
Avenue des CHRONIQUES
- Mes copains, les maths et moipar Laurent Lafourcade
On compte sur vous !
« -La lune se trouve en moyenne à 384 450 km de la Terre. Voyons combien de temps durerait la promenade. Jusqu’où pouvons-nous marcher en une journée ?
-A une marche d’endurance, avec mes parents, on a marché 5 km quatre soirs de suite.
-Et ça a pris environ une heure.
-Très bien. Donc nous parcourons environ 5 km par heure. »
Si l’on construisait un pont de la Terre à la Lune, pourrions-nous faire la route à pied avant d’être vieux ? Si on pleurait en une seule fois toutes les larmes de notre vie, pourrait-on prendre un bain dedans ? Saviez-vous qu’un ballon de foot était constitué d’hexagones blancs et de pentagones noirs ? Fait-on des économies d’eau en faisant pipi sous la douche ? Voici quelques-unes des étonnantes questions auxquelles répond cet ouvrage par le biais des mathématiques, avec des raisonnements on ne peut plus scientifiques.
© Van de Vendel, Smeets, de Goede – Nathan Les enseignants de la classe de CM2 de l’école Le Petit Prince détestent les maths. Enfin, plutôt, ils détestent les livres de maths. Poussiéreux, ennuyeux, ils sont composés de lignes de chiffres courant telles de petites fourmis. Leurs élèves, qui en pensaient la même chose, étaient loin d’imaginer que Justine et Arthur, leur maîtresse et maître avaient cette opinion. Un beau jour, les enseignants proposent une nouvelle approche à leurs élèves. Chaque semaine, l’un d’entre eux va poser une question de calcul, difficile, en lien avec la vraie vie, et dont il a vraiment envie de connaître la réponse. A tour de rôle, tout le monde passera. La semaine suivante, les profs la résoudront en une ou deux leçons qui commenceront par des cours de maths ordinaires qui seront utiles pour répondre à la question concrète posée.
© Van de Vendel, Smeets, de Goede – Nathan Problèmes d’arithmétique, de géométrie, de logique ou de probabilité, l’ensemble des domaines mathématiques est passé au crible. Le livre alterne des séquences littéraires avec des parties BD. Ce sera chaque fois en BD que seront résolues les énigmes mathématiques. C’est un trio néerlandais qui est à l’origine de cet OVNI. Edward Van de Vendel et Ionoca Smeets se sont chargés des textes. Le premier est un auteur reconnu de romans, de poèmes et de chansons. La seconde est une mathématicienne et journaliste scientifique, autrice de BD aussi scientifiques. L’ensemble est illustré et bédessiné par Floor de Goede dans un graphisme dynamique qui donne de la vie aux maths.
© Van de Vendel, Smeets, de Goede – Nathan Mes copains, les maths et moi se lit comme une fiction. Dès la première énigme, on se laisse embarquer par les explications concrètes. Si vous détestez les maths, et même si vous les adorez mais a fortiori si vous ne les aimez pas, ce livre est fait pour vous.
One shot : Mes copains, les maths et moi
Genre : Dédramatisation didactique
Textes : Edward Van de Vendel & Ionica Smeets
Dessins : Floor de Goede
Traduction : Adrien Scharff
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782095021382
Nombre de pages : 288
Prix : 17,95 €
- Le refugepar Laurent Lafourcade
Adopte-moi si tu peux
« -J’ai eu envie de faire cette bande dessinée parce que le sujet me semblait vraiment important, mais aussi pour que les lecteurs se rendent compte du travail effectué par ces associations. »
José Fonollosa n’est pas qu’auteur de bande dessinée. Depuis septembre 2018, tous les samedis, il est bénévole dans une association de protection des animaux de sa ville. Il enfourche son vélo et se rend trois à quatre kilomètres plus loin en périphérie, dans un refuge. Il y est attendu de pied ferme, par ses congénères, par les salariés de l’asso, par les parrains qui viennent promener des chiens, et surtout par ces derniers, tout excités de le voir arriver. C’est parti pour une journée de nettoyage, de soins et d’accompagnement.
© Fonollosa – Rue de l’échiquier Le refuge accueille plus d’une centaine de chiens dans quatre box. Il y a des chiens type berger allemand, type boxer, type chien de chasse, puis les bâtards. Le boulot de José est varié. Ça va du ramassage de crottes au nettoyage des gamelles et des paillasses. Les chiens sont fous de joie de voir leurs parrains arriver. Ça signifie qu’ils vont partir en promenade. Ces personnes sont des bénévoles qui les amènent dans la campagne environnante pour quelques heures de balades. José en sort aussi. La première étape est de réussir à leur passer un harnais. Parfois, on se demande qui promène qui. Il y a également des moments particuliers comme la séance de distribution de médicaments, pour ceux qui en ont besoin, cachés dans des boulettes de fromage.
© Fonollosa – Rue de l’échiquier L’association subsiste grâce aux cotisations et aux dons des bienfaiteurs. Il ne s’agit pas uniquement de s’occuper des animaux, mais aussi de la paperasse administrative, de la comptabilité, de gérer les adoptions, mettre à jour les données des animaux et effectuer des interventions extérieures qui vont du sauvetage d’un chien coincé dans un trou au recueil d’un animal abandonné sciemment parce que son ex-maître sait que le refuge va le récupérer. Dans une dernière partie, l’auteur donne de multiples informations comme les idées reçues sur la stérilisation à qui il tord le cou, ou bien des conseils pour le bien-être des chiens. Concernant le déparasitage, il parle du traitement externe par pipette ou collier, ou bien du traitement interne par pastille à ingérer. Cette dernière méthode est à proscrire. Elle peut causer à plus ou moins long terme des crises d’épilepsie fatales chez l’animal. C’est un empoisonnement du sang pour les parasites, mais c’est comme si vous faisiez boire une lotion anti-poux à vos enfants. C’est bien le seul bémol du livre, mais il faut le noter.
© Fonollosa – Rue de l’échiquier Dans un graphisme dynamique, José Fonollosa atteint son but. Après avoir lu ce refuge, BD-reportage qui se lit avec la même fluidité qu’une fiction, on n’a qu’une envie, soit aller adopter, soit s’investir dans le même type d’association.
One shot : Le refuge
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : José Fonollosa
Traduction : Chloé Marquaire
Éditeur : Rue de l’échiquier
ISBN : 9782374254166
Nombre de pages : 96
Prix : 17,90 €
- CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection Hors-Série 6 – Lucky Luke & Ciepar Laurent Lafourcade
Qui collectionne des figurines plus vite que son ombre ?
« Depuis plus de 20 ans, Lucky Luke m’accompagne. J’ai pu lui offrir une enfance avec Kid Lucky et aujourd’hui, c’est à mon tour d’être le conseiller bienveillant des merveilleux créateurs de figurines et autres statuettes de cet autre univers BD. Découvrez donc dans les pages qui suivent l’étendue de cet univers et comme moi gardez votre âme d’enfance peuplée de cavalcades, d’indiens, de cactus et de croque-morts aussi vrais que les dessins de Morris. » Achdé, septembre 2023.
Après Uderzo, Franquin et Hergé, le CAC3D s’intéresse aux figurines issues de l’univers de Morris, qui se confond avec celui de Lucky Luke. En effet, si ses compatriotes ont tous été aux manettes de plusieurs séries, Morris est l’un des rares à avoir été l’homme d’une seule série. Le succès ne s’est jamais démenti. Avec le renfort de René Goscinny au scénario, Lucky Luke est sur le podium des séries les plus célèbres avec Tintin et Astérix. Il n’en fallait pas moins pour que les créateurs de statuettes et autres produits dérivés s’emparent du destin de ce cow-boy solitaire… Solitaire, pas tant que ça…
© Morris, Mallet – Côte-à-cas éditions Comme d’habitude, pour chacune des figurines, il y a évidemment une photo de l’objet, avec le nom du fabricant, accompagnée de sa licence et de son copyright. A côté, on trouve les informations détaillées : référence, société, sculpteurs, matière, aspect, dimensions, année de production, tirage, certificat d’authenticité, prix d’origine, provenance et, éventuellement, particularité et contenant. Ce CAC3D étant un hors-série, il n’y a pas l’estimation de la côte des objets, ce qui en fait un beau livre intemporel, et c’est pour ça qu’il existe en version brochée et en version cartonnée. Pour ceux à qui ça manque, on retrouve les côtes dans les éditions classiques des CAC3D.
© Morris, Mallet – Côte-à-cas éditions Attardons-nous sur quelques pépites, non pas celles en or des chercheurs acharnés, mais celles proposées par les différents fabricants. Chez Atlas, outre les personnages et les lieux, on trouve de magnifiques scènes en 3D reprenant les couvertures de certains albums, comme si elles prenaient vie en relief. Il en existe pas moins de dix, de Phil Defer à La guérison des Dalton. Leblon Delienne est également au rendez-vous avec un Lucky Luke et son ombre en lampe, des serre-livres, ou encore une résine de 30 cm avec un saute-mouton des quatre malfrats en costumes rayés, repris de la couverture des Dalton s’évadent. Comme souvent, Pixi se taille la part du lion, avec des scènes incroyables comme la diligence lancée à vive allure aux côtés d’un Lucky Luke tirant en arrière. La finesse est poussée jusqu’à ce vautour survolant la scène. Il y a aussi cette vitrine des objets du mythe admirée par Rantanplan.
© Morris, Mallet – Côte-à-cas éditions Les cadors de la figurine sont accompagnés dans le livre par d’autres maisons. Boulesteix réalise des bronzes composites du cow-boy et du chien le plus bête de l’Ouest. Michel Aroutcheff propose une locomotive en bois tandis que Lucky Luke tire sur son sombre sur une plaque bombée chez Coustoon. Enfin, pour boucler la boucle, côte-à-côte ne fait pas que des argus. L’éditeur a publié une résine polychrome de Kid Lucky sculptant un totem. C’est l’une des rares figurines directement inspirée d’un album de Achdé.
Lucky Luke n’a pas fini de chevaucher face au soleil couchant. Les héros sont éternels, mais c’est encore mieux quand on a des figurines pour nous le rappeler. Plus que des ouvrages de référence, les CAC 3D sont aux figurines dérivées ce qu’est le BDM aux albums.
Série : CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection
Tome : Hors Série 6 – Lucky Luke & Cie
Genre : Argus
Auteur : Christian Mallet
Éditeur : Côte-à-cas éditions
ISBN : 9782491066284 / 9782491066314
Nombre de pages : 64
Prix : 39 € (version cartonnée) / 29 € (version brochée)
- Les compagnons de la Libération 9 – Vassieux-en-Vercorspar Laurent Lafourcade
L’empreinte du maquis
« -Pépé, c’est toi, là ? (…) Mais là, qu’est-ce que tu fais, tu es un bandit ?
-C’est vieux tout cela, c’était au temps du maquis.
-Le maquis ?! Tu étais dans la Résistance, alors ?
-C’était en 1944… Tu vois, ça a été à la fois les journées les plus belles de ma vie, et sans doute aussi les plus dures. »
2013, Aurélie vient s’occuper de la maison de son grand-père aujourd’hui disparu, à Vassieux-en-Vercors. Elle se remémore alors lorsque, quinze ans plus tôt, sa mère l’a confiée pour quelques jours à son pépé, pour passer quelques jours de vacances. Le téléphone portable ne passait pas. Il allait falloir s’occuper. Alors qu’elle pensait passer une semaine de galère, Aurélie allait faire un voyage inoubliable dans le temps et dans l’Histoire. Après avoir trouvé une photo de son grand-père une arme à la main, elle lui avait demandé de l’emmener sur les lieux où elle avait été prise. Elle avait trouvé le sujet de son dossier d’Histoire à rendre à la rentrée.
© Le Naour, Plumail, Blanchot – Bamboo A bord d’une 2 CV camionnette, le patriarche amène sa petite fille au Col de la Bataille, à 1313 mètres d’altitude. Il retrouve la ferme qui a abrité un des premiers maquis de France à l’hiver 42-43. En cas de besoin, ils pouvaient se cacher dans la forêt. Lui, a intégré la Résistance à l’été 43, après un long voyage depuis Grenoble jusqu’à la ferme d’Ambel. Avec ses camarades, ils écoutaient les messages codés sur la BBC, puis partaient en mission comme ce jour où ils sont allés récupérer des caisses parachutées par des avions alliés avec des armes, des minutions, des chaussettes,… Il fallait se méfier de tout, et en particulier des miliciens déguisés en randonneurs pour faire des repérages. Papi raconte tout, des combats sanglants jusqu’à la Libération. En même temps, il amène Aurélie sur tous les monuments du souvenir érigés dans la région.
© Le Naour, Plumail, Blanchot – Bamboo Le scénariste Jean-Yves Le Naour met à l’honneur non pas un personnage historique, mais un lieu, le plateau du Vercors, haut lieu de la Résistance, qui a vu défiler quatre mille maquisards. L’occupant ne leur a pas fait de cadeaux. Le lieu est devenu également un terrain de répression impitoyable et sanglante. La « petite » histoire familiale d’Aurélie n’est qu’un prétexte pour habiller le reportage historique d’une émotion particulière, pour lui donner une âme à laquelle on s’attache. Ça fonctionne bien. Au dessin, on retrouve avec plaisir le trait réaliste de Claude Plumail, rappelant les belles heures où il était assistant du grand Julio Ribera. Après Romain Gary et Simone Michel-Lévy, c’est le troisième album de la collection des Compagnons de la Libération qu’il met en images. Un cahier documentaire complète la BD, concrétisant encore plus les lieux et les acteurs du récit.
© Le Naour, Plumail, Blanchot – Bamboo Il n’y aura jamais assez de récits traitant des conflits passés. Les Compagnons de la Libération contribuent au devoir de mémoire avec des histoires relatant des faits et des vies en toute objectivité.
Série : Les compagnons de la Libération
Tome : 9 – Vassieux-en-Vercors
Genre : Histoire
Scénario : Jean-Yves Le Naour
Dessins : Claude Plumail
Couleurs : Fabien Blanchot
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 978281899335
Nombre de pages : 56
Prix : 16,90 €
- Amaury Broyan – Hiver à l’Opéra / L’enfer pour aube 2 – Paris Rougepar Laurent Lafourcade
Morts à la capitale
« -Cet homme-là…
-C’est Pierre Séverin, un des membres actifs de l’ancienne ligue des patriotes, de Paul Déroulède…
-Non, pas lui, l’autre !
-Ah ! C’est l’Inspecteur Broyan. Il a été révoqué il y a quelques mois pour avoir violemment agressé Nicolas Boursault-Choiseul, l’héritier du banquier.
-Je me souviens de ce scandale…
-Il enquêtait sur la mort d’Alexandre de Breucq, mais cela n’a rien donné du t… Je… Ahem ! Le spectacle va commencer, nous devrions regagner nos places… »
Hiver à l’Opéra : Février 1897, Opéra Garnier. Le public s’installe avant que le spectacle ne commence. Ce soir, c’est La damnation de Faust de Berlioz. Dans les spectateurs, il y a l’inspecteur Broyan qui a enquêté il y a quelques mois en Baie-de-Somme sur l’affaire De Breucq. La soirée va rapidement tourner à la tragédie lorsqu’un cadavre va jaillir des combles, survolant la salle dans une giclée de sang. C’est celui du Colonel Tréveaux, chef de la sécurité du président Félix Faure. C’est la panique. Une ombre prend la fuite. Broyan la poursuit et la retrouve dans une salle des quais sur berge. Elle lui propose de revoir l’esprit de sa fille Florine, mais n’est-ce pas un piège ? Entre spiritisme et vengeance, encore une fois, l’inspecteur risque de se trouver mêlé à une enquête qui va empiéter sur sa vie privée.
© Pelaez, Chabert – Bamboo Paris 1871 / Paris 1904. Un peu plus de trente ans après que son père Ronan a fait partie des Communards et a caché un butin de la Banque de France dans une tombe du cimetière du Père Lachaise, Angèle se rappelle de la dernière fois où elle l’a vu heureux, avant que le poison versaillais ne s’instille lentement dans le corps de la Commune, heure par heure, soldat par soldat, canon par canon. Aujourd’hui, la rousse coupe ses cheveux. Ce n’est pas anodin. Le moment de la vengeance a sonné. Angèle veut réhabiliter son père. Face à l’Inspecteur Gosselin, elle va devoir abattre ses cartes, mais peut-on agir correctement lorsqu’on est guidé par la haine ?
© Pelaez, Oger – Soleil Philippe Pelaez met Paris en vitrine dans deux récits poignants où la capitale est clairement la vedette. Hiver à L’Opéra est un polar à la Rouletabille, non seulement par son décor, qui n’est pas sans rappeler Le fantôme de l’Opéra, par le côté mystique, que l’on retrouve aussi chez Gaston Leroux, et par les relations entre les personnages dont les vies privées empiètent sur les enquêtes. Présenté comme un one shot, l’album s’apprécie quand même mieux si on a lu l’enquête précédente Automne en Baie de Somme, résumée cependant en préambule. Souhaitons à Amaury Broyan la même carrière que Joseph Rouletabille, même si ce dernier est reporter…sans houppe. Alexis Chabert est l’Alfonse Mucha du Neuvième Art. Ambiance fin XIXème garantie.
© Pelaez, Chabert – Bamboo Ce n’est pas à l’Opéra mais au Père Lachaise et au Sacré-Cœur que Pelaez nous invite dans la seconde partie de L’enfer pour Aube. L’album est clairement scindé en deux parties. L’histoire d’Angèle succède à celle de Ronan. Le récit aurait gagné en efficacité si elles avaient été plus imbriquées, quitte à user de flashbacks. Ça aurait permis à ce final d’être aussi fort que Paris Apache. Au final, la vengeance d’Angèle semble trop rapide. Il n’en reste pas moins qu’une certaine puissance se dégage de cet « enfer », grâce notamment au graphisme et au ton donnés par un Tiburce Oger au sommet de son art. Le dessinateur a annoncé que c’était son dernier album en tant que dessinateur avant longtemps. On le déplore déjà, mais voilà un prétexte supplémentaire pour le savourer d’autant mieux.
