposer. Yasuke, tu restes. J’ai besoin de toi pour une mission spéciale. »

    Japon, fin du XVIème siècle, temple Honnô-Ji, aux environs de Kyoto. Shingen, grand stratège, aligne les victoires sur les champs de batailles. Le clan Oda est encerclé par ses ennemis, au bord de l’apoplexie. Pour son samouraï Yasuke, si on renforce la flotte d’arquebuses, on peut remporter des combats. Nobunaga sait que Mariko, la femme de Yasuke, a vécu à la cour de son ennemi Ieyasu Tokugawa. Il demande donc à l’époux à ce qu’elle accompagne le général Mitsuhide Akechi pour négocier une trêve. C’est un atout pour les pourparlers. Réticent, Yasuke va plier sous les ordres de son maître qui, intransigeant, le prie de ne pas le décevoir une seconde fois. Après une dernière nuit intime, en route pour les tractations. Entre la loi du sabre et celle de la raison, qui aura le dernier mot ?

    © Gloris, Zarcone, Saint-Blancat – Delcourt

    La quadrilogie narrant l’histoire de Kurusan, le samouraï noir, qui aurait réellement existé, se clôt. Pour ceux qui découvriraient la série, il est nécessaire de se plonger dans les premiers albums. Il ne faut jamais rien refuser à son hôte. Alors, lorsqu’Oda Nobunaga exige d’Alessandro Valignano, jésuite italien, qu’il lui vende Yusuf, son esclave noir, celui-ci, chien de chrétien, est contraint d’accepter la coutume et donc la transaction.

                    Yusuf est placé sous la tutelle de Dame Mariko. Il s’appellera désormais Kuru, ce qui signifie « noir ». Il va commencer son initiation à la culture nippone et deviendra samouraï. Au fil des ans, on va suivre son action au service de son daimyo, dans une époque d’une extrême violence.

    © Gloris, Zarcone, Saint-Blancat – Delcourt

                    On connaît la passion de l’auteur pour la culture et l’histoire nippone. Avec Kurusan, le samouraï noir, Thierry Gloris a déniché un personnage étonnant. Il paraissait tellement improbable qu’un samouraï d’origine africaine ait intégré les rangs des combattants nippons. Pour combler les passages historiques flous, le scénariste a intégré des personnages fictifs, comme Mariko, l’épouse de Yasuke. Avec une scène finale en 2025, Gloris offre un hommage inattendu au folklore shintoïste.

                    Emiliano Zarcone aura servi la série avec autant de classe que Yasuke avec Nobunaga. Son scénariste ne l’a pas épargné dans les scènes cruelles pour lesquelles le dessinateur parvient à insuffler de l’émotion.   

    © Gloris, Zarcone, Saint-Blancat – Delcourt

    L’époque médiévale japonaise a quelque chose de fascinant. Ce n’est pas forcément le lieu et l’époque où il faisait bon vivre. Il en reste des témoignages historiques comme l’aventure de ce samouraï.


    Série : Kurusan, le samouraï noir

    Tome : 4 – Honnô-Ji

    Genre : Samouraï

    Scénario : Thierry Gloris

    Dessins : Emiliano Zarcone

    Couleurs : Cyril Saint-Blancat

    Éditeur : Delcourt

    ISBN : 9782413085188 

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,50 €


  • Kagurabachi 3 – Le chevalier des ténèbres / 4 – Egal
    par Laurent Lafourcade

    Les chasseurs et le commissaire-priseur

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    « -On devrait obtenir certaines réponses le jour des enchères.

    -Ça sent les problèmes à plein nez…

    -Tu l’as dit !

    -Si on veut récupérer le Shinuchi, il faut qu’on agisse avant l’ouverture du Rakuzaïchi. Pour commencer, il faut qu’on entre en contact avec la famille Sazanami.

    -Sazanami…

    -Elle est très influente dans le monde de la pègre. Le Rakuzaïchi rassemble les malfrats les plus puissants de tout le Japon autour d’une vente aux enchères. »

    Depuis plus de deux cents ans, la famille Sazanami contrôle les enchères du Rakuzaïchi. Cet événement est une imposante vente publique orchestrée par cette famille de sorciers où se retrouvent tous les malfrats du pays. Le commissaire-priseur organisant l’événement est Kyôra Sazanami. Le patriarche stocke les objets des enchèress dans une chambre forte un peu spéciale où l’espace est manipulé. Ce ne sera pas inutile car parmi les objets proposés dans cette vente, se trouve le Shinuchi, l’un des sabres qui a été volé lors de l’assassinat de Kunishige, le père de Chihiro Rokuhira, l’homme qui a fabriqué ces sabres aux pouvoirs ensorcelés. Chihio va trouver une aide précieuse en la personne de Hakuri Sazanami, l’un des fils de Kyôra. Dénué de tout talent pour la sorcellerie, il a été banni de la famille pour ne pas mettre les enchères en péril.

    Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono 
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    Autrefois manié par le fameux « maître sabreur » lors de la guerre Seitei, le Shinuchi est le plus grand chef-d’œuvre de Kunishige Rokuhira. Le sabre ensorcelé est la pièce maîtresse proposée au Rakuzaïchi. Entreposé dans une chambre-forte ultra-sécurisée, Chihiro et sa bande vont avoir fort à faire pour tenter de le récupérer, d’autant plus que les lieux sont protégés par le « Tô », la garde rapprochée du patriarche Sazanami, regroupant les quatre meilleurs combattants parmi la cinquantaine de membres de la famille. Pourquoi le sabre ensorcelé est-il mis en vente ? Où sont les autres ? Pourquoi Kunishige a-t-il été tué ? N’y aurait-il pas quelqu’un qui tirerait des ficelles au-dessus de la famille Sazanami ? Entre la passion des clients et la marchandise convoitée, la mise à prix vaut-elle plus que le coût de la vie ?

    Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono 
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    Kagurabachi est une Urban Fantasy d’une efficacité rare. Les attaques aux sabres sont percutantes et foudroyantes. Trois cases suffisent parfois à Takeru Hokazono pour régler un sort à un personnage. Le mangaka utilise peu de trames, mais beaucoup de hachures et d’aplats noirs. Les décors sont réduits. Hokazono mise sur les cadrages et les compositions dans des cases claires et fluides. L’action s’arrête parfois brutalement avec un flashback ou un flashforward pour reprendre ensuite. Chaque apparition des poissons qui flottent autour du sabre de Chihiro et qui annoncent son combat est un instant impressionnant qui fait l’originalité de l’univers. Dans cet arc narratif, ils ont à moment donné un rôle stratégique puisque que Chihiro peut les envoyer en éclaireurs, même lorsqu’il n’est pas en possession d’Enten, son sabre, qu’il s’est fait subtiliser. Ces poissons seraient-il un hommage assumé à l’Arizona Dream d’Emir Kusturica ?

    Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono 
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    Kagurabachi est une excellente prise dans l’escarcelle de Kana. Voici une série qui peut rivaliser avec le tout aussi excellent Sakamoto Days chez Glénat. Avec une politique éditoriale « agressive » dans le bon sens du terme, en publiant les six premiers tomes en un an, Kana impose un blockbuster que les lecteurs ne vont pas pouvoir lâcher de sitôt.



    Série : Kagurabachi

    Tomes : 3 – Le chevalier des ténèbres / 4 – Egal

    Genre : Aventure fantastique

    Scénario & Dessins : Takeru Hokazono

    Éditeur : Kana 

    ISBN : 97825051-40351/-33803

    Nombre de pages : 192/216

    Prix : 7,30 €


  • Petru Santu 10 – O i mei.com
    par Laurent Lafourcade

    Intelligence artificielle pour un corse naturel

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    « -Sortez de chez moi ! Et ne revenez plus dans mon jardin !!!

    -Ça alors ?! Mais c’est une épidémie !!! Mais c’est quoi tous ces gens avec ces drôles de lunettes ?

    -Ne m’en parle pas ! C’est la dernière trouvaille de JP ! Il vient d’ouvrir une agence immobilière étrange dans le  village !

    -Ancu què !! »

                    Notre vieil ami corse Petru Santu a besoin de se rendre à Zigunaccia. Ça tombe bien, Lesia va pouvoir le déposer. Elle passe par là pour aller au rectorat. Fraîchement nommée professeur des écoles, elle n’a pas encore de poste. Ça tombe bien, l’instituteur du village voudrait prendre sa retraite. Petru lui propose de la remplacer, mais les nominations ne se font pas aussi simplement que cela. Qu’à cela ne tienne. Notre sgio prufessore a quelques relations au rectorat. Alors, on va le rencontrer, ainsi que le Maire, pour qu’il lui trouve un logement. Du sang neuf pour enseigner les valeurs de la République, que demander de plus ? C’est en sortant de la Casa Cumunale, la Mairie, que Petru Santu et Lesia entendent des hurlements. Un type, les yeux cachés par un casque virtuel, se fait chasser d’une propriété privée à grands coups de balai.

    © Federzoni, Desideriu – Corsica Comix

                    Ces lunettes, c’est une idée de JP immobilier. Le lascar vend dans Zigunaccia 2.0. Il fait visiter à ses clients les parcelles et les biens virtuels. Il y a un vers dans le fruit du métavers. Et il n’y a pas que les clients de l’agence qui utilisent ce casque du futur. Chez Fitness in paese, les sportifs découvrent les forfaits 3D, avec des haltères virtuels en 3D. Lisandru sèche l’école pour se marrer en voyant les gens du village dans la peau de ses personnages favoris. Au marché, Carl’Anto a tout un stand de ces casques : des produits virtuels, mais avec des factures réelles. Les nouvelles technologies sont partout. Quand il n’est pas question de ces casques, c’est l’intelligence artificielle qui s’intègre dans la vie de tous les jours. A l’auberge de Fifine, c’est l’IA qui gère les stocks et donne les recettes.

    © Federzoni, Desideriu – Corsica Comix

                    Pour Petru Santu, fidèle à ses valeurs, trop, c’est trop. Il ne se reconnaît plus dans ce monde nouveau et observe avec désarroi ses contemporains qui perdent leur indépendance. Ajoutons à cela des élections qui se préparent. Entre complotistes, « bétonnistes » et « inertistes », les promesses en l’air s’appellent dorénavant virtuelles. Desideriu et Federzoni font de Petru Santu un éditorialiste, un fin analyste de l’évolution du monde. Le papi corse, babbo comme on le dit, passe du statut d’ancêtre du village à celui de philosophe. Lui, a vécu. Ce n’est pas à son âge qu’on va lui apprendre la vie. « O i mei.com », « Par mes aïeux.com », le dixième album de Petru Santu est certainement l’un des plus drôles. Attention, on n’est pas sottement dans le « c’était mieux avant », mais dans une mise en garde sur la maîtrise des technologies du futur.

    © Federzoni, Desideriu – Corsica Comix

                    Double dose ! Petru Santu revient plus en forme que jamais. Quatre-vingts ans au bas mot physiquement, beaucoup moins dans la tête et déjà vingt sur le papier. A l’occasion de cet anniversaire, Corsica Comix accompagne ce nouvel album d’un hors-série en langue corse, un best-of pour « 20 anni ».



    Série : Petru Santu

    Tome : 10 – O i mei.com

    Genre : Humour

    Scénario : Desideriu

    Dessin : Frédéric Federzoni

    Couleurs : Frédéric Federzoni & Sebgeko

    Éditeur : Corsica Comix

    Collection : Mad in Corsica

    ISBN : 9791092481297

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15 €


  • Miss Chat 5 – Le secret du viking King
    par Laurent Lafourcade

    Salade de poulpes

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    « -Bizarre. D’habitude, quand il ferme quelques jours, il me prévient.

    -Je vais voir à l’intérieur.

    -Attention chaton, pas d’imprudence ! C’est beau, la jeunesse !

    -Entre vite. Il s’est passé quelque chose. »

    N’ayant pas de nouvelles d’Ole depuis deux jours, Miss Chat et Griselda se rendent au Polp’z, le milk bar que tient le poulpe barista. Arrivées sur place où il n’y a évidemment personne, elles trouvent les lieux dévastés. On s’y est battu. D’après Miss Chat, c’est un coup des poulpes du port, le gang des Six Poulpes de la rue Treize. Il y a des traces de tentacules, c’est vert, c’est gluant et ça sent la marée. Dans un tiroir du comptoir, l’enquêtrice trouve le dessin d’un bateau viking. Pas de doute : Ole leur a laissé un message. Miss Chat se rend Au Vieux Drakkar, une boutique d’antiquités et un petit musée consacré aux vikings niché dans le pittoresque quartier de Vistafjord, au-dessus du port.

    © Jolivet, Fromental – Hélium

    Sur place, le duo déniche de nouveaux indices ainsi que, caché dans la cave, Big Ǿ. Tout cela n’était qu’une mise en scène pour attirer Miss Chat sur les lieux. A présent, si elle veut revoir Ole, elle va devoir travailler pour lui. Big Ǿ veut réparer une injustice : réhabiliter Ǿrnulf « Huit lames », l’un de ses aïeux, capitaine du drakkar Viking King et premier roi viking au VIIIème siècle, dont le nom a été rayé de tous les livres d’Histoire. La féline va devoir lui ramener ce qu’il veut sinon, toutes les trois heures, Ole aura un tentacule tranché. La première action est de dérober chez le conservateur du grand phare de la marine la carte de tous les naufrages au large des côtes depuis le règne d’Ǿrnulf. Miss Chat va rapidement se rendre compte que l’affaire est bien plus tarabiscotée qu’elle ne paraît.

    © Jolivet, Fromental – Hélium

    La détective féline revient pour une cinquième (et dernière ?) enquête. Après des histoires de canari, de lutin, de neige chaude et de high-tech, la voici au cœur d’un mystère ancestral, entre reliques, gangs et faux-semblants, dans un récit mâtiné de James Bond et d’Indiana Jones, le tout dans une ambiance nordique à faire pâlir d’envie Camilla Läckberg. Miss Chat, c’est un peu Catwoman, c’est la fille de Fantômette et de Chat Noir de Miraculous, avec un détachement désarmant. Elle n’a pas de super-pouvoirs mais se prend tellement pour un chat qu’elle en a les aptitudes : odorat, grimpette, équilibre, … Les caractéristiques félines sont les siennes.

    Dans un petit format, les aventures de Miss Chat sont bien des BD mais avec de nombreux, mais courts, récitatifs pour inviter les gamins à la lecture. Jean-Luc Fromental et Joëlle Jolivet leur proposent une série maline et drôle qui sont au XXIème siècle ce que la bibliothèque rose, sous format uniquement roman, était aux années 70-80.

    © Jolivet, Fromental – Hélium

    Avec son air mutin et son cerveau malin, Miss Chat se la joue Vic le Viking dans cet épisode aux sources de la culture barbare nordique où les poulpes fourbes ont remplacé les traditionnels ennemis de Thorgal. Dès 7-8 ans (et plus sans problème) pour ceux qui découvrent le média BD (et pour les autres sans problème), c’est idéal.


    Série : Miss Chat

    Tome :  5 – Le secret du viking King

    Genre : Enquête

    Scénario : Jean-Luc Fromental

    Dessins & Couleurs : Joëlle Jolivet

    Éditeur : Hélium

    ISBN : 9782330209735

    Nombre de pages : 64

    Prix : 13,90 €


  • Complots à Versailles 11 – Femme soldat
    par Laurent Lafourcade

    A la rescousse de la soldate

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    « -Vous n’avez jamais trahi ma confiance. Mais il est important de rester discrètes sur ce que je vais vous révéler.

    -Vous avez notre parole. Expliquez-nous, très chère. Nous pourrons sûrement vous aider.

    -Mon époux est en mauvaise posture. Parmi ses troupes, il se trouve qu’il y a une brebis égarée. Et il ne sait comment gérer cette situation inédite. Surtout qu’avec ses fonctions, ses ennemis sont nombreux.

    -Malheureusement, les jaloux seront toujours présents.

    -Je ne le sais que trop bien. D’où ce cruel dilemme !

    -Eclairez-nous, Duchesse.

    -Mon mari a démasqué…une femme parmi ses troupes.

    -Une femme soldat ?!

    -Comment est-ce possible ? »

                    Bien que son époux vienne de réussir le siège de Rosas, Marie-Françoise de Bournonville, Duchesse de Noailles, est bien préoccupée. Son mari a découvert une femme soldat cachée parmi ses troupes. Grimée, elle a berné tout le monde. Pour ça, elle risque la peine de mort. Pour Madame de Noailles, c’est inconcevable. En tant que soldat, l’inculpée a prouvé sa loyauté et sauvé de nombreux frères d’arme. Elle ne mérite pas ce sort. La Duchesse a convaincu son époux de ne pas la dénoncer, mais elle est blessée. Elle ne peut être soignée sans qu’on découvre sa condition. Elle doit être envoyée à Perpignan. Mais qui pourrait l’escorter dans cette délicate mission ? Cécile de Saint-Béryl se porte volontaire. Accompagnée par Céleste, la voyante qu’elle a récemment rencontrée, la voici en mission pour exfiltrer Picard, la femme soldat, en toute discrétion.

    © Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli, Pierpaoli – Jungle

                    A Collioure, le Duc de Noailles n’accorde pas un accueil des plus chaleureux au duo. « Ici, c’est la guerre, et pas les salons cossus de Versailles ! » Si elles parviennent à arriver jusqu’au soldat Picard, cachée non loin du front, vu son état très préoccupant, elles la trouveront peut-être déjà morte. Et puis, deux femmes sur le front pour en sauver une troisième, le Duc se demande si elles ne souhaitent pas sa perte. Elles lui proposent de revêtir des uniformes de soldats pour passer incognito à leur tour. Revenu de Rosas et totalement dévoué au Duc, le Capitaine Antonin de Fontanilles va les guider, sur un chemin évidemment semé d’embûches.

    © Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli, Pierpaoli – Jungle

    Carbone et Cee Cee Mia mettent donc en scène trois « chevaliers d’Eon ». Marie Magdelaine Mouron, alias Picard, alias Saint-Michel, alias La Garenne, soldate française du XVIIème siècle, a réellement existé. Fille d’un boucher, elle démarre sa carrière comme mercenaire pour collecter la gabelle. Après le remariage de son père, elle quitte le foyer familial vers 1690. Avec des habits d’hommes, elle intègrera plusieurs régiments successifs avant d’être confondue à cause d’un duel avec un autre soldat. Les autrices s’emparent de son destin, y mêlant celui de leur héroïne principale l’herboriste Cécile de Saint-Béryl

    La dessinatrice Mara Angelilli est accompagnée dans cet épisode par Roberta Pierpaoli. C’est net, c’est propre, c’est sans bavures. Au bout de onze épisodes, quelques prises de risques seraient bienvenues.

    © Carbone, Cee Cee Mia, Angelilli, Pierpaoli – Jungle

    Complots à Versailles est une série qui voit en partie sa force dans l’adjonction de personnages réels, dont la vie s’entremêle à la fiction comme si Cécile de Saint-Béryl avait vraiment existé. Il n’y a pas mieux pour que les lectrices et lecteurs s’imaginent eux-mêmes dans l’aventure.


    Série : Complots à Versailles

    Tome : 11 – Femme soldat

    Genre : Aventure historique

    Dessins & Couleurs : Mara Angelilli & Roberta Pierpaoli

    Scénario : Carbone & Cee Cee Mia

    D’après : Annie Jay

    Éditeur : Jungle

    Collection : Miss Jungle

    ISBN : 9782822245852

    Nombre de pages : 56

    Prix : 13,50 € 


  • To your eternity 23
    par Laurent Lafourcade

    La vie n’est pas un long fleuve tranquille

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    « -Bonjour !

    -Tu ne peux pas encore parler correctement , mais ça va venir, ne t’en fais pas ! Moi, je suis n°9.

    -Et moi, n°16.

    -n°17 !

    -n°10 !

    -Hé ! Doucement ! Pas toutes en même temps ! »

    Bonshen Nicoli La Tasty Peach Uralius (ça fait toujours plaisir d’énoncer son patronyme en entier) a été libéré de Kaibara. Il fait le point avec ses compagnons. Le laboratoire Kaibara Cybernetics a installé un lieu extrêmement étrange au cœur de son quartier général. Bonshen pense que la fille enfermée dans l’arbre tout bizarre est un knocker. Le cycle de vie qui s’y déroule lui a paru très différent de ce qui existe sur Terre. Seraient-ce les knockers qui auraient domestiqué les hommes plutôt que l’inverse ? Les knockers maniganceraient-ils quelque chose ? La poupée se pose des questions. Avant, elle avait rêvé qu’elle tombait d’un lieu bien plus haut que la ville du vieil arbre. Si c’est vraiment arrivé, si Kaibara la poursuit, c’est peut-être parce qu’elle s’est échappée avec un terrible secret, un secret qu’elle voulait transmettre à quelqu’un. A qui ? A Imm ? D’après Eibel, si on découvre d’où vient la poupée, on saura ce que cache Kaibara et on connaîtra son objectif.

    © Oima – Pika

    C’est alors qu’Eibel s’écroule, inconscient. Il aurait une malformation cardiaque congénitale. Son frère Anton est inconsonlable. Il veut demander à Kaibara de lui injecter une tag chip pour le guérir. Pas sûr que ce soit une bonne idée : l’entreprise a plutôt tendance à éliminer les défaillants. La poupée ne veut pas se tourner les pouces sans rien faire. Elle propose à Imm de retourner dans le laboratoire pour essayer de retrouver sa propriétaire : Numéro 32. Ils vont y aller tous les deux. Dès leur arrivée, ils vont rencontrer numéro 18 qui propose à la poupée de la synchroniser avec l’eau mémorielle conservée ici. Celle qu’elle est actuellement va redevenir celle qu’elle est vraiment. Est-elle prête à le supporter ? Il va bien le falloir.

    © Oima – Pika

    Quelques dizaines de visages identiques avec des coiffures différentes. La couverture de l’antépénultième volume de la série To your eternity est plus qu’énigmatique. On va rapidement apprendre qu’on est face à des clones qui, à la fois des sœurs et des compagnons, chacune avec son propre caractère, se distinguent par leurs chevelures. Numéro 32 est le dernier avatar d’entre elles. A l’origine, le laboratoire géré par Kaibara Cybernetics était destiné à faire ressusciter une femme mais ça a été un échec. Aujourd’hui, on y effectue des recherches sur la résurrection des morts en utilisant des clones… ratés. En remontant à la source de sa propre vie, la poupée va revivre son passé jusqu’à sa rencontre avec Eibel.

    © Oima – Pika

    Plus que jamais, Yoshitoki Oima montre que le concept d’âme est au cœur de sa série. Immortalité, Génétique, Humanité, Passé, Avenir, Concept de soi, To your eternity invite à réfléchir sur notre identité et notre place dans l’univers. Intelligent.


    Série : To your eternity

    Tome : 23

    Genre : Fantastique émouvant

    Scénario & Dessins : Yoshitoki Oima

    Éditeur : Pika

    ISBN : 9782811695668

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,20 €


  • Camp Coyote 3 – Tout fou, le camp !
    par Laurent Lafourcade

    Super Folie Scout Party

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    « -Notre camp bien-aimé doit aujourd’hui faire face à une terrible menace…

    -Une épidémie de gastro-entérite ?

