Les pendules sont remises à l’heure
» -Deux hommes aux avant-postes ! Ouvrez l’œil ! Cette baie me semble parfaite ! Qu’en pensez-vous, Ratcliffe ?
-Un chenal navigable proche du rivage, une vue parfaitement dégagée… Un bel emplacement pour ériger un fort, amiral ! Et à part les moustiques, ce lieu ressemble bien à celui que nous cherchons.
-Alors, faites débarquer les hommes ! Dites-leur qu’on les attend à Jamestown ! »
Juillet 1921. Côtes de Virginie. Le lieutenant Pitt débarque afin de présenter à Pamuik, fils héritier du grand Wahunsenacawhn chef Powahatan et maître des cinq fleuves, le traité stipulant que les deux peuples vivront désormais en paix. Pourtant, avant que les colons n’arrivent, les indiens étaient là, à leur place, dans le grand cercle du monde. C’est quelques années plus tôt, en 1607, que tout a basculé avec l’arrivée des colons. Parmi eux, il y avait John Ratcliffe, qui deviendra gouverneur de la colonie de Jamestown, ainsi que le Capitaine John Smith, qui vivra une histoire d’amour protocolaire avec Pocahontas, fille du chef Powhatan, âgée de seulement treize ans.
Depuis son adaptation par les Studios Disney, tout le monde connaît l’histoire de Pocahontas, ou plutôt, croyait la connaître, car la firme à la souris a largement édulcoré la fin qui dans la réalité fut beaucoup moins rose. Patrick Prugne remet les pendules à l’heure en se rapprochant au plus près de la véritable histoire. Ce n’est pas une guerre à proprement parlé que se livrent indiens contre colons. C’est un conflit latent dont Pocahontas est le pivot ardent. Bien sûr il y aura du sang. Bien sûr, il y aura des morts. Mais c’est une véritable guerre des nerfs qui est dépeinte par un dessinateur au meilleur de sa forme.
La bibliographie de Patrick Prugne, surtout ces dernières années, est cohérente et magnifique. Canoë Bay, Frenchman, Pawnee, Iroquois, Vanikoro et Tomahawk ont précédé Pocahontas qui est donc le septième récit de cette collection de récits autour des indiens d’Amérique du Nord et de la colonisation du continent. Edités chez Daniel Maghen dans une qualité remarquable, ils montrent le talent de peintre de cases qu’est Prugne, qui aurait pu tomber dans la facilité du beau, ses couleurs directes étant sublimes, mais qui, au contraire, jamais ne néglige les scenarii mettant en avant l’émotion et les relations entre des personnages antinomiques.
Pour le dessin animé, les sœurs Native ont interprété la chanson L’air du vent, demandant « Qui peut peindre en mille couleurs l’air du vent ? ». La réponse, on aura mis du temps à la connaître, mais à présent on en est certain : c’est Patrick Prugne.
One shot : Pocahontas
Genre : Histoire
Scénario, Dessins & Couleurs : Patrick Prugne
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741301
Nombre de pages : 96
Prix : 19,50 €