© Pelaez, Oger – Soleil Un Opéra où la Mort est en représentation. Un cimetière théâtre d’un mystère près du mur des Fédérés. Ce n’est pas pour rien si lorsqu’on cite Paris les traces de son Histoire remontent de l’ombre à la lumière. Plus qu’un décor, la ville est un personnage de ces deux albums signés au scénario par un Philippe Pelaez brillant.
Série : Amaury Broyan
Tome : 2 – Hiver à l’Opéra
Genre : Polar
Scénario : Philippe Pelaez
Dessins & Couleurs : Alexis Chabert
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9782818996935
Nombre de pages : 80
Prix : 17,90 €
Série : L’enfer pour aube
Tome : 2 – Paris Rouge
Genre : Polar
Scénario : Philippe Pelaez
Dessins & Couleurs : Tiburce Oger
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302094215
Nombre de pages : 68
Prix : 15,95 €
- UCC Dolores 5 – Les sables de Tishala par Laurent Lafourcade
Mad Mony
« -Impressionnant ! Tu es vraiment à la hauteur de ta réputation.
-Joli jouet, mais il tire trop sur la droite… de trois degrés. Je suppose que j’ai réussi votre test. Je viens, mais avec mon matériel.
-Ha ! Ha ! S’il n’y a que ça !… Mes chiens, je vous annonce que nous aurons parmi nous la redoutable Main-Rouge.
-Joli tir !
-Ouais, et jolie chienne ! »
Mais pourquoi donc Mony cherche-t-elle à intégrer un groupe de mercenaires sauvages ? Les mercenaires de Centauri, les sans-visages d’Estellos, les frères Slouguy de Bastanar et les écorcheurs de Passoriio font tous partie de ces chasseurs. Un million de dolbards, c’est ce que propose à Mony le chef du groupe, le capitaine Sharkis. Mony a besoin d’argent pour réparer son vaisseau l’UCC Dolores et ainsi quitter cette planète toxique. Sa fille Lune est malade. Elle est sous respirateur. Ses poumons sont rongés par la pollution. Ils ne vont pas pouvoir rester longtemps ici. Ce serait fatal pour la petite.
© Tarquin, Tarquin – Glénat Ça fait cinq ans que Mony et ses camarades d’infortune sont bloqués sur Tishala. Tuco pense que Mony s’embarque dans un contrat bien dangereux. Il lui installe dans son bras bionique un flasheur qui lui permettra de se défendre. Shaël lui promet qu’il prendra soin de Lune s’il lui arrive malheur. C’est parti pour une expédition au-delà des territoires interdits afin d’affronter les racleurs de carcasses, la tribu des invisibles. Ce que la guerrière farouche ne sait pas encore c’est que Sharkis a les moyens de la garder dans son giron, coûte que coûte.
© Tarquin, Tarquin – Glénat Avec un bond dans le temps de plusieurs années, la saga de l’UCC Dolores prend une nouvelle tournure. Décidément, les Tarquin ne ménagent pas leur héroïne dans un monde où le lecteur avisé décèlera de nombreux clins d’œil à la culture geek des années 80. On a déjà parlé du côté Cosmocat de Shaël. On est clairement dans un décor à la Mad max. Le bras de Mony n’est pas sans rappeler sous une autre forme celui d’un certain Cobra. Quant à Sharkis et son double visage, c’est un hommage avéré au commandant du camp de la Lune Noire des forces de Vega, un certain Minos dans Goldorak. Les références s’arrêtent là. C’est déjà pas mal. Le monde d’UCC Dolores a sa propre structure, ses propres codes, plus proches de ceux de Ken le survivant que des mangas déjà cités.
© Tarquin, Tarquin – Glénat Excellente série de SF, UCC Dolores est en passe de devenir une saga culte des années 2020.
Série : UCC Dolores
Tome : 5 – Les sables de Tishala
Genre : Space-Opera
Scénario, Dessins & Couleurs : Didier Tarquin & Lyse Tarquin
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344055731
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €
- Réseau boulot dodo 2par Laurent Lafourcade
Y’a qu’à liker !
« -Tu fais quoi ?
-Je me filme en train de peler des patates ! Il y a une communauté de dingue autour des vidéos de pelage de patates !
-Ah bon ?!
-Mais oui ! Des gens font des millions de vues avec ça ! Ça passionne la toile ! Ça enflamme les réseaux ! »
Il paraîtrait que se filmer en pelant des patates enflamme les réseaux sociaux. Si c’est vraiment vrai, il y a plus d’un gogo qui va s’y laisser prendre. N’y aurait-il pas une arnaque quelque part ? Toujours est-il que le web a envahi nos vies. Ce n’est plus Métro Boulot Dodo, mais Métro Réseau Dodo. Tant et si bien que la nature, certains la découvrent dans un monde virtuel. Ça risque de leur faire un choc. Mais le numérique n’a pas que des côtés néfastes. On peut y trouver de multiples informations, comme par exemple que faire si un voyant clignote dans une centrale nucléaire. Par contre, quand on reçoit un mail pour aider une riche veuve malade au Gabon, il vaut mieux se méfier de l’outil.
© Erre, Greff – Fluide glacial Télétravail, reconnaissance faciale et pas-que, pollution par les ondes, tous les sujets passent au crible de Fabrice Erre. Et ça risque d’en énerver certains, comme ce boucher qui fait fuir ses clients et qui ne compte pas faire de l’image retouchée. Il reste (heureusement ?) quelques rebelles au numérique, même s’ils ont dû évoluer avec leur temps. Le téléphone à cadran rotatif se voit agrémenté d’émoticônes. Les adeptes des bonnes vieilles soirées diapos sur écran portatif likent chaque image avec…leurs vrais pouces. C’est merveilleux ! Et pour ceux qui voudraient vraiment une déconnexion totale, il reste le rami… Encore ?… Bon, ben, un trivial pursuit… Pfff !…
© Erre, Greff – Fluide glacial Pour présenter sa série, Fabrice Erre la définit comme une entreprise scientifique cherchant à déterminer comment l’être humain est passé au stade de mammifère connecté, tout en étant resté rustre et brusque. Ses recherches sont financées par la Fluide Glacial Inc, entreprise phare de la Silicon Valley française sise métro République. Danseuse étoile ou skateur, Erre est allé à la rencontre de ces témoins du siècle où Instagram a révolutionné les repères esthétiques. Heureusement, il reste une espèce protégée : le lecteur, qui garde un rapport au papier comme une sorte d’antidote. Pour en savoir plus, un grand reportage sur le sujet est disponible sur le site YouTube de Fluide Glacial.
© Erre, Greff – Fluide glacial Alors, pour tous ceux qui veulent regarder des images sans cliquer dessus pour les liker et tourner des pages sans les scroller, prenez ce qui s’appelle un livre, et en particulier celui qui s’appelle Réseau Boulot Dodo. Déjà deux tomes disponibles !
https://youtu.be/yvacWRDyRko?si=qTfASO2wbOwZOcTmhttps://youtu.be/l0v6D9eDnO8?si=bRDDVy6P_Wrnxeo_Série : Réseau boulot dodo
Tome : 2
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Fabrice Erre
Couleurs : Sandrine Greff
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038205314
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
- Distress 2par Laurent Lafourcade
L’heure de vérité
« -Dis… Tu m’as jamais parlé des raisons qui t’ont poussé à venir ici, au Québec…
-Ben, vas-y, pose-la, ta question.
-Qu’est-ce que t’es venu foutre ici ?
-C’est… c’est pas la première fois que je viens à Montréal. »
A Montréal pour des études de journalisme, Lenny a fait la rencontre d’Anoki, un jeune algonquin, étudiant dans la même filière que lui. Ils mènent l’enquête, enfin surtout Lenny, sur un monstre qui hanterait la ville, un Wendigo. Ce que l’on sait, mais Lenny pas encore, c’est que le Wendigo et Anoki ne font qu’un. Pour le moment, c’est lui, Lenny, qui fait des révélations à son camarade. Ce n’est pas la première fois qu’il vient à Montréal. C’est ici même qu’il a perdu sa jambe il y a deux ans, alors qu’il faisait partie de la sélection U17 de volley et était qualifié pour les championnats du monde. Lors d’une promenade en soirée, juste avant les huitièmes de finale, il a vu un être monstrueux qui s’est enfui et lui est tombé dessus, causant son handicap.
© Toth-M – Dupuis Vega KFactory Les révélations de Lenny vont chambouler Anoki. Leur relation va alors prendre une toute autre tournure. On va également apprendre dans cet épisode qu’Anoki n’agit pas en tant que Wendigo en toute liberté. Il est victime d’un chantage dont il lui est bien complexe de s’extirper. Entre secrets et non-dits, la vie canadienne est pleine de mystères. Et lorsque l’on va apprendre dans un twist final que d’autres personnes cachent quelque chose, on se dit qu’on n’est pas au bout de nos surprises. Une première saison se clôt avec le vingt-quatrième chapitre de ce deuxième tome, mais la richesse de l’univers permet de nombreux angles de développement.
© Toth-M – Dupuis Vega KFactory Si Distress pourrait se ranger dans la catégorie boy’s love, c’est avant-tout un thriller fantastique multigenres où le suspens côtoie l’émotion. Toth-M y mêle de la culture locale fantastique avec un discours sur l’amitié, l’amour, le genre, le handicap. L’auteur ne fait pas dans le voyeurisme et ne s’attarde jamais sur des choses que d’aucuns pourraient trouver dérangeantes. Que ce soit dans l’action ou dans les sentiments, Toth-M avance tout en délicatesse, à pas de loup, même s’il est un peu garou. (garou-Garou, on reste de l’autre côté de l’Atlantique). A l’origine, Distress est un webtoon. La transformation en album est une réussite. Le graphisme numérique garde son côté « toon » dans le passage papier.
© Toth-M – Dupuis Vega KFactory Distress traite sur le fond du passage de l’adolescence à l’âge adulte, l’heure des doutes, l’heure des choix, l’heure où chaque action que l’on fait ou que l’on subit à des conséquences sur tout le reste de notre vie. Pour les impatients qui voudraient déjà se pencher sur la suite, rendez-vous sur Webtoon factory.
Série : Distress
Tome : 2
Genre : Thriller émotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Toth-M
Éditeur : Dupuis
Collection : K Factory
ISBN : 9782808504362
Nombre de pages : 224
Prix : 15 €
- Mofusand – Le petit guide des chats baroudeurspar Laurent Lafourcade
Kawaïssime
« -Et si on partait en voyage ? Mais où aller ? Et que faire sur place ? Il est temps de prendre des vacances, et voyager un peu ! »
Des petits chats désireux de prendre l’air décident de partir en voyage. Quelques recherches sur internet, histoire de trouver les meilleurs spots, et il n’y a plus qu’à faire les valises : doudous, friandises et objets précieux, ça va être vite fait ! Côté visite, on va commencer par visiter un aquarium. Côté loisirs, le parc d’attractions à de quoi occuper un bon moment les félins voyageurs. Bivouac dans la nature et promenade à vélo, vive les vacances ! Les chatons vont rencontrer leurs homologues locaux et se délecter des spécialités emblématiques du terroir. Puis, avant d’acheter les souvenirs, quoi de mieux qu’un peu de détente en prenant soin de soi.
© Mofusand 2022
© Juno – Soleil MangaNi bande dessinée ni livre d’illustrations mais tout ça à la fois, ce Mini guide des chats baroudeurs est une succession d’images, brièvement commentées, qui forment une histoire, un récit de voyage, de baroud, dans lequel un groupe de chatons va bien s’amuser, et nous aussi grâce à la tendresse absorbante de ces bestioles si mignonnes. On ne peut pas être plus dans le feel good. Comment ne pas être conquis par ce chaton devant son ordinateur avec un casque sur les oreilles ? Comment ne pas craquer lorsqu’ils se mettent des chapeaux en forme de poissons ou que l’un d’eux tient la main d’un dauphin ? Et quand ils se font servir à goûter dans le café des poussins pingouins, on se croirait dans Mary Poppins. Quand ils sont sur leurs vélos, face au vent, on a envie de les pousser pour les aider. Chaque scène est encore plus adorable que la précédente.
© Mofusand 2022
© Juno – Soleil MangaLa dessinatrice Juno nous prend au piège. Mais quel doux piège ! Ce petit livre est envoûtant. C’est une parenthèse hors du temps. Rien ne nous choque. Il est tellement naturel de voir un chat réserver des billets, un autre manger une glace ou encore un autre faire du ski nautique. Les chats de Juno sont un véritable phénomène de société au Japon. Ils envahissent le pays, des salles de jeux aux cafés. On les retrouve sous forme de matériel promotionnel ou publicitaire, en peluche et sous toutes formes de goodies. Impossible d’y échapper. Ce sont des stars d’Instagram, ou plutôt de Mofustagram.
© Mofusand 2022
© Juno – Soleil MangaPour quitter la grisaille météorologique et les conflits du monde, il est nécessaire d’avoir des dérivatifs permettant de se faire une bulle. Les chats si Kawaï de Juno sont un remède à la morosité et une invitation aux calinous.
Série : Mofusand
Tome : Le petit guide des chats baroudeurs
Genre : Mignonnerie
Scénario & Dessins : Juno
Éditeur : Soleil Manga
Collection : Pets
ISBN : 9782302102101
Nombre de pages : 104
Prix : 9,99 €
- Ana Ana 22 – Joyeux Noël !par Laurent Lafourcade
Un drôle de sapin
« -Qui a mis deux boules blanches sur le sapin ? On dirait des yeux !… Oubliez ce que j’ai dit ! Quelqu’un les a déjà retirées !… Mais ?!? C’est impossible ! Il n’y a que moi, ici ! »
C’est bientôt Noël ! Dans la ville, tout le monde s’affaire pour les préparatifs. Parmi les impatients à fêter l’événement, il y a bien évidemment Ana Ana et ses doudoux. Ils viennent d’ailleurs d’acheter un sapin. De retour à la maison, alors que certains le décorent, Grizzou joue au piano le doux air « Vive le vent ! ». Ensuite, rendez-vous en cuisine pour préparer le dîner de Noël. C’est à ce moment-là que Touffe de poils a l’ingénieuse idée de rajouter sur le sapin, comme une guirlande, l’épluchure d’orange qu’il vient de peler. Mais en l’accrochant, catastrophe ! Le décorateur chute sur le sapin qui se casse au sol. Comment faire pour que personne ne s’en aperçoive ?
© Roques, Dormal – Dargaud Traditionnellement, et même biologiquement, le sapin est un conifère à feuilles persistantes. On verra que ce n’est pas toujours vrai. Ça peut ressembler également à une touffe… de poils. La coutume du sapin décoré à Noël date du XVème siècle dans des pays nordiques. Il faudra attendre le XIXème pour voir la tradition arriver en Allemagne, puis à la cour de France en 1837, avant de gagner l’Angleterre, puis les Etats-Unis, profitant de vagues migratoires. On le décore de boules et de guirlandes. On l’orne d’une étoile à son sommet. Bref, tout se passe bien quand on n’a pas à la maison un doudou intrépide qui risquerait de le massacrer.
© Roques, Dormal – Dargaud Décidément, Touffe de poils est en train de devenir une vedette. C’est certainement le personnage le plus drôle de la série. Il est en train de surclasser sa propriétaire et renvoie en seconde ligne tous ses petits camarades de jeu. Son rôle comique malgré lui lui va à ravir. Nathalie Roques en fait un Auguste maladroit à mourir de rire. Au-delà de ses actions, il suffit de le voir s’animer sous le crayon d’Alexis Dormal pour avoir déjà le sourire au bord des lèvres. Il est de ces personnages merveilleux enchantant ses lecteurs pour toutes les années futures de leurs vies de grand, s’ils ne le sont pas déjà. Il s’agirait à présent de proposer des véritables doudous des doudous d’Ana Ana. Touffe de poils arriverait sans conteste en tête des ventes.
© Roques, Dormal – Dargaud En plus de vingt albums, Ana Ana et ses doudoux n’avaient encore jamais fêté Noël. C’est réparé. Chaque lecture d’un album d’Ana Ana est aussi douce que le plus doux des doudous. Vive vive Ana Ana !
Série : Ana Ana
Tome : 22 – Joyeux Noël !
Genre : Petit bonheur poétique
Scénario : Dominique Roques
Dessins & Couleurs : Alexis Dormal
Éditeur : Dargaud Jeunesse
ISBN : 9782205203141
Nombre de pages : 32
Prix : 7,95 €
- La théorie du K.O. 1 – Bienvenue à Bajarapar Laurent Lafourcade
Uppercut sur pandémie
« -La soirée n’est pas terminée mes amis ! Qui sera assez courageux ou assez fou pour être le prochain adversaire de notre champion ? Je vous rappelle qu’il y a toujours 10.000 crédits en jeu !
-Y a vraiment que des mauviettes ici ! Ha ha ha !
-Alors, messieurs, personne pour relever le défi ? Est-ce que nous en resterons là ce soir ?
-Moi. Je relève le défi. »
A l’origine, la ville de Bajara n’était qu’un petit port de pêche en marge des grandes zones industrielles. Après la scission en deux du pays, son emplacement isolé en zone neutre est devenu un atout majeur. La cité s’est développée et est devenue une zone passerelle de commerce et d’échanges. L’une des activités devenues très populaire à Bajara est les compétitions de combats libres. L’arène de Bajara, la cage, permet à n’importe qui d’y entrer pour affronter un combattant afin de remporter une belle prime. Aujourd’hui, Hammer est dans l’octogone. Quel challenger relèvera le gant ? C’est une jeune femme. Elle s’appelle Beck. Elle a dix-huit ans, enfin, elle croit…
© Reynès – Vega Dupuis Dans un monde futuriste, Beck est orpheline. Ses parents sont morts pendant une grande pandémie alors qu’elle n’avait que deux ans. Un certain Kal s’est occupé d’elle. Isolés sur une île, il lui a appris à lire, à cultiver le sol, à filtrer l’eau de la pluie, à pêcher, bref, à savoir faire tout ce qu’il fallait pour survivre en autonomie. Il lui a appris les arts martiaux, renforçant son corps et son mental. Il s’absentait deux ou trois fois par an et revenait en général au bout de deux jours avec des nouveaux livres, racontant le monde réel. Jusqu’à la fois où il n’est jamais revenu. Depuis, elle le recherche obstinément, gagnant sa pitance en remportant des combats d’arts martiaux.