    -Non. Mais le chef koala va mieux, c’est gentil de vous inquiéter. Je veux parler d’une menace plus terrible encore que tous les troubles gastriques réunis. L’inspecteur du ministère. Apparemment, certains parents se seraient plaints d’un soi-disant manque de sécurité au sein de notre camp de vacances bien-aimé. Je vais donc vous demander de cesser absolument toute activité durant la visite de l’inspecteur afin de ne pas prendre de risques inutiles. »

    Alerte au Camp Coyote, ceci n’est pas un exercice. Je répète, ceci n’est pas un exercice. L’inspecteur du ministère est annoncé. Il vient vérifier s’il n’y aurait pas un manque de sécurité dans le camp, comme l’ont dénoncé certains parents. C’est le branle-bas de combat. Il ne doit rien remarquer. Quand le chef Jean-Claude s’énerve, il le prend pour un château gonflable un peu dangereux quand même. Entre loups et pièges à loups, est-ce que ça se terminera bien pour lui ? Il n’empêchera pas en tous cas le groupe des scouts de faire leur veillée où l’on se raconte des histoires qui font peur, comme celle du clown de minuit, qui va vite se transformer en histoire de la clown bibliothécaire de 18h15/18h30. Il faudra quand même prendre garde à ne pas faire trop de bruit pour ne pas gêner les voisins.

    © Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel

    Vous êtes adepte de l’accrobranche ? Au-dessus d’un étang d’acide sulfurique, c’est beaucoup plus fun. Et après ça, ça vous dit une super boum party ? A moins que vous ne soyez plutôt adepte de la chasse aux papillons…Sans filet à papillons parce que le chef Jean-Claude les a tous pris. La balade offrira un petit moment d’émotion avec l’envol de lunettes d’Œuf Pourri et la découverte de son regard. Dans tous les cas, il ne faudra pas oublier qu’on est quand même dans un camp scout et qu’on est donc là pour apprendre le civisme. Alors, tous à vos sacs poubelles et ne ramassez pas n’importe quoi ! Un petit final façon Blockbuster Seigneur des anneaux et c’est certain que vous voudrez vous-aussi faire partie du camp.

    © Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel

    Troisième et hélas dernier recueil d’histoires courtes de Camp Coyote. Cette série complètement déjantée et irrévérencieuse tire déjà sa révérence. Peut-être aurait-elle trouvé chez Fluide glacial l’écrin qu’il lui aurait fallu ? Loufoque à souhait, trash juste ce qu’il faut, les auteurs ont créé un ovni bédessiné comme on en lit peu. Albin Michel a eu le courage de tenter le coup. Le trio Dubuisson-Paka-BenBK est sorti des sentiers battus, en osant un ton hors de ces sentiers, déroutant et si drôle. Il ne manquait plus que les scouts du Camp Coyote croisent les pom-poms girls de Yellowjackets et ça aurait été le pompon (girls).

    Mais, à l’image de certains scouts, la série n’est pas morte car les éditions Albin Michel débarquent sur #Allskreen. On peut y (re)lire les aventures du Camp façon webtoon en installant l’application. Le premier épisode est offert !

    © Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel

    Jamais plus vous ne laisserez vos enfants en camp scout comme avant. En tous cas, avant de le faire, assurez-vous qu’il n’y a pas de chef qui s’appelle Jean-Claude. Sinon, gardez-les chez vous avec une bonne série de BD pour les occuper… comme Camp Coyote.


    Série : Camp Coyote

    Tome : 3 – Tout fou, le camp !

    Genre : Humour

    Scénario : Marc Dubuisson

    Dessins : Paka

    Couleurs : BenBk

    Éditeur : Albin Michel

    ISBN : 978226484833

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,90 €


  • Thorgal Saga 4 – De givre et de feu
    par Laurent Lafourcade

    Coup de chaud pour viking glacé

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    « -Approche, Thorgal Aegirsson… Voici la flamme de givre… C’est elle qui garde à distance le Fimbulvinter… Le dernier hiver avant la fin des temps, pour les hommes comme pour les dieux… Mon devoir sacré est de veiller sur la flamme… Tant que son feu brûle, le monde sera préservé de l’anéantissement… Je l’entretiens sans relâche, par la magie des âges anciens… Mais depuis quelque temps, la flamme décline inexorablement… Chaque jour, le froid de Niflheim gagne en force… Bientôt, si rien ne vient rétablir les équilibres, il franchira la lisière… Alors le grand hiver déferlera sur tous les autres mondes… Un seul royaume résistera à son emprise mortelle…

    -Muspelheim…

    -Muspelheim, oui… Le monde du feu éternel. »

    Sur l’océan gelé, en compagnie du barde Ottar, Thorgal pensant rentrer chez lui, une fois de plus, ne sait pas que les runes ont parlé. Soudain, le vent se déchaîne et les eaux s’affolent. La tempête semble prononcer le nom de l’enfant des étoiles et le guider vers le bord du monde. Echoués sur la banquise, les naufragés sont recueillis par une meute de gigantesques loups blancs et la princesse Vakva, fille de la reine du pays de givre. C’est cette dernière qui a guidé la barque de Thorgal vers ce lieu. Elle est la gardienne de la flamme de givre qu’elle entretient sans relâche mais qui décline. Si elle s’éteint, le grand hiver déferlera sur tous les mondes sauf sur le royaume de Muspelheim, le monde du feu éternel, sur lequel règne le géant Surtur, dont le but est de lancer ses armées à l’assaut d’Asgard pour la dernière bataille, le Ragnarök.

    © Etien, Legrand, Djian, Tatti – Le Lombard

    Thorgal est donc chargé d’accompagner Vakva à Muspelheim pour rapporter un peu de ce feu invincible qui permettrait de raviver la flamme de givre avant qu’il ne soit trop tard. Seule, Vakva échouerait. Les runes l’ont dit. Seul un homme qui a déjà forcé le cours du temps, arpenté d’autres mondes et bravé le courroux des dieux peut espérer se jouer de Surtur sur son propre territoire. Thorgal honorera-t-il sa réputation ? Il sait que s’il échoue, sa famille, comme le reste du monde, périra dans les glaces. Ce qu’il ignore encore, c’est que Surtur ne va pas être le seul ennemi à affronter. Quelque part, quelqu’un, met tout en œuvre pour que la mission échoue. Qui ? Et pour quel intérêt ?

    © Etien, Legrand, Djian, Tatti – Le Lombard

    Ce quatrième Thorgal Saga met une fois de plus notre héros dos au mur, acculé à accepter sa mission. Les scénaristes Olivier Legrand et Jean-Blaise Djian rentrent dans les bottes de Jean Van Hamme. Comme toujours, on sait qu’il va réussir. Peu importe. C’est ça qui fait un héros. Qu’importe la destination, l’important c’est le chemin. Le duo use intelligemment des page turner à la manière des grands feuilletons. D’ailleurs, la saga de Thorgal n’est-elle pas en soi ce que l’on peut appeler justement un feuilleton ? Ils placent savamment quelques échos du passé, avec notamment la chanson d’Ottar, vers la fin, qui donne envie de relire tous les albums.

    C’est au dessin que cet épisode se détache des autres Thorgal Saga. En effet, si les dessinateurs précédents Recht, Rouge et Surzhenko, avaient déjà un trait Rosinski compatible, David Etien garde son style. Sans s’opposer au graphisme classique de l’univers, il ne tente pas de forcer son trait. Si on peut être désarçonné sur certains visages au début, on s’immerge tellement vite dans l’aventure qu’on adopte très rapidement le dessinateur dans la famille. Les auteurs ont donc parfaitement compris l’esprit de Thorgal Saga par rapport à Thorgal : « On ne donne pas aux lecteurs ce qu’ils aiment, mais ce qu’ils pourraient aimer. ». C’est gagné.

    © Etien, Legrand, Djian, Tatti – Le Lombard

    S’il est un auteur majeur qu’il ne faut pas oublier, et particulièrement dans cette histoire d’ambiances, c’est le coloriste Bruno Tatti qui, avec ses tons chauds et froids imposés par l’intrigue, rythme les scènes de façon décisive.

    De givre et de feu est une histoire de Thorgal qui ne vous laissera pas de glace. L’album est disponible sous deux couvertures différentes, que vous soyez loup glacé ou dragon brûlant, trois même si l’on ajoute l’édition prestige. De quoi ravir les collectionneurs.



    Série : Thorgal Saga

    Tome : 4 – De givre et de feu

    Genre : Heroïc Fantasy 

    Scénario : Olivier Legrand & Jean-Blaise Djian

    Dessins : David Etien

    Couleurs : Bruno Tatti

    D’après : Rosinski & Van Hamme

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 978280821-6951 (feu) / -5275 (givre)

    Nombre de pages : 96

    Prix : 22,95 €


  • Naruto Konoha Shinden 1/2 & 2/2
    par Laurent Lafourcade

    On ne peut pas lutter contre son sang

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    « -Une autre mission lors d’un séjour si important ?

    -Oui.

    -C’est une mission d’inspection en vue du développement d’une zone frontalière entre le pays du feu et le pays des sources chaudes. Le sixième Hokage s’y rend et tu dois assurer sa protection… Mirai, je voudrais que tu t’en charges.

    -D’habitude, j’assure la sécurité du septième, et ce jour-là, je protège le précédent Hokage…

    -A priori, cette mission paraît moins impressionnante. Mais c’est le septième qui t’a désignée en personne.

    -Quoi ?! Le septième ?!! Maître… Ça signifie que…

    -Cette mission est d’une grande importance. Veux-tu l’accepter ? »

                    Assurer la protection d’un Hokage au péril de sa vie, ça ne se refuse pas. Fille d’Asuma et de Kurenai, Mirai Sarutobi est une ninja de moyenne classe de Konoha. C’est Naruto en personne, dont elle assurait la protection, qui lui a fait demander par Maître Shikamaru d’escorter Kakashi et Gaï jusqu’aux sources d’eaux chaudes. Kakashi a laissé sa place de septième Hokage à Naruto. C’est avec son éternel rival Gaï Maito, blessé et en fauteuil roulant, qu’il va faire le voyage. En admiration pour son père ninja supérieur qu’elle n’a connu qu’en photo tué par un des membres d’Akatsuki, Mirai va mettre du cœur à l’ouvrage pour accomplir sa mission du mieux possible, d’autant plus que le lieu où la petite troupe doit se rendre est le pays où est né et dans lequel a grandi l’homme qui a tué son père.

    NARUTO KONOHA SHINDEN
    © 2023 by Masashi Kishimoto, Shô Hinata, Natsuo Sai All rights reserved
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

                    Naruto a pris ses fonctions de septième Hokage. Kakashi et Gaï, libérés de leurs occupations, se trouvent accompagnés par Mirai à la demande de Naruto. Si le premier tome de Konoha Shinden, sous-titré The steam Ninja scrolls, a un certain côté comédie, la deuxième partie revient un tant soit peu aux fondamentaux de l’action. Petit à petit, Mirai trouve sa place. Elle mène une quête initiatique narutesque. Elle a besoin de reconnaissance et va la trouver. On sort du village pour aller, comme en vacances, à des sources thermales. Source du chien ou source du chat, le trio va débarquer au cœur des légendes locales. Ils ne vont pas tarder à passer de la comédie au drame car une nouvelle secte religieuse hante le pays des sources chaudes.

    NARUTO KONOHA SHINDEN
    © 2023 by Masashi Kishimoto, Shô Hinata, Natsuo Sai All rights reserved
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

                    L’intérêt de ses spin-off de Naruto est d’en apprendre plus sur des personnages que l’on a croisé dans les sagas principales, que ce soit celle de Naruto ou de Boruto peut-être même encore plus. Konoha Shinden est, dans sa première partie tout du moins, une « bromance », de l’anglais brother et romance, une amitié entre deux hommes, ici Kakashi et Gaï. C’est un thème spécifique de l’univers, le duo Naruto-Sasuke en est la preuve. Le second volume est à la fois plus philosophique et dynamique, aussi émouvant que drôle, avec une scène de chips cocasse. Il y est question de deuil, d’héritage et d’avenir. Le futile devient profond.

                    Si le roman dont est tiré le diptyque n’a pas été traduit en français pour des raisons disons de son peu d’intérêt littéraire, son adaptation en manga par Natsuo Sai est léchée, soignée, dans le plus pur respect du trait de Masashi Kishimoto. L’histoire permet de développer des personnages satellitaires. Ce sont eux qui font la force des grandes sagas.

    NARUTO KONOHA SHINDEN
    © 2023 by Masashi Kishimoto, Shô Hinata, Natsuo Sai All rights reserved
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

                    Après Sasuke Retsuden, Konoha Shinden est le deuxième diptyque qui ajoute des ramures à l’univers Naruto. Ces récits indépendants permettent également de raccrocher de nouveaux lecteurs qui peuvent s’insérer sans commencer par la longue série-mère. Ça pourrait bien leur donner envie de la lire. Naruto team for ever.



    Série : Naruto Konoha Shinden

    Tomes : 1/2 & 2/2

    Genre : Aventure

    Scénario & Dessins : Natsuo Sai

    D’après : Masashi Kishimoto   

    Adapté du roman de : Shô Hinata

    Éditeur : Kana 

    ISBN : 9782505128472 / 9782505128489

    Nombre de pages : 200

    Prix : 7,90 €


  • M.Gouevo veut guérir de la Shoah
    par Laurent Lafourcade

    L’héritier sans visage

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    « Là, c’est moi assailli par Le Juif. Il prétend que mon nom veut dire « œuf » en judéo-espagnol.

    -Oui, enfin un Gouevo c’est surtout un « cave », un niais, un imbécile ! Un qui ferme les yeux dès qu’il faut jongler.

    -Mais quel rapport avec moi ? C’est ridicule.

    -Allez Gouevo, tu descends ici, c’est le terminus des ignorants ! Tu connais rien à tes histoires de famille, je vais t’en raconter moi ! Reviens ! »

                    Un homme sans visage est traqué par Sinan, un pirate juif ottoman. Ce dernier est né à Smyrne à la fin du XVème siècle. Six siècles plus tard, il reproche à Gouevo de ne rien connaître de ses histoires de famille, de son passé, de son héritage. Gouevo a une tête d’œuf. Il n’a pas de visage. Il est tout le symbole de l’homme ignorant du passé qu’il porte sur les épaules. Sa mère a rompu les liens avec sa famille. Il a le vague souvenir d’une cousine lointaine revenue des camps. Il fait partie de ce que l’on appelle les troisième et quatrième générations, celles qui pensent être guéries de la Shoah mais c’est un leurre. Ils sont incapables de la comprendre. Sinan n’est pas là pour le blâmer, il est là pour l’accompagner dans une quête de sens, afin de rompre ces logiques intergénérationnelles de stress post-traumatique et d’identité « creuse » pour enfin, autant que faire se peut, guérir de la Shoah.

    © Allouche, Waalder – Seuil

                    On va donc accompagner M.Gouevo dans ce parcours du résilient. Il va commencer par écouter sa mère. Une famille compliquée, qui a explosé à la mort du père (de sa mère) alors qu’elle n’avait que 14 ans. Sa famille, Gouevo va tenter de la décrypter. Des noms dissimulés par des taches sur les papiers d’identité. Des étoiles jaunes que l’on refuse de porter. Gouevo participe même à un groupe de parole des anciens enfants cachés et de leurs descendants. C’est difficile, mais ça va permettre d’enclencher la recherche. Nous sommes à présent en 2023. Le massacre du 7 octobre en Israël fait ressurgir les démons. Sinan ne danse plus. M.Gouevo prend garde à ne pas tomber dans l’analogie avec la Shoah. Il va continuer à écumer les archives, affronter les faits et les lieux, verbaliser le traumatisme, et enterrer les disparus. S’il y parvient, peut-être réussira-t-il à fêter Noël en famille ?

    © Allouche, Waalder – Seuil

                    Fondateur de l’école de bande dessinée Cesan (centre d’études spécialisé des arts narratifs), Mikhaël Allouche, scénariste et dessinateur, s’est adjoint les services d’Ana Waalder. La journaliste de presse écrite, spécialisée dans les sujets de société et également scénariste de BD, l’a aidé dans cette enquête historique. Il soulève la question cruciale : Peut-on guérir d’un traumatisme que l’on n’a pas soi-même vécu mais dont ont souffert les générations précédentes ? Guérir sans oublier, sans oublier ce dont on n’a pas forcément connaissance… La quête de M.Gouevo est beaucoup plus complexe qu’on ne le pense. Les auteurs parviennent à retranscrire les grandes lignes de l’Histoire d’un peuple, ses fêlures et ses cicatrices, jusqu’à une période on ne peut plus contemporaine, avec des événements qui ne sont d’ailleurs pas encore clos.

                    L’album est également remarquable graphiquement. Allouche passe d’un type de graphisme à un autre en fonction des circonstances : des gaufriers, de grandes cases, de la couleur, du noir et blanc, de la peinture, de la lumière, de l’obscurité, des aplats, des dégradés… On s’y perd sciemment comme se perd M.Gouevo dans sa quête. Finement pensé.

    © Allouche, Waalder – Seuil

                    Album exigeant, historiquement instructif. M.Gouevo veut guérir de la Shoah est un livre qui remet en place les pièces d’un puzzle tragique. Pour aller plus loin, le site https://www.mgouevo-veut-guerir-de-la-shoah.fr  est une mine d’informations. « Ni oubli, ni pardon. Guérir, c’est rock and roll. », dit Sinan, le pirate ottoman. M.Gouevo veut guérir de la Shoah invite à retisser les liens et à sortir de l’ère victimaire. Salutaire, en somme.


    One shot : M.Gouevo veut guérir de la Shoah

    Genre : Histoire

    Scénario : Mikhaël Allouche & Ana Waalder

    Dessins & Couleurs : Mikhaël Allouche

    Éditeur : Seuil

    ISBN : 9782021577921

    Nombre de pages : 176

    Prix : 25 € 


  • Je est un autre Un voyage avec Rimbaud
    par Laurent Lafourcade

    Un nouveau rainbow pour Rimbaud

    Ecouter
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    « -Monsieur le directeur… Je… Je sais que ce n’est pas le moment… Une chose très étrange m’est arrivée cette nuit… J’ai rêvé de Rimbaud !!!

    -Ah ! Ah ! Oui, chacun rêve de Rimbaud, ici… On passe la nuit chez lui et il nous apparaît en songe. Vous n’êtes pas le premier, cet endroit semble habité ! »

    Aujourd’hui, à Charleville-Mézières, dans un vieux moulin du XVIIème siècle, c’est le vernissage d’une exposition d’aquarelles et de dessins de Joël Alessandra. Il les a réalisés lors de ses voyages en Afrique de l’Est, dans la région où Arthur Rimbaud passa les dernières années de sa vie. Coïncidence, ou pas, ce moulin est devenu un musée avec une collection permanente d’objets et de documents autour du poète. Pour préparer l’exposition Joël est logé dans la maison d’en face où vécu l’auteur. La nuit dernière, le dessinateur a rêvé que le poète s’adressait à lui, lui parlait de son dernier vers, celui de la fin de sa vie. Le directeur du musée explique à Joël que le poète a écrit son dernier poème en 1874, à 19 ans, dix-sept ans avant sa mort.

    © Alessandra – Daniel Maghen

    Qu’à cela ne tienne ! Pour Joël, l’esprit d’Arthur lui a bel et bien parlé. Il existe un dernier vers… pour Mariam. Comme happé, le dessinateur décide de suivre les traces du poète. Sa femme l’a quitté, il n’a plus rien à attendre. Il doit avancer. Il part en Afrique sur les traces de ce dernier poème dont il a rêvé. On va suivre en parallèle le voyage de Rimbaud et celui de Joël, à 150 ans d’écart. On va voir comment les lieux ont évolué, ou pas, comment l’un et l’autre ont été accueillis par la population locale. De l’Egypte à l’Ethiopie, on va suivre le même chemin et peut-être trouver, comme Joël, plus que ce que l’on cherchait.

    © Alessandra – Daniel Maghen

    Je ne dis jamais (ou presque) « Je » dans les chroniques, mais ici « Je » est dans le titre, alors « Je » m’en octroie le droit. Joël Alessandra est un dessinateur. Joël Alessandra est un voyageur. Je me suis demandé quelle était la raison pour laquelle j’aimais tant les albums de cet auteur. Je crois que j’ai trouvé la réponse. C’est certainement parce que je voyage très peu. Non pas parce que je n’aime pas ça, mais parce que je n’en ressens pas le besoin. Pourquoi ? Parce que je lis. Que ce soit dans des romans ou dans des albums de bande dessinée, la lecture permet les plus beaux des voyages. Qui plus est, quand les albums sont dessinés avec autant de grâce et de puissance que ce que fait l’auteur, on est parti avec lui. Alors oui, je peux l’affirmer, je suis allé en Afrique sur les traces d’Arthur Rimbaud. Je le jure. J’ai lu Joël Alessandra.

    © Alessandra – Daniel Maghen

    Je est un autre Un voyage avec Rimbaud est une poésie, un carnet de voyage et une histoire d’amour. Comme le dit l’écrivain djiboutien Idris Youssouf Elmi dans la postface, ce livre emporte et transporte. Magique.


    One shot : Je est un autre Un voyage avec Rimbaud

    Genre : Voyage

    Scénario, Dessins & Couleurs : Joël Alessandra

    Éditeur : Daniel Maghen

    ISBN : 9782356742070

    Nombre de pages : 160

    Prix : 26 €


  • Alix Senator 16 – L’Atlantide / Alix 44 – Le royaume interdit
    par Laurent Lafourcade

    Héritages de civilisations

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    « -Ce voyage est impie !

    -Qu’est-ce que j’aurais aimé partir avec eux ! Qui sait quelles merveilles ils vont trouver là-bas ?

    -Vinda n’aurait jamais laissé partir ces maudits bateaux ! »

    Printemps de l’an 8 avant notre ère, une flotte quitte le sud de l’Armorique. Direction l’Atlantide. A son bord, Alix et son fils Titus, accompagnés entre autres par Enak, s’apprêtent à en percer les secrets. Vinda, la prêtresse de la Dame de la mer, n’aurait jamais laissé partir ces bateaux. Maintenant qu’elle n’est plus, après avoir freiné l’empressement de Titus qui aurait levé les voiles même en plein hiver, la troupe est partie. Les anciens partisans de la prêtresse souhaitent l’échec de l’expédition dont font partie Sertis, fille de Vinda, et Nanto, dont le père tient un chantier naval. Leur amour est aussi fort que l’opposition des deux clans auxquels chacun d’entre eux appartient. Ils espèrent que les statues qu’ils rapportent satisferont les dieux et que le savoir qu’ils ramèneront de l’Atlantide apaisera les tensions.

    © Démarez, Mangin, Chagnaud – Casterman

    C’est un Enak plus jeune que l’on retrouve en bien mauvaise posture dans une arène d’Ostie. Le compagnon d’Alix a glissé des remparts et fait face à un énorme taureau. Il faudra tout le courage et la sagacité d’une esclave acrobate pour le sortir de ce bien mauvais pas. Elle s’appelle Iphis. Pour la remercier, Alix la rachète trois mille sesterces à son propriétaire. Elle vient du royaume de Kamarès, bien au-delà des colonnes d’Hercule. Fille du roi Tisias régnant sur un chapelet d’île, elle a été victime d’un traquenard pour l’éliminer. En effet, il y a quatre ans, contre l’avis de sa sœur, la tante d’Iphis, le roi a décidé de nouer des relations commerciales avec le reste de l’humanité. Envoyée en temps qu’ambassadrice, elle fut poussée par-dessus bord avant d’être secourue par un navire phénicien dont le capitaine la vendra comme esclave. Alix lui propose d’affréter un navire et de la ramener chez elle.

