La belle et la bête
« -Qu’est-ce que…?! Remets les gaz !
-Remets les gaz ! REMETS LES GAZ !
-Puissance ! Rentre le train ! RENTRE LE TRAIN !!! »
25 octobre 1994, au large de San Diego en Californie. Un Tomcat s’apprête à apponter sur un porte-avions. A ses commandes, Kara Hultgreen, une pilote émérite. On dit parfois que la vie ne tient qu’à un fil… L’entrée d’air du réacteur gauche, déjà pas vaillant, se bouche. Il se coupe net. Est-il encore temps pour remettre les gaz ? Le narrateur de l’histoire est un peu particulier. C’est l’avion lui-même : le Tomcat. Lors de son périlleux appontage, il revoit sa vie défiler devant ses yeux. Tout commence en 1977, à l’usine Grumman de Calverton dans l’Etat de New-York. Son premier nom de baptême était le Victory 207. Il était basé sur le célèbre porte-avions Nimitz. On le voit voler dans les airs. On le voit rivaliser avec le soviétique Mig-25. On le voit éviter des missiles et en envoyer lui-même. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme « killer ». Il pose ensuite ses vingt-sept tonnes d’acier sur le bateau, en visant le câble en acier lui permettant de passer de 230 à 0 km/h en deux secondes. Il lui arrive de s’y reprendre plusieurs fois. Ce n’est pas pour rien qu’il a inspiré Top Gun.

En 1986, au Texas, la jeune Kara Hultgreen a vingt-et-un ans. Elle sort d’un cinéma où elle vient de voir le film avec Tom Cruise. Elle veut être astronaute. Après son diplôme d’ingénieur aéronautique, elle vise pilote dans la Navy. Deux ans plus tard, faisant fi des remarques sexistes, elle est en deuxième année d’école d’officier pilote. Elle rêve d’être pilote de combat sur avion de chasse. Kara avance dans les études, gravit les échelons. Elle approchera de son rêve en 1993, quand sera abrogée la loi interdisant aux femmes les escadrons de combat. Quelques mois plus tard, son rêve, elle le touche. En 1994, elle pilote le Tomcat.

Qui mieux que Romain Hugault pouvait rendre à Kara Hultgreen et au Tomcat l’hommage qu’ils méritaient ? Aidé au scénario par Anastasia Heinzl, il a l’idée géniale de faire du Tomcat le narrateur du récit. Cette histoire est inspirée de faits réels. Il a fallu à Romain beaucoup de courage pour surmonter la disparition de sa mère aux commandes de son avion, une semaine après avoir vu ensemble Top Gun Maverick. On aurait pu dire que la réalité rejoignait la fiction, sauf que fiction il n’y a pas. Comme dans tous les albums de Romain Hugault, les avions paradent dans un ciel somptueux, sauf qu’ici, en plus, ils dessinent des cœurs, parce que c’est une histoire d’amour dédiée aux femmes du ciel. En fin de livre, un cahier supplémentaire signé Eloi Rousseau dévoile tous les secrets du Tomcat.

L’histoire de Kara Hultgreen dans le Tomcat est intense. Transcendée par les dessins sublimes de Romain Hugault, certainement le meilleur dessinateur d’avions du monde, elle ne peut laisser insensible, même ceux qui ne sont pas passionnés d’aviation.
One shot : Tomcat
Genre : Aviation
Scénario : Romain Hugault & Anastasia Heinzl
Dessins & Couleurs : Romain Hugault
Textes cahier supplémentaire : Eloi Rousseau
Éditeur : Paquet
Collection : Cockpit
ISBN : 9782889323883
Nombre de pages : 72
Prix : 17,50 €