© Reynès – Vega Dupuis Après le succès Harmony, Mathieu Reynès est de retour dans un format manga ou presque. La théorie du K.O. est un titre jeu de mots entre le Knock-out du combat sportif et le C.H.A.O.S, acronyme d’un groupe d’activistes dénonçant un immense scandale pharmaceutique et politique. Cette théorie n’est pas qu’un manga de sport. C’est un thriller politico-financier post-Covid. L’histoire commence par l’enlèvement du professeur Edson Drake, généticien de renommée internationale et directeur de recherche chez Sigmacorp. Par l’intermédiaire de ses personnages, l’auteur pose la question de l’origine de certains virus que les majors aident à soigner si efficacement. L’argent engendré par le marché des traitements anti-virus représente des sommes astronomiques. Y aurait-il une théorie, non pas du K.O. ou chaos, mais du complot ?
© Reynès – Vega Dupuis Un site dédié accompagne l’univers créé par Mathieu Reynès. Sur https://www.theorieduko.com, on peut lire chaque chapitre pour un euro, en lecture en ligne ou en pdf. La rubrique shop propose illustrations et goodies, ainsi qu’un lien vers un site de vêtements éco-responsables floqués aux designs de la série.
© Reynès – Vega Dupuis La théorie du K.O. est un uppercut. Reynès ne laisse aucun temps mort, mêlant la petite histoire de Beck avec la grande histoire d’un scandale mondial. Nul doute que les deux vont être reliées. En noir et blanc et dans un format à peine plus grand qu’un manga ordinaire, on se demande pourquoi le sens de lecture est à l’européenne. Il va falloir que les libraires sachent le vendre pour rallier plusieurs types de publics et qu’il n’y ait pas de problème de cible. A ce moment-là, quitte à avoir le cul entre deux chaises, le modèle Comics aurait peut-être été le plus approprié. Il n’en reste pas moins que le récit est haletant, un vrai page-turner comme il n’y en a pas tant que ça. Reynès n’aurait-il pas inventé ni plus ni moins qu’un nouveau format ?
Série : La théorie du K.O.
Tome : 1 – Bienvenue à Bajara
Genre : Thriller
Scénario & Dessins : Mathieu Reynès
Éditeur : Vega Dupuis
ISBN : 9782379503375
Nombre de pages : 200
Prix : 12,50 €
- La patrouille du Faucon 3 – Rapt à Versaillespar Laurent Lafourcade
Les scouts au château
« -Devant vous, le château de Versailles. Nous n’allons pas entrer par ici. Il faut partir à droite.
-On visitera le château ?
-Je crois que c’est prévu.
-Voici l’entrée des artistes, par la grille de la Reine. Nous allons être très nombreux, alors restez bien groupés. »
Léo et ses camarades scouts de la patrouille du Faucon arrivent au château de Versailles. A la base modeste pavillon de chasse de Louis XIII, c’est son fils Louis XIV qui investira les lieux en 1682 après que l’architecte Jules Hardouinn-Mansart lui en donne l’aspect que nous connaissons aujourd’hui. Diverses congrégations de scouts s’y retrouvent à présent dans ses jardins. Les chefs de patrouille organisent le montage des tentes. Pendant l’installation, Charlie découvre l’histoire du scoutisme. A part Baden Powell, il ignorait la suite de l’histoire du mouvement. Il apprend ce qui s’est passé depuis la création des scouts de France en 1921 par le père Jacques Sevin, et notamment comment le scoutisme a traversé la seconde guerre mondiale. Le rassemblement de Versailles a pour but de faire vivre la fraternité scoute malgré les différences des diverses branches.
© Vivier, Gleyse, Costes – Plein vent Tout ne va pas se passer comme prévu. Jean-Gabriel, jeune scout de France, fils de l’ambassadeur d’un pays africain, fait partie du regroupement. Son père a pas mal d’ennemis dans son pays. Là-bas, Jean-Gabriel n’avait pas trop le droit de sortir de chez lui. Depuis que le papa a été nommé en France, l’ambiance était nettement plus détendue. C’est pour cela qu’il a inscrit son fils aux scouts, comme lui-même l’avait été pendant plusieurs années dans sa jeunesse. Mais quand on parle de détente, c’était avant que Jean-Gabriel ne soit enlevé pendant le feu d’artifice. Les ennemis de son père ont passé les frontières. Les ravisseurs réussiront-ils leur coup ?
© Vivier, Gleyse, Costes – Plein vent Romuald Gleyse et Jean-François Vivier poursuivent les aventures de La patrouille du Faucon, avec un côté historique et didactique assumé. En s’installant avec les scouts pour leur rencontre, on en apprend plus sur la création et l’évolution du mouvement. Comme pour l’épisode précédent, on regrette un peu que le côté aventureux succède à cette première partie, plutôt que d’y être imbriqué. On voudrait que les prochaines aventures de nos scouts entrent plus rapidement dans le vif du sujet. Ça devrait pouvoir se faire à moment donné par la force des choses une fois que tout aura été dit sur l’histoire des scouts.
© Vivier, Gleyse, Costes – Plein vent La série pourrait paraître old school. Pas du tout. Dans une ligne claire réaliste, les auteurs expliquent simplement qu’il y a une vie pour les loisirs en dehors des écrans et de toute technologie superflue. De nos jours, ça fait du bien.
Série : La patrouille du Faucon
Tome : 3 – Rapt à Versailles
Genre : Aventure scoute
Scénario : Jean-François Vivier
Dessins : Romuald Gleyse
Couleurs : Joël Costes
Éditeur : Plein vent
ISBN : 9782492547911
Nombre de pages : 48
Prix : 15,90 €
- Rebuild the world 005 & 006par Laurent Lafourcade
Crocodile, scorpions & décision
« -Bon, passons à l’entraînement. Tu vas explorer cette zone par toi-même, à l’aide de ton collecteur de données.
-Moi, je veux bien, mais j’ai aucune idée de comment on s’en sert…
-Je vais t’afficher le mode d’emploi et tu vas mettre à profit ton apprentissage de la lecture et de l’écriture. Lis-le, et essaie de te débrouiller.
-Ça marche ! De toute façon, les monstres du coin ne sont pas dangereux. C’est parti ! »
C’est parti pour Akira. En exploration dans les ruines de la zone résidentielle de Kugamayama, le jeune chasseur de reliques ne se doute pas qu’il n’y a pas de monstres qui ne soit pas dangereux. Il faut rester sur le qui-vive. Alpha, son ange gardien virtuelle, l’accompagne afin qu’il apprenne à se servir de son collecteur de données, et collecter des reliques au passage. Elena et Sarah, la brune et la blonde, l’augmentée nanomachinique physique et l’humaine, sont également sur place. On leur a proposé d’assister des chasseurs dans leur entraînement. Un autre groupe arrive également sur les lieux, dont les membres cherchent à devenir des chasseurs accomplis.
© Kirihito Ayamura 2021
© Nahuse 2021
© 2023, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseEn explorant une ruine, Akira découvre une nouvelle forme de réalité augmentée en la personne d’une servante. Seuls les archéoconnectés sont capables de les capter. Akira en est donc un. Il va devoir s’en protéger sous peine de mourir à l’instant où il la verrait. Ça, il pourra le faire grâce à Alpha, qui relaiera les données et filtrera les informations auxquelles Akira pourra accéder. Plus loin, c’est un crocodile vorace que le chasseur aperçoit. C’est un véritable danger imprévu. Allié aux autres traqueurs, Akira tente de l’abattre, sauf que voilà, le bougre se régénère au fur et à mesure qu’il est atteint. Comment vaincre cette créature ? D’où vient cette servante virtuelle ? Akira vit dans un monde qu’il apprend à maîtriser mais qui lui cache encore bien des mystères. Il va bientôt devoir faire un choix : soit faire partie de l’équipe d’extermination, soit de celle d’exploration. Choisira-t-il la raison ou l’impulsion ?
© Kirihito Ayamura 2021
© Nahuse 2021
© 2023, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseRebuild the world n’est pas qu’un manga de castagne. S’il y a un côté Mad Max ou Starship Troopers avec des bestioles à abattre comme une horde de scorpions géants, Kirihito Ayamura, se basant sur le roman d’origine de Nahuse, multiplie les personnages féminins. On a déjà parlé amplement de Alpha, Sarah et Elena lors de précédentes chroniques. On retrouve Shizuka dans sa boutique et Cheryl dans une fonction anormalement basique. Ici, toutes les nouvelles venues ou presque sont des filles. Il y a la fameuse servante, mais aussi et surtout cette jeune elfe évanescente qui semble diriger les tirs d’Akira. On découvrira aussi Mizha, qui supervise une guilde de chasseurs et Reina, chasseuse de rang 23 et à l’autorité bien assise.
© Kirihito Ayamura 2021
© Nahuse 2021
© 2023, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseQui a dit que les garçons dominaient les mangas post-apocalyptiques ? Rebuild the world fait la part belle aux femmes, leur donnant des rôles cruciaux. Et si on tenait là le premier manga d’action féministe dans lequel c’est aux hommes de se trouver une place ? Dans la peau d’Akira, le lecteur mâle se pose la question.
Série : Rebuild the world
Tomes : 5 & 6
Genre : Shonen Survival
Roman d’origine : Nahuse
Dessins : Kirihito Ayamura
Design des personnages : Gin
Design de l’univers : Yish
Design des machines : Cell
Éditeur : Vega Dupuis
ISBN : 9782379502170 / 9782379502699
Nombre de pages : 178
Prix : 8 €
- Super Pixel Boy 2 – C’est le plus beau jour de ma vie par Laurent Lafourcade
Love and games
« -Donc, si je résume, Elo t’écrit pendant tout l’été des cartes hyper gentilles.
-C’est ça.
-Toi, tu réponds jamais, tu passes ton été à jouer…
-C’est ça.
-Et à la rentrée, tu t’étonnes qu’elle te calcule pas et quand elle t’explique, tu sais pas quoi dire.
-C’est ça. »
1989, Super Pixel Boy a des problèmes de couple, ou plutôt des problèmes de futur couple. Lui, aussi, il s’étonne. Alors qu’Elodie lui a écrit tout l’été, il n’a pas daigné répondre, préférant jouer, geeker, quoi. Isabelle, son ex qu’il connaît depuis la maternelle, le remet à sa place. C’est hyper simple. Il n’est qu’un gros débilosse. Il veut la reconquérir. C’est pourtant bien simple. C’est comme dans PacMan. Quand les fantômes s’intéressent à lui, il fuit. Dès qu’il gobe une Pac Gomme, il les poursuit. Il va donc falloir attirer l’attention d’Elo. La rendre jalouse serait la solution… ou pas.
© Mirroir, Clément – Delcourt En cette fin d’années 80, le jeune Pixel est déchiré entre ses amours et ses jeux vidéos. Déchiré, enfin, le mot est fort. Le môme a choisi son camp. C’est un geek de base. Le game dirige sa vie. Chez lui ou en vacances, c’est la même musique : il faut tâter du joystick. A Calpe, Costa Blanca, on apprend avec lui la technique du pigeon. On s’agglutine auprès d’un joueur dans un bar, et, sans faire exprès, oh, mince, une chute, on tombe sur le bouton « 2 players ». De quoi se perfectionner à Golden Axe. A Orthez, chez la voisine des grands-parents, Altered Beast est au programme grâce à Jean-Miche, the lover, qui a ramené un jeu oublié chez lui par son neveu. Au Taillan-Médoc, Pixel joue à domicile et découvre Mega Man 2 que lui amène son pote Jérôme, bien plus préoccupé de savoir si c’est vrai que Pixel sort avec Elodie.
© Mirroir, Clément – Delcourt Pixel Boy, c’est avant tout Loïc Clément lui-même, mais c’est un peu aussi tous les lecteurs qui à quelques années près ont le même âge que lui et qui ont connu cette époque bénie où les video games envahissaient nos vies, au point de faire passer tout le reste au second plan, même et surtout les amours. Mais peut-être n’étaient-on pas prêt pour ça, tout simplement. Dans ce deuxième tome, on grandit avec Pixel, on entre au collège, et on se demande quand même si d’autres centres d’intérêts ne viendraient pas toquer à nos cœurs. Boris Mirroir met en images cette vie, apparemment également parallèle à la sienne. On le découvre dans les portraits pop culture des auteurs en fin d’album.
© Mirroir, Clément – Delcourt Super Pixel Boy est l’histoire d’une vie, mais aussi l’histoire du jeu vidéo, comment il a pénétré dans les foyers et dans nos cœurs. Tendre, drôle et émouvant, on a envie de glisser l’album dans une console à la manière d’une cartouche de jeu.
Série : Super Pixel Boy
Titre : 2 – C’est le plus beau jour de ma vie
Genre : Humour
Scénario : Loïc Clément
Dessins & Couleurs : Boris Mirroir
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413047773
Nombre de pages : 104
Prix : 19,99 €
- Tokyo Aliens 5par Laurent Lafourcade
La ville qui ne dort jamais
« -Qu’est-ce que tu comptes faire au sujet d’Akira ?
-Continuer à le surveiller. L’autre jour, j’ai échoué lamentablement et j’ai l’impression que tu n’as pas apprécié ma façon de procéder.
-Je comprends ta logique mais tes méthodes sont toujours…
-Rien ne t’oblige à essayer de me comprendre… Si tu n’es pas d’accord, tu n’as qu’à m’éliminer. Tu en as parfaitement le droit !
-Je sais… Je ne te pardonnerai jamais ! »
Le torchon brûle entre Reiji et Natsuki. Lors d’un combat, Reiji a volontairement écarté Sho pour mettre Akira en danger. Il pensait que l’extraterrestre qui se cache à l’intérieur d’Akira ferait son apparition en cas de danger. Tout s’est bien terminé, mais en attendant, c’est Natsuki qui a dû ramasser les pots cassés et tenté de brouiller les pistes face à Akira. Natsuki reproche à Reiji de ne pas réfléchir en tant que chef de la brigade d’intervention spéciale de la branche du Kanto de l’AMO, l’Alien Management Organization. Reiji ne compte pas changer ses méthodes de travail. Ce que tout le monde ignore, c’est qu’il a tué le père d’Akira, l’homme qui a sauvé Sho et sa sœur d’Hakugin, il y a neuf ans.
© 2021 Naoe / Square Enic Co., ltd
© KANA 2023Justement, parlons-en d’Akira. A présent, il est envoyé en mission avec Sho par Reiji et Natsuki. Ils vont devoir filer un extra-terrestre. Il se fait appeler Tetsuya Higashino, a l’aspect d’un homme de trente-cinq ans et est sur Terre depuis cinq ans. Il travaille en ce moment comme ouvrier dans une usine et est soupçonné d’avoir tué deux humains : une femme et son fils de sept ans. Il les a agressés, démembrés, a essayé de se débarrasser des corps dans les toilettes mais les a abandonnés sur place après avoir été interrompu. Les victimes étaient proches de leur bourreau. Ils avaient l’air unis. Est-il vraiment le coupable ? C’est ce qu’il va falloir déterminer.
© 2021 Naoe / Square Enic Co., ltd
© KANA 2023Après l’épisode précédent flirtant avec le Shojo, Tokyo Aliens rebascule complètement vers le Shonen, même si à la lecture de cette chronique on croirait avoir à faire à un Seinen. La série de Naoe ratisse large. On pourrait lui reprocher parfois de passer du coq à l’âne, introduisant encore de nouveaux personnages avant qu’une énigme ne soit résolue sans qu’on n’en entende plus parler dans le volume. Il est certain qu’il faut garder un fil rouge mais les transitions sont parfois abruptes et sans retour même furtif vers l’enquête qui nous intéresse de prime abord. Il faut s’y faire. C’est un style de narration. Comme on parlait de multigenres, l’humour reste bien présent, avec des gags visuels, cachés ou carrément du second degré comme cet extraterrestre aux allures de pangolin. Ça ne vous rappelle rien ?
© 2021 Naoe / Square Enic Co., ltd
© KANA 2023Niveau packaging. Naoe et Kana nous gratifient d’une belle jaquette réversible avec deux versions de Natsuki, une face combattant et une autre costard, en bref, une face boulot et une autre bureau.
« Tokyo ne dort jamais. Mais à l’abri de la lumière aveuglante des néons, la nuit n’est que ténèbres. » Méfions-nous. Les aliens sont peut-être déjà parmi nous.
Série : Tokyo Aliens
Tome : 5
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Naoe
Éditeur : Kana
Collection : Dark Kana
ISBN : 9782505121282
Nombre de pages : 178
Prix : 7,70 €
- La plus grande image du mondepar Laurent Lafourcade
Quatre saisons en ville
1973. Dans chacun des cinquante-deux numéros du journal Tintin qui paraîtront cette année, Turk et de Groot signent un dessin. Mis bout à bout, ils constituent une seule et unique image, tout simplement la plus grande image du monde.
Tout commence devant le café de la Bonne Mine. Un enfant porte un petit drapeau 1973. Aux fenêtres, deux fêtards se réveillent d’une nuit difficile. On est le lendemain du réveillon. La rue est déjà en effervescence. Le Père Noël fait la queue au bureau de chômage. L’usine de pâtes alimentaires tourne à plein régime pour faire des spaghettis. Alors que tout le monde roupille au ministère du travail, les bandits sèment le désordre. Pendant que l’un braque un autobus, un autre est coursé par un policier. Un troisième est un pauvre hippie encadré par deux gendarmes zélés. Tarzan vient faire son marché à l’animalerie A l’arche de Noé pendant que le patron de la boucherie chevaline prépare son tiercé.