    © Jailloux, Seiter, Fantini, Martin – Casterman

    Le voyage du Senator va être long. Accueillis par une population autochtone, un événement va mettre le feu aux poudres au sein même de l’équipage. Blake et Mortimer se frotteront bien des années plus tard au continent englouti. Avant (dans l’histoire) mais après (dans le temps), Valérie Mangin etThierry Démarez donnent leur version des vestiges de la civilisation. La première partie de l’album est consacrée au voyage, la seconde est à destination. On passe quasiment d’un documentaire géographique à un blockbuster hollywoodien. La scénariste installe les pions avant de passer aux conséquences. Le dessinateur est un metteur en scène d’exception. Jetez un coup d’œil par exemple sur la trentième planche. Le navire vogue sur un océan translucide et surplombe la cité. Pour un peu, on se croirait à bord de l’Atlantis en plein espace dans Albator. D’ailleurs, n’était-il pas lui aussi à la recherche d’un Atlantide nommé Arcadia ?

    © Démarez, Mangin, Chagnaud – Casterman

    Quant à notre jeune Alix, il devait bien se douter que le retour de la princesse déchue dans son pays n’allait pas plaire à tout le monde. A la place d’un père, ils vont trouver une tante sur un trône. La situation va rapidement dégénérer pour les nouveaux venus. La souveraine se trouve des velléités de Comte Zarloff en imposant à Alix, Enak et Iphis un Hunger Games antique. Roger Seiter écrit un Alix classique d’une grande efficacité invoquant les meilleures heures de Iorix le grand aux Proies du volcan. Au dessin, l’impeccable Marc Jailloux s’impose définitivement comme l’homme qui a redonné à la série ses lettres de noblesse, malgré ici un encrage un brin épais (mais cela est peut-être dû à l’impression).

    © Jailloux, Seiter, Fantini, Martin – Casterman

    Avec des équipes comme celles-ci aux commandes, que l’on soit dans l’époque d’origine ou au temps du Senator, Jacques Martin peut être soulagé d’avoir permis à son héros de lui survivre, et le lecteur ravi qu’il ait pris cette décision.



    Série : Alix Senator

    Tome : 16 – L’Atlantide

    Genre : Aventure historique

    Scénario : Valérie Mangin

    Dessins : Thierry Démarez

    Couleurs : Jean-Jacques Chagnaud

    D’après : Jacques Martin

    Éditeur : Casterman

    ISBN : 9782203284432

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15,50 €


    Série : Alix

    Tome : 44 – Le royaume interdit

    Genre : Histoire – Aventure

    Scénario : Roger Seiter

    Dessin : Marc Jailloux

    Couleurs : Florence Fantini

    D’après : Jacques Martin

    Éditeur : Casterman

    ISBN : 9782203255692

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,50 €


  • Jacques Gipar 12 – L’étoile filante
    par Laurent Lafourcade

    Une grande vadrouille

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    « -Bonjour m’sieur Prudhomme, c’est bon, j’ai livré les kiosques de la Madeleine et de Malesherbes.

    -Oui… On a quelques soucis… Gipar ! T’es pas au courant ? Le rédac’chef a été arrêté !

    -Garry ? Mais pourquoi ?

    -Je sais pas… On l’a dénoncé !

    -Dénoncé, Mais par qui ?

    -Il y a des sales types partout, des collabos… Même dans la rédaction ! A ta place, je me méfierais ! »

                    Paris, octobre 1956. Jacques Gipar et Petit-Breton sont attablés au Café de la Paix. Soudain, le journaliste aperçoit une femme qui entre dans l’établissement. Cette vision va lui éveiller des souvenirs. Le voici replongé douze ans plus tôt, dans le même quartier, en mai 1944. Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale. Il livre les journaux pour le quotidien dans lequel il travaille. Accessoirement, il bricole avec la Résistance. Il risque d’avoir des problèmes. Il y a des collabos partout, même dans la rédaction. Il arrive à peine chez sa mère que la Gestapo débarque dans la cour de l’immeuble pour arrêter une famille juive. Jacques a juste le temps de s’enfuir par les toits avec Yvonne, la gamine de la famille. Commence alors une cavale de tous les dangers.

    © Delvaux, Dubois – Paquet

                    Avec cette histoire en flash-back, les auteurs offrent un passé et une consistance à leur personnage. Des années 50 pour revenir à la guerre, il n’y a qu’un pas. C’était hier. Le journaliste de France Enquêtes a été, on peut le dire, un héros de la Résistance. En risquant sa vie pour sauver une jeune fille juive, on le retrouve dans la peau d’une sorte de Monsieur Batignole, un homme ordinaire qui devient, par la seule force de son instinct, un héros extraordinaire. Jacques et Yvonne vont vivre leur « grande vadrouille ». Et cette étoile filante, elle ne traverse pas le ciel en laissant une traînée dans son sillage. Cette étoile filante, c’est cet abject insigne que les juifs étaient contraints d’arborer sur leurs vêtements et que Jacques va très rapidement arracher du manteau d’Yvonne, pour mieux filer… Découdre et en découdre, voilà leur objectif.

    © Delvaux, Dubois – Paquet

                    Le scénariste Thierry Dubois donne un souffle nouveau à la série. Cet amoureux des bagnoles et des routes n’en oublie pas pour autant l’ADN qui en a fait le succès, à savoir : les bagnoles et les routes. Il ne se contente pas d’une histoire de Résistance qui aurait pu être vécue par n’importe qui. Et non. Jacques et sa petite protégée parcourent les routes de France à bord de divers véhicules. C’est avant tout pour cela qu’une grande partie du lectorat suit les aventures de Jacques Gipar dans des histoires quand bien même fort bien menées. Le dessinateur Jean-Luc Delvaux met en scène l’action dans une ligne claire pure et intemporelle. Nancy Delvaux enveloppe le tout dans des couleurs qui glissent vers une ambiance et des tons un brin plus sombres pour souligner la tension de l’époque.

    © Delvaux, Dubois – Paquet

                    Il y a des étoiles qu’on n’aurait préféré ne jamais voir briller mais pour lesquelles on est soulagé lorsqu’on les voit filer. On découvre ici que le héros, au sens de personnage principal, des années 50 est à en fait un héros, au sens acte héroïque, de la vie. Avec douze albums au compteur, les aventures de Jacques Gipar font désormais figure de classique dans le domaine de la BD vintage.


    Série : Jacques Gipar

    Tome : 12 – L’étoile filante

    Genre : Histoire

    Dessins : Jean-Luc Delvaux

    Scénario : Thierry Dubois

    Couleurs : Nancy Delvaux (Callixte pour la couverture)

    Éditeur : Paquet

    Collection : Calandre

    ISBN : 9782889324088 

    Nombre de pages : 48

    Prix : 14,50 €


  • Ray Ringo 1 – La porte du diable
    par Laurent Lafourcade

    Le retour du cow-boy de William Vance

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    « -T’es bien sûr d’vouloir tout plaquer, Ray ?

    -Oui, Gus, ma décision est prise ! J’accepte d’être responsable de la vie de mes passagers… mais je refuse d’être complice d’un système qui les expose sciemment au danger !

    -J’comprends ça… Alors ce s’ra ton dernier voyage, d’accord ?

    -Comment ça ?

    -Tu peux pas m’abandonner maint’nant, Ray… J’compte sur toi pour convoyer une diligence de Rapid City à Carson City… Départ dans deux semaines !

    -Pas question ! »

    Ray Ringo souhaite démissionner de son poste de convoyeur pour la Wells Fargo. C’est pour cela qu’il est venu à New-York. Le Far-West est devenu trop dangereux et les coupes budgétaires qui réduisent le nombre d’« escorteurs » de diligences ne permettent pas d’assurer la sécurité des voyageurs. Tout cela est dû à la concurrence de plus en plus vive du chemin de fer qui étend son réseau dans tout le pays. Alors, plutôt que de mal faire son métier, le cow-boy préfère rendre son tablier. L’entreprise est bien embêtée de cette décision, d’autant plus que dans deux semaines une diligence part de Rapid City à Carson City avec du beau linge à bord en la personne d’Orion Clemens, un proche d’Abraham Lincoln nommé secrétaire d’Etat du Nevada. Bon, Ringo va y réfléchir. Il ne va pas tergiverser longtemps, un télégramme lui annonce que la diligence conduite par sa future femme Lean a été attaquée. L’équipage s’en est sorti mais la belle est immobilisée à Independence Rock… qui se trouve sur le trajet du convoi prévu par la Wells Fargo. Bon, ben, Ringo va donc accepter la mission.

    © Surzhenko, Corbeyran – Le Lombard

    Pour assurer la sécurité du convoi, Ringo parvient à mettre toutes les chances de son côté. Pour conduire la diligence, Jerry va prendre les rênes. D’un père irlandais et d’une mère indienne de la tribu Attikamek, il a été confronté très jeune à la nature sauvage. A ses côtés, un shotgun est positionné en observateur, prêt à tirer avec dextérité. Et c’est parti. Les ennuis ne vont pas tarder. Le relais dans lequel Eleanor McLean était en convalescence a été attaqué par des outlaws. Caché au fond d’un puits, l’unique survivant raconte le massacre à Ringo. Tout le monde a été massacré et la conductrice a été enlevée. Un seul indice : l’un des hommes masqués portait des bottes en peau de serpent. Qui sont ces assassins ? Pourquoi ont-ils épargné Lean ?  Ringo confie la diligence du politicien à Jerry et part à la recherche des bandits.

    © Surzhenko, Corbeyran – Le Lombard

    Après Ric Hochet et Bruce J.Hawker, un autre héros mythique est exhumé du catalogue Lombard, un personnage à la carrière plus éphémère puisqu’il connu seulement trois aventures dans la jeunesse d’un auteur qui deviendra l’un des plus grands dessinateurs réalistes : William Vance. Auréolé de ce passé à l’auteur glorieux, Ray Ringo chevauche à nouveau sous la plume de Corbeyran. A son initiative, le scénariste, qui vient de tâter récemment du western avec La piste de l’Oregon dessinée par Jean-Marc Krings chez Kennes, s’empare du personnage avec l’efficacité qu’on lui connaît. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne ménage pas son héros. Il commence par le bousculer, en le mettant en position de héros désabusé qui veut démissionner. Il poursuit en mettant sa fiancée dans des situations inextricables. Attaché à ses valeurs, Corbeyran s’engage dans la démarche Vance : aventure, divertissement et culture populaire. Il mêle savamment l’Histoire à l’histoire avec des personnages réels, qu’ils soient politicien ou futur auteur célèbre.

    © Surzhenko, Corbeyran – Le Lombard

    Adoubé par Eric Vance, fils de William, Corbeyran s’est donc lancé en compagnie de Roman Surzhenko qui, après l’heroïc-fantasy de Thorgal, s’immerge dans le western avec la même détermination. Les auteurs ne cherchent pas le sensationnalisme comme dans certains reboots. Ils restent consciencieusement dans le classicisme et le respect de l’œuvre originelle. Ça fait du bien.

    Le western est l’un des genres les plus bédégéniques qui soient. Si le succès est au rendez-vous, les aventures de Ray Ringo sont parties pour durer en diptyques. Corbeyran a prévu tout un plan de carrière pour le personnage. Que sa chevauchée puisse être longue.


    Série : Ray Ringo

    Tome : 1 – La porte du diable

    Genre : Western 

    Scénario : Corbeyran

    Dessins & Couleurs : Roman Surzhenko

    D’après : William Vance

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808216036

    Nombre de pages : 52

    Prix : 15,95 €


  • Boulevard Tintin – La véritable révolution des Picaros
    par Laurent Lafourcade

    Et si on n’en finissait jamais avec Tintin ?

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    « Si l’album des « Picaros » reste le socle de notre présente démonstration, il est impossible de comprendre la fin programmée de Tintin, son sacrifice psychanalytique, le piétinement de sa perfection, la mise en scène de ses ambiguïtés, sans au préalable, avoir appréhendé le véritable enjeu de Tintin au Tibet. Si cet album mythifié du vivant de Hergé signe magistralement, et en toute discrétion, le début de la fin de Tintin, cette tentative, indigne du génie de Hergé, de thérapie par le dessin, méritait bien d’être commentée à l’aune de l’improbable révolution des « Picaros », et démontrer ainsi, de manière imparable, que Hergé n’avait pas l’ambition de mener son œuvre à son terme pour en justifier la cohérence, mais qu’il était nécessaire pour le créateur de Tintin de proposer un album théoriquement autonome, en l’occurrence celui de Tintin et les Picaros, afin de nous donner les moyens de comprendre que son projet ultime était philosophique. »

    Pour bien analyser l’histoire des Picaros, il faut remonter à Tintin au Tibet. Dès le préambule, Jean Dubois envoie valser son analyse trilogique (Bijoux-Vol-Picaros) avec l’ajout d’un quatrième album, mythique, résonnant et raisonnant comme une introduction au triptyque étudié. C’est celui-ci, le Tibet, qui démontre que Hergé a ressenti la nécessité de proposer cet album, « Tintin et les Picaros » pour comprendre la fin de son œuvre. Tintin au Tibet est un album charnière où l’auteur règle ses propres comptes avant l’apaisement, pour « en finir avec la psychanalyse » et atteindre une « ambition philosophique enfin assumée ».

    © Dubois – 7 sans 14

    Dubois met en évidence un point de jonction entre les deux albums. Si dans le Tibet, Tintin part pour retrouver Tchang, dans les Picaros, flairant un traquenard, il exprime la volonté de ne pas partir au San Theodoros, où pourtant la Castafiore et les Dupondt sont retenus par un dictateur. Tintin serait-il un personnage plus ambigu qu’on ne le pense ?

    Après une fine analyse des états d’âme de Hergé tout au long de la confection de Tintin au Tibet, Jean Dubois démontre comment l’auteur a décidé (et est parvenu ?) à passer « aux choses sérieuses ». Il n’a plus rien à prouver mais tout à démontrer. Les Picaros est la conclusion de cette démonstration, l’histoire où c’est l’aventure qui décide pour Tintin et non Tintin qui décide de partir à l’aventure. Les Picaros est l’album du pardon, celui où Hergé a décidé de ne plus juger ses personnages, de les railler avec tendresse, tout comme il avait rendu les méchants pathétiques dans Vol 714.

    © Dubois – 7 sans 14

    Alors qu’avant le Tibet, les albums de Hergé étaient très documentés (au moins à partir du Lotus bleu), la période post-Tibet met en exergue la positivité d’une certaine oisiveté du créateur. Dans les Picaros, Hergé réhabilite les Dupondt, gardes du corps de la diva en tournée, en en faisant les véritables héros de l’aventure. Tintin, lui, ayant changé de costume (exit le pantalon de golf, bonjour le jean) entre dans la banalité et dans une léthargique bienveillance. Pas de vague, Tintin ne veut pas de violence dans cette révolution mais oublie que les détectives sont condamnés à mort. Tintin est rabaissé à la moyenne du genre humain, privilégiant son propre confort au détriment d’une certaine justice.

    Tintin finira par se raviser évidemment et rejoindre Haddock et Tournesol au San Theodoros. Tintin a besoin de la volonté de Hergé pour exister. C’est comme ça que l’on comprend son comportement.

    Hergé est-il un philosophe qui s’ignore ? C’est la question que se pose l’auteur de l’essai. Hergé est loin de n’être qu’un dessinateur de plus. Pour Dubois, pas de doute : avec les aventures de Tintin, Hergé a écrit le « bréviaire philosophique le mieux dessiné au monde ». Pour Dubois, l’œuvre ne doit pas se relire (uniquement) en souvenir de l’enfance où on l’a découverte, mais en continuant d’extraire son potentiel infini. Dubois fait ainsi sienne la phrase finale de chacune des recensions de Boulevard BD / Boulevard Tintin sur les ouvrages consacrés à l’univers du petit reporter.

    © Dubois – 7 sans 14

    La dernière partie de l’essai s’attarde sur les sentiments, autant ceux des personnages que ceux des lecteurs. Il y est question de volonté, avec beaucoup d’émotion, de contradiction, de nostalgie et de non-nostalgie, et enfin de réalité dans une conclusion philosophique qui reconsidère tout l’amour qu’un tintinophile peut avoir pour l’œuvre inestimable de Hergé. Impressionnant.

    Longtemps jugé « dispensable », Tintin et les Picaros est réhabilité par l’analyse de Jean Dubois. Sa trilogie En finir avec Tintin ? forme une démonstration du pourquoi du comment de la fin des aventures de Tintin. De la fin ? Et l’Alph’Art dans tout ça ? Nul mot. Jean Dubois n’en tient pas compte. Et s’il se penchait dessus ? Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.



    Titre : La véritable révolution des Picaros

    Genre : Ouvrage d’étude

    Auteur : Jean Dubois

    Éditeur : 7sans14

    ISBN : 9798294460822

    Nombre de pages : 168

    Prix : 14,90 €


  • Le joint français, 1972, une usine en grève
    par Laurent Lafourcade

    Allons enfants de la Bretagne

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    « -En 1962, pour profiter d’une main-d’œuvre pas chère, le Joint Français a délocalisé une partie de sa production en Bretagne… La région était encore très rurale… C’était une aubaine pour des investisseurs. On imaginait les bretons dociles… On pensait qu’il serait facile d’en tirer profit. Tiens ! Tu vois ! Qu’est-ce que je te disais : encore en train de crayonner ! Si le sujet t’inspire, on en reparlera ce soir, au dîner. C’est une sacrée histoire que celle du conflit social qui a éclaté au Joint en 1972, c’est encore très vif dans les mémoires ! »

    Arrivée à Saint-Brieuc pour quelques jours de repos, Gwénaëlle apprend que son dernier projet est refusé par son éditrice. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la jeune femme ne dit rien à son père qui est venu la chercher à la gare. Sur la route pour se rendre à la maison, Gwénaëlle remarque que l’usine du Joint Français a changé de nom. Elle a été rachetée par la société Hutchinson après ses difficultés pour lutter contre une concurrence étrangère qui emploie une main-d’œuvre à bas coût. Belle ironie pour une entreprise qui s’est délocalisée en Bretagne en 1962 pour justement profiter d’employés moins rémunérés. Ses dirigeants imaginaient les bretons dociles. Ce ne sera pas le cas. Il suffira d’une petite dizaine d’années pour qu’éclate, en 1972, un conflit social encore très vif dans les mémoires. Et si la dessinatrice s’emparait du sujet pour en faire son nouveau projet ?

    © Régereau – Des ronds dans l’O

    Au fil des jours, Gwénaëlle va compléter les souvenirs de son père par une véritable enquête journalistique pour raconter dans le détail la crise du Joint Français. On va vivre le quotidien des fourmis travailleuses, pour une tâche répétitive et dans une atmosphère polluée. On va suivre la montée des tensions, l’occupation de l’usine et l’entêtement de ses dirigeants. On va apprendre comment la cohésion de toute une région va permettre aux grévistes de mener à bien un combat plus que légitime. On va aussi rencontrer le célèbre chanteur Gilles Servat qui prit part à la révolte, nourri de Brassens et Ferré, avec pour arme une guitare. Le conflit ne va pas s’avérer être seulement celui d’une usine et de ses employés, mais celui de toute une région qui affirme son identité et sa culture.

    © Régereau – Des ronds dans l’O

    Plutôt que de faire de l’histoire un récit factuel et rigide, l’autrice Gwénaëlle Régereau choisit la mise en abime. Plutôt que de se contenter d’un compte-rendu journalistique, la scénariste raconte les dessous de la création, comme si on était dans un making-of, un peu à la manière de ce que fait Mathieu Sapin, sauf que lui traite de l’actualité. Elle, s’attache à un événement social historique. La dessinatrice alterne un noir et blanc totalement pur pour les scènes contemporaines avec un noir et blanc coloré de gris pour les scènes d’époque. On se demande ce qu’aurait pu donner l’album si le concept avait été poussé plus loin en colorisant les scènes du présent. Ça aurait été peut-être trop tranché. Au final, Gwénaëlle Régereau a certainement fait le meilleur choix qui permet de profiter de la finesse de son trait extrêmement prometteur, qui marche sur les traces de celui de Virginie Augustin.

    © Régereau – Des ronds dans l’O

    Enfin un joint qui ne se fume pas mais qui se lit ! Fidèles à leur défense des actions solidaires et sociales, tout en lançant les auteurs et autrices de demain, les éditions Des ronds dans l’O proposent encore une fois un album témoignage instructif qui montre que la politique du peuple est bien plus intéressante, formatrice et tournée vers l’avenir que la politique politicienne.


    One shot : Le Joint Français

    Genre : Reportage

    Scénario & Dessins : Gwénaëlle Régereau

    Éditeur : Des ronds dans l’O

    ISBN : 9782374181639

    Nombre de pages : 160

    Prix : 25 €


  • Caledonia 2 – Le mur d’Hadrien
    par Laurent Lafourcade

    Aller-retour

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    « -Tu n’es guère bavard, Lucius…

    -Je suis navré, Licinia…

    -Je pensais que cela te ferait plaisir qu’on se retrouve…

    -C’est le cas…

    -Mais ?

    -Mais ce qui m’attend me tourmente au plus haut point ! »

    Deuxième siècle de notre ère. De retour de Caledonia, Lucius Karus est persuadé d’avoir traversé les enfers et d’avoir rencontré Hadès en personne. Mais ce qu’il a vécu sur le champ de bataille n’est rien comparé à ce qui l’attend à Rome. Certains sénateurs sont bien plus féroces que les barbares de là-bas. Le légat Deodatus Faustus le met en garde contre la férocité des politiciens dont l’assemblée est comparable à une arène de fauves. A Rome, Lucius retrouve ses parents et sa future épouse Licinia. Il préfère ne pas leur raconter les horrifiques événements dont il a été témoin, lui, le rescapé de la IXème légion, qui ne sait plus comment se débarrasser des pensées qui le hantent et le ramènent à la trahison de Leta, la guerrière tatouée. Devant le Sénat, le centurion Lucius Karus n’a pas d’autre choix que de se replonger dans le cauchemar dont il est revenu.

    © Despujol, Corbeyran, Despujol – Soleil

    Les sénateurs accusent le rescapé de manigance avec l’ennemi, d’inventer les monstres. Par chance, il a ramené avec lui des preuves irréfutables. La prochaine étape est d’obtenir audience auprès de l’empereur. C’est déchu de son grade de centurion que Lucius est renvoyé en Caledonia pour exécuter les ordres de l’empereur Hadrien : construire un mur pour isoler la contrée et protéger le Sud du pays des créatures qui le ravagent, avant de trouver une solution définitive. Il ne va pas tarder à retrouver une vieille connaissance qui va faire de lui son prisonnier avant que leurs rapports ne changent.

    © Despujol, Corbeyran, Despujol – Soleil

    Deux parties distinctes constituent ce deuxième épisode de Caledonia. Si le début est très Jacques Martin compatible, la suite va rapidement virer de bord. Tout en gardant sa veine fantastique, Corbeyran met en scène un événement historique réel, avec cette décision qu’a prise l’empereur Hadrien entre 122 et 127 après Jésus-Christ de faire construire une fortification de pierre et de terre au niveau de l’actuelle frontière entre l’Angleterre et l’Ecosse. Ce mur de près de 120 km traverse l’île d’Ouest en Est pour protéger la frontière nord de la province romaine de Bretagne des attaques des barbares pictes. Les 300 tours, les 80 fortins défensifs et les 17 camps retranchés qui le composaient ne se doutaient pas que 1900 ans plus tard Corbeyran et Despujols allaient en faire le cadre d’un pugilat au-delà du réel.

