La nonne exorciste
« -Voilà, voilà !
-Vous êtes pleine de grâce, Sœur Calvaire 24.
-Le Seigneur soit avec vous. De quoi s’agit-il ?
-Une affaire de niveau 3.
-Y a longtemps qu’on n’avait pas eu de niveau 3 !
-Foncez au cimetière de Niembro. Vous en avez pour une heure en voiture.
-En route, Natas. On a du boulot. »
Au monastère de l’Immaculée Conception de Villaviciosa dans les Asturies, les journées se suivent et se ressemblent pour les sœurs de la congrégation. Du lever à 6h30 au coucher à 22h45, prières, activités et détente alternent à un rythme millimétré d’horloger. Ça, c’est pour la majorité de ces dames, car pour l’une d’entre elles, ça ne se passe pas toujours comme cela. Telle Bruce Wayne en Batman ou Peter Parker en SpiderMan, Sœur Justine a une double vie. Elle n’est pas une super-héroïne, elle est exorciste. Nom de code : Sœur Calvaire. Natas, son Bull Terrier blanc l’accompagne dans ses missions. Aujourd’hui, elle est appelée dans un cimetière du nord de l’Espagne car un démon niche au sous-sol d’un mausolée.

Sur place, elle fait la connaissance de Souleymane Saba, exorciste également, mais musulman. La catholique apprend que leurs religions ont plus de choses en commun qu’elle ne le pense. Pas de temps à perdre, les deux chasseurs de monstres doivent se mettre au travail. Le pouvoir de téléportation de Souleymane va permettre de ne pas faire de grabuge au cimetière. Ils ne seront pas trop de deux, deux et demi avec Natas, pour venir à bout du démon. C’est épuisant. De retour dans sa cellule, la nonne s’interroge sur l’origine de son pouvoir, dans sa foi et sa piété. Il serait temps d’éclaircir tout ça avec le Saint-Siège. Ça tombe bien, son mentor, celui qui l’envoie en mission, va bientôt débarquer au monastère pour s’entretenir avec elle.

Sœur Calvaire est signée par deux auteurs espagnols. Au scénario, on retrouve Raule, bien connu en France pour des séries comme Isabellae, Arthus Trivium ou son one shot avec Berthet et David : L’art de mourir. Il signe ici une comédie dramatique nourrie aux comics américains. Ça défouraille du démon. Un brin d’humour dans les dialogues dédramatise les situations tragiques. Bonus, le scénariste rassemble les religions dans un œcuménisme élargi prouvant que l’union fait la force. Fran Carmona franchit pour la première fois la frontière. Le dessinateur a choisi un format de planche plus allongé que le traditionnel album franco-belge, se rapprochant ainsi du comics. C’est dommage qu’il n’en adopte pas plus le découpage, notamment dans les scènes de combat. Ça aurait été une cohérence mais qui dans tous les cas n’entache pas l’efficacité de son dessin, avec une mise en couleurs de Werner Sanchez.

Sœur Calvaire réunit tous les ingrédients pour devenir une série au long cours. Cet épisode qui se suffit en soi a le goût et la couleur d’un pilote mettant en place un univers et des personnages. Espérons que le succès soit au rendez-vous pour que ça le devienne.
One shot : Sœur Calvaire
Genre : Fantastique
Scénario : Raule
Dessins : Fran Carmona
Couleurs : Werner Sanchez
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
ISBN : 9782382331804
Nombre de pages : 64
Prix : 15,90 €