© Turk, De Groot – Le Lombard Cinquante-deux tableaux en continu forment une fresque inédite. Sans case, sans texte, sans phylactère, Turk et De Groot racontent un an d’événements d’une ville de France ou de Belgique. L’ensemble se lit comme une histoire aux multiples personnages éphémères. C’est un exploit artistique d’une part pour les auteurs, technique de l’autre pour l’éditeur. Présenté en soufflet et pouvant s’étaler sur quinze mètres de long, l’image est présentée avec une couverture et un quatrième plat, sans tranche, dans un coffret enveloppant le tout.
© Turk, De Groot – Le Lombard Les auteurs glissent ça et là quelques clins d’œil à certains de leurs camarades du journal. Max, l’explorateur de Bara, a dressé son drapeau de naufragé sur un tas de sable de chantier. Ric Hochet, le journaliste détective de Tibet et Duchâteau, est dans sa Porsche sur un camion transporteur de voitures, tout en tirant sur le voleur qui l’a subtilisé. Rififi, le moinillon de Mouminoux survole un camp de naturistes. Cubitus, le chien de Dupa, court sur le trottoir. Il y a même Mickey et Donald à la chasse, le premier ayant tiré sur le second. Au fil des pages, pardon de la page, puisqu’il n’y en a qu’une, le délire est de plus en plus grand. Les auteurs y vont à fond dans la loufoquerie. On entre dans de l’absurde poétique à la Raymond Devos.
© Turk, De Groot – Le Lombard La tapisserie de Bayeux n’a plus l’apanage de l’histoire en longueur. Editer cette image est un véritable pari. Les fans de Léonard, Robin Dubois et Clifton retrouveront avec grand plaisir le duo aux manettes de ces séries dans un exercice de style inédit, cinquantenaire, et depuis lors jamais réédité.
One shot : La plus grande image du monde
Genre : Humour
Scénario : Bob de Groot
Dessins : Philippe Turk
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808210799
Nombre de pages : 52
Prix : 39,90 €
- Team Phoenix 4par Laurent Lafourcade
Apocalypse intergalactique
« -Je vais t’éliminer une bonne fois pour toutes !
-Inutile d’en arriver là, Atlas.
-Beaucoup trop de tension, non ? Qu’est-on censés faire maintenant ? C’est ma première bagarre…
-Se taire.
-Bien sûr.
-Ils vont se battre. »
Monsieur Gesitch et Monsieur Moustache passent en revue les événements importants pour mieux cerner la situation. Conçu par le Docteur Tenma, Astro fut le robot le plus prodigieux jamais créé au moment de sa naissance. Délaissé par Tenma, son ancien camarade le professeur Ochanomizu le prit sous son aile et lui adjoignit une famille : un père, une mère, un frère, Cobalt, ainsi qu’une sœur, Uran, aujourd’hui conseillère de l’union robotique. Mais c’était sans compter avec le Docteur Ram qui créa Atlas, robot aussi perfectionné qu’Astro et créé pour le conflit. C’est à ce combat entre Astro et Atlas auquel assistent Saphir et ses compagnons. Qui de l’union robotique ou des biologiques prendra le pas ? La balle est aussi dans le camp de Saphir qui devra affronter le Chevalier Bleu et dans celui du lion Léo face à Hercule.
© 2023 by Tezuka Productions
© Ruiz – Vega Dupuis« J’aime les romans policiers, et enquêter sur l’œuvre du maître Osamu Tezuka, pour découvrir les motivations de ses personnages, a été une véritable aventure. » Avec cette citation sur le rabat de la jaquette de ce quatrième épisode de Team Phoenix, Kenny Ruiz en dit long sur la façon dont il a conçu l’univers de la Team rassemblant les principaux personnages créés par le maître japonais. Grâce à la discussion entre les deux professeurs, il guide le lecteur dans les événements passés afin de mieux tenir les tenants et aboutissants de l’intrigue. Dans le temps présent, Astro vient d’être secouru. Les pouvoirs de Sharaku et de son troisième œil se révèlent. Il veut faire du Phoenix son trône.
© 2023 by Tezuka Productions
© Ruiz – Vega DupuisDécidément, 2023 ne serait-elle pas une nouvelle année Astro ? Alors que Pluto, l’œuvre magistrale de Naoki Urasawa, débarque en anime sur Netflix, le célèbre petit robot est graphiquement transcendé sous le crayon de Kenny Ruiz dans ce quatrième volume de Team Phoenix. Au cœur des combats en ouverture et en clôture d’épisode, Astro allume ses bottes et mitraille des fesses, oui, oui. Sans rire, Ruiz est un mangaka chorégraphe. Il le démontre également dans les luttes de Saphir et de Léo. Côté scénario, l’histoire se densifie. Bien que l’auteur prenne le lecteur par la main, il faut s’accrocher pour rester dans le fil du récit. Pour la suite, Ruiz ne devra pas perdre de vue la fluidité pour ne perdre personne en route.
© 2023 by Tezuka Productions
© Ruiz – Vega DupuisTeam Phoenix reste l’un des plus beaux hommages à Tezuka. Avec la figuration de Pluto, c’est aussi un renvoi d’ascenseur à Urasawa. Kenny Ruiz ne serait-il pas le troisième homme de cette « Dream Team » ?
Série : Team Phoenix
Tome : 4
Genre : Aventure / Manga Shonen
Scénario, Dessins & Couleurs : Kenny Ruiz
D’après : Osamu Tezuka
Éditeur : Vega – Dupuis
ISBN : 9782379501722
Nombre de pages : 192
Prix : 8 €
- Robbiepar Laurent Lafourcade
La mort lui va si bien
« -Bah alors, on fait comme chez soi ? La prochaine fois je mettrai « Ne pas déranger » sur la porte.
-Désolé je… je me cache juste le temps de…
-De quoi ? Tu fuis quelque chose ?
-Non je… je suis plutôt du genre… perdu…
-T’as l’air perdu ouais. Dans la mauvaise dimension. »
Par une nuit pluvieuse, un individu s’extrait d’un caveau au beau milieu d’un cimetière. L’être ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. Le curé de l’église voisine lui apprend qu’apparemment il revient d’entre les morts, comme c’était arrivé à Jésus, qui a dû attendre quarante jours pour partir au paradis. Si c’est pareil, ça va être long ! Robbie, c’est son nom, va essayer de retourner attendre dans sa tombe. Mais le cimetière est profané. C’est dans une sépulture grillagée qu’il va rencontrer Carrie, une jeune fille gothique qui va l’accompagner dans ce monde où il se trouve comme un chien dans un jeu de quilles.
© Bruneau, Gleason – Virages graphiques Se réveiller d’entre les morts et se découvrir zombie, ce n’est pas forcément facile à vivre, surtout quand on a une tête de déterré, au sens propre du terme. Un peu de maquillage grâce à Carrie, et l’errance va être plus simple à gérer. Robbie souhaite retrouver sa famille et découvrir comment il est mort. Ça lui permettrait de libérer son âme. Le professeur Amadaggio est le plus à même de l’aider. Mais ce n’est pas gratuit. C’est un peu Halloween à l’envers. Ça va coûter bonbon !
© Bruneau, Gleason – Virages graphiques Olivier Bruneau écrit pour Emilie Gleason une aventure iconoclaste. On connaissait la série Mort et déterré, des québécois Julien Boisvert et Pascal Colpron, qui traitait du sujet dans un classicisme franco-belge. Voici Robbie, une histoire décalée, drôle et acide. Les auteurs y font appel à quelques classiques du cinéma fantastique. A la terminaison près, Carrie a le prénom d’une petite fille jadis invitée à un bal du diable. L’assistant du professeur Amadaggio a tout de Scrooge, non pas l’oncle Picsou, mais le clown de Ça, de Stephen King. A la soirée costumée où se rendent Carrie et Robbie déguisé en Néo de Matrix, on croise Mister Jack (de L’étrange Noël), Ghostface, le tueur de Scream, Jason Voorhees de Vendredi 13, Billy Puppet de Saw, ainsi que la créature chauve aux yeux dans les paumes des mains du Labyrinthe de Pan. N’allez pas croire par-là que l’album est horrifique. C’est presque à un désamorçage de toutes ses horreurs qu’on assiste ici. L’histoire est pleine d’espoir et l’on peut compter sur des personnages adorables comme le papa de Carrie.
© Bruneau, Gleason – Virages graphiques Idéale à lire en période d’Halloween, mais fonctionnant toute l’année, Robbie est un récit optimiste dédramatisant la mort et porté par le graphisme underground et jeté d’une Emilie Gleason en pleine ascension. Une autrice à suivre de près.
One shot : Robbie
Genre : Aventure humoristique
Scénario : Olivier Bruneau
Dessins : Emilie Gleason
Éditeur : Virages graphiques
ISBN : 9782743630970
Nombre de pages : 112
Prix : 22 €
- Les coulisses d’Hergépar Laurent Lafourcade
Lire, relire Tintin, toujours découvrir et apprendre.
Quand Patrick Mérand était petit, il n’avait pas le droit d’amener d’illustrés à l’école. « Les BD, c’est pour les cancres ! » Il y a pourtant tant à apprendre dans les albums de Tintin. Non seulement on visite le monde de long en large avec lui, mais on découvre d’innombrables informations sur les différentes civilisations qu’il rencontre, les technologies employées et les références historiques ou contemporaines à la création de chacune des histoires.
Hergé était un documentaliste exceptionnel. Et ce, sans internet, sans informatique, et même sans télévision pour une bonne partie de sa carrière. Avec ce bel ouvrage, l’adulte Patrick Mérand parle à l’enfant Patrick Mérand et lui explique tout ce qu’il y a à découvrir, d’apparent ou de sous-jacent, dans les aventures de Tintin. Son livre n’est pas une exégèse savante de la série, mais une sorte de passe-partout qui ouvre des portes dans chacune des histoires pour apprendre une foultitude de choses.
© Mérand – 1000 sabords Après une introduction sur les premières influences artistiques d’Hergé, Patrick Mérand décortique les albums les uns à la suite des autres, chacun sur une bonne dizaine de pages, voire plus. Les noms des momies dans Les cigares du Pharaon sont des clins d’œil dissimulés. Les pattes du dragon du Lotus bleu ne comportent que quatre doigts. Ce n’est donc pas l’emblème de l’empereur dont le dragon a cinq doigts sur les pattes. Le fameux fauteuil club de Tintin est un mobilier art déco créé en 1925. Dans Coke en stock, le tableau d’Alfred Sisley : Le canal sur le Loing dans le hall du château de Moulinsart doit être une copie car l’original est au musée d’Orsay, à moins que ce ne soit l’inverse…
© Mérand – 1000 sabords Mérand relève même quelques erreurs. Par exemple, dans Tintin au Congo, Milou croit voir un boa alors qu’il n’y en a pas en Afrique. Dans Tintin en Amérique, Tintin est désarmé, on lui ôte son arme et sa ceinture. Il retrouve comme par magie sa ceinture, mais sans arme quelques cases plus tard.
Stanislas, le dessinateur de la biographie dessinée d’Hergé, signe une couverture où il montre le maître ouvrant un rideau vers les secrets de son travail. Serge Lauret s’est chargé de la conception graphique de l’album pour en faire une encyclopédie richement illustrée et fort agréable à feuilleter et à lire.
Patrick Mérand est diplômé de Sciences Po Paris. Tintinophile avéré, il n’en est pas à son coup d’essai avec ces « coulisses d’Hergé ». C’est son onzième livre consacré à l’œuvre de l’auteur belge. La série « …dans l’œuvre d’Hergé » compte huit volumes : Les costumes, la mode et les uniformes, Les moyens de transport et de communication, Les langues étrangères, Les arts et les sciences, La géographie et l’histoire, La faune et la flore, Architecture, habitations et monuments, ainsi que Les armes, les guerres et la violence. Ajoutez à cela La tintinophilie en 300 questions et le passionnant Le lotus bleu décrypté. Il n’y a aucun dessin signé Hergé dans les livres de Patrick Mérand car ils ne sont pas labellisés Moulinsart. Curieusement, ça ne manque absolument pas tellement les vignettes de Tintin sont ancrées dans les esprits des lecteurs intéressés par ce genre de livres. C’est un indice indéniable qui montre que l’œuvre d’Hergé est d’une force unique.
© Mérand – 1000 sabords Les coulisses d’Hergé est un livre qui peut se lire comme un roman ou se picorer au hasard des pages. On peut le dévorer de A à Z ou le consulter au fil des relectures aléatoires des albums de Tintin. Le livre est déjà paru il y a quelques années. Voici l’édition revue et augmentée de deux index : un index thématique renvoyant aux pages de l’ouvrage et un second concernant les 23 albums achevés
Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
One shot : Les coulisses d’Hergé
Genre : Analyse d’oeuvre
Auteur : Patrick Mérand
Éditeur : 1000 sabords
ISBN : 9782494744066
Nombre de pages : 280
Prix : 29,90 €
- Reckless 5 – Descente aux enfers / Night feverpar Laurent Lafourcade
Mondes cachés
« -Je t’ai déjà dit que j’ai longtemps habité à San Francisco ?
-Ouais, je crois.
-Eh bien, mon fils Joey… Ça dae d’une autre vie… Il est toujours là-bas. Et il a un souci. Sa femme a disparu depuis près de deux semaines. Et les flics semblent s’en foutre. »
Novembre 1989, Reckless vit au motel Surf Inn depuis un an. Il se rend parfois au cinéma, planifier avec Anna les projections à venir. Il se lie d’amitié avec Francis et Phil, un couple homo ayant des ennuis avec de la racaille qui en voulait à leur van. Un jour, Francis apprend à Reckless que Rachel, la femme de son fils Joey, à San Francisco, a disparu. La police ne semble pas s’intéresser au cas. Il faut dire que depuis le tremblement de terre les choses sont un peu compliquées là-bas. La moitié de la ville est en chantier et ils sortent encore des corps des décombres. Joey et Rachel étant des anciens toxicos, repentis certes mais anciens quand même, pour la police, la femme a sans doute repiqué. Francis a peur pour son fils. Il craint qu’il ne retombe. Reckless va se trouver dans une enquête qui ne va pas laisser ses sentiments indifférents.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Ce cinquième tome de Reckless est à lire en parallèle avec le précédent Ce fantôme en toi. On y découvre ce que faisait le privé pendant qu’Anna démêlait l’énigme du Manoir Lamour pour l’actrice et ancienne star de séries B Lorna Valentine. Ethan Reckless va se trouver impliqué dans une traque vengeresse. Le scénariste Ed Brubaker aborde le sujet des abus sexuels. Par le biais du polar noir, il dénonce un phénomène de société longtemps tue, longtemps tabou, encore à l’époque du récit, en pleine fin des années 80. Si son complice de toujours Sean Phillips est désormais une valeur sûre du polar noir, son travail est mis en valeur par la colorisation hors du commun de son fils Jacob. L’exécution dans la voiture dans la deuxième planche est étonnante. Pas besoin d’onomatopée. Les couleurs parlent d’elles-mêmes.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Après cinq épisodes de Reckless et avant de retrouver le privé cinéphile et son acolyte, le trio Brubaker-Phillips-Phillips est déjà de retour dans un one shot aussi noir et aussi puissant que la série d’enquêtes. Dans Night fever, Jonathan Webb, un agent littéraire en voyage en France, découvre le monde interlope de la nuit. Le Docteur Jekyll se transforme malgré lui en Mister Hyde. L’homme découvre un univers caché, sans loi, mais également piégeux. Il est des points de non limite qu’il vaut mieux ne pas franchir. Pour Jonathan Webb, qui va rapidement se trouver grisé par la violence, la nuit va révéler en lui une noirceur d’âme qu’il ne soupçonnait même pas.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Hors super-héros, le Comics n’a pas en France la place qu’il mérite. Alors que le manga s’y est fait une place de choix, c’est peut-être Ed Brubaker et Sean Phillips qui sont en train d’offrir au Comics le ticket d’entrée pour un vrai succès en Europe.
https://youtu.be/mVo4iJBcZ00?si=7TDa3C2qOKhzMWHgSérie : Reckless
Tome : 5 – Descente aux enfers
One shot : Night fever
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Ed Brubaker
Dessins : Sean Phillips
Couleurs : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Comics
ISBN : 9782413076476 / 9782413080848
Nombre de pages : 144 / 112
Prix : 16,95 €
- Saint Seiya Les chevaliers du zodiaque Time Odyssey 2 – Shun et la chaîne du souvenir par Laurent Lafourcade
Gros os pour Chronos
« -A l’instant où je vous parle, le bélier d’or a fini de réparer l’armure. Sa majesté Chronos veut pouvoir en analyser les chaînes de ses propres yeux. Il faut donc que la dixième heure aille la lui chercher !
-Moi ? Pourquoi ?
-Parce que nous ne devons plus sous-estimer les chevaliers d’Athéna. Les moires savaient manipuler le destin, mais leur puissance restait limitée parmi les heures, c’est pourquoi elles ont été vaincues. Maintenant, c’est de ton incomparable force brute que nous avons besoin, surtout face à un chevalier d’or. »
Temple de Lygé, sur la colline de Chronos. Ophialtès du Thatanka, dixième heure que l’on appelle « le crépuscule », reçoit la mission de récupérer l’armure d’Andromède afin que Chronos puisse vaincre tous les olympiens, grâce à sa chaîne. La force d’Ophialtès ne suffira pas. La ruse de Spondé du Kalfu, septième heure, devait l’accompagner, mais, par décision d’Arctos, c’est finalement Eastre de la Walkyrie, la deuxième heure du jour, qui sera du voyage. Ils n’ont que jusqu’à la tombée du jour pour agir. Pendant ce temps, à Jamir, grâce au sang des chevaliers d’or, Mû a pu redonner vie aux armures. Les chevaliers, soignés à l’hôpital de la fondation, en auront la surprise à leur réveil. Mais il y a des microfissures dans les maillons de la chaîne d’Andromède. Mû ne s’en inquiète pas. Lorsque Shun l’aura sur lui, elle retrouvera sa puissance.