    © Despujol, Corbeyran, Despujol – Soleil

    Deuxième acte du triptyque Caledonia, Le mur d’Hadrien détourne l’Histoire antique à la manière dont les Stryges s’accaparent l’époque contemporaine. Du Corbeyran pur jus dans ce qu’il sait faire de mieux, accompagné par un Despujols hautement efficace, tant dans le réel que dans l’imaginaire.


    Série : Caledonia

    Tome : 2 – Le mur d’Hadrien

    Genre : Péplum fantastique

    Scénario : Corbeyran

    Dessins : Emmanuel Despujol

    Couleurs : Juliette Despujol

    ISBN : 9782302103450

    Éditeur : Soleil

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,95 € 


  • Hamster et boule de gomme 2
    par Laurent Lafourcade

    Feel-good Hamster

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    « -Regarde Ham, une friandise ! Super nouvelle, non ?! Ça ne te fait pas plaisir ? Hé, regarde ! Mange ! Pourquoi tu m’ignores ? Allez ! Renifle-moi ça ! Ça sent bon ! Alleeeez ! Mange-la ! Mange !

    (-Ah ! Mais t’es relou, toi ! C’est bon ! J’ai compris ! Je vais stocker ton machin dans ma bajoue ! »

    Un hamster, c’est une petite boule de poil toute kawaï. C’est doux, c’est drôle, mais ça fait aussi parfois des bêtises parce que ça a un petit caractère bien à lui. La maîtresse de Ham lui a enfin acheté la maison en forme de champignon dont elle rêvait. Après l’avoir explorée en long, en large et en travers, au bout de quelques jours, la bête l’a mise sens dessus dessous, comme si elle voulait s’en débarrasser.

    Lorsque la cage s’ouvre pour une petite balade dans l’appartement, elle sort avec une graine de tournesol. On ne va pas quitter les lieux sans une petite friandise, quand même, surtout qu’une fois planqué sous un meuble, il peut y rester des heures sans montrer le bout de son nez.

    © Hamuhamu 2024 Kadokawa corporation, Tokyo
    © 2024 Bamboo édition

    Grâce au soutien des lecteurs, le récit du quotidien de Ham le hamster se poursuit dans un second volume.  Les bajoues pleines de délices, il est craquant… même quand il fait pipi dans les recoins de la maisonnée. Sa patronne n’hésite pas à lui installer une résidence secondaire dans ses toilettes favorites avec une chaussette pour lui tenir chaud et du papier journal.

    Un hamster n’est pas toujours de bon poil. Dans une cage toute propre, il peut balancer son assiette et emboutir son nid, mélanger la paille et le sable de ses toilettes, le tout en trois minutes chrono. Mais quand il a une petite crotte qui dépasse du derrière, il fait moins le fier.

    © Hamuhamu 2024 Kadokawa corporation, Tokyo
    © 2024 Bamboo édition

    La mangaka Hamuhamu raconte son quotidien avec un hamster, animal si petit mais qui demande tant d’attention et remplit tant le cœur de ceux qui en possèdent un. Le seul hic est la durée de vie relativement courte qu’ils ont. Hamuhamu vit actuellement avec son troisième hamster. Le succès des saynètes qu’elle dessine est né sur les réseaux sociaux. Le retour de Ham est dû à l’engouement du public.

    En fin de manga, un cahier documentaire « Les p’tits docs de Doki-Doki », est rempli d’information pour ceux qui ont adopté ou voudraient adopter une telle bestiole. On apprend par exemple qu’il existe pas moins de six races différentes de ces rongeurs faisant partie de la race des cricetinés.

    © Hamuhamu 2024 Kadokawa corporation, Tokyo
    © 2024 Bamboo édition

    Hamster et boule de gomme est un manga tout mignon et tout aussi instructif. Bien évidemment, après sa lecture, qui n’aurait pas envie d’en adopter un ? Attention, un animal n’est pas un jouet. Quand on en prend un, c’est pour s’en occuper pendant longtemps. Alors si vous n’êtes pas sûr de vous, contentez-vous de lire et relire les aventures du quotidien de Ham.


    Série : Hamster et boule de gomme

    Tome : 2

    Genre : Kawaï

    Scénario & Dessins : Hamuhamu

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Doki Doki

    ISBN : 9791041112821

    Nombre de pages : 128

    Prix : 7,95 €


  • Patty Télépathe 1 – On ne peut rien lui cacher
    par Laurent Lafourcade

    La petite lectrice de pensées

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    « -Dis, Lina… Depuis deux jours, j’ai mal à la tête… C’est comme si j’entendais un brouhaha avec plein de voix. En fait, je crois que je lis dans les pensées des gens…

    -Ha bon ? »

                    Lina a l’air perplexe. Lorsque sa copine Patty lui annonce qu’elle pense être télépathe et donc lire dans la pensée des gens, elle a peur qu’elle finisse emprisonnée dans un laboratoire gouvernemental d’expérimentation pour toujours. Patty elle-même redoute son nouveau pouvoir. Qu’elle ne s’inquiète donc pas ! Elle va s’y habituer, et plus vite qu’elle ne croît. C’est intéressant de savoir ce que les gens pensent, mais son secret ne devra jamais être révélé, sinon les gens vont l’insulter en pensée et ce sera horrible. Les premiers à qui il va falloir cacher ce pouvoir sont ses parents. Juste après, sur la liste, il y a la maîtresse. Et qu’est-ce que ça va être rigolo de découvrir les préoccupations des badauds dans la rue.

    © Lewis Trondheim – Bayard

                    Patty à la maison, c’est trop mignon. Quand son papa lui ramène un éclair au chocolat pour le goûter, elle est persuadée qu’il est lui aussi télépathe parce que c’est ce dont elle rêvait. Son papa qui pense à tout ce qu’il doit faire quand il prépare à manger, ce ne serait pas le signe qu’il est un petit peu super-héros sur les bords ? Patty est souvent seule avec son père. Maman a un travail très prenant. Elle va être encore plus souvent absente parce qu’elle doit partir travailler sur une plate-forme pétrolière. (Qui pollue, quelle horreur !) Heureusement qu’il y a la visio pour se voir.

    © Lewis Trondheim – Bayard

                    A l’école, Patty a un truc pour ne pas se faire interroger par la maîtresse : ne pas baisser le regard et la fixer dans les yeux. Ça ne marche pas à tous les coups. Mais quand on lit la réponse dans l’esprit de l’enseignante, c’est plus facile pour répondre. Pour les interros écrites, y’a moyen de s’arranger avec Lina. Si la maîtresse pense qu’elles copient l’une sur l’autre parce que leurs devoirs sont semblables, elle va être désarçonnée quand elle va leur faire faire une nouvelle interrogation l’une et l’autre étant à deux bouts opposés de la classe. Pas besoin d’être à côté pour se passer les réponses… bien que ça ne marche que dans un sens. Ça sert d’avoir une copine qui connaît ses leçons sur le bout des doigts.

    © Lewis Trondheim – Bayard

                    Lewis Trondheim revient avec une nouvelle série pour les plus petits. C’est frais, c’est drôle, c’est kawaï et ce n’est jamais mièvre. C’est ça le talent Trondheim.


    Série : Patty Télépathe

    Tome : 1 – On ne peut rien lui cacher

    Genre : Humour télépathe

    Scénario, Dessins & Couleurs : Lewis Trondheim

    Éditeur : Bayard jeunesse

    Collection : BD Kids

    ISBN : 9791036375316

    Nombre de pages : 64

    Prix : 10,50 €


  • Le souffle du diable
    par Laurent Lafourcade

    Comme un air de Griffo

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    « -Bonjour, Emile ! Il y a de la brume, hein ?

    -De la brume ? On dirait plutôt de la fumée ! Je suis en train de cracher mes poumons, bon dieu !

    -Trois jours que ça dure ! Rarement vu un brouillard aussi persistant !

    -Et qui pue autant ! Qu’est-ce que c’est ?… Du soufre ?

    -Oui, c’est étrange ! »

    France, juin 1783. Le jeune Benjamin se fait enguirlander par sa grande sœur Madeleine. L’aubergiste reproche au gamin de faire attendre les clients en n’étant pas assez rapide pour transporter leurs bagages. Benjamin est le demi-frère de Madeleine. Après avoir abandonné la fille à sa mère et être parti exercer son métier de botaniste à travers le monde, leur père est revenu pour confier le petit à la grande avant de mourir, alors qu’elle ignorait jusqu’à son existence. Entretemps, elle s’était mariée à un tavernier dont elle avait réussi à développer le commerce. Le caractère bien trempé, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Madeleine assume aujourd’hui son petit frère Benjamin, qui parfois la rend folle, avec beaucoup de rudesse mais un peu d’empathie quand même.

    © Broeders – Anspach

    Un matin, une brume étouffante envahit la contrée. On dirait une fumée. Au fil des jours, ce brouillard persiste. Ça brûle les yeux et ça sent mauvais, comme du soufre. On dit dans le journal que ça pourrait être annonciateur de tremblements de terre. Alors que la situation ne s’améliore pas, la populace invoque le Seigneur pour délivrer de ce brouillard satanique. Les portes de l’enfer ont-elles été ouvertes ? Ces histoires n’effraient pas Benjamin… Enfin, il a quand même quelques doutes. Et si les démons s’en prenaient à lui ? Entre les cauchemars qui hantent ses nuits et le ciel qui fait des siennes, le garçon ne sait plus que penser. Il ne manquerait plus qu’un loup entre dans la bergerie… ou l’auberge.

    © Broeders – Anspach

    L’auteur anversois Ken Broeders surfe sur le fantastique dans ce thriller énigmatique. Comme les personnages, on ne sait pas sur quel pied danser. Les phénomènes atmosphériques prennent rapidement une tournure mystérieuse. Broeders sème le doute et le trouble par des représentations diaboliques dont on ne sait jamais si elles sont issues de l’imagination de Benjamin ou si ce sont de réelles apparitions fantastiques. Jusqu’à la scène finale, toutes les certitudes sont remises en question. Le doute ne sera levé que dans une explication dans un dossier en toute fin d’album, après le mot fin.

    © Broeders – Anspach

    Si le scénariste Broeders invoque des auteurs comme Edgar Allan Poe ou même Lovecraft, le dessinateur Broeders marche avec promesse sur les pas du Griffo de la meilleure époque dont les influences graphiques sont marquées.

     Le souffle du diable est un one shot oppressant et enveloppant comme le brouillard. C’est le genre d’album qu’il est impossible de refermer avant d’avoir une explication. Ken Broeders a bien réussi son coup.


    One shot : Le souffle du diable

    Genre : Fantastique

    Scénario, Dessins & Couleurs : Ken Broeders

    Éditeur : Anspach

    ISBN : 9782931105467

    Nombre de pages : 64

    Prix : 16,95 €


  • Les noces des lucioles 3 & 4
    par Laurent Lafourcade

    L’île impossible à quitter

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    « -Je viens vous transmettre un message de la part de Mademoiselle Satoko !

    -Vous quittez l’île ce soir ?!

    -Chut ! C’est un secret… C’est tellement soudain… Comment allez-vous procéder ?

    -Nous avons soudoyé un passeur. C’est un pari risqué… Mais j’ai de bonnes raisons de vouloir rentrer chez moi le plus vite possible. »

    Ere Meiji. Satoko est l’objet des jalousies de ses camarades pensionnaires de la maison close dans laquelle elle est retenue. La jeune femme de bonne famille a été enlevée il y a quelques semaines déjà. Par qui ? Pour quoi ? Ça, elle l’ignore. En attendant, elle est vouée à vendre ses charmes sur l’île paradisiaque (?) où les clients viennent acheter du plaisir. Jalouses donc des préférences que suscite leur rivale, ses collègues tentent de lui coudre la porte du désir. Elle ne verra son salut que grâce à l’intervention de Shinpei, son protecteur. Après avoir sauvé Aoi en pleine déprime, c’est avec lui qu’elle va tenter de s’évader de l’île par une nuit de pleine lune. La tentative va s’avérer sanglante.

    © 2025 Oreco Tachibana All rights reserved
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Le quatrième épisode va voir débarquer sur l’île de Tennyojima quelqu’un que connaît bien Satoko et qu’elle ne s’attendait certainement pas à voir arriver. Il s’agit de Kotaro, son garde du corps. Il compte bien la ramener à bon port. Loin de se réjouir, la jeune femme va se trouver face à un réel dilemme. Retrouver sa famille signifierait donc abandonner Shinpei, son sauveur. Ce dernier a bien du mal à accepter que Satoko soit confrontée à un choix cornélien. Comment la belle va-t-elle se positionner ? Entre famille et connaissances, entre amour et amitié, elle ne sait pas encore qu’elle va bientôt savoir qui est responsable de son enlèvement.

    © 2025 Oreco Tachibana All rights reserved
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Les noces des lucioles prend une nouvelle dimension. Les personnages principaux ne sont plus en duel. Oreco Tachibana développe les figures secondaires : une prostituée suicidaire, un garde du corps déterminé, un pirate mercenaire changeant, le monde des « lucioles » s’éclaire dans le drame et dans le sang. Le shojo devient Seinen. La série a obtenu la neuvième place au prestigieux prix Kono Manga des lectrices et le grand prix « Minna ga Erabu !! Denshi Comic Taisho 2024 ». Il n’aura fallu que trois volumes pour qu’elle atteigne le million d’exemplaires au Japon.

    © 2025 Oreco Tachibana All rights reserved
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Assassin creepy cute. L’amour est dans le sang. Le cœur de Satoko est brinquebalé dans tous les sens au rythme des sabres et des manigances des gens qui l’entourent. Les lucioles éclairent la nuit sur l’île prisonnière.



    Série : Les noces des lucioles

    Tomes : 3 & 4

    Genre : Thriller romantique

    Scénario & Dessins : Oreco Tachibana

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344067-338 /-932

    Nombre de pages : 208

    Prix : 7,90 €


  • Thomas Carnacki détective de l’occulte 2 – La chambre grise
    par Laurent Lafourcade

    Trois enquêtes occultes pour le dandy british

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    « -J’ai beaucoup de choses à vous dire ce soir. Il se trouve que ce n’est pas un mais deux cas de hantise pour lesquels on a récemment sollicité mes services. Et pour couronner le tout, une troisième affaire pour le moins inhabituelle s’est greffée tout à fait par hasard sur les deux premières ! L’une des affaires s’est déroulée à l’intérieur des terres, dans un manoir isolé très ancien… Le théâtre de la seconde était une grande maison, d’aspect plutôt ordinaire, située dans un petit village de la côte… Les lieux n’étant guère éloignés l’un de l’autre, j’ai donc décidé, contrairement à mon habitude, de m’occuper des deux affaires en même temps… »

    Thomas Carnacki enquête sur ce qui semble être des phénomènes paranormaux. En toute objectivité, ne prétendant pas croire ou pas, il reconnaît qu’un pourcentage de cas, très faible, où l’affaire repose sur un véritable fondement surnaturel. Ces cas sont rationnellement inexplicables par des moyens scientifiques. Ils dépassent les limites de notre monde matériel et de la réalité. Aujourd’hui, Carnacki reçoit ses amis dans son domicile au 472 Cheyne Walk à Londres. Il va leur raconter sa dernière enquête, une triple enquête dont les recherches se sont imbriquées. La première énigme est partie d’une lettre qu’il a reçue deux semaines plus tôt, d’un dénommé Wentworth, propriétaire d’une maison qu’il loue pour un faible loyer, les locataires devant se charger de l’entretien des lieux en contrepartie. Cet hiver, le cadavre d’un vagabond a été retrouvé dans un couloir alors que la maison était déserte.

    © Raimondo, Corbeyran – Paquet

    La deuxième énigme a amené Thomas Carnacki au château d’un certain Anderson. La propriété est dans la famille depuis toujours mais personne ne voulait y résider à cause de sa réputation de maison hantée. Le dernier héritier a décidé de redonner son faste à la demeure et de venir y habiter. Accaparé par ses affaires, il a confié le destin de sa maison à son maître d’hôtel. C’est dans la chambre grise que se produisent des phénomènes étranges. Chaque nuit, la porte claque violemment par intervalles irréguliers. Chaque matin, les domestiques retrouvent les lieux sens dessus dessous. Le problème est aussi que par le passé, des morts étranges eurent lieu dans le manoir. Qu’à cela ne tienne ! L’enquêteur a tracé un pentacle de protection au sol et passé une nuit entière dans la chambre grise avec un appareil photographique…à soufflet (Nous sommes au tout début du XXème siècle.). C’est en faisant des recherches aux archives de la bibliothèque nationale que Thomas Carnacki rencontre l’un de ses vieux amis préoccupé par un livre, un brulôt décrivant en détail des faits intimes et scandaleux sur les personnalités les plus en vue de la cour, dont seuls deux exemplaires ont été diffusés. Il en resterait un.

    © Raimondo, Corbeyran – Paquet

    Entre 1910 et 1912, le romancier britannique William Hope Hodgson fit du détective de l’occulte Thomas Carnacki l’enquêteur de neuf histoires. Après Les spectres de Venise qui était un scénario original, Corbeyran adapte trois des nouvelles de l’auteur, en les entremêlant savamment pour en faire un récit dense. Dans la série, le fantastique n’est pas systématique. Carnacki élimine les solutions rationnellement plausibles avant de réussir à prouver, si nécessaire, qu’un phénomène paranormal est à l’origine des événements. Ce deuxième album démontre justement comment le détective mène ses investigations en fonction des événements. L’homme est malin, comme le scénariste, et ne se laissera jamais duper naïvement. Carnacki est le fils naturel de Sherlock Holmes et de Guillaume de Baskerville (Le nom de la rose). Hodgson est le cousin de Jean Ray et d’Aleister Crowley. Avec son trait « fumetti », dont l’éthymologie liée à la fumée ne pouvait aller mieux, le dessinateur italien Luca Raimondo organise un survol du mystère à point nommé, le tout étant surmonté par les couleurs aux tons jaunâtres de Fabien Alquier. On a le sentiment de tenir dans les mains un livre qui a plus de cent ans. Les auteurs proposent ainsi un voyage dans le temps. Pas de doute. On est bien à Londres vers 1910, avec les personnages.

    © Raimondo, Corbeyran – Paquet

    Qui mieux que Corbeyran pouvait le faire renaître et le faire revivre ? Thomas Carnacki fait partie de ces detectives oubliés qui ont fait les beaux jours de la presse et romans à une époque bénie où la fiction ne pouvait être retranscrite que par la lecture. La bande dessinée le remet sur le devant de la scène.


    Série : Thomas Carnacki détective de l’occulte

    Tome : 2 – La chambre grise

    Genre : Polar fantastique

    Scénario : Corbeyran

    D’après : William H.Hodgson

    Dessins : Luca Raimondo

    Couleurs : Fabien Alquier

    Éditeur : Paquet

    ISBN : 9782889324620

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,50 €


  • L’agent Jean ! Saison 2 – Tome 4 – Défragmentation
    par Laurent Lafourcade

    Un agent dans tous ses états

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    « -Euh, Madame… Eva nous a dit de ne pas entrer…

    -Qu’est-ce qui se passe ici ? Qu’est-il arrivé à l’agent Jean ?!

    -Hop hop hop ! On n’entre pas, Madame ! Jean est en quarantaine jusqu’à nouvel ordre. Il souffre d’une maladie inconnue. Et je dois m’assurer que ce n’est pas contagieux ! »

    En se battant avec WTX contre Alain la banane et sa troupe de semblables qui voulaient faire main basse sur le globe de Raho pour prendre possession de la Terre, l’agent Jean a été atteint d’un mal étrange. Il subit des modifications génétiques totalement aléatoires. Ce n’est pas contagieux. Ce n’est ni un virus ni une bactérie. Il peut se retrouver d’un instant à l’autre avec des tentacules ou une corne sur le front, avoir des yeux partout sur le corps ou des oreilles de lapin à la place des bois. Son code génétique est en train de se désintégrer. Vu le rythme de dégradation actuel, il y a soixante-douze heures pour trouver un remède avant qu’il ne soit trop tard.

    © Alex A. – Presses aventure

    Martha demande à Eva de poursuivre ses recherches pendant qu’elle met ses troupes en action. Pas le temps de tergiverser. Il va falloir se résoudre à faire appel au Castor, celui qui a créé Jean, aujourd’hui retenu dans la prison la plus sophistiquée et sécuritaire sur Terre. Il est tellement dangereux que sa cellule est entourée de magma et protégée par des murs d’une épaisseur de six mètres. Autrement dit, évasion impossible. D’autres cellules ont été ajoutées. Dans l’une d’elles, se trouve à présent Alain la banane. Dans une autre, il y a Julien-Christophe, le cerveau de Henry B.Belton. Inutile de préciser qu’il va rapidement y avoir du grabuge dans cet Alcatraz 3.0. Mais l’agent Jean sera-t-il sauvé et retrouvera-t-il son état normal ?

    © Alex A. – Presses aventure

    L’agent Jean ! Jean comme déjanté. Jean comme « J’en peux plus. ». J’en peux plus parce que tout va tellement vite qu’on n’a pas une seconde de répit. J’en peux plus parce que la série est tellement fofolle que le moindre détail est drôle. J’en peux plus parce que ça bouge tellement qu’on est fatigué après avoir lu l’album. Mais c’est une saine fatigue. Comme dans un blockbuster au cinéma, on est tellement dans l’action qu’on oublie tout ce qui sa passe autour. Ce n’est pas pour rien qu’il y a un point d’exclamation dans le titre de la série. Vous ne lisez pas L’agent Jean, vous lisez L’agent Jean ! La différence n’est pas anodine. Garanti zéro temps mort. Alex A. est l’un des auteurs internationaux les plus dynamiques du moment.

    © Alex A. – Presses aventure

    Quand il faut s’en référer à son meilleur ennemi pour sauver la peau d’un membre de ses troupes, on joue à un jeu bien dangereux. Les gênes de l’agent Jean seront-ils régénérés ? Vous le saurez dans : Défragmentation !


    Série : L’agent Jean !

    Tome : Saison 2 – Tome 4 – Défragmentation

    Genre : Aventure humoristique déjantée

    Scénario & Dessins : Alex A.

    Éditeur : Presses aventure

    ISBN : 9782898451522

    Nombre de pages : 112

    Prix : 9,90 €


  • Une aventure de Pif Itinéraire d’un chien rouge
    par Laurent Lafourcade

    Pif dans la peau de son créateur

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    « -Salut Top !

    -Pif, te voilà enfin rentré, sacré gamin ! C’est l’heure du petit déjeuner ! Tu as encore traîné au bario chino ?

    -Oui, mais pour me faire pardonner j’apporte le journal du matin ! Et qui est publié en troisième page ?

    -Oh !? Ça c’est une bonne nouvelle. Ta carrière va enfin décoller ! « 

    Dans l’Espagne des années 30, Pif peut être fier de lui. Dessinateur satirique, il a enfin réussi à faire publier ses illustrations dans L’esquella de toratxa. Tôt ce matin, il vient avec fierté montrer le journal à Top qui rit de la caricature de Mussolini et Hitler, les deux fascistes qui ensanglantent l’Europe. Le reste du quotidien n’est pas réjouissant. Franco essaie de rallier les généraux putschistes de 32 à un soulèvement. Issu de la droite réactionnaire, il conteste le résultat des élections de février en faveur de la République. Les généraux Franco et Goded ont déjà pris le contrôle des îles Baléares et s’apprêtent à revenir en force sur le continent. S’ils arrivent à convaincre la garde civile de se joindre à eux, Barcelone, la Catalogne, tout comme le reste de l’Espagne, ne tiendront pas longtemps.

