Un final grandiose
« -Que commence la farandole ! Plus d’ombre ! Plus de geôle sombre ! Seulement Fol et son drôle de trône ! »
Loin du pays des sept marches, Bragon et sa troupe font une halte à la chaussée du ponant. Ils se rendent à l’Omégon, un lieu sacré au cœur d’une lande perdue, là où les anciens dieux rendaient justice et où deux d’entre eux ont jugé et condamné le troisième : Ramor. Depuis ce temps, ce dernier est enfermé dans une conque. Pour éviter son retour, les voyageurs vont aller planter là-bas la graine mystérieuse, ce qui permettrait de sauver les contrées d’Akbar. Mais cela a un prix. Et ça, ils ne le savent pas encore… sauf peut-être Mara, qui est enceinte, mais Bragon l’ignore. La route va être longue et le chemin semé d’embûches. Pendant ce temps, les adeptes de Ramor envoient leurs prêcheurs pour convaincre la population d’adhérer à l’ordre du signe, parfois par la violence.

Vingt-six ans ! Vingt-six ans se sont écoulés depuis L’ami Javin, premier tome du cycle Avant la Quête, et celui-ci, L’Omégon, le huitième. Les exigences des scénaristes et la valse des dessinateurs y sont pour beaucoup. Si la qualité graphique n’a eu de cesse d’être au rendez-vous, l’histoire a souvent été poussive, jusqu’au milieu même de ce dernier épisode, faisant la jonction avec la série originelle La quête de l’oiseau du temps. Et puis, comme touchée par la grâce, la magie de la quête opère vers le milieu de l’album. On retrouve enfin la puissance des aventures de Pelisse et du Fourreux. Les frissons démarrent lors de la disparition du petit Sig, se poursuivent avec l’arrivée à l’Omégon et continuent jusqu’à la dernière scène, la dernière planche, la dernière case. On a de nouveau quatorze ans quand on a découvert la Quête. C’est incroyable.

Même si l’histoire aurait pu être réduite de quelques tomes, on ne peut s’empêcher de penser que Régis Loisel et Serge Le Tendre savaient très bien où ils nous emmenaient. Ne vaut-il pas mieux un scénario qui monte doucement vers un final en apothéose plutôt que l’inverse ? Après tout, c’est la méthode Tolkien. La communauté de l’anneau est un livre très lent, qui prend son temps, mais qui prend aussi le temps de la description. Avec la saga de La quête de l’oiseau du temps (le « avant » et le « pendant »), les scénaristes ont construit une œuvre en BD aussi forte que Le seigneur des anneaux en littérature.
Si ce final a une telle dimension, c’est aussi grâce à Vincent Mallié qui revient après avoir dessiné les tomes 3 et 4 (ceci dit David Etien avait exactement le même talent) et aussi grâce à Bruno Tatti qui fait éclater les planches, comme si on se prenait les couleurs en pleine figure dans certaines scènes.

Pardon pour les doutes, bravo pour ce final. C’est ainsi qu’on peut résumer ce cycle d’Avant la quête qui ne donne qu’une envie : celle de relire la Quête à la lumière de ce nouvel éclairage. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série s’il y en a, il vaut mieux commencer par lire La Quête avant son prequel pour en garder toute la surprise, quitte à tout reprendre ensuite dans l’ordre chronologique de l’aventure. Ensuite, devrait venir un cycle« Après la quête », mais ça, c’est une autre histoire. Foi de Fol de Dol !
Série : La quête de l’oiseau du temps : Avant la quête
Tome : 8 – L’Omégon
Genre : Heroic-Fantasy
Scénario : Serge Le Tendre & Régis Loisel
Dessins : Vincent Mallié
Couleurs : Bruno Tatti
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205208429
Nombre de pages : 104
Prix : 19,95 €