© Alquié, Dollen – Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)Shun, le chevalier d’Andromède, est au cœur de ce deuxième épisode de Time Odyssey, histoire originale de Saint Seiya et des chevaliers du Zodiaque, concocté par Jérôme Alquié et Arnaud Dollen. Seiya, Hyôga, Shiryu et Shun vont rapidement sortir de leur convalescence pour affronter les heures envoyées par Chronos pour s’emparer de la fameuse armure. Par les météores de Pégase, le combat va être sans merci. Ophialtès invoque la poussière du temps. La spirale nébulaire de Shun sera-t-elle suffisante pour le protéger, lui et ses camarades ? La bataille se fera en plusieurs étapes. Jusqu’à la fin, rien n’est joué, ni dans un camp, ni dans l’autre.
© Alquié, Dollen – Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)Le scénario atteint un niveau de lyrisme transcendé par un graphisme de haute volé. Les fameux « arrêts sur images », si caractéristiques des « anime », sont même présents. Vous allez dire : « Mais c’est normal, on est dans une BD ! ». Et bien, ce n’était pas si évident que ça. Alquié fige parfois ses héros, ou leurs ennemis, dans des positions suspendues comme on en voit en animation, mais jamais représentées de la même façon en bande dessinée. Autant que les traits de vitesse et les codes graphiques du manga, les couleurs sont partie prenante de l’histoire avec des dégradés, des nuits d’orage et des contre-jours éblouissants. En fin d’album, des fiches présentent les principaux personnages et leurs armures, très intéressant portfolio.
© Alquié, Dollen – Kana
© 1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)Qui aurait cru que deux français allaient réussir à s’emparer d’une telle façon d’un univers manga si codifié et faisant tant partie d’un imaginaire collectif qui a enchanté toute une génération ? Alquié et Dollen ont réussi cet exploit. Et c’est loin d’être terminé, puisqu’il reste encore trois épisodes pour cette odyssée du temps.
Série : Saint Seiya Les chevaliers du zodiaque Time Odyssey
Tome : 2 – Shun et la chaîne du souvenir
Genre : Mythologie
Scénario : Jérôme Alquié & Arnaud Dollen
Dessins & Couleurs : Jérôme Alquié
D’après : Masami Kurumada
Éditeur : Kana
Collection : Classics
ISBN : 9782505088356
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
- Idéfix et les irréductibles 5 – Idéfix et le druide par Laurent Lafourcade
Rapts à Lutèce
« -Boudu, Sirogrenadine aussi ?!
-Eh ouais ! Ça commence à chiffrer ! Tout le monde a les genoux qui tremblent !
-Salut, les amis ! Qu’est-ce qui se passe ?
-Ce sont les chiens de Lutèce, Idéfix ! Ils disparaissent un par un comme des saucisses pendant le petit déjeuner ! »
Les chiens de Lutèce disparaissent un par un comme des saucisses pendant le petit déjeuner ! Idéfix et les irréductibles sont sur les crocs. Il va falloir enquêter. Peut-être trouveront-ils quelque chose. A quelques lieues de là, dans la forêt qui mène à la capitale, Panoramix se fait dérober sa besace. Il y avait à l’intérieur l’argent nécessaire pour qu’il s’achète une serpe ainsi que les ingrédients pour ses potions. Il s’en confie à son collègue Amnésix avec qui il doit rejoindre Lutèce. Hélas, la ville est interdite aux chars de plus de quatre bœufs, aux livraisons après le lever du soleil et… aux druides ! Il va falloir ruser pour y entrer.
© Fenech, Choquet – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-UderzoPour la première fois, la route d’Idéfix va croiser celle d’un personnage qu’il côtoiera fréquemment dans le futur : un druide, un certain Panoramix. Mais ça, il ne le saura qu’après Le tour de Gaule dans lequel Obélix le recueillera. Bref, les druides et les chiens vont se croiser dans des geôles romaines. Leurs avanies vont se mêler et c’est ensemble qu’ils vont devoir se sortir de bien mauvais pas. Un autre personnage mythique mais éphémère de la série mère Astérix est au générique. Ce n’est pas Abraracourcix et Bonnemine, qui ont l’habitude de faire de la figuration chez les irréductibles, mais Prolix, un certain devin qui aura plus tard un album en son honneur… ou malheur plutôt.
© Fenech, Choquet – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-UderzoCe cinquième album est l’occasion pour la série de se lancer dans le grand récit. Alors que les quatre premiers volumes étaient chacun constitués de trois histoires courtes, celui-ci est une grande aventure en soixante planches. Au scénario, Matthieu Choquet mêle action et humour. Il n’hésite pas à user non plus du second degré comme le faisait si bien l’illustre Goscinny. Bien sûr, on ne joue pas dans la même catégorie, mais les chansons détournées à la sauce gauloise sont truculentes. « Y’a d’la joie, la cervoise par-dessus les toits… » La lecture spécifique à Astérix où l’on découvre des subtilités selon les générations est aussi là, comme « Fini la bamboche ! » ou un clin d’œil à un autre héros bien connu de l’univers Goscinny, un cow-boy si vous voyez de qui il peut s’agir. Le dessinateur Philippe Fenech fait encore une fois un travail remarquable. Il s’uderzoïse encore plus, avec notamment des caricatures. On vous laisse deviner qui à la sortie des arènes.
© Fenech, Choquet – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-UderzoIdéfix et les irréductibles poursuit son évolution en posant une patte de plus dans l’univers d’Astérix, mais garde sa spécificité. C’est frais, c’est malin, c’est bien, et ce n’est pas réservé aux enfants, loin de là.
Série : Idéfix et les irréductibles
Tome : 5 – Idéfix et le druide
Genre : Aventure humoristique
Scénario : Matthieu Choquet
Dessins : Philippe Fenech
D’après : René Goscinny & Albert Uderzo
Éditeur : Albert René
ISBN : 9782864977513
Nombre de pages : 72
Prix : 8,99 €
- D-Gray Man 28 – « Bras-rouge » et Manapar Laurent Lafourcade
Le Comte Millénaire fait son cirque
« -Comment tu t’appelles ? Alors, réponds !! Quel est ton nom ?
-… Quoi ?
-Ça ne serait pas « Allen » par hasard ? »
Dans un petit cirque parcourant la campagne, le jeune Allen, dit « Bras-rouge » sert de garçon à tout faire. Traité comme un moins que rien, il trouve du réconfort auprès de Mana, un grand clown Pierrot et de son chien, qui s’appelle aussi Allen. Un certain Cross Marian débarque. Il a parcouru le monde pendant des dizaines d’années, à la recherche de Néah, petit frère de Mana. Ce dernier a oublié qu’il est le Comte Millénaire. C’est l’occasion rêvée de le détruire avec une innocence. Personne d’autre que Néah ne doit s’en charger.
© 2004 by Katsura Hoshino
© 2023, Editions GlénatSuite du flashback consacré à l’enfance d’Allen Walker, « Bras-rouge » et Mana forme un diptyque avec « Bras-rouge » et Pierrot le clown, le volume précédent. Cette parenthèse permet de construire un passé et un fond à des personnages bien connus. Par contre, cela signifie que ça fait déjà près de cinq ans que l’intrigue principale est en suspens. Katsura Hoshino aurait peut-être dû boucler l’arc principal avant de se lancer dans des one shot ou des diptyques dans le même univers, avec des volumes hors collection pourquoi pas consacrés à tel ou tel personnage ou bien venant s’intercaler entre des nuits passées, car c’est comme ça que l’on appelle les chapitres de D-Gray Man.
© 2004 by Katsura Hoshino
© 2023, Editions GlénatA cause des soucis de santé de la mangaka, il ne faut plus espérer de D-Gray Man le rythme de parution habituel des mangas. De ce fait, le concept même de la série s’en trouve transformé. On n’attend plus de l’histoire des avancées à grands pas dans l’intrigue, à savoir le combat d’un groupe d’exorcistes contre le clan Noé, groupe démoniaque à la tête duquel se trouve le Comte millénaire, un des plus envoûtants « méchants » jamais créés dans un Manga. On attend de lyriques envolées graphiques d’Hoshino. Elles y sont toujours ici. L’autrice a choisi de respecter son lectorat et le fait avec grand talent.
© 2004 by Katsura Hoshino
© 2023, Editions GlénatL’histoire a débuté en 2004 au Japon et en 2006 en France. La meilleure idée que sa créatrice aurait serait de mettre ce point final, mais de poursuivre dans l’univers d’Allan Walker. En attendant, cet épisode émouvant, tendre, mais aussi terrifiant, est d’une grande force. Mythique.
Série : D-Gray Man
Tome : 28 – « Bras-rouge » et Mana
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Katsura Hoshino
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344058886
Nombre de pages : 190
Prix : 6,99 €
- Dark Quentinpar Laurent Lafourcade
No life is no life, la la la lala !
« -Mon dieu. On t’entend dans toute la maison. Tu me fais mourir de honte. Chantal vient de me demander ce que tu faisais dans la vie… Je lui dis quoi moi ? « Mon fils jour aux meuporg toute la journée » ? Et c’est quoi toutes ces bouteilles ?
-Maman… Mon casque est cassé… Tu peux me prêter 20 euros ? Je te les rendrai…
-C’est la dernière fois. »
La mère de Quentin vient de monter à l’étage après avoir entendu un barouf d’enfer. Elle retrouve son fils dans sa chambre, par terre, les fesses à l’air. Les yeux défoncés par des heures, des jours et des nuits d’ordinateur, le jeune homme, d’une vingtaine d’années, se plaint que son casque est cassé. Elle lui donne les 20 euros qu’il demande, mais ça sera la dernière fois… Entre jeux de guerre en ligne et vidéos pornos, Quentin est un « no life ». Sa vie est exclusivement numérique. Comme Quentin a mal aux dents, il carbure au Tramadol, un antalgique qui lui calme la douleur et dont les substances opiacées agissent sur le cerveau. S’il a si mal aux dents, c’est certainement à cause de ses canines de vampire. Aujourd’hui, il va affronter le monde extérieur car il lui faut remplacer son PC. Il n’a pas froid. Il n’a pas peur. Le Tramadol lui donne des ailes. Jusqu’à présent, il a parcouru plus de distance dans les mondes virtuels que dans la vraie vie. La sortie risque d’être une aventure.
© Matao – 6 pieds sous terre Après avoir tenté de voler un modèle d’expo et gerbé dans le magasin, Quentin échappe aux flics grâce à Issa, un employé qui refuse de nettoyer. Le responsable les jette tous les deux de la boutique. Issa comprend rapidement que le geek qu’il vient de rencontrer est un peu particulier, tout comme lui. Il l’amène dans un château, au beau milieu de la ville, demeure dont Quentin ignorait totalement l’existence. N’y vivent que des vampires et une goule qui semble gérer la maison. Le lieu a été fondé par son maître, l’éminent Michel qui n’est pas sans rapport avec Quentin, et qui a construit une étrange machine fonctionnant au sang de vampire.
© Matao – 6 pieds sous terre Pour son premier album, Matao écrit une aventure psychédélique que n’aurait pas renié un Alejandro Jodorowski, un délire vampirique renvoyant en seconde ligne les récits classiques du genre. Matao met en scène un « no life », ces individus externes au monde réel, préférant la virtualité électronique des ordinateurs et du web. Quentin en est arrivé à tel point de dépendance qu’il a basculé dans un monde dont on se demande sans cesse dans quelle réalité ou irréalité il se trouve. Ce qui lui arrive est-il concret ou est-on avec lui sous la dépendance de substances ? On se pose sans cesse la question avant que le final sans équivoque nous amène à la vérité. C’est scénaristiquement très finement joué.
© Matao – 6 pieds sous terre Dans un graphisme voisin de l’underground, tout en niveaux de gris, Matao navigue entre une réalité à fuir et un fantastique assumé. C’est une histoire de vampires sans rouge, mais on a l’impression d’en être imprégné. Matao a inventé le gris-rouge. Ajoutons que Matao a de qui tenir puisqu’il est le fils du peintre Yann Queffélec, excellant dans les gris et dont des oeuvres participent au final, accentuant le fond du récit.
Histoire sur la réalité virtuelle, histoire de vampires, histoire sur les rapports familiaux, Dark Quentin éclaire le récit de genre par le biais d’un angle inédit. Qui plus est, c’est drôle, c’est inquiétant, c’est émouvant. Matao arrive dans le paysage BD et, même si les vampires n’ont pas de reflet, ne risque pas de passer inaperçu.
One shot : Dark Quentin
Genre : Aventure fantastique
Scénario & Dessins : Matao
Éditeur : 6 pieds sous terre
Collection : Monotrème
ISBN : 9782352121817
Nombre de pages : 160
Prix : 22 €
- Le Marsupilami – La bête 2par Laurent Lafourcade
La bête n’est pas morte
« -Amaï ! Tu n’as pas touché à ton déjeuner ? Tu n’as rien mangé depuis jeudi soir, Franz. Même ta caille nudiste a meilleure allure que toi ! Au fait ! Le lieutenant de gendarmerie a eu la gentillesse de passer pour me tranquilliser : le zoo d’Anvers a accepté de prendre en charge ton drôle d’animal. Ils viendront le chercher à la fourrière lundi à la première heure. Ton ami sera mieux là-bas en compagnie d’autres animaux, tu ne trouves pas ? »
Echappée des cales d’un bateau en provenance du Brésil au Port d’Anvers en Belgique, une bête au pelage jaune tacheté de noir a été recueillie par le jeune Amaï. Souffre-douleur de ses petits camarades de classe, il est le fils d’un allemand quelques années après la guerre. Pas forcément facile. L’enfant vit dans son monde. Au grand désespoir de sa mère, il récupère tous types d’animaux et transforme sa maison en véritable arche de Noé. La rencontre avec la bête va bouleverser sa vie, jusqu’à ce jour où la fourrière va la capturer. Pour Amaï, le monde s’arrête. Il se laisse dépérir pendant que l’animal s’apprête à devenir la future attraction numéro un du zoo d’Anvers. Le destin ne va pas tarder à les lier à nouveau..
© Frank Pé, Zidrou, De Cock – Dupuis Zidrou situe le récit en 1955, juste avant que Spirou et Fantasio n’aient ramené l’animal de Palombie. L’introduction du tome 1 était proche de films comme Godzilla, Alien ou Les dents de la mer dans lesquels les monstres se devinent plus qu’ils ne se voient. De part son traitement plus adulte, de part la tension inhérente, « La bête » a tout d’un blockbuster. Le tome 2 est à une véritable course-poursuite pour la survie que nous invitent les auteurs Fran Pé et Zidrou dans ce second opus du diptyque qu’ils consacrent au Marsupilami, à la Bête comme elle est nommée. Spirou et Fantasio ne l’ont pas encore découverte. Tout ça n’aura lieu que plus tard. D’ailleurs, comment se fait-il qu’ils dénicheront l’animal en Palombie alors que ce dernier était déjà venu en Belgique ? Peut-être que cette histoire nous le dira. Zidrou multiplie les clins d’œil à l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge. Si l’on avait aisément reconnu Jijé et Franquin à l’école, ce dernier en instituteur au grand cœur, on aperçoit ici Will et Morris en figurants, dans un tramway, lors de la revisite d’une scène mythique s’étant réellement déroulée. C’est dans un tramway que Franquin eut l’idée du Marsupilami, en imaginant le contrôleur avec une grande queue qui lui permettrait de composter de nombreux tickets à la fois. Ici, c’est le contrôleur lui-même qui l’imagine en voyant la bête.
© Frank Pé, Zidrou, De Cock – Dupuis Frank Pé est l’un des plus formidables dessinateurs animaliers du moment. On le savait depuis Zoo, la trilogie qu’il a signé avec Philippe Bonifay. On s’en doutait déjà bien avant, grâce à Broussaille, mais aussi grâce à un one shot aujourd’hui oublié qui mériterait une remise en avant dans une belle réédition : Comme un animal en cage, l’unique aventure de Vincent Murat, scénarisée par Terence. « La bête » d’aujourd’hui est un étonnant écho à cette œuvre de jeunesse. Dans ce pavé, Frank montre toute sa puissance et se rapproche du trait d’un Bernard Yslaire sur Sambre, tout en finesse, en détails et en émotion. Il se fait bien évidemment plaisir dans le Museum, mais il prend aussi des risques sur les routes bruxelloises. Les quelques planches finales sont de grandes cases incroyables et l’image conclusive ne pourra laisser insensible aucun lecteur avisé de Spirou.
© Frank Pé, Zidrou, De Cock – Dupuis Le potentiel d’un personnage comme le Marsupilami semble infini. Entre les mains d’artistes comme Frank Pé et Zidrou, son temple est bien gardé.
Série : Le Marsupilami – La bête
Tome : 2
Genre : Aventure
Scénario : Zidrou
Dessins : Frank Pé
Couleurs: Elvire De Cock
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034738229
Nombre de pages : 208
Prix : 35 €
- Conan le cimmérien 14 – Le maraudeur noir par Laurent Lafourcade
Une île au trésor… bien convoitée.
« -Un navire arrive du Sud !
-Nous l’avons vu Dame Bélésa ! Votre oncle a ordonné que tout le monde rentre au fort !
-Qu’en dis-tu, Galbro ?
-Une caraque créée comme un navire pirate des Baracha ! La coque doublée de cuivre. Et ce pavillon…
-C’est celui de Strom.
-Que diable vient-il faire ici ?
-Si tout le monde est là, barricadez-moi cette fichue porte ! »
Sur une île perdue, un groupe d’homme a construit une forteresse après le naufrage de leur navire. C’est une petite communauté dirigée par le comte Valenso qui y vit depuis plusieurs mois, attendant l’instant où un bateau salvateur viendra les tirer de cet enfer paradisiaque. S’il est question de paradis, c’est parce qu’ils vivent dans un paysage idyllique. S’il est question d’enfer, c’est parce que les terres intérieures sont infestés d’indigènes belliqueux. Le navire qui accoste aujourd’hui sera-t-il leur planche de salut ? Peut-être… ou pas… Les pirates du Capitaine Strom attaquent le bastion, mais ils battront en retraite grâce à l’assaut des hommes u boucanier Zarono le noir. Tous, les uns comme les autres, sont à la recherche du trésor perdu de Tranicos le sanguinaire. Pour cela, il va falloir affronter la jungle. Pour cela, il faut un guide. Voilà du travail pour Conan le cimmérien qui connaît bien le territoire des Pictes.