    © Rich – Vaillant

    Juillet 1936, Pif est sur les barricades. Les gens arrivent de toute la ville pour se joindre à la résistance. Il faut aller chercher des armes. Le cœur « Vaillant », Pif prend le volant d’un camion pour accomplir la mission. Ils vont réussir à repousser l’armée insurgée. Top est fier de Pif, qui a prouvé son courage. Ce dernier ne veut pas être un soldat de la plume. Il ne veut pas se contenter de créer des dessins de propagande à l’abri des balles dans un atelier. Il s’engage parmi les volontaires civils pour renforcer les lignes de résistance en Aragon. Ce n’est que le début des années de combat. Pif va être blessé, connaître la « retirada », l’exode vers la France, les camps de réfugiés en France, la Seconde Guerre Mondiale, la déportation, puis l’impossible retour au pays, toujours gangréné par le fascisme franquiste.

    © Rich – Vaillant

    Cette histoire de Pif est avant tout l’histoire de son créateur José Cabrero Arnal. Rich a eu l’idée de génie, et le mot n’est pas galvaudé, de raconter la vie de l’auteur espagnol dans la peau du personnage qu’il a créé. De la guerre d’Espagne à son engagement comme dessinateur dans le journal Vaillant à la libération en 1946 avec la série Placid et Muzo, on tremble, on souffre, on vibre aussi avec Pif-José. Rich a pris quelques libertés pour transformer la vie d’Arnal en bande dessinée de divertissement dans l’esprit du personnage, tout en s’appuyant sur la biographie de l’espagnol publiée par Philippe Guillen parue aux éditions Loubatières. La mise en abime finale est grandiose. Pas un mot. Il faut la découvrir dans l’album. Du début à la fin, sous les couleurs de Christian Lerolle, la magie opère. Les nostalgiques du cabot s’y retrouveront. Les nouveaux lecteurs suivront une aventure passionnante.

    © Rich – Vaillant

    Pif, depuis quelques années, c’est un peu l’histoire d’un éternel retour. Il manquait peut-être un album événementiel. Itinéraire d’un chien rouge est celui-là. Sans qu’on ne l’ait vu venir, Rich signe un livre majeur dans l’aventure éditoriale de Pif. Graphiquement impeccable. Scénaristiquement prodigieux.


    One shot : Une aventure de Pif Itinéraire d’un chien rouge

    Genre : Biopic

    Scénario & Dessins : Rich

    Couleurs : Christian Lerolle

    Éditeur : Vaillant

    ISBN : 9782344062340

    Nombre de pages : 56

    Prix : 14,95 €


  • La boutique d’Artefacts 3
    par Laurent Lafourcade

    Le maître des vœux

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    « -Excusez-moi ? J’ai un objet que j’aimerais que vous rachetiez… Une authentique affiche de l’hôtel du dernier au revoir !

    -C’est un artefact ??

    -Non, mais il s’agit d’une affiche historique rarissime.

    -Désolé, on ne vend et rachète que les artefacts. »

    Après avoir tiré Ruby d’un bien mauvais pas en résolvant l’énigme de « la sirène », de retour sur la péniche de son oncle disparu, Léo poursuit son travail sur les artefacts. C’est alors qu’il reçoit la visite d’un énigmatique petit bonhomme, le docteur Steiner. Le type veut lui vendre une affiche, celle de l’hôtel du dernier au revoir, une affiche historique rarissime comme on n’en trouve plus de nos jours. Elle parle d’un exploit dans le monde des artefacts qui n’a jamais été égalé. Dans cet hôtel unique au monde, on pouvait voir ses proches qui venaient de décéder, sous forme de fantômes, pour leur dire un dernier au revoir. L’artefact de la mort, qui permettait ces dialogues, a été pris sous contrôle par les fantômes. C’est parti en cacahouète. Le lieu a été condamné sous terre par les autorités. Seul le docteur sait si rendre. Evidemment, Léo va lui demander de l’y conduire.

    © Pacha – Kana

    Les artefacts sont ces objets magiques qui enferment chacun le vœu fait par son propriétaire, auprès du puits à vœu situé en plein Paris eu beau milieu du Champ de Mars. Il existe deux types d’artefacts : les actifs et les passifs. Les passifs sont toujours allumés tant qu’ils ne reçoivent pas d’ordre contraire. Les actifs fonctionnent avec une détente comme un pistolet. En plein apprentissage, Léo commence à comprendre comment dompter ces objets magiques. Alors, lorsqu’on va lui proposer d’en appréhender un aux pouvoirs inespérés, il va voir là l’occasion de parler à l’ectoplasme de son oncle afin qu’il lui explique comment il est mort… s’il n’est pas trop tard. Ce que Léo ignore aussi, c’est que tout le monde n’a pas des intentions bienveillantes et que vouloir jouer trop près de la mort risque de le mettre en grand danger.

    © Pacha – Kana

    Après Les héritiers d’Agïone, c’est au tour de La boutique d’Artefacts de tirer sa révérence au bout de seulement trois tomes. L’une comme l’autre, ces séries étaient prometteuses, maîtrisées et qualitatives. Pacha a réussi à boucler la boutique d’Artefacts avec une vraie fin, cohérente. Une suite aurait été possible. Le mangaka a le respect du lecteur. Il clôt l’intrigue principale dans un final à grand spectacle. Le triptyque donne une histoire qui gagne à être lue d’un trait et qui n’a rien à envier aux productions asiatiques. Pacha annonce travailler sur de futurs projets. Les promesses de « la boutique » ne demandent qu’à enfin se concrétiser dans une nouvelle série qui rencontrera son public.

    © Pacha – Kana

    La boutique d’artefacts ferme ses portes, mais le magasin reste ouvert à ceux qui n’auraient pas encore fait leur vœu. Kana ose le manga français. L’éditeur doit continuer à planter ce genre de petites graines conçues dans l’amour d’un art qui n’a plus de frontières.


    Série : La boutique d’Artefacts

    Tome : 3

    Genre : Fantastique

    Scénario & Dessins : Pacha

    Éditeur : Kana

    ISBN : 9782505121633

    Nombre de pages : 216

    Prix : 7,90 €


  • Les enragés – Intégrale
    par Laurent Lafourcade

    American killing dream

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    « -Hamlet ?

    -Lui-même !

    -J’ai un travail pour vous, Hamlet, un travail facile et très bien payé.

    -Combien ?!

    -70 000 dollars.

    -Pour ?

    -Trois personnes, deux femmes et un gamin.

    -Protection ?

    -Aucune.

    -C’est une plaisanterie ?

    -Pas du tout. C’est une offre peu ordinaire, j’en conviens, mais… cette affaire est pour nous de la plus haute importance. Et nous tenons à ce que le travail soit fait par un véritable professionnel. Hors, vous êtes un véritable professionnel… si bien sûr mes renseignements sont exacts.

    -Ils le sont… Envoyez les détails.

    -Eh bien, un dossier complet vous attend chez Scott, au Golden Manor… »          

    San Diego, USA. Un taxi dépose un type en costard cravate devant une villa de banlieue chic et repart. L’homme met des gants et sonne à la porte. La cigarette au bec, un jeune homme avec un tee-shirt de Spiderman ouvre la porte et se fait abattre avec un pistolet-silencieux. Sur ces entrefaites, la mère de famille arrive, suivie par la bonne. Toutes deux subissent le même sort. Le tueur commande un nouveau taxi pour repartir. C’est Hamlet, un tueur à gages. Il a accompli sa mission. Il vient d’empocher 60 000 dollars. Il ne sait pas encore qu’il a laissé un témoin sur place.

    © Chauvel, Le Saëc, Legris, Simon – Delcourt

    Ailleurs dans la ville, dans un tripot clandestin, Huevo, un chicano, ne se sent pas bien. Il a buté Willy, des hard liners, qui a voulu le doubler sur un plan came, pour un kilo de poudre à 80 billets. S’il ne veut pas finir à son tour à la morgue, il va falloir filer fissa.

    Alors que Hamlet, tête rasée pour changer de look, va tenter d’enlever la témoin oubliée, il va croiser la route de Huevo. Avec truands et FBI aux trousses, le road trip à travers l’Amérique peut commencer !

    Un grand type chauve, un chicano et un témoin gênant, Hamlet, Huevo et Wendy. En avance sur ce qui sera la mode des séries télévisées, David Chauvel signe le scénario d’un thriller de haute volée qui a marqué son époque, une fuite en avant, un page turner bourré de cliffhangers.

    © Chauvel, Le Saëc, Legris, Simon – Delcourt

    Le dos au mur, Spring Heaven, Chinook Blues, Love in Reno, Héritage : le Quintet Les enragés a été l’un des fleurons de la mythique collection Sang Froid des éditions Delcourt dans les années 90. Après une première intégrale noir et blanc, cette nouvelle version couleurs remet la série dans son jus de l’époque. Mais à quoi bon une couverture hyperréaliste trompeuse ? Dans une composition ultra-efficace façon affiche de cinéma, les trois personnages principaux regardent dans des directions opposés, flingues en main, surveillant d’où peut surgir l’ennemi. Il est vrai que, depuis, le graphisme d’Erwan Le Saëc a évolué, gagné en maturité et donc en réalisme. Il ne faudrait pas que certains lecteurs pensent qu’il y ait erreur sur la marchandise, car les débuts du dessinateur étaient dans un style plutôt dans l’esprit Berthet.

    © Chauvel, Le Saëc, Legris, Simon – Delcourt

    Les enragés est une aventure haletante devenue un classique. Une série close depuis plus de vingt-cinq ans n’est pas encore là par hasard. Qui est traqueur ? Qui est traqué ? Entre policiers véreux et malfrats attachants, personne n’est tout blanc, personne n’est tout noir. De la Californie au Nevada jusqu’aux faubourgs de Chinatown, suivez le thriller en prenant garde aux balles perdues.


    Série : Les enragés

    Tome : Intégrale 

    Genre : Thriller

    Scénario : David Chauvel

    Dessins : Erwan Le Saëc

    Couleurs : Claude Legris & Jean-Luc Simon

    Éditeur : Delcourt

    Collection : Machination

    ISBN : 9782413088394

    Nombre de pages : 256

    Prix : 45,50 €


  • La rentrée de Mémé
    par Laurent Lafourcade

    Y’a pas que les enfants qui reprennent !

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    « -Alors, Barnabé, prêt pour ta rentrée ?

    -Bof…

    -On y va ? C’est moi qui t’emmène…

    -Ah bon ?

    -Oui, c’est la rentrée pour moi aussi… »

    Maman a réveillé Barnabé. Le petit garçon n’a pas vraiment envie de sortir du lit : c’est la rentrée scolaire ! Il ne veut pas y aller. Il passe au CP, c’est une grande marche à franchir. Pour pallier ses inquiétudes, Maman s’assoit sur le bord de son lit. Il devrait être content. Il va se faire de nouveaux amis et va apprendre à lire. Au petit-déjeuner, il apprend que c’est Mémé Jacquotte qui va l’amener. Bah, pourquoi ? C’est la rentrée pour elle aussi. Elle a son petit cartable, comme Barnabé. Elle le pose à l’école, le confiant à sa maîtresse, puis le quitte. Où va-t-elle ? Dans une classe ? Pour quoi faire ? Barnabé le saura ce soir, après l’école.

    © Dawid, Petitsigne – Des ronds dans l’O

    La rentrée scolaire n’est pas le jour le plus facile de l’année. Ni pour les élèves, ni pour les enseignants, qui ont eux aussi une petite pointe d’appréhension. Quand on entre au CP, la marche est encore plus haute. Finie, l’école maternelle. On passe chez les grands. Heureusement, on retrouve quelques camarades et la nouvelle maîtresse a l’air gentille. A la récréation, billes et ballons permettent de nouer de nouveaux liens d’amitié. La journée défile tellement vite. Au final, on se rend compte que c’était génial.

    © Dawid, Petitsigne – Des ronds dans l’O

    Une fois n’est pas coutume, La rentrée de Mémé n’est pas une bande dessinée mais un album jeunesse. Voilà un livre parfait à lire par les enseignants de CP à leurs élèves pour le jour de la rentrée. Et ce qu’il y a de bien, c’est qu’il y a une vraie histoire avec un petit mystère. Richard Petitsigne décomplexe les enfants par rapport à l’apprentissage de la lecture. Les personnages aux grosses têtes de Dawid, à la manière de Marc Lizano, intègrent également la notion de rassurance. Les auteurs éliminent les angoisses les unes après les autres pour installer les enfants dans une confiance en l’école. Les enseignants ne peuvent que les remercier. L’histoire insiste également sur les relations familiales et intergénérationnelles. Cela donne une dimension supplémentaire à l’apprentissage que va connaître Barnabé.

    © Dawid, Petitsigne – Des ronds dans l’O

    C’est mignon. C’est bien raconté. Si on ne sait pas déjà le faire, La rentrée de Mémé est un livre qui donne d’une part l’envie d’apprendre à lire, et d’autre part de se rapprocher de ses grands-parents.


    One shot : La rentrée de Mémé

    Genre : Tendresse

    Texte : Richard Petitsigne

    Dessins & Couleurs : Dawid

    Éditeur : Des ronds dans l’O

    Collection : Jeunesse

    ISBN : 9782374181615

    Nombre de pages : 38

    Prix : 15,50 €


  • La solidité du rêve
    par Laurent Lafourcade

    A la croisée des arts

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    « -Vous êtes chanteur ! Quel genre ?

    -Un qui raconte des histoires de toutes sortes… Des lumineuses et des dramatiques, des fulgurantes et des vénéneuses… Des voyages souvent sans fin…

    -Un conteur chanteur, quoi…

    -Pourquoi pas…

    -C’est pas banal. »

    Lors d’une nuit de balade, Alfred, dessinateur de bandes dessinées de son état, pénètre dans un théâtre abandonné pour une petite session de dessin sauvage. Dans une loge envahie de végétation, le dessinateur rencontre un homme affalé sur un hamac. Ce type vit-il ici ? Ici ou là, quelle différence ? C’est un chanteur : Arthur H. Il raconte des histoires de toutes sortes, des lumineuses et des dramatiques, des fulgurantes et des vénéneuses, des voyages souvent sans fin. Ça tombe bien, Alfred aime qu’on lui raconte des histoires. Qui n’aime pas ça ? Arthur propose de lui en raconter une romantique, hypnotique et divinement tragique à la fois. Ce n’est que la première. Il va lui en conter plusieurs, ce sont celles de ses chansons.

    © Alfred, Arthur H – Casterman

    Avec Alfred, nous allons faire la connaissance d’Eléonore et Léonard, une chanteuse de bar et son gigolo, adeptes de la roulette russe. Dans la forêt vierge, surprise par l’orage, une fille sauvage va pleurer pendant que la pluie redouble sur les deux promeneurs. Un baron noir les embarque dans son aéroplane pour survoler la Tour Eiffel. De retour d’un voyage dans l’espace de la galaxie Higelin, c’est sur un océan de glace qu’ils vont entendre les dernières notes de l’orchestre du Titanic. Un chercheur d’or, une boxeuse amoureuse, un cheval de feu et bien d’autres rencontres scanderont leur voyage onirique. Sans destination et sans but, n’est-ce pas la plus belle façon de voyager ?

    © Alfred, Arthur H – Casterman

    Alfred et Arthur sont deux créateurs, chacun dans leur style. Ici, c’est le musicien qui initie le dessinateur à l’immense plaisir de se perdre dans des sons, de s’abandonner aux flux d’énergie pour s’oublier complètement, se connecter à soi-même et entrer en résonance avec son être profond grâce à la musique. Alfred lui répond que le dessin lui fait le même effet, quand son corps disparaît littéralement dans le trait en une transe légère. Faire de la musique, c’est jouer avec le temps. Dessiner, c’est faire apparaître ce qui bouillonne dedans sur la feuille blanche dehors. Alors que le dessin est un lien fort à l’enfance, la musique est une grande chance qui te prend et t’habite d’une façon mystérieuse. Dessiner en musique rend le dessin musical. La musique, c’est de la vie, dit Alfred. La vie, c’est du dessin, rétorque Arthur. Les arts s’imbriquent dans une douce mélopée.

    © Alfred, Arthur H – Casterman

    La solidité du rêve est un voyage onirique. Les auteurs convoquent Fellini pour une quête spirituelle célébrant la jouissance du voyageur. Dans des vertiges graphiques diversifiées selon les chansons d’Arthur H, Alfred fait de ce livre un support de rêve, d’imagination, de création et de liberté. « Après tout, de quoi d’autre a-t-on vraiment besoin ? » A lire par une belle nuit étoilée.


    One shot : La solidité du rêve

    Genre : Ballade poétique

    Scénario : Alfred & Arthur H

    Dessins & Couleurs : Alfred

    Éditeur : Casterman

    Nombre de pages : 128

    Prix : 18 €


  • De pierre et d’os
    par Laurent Lafourcade

    Voyage au bout de l’inuite

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    « Aya Aya ! La nuit est tombée. Nous avons marché. La banquise s’est brisée. Aya Aya ! J’avais une fille. L’eau a ouvert sa bouche pour me l’enlever. Elle est seule avec une dent d’ours et quelques chiens. Je n’entends plus ses pas. Je ne vois pas son chemin. Ce matin, la banquise m’a parlé. Bientôt, bientôt, le jour va se lever et dans une poche de nuit elle va trouver quelqu’un à qui parler et tout oublier. En attendant, nous sommes toujours son père. Nous sommes toujours sa mère. Nous sommes toujours sa sœur et son frère. Aya Aya ! On se retrouvera plus tard un jour, au fond de l’eau au royaume de Sedna. Aya Aya. »

    Dans un chant du père, l’inuit raconte comment une banquise brisée a séparé sa fille du reste de la famille. Uqsuralik a vu son destin emporté par la fracture subite de la glace. La dérive du bloc sur lequel elle s’est retrouvée isolée allait la séparer des siens pour l’amener vers d’autres rives, faire d’autres rencontres, vivre une autre vie que celle qui lui était écrite. Ce n’est que quelques heures plus tard que la jeune esquimaude allait s’apercevoir qu’un groupe de chien endormis sous la neige était dans la même galère qu’elle. Ils vont marcher ensemble dans le froid et la lumière des astres, jusqu’à rejoindre un groupe composé de trois familles ayant quitté un grand campement d’hiver après les fêtes du solstice car leurs réserves de nourriture étaient épuisées. Nouvelle vie, nouvel avenir. Nouveaux drames et nouvelles joies. La vie d’Uqsuralik va s’écrire au fil des saisons et des ans.

    © Krassinsky – Dupuis

    Récompensé du prix du roman Fnac, De pierre et d’os est un roman paru en 2019 aux éditions du Tripode. Son autrice, Bérengère Cournut, l’a écrit alors qu’elle effectuait une résidence littéraire de dix mois au Muséum National d’Histoire Naturelle. Elle signe une fiction ethnologique montrant les traditions et les modes de vie des populations arctiques. Elle s’est essentiellement inspiré des inuits d’Ammassalik. Aidée par Joëlle Robert-Lamblin, une anthropologue spécialiste des populations arctiques et des cultures du Groënland, l’écrivaine s’est mise dans la peau de cette jeune femme prise dans le tourbillon d’une vie, au rythme de la nature sauvage. Pour autant, jamais l’époque n’est précisée, comme pour laisser une distance, une intimité, une universalité au voyage d’Uqsuralik.

    © Krassinsky – Dupuis

    On n’attendait pas Jean-Paul Krassinsky dans une telle aventure. Le dessinateur à la bibliographie plutôt railleuse et acide adapte un roman âpre, réaliste et émouvant. Quatre ans de travail lui auront été nécessaires pour s’approprier la vie d’Uqsuralik. Il n’avait jamais effectué un tel type de voyage émotionnel, une telle expérience narrative. Il a gardé de nombreux passages du texte original, s’imposant des textes narratifs. Il a conservé les monologues de l’héroïne qui lient les séquences entre elles. Il a dessiné les goûts, les odeurs et les bruits d’une civilisation à la fois si proche et si lointaine de la nôtre. Si son graphisme a pris un virage réaliste, l’aquarelle lui permet d’apporter un contraste, des suggestions, des textures et des ambiances, afin d’équivaloir aux vibrations du texte du roman.

    © Krassinsky – Dupuis

    Le peuple préhistorique a eu sa Guerre du feu, grâce au roman immersif de Rosny-Aîné. Le peuple inuit a son De pierre et d’os, grâce à Bérengère Cournut, qui, de la même manière, raconte l’aventure humaine d’une époque et d’un lieu. Jean-Paul Krassinsky lui donne le plus bel habillage qui soit.


    One shot : De pierre et d’os

    Genre : Drame

    Scénario, Dessins & Couleurs : Jean-Paul Krassinsky

    D’après : Bérengère Cournut

    Éditeur : Dupuis

    Collection : Aire Libre

    ISBN : 9791034767069

    Nombre de pages : 208

    Prix : 28 €


  • Ceux du Chambon 
    par Laurent Lafourcade

    Le souvenir du Juste restera pour toujours. 

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    « – Bonjour, comment puis-je vous aider ?

    – Bonjour monsieur, vous êtes le pasteur Trocmé ?

    – Oui, que puis-je faire pour vous ?

    – Enchantés. On nous a dit que vous accueilliez des enfants, ici, et nous voulions nous renseigner… Nous avons deux fils…

    – C’est exact. Nous accueillons des enfants. Nous leur faisons l’école, nous les hébergeons. »

    L’été 1939 avait été joyeux, insouciant. Les mois et les années qui allaient suivre seront tristes et inquiétants. Maurice et Denise Weil et leurs deux enfants Etienne et Philippe coulaient jusqu’alors des jours heureux. Maurice était directeur dans une société de téléphone. Il installait des succursales dans le Nord de la France. Denise est mère au foyer. L’avenir semblait rose jusqu’à ce que le bruit des bottes vienne résonner en France. Pour la famille juive, l’avenir allait s’assombrir. Les Weil devront quitter Lille, pour Paris, puis Saint-Etienne sous un nom d’emprunt, espérant vivement ne pas être dénoncés. C’est là, en 1942, que Denise et Maurice décidèrent de cacher leurs enfants au Chambon-sur-Lignon. Avant la guerre, le village hébergeait essentiellement des enfants malades qui avaient besoin de respirer le grand air. Aujourd’hui, il accueille des enfants qui rencontrent d’autres genres de problèmes.

    © Matz, Cob, Avraam – Steinkis

    1939-1944 : L’histoire vraie de deux frères sauvés par les Justes. Pour écrire Ceux du Chambon, Matz a recueilli le témoignage d’Etienne Weil. D’abord réticent, le survivant de l’époque a été convaincu de raconter son histoire, pour honorer la population du Chambon-sur-Lignon. Courage, bonté, dévouement, regard sur l’autre sont tout autant de qualités qui ont permis de sauver de nombreux enfants. Le livre ne se contente pas de raconter le séjour des enfants au Chambon mais en explicite tous les tenants et les aboutissants. Des derniers jours d’avant la guerre jusqu’à la libération, on suit chapitre après chapitre, la vie de chacun des membres de la famille Weil. En conclusion, on apprend également ce que chacun des acteurs de la tragédie est devenu dans les années qui suivirent.