© Masbou – Glénat Pour ce quatorzième épisode de Conan, c’est Jean-Luc Masbou qui s’y colle. On n’attendait pas là le metteur en scène de De cape et de crocs qui, après un splendide Münchhausen (Le baron), revient au combat à la lame. Mais ici, il va y avoir du sang. L’histoire commence avec une scène d’action digne d’un pré-générique jamesbondien. Conan court dans la jungle poursuivit par une horde de pictes énervés. Il va se réfugier au sommet d’un roc où il va faire une découverte. L’histoire de Howard, et par ricochet le scénario de Masbou, joue sur, non pas la dualité, mais la trialité entre les trois chasseurs de trésor. On est dans un récit très théâtral. C’est certainement ce côté comédie qui a attiré le dessinateur. Le maraudeur noir est une pièce de boulevard.
© Masbou – Glénat Masbou est un dessinateur minutieux et méticuleux. On le savait déjà. Sur cette île des Pictes, on traverse une jungle luxuriante aux orées exotiques et l’on marche sur des plages où les vaguelettes vont et viennent avant que les armes ne se déchainent. Les images de navires dans la tempête sont impressionnantes d’éclaboussures.Un cahier complémentaire clôture d’album. On y trouve un texte explicatif sur la genèse de l’histoire d’Howard, ainsi que six grandes illustrations hommages de dessinateurs maîtrisant le sujet : Buchet, Dethan, Mazan, Ayroles, Druillet et Minh-Than. Excusez du peu.
© Masbou – Glénat Les éditions Glénat ont encore en réserve sept des vingt-et-une histoires imaginées par l’écrivain Robert E. Howard dans les années 30. Servie par des auteurs prestigieux qui mettent tout leur talent au service de ce héros mythique, la collection est une réelle réussite.
Série : Conan le cimmérien
Tome : 14 – Le maraudeur noir
Genre : Aventure
Adaptation, Dessins & Couleurs : Jean-Luc Masbou
D’après : Robert E. Howard
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344049440
Nombre de pages : 72
Prix : 15,50 €
- Boule de neige, et deux autres MiniBullespar Laurent Lafourcade
Aventures pour les 3-5 ans
« -Mais… Il n’y a que des images ?
-Mais… Il n’y a pas de texte ? »
Un chat et un loup s’étonnent en préambule qu’il n’y a que des dessins et pas de textes dans l’album qu’ils viennent d’ouvrir. Ils vont vite s’y faire, tout simplement parce que c’est le principe de la collection de bandes dessinées adressée aux 3/5 ans publiée par les éditions Nathan. Trois petits albums complètent cette série de « Mini bulles ».
Sur la banquise du Grand Nord, un jeune renard polaire est séparé de sa famille par la glace qui se fend. Esseulé sur un bout de glace flottant, le renardeau rencontre une baleine, qui le pousse gentiment vers une terre ferme. Voici l’intrépide pénétrant en ville. Un fumet l’attire vers des poubelles mais il n’est pas le seul que ça intéresse. Un ours le chasse de son repas improvisé. L’animal va devoir rivaliser d’ingéniosité pour se sustenter et échapper aux divers dangers. Finira-t-il par retrouver les siens ?
© Fernandez, Strickler – Nathan Sur une planète lointaine, Pop se réveille, se prépare et monte dans sa soucoupe volante pour explorer l’univers. Ce tête-en-l’air a oublié de remplir son réservoir d’essence. Le voici en carafe sur un autre astre où vit Pix, un robot qui construit une statue. Ce dernier récupère un boulon du vaisseau échoué, mais Pop en a besoin pour repartir. Ces deux-là vont-ils réussir à s’entendre ?
© Ameling – Nathan Un autre personnage sort aussi de son lit. C’est Coccinelle. Dans la nuit, la neige est tombée. Quelle excitation ! Coccinelle sort, puis rentre aussitôt se couvrir d’une écharpe. C’est parti pour des jeux dans la poudreuse. Glissades, bonhomme de neige et rigolade sont au programme. Quand le bonhomme de neige prend vie, c’est encore plus amusant. Mais gare au redoux. Il pourrait changer la donne…
© Cren – Nathan Trois histoires d’amitiés sont au centre de ce trio d’albums. Dans Boule de neige, Fabien Fernandez et Benjamin Strickler signent une adorable aventure animalière dans laquelle ils parviennent à représenter graphiquement des odeurs et jouent avec la luminosité sur la neige. Dans Pop & Pix, Charlotte Ameling décompose les sentiments, faisant passer ses personnages d’émotions à d’autres. Dans Un copain pour Coccinelle, David Cren montre aux enfants qu’il faut toujours garder espoir, que l’amitié ne peut pas… fondre.
Avec ces trois petits albums, la collection Mini-bulles atteint les dix albums. Le mode de narration universel permet aux plus petits de comprendre une histoire tous seuls ou presque. Que les parents n’oublient cependant pas que la lecture est pour les plus jeunes un moment de partage, qu’il y ait du texte ou pas.
Tome : Boule de neige
Scénario : Fabien Fernandez
Dessins & Couleurs : Benjamin Strickler
Tome : Pop & Pix
Scénario, Dessins & Couleurs : Charlotte Ameling
Tome : Un copain pour coccinelle
Scénario, Dessins & Couleurs : David Cren
Genre : Aventure pour les tout-petits
Éditeur : Nathan
Collection : Mini-bulles
ISBN : 978209249-5353 / -8217 / -8170
Nombre de pages : 24
Prix : 8,50 €
- L’apprenti Epouvanteur 1par Laurent Lafourcade
Nouvel Harry Potter à l’école du sorcier
« -Nous nous arrêtons là pour la nuit. Ne te laisse pas affecter par le traitement que les gens nous réservent. Nous sommes souvent demandés, mais rarement bienvenus ! Et certains endroits sont plus hostiles que d’autres. C’est ici… J’amène tous mes apprentis dans cette vieille maison. Ça me permet de savoir ce qu’ils ont dans le ventre ! Allez ! Tu sais ce que tu as à faire ?
-Non, maître Grégory.
-Tu vas passer la nuit ici. Seul. Et à minuit, tu descendras à la cave pour y affronter la créature qui s’y tapit ! »
Thomas Ward est l’élève de Maître Grégory. Ce dernier est un épouvanteur. Il va apprendre à son disciple à lutter contre fantômes, sorcières et autres créatures maléfiques. Aujourd’hui, Maître Grégory le teste. Si Thomas réussit sa mission nocturne, il pourra envisager de le garder pour lui apprendre son métier. Il y a trois choses essentielles que le jeune homme ne doit pas oublier : surtout n’ouvrir la porte à personne, ne pas être en retard, et quoi qu’il arrive ne pas laisser la chandelle s’éteindre. Rendez-vous à minuit à la cave. Cette nuit sera celle des révélations. Thomas est le septième fils d’un septième fils. Il a été confié à Maître Grégory par sa mère, lui promettant le meilleur apprenti qu’il ait jamais eu et le dernier.
© Bachelier, Oertel, Delaney – Bande d’ados L’apprentissage ne va pas être de tout repos, ni pour l’élève, ni pour le mentor. Alors que le professeur s’absente pour quelques jours, l’adolescent est tenté par Alice, la nièce de Lizzie l’Osseuse. Celle-ci convainc Thomas de nourrir la vieille mère Malkin, sorcière enterrée vivante par Grégory, enfermée au fond d’un puits. Trahissant son Maître, troublé par la beauté et le sourire d’Alice, l’apprenti va commettre l’irréparable. Il va falloir du courage et de la cohésion pour lutter contre le réveil de la sorcière Malkin.
© Bachelier, Oertel, Delaney – Bande d’ados Après avoir adapté en BD la série Les dragons de Nalsara, Pierre Oertel s’attaque au best-seller L’apprenti-épouvanteur, en en faisant une vraie bande dessinée, se concentrant sur l’histoire, évitant de s’attacher de trop près au style littéraire, usant le moins possible de cartouches. Dix-neuf tomes, deux hors-séries et un film Le septième fils sorti en 2013, la saga de l’auteur britannique Joseph Delaney a démarré en 2004. L’auteur nous a quitté en 2022 mais son œuvre continue de résonner dans l’univers de la littérature jeunesse fantastique. Phagocyté par Harry Potter, le genre comporte pourtant de nombreuses œuvres de qualité dont L’apprenti épouvanteur fait partie. Son adaptation en bande dessinée lui offre à juste titre un nouvel éclairage. Au dessin, Benjamin Bachelier adopte un trait peinture expressionniste. On pense en particulier à Ernst Ludwig Kirchner, peintre allemand dont on retrouve ici des influences dans les paysages.
© Bachelier, Oertel, Delaney – Bande d’ados Alors que Potter avait plusieurs professeurs, Thomas Ward n’en a qu’un. Alors que le sorcier de Rowling étudiait dans un château, celui de Delaney fait son apprentissage dans la maison de son maître. Alors qu’Harry Potter n’a encore jamais été adapté en bande dessinée, L’apprenti-épouvanteur démarre sa carrière dans le neuvième art, ensorcelant les lecteurs dans une aventure fantastique.
https://youtu.be/xh9YLkb3OTo?si=ejR1Nj2I23Bb1XLgSérie : L’apprenti Epouvanteur
Tome : 1
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Pierre Oertel
Dessins & Couleurs : Benjamin Bachelier
D’après : Joseph Delaney
Éditeur : Bayard
Collection : Bande d’ados
ISBN : 9781036340628
Nombre de pages : 88
Prix : 15,90 €
- Kujô l’implacable 2 & 3par Laurent Lafourcade
La loi est aveugle
« -Vous êtes bien Madame Iemori, la personne qui nous a contactés par téléphone ? En quoi puis-je vous aider ?
-J’aimerais que vous récupériez l’héritage de mon père. Il a laissé un testament écrit dans lequel il affirme vouloir léguer 400 millions de yens à une association. Mais mon père n’a pas pu écrire un tel document. »
Hanae Iemori, gestionnaire d’une société de conseil, se présente au cabinet de Taiza Kujô, avocat réputé de la ville. La dame pense avoir été spoliée de son héritage. Son père a laissé un testament écrit dans lequel il affirme vouloir léguer 400 millions de yens à une association. D’après elle, il n’a pas pu écrire un tel document. Souffrant de démence, pensionnaire d’une maison de retraite, il aurait été escroqué par le gérant de l’institut, qui préside l’association bénéficiaire, et par son avocat, un certain Yûzô Yamashiro, l’ancien mentor de Kujô. Dans un premier temps, ce dernier refuse de prendre en charge l’affaire. Il se trouverait en situation de conflit d’intérêts, un cas de figure dans lequel ses intérêts et ceux de sa cliente seraient opposés. Il pourrait manquer d’impartialité. Kujô hésite. Va-t-il aller au front et en toute objectivité combattre celui qui lui a appris son métier ?
© 2021 Shohei MANABE
© KANA 2023Shôhei Manabe poursuit la vie hors du commun de Taiza Kujô, l’avocat pas comme les autres qui vit dans une tente sur le toît d’un immeuble en pleine ville. Il place son héros dans une situation délicate, celle où, à moment donné dans la vie d’un homme, on se trouve confronté à devoir selon l’expression « tuer le père ». On apprend que la situation familiale de Kujô est complexe. Alors qu’il se recueille sur la tombe de son père, l’attitude de son grand-frère procureur Kuroudo Kurama en dit long. L’aîné est autoritaire et impérieux, comme « papa ». Le cadet est désinvolte. Kurama ne comprend pas comment son frère a pu ouvrir un cabinet d’avocats après avoir échoué cinq fois au concours national du barreau. De mauvaises rumeurs circulent. Kujô est la honte de la famille. Pour les autres membres, il est un perdant. Ce point de vue va certainement influencer son choix dans la décision de « tuer » ou pas l’autre « père », le professionnel.
© 2021 Shohei MANABE
© KANA 2023Un fait de société grave est au cœur de ces deuxième et début du troisième volumes des affaires de Kujô l’implacable, celui de la maltraitance dans les maisons de retraite. Partout dans le monde, la situation dans les Ehpad n’est pas reluisante. Il arrive parfois que les actualités dénoncent des agissements inappropriés d’aides-soignants considérant leur « public » comme du bétail. Ici, Manabe n’y va pas avec le dos de la cuillère avec des scènes à la limite du soutenable mais que l’on imagine plausibles. Le volume 3 enchaîne avec une double histoire de suicides, celui d’un vieillard esseulé et celui d’un avocat isolé, et dans laquelle on apprend qu’il faut se méfier des apparences. On conclue avec une intrigue dans laquelle Mibu va se trouver en plus que mauvaise posture.
© 2021 Shohei MANABE
© KANA 2023« Criminel ou victime, la loi est aveugle… » Ce slogan en dos de jaquette est la parfaite synthèse de l’univers de Kujô l’implacable. En marge de la société, Kujô se place en observateur de tous ses travers, comme pour mieux les voir de haut. Intriguant et fort intéressant.
Série : Kujô l’implacable
Tomes : 2 & 3
Genre : Thriller/Polar
Scénario & Dessins : Shôhei Manabe
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505120421 / 9782505120438
Nombre de pages : 208
Prix : 7,70 €
- Mauve Bergamote 3 – Le mystère de Crookneckpar Laurent Lafourcade
A la mode de chez nous
« -Cette année, pour la fête annuelle de la mode, il y a un concours de création de vêtements. Et la présidente du jury, ça sera Pamela Verdova ! Elle viendra exprès ! Hiiiii !
-Non mais t’as vu comment Mauve s’habille ?! Elle aime pas la mode.
-Pardon ?! »
Quoi de neuf à la Clairière Nouvelle, au Bois des Espoirs ? Les copines de Mauve Bergamote sont engagées dans un concours de création de vêtements pour la fête de la mode. Elles ne sont pas toutes d’accord, mais Mauve peut leur permettre d’augmenter leurs chances de gagner. Et puis, Mauve est bien plus occupée et préoccupée par sa boutique d’herboriste. Qu’à celle ne tienne, ses camarades s’adapteront à son emploi du temps. Pendant ses absences, Crookneck tiendra la caisse. De toute façon, la ville l’effraie. Avec sa tête de citrouille, soit les gens ont peur de lui, soit ils se moquent. Sinon, il serait allé avec elle et ils en auraient profité pour manger des gâteaux dans un salon de thé. Bref, les filles sont à fond. Le lendemain, elles se retrouvent au magasin de tissus. Il y a un choix de dingue. Il s’agit juste de faire le bon pour gagner le concours.
© Cécile, Grimaldi, Poupelin – Delcourt Bien évidemment, le concours de mode n’est qu’un prétexte pour entrer plus profondément dans la psychologie et le passé des personnages, comme dans les émissions de Christina Cordula… Non, pas grand-chose à voir ! En se promenant en ville, Mauve va tomber sur une maison qu’elle a vue en rêve, puis sur une maison de famille. Mais contre toute attente c’est dans la généalogie de Crookneck que l’on va plonger, et l’on va apprendre que le destin nous amène parfois vers des voies que l’on n’aurait pas prises et sur lesquelles il vaut peut-être mieux rester. On versera une petite larme à cette occasion.
© Cécile, Grimaldi, Poupelin – Delcourt Flora Grimaldi et Cécile bouclent leur trilogie mêlant émotion, humour et mystère sans forcément répondre à toutes les questions. Mais au fond, est-il nécessaire de toujours tout savoir ? Vivons heureux. Ne forçons personne à nous aimer. Peut-être qu’ils ne nous méritent pas. On conclue par le traditionnel carnet bucolique, avec les règles d’or des bons herboristes, les bienfaits de l’agastache à feuilles d’ortie et la recette de son sirop, ainsi que, comme le fait Mauve dans l’histoire, une méthode simple pour imprimer des plantes sur du tissu, et une fiche sur le basilic pourpre.
© Cécile, Grimaldi, Poupelin – Delcourt On l’a déjà dit mais on le répète. Ce n’est pas pour rien que Mauve Bergamote fait partie des albums étudiés dans La BD en classe Bulles de nature, édité par le SNE (syndicat national de l’édition) et disponible en ligne. Le dossier enseignant et le carnet élève sont tous les deux téléchargeables gratuitement sur le site du SNE : https://www.sne.fr/actu/bulles-de-nature-second-opus-de-la-collection-la-bd-en-classe/ . Ces documents pédagogiques donnent les clés pour travailler autour de la BD à l’école primaire et au collège.
Mauve Bergamote, c’est fini ?! C’est pas possible ! On a besoin d’un tel feel-good et il y aurait encore tant à raconter dans l’univers. A mi-chemin entre Les carnets de Cerise pour son côté écolo et L’enfant et le maudit pour son côté contemplatif, Mauve Bergamote est une lecture délicieux thé de fin d’après-midi.
Série : Mauve Bergamote
Titre : 3 – Le mystère de Crookneck
Genre : Emotion
Scénario : Flora Grimaldi
Dessins : Cécile
Couleurs : Hugo Poupelin
Éditeur : Delcourt
Collection : Jeunesse
ISBN : 9782413075653
Nombre de pages : 64
Prix : 15,50 €
- Alix Senator 14 – Le serment d’Arminius / Alix 42 – Le bouclier d’Achillepar Laurent Lafourcade
Un vieil ennemi et des nouveaux
« -Arminius ! Va chercher Helda !
-Quoi ?! Mais j’en ai assez d’être votre petit messager, moi ! Je veux me battre comme les grands !
-Arminius ! Vite !
-C’est pas juste à la fin ! »
Eté 9 avant notre ère. Est de la Germanie. Les troupes de Tibère affrontent les germains. Les combats sont sanglants. Le général Drusus vient d’être amputé d’une jambe, mais le mal a gagné tout le corps. Le jeune, le très jeune Arminius, est le fils de Sigimer, chef des allés chérusques des romains, est acharné au combat. Il veut que la guerre se poursuive. Les chérusques aident les latins contre les peuples de l’Elbe hostiles à tout ce qui n’est pas germain. En contrepartie, les romains combattent avec Sigimer contre les clans rebelles qui lui sont hostiles. Alix vient d’arriver sur place. Il y retrouve son fils Titus, officier aux côtés de Tibère. Le sénateur ne va pas tarder à être enlevé. Entre combats internationaux et luttes intestines, cette escale sur la route de l’Atlantide avec le disque d’Osiris ne va pas être de tout repos.
© Démarez, Mangin, Chagnaud – Casterman Ce n’est pas un disque mais un autre objet circulaire qu’Alix va devoir protéger une cinquantaine d’années plus tôt : Le bouclier d’Achille. L’histoire commence sur l’île d’Ithaque. Suivant les indications d’un parchemin, ce fourbe d’Arbacès met à jour avec un complice des tablettes d’argile indiquant l’emplacement de la tombe du héros troyen Achille. L’ennemi juré d’Alix tue son camarade pour être seul détenteur du trésor. En allant chercher de l’aide pour transporter les tablettes sur son navire, il n’imaginait pas qu’un berger, qui avait tout vu, s’emparerait de trois tablettes parmi les vingtaines du trésor. Arbacès veut mettre la main sur les armes d’Achille afin d’être reconnu chef et de soulever la Grèce contre Rome. C’est sans compter qu’Alix se trouverait une fois de plus en travers de sa route.
© Jailloux, Seiter, Martin – Casterman Le duo Mangin/Démarez n’a plus rien à prouver. Alix Senator, déjà quatorze albums au compteur, est devenu l’une des séries majeures du catalogue Casterman et de l’univers Martin. Chaque titre est publié en édition classique et en édition premium dos toilé avec un cahier historique, ici consacré à la Germanie, le meilleur ennemi de Rome. On y apprend que le jeune Arminius qui donne son titre à l’album a réellement existé. Il deviendra l’un des chefs les plus puissants entre le Rhin et l’Elbe.
© Démarez, Mangin, Chagnaud – Casterman Habitué de Lefranc pour lequel il a déjà signé cinq albums, Roger Seiter écrit son premier Alix. Il confirme Arbacès dans son rôle d’Olrik, ennemi éternel, perdant chronique et trompe-la-mort. Marc Jailloux, absent depuis quatre ans, est de retour au dessin, avec un trait à la Martin période L’enfant grec. Impeccable. Pour tous ceux qui ont lu Alix dans leur jeunesse, on a de nouveau quatorze ans en lisant cet album. C’est passionnant, c’est merveilleux.
© Jailloux, Seiter, Martin – Casterman 2023 marque les soixante-quinze ans d’Alix. Au Muséoparc d’Alésia, l’exposition Alix : De ville en ville, Entre Orient et Méditerranée, a ouvert ses portes depuis le 3 mai. Elle retrace les périples d’Alix, au travers des albums de l’univers grâce à des panneaux didactiques et des animations pour les petits et les grands. Dépêchez-vous, cette exposition temporaire ferme ses portes le 30 novembre. Mais rassurez-vous si le délai est trop court. Sur le même lieu, il y aura toujours l’exposition permanente Sur les pas d’Alix.
Série : Alix Senator
Tome : 14 – Le serment d’Arminius
Genre : Aventure historique
Scénario : Valérie Mangin
Dessins : Thierry Démarez
Couleurs : Jean-Jacques Chagnaud
D’après : Jacques Martin
Éditeur : Casterman
ISBN : 9782203228207
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €
Série : Alix
Tome : 42 – Le bouclier d’Achille
Genre : Histoire – Aventure
Scénario : Roger Seiter
Dessin : Marc Jailloux
Couleurs : Florence Fantini
D’après : Jacques Martin
Éditeur : Casterman
ISBN : 9782203232785
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
- L’ombre des lumières 1 – L’ennemi du genre humainpar Laurent Lafourcade
Un nouveau Valmont
« -La peste soit de ces postillons ivres de vitesse et de mauvais vin !
-Baron, je vous dois presque la vie ! Les chaises de poste vont au galop, mais le courrier arrive au pas ! En cette matière aussi bien des progrès restent à accomplir.
-En termes de confiance également. Hier, alors que je déposais des lettres au relais de Mouthiers, j’ai surpris un homme en train de soudoyer le maître de poste. Un homme que j’avais déjà croisé dans Paris. Un homme de fort mauvaise réputation. Avez-vous entendu parler du chevalier de Saint-Sauveur ? »
Juin 1745. Eunice de Clairefont, jeune aristocrate de la noblesse française, vient de rencontrer Corentin du Préau de Vazelles, baron de la Tournerie, en villégiature dans le voisinage pour l’été. Il cherche son chemin. La belle propose de le guider en échange de nouvelles de la ville. Ils parlent de cartographie, de sciences, et, lorsqu’un postillon les dépasse à vive allure, la conversation dévie sur un homme rencontré la veille par le baron : un certain chevalier de Saint-Sauveur. Eunice ne lui répond pas, mais elle connaît bien l’individu, tout du moins les lettres enflammées qu’il lui envoie régulièrement et qu’elle préfère ignorer.
© Guérineau, Ayroles – Delcourt Après avoir vu le film de Stephen Frears et lu Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, frappé par son intelligence et sa finesse, Alain Ayroles s’est découvert l’envie d’une immersion en plein XVIIIème siècle. Ayant travaillé pour l’époque avec Les Indes fourbes, il a eu l’idée de mêler les univers des Liaisons avec celui du Dernier des Mohicans de Fennimore Cooper. Le Chevalier de Saint-Sauveur est un mystérieux séducteur masqué, sans scrupules, sans morale, prêt à tout pour prendre dans ses filets des proies innocentes dupées par ses proses et ses manigances. Si la série fonctionne, il est prévu de démarrer par un triptyque et de poursuivre par des one shot pour parcourir la période de la philosophie des Lumières jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
© Guérineau, Ayroles – Delcourt Richard Guérineau relève le défi d’illustrer une histoire de correspondances. Le dessinateur du Chant des Stryges s’était familiarisé avec les époques moyenâgeuses au travers de Charly 9, Henriquet et Entrez dans la danse. Le bon en avant s’avérait logique. Les personnages s’écrivent des lettres qui rythment l’avancée du récit. Le risque était grand de tomber dans le livre illustré. Le professionnalisme des auteurs évite l’écueil. Les passages des lettres et ceux dialogués alternent et s’enchaînent avec fluidité. Au niveau visuel, pour les lettres, une typographie cursive a été utilisée sur du papier scanné.
© Guérineau, Ayroles – Delcourt Guérineau est l’un des meilleurs dessinateurs de sa génération. Dans le genre, on parle tout le temps d’Enrico Marini, mais le dessinateur découvert il y a presque trente ans avec L’as de pique scénarisé par Corbeyran est au moins de niveau égal, voir le surclasse dans les décors.
Ayroles et Guérineau réinventent la bande dessinée épistolaire. Romantique, libertin et historique, L’ombre des lumières donne des lettres de noblesse à un Neuvième Art qui n’a plus rien à envier à la grande littérature.
Série : L’ombre des lumières
Tome : 1 – L’ennemi du genre humain
Genre : Histoire
Scénario : Alain Ayroles
Dessins & Couleurs : Richard Guérineau
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413078548
Nombre de pages : 62
Prix : 19,99 €
- La fortune des Winczlav 3 – Danitza 1965par Laurent Lafourcade
La boucle est bouclée
« -A présent que nous ne devrons plus nous occuper de ton père, que vas-tu faire de nous, Nerio ?
-Mais rien, Sid. Tu restes ici avec ta maman, ta charmante épouse et ta jolie petite Chrissie. Et vous me gardez une chambre pour quand je viendrai passer un week-end de détente.
-Toi, un week-end de détente ? Ne me fait pas rire, « frérot ». »
Aux Etats-Unis, Thomas Winch vient de décéder. Nerio, son fils, n’assiste pas aux obsèques. Il est à Washington pour une histoire de puits de pétrole en Oklahoma dans une réserve indienne. Milan, le grand-père, avait été dépossédé de ses terres au profit des Cherokees chassés de Géorgie. Nerio a entamé une procédure de restitution. Il va gagner. Ça sera le début de son ascension. Plus rien ne va arrêter celui qui sera à la tête d’un des plus grands groupes financiers du monde. Ça, on le sait déjà. Il pourra toujours compter sur Sid, son frère de lait noir, pour le soutenir dans ses démarches… et ses magouilles. En Europe, au Montenegro, Jovan Winczlav est arrêté par la police politique de Tito. L’instituteur est accusé de propager des pensées contre-révolutionnaires à ses élèves. Sa femme Aliana parvient à s’échapper avec leur bébé Danitza, qui n’est autre que la future mère d’un petit Largo. Quels événements vont amener Nerio à adopter quelques années plus tard ? C’est ce que l’on apprendra dans cet album.
© Berthet, Van Hamme, David, Mado – Dupuis Jean Van Hamme et Philippe Berthet apportent une conclusion au triptyque prequel disant tout sur l’arbre généalogique de Largo Winch. Ses origines n’ont rien à envier à celles d’un célèbre amnésique. Van Hamme prend un plaisir non dissimulé à raconter la vie des ancêtres de l’aventurier milliardaire. Mais on le sent très à l’étroit dans ce triptyque. L’histoire aurait gagné à être étalée sur plus d’albums. En particulier dans celui-ci, ça va vite, très vite, trop vite. La vie de Danitza est décrite en accéléré. La bluette avec celui qui deviendra le père de Largo frise le cucul la praline. On aurait voulu plus de fond entre eux. C’est comme si Van Hamme riait de lui-même, de la façon dont il l’a fait dans le secret de l’Espadon. L’avantage, c’est que le scénariste applique son adage du « pas de temps mort ». Pour résumer, dans la forme, on est dans une bonne structure scénaristique. Dans le fond, l’auteur nous avait habitué à mieux.
© Berthet, Van Hamme, David, Mado – Dupuis La classe du dessin de Philippe Berthet relève le niveau. Son dessin très hollywoodienne (peut-être à cause ou grâce au privé de ses débuts) est la définition de la ligne claire réaliste. On espère d’ailleurs qu’après cet interlude « Largo » dans sa carrière on va le retrouver dans du polar noir américain. En attendant, cet album ravira ses afficionados, tant dans les scènes de dialogues où tension ou émotion sont amenées au premier plan par les regards, que dans des moments tragiques comme le bombardement de Sarajevo, qui est justement une des scènes beaucoup trop courtes de l’album. Coup de chapeau à sa collaboratrice
© Berthet, Van Hamme, David, Mado – Dupuis Bien que perfectible au niveau de l’histoire, avec La fortune des Winczlav, ce damné Van Hamme a encore une fois réussi son coup, en grande partie grâce au talent de Philippe Berthet. Ces aventures des ancêtres de Largo offrent de la véracité au parcours du milliardaire en jean qu’est Largo Winch.
Série : La fortune des Winczlav
Tome : 3 – Danitza 1965
Genre : Aventure historique
Scénario : Jean Van Hamme
Dessins : Philippe Berthet, avec la participation de Dominique David
Couleurs : Mado
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034761074
Nombre de pages : 64
Prix : 16,95 €
- Hollywoodland 2par Laurent Lafourcade
La cité déchante
« -Imaginez : 13 lettres de 50 pieds de haut sur 30 pieds de large chacune ! Chaque tronçon s’éclairera en alternance… HOLLY… puis… WOOD, LAND ensuite… Pour former enfin le nom du quartier résidentiel qui, d’ici peu, s’érigera ai pied de cette colline : HOLLYWOODLAND !! »
On l’appelle La cité des anges, mais beaucoup s’y brûleront les ailes. Los Angeles deviendra La Mecque du cinéma. D’immenses lettres vont être installées à flanc de colline dans les années 20, il y a une centaine d’années. Mais à l’origine, rien à voir avec le cinéma. L’écriteau est installé uniquement à cadre publicitaire. Ce n’est que plus tard, en 1949, que les lettres, « land » en moins, deviendront le symbole du Septième Art. Elles seront classées monument historique en 1973. Elles sont à présent partie prenante du mythe, du rêve de gloire, d’argent et de paillettes, mais derrière elles ne se cachent pas que des joies. Il y a aussi des drames.
© Maltaite, Zidrou, Ory – Fluide glacial Après s’être attachés à des destins dans le tome 1, les auteurs Zidrou et Maltaite s’attardent sur des lieux. Lincoln Heighs Jail est une prison. « Chéri » et acteur, qu’est-ce qui a pu assombrir le destin de ce bellâtre sorti de son Texas natal ? Tout lui souriait. Coucher pour réussir ne lui posait pas de problème. Il se prenait pour le lion de la MGM. Et pourtant, un grain de sable va venir faire dérailler la machine. Will Rodger State Beach devient le lieu de répétition d’une jeune indienne que sa grand-mère cherche à pousser sur le devant de la scène, lui faisant garder espoir. Old Bushmills met en scène le trottoir sur le devant des studios de la Warner avec un vieux cireur de chaussures qui a rencontré le tout Hollywood.
© Maltaite, Zidrou, Ory – Fluide glacial On assiste à l’avènement de la 3D avec les mythiques lunettes rouge pour l’œil gauche, bleu pour l’œil droit. Alors, si vous voulez voir Bwana Devil en trois dimensions rendez-vous au cinéma El Portal, si Betty la caissière ne fait pas des siennes. Pendant ce temps, à l’Oklahoma Theatre, les affiches sont peintes à la main. Et merde s’il y a un changement de programme au dernier moment. Sur le parking d’une villa de luxe, Due est une histoire de voiture…et de vengeance. On termine le voyage dans un village chicanos, aux portes du désert, à Los Angeles de los muertos, Hollywood à une autre échelle.
© Maltaite, Zidrou, Ory – Fluide glacial En deux tomes, Zidrou et Maltaite ont dégagé toute l’essence d’Hollywood. C’est glamour, c’est drôle, c’est dramatique. Bref, c’est du cinéma.
Série : Hollywoodland
Tome : 2
Genre : Histoire
Scénario : Zidrou
Dessins : Eric Maltaite
Couleurs : Philippe Ory
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038205642
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
- La brigade des cauchemars 6 – Ariane / HS – L’Escape Bookpar Laurent Lafourcade
Entrez dans le game
« -Des pétards !?! Quelle bande de crétins !!!
-Non ! Pitié ! Ne me tuez pas !
-Ariane ?? Qu’est-ce qui t’arrive ?
-Laisse-moi tranquille !! »
Maintenant qu’Alice, la mère de Tristan, est revenue dans le monde réel, la brigade des cauchemars pourrait être dissoute. C’est compter sans les ambitions du professeur Albert, époux et père, qui a conçu une nouvelle clinique permettant d’effectuer de nouveaux voyages, non pas dans les cauchemars, mais dans les souvenirs. Tristan, Sarah et Esteban vont donc reprendre du service. La première patiente est une amie de Tristan. Elle s’appelle Ariane et se met dans des états de panique dès qu’elle entend des bruits ressemblant à des coups de feu. Il va falloir plonger dans ses souvenirs, dont elle n’a justement aucun souvenir… jusqu’à ceux de ses ancêtres.
© Dumont, Thilliez, Kaedama, Drac – Jungle Le deuxième cycle de La brigade des cauchemars démarre sur les chapeaux de roues. Si le titre n’était pas déjà pris, en l’occurrence par une excellente série signée Carbone, Cee Cee Mia et Marko, la série aurait pu être rebaptisée La brigade des souvenirs. Qu’importe. Les souvenirs visités étant cauchemardesques, on reste dans le ton. Dans ce nouveau concept du professeur Albert Angus, le trio va donc pouvoir pénétrer les esprits des patients avec la possibilité de modéliser un pouvoir. Pour Sarah, ce sera l’invisibilité. Pour Esteban, le choix se porte sur la génération de glace. Pour Tristan, qui voulait générer du feu, ce ne sera pas possible. S’il veut sortir de son fauteuil, il devra choisir le pouvoir de marcher. Le cas d’Ariane ne va pas être simple à traiter. Son traumatisme serait l’héritage d’un de ses ancêtres.
© Dumont, Thilliez, Kaedama, Drac – Jungle Le trio Frank Thilliez/Yomgui Dumont/Drac rebondit astucieusement. La problématique de départ de la série étant résolue. Il fallait trouver une nouvelle dynamique. C’est fait, tout en respectant le concept et l’ADN de la série. Les fans de la première heure ne seront pas déçus et de nouveaux lecteurs peuvent très bien démarrer la série par ce tome 6. Bien sûr, il est plus agréable de connaître tous les antécédents des personnages, mais l’intrigue est parfaitement compréhensible. Un cliffhanger final relance le suspense et inscrit cet épisode comme la première pierre d’une nouvelle grande intrigue.
La brigade est également de retour avec un Escape Game. A l’instar des enfants de la résistance, la bande de gamins a besoin de vous pour résoudre l’énigme de l’escape book dont ils sont les héros. C’est une histoire spin-off totalement originale. Contrairement à l’escape des enfants de la résistance, celui de la brigade des cauchemars est entièrement en bande dessinée. L’exploit technique est remarquable. Les énigmes ne sont pas évidentes. On se prend réellement au jeu. On fait vraiment partie de la brigade. L’histoire se tient avec ses tenants et aboutissants. On n’est pas du tout dans le jeu pour le jeu. Réussirez-vous à libérer Gaspard de ses cauchemars ? Phénomène de société à prendre à bras le corps, le sujet de fond est le harcèlement scolaire. Si en plus, l’album peut être une aide pour lutter contre, que demander de plus ?
© Dumont, Thilliez, Kaedama, Drac – Jungle La brigade des cauchemars est une excellente série de bande. On ne les attend plus à présent que dans la série télévisée en cours de développement pour France Télévisions.