    © Matz, Cob, Avraam – Steinkis

    Au dessin, Kanellos Cob reste tout en sobriété. Son trait fin correspond bien à l’esprit des Weil, observateurs d’un monde qui les mène vers un destin fatal, mais qui tentent de continuer à vivre comme avant, pour leurs enfants chez qui ils veulent garder les yeux de l’innocence. La coloriste Kathrine Avraam adopte la même stratégie, comme si cela permettait aux personnages de garder une certaine distance par rapport à la guerre. L’album se termine par un recueil de photos, lettres et cartes des Weil avec qui le lecteur aura tant partagé qu’ils semblent faire partie de la famille de chacun.

    © Matz, Cob, Avraam – Steinkis

    Les habitants du Chambon font partie des Justes. S’ils n’avaient pas été là, Philippe n’aurait jamais pu écrire à sa mère pour la fête des mères de 1945 : « Ma petite maman chérie, C’est avec joie que nous te souhaitons une bonne fête « libre » pour toi, dans un pays libre. »


    One shot : Ceux du Chambon

    Genre : Histoire

    Scénario : Matz

    D’après : les souvenirs d’Etienne Weil

    Dessins : Kanellos Cob

    Couleurs : Kathrine Avraam

    Éditeur : Steinkis

    Collection : Poche

    ISBN : 9782368469033

    Nombre de pages : 124

    Prix : 10,95 €


  • Aciæ Z79
    par Laurent Lafourcade

    Déclin d’Empire

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    « -Quelle surprise de te voir au Palais… Tu as conservé cette perruque ridicule ! Allons. Cela est passé de mode depuis plus de dix ans. Raconte-moi !

    -C’est un désastre. La terre de nos défunts parents est accablée. Je cherche un appui ou un travail auprès de l’Empereur. »

    Une enfant ramasse du bois en pleine campagne pendant qu’un homme lui demande s’il faut croire à tout ce qui est écrit dans la Bible. Pendant ce temps-là, à la cour, nobles et nobliaux sont réunis. On y parle de politique et de relations tout en buvant quelques coupes de champagne. Dans la chapelle, agenouillé, un gentilhomme prie le Seigneur pour sauver les récoltes du domaine où la misère s’enracine. Cet homme, c’est Flavius. Il est veuf et a confié sa fille Marta à son frère. Ce sont eux que l’on a vu en plein glanage de bois. Flavius va se rendre au palais afin de chercher un appui ou un travail auprès de l’Empereur. Ce dernier ne fait plus que quelques apparitions à l’église. Quant au Ministre, il est bien occupé sur les champs de bataille. Fief de malheur ! Le sort s’acharne.

    © EMG – Tanibis

    Alors que Flavius va parcourir le pays en servant sa patrie pour subvenir à ses besoins, sa fille Marta philosophe avec son oncle. Tous deux sont loin des réalités du monde. Si l’adulte tente de les lui faire comprendre, l’enfant préfère la compagnie de ses livres où elle trouve le soleil qui lui manque, les saisons de tous les pays, des sentiments plus forts et des passages qu’elle peut sauter s’ils ne lui plaisent pas. Parfois, un courrier de son père lui rappelle son bon souvenir. C’est comme ça qu’elle va apprendre qu’il est parti à la guerre.

    © EMG – Tanibis

    Adoremus Christum In Æternum, Aciæ, Adorons le Christ pour toujours. C’est sous ce titre que l’auteur EMG nous entraîne dans l’Europe centrale du début du XIXe siècle. Assez complexe à suivre, le récit se comprend et s’apprécie lors d’une deuxième lecture. Aciæ est l’histoire d’un père séparé de sa fille, d’une fille séparée de son père. C’est une histoire sur les strates d’une société à plusieurs étages, avec des riches, des pauvres, et des riches qui pourraient bien devenir pauvres s’ils ne réagissent pas. C’est cela, l’histoire de Flavius. Parallèlement, Marta s’est réfugiée dans les livres et en parle comme on ne pourrait mieux le faire. Elle a peur que la réalité ne la déçoive par rapport à ce qu’elle y apprend. Elle montre l’intérêt, la puissance et la résilience qu’offre la lecture face à la marche du monde.

    Graphiquement, EMG réalise un OVNI. On est plus proche de La couleur des choses de Martin Panchaud que d’une bande dessinée « traditionnelle », à la différence près qu’EMG propose de véritables cases, avec des personnages faits de formes géométriques. Les bulles sont exceptionnelles, avec des formes 3D évoluant selon les scènes.

    © EMG – Tanibis

    Quand la technologie est au service de l’objet-art que peut être un album de bande dessinée, alors, il n’y a pas de scrupules à considérer son auteur tel un dessinateur comme un autre. EMG est un dessinateur architectural. Par le biais de relations familiales bouleversées, il propose ici un récit de fin d’époque émouvant qui montre les difficultés des hommes à vivre la transition.


    One shot : Aciæ Z79

    Genre : Intrigue intrigante

    Scénario, Dessins & Couleurs : EMG

    Éditeur : Tanibis

    ISBN : 9782848410845

    Nombre de pages : 96

    Prix : 19 €


  • Les chats du Louvre
    par Laurent Lafourcade

    Entrech’Art

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    « – A la pleine lune, les chats du Louvre vont se balader au clair de lune ! Mais toi, Flocon, tu restes ici. Tu ignores nos règles, et tu te fais repérer des humains. Avec toi, j’aurais bien perdu un siècle d’espérance de vie ! Reste donc sagement ici, avec l’ancien !

    -Désolé, Flocon… On sera vite rentrés ! Je te rapporterai un myosotis.

    -Merci. »

    Au Musée du Louvre, le public n’a d’yeux que pour ceux de Monna Lisa. La Joconde attire les foules. Le portrait subjugue. Le portrait passionne les historiens comme le grand public jusqu’à phagocyter le reste des œuvres du Musée. Cécile, conférencière, rêve de présenter autre chose aux visiteurs, mais les gens sont pressés et s’ils ne s’arrêtent qu’en un lieu, c’est devant elle. Au milieu de la foule, Cécile aperçoit un chat blanc qui la fixe. Elle détourne le regard puis cherchant à nouveau le félin ne le trouve plus. Aurait-elle rêvé ? A la fermeture du Musée, la guide retrouve un collègue en salle de pause. Celui-ci rigole bien quand elle lui raconte l’anecdote du chat.

    © Matsumoto, Merlet – Futuropolis/Louvre éditions

    Personne ne connaît mieux le Musée que Monsieur Marcel. Sa famille travaille au Louvre depuis des générations.  Ce soir, il accompagne Patrick, un veilleur de nuit qui débute. Il lui présente un recoin secret que seuls les gardiens de nuit connaissent, un lieu caché où habitent des chats depuis des années, depuis l’époque où c’était un château. Lorsqu’il est devenu Musée, ils se sont faits discrets mais n’ont jamais quitté les lieux. Ce soir, Monsieur Marcel remarque qu’un petit chat blanc manque à l’appel. Tiens ? Il semble bien que ce soit Flocon, c’est celui qu’a aperçu Cécile.

    © Matsumoto, Merlet – Futuropolis/Louvre éditions

    Marcel avait une sœur de trois ans son aînée. Arrietta était très fûtée et très jolie, jusqu’au jour où elle a disparu, il y a plus de cinquante ans… quelque part dans ce Musée. Elle parlait sans cesse avec les voix des tableaux que personne n’entend. Elle ne se mêlait pas aux autres enfants et était toujours seule. Elle ne riait qu’auprès des peintures. Marcel en est persuadé : sa sœur est dans un tableau. Intriguée par l’anecdote et par sa rencontre avec le chat, l’histoire ne va pas laisser Cécile indifférente.

    © Matsumoto, Merlet – Futuropolis/Louvre éditions

    A l’occasion des vingt ans de la collection Futuropolis/Musée du Louvre, le diptyque Les chats du Louvre est réédité en intégrale petit format souple. Sous les couleurs bleutées d’Isabelle Merlet, Taiyô Matsumoto propose un conte onirique, une ode à l’art et aux chats. Les animaux, lorsqu’ils sont entre eux ont des apparences humanisées. Matsumoto construit un pont entre l’art et le rêve. Il démontre comment l’art permet de fuir une certaine réalité pour emmener dans un monde parallèle. Plus jamais vous n’irez au Musée comme avant.

    A la pleine lune, les chats du Louvre vont se balader au clair de lune, peut-être avec ce livre sous les pattes.


    One shot : Les chats du Louvre

    Genre : Art & onirisme

    Scénario & Dessin : Taiyô Matsumoto

    Couleurs : Isabelle Merlet

    Éditeur : Futuropolis / Louvre éditions

    Collection : Louvre

    ISBN : 9782754846349

    Nombre de pages : 416

    Prix : 28 €


  • Walking Dead – Clementine 3
    par Laurent Lafourcade

    C’est un jardin extraordinaire…

    Ecouter
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    « -Bon, je sais que vous êtes là depuis plusieurs semaines et qu’on vous a expliqué les règles, mais je voudrais m’assurer qu’elles sont claires. Vous devez toujours sortir armés. On ne chasse pas en solo, toujours en groupe. Vous pouvez sortir de l’enceinte de la ville, mais le conseil doit être prévenu. On ne tolère ni le vol ni la violence d’aucune sorte. A l’égard des vivants bien sûr. Tous ceux qui vivent ici contribuent à la survie de Nuuk. Ceux qui ne s’y tiennent pas son exclus de la communauté. »

    Clementine, Ricca et Olivia sont maintenant bien intégrées dans leur nouvelle communauté. Olivia vient d’accoucher non sans douleur d’un petit Romi. Les filles reçoivent pour la première fois la visite d’Ujammi. Elle fait partie du conseil qui fait tourner la ville de Nuuk. C’est grâce à elle qu’elles ont un chouette appartement et des rations de nourriture toutes les semaines. Hormis les filles et le bébé, il y a aussi Saa, une herboriste amputée des deux jambes qui pourrait bien être utile aux producteurs quand l’hiver sera là. Il y a aussi Shu-Fen et Derrick, un écrivain, à qui Ujammi demande de devenir pêcheur. Chacun va devoir mettre la main à la pâte pour subvenir aux besoins de tous.

    © Walden, Rathburn, Kirkman – Delcourt

    Le décès subit de l’une des membres du groupe va entraîner Clementine dans un gouffre de chagrin qu’elle ne soupçonnait pas. Ujammi lui propose de la sortir de sa dépression, de prendre tout ce qu’elle ressent et toute sa peine si elle accepte de devenir l’une des leurs. Elles sont 26 et protègent les 129 citoyens du centre-ville contre les morts-vivants, et elles protègent aussi Nuuk des vivants. Leur travail est de se tenir au courant de ce qui se passe partout afin de résoudre les problèmes avant qu’ils n’en deviennent. L’adoubement consiste à planter un rampant dans un jardin bien spécial, enfouir le corps du zombie en laissant uniquement sa tête dépasser. Elle montrera ainsi sa force et sa détermination. Mais les intentions de cette nouvelle famille sont-elles vraiment philanthropiques ?

    © Walden, Rathburn, Kirkman – Delcourt

    Clementine aura accompagné Tillie Walden dans trois années primordiales de sa vie : son mariage, sa maternité, puis la naissance de son enfant. Elle boucle la trilogie de ce spin off de The walking dead. Comme Robert Kirkman, elle fait subir à ses personnages plus que ce que l’on pourrait imaginer. Elle reste dans les bottes et les poncifs du créateur, avec les histoires de communautés qui ont chacune à leur tête un ou une barge qui ne l’est pas forcément au début. L’autrice parvient même à dépasser le maître dans des scènes impressionnantes comme celles qui se passent dans ce jardin de rampants.

    © Walden, Rathburn, Kirkman – Delcourt

    Walking dead a toujours été et sera toujours une série sur les relations humaines avant d’être une série de zombies. On attend à présent d’autres arcs dans l’univers. Bon courage aux auteurs car, avec Clementine, Tillie Walden a placé la barre bien haut.


    Série : Walking Dead – Clementine

    Tome : 3

    Genre : Zombies

    Scénario & Dessins : Tillie Walden

    Niveaux de gris : Cliff Rathburn

    Une série créée par : Robert Kirkman

    Éditeur : Delcourt

    ISBN : 9782413075769

    Nombre de pages : 256

    Prix : 20,50 €


  • Jusqu’au récif 1 – Première vague 
    par Laurent Lafourcade

    Le piaf et la tortue

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    « -Waouh ! Il y en a plein. Les œufs ont éclos. Attends. La mer, c’est par là. Tu te trompes de chemin. Va dans cette direction. »        

    Tchip, un petit oiseau, regarde les vaguelettes qui s’échouent sur la plage. L’ambiance est paisible. La mer est calme. Le soleil propose une douce chaleur, adoucie par une très légère brise marine. Juste pour qu’il y ait de l’air. Soudain, Tchip sent le sable se mouvoir sous ses pattes. Un bébé tortue sort des profondeurs et fonce tête baissée vers l’océan. Puis un autre, un autre, encore un autre, plein d’autres lui emboîtent le pas. Les œufs ont éclos. C’est alors que Tchip remarque que l’un d’entre eux se trompe de direction. Au lieu de se diriger vers l’eau, l’animal tente de gravir une dunette d’un air déterminé. Les conseils de Tchip ne semblent pas avoir d’effet sur lui. Le volatile va devoir mettre du cœur à l’ouvrage pour lui faire comprendre son erreur. Ça ne va pas se faire du premier coup.

    © Crisse, Besson – La Gouttière

    Didier Crisse écrit pour Fred Besson un superbe conte animalier. Le petit oiseau est face à une problématique pour laquelle il devra trouver une solution. Première vague est une histoire d’entraide. Mais comment aider quelqu’un qui ne le veut pas, ou plutôt ne le comprend pas ? C’est le challenge. Ici, pas vraiment de méchant, mais un prédateur qu’il va falloir éviter. Le bébé tortue n’est pas armé pour cela. Par chance, Tchip est bien malin. La plus grande leçon que donne l’oiseau est peut-être celle de la philanthropie. Il n’attend rien en retour. Et presque, ça le vexerait qu’on lui rende un service à son tour. C’est sa plus grande satisfaction, il l’aura. Il n’y a que cela qui compte.

    © Crisse, Besson – La Gouttière

    Fred Besson réalise un kawaï d’album, comme un dessin animé à cases. Sur terre ou en mer, les couleurs enchantent, réchauffent, enveloppent et rassurent. Même si l’histoire est différente, on ne peut s’empêcher de penser à Piper, ce court métrage d’animation signé Alan Barillaro pour Pixar, dans lequel un petit oisillon cherche de la nourriture sous le sable, à l’endroit où les vagues balayent le rivage. Là où le dessin animé frôlait l’hyper-réalisme, Besson reste dans un graphisme cartoon, plus à la portée des premiers lecteurs et futurs lecteurs.

    © Crisse, Besson – La Gouttière

    Cette première vague des aventures de Tchip ne sera pas la dernière. Un deuxième épisode est déjà prévu. Souhaitons-lui de sautiller longtemps sur la plage.


    Série : Jusqu’au récif

    Tome : 1 – Première vague 

    Genre : Animaux

    Scénario & Storyboard : Didier Crisse

    Dessins & Couleurs : Fred Besson

    Éditeur : La Gouttière

    ISBN : 9782357961265

    Nombre de pages : 32

    Prix : 10,70 €


  • Tumpie La jeunesse tumultueuse de Joséphine Baker
    par Laurent Lafourcade

    Les épreuves de la vie en dansant

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    « -P’pa ! P’pa ! On est là ! P’pa, j’ai dansé avec les canards du Forest Park ! J’ai mis mes pieds dans l’eau et maman me regardait. Puis y a un monsieur qui voulait faire une petite sœur avec maman. Mais maman, elle n’a pas voulu parce que le monsieur, c’est un imbécile.

    -Carrie, c’est quoi cette histoire ?

    -C’est comme dit Tumpie : un imbécile. Je l’ai remis à sa place.

    -Les imbéciles disent des imbécillités !

    -Dis-moi qui c’est ! Je vais aller lui faire cracher ses dents !

    -Laisse-moi régler mes affaires moi-même, Arthur. Et si t’as de l’énergie à dépenser, trouve-toi un boulot ou dégote-nous à manger. »

    Saint-Louis, Missouri, 1910, une petite fille afro-américaine de 4 ans joue avec des plumes de cygne au bord du fleuve sous le regard blasé de sa mère. Elles ne vont pas tarder à rentrer dans la cabane de leur bidonville où leur attend le compagnon de la maman. Cette dernière lui confie l’enfant avant de partir travailler. Sur les trottoirs de la ville, elle fait la manche avec un groupe de musiciens. Devant le Grand Leader Store sur Washington Avenue, il y a toujours beaucoup de monde qui circule. Pendant ce temps, Tumpie, qui est partie jouer dehors, assiste à l’exécution de son chien par deux suprémacistes blancs qui se calment les nerfs sur l’animal, à défaut de le faire sur un nègre. La gamine court se réfugier chez elle. Après une trempe reçue par son beau-père, elle est consolée par sa grand-mère. Celle-ci lui donne sa première leçon de vie, pas facile pour les gens comme eux, comme pour les petits chiens. Tumpie devra être forte et volontaire plus qu’à son tour. Mais les jours viendront où elle sera heureuse.

    © Cornette, Innocente – Glénat

    Quatre ans plus tard, au grand dam de sa maîtresse Miss Evans, dans une école réservée aux blacks, Tumpie n’a qu’une envie : chanter et danser. « C’est pas en faisant ça que tu gagneras ta vie ! » L’enseignante ne sait pas qu’elle se trompe. Elle renvoit l’élève à sa place. La petite est décidée : elle ne fera pas un métier où l’on reste assise. Un soir, c’est à nouveau à un drame qu’elle assiste cachée dans un wagon. Un ouvrier noir est tabassé et immolé. Quelques temps plus tard, sa mère va l’envoyer comme dame de ménage en pension chez une notable blanche, Tumpie craint qu’elle ne veuille la tuer. Sa mère la rassure. En échange du ménage et de la cuisine, elle sera logée, nourrie et aura parfois un peu d’argent. La réalité va rapidement la ramener sur Terre. Cette première mauvaise expérience sera heureusement suivie d’une autre plus joyeuse en 1916. Ses employés vont même l’emmener à l’opéra : une révélation. Tumpie est émerveillée… La scène se rapproche… Elle ne va pas tarder à la fouler pour ne plus jamais la quitter.

    © Cornette, Innocente – Glénat

    Après un magnifique Audrey Hepburn, Agnese Innocente et Jean-Luc Cornette se retrouvent pour une nouvelle vie, celle d’une artiste qui a bouleversé les codes. Cornette se penche sur les années méconnues de la danseuse à la ceinture de bananes et aux seins nus. L’album se clôt d’ailleurs au moment où commence sa carrière de Music-Hall, le 2 octobre 1925, il y a tout juste cent ans, au Théâtre des Champs-Elysées à Paris. Tumpie est de toute les scènes. On vit sa vie comme si l’on était elle. Comme pour Audrey Hepburn, Agnese Innocente parvient à faire passer toutes les émotions par les yeux, les joies, très grandes, aussi bien que les peines, très profondes, pour lesquelles l’adolescente qui se construit montre un extraordinaire pouvoir de résilience.

    © Cornette, Innocente – Glénat

    Tumpie se revendique comme une fiction inspirée de la jeunesse de Joséphine Baker. Au plus près des faits réels, l’album donne envie de relire la biographie de l’artiste, dessinée par Catel sur un scénario de José-Louis Bocquet, parue il y a quelques années chez Casterman. Danse, Tumpie, danse ! Tu ne sais pas encore que tu joueras un rôle héroïque dans la plus grande tragédie du XXème siècle.


    One shot : Tumpie La jeunesse tumultueuse de Joséphine Baker

    Genre : Biographie

    Scénario : Jean-Luc Cornette

    Dessins & Couleurs : Agnese Innocente

    Éditeur : Glénat

    Collection : 1000 feuilles

    ISBN : 9782344064719

    Nombre de pages : 128

    Prix : 22,50 €


  • Pemberton & Penterghast – Intégrale 2
    par Thierry Ligot & Axelle Coenen

    Entre hommage et mémoire … Sirius étincellant !

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    « Rendre hommage » à ses anciens compagnons des 7 Mers en contant à Jonathan, garçon de taverne, les périples qu’ils ont ensemble traversés !

    « Faire mémoire » de leurs exploits improbables et extravagants ! Mémoire qu’il « entretient » à coup de pintes de stout, de chopes d »ale, voire de rhum ou encore de grog !

    Voilà ce qui apparaît comme la « mission » de cet incomparable pilier de bar …

    Voilà ce qui semble être le but et l’intérêt de cette intégrale, volume 2 de « Pemberton ».

    A travers 10 récits, dont 9 inédits, Pemberton nous fait voyager aux 4 coins du monde, et même ailleurs ! Dans son franc parler unique, sa grivoiserie légendaire, comment ne pas succomber à cet humour « hors du temps » et d’une époque où les « bien-pensants » n’imposaient pas encore leurs dogmes, leurs normes morales si « aseptisées ».

    Mais revenons-en à notre pirate, un contrebandier, un flibustier, un boucanier, un aventurier de comptoir … dont les exploits feraient rougir le plus légendaire des héros antiques !

    © Sirius – AD HOC Éditions 2025

    Des récits rythmés d’un Tartarin de Tarascon des mers ! Menteur invétéré ne vivant qu’à travers ses propres mensonges … nous pourrons nous interroger afin de savoir jusqu’à quel point il y croit lui-même ?

    Quant à son public fidèle, rien n’empêcherait Jonathan de faire une pause pour l’écouter !

    « Waouw ! J’adore vos histoires de mer. Ça fait vécu »

    Dans son langage fleuri, enrichi d’authentiques termes techniques de la marine à voile, de destinations réelles, Pemberton nous invite aux voyages de son « Odyssée » rocambolesque.

    © Sirius – AD HOC Éditions 2025

    C’est ainsi que Pemberton va naviguer d’un port à l’autre (tous existant), tantôt à bord d’un cargo, tantôt d’une goélette, tantôt d’un clipper ! Mais toujours décors d’une de ses incroyables péripéties faisant de la vie de ce marin de pacotille celle d’un Ulysse moderne, inconvenant sur les bords, terriblement macho et libertin quand il n’est pas fou amoureux voire gentleman cabochard.

     » – J’étais libre, riche, et à quelques heures seulement de Londres où le souvenir de Paméla m’attirait comme l’aimant attire le fromage.

    – Mais l’aimant n’attire pas le fromage !?!

    – Et qu’est-ce que tu en sais, morveux ? Tu as essayé ? Alors ferme ton maudit clapet, cesse de m’interrompre tout le temps et apporte-moi une autre bière. Et au trot moussaillon ! « 

    © Sirius – AD HOC Éditions 2025

    Ces dix récits sont complétés de Pemberton par les quatre de son cousin. Marin et vieux loup de mer également, leur ressemblance est surprenante, si ce n’est l’emplacement de leur dernière dent … mâchoire supérieure pour Pemberton, mâchoire inférieure pour Penterghast.

     » – Salut, m’sieur Pemberton … C’est pourtant pas votre jour aujourd’hui !

    – Holà ! Doucement, mon garçon ! Fais attention à ce que tu dis ! Je n’ai rien à voir avec ce sacripant de Pemberton, moi … Je suis son cousin Penterghast, de la branche cadette, les Penterghast de Cork. Pas confondre ! »

    Oups, j’allais oublier. Une seconde différence existe aussi entre les deux cousins !

     » Apporte-moi une pinte d’ale, mon garçon, et je t’en raconterai des histoires. De vraies, celles-là. Parce que mon cousin Pemberton, lui, c’est rien qu’un menteur, sûr. »

    Construit dans un moule narratif identique à celles de Pemberton, dans un graphisme jumeau, ces 4 récits seront néanmoins publiés dans le supplément iconoclaste du magazine Spirou de l’époque : l’irrévérencieux et facétieux « Trombone illustré » ! Un sommet d’humour noir ! Nous sommes en 1977 !

    François Deneyer est toujours à la plume du dossier d’introduction. Reprenant de nouvelles anecdotes, les origines de la série, des éléments historiques et biographiques, il est clairement la lumière indispensable pour correctement resituer cette épopée créative dans son contexte, celui d’une époque où une certaine liberté d’expression n’avait pas « peur » d’un quelconque « wokisme » réducteur !

    © Sirius – AD HOC Éditions 2025

    Une genèse d’autant plus intéressante, passionnante qu’elle entre pleinement dans la vie privée de Gérald et Max. Les Forton étant installés à Montaigu, dans le Quercy, la famille Mayeu a pris l’habitude de s’y arrêter (souvent plusieurs semaines) lorsqu’ils descendaient à Javea, en Espagne dans leur résidence secondaire. Évidemment, vous vous doutez bien qu’il en était de même à leur remontée vers la Belgique ! Ce sera à chaque fois l’occasion d’échanger sur leurs métier et projets …

    « Les deux artistes parlent de leur travail, ils partagent, en outre, la même passion pour la littérature et la marine à voile. C’est ainsi que, lors d’une discussion exaltante sur les prouesses de navigation, Max expose son projet de mettre en scène un vieux loup de mer anglais qui raconte ses aventures héroïques autant qu’incroyables. Pemberton est donc né … « 

    Cependant, dès le 5e épisode, pour des soucis d’organisation du travail, Forton décide d’abandonner la série, laissant Sirius seul aux commandes.

    Un trait bien à lui, un graphisme semi-réaliste, un humour, des facéties « siriusiennées », bref chacun de ces récits nous offre la chance d’apprécier toute l’étendue du talent de l’auteur des « Timour », « Épervier Bleu » et « Simon le Danseur ».

    Reprenant exclusivement les facsimilés des planches originales, le plaisir de lecture n’en est que plus accru. Retrouvé l’ambiance jaunie de ces dernières, quelques annotations ici et là et l’impression de tenir en main un petit trésor tout droit ressorti du passé … Le pire, c’est que c’est le cas !

    © Sirius – AD HOC Éditions 2025

    Et n’oubliez pas, tout comme le tome 1, cet ouvrage n’est qu’en tirage limité ! 1.000 exemplaires … et le précédent est quasi épuisé ! Ne traînez pas !


    Série : Pemberton – Intégrale 2

    Scénario – Dessin : Sirius

    Éditeur : AD HOC

    Parution : 29/11/2024

    Page : 232

    Format : 24 x 31,5 cm

    ISBN : 978 2 9603545 1 5

    Prix : 39 €


  • Katya – La guerre. Partout. Toujours
    par Thierry Ligot & Axelle Coenen

    Une mère, comme toutes les mères, face à la guerre !

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    Janvier 1998, Berlin, face à l’invasion soviétique en Tchétchénie, son pays natal, Katerina décide de rejoindre Grozny pour y retrouver sa fille, Katya.

    Bien que vivant depuis 10 ans en Allemagne, pensant y reconstruire sa vie suite à la mort de son mari dans une guerre en Afghanistan, Katerina n’y a pas trouvé son Eldorado !

    « Je fais le ménage pour des gens qui font comme si je n’existais pas. […] Je suis partie parce que je voulais lui offrir une vie que je pensais meilleure. »

    Et pour son malheur, sa belle-famille lui a interdit d’y emmener Katya !

    Alors maintenant qu’elle est en danger, rien ne pourrait empêcher son amour maternel de braver cette guerre et d’aller la sauver !

    Mais comment la retrouver dans un pays en ruine, en pleine guerre insurrectionnelle, occupé par des troupes avides de sang et de carnages ?

    Une quête pour la vie dans un déluge de désolation et de destruction.

    Le chaos d’un monde qui tente de survivre face à un oppresseur sans état d’âme !

    Trouvant une aide éphémère ici ou là, c’est en compagnie de Malik qu’elle fera son cheminement vers une vérité qu’elle ne semble pas vouloir entendre … accepter, mais inéluctable !

    Femme de l’ombre dans un monde régit par la violence guerrière des hommes, elle n’a jamais eu son mot à dire, jamais pu réellement faire ce qu’elle voulait !

    Cependant, comme bien d’autres, elle est prête à risquer sa vie car …

     » quitte à mourir, autant faire quelque chose d’utile »

    © Schiffers – Casterman 2025

    Un road-trip sombre, au graphisme vaporeux, un impressionnisme brumeux entre grisaille et teintes noirâtres – rougeâtres/rosâtres – bleuâtres, un trait nerveux, violent, refusant toute clarté … à l’image de l’atmosphère de cette narration.

    Les décors et paysages semblent se fondre dans un flou angoissant.

    Un travail graphique surprenant qui renforce l’ambiance lourde du voyage de Katerina.

    Pour un premier projet, Antoine Schiffers s’attèle à un thème malheureusement universel, celui de la guerre. Bien qu’entièrement étranger au théâtre des opérations choisi, ici la Tchétchénie, il n’en rend son traitement humain que plus fort, plus prenant, plus émouvant. Cette approche lui permet de prendre certaines libertés avec le contexte historique et son authenticité, rendant ainsi son récit plus magistral !

    Pour rappel, il y a eu 2 guerres quasi successives en Tchétchénie. La première de 1994 à 1996, la seconde d’août 1999 à février 2000, donc autour des événements relatés dans cet album.

    © Schiffers – Casterman 2025

    Récompensé en 2023 par le Prix Raymond-Leblanc, ce jeune auteur de 29 ans, passé par les instituts Saint-Luc de Liège, puis de Bruxelles, aborde ici un thème complexe, humainement sensible au vu de l’actualité de ces dernières années : celui de la mère, ayant été obligée, 10 ans plus tôt, par sa belle-famille, d’abandonner sa fille 10 et décidant de partir la rechercher dans un pays en guerre car elle a disparu !

    « Je vais aller la chercher. »

    Une décision « logique » pour toute mère, mais terriblement lourde psychologiquement. Refaire le chemin mais en sens inverse, retrouver ses racines, sa maison, son village, ses anciennes connaissances … tout ce qu’elle a laissé derrière elle en partant … Revoir tout cela … détruit, anéanti, disparu !

    Un choc émotionnel auquel Katerina ne s’attendait probablement pas vraiment en prenant cette décision.

    © Schiffers – Casterman 2025

    Antoine Schiffers nous narre, avec sobriété, décence, le périple de cette femme, de cette mère à la recherche de sa fille dans un pays abruti par les événements !

    Au travers son héroïne, de ses réflexions, de son périple, l’auteur tente de rendre hommage à toutes ces mères, toutes ces femmes broyées dans des conflits aveugles et sanglants.

    Point d’humour, seul une petite lueur d’espoir grâce au personnage de Malik, adolescent de 13 ans (mais est-on encore un « adolescent » à 13 ans quand vous êtes témoins directs des atrocités d’une guerre ?) apportant son aide à Katerina dans sa quête.

    Fils ayant perdu sa mère … mère ayant perdu sa fille !

    Sorte d’opposés par leur âge, leurs motivations, leur énergie, leur rôle, il sera l’épaule dont a besoin Katerina pour arriver au bout de sa quête !

    A y penser, ce récit pourrait tout aussi bien se dérouler aujourd’hui en Ukraine … avec le même oppresseur !

    Un premier album juste, émouvant et dont on ne ressort pas tout à fait indemne !

    © Schiffers – Casterman 2025

    Afin de mieux connaître ce jeune talent, nous profiterons de la Foire du Livre du Bruxelles pour lui poser quelques petites questions et tenter d’obtenir de son éditrice, Nathalie Van Campenhoudt, quelques confidences sur cette nouveauté qui fut pour elle un véritable coup de cœur.


    Titre : Katya – La guerre. Partout. Toujours.

    Scénario – dessin & couleurs : Antoine Schiffers

    Éditeur : Casterman

    Genre : roman-graphique

    Thèmes : guerre, drame humain

    Parution : 12/3/2025

    Format : 32,1 x 24,1 x 1,7 cm

    Pages : 144

    ISBN : 978 2 203 28424 1

    Prix : 25 €


  • Les Justiciers de la Justice 2
    par Thierry Ligot & Axelle Coenen

    A la retraite, les Avengers !

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    Quel gamin n’a jamais rêvé de devenir Spiderman, Batman, un des 4 Fantastiques, … voire carrément Superman ou plus récent, l’un des Avengers ? Bref un de ces héros dont Marvel & Cie ne cesse de vanter le courage, les exploits, les qualités !

    Mais voilà, ce gamin n’a ni pouvoirs extraterrestres ou issus d’une expérience malheureuses, ni la fortune d’un Bruce Wayne, ni d’origines divines.

    C’est ce que se disent Lucas, Léo et Louna ! Puisqu’ils n’ont aucune de ces cartes, ils vont prendre leur destin en main et devenir les super-héros qu’ils rêvent de devenir.

    D’abord un QG … dans un arbre avec tous les gadgets et boutons du Justicier moderne, équipé une rampe comme chez les pompiers et un mur pivotant sur une futur pièce encore plus secrète !

    Ensuite des costumes chamarrés avec cape et masque pour ne pas être reconnus, et la recherche de suppléants …

     » … au cas où l’un d’entre nous serait, par exemple, à l’hôpital avec de multiples fractures … »

    © Sti – Stivo – Bamboo 2025

    Et n’oublions pas les entraînements, l’armement (surtout secret), …

    Sur ce point, tout n’est pas gagné ! Loin de là d’ailleurs ! Et ils en sont (parfois) conscients …

     » – Pff ! On n’aura jamais de super-pouvoirs dans notre monde actuel ! A la vitesse où ça va, la science et la technologie n’auront pas assez avancé avant cent ans !

    – Attends, mais dans cent ans, on aura au moins mille ans ! »

    Pas grave, tout y est ! Il ne reste plus qu’à réaliser les exploits « classiques » des super-héros !

    Rattraper les voleurs de sacs à main, sauver les chats perdus dans les arbres, …

    Mais dans leur quête à être reconnus comme super-héros, bien des obstacles viendront se dresser comme des concurrents, imitateurs … et des auto-catastrophes !

    © Sti – Stivo – Bamboo 2025

    C’est drôle, amusant, déjanté parfois, légèrement parodique de tous ces héros de cartons. On rit des bêtises et du « courage » de ces 3 Justiciers de pacotille ! Mais ils y croient, alors pourquoi pas nous ?

    Sti, dans ce 2e volume, s’en donne à cœur joie entre situations cocasses, absurdes ou totalement hilarantes. Du gag, simple mais efficace vu le public visé, à chaque page, de la parodie à chaque dialogue, impossible de ne pas y succomber … même pour un lecteur plus âgé ! On ne cherche pas le « sérieux » ou le « réalisme » … juste de l’humour et de la légèreté !

    Évidemment, cela se fait sur le dos des malheureux Léo et Lucas … sortes de « disciples » du Léonard de l’espiègle Louna avec ses idées abracadabrantes !

    « J’ai remplacé les cordes (de la balançoire) par des élastiques ! Et ainsi, nous aussi, depuis notre QG, on peut partir à toute vitesse rendre la justice. »

    Avouons que Stivo, dans son style, son crayon en main est clairement dans le ton et l’ambiance. Son dessin jeune avec des héros aux grosses têtes expressives, aux yeux exorbitants, aux couleurs criardes, … semblable à du cartoon. Pourquoi pas, puisque cela opère parfaitement !

     © Sti – Stivo – Bamboo 2025

    Tous les ingrédients pour réussir à scotcher des enfants à partir de 7-8 ans dans une lecture amusante, à leur portée et qui leur parle !


    Série : Les Justiciers de la Justice

    Volume : 2

    Scénario : Sti

    Dessin & couleurs : Stivo

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Ko Kids Comics

    Genre : super-héros, humour

    Public : jeune, ado

    Parution : 26/2/2025

    Format : 29,4 x 21,7 x 1,1 cm

    Pages : 48

    ISBN : 979 1 0411 0809 1

    Prix : 11,90 €


  • Dossier Michel Vaillant : Circuit Zandvoort
    par Thierry Ligot & Axelle Coenen

    La F1 au milieu des dunes

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    Alors que la semaine des « 24h du Mans » bat son plein, que les fans de moteurs rugissants, de bolides hurlants déchirant la nuit, l’effervescence dans les stands, le paddock, les travées, parkings, campings et alentours du circuit commencent à s’éveiller !

    Impossible de louper cet événement exceptionnel et mythique !

    Comme à chaque fois désormais, le plus grand pilote automobile de tous les temps ne pouvait pas ne pas y être !

    Michel Vaillant aura donc son stand ! Il n’y sera pas seul, comme invités, ses créateurs, scénaristes et dessinateurs, coloristes, managers, … vous y attendront avec la passion dans les yeux et l’envie de la partager avec un public nombreux.

    L’occasion de (re)découvrir le dernier dossier de notre champion consacré à un autre circuit mythique : celui de Zandvoort aux Pays-Bas ! Le circuit au milieu des dunes, en bordure de la mer du Nord !

    Mais les premières décennies seront à l’image des courses de l’époque :

    « mouvementées, passionnantes, dangereuses et difficiles « 

    … en commençant par « incertaines » !

    Son histoire pourrait paraître banale. Pourtant en s’y plongeant, on apprend que sa naissance et sa construction initiale furent avant tout l’œuvre d’un homme, Henri van Alphen, maire d’une petite station balnéaire, proche d’Amsterdam : Zandvoort !

    © Graton 2025

    Alors qu’en 1936, le NARC (Auto Ren Club néerlandais) cherche un terrain pour y implanter un véritable circuit de course automobile aux Pays-Bas, van Alphen convaincu de l’apport positif qu’un tel circuit pourrait avoir pour le développement de sa ville, propose une vaste zone vierge !

    Très vite un semblant de circuit temporaire sort des dunes et en 1939, le Grand prix de Zandvoort entre dans le calendrier des courses automobiles ! Première compétition et déjà le succès est au rendez-vous.

    Une seconde édition est envisagée avec enthousiasme …

    Mais la guerre est déclarée, les Allemands envahissent le pays, le circuit est en grande partie détruit pour y ériger le fameux Mur de l’Atlantique !

    © Graton 2025

    En 1943, van Alphen réussit à convaincre l’occupant de construire, avec les débris, une superbe Paradestrasse pour les vainqueurs !

    De plus d’avoir derrière la tête la possibilité de la transformer plus tard en ligne droite d’un futur circuit, ce projet lui permettra de « réquisitionner » ses habitants qui échapperont ainsi au travail obligatoire en Allemagne.

    La guerre terminée, il poursuit son projet et le 7 août1948, devant 60.000 spectateurs, a lieu le 1er Grand Prix des Pays-Bas, avec une vingtaine de bolides d’avant-guerre amenées de Grande-Bretagne. Son vainqueur sera le prince Birabongse Bhanudej Bhanubandh, neveu du roi du Siam (actuelle Thaïlande), sur Maserati 4CL !

    Très vite, le circuit gagne en popularité. Ses courses deviennent palpitantes, disputées avec des vainqueurs incroyables, légendaires. Des Rosier, Ascari, fangio, Moss, Brabham, Hill (Graham), Clarck, Stewart et même Ickx en 1971, … Les pilotes adorent l’exigence de son parcours.

    © Graton 2025

    Malheureusement, il ne s’adapte pas suffisamment, ne se modernise pas aussi vite que les Formules 1 gagnent en puissance et en vitesse ! Plusieurs accidents mortels viennent alors endeuiller sa réputation ! Le premier sera le regretté Anglais, Piers Raymond Courage, alors âgé de 28 ans, le 21 juin 1970. Ensuite, malgré certains investissements et améliorations de la sécurité, ce sera le tragique accident mortel de Roger Williamson en 1973. Ce dernier marquera profondément public (qui a tout suivi en direct par la télévision) et le monde de la F1.

    Les gestionnaires du circuit se voient ainsi contraint de revoir le tracé, de casser sa linéarité, de réduire sa longueur et évidemment d’accroître les mesures de protection !

    © Graton 2025

    S’en suivront des années de gloire, puis à partir de 1985 (départ de la F1) d’une longue période d’oubli ou de perte d’intérêt du circuit. Il y a bien l’organisation d’autres compétitions comme le Grand Prix Historique, … Cependant certaines normes bloquent son développement événementiel … comme un nombre limité de jours autorisant une « pollution sonore » (5 jours) !

    En 2008, cette norme passera à 12 jours, permettant à nouveau l’organisation des ces Grands Prix Historiques !

    La renaissance F1 arrivera, elle, en 2019 !

    Il faut dire qu’un certain phénomène « Verstappen » fils passe aussi par là en 2014 ! A 16 ans, désireux de succéder à son père au palmarès des Masters de F3, il remporte brillamment la course, écrasant ses adversaires ! Un « Grand » est né … et quelques mois plus tard, à 17 ans et 166 jours, il décroche son 1er volant en F1 ! Une nouvelle ère commence !

    © Graton 2025

    D’exploits en transformations et modernisations, d’anecdotes en récits héroïques, d’heures de gloire en périodes sombres, ce 18e tome des « Dossiers de Michel Vaillant » nous conte cette épopée extraordinaire.

    Illustré de nombreux documents d’époques, de photos, de témoignages, … et forcément de confidences de notre héros, il s’agit clairement d’un tome à dévorer.

    Trois courts récits BD s’y insèrent naturellement.

    Le premier de Eilam nous raconte la naissance du circuit.

    Le deuxième, scénarisé par Denis Lapière et dessiné par Marc Bourgne, une historiette inédite de Michel Vaillant, Steve Warson face à un fantôme du passé : « Un combat historique ».

    Quant au dernier, il ne pouvait s’agir que d’un extrait du « maître » himself, Jean Graton, tiré du 5e album de la série-mère, « Le 13 est au départ ». 5 planches dont l’action se déroule sur ce circuit prestigieux !

    © Graton 2024

    L’album se clôture par une galerie de 10 des plus grands pilotes ayant participés, voire remportés ce GP de Zandvoort …

    A noter que l’album est sorti l’an dernier en version « luxe » et en néerlandais pour les 75 ans du circuit !


    Collection / Série : Les dossiers Michel Vaillant

    Titre : 18 – Le circuit Zandvoort

    Texte : Gert Vermersch

    Récit BD : Eillam, Lapière, Bourgne, Jean Graton

    Couleurs : Pradelle

    Éditeur : Graton

    Genre : documentaire – sport automobile – histoire

    Parution : 4 avril 2025

    Pages : 64

    Format : 22,4 x 29,6 x 1,1 cm

    ISBN : 978 2 3906 0221 7

    Prix : 21,95 €


  • La fabrique des insurgées
    par Thierry Ligot & Axelle Coenen

    Quand Lyon voyait naître la lutte sociale féministe

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    Ardèche, 1867, la vie n’a rien d’épanouissement dans les campagnes pour les jeunes filles paysannes. Les lumières de la ville a plutôt tendance à les attirer … d’autant plus si un recruteur leur propose un travail dans une filature avec un salaire annoncé « honnête ».

    C’est pourquoi, avec leur ticket de train offert, Camille et Adélaïde se retrouvent en route pour Lyon afin de devenir « ovalistes »*.

    « – Le recruteur m’a dit de me présenter chez Bonnardel à Lyon. A 2 francs la journée, avec le gîte et le couvert … le curé m’a conseillé de saisir ma chance. Là-bas, on gagnera not’ vie, c’est mon père qui m’l’a dit.

    – Si on ne veut pas finir vieilles filles, faut aller à la ville ! Moi, tous mes sous gagnés y z’iront pour mon trousseau de mariage ! »

    Mais à peine arrivées, la réalité est toute autre. Salaire moindre, ni logement, ni couvert compris mais loués par le patron, … Ne pouvant rentrer dans leur campagne, elles sont contraintes d’accepter des conditions moins intéressantes.

    Le travail à proprement parlé n’apparaît pas forcément difficile … Pourtant levées à 5 h du matin, un horaire de 12 h par jour, dans un environnement toxique, sans protection, … la fatigue et les maladies se font rapidement ressentir. Adélaïde n’y résistera pas à la longue ! La tuberculose l’emportera … laissant Camille seule dans cet enfer industriel du XIXe siècle.

    © Bruno Loth – Delcourt 2025

    Si on ajoute au fait que Lecorbin, le contremaitre d’un des ateliers, agit plus comme un garde-chiure vicieux que comme un contremaître compréhensif, la situation devient vite cauchemardesque !

    Mais que faire, lorsque le patron ferme les yeux, face à des « porions » tout puissants, usant de leur force et autorité, pouvant renvoyer qui ils veulent, appliquant un droit de cuissage perpétuel ? Nulle ne peut s’opposer à eux !

    Malgré les promesses sociales du nouveau député du Rhône, la situation ne s’améliore guère.

    © Bruno Loth – Delcourt 2025

    Néanmoins, loin d’abandonner, de s’abandonner, les ovalistes se soutiennent et s’entraident !

    Le xième viol d’une des leurs est la goutte qui fait déborder … exploser le vase ! Unies dans le même purgatoire, elles commencent à se regrouper, à s’organiser et réclament des droits, des changements !

    Cependant M. Bonnardel et les autres patrons des filatures font la sourde oreille à leurs revendications bien légitimes : de meilleures conditions de travail, un salaire plus juste, une nourriture plus correcte, plus de repos, … Loin de les écouter, ils préfèrent même s’en moquer et ridiculisent leurs ouvrières ! Une grève générale est alors déclenchée !

    S’en suit une répression terrible avec fermeture des dortoirs, des ateliers, appel à la force publique, arrestation des meneuses, remplacement des grévistes par des ouvrières venues du Piémont (et dont le salaire sera encore moindre !), …

    Pourtant le mouvement résiste, obtenant le soutien financier de la jeune AIT (Association internationale des Travailleurs – ancêtre de la Première Internationale), les ouvrières s’obstinent sans fléchir dans leurs revendications !

    La grève dure, les patrons s’inquiètent et finalement le politique est contraint de s’en mêler.

    Toutefois le soutien de l’AIT ne risque-t-il pas de confisquer cette grève à son seul profit ? En se faisant lentement mises à l’écart des discussions avec les patrons et politiques par les dirigeants syndicaux, les ovalistes ne verraient-elles pas les avantages enfin conquis bénéficier uniquement aux hommes ?

    © Bruno Loth – Delcourt 2025

    Le long combat féministe de la classe ouvrière vient de démarrer … avec cet épisode souvent ignoré. Nous sommes fin juin 1869. La grève finira le 29 juillet, soit un gros mois plus tard … sans que les ovalistes n’obtiennent réellement grand chose.

    Mais l’essentiel n’est pas là en fin de compte. Si la lutte ouvrière, la lutte des classes, l’égalité des sexes sont loin d’être gagnées (aujourd’hui encore), cette première grève des ouvrières servira de prise de conscience pour la suite ! Il valait bien une étincelle de départ …

     » – Mais nous ne pouvons plus lutter, mon ange ! C’est fini ! Toutes les fabriques ont repris  …

    – Les patrons ont gagné …

    – Oui, ce coup-ci !

    – Cette petite a raison, on va pas baisser les bras ! Au contraire, continuons le combat !

    – Continuer la lutte, ça veut dire retourner à l’usine ?

    – Oui, et répandre nos idées parmi nos sœurs ouvrières …

    – Mes fenottes, nous serons les braises de la révolte !

    – Les flammèches qui embrasseront le pays ! « 

    Un récit à la Zola, un scénario digne de ses plus sombres romans naturalistes, mais authentique !

    Partant de faits réels, la grève de 250 ovalistes pendant l’été 1869 à Lyon, ce récit est à la fois prenant et éclairant des conditions de travail des femmes 2e moitié du XIXe siècle dans les industries et filatures françaises.

    © Bruno Loth – Delcourt 2025

    Dans une narration classique, faisant la part belle au témoignage des conditions de travail difficiles, aussi bien matérielles qu’humaines des ovalistes de l’époque, nous suivons le combat de Camille, de Philomène Rozan, … Cette dernière, présidente du comité de grève, deviendra plus tard déléguée des 8.000 ouvrières lyonnaises au Congrès de l’AIT à Bâle.

    Avec un esprit « documentaliste » évident, Bruno Loth nous plonge dans l’antre des filatures, dans le Lyon des années 1870. Il met l’accent, la lumière sur la réalité sociale de ces femmes dont le travail était indispensable à la prospérité de la ville mais en même temps sous-considéré humainement.

    Après « Mémoires d’un ouvrier », « Dolorès », … voici un nouveau récit-fiction historico-social comme les aime Bruno Loth, une immersion émouvante dans la 2e moitié industrielle du XIXe siècle.

    © Bruno Loth – Delcourt 2025

    A la fois scénariste et dessinateur, Bruno apporte un soin tout particulier aux décors, aux paysages, aux machineries, …

    Un album en noir et blanc monochromé, au trait semi-réaliste agréable et bien dosé.Une lecture passionnante et enrichissante !


    Titre : La Fabrique des Insurgées – 1869, la première grève d’ouvrières

    Scénario, dessin, couleurs : Bruno Loth

    Éditeur : Delcourt

    Collection : Histoire & histoires

    Genre : roman graphique

    Thème : Histoire, social, syndicaliste

    Parution : 7/5/2025

    Pages : 128

    Format : 22,8 x 29,8 x 1,7 cm

    ISBN : 978 2413089285

    Prix : 20,50 €


  • Deuxième bureau 2 – Faites vos jeux
    par Thierry Ligot & Axelle Coenen

    …Rien ne va plus !

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    Suite et fin du diptyque « Deuxième Bureau » de Chacma et Brice Goepfert, « Faites vos jeux » démarre dans l’événement phare de 1936 : les Jeux Olympiques à Berlin !

    Incroyable vitrine pour le régime nazi, Hitler les veut grandiose et tout sera fait pour le satisfaire.

    Grandioses, victorieux et « propres » … il s’agit d’éblouir le monde, et avant tout les nations étrangères présentes.

    « The Olympic Games sont normalement sans politique. Mais ici, il y a des croix gammées partout, jusque dans le ciel … et des dizaines de caméras filment le monde merveilleux des Nazis pour le faire voyager vers la terre entière ! »

    Mais derrière cette façade d’olympisme glorifiant, la réalité géo-politique est tout autre. Le bruit des bottes est à peine masqué sous les olas de la foule hypnotisée par les exploits sportifs.

    La Gestapo et le SD (service de renseignement du régime nazi) ne sont jamais loin afin de ne rien laisser transparaître qui pourrait écorner cette image si « rassurante » voulue par Hitler.

    © Chacma – Goepfert – Kennes 2025

    Dans ce jeu de marionnettes et de guignols aveuglés, Maryse Maréchal, aviatrice réputée, agente du Deuxième Bureau français mais également du SD (service secret du Führer), tente avec son amie anglaise Abby de retrouver la trace de son fils Michel, retenu en otage par les Allemands. Après l’échec de sa mission de se saisir du magnétron (voir tome 1), sa position auprès de ses supérieurs français est plus que compromise !

    D’indice en information, ce jeu de piste va, de Berlin, la mener en Espagne en pleine guerre civile … Elle y sera intégrée à la fameuse Légion Condor et découvrira ainsi le tout nouveau chasseur allemand, le Messerschmitt BF 109, une merveille de technologie aéronautique pour l’époque, un redoutable avion de chasse qui ne tardera pas à faire ses preuves au combat !

    © Chacma – Goepfert – Kennes 2025

    Révélations, trahisons, complots, … rien ne lui sera épargné jusqu’à un final d’une saveur mortelle.

    © Chacma – Goepfert – Kennes 2025

    Parfaitement documenté sur les faits, les tenants et aboutissants des événements relatés, sans oublier ici et là quelques anecdotes étonnantes, les données techniques du BF 109, … Chacma réussit à nous surprendre au point de s’interroger pour démêler le factuel de la fiction. Mêlant adroitement événements et personnages historiques à sa fiction, il nous garde en haleine jusqu’au dénouement, faisant par la même de son intrigue une fresque romanesque de cette période souvent ignorée des historiens et … auteurs de BD !

    © Chacma – Goepfert – Kennes 2025

    Tout comme pour le premier volet de ce récit palpitant, un dossier historique de 9 pages des plus riches et documentés clôture l’album.

    Reprenant divers aspects du scénario, Chacma s’arrête tout autant sur les événements repris, que sur les personnages évoqués ou encore ce fameux Messerschmitt BF 109, chasseur innovant exceptionnel qui surclassait tous les autres de l’époque.

    L’occasion de se remettre dans le contexte historico-politico-sportif de l’année 1936 afin de mieux en saisir toute sa complexité … et les faits qui suivront !

    Le crayon de Brice Goepfert achève tout l’intérêt de ce diptyque. S’inspirant de photos et films d’époque (comme celle de cette Américaine qui rêvait d’embrasser Hitler), par son trait ligne clair et réaliste, le soin et les détails qu’il apporte aux planches sont saisissants ! Pour s’en convaincre, un seul regard sur la double planche du stade olympique suffit !

    Aussi bien dans les expressions faciales, les attitudes que les mécaniques (avions, voitures, …), son graphisme ne fait qu’augmenter l’attrait visuel pour la série …

    Attrait que le subtil jeu de couleurs de Fabien Blanchot confirme dans sa catégorie « BD ligne claire » classique.

    © Chacma – Goepfert – Kennes 2025

    Bref entre intrigue d’espionnage sur fond de grande Histoire et passion d’une mère pour son fils … voire passion naissante entre les 2 héroïnes, « Deuxième Bureau » a tout d’une excellente série historique … dont nous verrions bien un second cycle sur l’année 1937, par exemple !

    Nul doute que ce diptyque ne pourra qu’être apprécié des amateurs du genre.


    Série : Deuxième Bureau

    Tome : 2/2 – Faites vos jeux

    Scénario : Chacma

    Dessin : Brice Goepfert

    Couleurs : Fabien Blanchot

    Éditeur : Kennes – Les 3 As

    Genre : espionnage – guerre

    Parution : 21 mai 2025

    Format : 24 x 32 cm

    Pages : 64

    ISBN : 978-2-9313-0004-6

    Prix : 16,95 €


  • Goupile la sorcière – Livre II : Le tracé d’invocation maléfique
    par Thierry Ligot & Axelle Coenen

    Sorcière renarde

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    Lors du Livre I, Goupile, sorcière renarde, et son jeune apprenti, Arthur le blaireau se sont lancés dans une étrange quête : découvrir pourquoi d’inquiétants rochers bleus poussent à proximité du logement d’Hémissaire, le bouc. Pour Goupile, pas de doute, ceci est signe de magie noire !

    Au château, une genette masquée dérobe au fils du roi et de la reine un mystérieux petit sac contenant une « pierre de sorciers » !

    Cette dernière servirait à faire naître des « rochers qui poussent » !

    © Milena – Éditions de la Gouttière 2025

    Ainsi voilà Goupile et son apprenti à la poursuite de cette genette pour percer le secret de ces pierres qui poussent.

    Dès le départ, ils se rendent chez Maître Melvin afin de lui demander aide et conseils ! Ce dernier inquiet par ce qu’il apprend. En effet, de nombreuses pierres de sorciers semblent avoir été dérobées. Parallèlement à ces vols, des « rochers qui poussent » apparaissent ici et là ! En les resituant sur une carte, il découvre que ces placements dessinent un « tracé d’invocation » gigantesque ! Par ce dernier, pourrait surgir un énorme drako, être venant d’un autre monde, extrêmement social. Il peut être invoqué afin de lui demander un service, ce qui pour lui est valorisant. Mais à force d’abuser de leur gentillesse, il fallut à un certain moment fixer des critères d’utilité par les sorciers et sorcières !

     » Vois-tu Arthur, lorsque les drakos arrivent chez nous, ils sont sous une forme « spectrale ». Les cercles de craie ne sont pas assez chargés en magie pour les laisser passer entièrement. […] Les drakos voulant apparaître avec toute leur puissance devraient créer un cercle beaucoup plus chargé en magie. Ils décidèrent d’utiliser la technique des rochers qui poussent dont l’ingrédient principal est la pierre de sorcier […] en faisant pousser plusieurs rochers, ceux-ci peuvent se relier entre eux avec leurs racines pour former un immense tracé d’invocation chargé d’une grande puissance. »

    © Milena – Éditions de la Gouttière 2025

    Qui serait donc derrière cette tentative de tracé ? Dans quel but ? Un sorcier ? Un ordre de sorciers alliés à des drakos malfaisants ? Rancunes, doutes, méfiances, … la communauté des sorciers est en ébullition !

    Goupile et son disciple vont devoir démêler les fils de cette intrigue afin d’y trouver la lumière … et la vérité.

    Suite et fin de ce diptyque fantasy alliant magie noire et humour dans un scénario bien pensé par Milena.

    © Milena – Éditions de la Gouttière 2025

    Un humour facile en apparence mais qui pourrait bien surprendre également les jeunes lecteurs, un peu à la manière d’un certain Goscinny avec les noms de ses chers Gaulois et Romains. Déjà rien qu’en lisant les noms des drakos : Haéroplane, Haéronnaiffe, Lelévia-Temps, Lassavat, …

    Par son intrigue à rebondissements offrant plusieurs portes d’entrée, voire possibilités d’évolution, ses dialogues amusants, sa trame limpide et linéaire avec un final « moral », cette histoire pourrait aussi passionner les plus « grands ».

    © Milena – Éditions de la Gouttière 2025

    Quant au graphisme, il est attrayant et coloré. Un trait énergique dans des décors précis, travaillés ne pouvant qu’inviter à l’imagination créative des lecteurs.

    Ceci sans compter sur le soin apporté à la couverture, son illustration, sa mise en page, …

    Le tout faisant de ce livre un bel objet à ouvrir pour s’y plonger sans retenue.


    Série : Goupile, la sorcière

    Tome : Livre II – Le Tracé d’invocation maléfique

    Scénario & dessins : Milena

    Éditeur : Éditions de la Gouttière

    Public : à partir de 8 ans

    Parution : 18/04/2025

    Format : 19,5 x 26,5 cm

    Pages : 120

    ISBN : 978-2-35796-127-2

    Prix : 17 €


  • Choupisson 2 – En ver et contre tous ! 
    par Laurent Lafourcade

    Les nourritures intrépides

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    « -Dis, ils mangent quoi les vers de terre habituellement ?

    -Eh bien on grignote des choses comme des feuilles mortes, des mauvaises herbes… Mais nos plats préférés sont la soupe aux grognons, ratafouille de tomates, crétin de pommes de terre…

    -Vraiment ?

    Mais nan Choup, ça c’est du flan ! T’es trop naïf et à force tu vas finir par passer pour une andouille à bouclettes ! «           

    Paillasson le choupisson est bien naïf. Il croit tout ce que lui raconte Simon, son copain ver de terre, quant à son alimentation. Le petit hérisson a décidé de réagir. On ne le prendra plus pour une pomme. Le lombric fait le malin, mais comme les deux amis traversent un petit pont de bois surveillés par trois poissons rouges, il ne compte pas s’attarder afin de ne pas finir lui-même en repas. Qu’il ne s’inquiète pas, Paillasson veille sur lui et gare aux poissons qui voudraient le gober.

    © Périmony – La Gouttière

    Pendant ce temps-là, dans le jardin potager, un escargot se trouve en bien mauvaise posture face à trois choupissons qui pensent qu’il pourrait être leur déjeuner du jour. Le gastéropode tente de plaider sa cause. Il se dit pas appétissant, avec la coquille sur les os, allant même jusqu’à proposer pour le remplacer dans l’assiette par un certain ver de terre de ses connaissances, ami d’un des leurs. Pour les trois lascars, il est inconcevable qu’un animal de la même race qu’eux copine avec de la nourriture. Ils sont bien décidés à aller pointer leurs truffes dans cette histoire.

    © Périmony – La Gouttière

    David  Périmony poursuit les aventures bucoliques de Paillasson et Simon, au milieu de la jungle bien dangereuse du jardin et de la nature à hauteur au ras des pâquerettes. Les petits hérissons se distinguent par leurs piquants que l’auteur a coiffés comme s’ils avaient tous une coupe différente, une adorable petite ingéniosité graphique qui permet de les différencier et de voir pour la première fois l’un de ces animaux avec une coupe au bol. L’histoire pourrait être une fable de La Fontaine, avec sa morale. Le danger ne vient jamais de là où on l’attend, et terrorisera bien qui terrorisera le dernier.

    © Périmony – La Gouttière

    Au même titre que Hérissonneau, le mot Choupisson désigne un bébé hérisson. David Périmony nous entraîne dans leur univers pour un vrai moment de bonheur à partager en famille.


    Série : Choupisson

    Tome : 2 – En ver et contre tous ! 

    Genre : Emotion

    Scénario, Dessins & Couleurs : David Périmony

    Éditeur : La Gouttière

    ISBN : 9782357961241

    Nombre de pages : 32

    Prix : 10,70 €


  • Silence 4
    par Laurent Lafourcade

    Conflits internes

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    « -Ocelle…

    -Moins fort ! Ta petite escapade avec Lune t’a fait oublier la langue des signes ? C’est bon, ils sont partis. Snif… Lame ! J’ai…

    -Tu… J’étais inquiet aussi, Ocelle ! Tu m’as manqué ! »

    C’est l’heure des retrouvailles dans la citadelle de Haut-Fort. Lame et Merle ont rejoint leurs amis, accompagnés de Passim et de Lune, qui a aidé Lame à sortir de l’emprise du cauquemare qui l’envoûtait. Le moinillon Merle est interrogé par ses compatriotes pendant que Lame a rejoint Ocelle sur les toits. Ils observent la milice qui recherche Ocelle. De retour dans le hangar caché, cette dernière lui raconte que dès leur arrivée à Haut-Fort, ils ont été séparés : les anciens étaient interrogés sur le monde d’avant, les femmes étaient envoyées aux champs et les enfants à l’école, filles et garçons d’un côté et de l’autre. Ocelle ajoute qu’on lui a découvert des pouvoirs, certainement parce qu’elle a grandi sur une source naturelle de magie.

    © Vornière – Kana

    On ne peut pas dire qu’à l’origine la hiérarchie de Haut-Fort soit féministe. Les femmes sont coincées tout en bas de l’échelle dominée par les moines. N’en déplaise à Sir Hêtre, tout a changé le jour où les moines ont dû adouber une femme, en la personne de Volémie, puis Lune quelques temps plus tard, puis Ové. Lune rêvait de faire disparaître toutes les inégalités tout en cherchant à lutter contre les monstres qui contraignent au « silence ». Elle est partie avec Volémie, puis les choses ont mal tourné. Aujourd’hui, c’est la première fois que Lune revient à Haut-Fort, en tant que prisonnière qui plus est. Sauf que les habitants décident de l’exécuter pour trahison. Aïe, aïe, aïe !

    © Vornière – Kana

    Prévue en quatre tomes au départ, Yoann Vornière annonce en inter-chapitres que la série va continuer. Lame n’a donc pas le derrière tiré des ronces. Cette fois-ci, le danger ne vient pas des monstres extérieurs mais de l’intérieur même de la citadelle. Graphiquement, le trait déjà abouti de Vornière se consolide. Comme dans de nombreux mangas, ce sont dans les scènes de combat qu’on le remarque. Pour l’aider dans son travail, le mangaka a fait appel à un assistant, Tibo, pour ajouter des trames, dessiner des foules en arrière-plans et des décors plus ou moins importants.

    © Vornière – Kana

    On ne sait pas si des mangakas japonais tentent de se lancer dans du franco-belge. L’inverse en tout cas est en plein développement. Avec Silence, Yoann Vornière en est l’une des têtes d’affiche.


    Série : Silence

    Tome : 4

    Genre : Fantastique

    Scénario & Dessins : Yoann Vornière

    Éditeur : Kana

    ISBN : 9782505126003

    Nombre de pages : 208

    Prix : 7,90 €


  • Ça arrive à tout le monde
    par Laurent Lafourcade

    Un récit sur l’arrêt naturel de grossesse

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    « -Non, mais attend, on est vraiment prêts à se lancer là-dedans ?

    -Bah, de toute façon, il faut d’abord envoyer tout le dossier à la sécu.

    -Non, mais est-ce qu’on est prêts à se faire retourner comme des chaussettes pour avoir un enfant ? Est-ce qu’on le veut vraiment à tout prix ? Parce que là c’est juste le début ! »

    Veronica et Guillaume sont deux. Ils auraient dû être trois mais pour l’instant le destin en a décidé autrement. Le couple ne parvient pas à avoir d’enfant. Ils ont déjà eu plusieurs tentatives infructueuses, avec les nombreuses fausses joies et désillusions qui vont avec. Pendant longtemps, Veronica a eu peur de la maternité. Etre enceinte, n’est-ce pas se fermer des possibilités de vie, de découvertes, de voyages, pour se cantonner à un rôle terne et limitant ? C’est ce qu’elle pensait, jusqu’au jour où elle s’est mise à en rêver, tout le temps. Rien à voir avec la fameuse horloge biologique, non ; elle était enfin prête à voir le futur autrement. Elle ne craignait plus d’être mère mais ne se doutait pas encore de la galère que ça allait être pour parvenir à faire germer la graine.

    © Boutanox, Ciantelli – Des ronds dans l’O

    Guillaume lui aussi a mis longtemps à acquérir le désir de parentalité. A quoi bon surpeupler une planète au risque d’épuiser ses ressources ? Avec et grâce à Veronica, il a pris conscience que cette vision était égoïste et qu’un enfant n’est pas un mini-moi mais un mini-nous. Pourtant, malgré tout l’amour qu’ils se portent l’un à l’autre, chaque mois, pendant des mois et des mois, l’histoire va se répéter : la surveillance des dates, l’amour, puis les règles qui reviennent sonnant le signal du retour à la case départ, comme dans un mauvais jeu vidéo qu’il faut inlassablement recommencer parce qu’on ne parvient pas à battre le boss de fin.

    © Boutanox, Ciantelli – Des ronds dans l’O

    Le parcours du combattant, ce n’est pas seulement réservé aux militaires. C’est aussi le destin des couples comme Guillaume et Veronica qui passent par les obstacles les plus difficiles pour réussir à avoir un bébé. Ils nous le racontent ici avec pudeur, délicatesse, émotion… et espoir. Les médecins ne sont pas des plus compréhensifs. Le poids de la culpabilité de l’échec devient, pour l’un comme pour l’autre, de plus en plus difficile à supporter. Guillaume et Veronica, Boutanox et Tchi, les personnages et les auteurs de ce livre ne forment qu’un seul et même couple. La scénariste et le dessinateur sont dans une démarche à la fois de témoignage pour tout un chacun, mais aussi de partage, de compassion et d’espoir pour tous les couples qui sont ou ont été dans leur situation, et notamment tous ceux qui ont entendu fréquemment la remarque idiote : « Bon, alors, va falloir vous y mettre ! ».

    © Boutanox, Ciantelli – Des ronds dans l’O

    Ça arrive à tout le monde. Ce récit sur l’arrêt naturel de grossesse est remarquable par sa narration et l’émotion qu’il dégage jusqu’à son épilogue. La vie, c’est comme des ronds dans l’eau, il y a toujours des ricochets.


    One shot : Ça arrive à tout le monde

    Genre : Reportage

    Scénario : Veronica Tchi &Guillaume Boutanox

    Dessins & Couleurs : Guillaume Boutanox

    Éditeur : Des ronds dans l’O

    ISBN : 9782374181608

    Nombre de pages : 136

    Prix : 24 €


  • Rooms Recueil d’illustrations
    par Laurent Lafourcade

    Montre-moi ta chambre

    Ecouter
    Regarder

    « -Pourquoi est-ce toujours le dimanche que s’invite la pluie ?Voilà que je compose des poèmes sur mes jours de congés… Il pleut parfois le week-end… Mais peu importe la météo… Car chez moi, il fait toujours BEAU ! »

    Une jeune fille se brosse les dents dans sa salle de bains, son chat à ses pieds. Le matou prend ses aises, bien décidé à ne pas quitter le paillasson alors que sa maîtresse a décidé de passer pour aller se faire couler un bain. La bestiole va profiter du dérangement pour aller se vautrer dans le bac à linge, qu’elle met sens dessus dessous au grand dam de la propriétaire des lieux. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Les interdits étant faits pour être bravés, une fois qu’elle sera partie, l’animal fera ce qu’il voudra.

    © 2022 Senbon Umishima / PIE International All rights reserved© 2025 Groupe Delcourt pour la présente édition

    Quoi de mieux qu’un livre et une tasse de café pour profiter d’une fin de journée ensoleillée ? C’est une façon de suspendre momentanément le cours du temps avant que le jour ne file. C’est le précepte de cette autre jeune fille qui passe cet instant suspendu avant de se rendre dans sa cuisine pour préparer son repas du soir.

    On passe un tiers de notre vie à dormir. Est-ce que les êtres vivants dorment tous ? Les animaux ont-ils des insomnies ? Toujours est-il qu’avec un chat sur la couette, on rejoint rapidement les bras de Morphée.

    © 2022 Senbon Umishima / PIE International All rights reserved© 2025 Groupe Delcourt pour la présente édition

    Chaque jour inspecter et arroser ses plantes, puis promener son chien. Voici le quotidien de la maîtresse de Watage qui bichonne tout autant le green space de sa mini-serre que son animal de compagnie.

    Ce recueil rassemble des illustrations et des histoires courtes inspirées de la série d’illustrations Rooms de Senbon Umishima. Il présente des lieux de vie avec leurs habitantes et leurs boules de poils favorites, chiens parfois, chats souvent. La mangaka illumine le quotidien en faisant transparaître tout le bien-être de différents « chez soi ». Umishima se projette dans des appartements imaginaires et représente des espaces de vie au gré des vagabondages de son esprits. Vous y trouverez peut-être celui de vos rêves. Dans des couleurs enveloppantes de fin d’après-midi d’été, les illustrations de l’autrice du Jardin des illusions rappellent comme il fait bon chez soi et contribuent à se confectionner son nid douillet.

    © 2022 Senbon Umishima / PIE International All rights reserved© 2025 Groupe Delcourt pour la présente édition

    Livre d’ambiance entre la bande dessinée et l’art book, Rooms est une sucrerie qui ne fait pas prendre de poids mais un délicieux moment feel good comme on ne prend pas assez souvent le temps de s’octroyer.


    One shot : Rooms Recueil d’illustrations

    Genre : Shojo

    Scénario & Dessins : Senbon Umishima

    Éditeur : Delcourt/Tonkam

    ISBN : 9782413085959

    Nombre de pages : 128

    Prix : 12,99 €


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