Série : La brigade des cauchemars
Tomes : 6 – Ariane / HS – L’Escape Book
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Franck Thilliez & Yomgui Dumont
Dessins : Yomgui Dumont
Couleurs : Drac, assistée de Takaku & Langlais
Éditeur : Jungle
Collection : Jungle frissons
ISBN : 9782822232654 / 9782822237949
Nombre de pages : 64 /48
Prix : 13,95 €
- Thomas Sankara, un rêve brisépar Laurent Lafourcade
Une histoire du Burkina Faso
« -Papa, je suis très déçu, j’ai pris une décision. J’ai entendu à la radio qu’on recrute trois BEPC au prytanée militaire du Kadiogo. Je pense qu’aujourd’hui l’armée représente une institution pleine d’avenir qui va changer ce pays et moi, je veux être utile à mon pays. »
Afrique 1966, Haute-Volta, le jeune Thomas Sankara vient d’obtenir son brevet des collèges. Il souhaiterait poursuivre des études de médecine mais ne décroche pas de bourse, au profit d’un autre étudiant dont la famille avait des relations haut placées. Thomas est écœuré. Il décide de s’engager dans l’armée pour servir son pays. Ce sera l’élément déclencheur d’une grande carrière militaire et politique. Il fera sa formation au prytanée du Kadiogo. Jusqu’en 1972, il suivra l’académie militaire et fera son stage à Madagascar où il vivra de l’intérieur la révolution. Lui vient alors l’idée d’une « révolution démocratique et populaire. »
© Dusio, Forte, Occhetti – L’Harmattan BD La carrière militaire de de Thomas Sankara se poursuit dans une Haute-Volta, qui deviendra plus tard le Burkina Faso, en proie à des crises politiques, guerres de voisinage (en particulier avec le Mali), changements de gouvernements et prises de pouvoir pas toujours réglementaires. 1981 marque le début de la carrière politique de Sankara. L’homme devient secrétaire d’Etat à l’information dans le gouvernement du colonel Saye Zerbo, qui avait renversé le gouvernement précédent quelques mois plus tôt. Il démissionne sept mois plus tard, est dégradé et chassé de Ouagadougou. Zerbo renversé à son tour par un coup d’Etat, Sankara devient Premier Ministre en janvier 1983. La suite sera tout sauf un long fleuve tranquille. On vous laisse découvrir dans l’album le destin de celui qui deviendra président.
© Dusio, Forte, Occhetti – L’Harmattan BD Plus qu’une biographie, ce « rêve brisé » est une hagiographie de Thomas Sankara. Il a lutté contre la corruption. Il a mené des actions écologiques, en engageant le pays dans l’agro-écologie pour lutter contre la désertification. Il a eu des positionnements sur la santé, avec des vaccinations commando pour éradiquer les maladies infantiles, ainsi que sur le féminisme, soulignant les tâches des femmes. Le scénariste Franco Dusio raconte sa vie de sa naissance à sa mort, s’attardant sur tous ses hauts faits militaires et politiques. Le dessin réaliste de Marco Forte et Luca Occhetti immerge dans une Afrique implacable. La colorisation est sombre, beaucoup trop sombre. Accentuée par des cartouches narratifs sur fond marron, l’ambiance oblige parfois à un sur-éclairage pour plus de lisibilité. Cette pénombre quasi-permanente est regrettable.
© Dusio, Forte, Occhetti – L’Harmattan BD « On peut tuer un homme, mais pas ses idées ». Cette phrase de Thomas Sankara résonne comme un cri d’espoir pour un pays, le Burkina Faso, où se succèdent les renversements depuis des dizaines d’années, le dernier ayant eu lieu en septembre 2022. L’aventure, la vie de cet homme permet de comprendre les tourments d’une quarantaine d’années au cœur de l’Afrique.
One shot : Thomas Sankara, un rêve brisé
Genre : Biopic
Scénario : Franco Dusio
Dessins & Couleurs : Marco Forte & Luca Occhetti
Éditeur : L’Harmattan BD
Collection : La bande dessinée aux couleurs de l’Afrique
ISBN : 9782140320323
Nombre de pages : 116
Prix : 17,90 €
- CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection Uderzo & Copar Laurent Lafourcade
Des gaugau… Des gaugau… Des gaulois !
« La magie d’Uderzo n’a jamais cessé et au vu de l’âge de mes acheteurs du dernier et du prochain album, ce n’est pas prêt de s’arrêter; le génie ne connaît pas les outrages du temps. » (Matthieu Saint-Denis, libraire)
Après Franquin et Hergé, le CAC3D s’attaque à un autre génie de la bande dessinée : l’immense Albert Uderzo. Préfacé par Matthieu Saint-Denis, libraire à Krazy Kat Bordeaux, il recense les figurines issues de l’univers du créateur, entre autres, d’Astérix. Le commerçant en profite pour justifier l’intérêt de l’ouvrage, outil indispensable pour les professionnels et les collectionneurs. Il rappelle aussi à l’occasion qu’à côté de ces trésors, parfois onéreux, il vend aussi de jolis porte-clés à 6,50 euros. Mais attardons ici sur les quinze fabricants recensés dans cette deuxième édition du CAC3D Uderzo.
© Mallet – Côte-à-cas éditions On le répète à chaque chronique sur un CAC 3D, mais c’est nécessaire. Pour chacune des figurines, il y a évidemment l’estimation de la côte et une photo de l’objet, avec le nom du fabricant, accompagnée de sa licence et de son copyright. A côté, on trouve les informations détaillées : référence, société, sculpteurs, matière, aspect, dimensions, année de production, tirage, certificat d’authenticité, prix d’origine, provenance et, éventuellement, particularité et contenant. Plus de 360 objets sont ainsi référencés.
Arrêtons-nous au hasard, ou presque, sur quelques-uns d’entre eux. On commence chez Attakus, éditeur et distributeur de statuettes sculptées par l’atelier Bombyx. Leur pièce remarquable est une scène de pugilat au village, sûrement déclenchée par un conflit entre un poissonnier et un forgeron. La version couleur à 500 exemplaires est côté 1700 € tandis que la version monochrome a un prix d’origine de 2450 €. Estimation d’aujourd’hui non communiquée. Chez Fariboles, Bonnemine coud pour 250 € et César passe sa main par-dessus son épaule pour 340 €. Nous sommes ici avec des statuettes de 13 à 23,5 cm de haut. Leblon Delienne et Pixi se taillent la part du lion. Les figurines en résine du premier rivalisent avec les pièces métalliques du second. Il faudra 500 € pour s’offrir un Abraracourcix à l’assaut sur son bouclier, porté par deux gaulois au pas de course chez Leblon Delienne. Ce sera presque le même prix (480 € exactement) pour le bateau des pirates en pleine mer.
© Mallet – Côte-à-cas éditions Albert Uderzo n’ayant pas été le dessinateur d’une seule série, ses autres personnages se retrouvent aussi dans cette encyclopédie. Oumpah-Pah est assis les bras croisés chez Sodiema, une résine à 2200 €. Tanguy et Laverdure, également en résine, reviennent guillerets de mission chez Motus créations pour 580 €. 32 cm et 330 €, ce sont les caractéristiques du Jehan Pistolet, mains sur les hanches, tiré en 2013 à 125 exemplaires chez Leblon Delienne.
© Mallet – Côte-à-cas éditions C’est la deuxième édition de cette encyclopédie des figurines de collection Uderzo & Co. Plus que des ouvrages de référence, les CAC 3D sont aux figurines dérivées ce qu’est le BDM aux albums.
Série : CAC 3D – Encyclopédie des figurines de collection
Tome : Uderzo & Co
Genre : Argus
Auteur : Christian Mallet
Éditeur : Côte-à-cas éditions
ISBN : 9782491066291
Nombre de pages : 114
Prix : 34 €
- Maltempopar Laurent Lafourcade
Musico Bruno !
« -Woooow. Nom de Dieu ! Ils vont venir faire un casting, ici ? Je le crois pas !
-Héhé.
-Et ça veut dire que la Valeria Guzzoli va vnir ici, avec ses nichons !? Rhaaa, je veuuux !
-Il faut absolument qu’on participe ! C’est une occasion en or, ça ne se reproduira pas. Il faut qu’on fasse ce casting avec le groupe ! »
« Samedi 24 août. Le casting de la plus célèbre émission musicale passe dans votre région ! Vous avez toujours rêvé de monter sur scène et d’époustoufler le public ? Vous voulez devenir la prochaine star qui vendra des millions de disques ? Venez tenter votre chance en participant à notre grand casting national en présence du célèbre jury de l’émission ! » Voici l’occasion rêvée pour Mimmo, 15 ans, de fuir le petit coin perdu d’Italie du Sud dans lequel il vit. Il ne veut pas vivre reclus. Il a de l’ambition. Il a de l’espoir. Il a une guitare. Un célèbre radio-crochet vient faire escale pour un casting. Il ne reste plus à Mimmo qu’à convaincre sa bande de copains de l’accompagner dans l’aventure. Il lui faut un groupe, il lui faut un chanteur, pour pouvoir participer au concours.
© Alfred – Delcourt Attention, Maltempo n’est pas l’histoire d’un concours de chant… enfin, si…. enfin, non… Maltempo, c’est avant l’histoire d’un pays, l’Italie, en pleine mutation. Le bétonnage gagne les havres de paix et ce n’est pas du goût de tout le monde. Ce petit coin perdu est comme confiné. Certains habitants voudraient que ça le reste alors que d’autres souhaiteraient une ouverture au monde. La venue de l’équipe de casting est une porte qui s’ouvre vers un nouvel univers, vers celui que Mimmo rêve de conquérir. Il y a aussi un côté thriller avec Monsieur Stefano et l’humour n’est pas oublié grâce à Lupo. Alfred décuple l’intensité de l’histoire en utilisant le medium bande dessinée on ne peut plus efficacement. De doubles planches contemplatives invitent à se poser. Les moments déstructurés de répétitions musicales font entendre la guitare électrique. On n’avait jamais vu ça, on n’avait jamais lu ça comme ça.
© Alfred – Delcourt Après Come prima et Senso, Maltempo est le troisième tome de la trilogie italienne d’Alfred. Ce n’était pas prévu au départ. L’auteur aux racines franco-italiennes a ressenti le besoin de poursuivre le voyage dans son Italie affective à l’issue de Come prima. N’ayant pas trouvé leur place dans cet album, certaines de ses notes ont nourri Senso. Les notes inutilisées de Senso ont de la même façon nourri Maltempo. Alfred réinvente des souvenirs d’enfance, dans des lieux authentiques, puisant dans sa mythologie familiale. Pour autant, nous sommes bien ici dans de la fiction et non dans de l’autobiographie. Ces trois albums sont indépendants, avec pour seul point commun le terreau affectif italien. C’est un passage de relais familial, entre la génération de ses parents et la sienne, entre lui et sa fille. Alfred y parle également de son amour pour la musique. L’histoire est musicale, elle est aussi théâtrale. Ce n’est pas pour rien que l’auteur participe et conçoit des concerts-dessinés depuis plus de vingt ans.
© Alfred – Delcourt Alfred conclue donc une œuvre d’ambiance. Il n’a pour autant pas l’intention de quitter le pays qu’il nous annonce probablement retrouver dans un album plus autobiographique, à moins qu’il ne fasse avant un détour vers des univers plus éloignés. En attendant, profitons de cette escale hors du temps, hors du monde terrible d’aujourd’hui et de l’actualité terrifiquement anxiogène.
One shot : Maltempo
Genre : Comédie dramatique
Scénario, Dessins & Couleurs : Alfred
Éditeur : Delcourt
Collection : Mirages
ISBN : 9782413027782
Nombre de pages : 184
Prix : 23,95 €
- Les sisters 18 – Tu veux ma photo ?par Laurent Lafourcade
Prenez la pose !
« -Ok, Ok, Mam’ Je vais trier mes affaires… Mais impossible de jeter ce vieux sweat ! Il a encore l’odeur du premier parfum que m’a offert Maxence et de tous les souvenirs de shopping aussi.
-Moi, tout pareil ! Mon pull a encore les taches de la meilleure pizza de toute ma vie !
-En vrai, elles sont pareilles, les sisters !!!
-Et tellement différentes !!! »
Marine et Wendy sont sommées par leur mère de trier leurs habits, simplement parce qu’elles grandissent et pour faire de la place. Ça ne va pas être facile, chacun d’entre eux se rappelle à leurs souvenirs. Les sisters sont de retour et elles n’ont pas changé. Marine n’a pas fini de pousser sa grande sœur à bout. Cette dernière n’a pas fini de hurler et de lui courir après. Mais avant ça, comme le souligne le titre, les premiers gags sont axés sur le thème de la photo souvenir. On va assister aux premiers pas de Marine, à ses premières nouilles, à sa rencontre avec Puduk, son doudou adoré de toujours. Ça va tellement l’émouvoir tout ça qu’elle va avoir envie de retomber en enfance, en toute petite enfance.
© William, Cazenove – Bamboo Comme d’habitude, Wendy, ses copines et son chéri vont être à la fois spectateurs, victimes ou provocateurs des délires de la petite. Max en particulier va devoir en avoir du courage. Il va devoir supporter la looonnnnnnnnngue séance de souvenirs photos de ce diablotin de Marine. Et elle a plein d’albums. A contrario, le blondinet va retomber en enfance en jouant la cavalerie face à une indienne fracassante, fracassante parce qu’elle a l’habitude de massacrer tout ce qui appartient à sa grande sœur. Mais Max n’a pas l’air de s’en inquiéter. Ça ne sera pas la même chanson le jour où il se comparera au doudou de Marine aux yeux de Wendy. Il y a les câlins bien sûr, mais est-il prêt à faire l’hélicoptère en sautant dans la boue ?
© William, Cazenove – Bamboo Une ombre le crayon à l’oreille prend des photos de Marine et Wendy à l’aide d’un polaroïd. On les voit complices sur l’une, en colère sur une autre, grimaçant sur l’une, renfrognées sur une autre. Ces mains qui tiennent l’appareil sont sans aucun doute celles d’un auteur mélange de William et de Cazenove. Les sisters sont leurs enfants et l’on ressent dans cette image toute la fusion entre des créateurs et leurs personnages de papier.
© William, Cazenove – Bamboo En quinze ans, les sisters sont devenues la deuxième BD préférée des enfants après Astérix et devant Tintin. Chez les filles, elles sont en pôle position. Les chiffres de vente sont éloquents : plus de sept millions d’albums vendus, 180 000 exemplaires à la nouveauté. Le tome 1 a dépassé les 800 000 exemplaires. La série cartonne en prêts en bibliothèque, possède son propre magazine tiré à 45 000 exemplaires et est traduite en dix-sept langues. Petite nouveauté, on peut les écouter en podcast. Et parlons des adaptations : le dessin animé cartonne et un film live est en préparation.
On l’a récemment dit pour Titeuf, les sisters sortent aussi leur dix-huitième album, alors sont-elles enfin adultes, sont-elles devenues raisonnables ? Par bonheur non et c’est tant mieux.
Série : Les sisters
Tome : 18 – Tu veux ma photo ?
Genre : Humour et sororité
Scénario : Cazenove & William
Dessins & Couleurs : William
Éditeur : Bamboo
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
ISBN : 9791041101283
- Black Butler 32par Laurent Lafourcade
Blessures secrètes
« -Bonjour à tous. Je vous présente Bardroy. Il vient d’entrer au service de cette maison. »
Sebastian, le majordome, présente un nouvel employé au personnel du manoir. Celui qui supervise les tâches de la maison pendant les congés de l’intendant Monsieur Tanaka, affecte le nouvel arrivant au poste de chef cuisinier. Bardor, c’est son nom, s’en étonne. Recruté parce qu’il est un mercenaire aguerri, le soldat américain est surpris de se retrouver à ce travail. Pour Sebastian, il est prioritaire de rehausser le prestige et la grandeur de Phantomhive. Piqué par une réflexion du jeune Ciel qui aurait préféré un chef français ou italien, Bardor accepte de relever le défi. Si sur le champ de bataille, il peut tout réduire en cendres, il ne devra pas faire ça dans les cuisines. C’est parti pour une formation accélérée, aidé par le majordome. Perturbé par son passé, le soldat parviendra-t-il à répondre aux attentes ?
© 2022 Yana Toboso / SQUARE ENIX CO., LTD.
© KANA 2023Si Bardor a été recruté à ce poste, bien que Monsieur le maître des lieux n’aime pas beaucoup les mondanités et n’organise donc jamais de banquet pour un grand nombre d’invités, c’est parce qu’il faut là quelqu’un capable de diriger ses subordonnés comme un commandant, pour leur faire aligner les plats sur la table au moment prévu, comme sur un champ de bataille. Bardor va mettre du cœur à l’ouvrage pour répondre aux attentes. Ce ne sera pas évident. Le premier poulet sera cramé. Avec une rigueur militaire, l’homme va apprendre. Il va devoir composer avec son passé qui peu à peu va ressurgir, son passé professionnel évidemment, mais sa vie de famille également. Quelle était sa vie d’avant ? Qu’est-ce qui l’a poussé à s’engager dans l’armée américaine ?
© 2022 Yana Toboso / SQUARE ENIX CO., LTD.
© KANA 2023Yana Toboso renouvelle l’univers de Black Butler en introduisant un nouveau personnage aux blessures secrètes. Bien sûr, on reste dans le ton et dans l’esprit de la série, mais l’auteur développe un angle à la fois mystérieux et émouvant. Les visions cauchemardesques de Bardor sont-elles des réminiscences du passé ou des délires post-traumatiques dus à la guerre ? On apprendra rapidement que ce sont les deux. L’auteur n’en oublie pas l’humour, avec un tacle au machisme. « Tout d’abord, c’est une erreur de faire travailler un homme en cuisine. Cuisiner, nettoyer, ce sont des tâches pour les femmes ! » dénonce Bardor. Sebastian, très avant-gardiste, le remet aussitôt à sa place : « Dire que le XIXème siècle est bientôt fini… Vous avez encore des idées si réactionnaires… »
© 2022 Yana Toboso / SQUARE ENIX CO., LTD.
© KANA 2023La force de Black Butler est d’être une série polycéphale. Elle entre dans tous les genres en ne se figeant dans aucun. Fantastique ? Oui et non. Mystérieuse ? Oui et non. Du quotidien ? Oui et non. Emouvante ? Oui, sans conteste.
Série : Black Butler
Tome : 32
Genre : Aventure Shonen
Scénario & Dessins : Yana Toboso
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505121428
Nombre de pages : 178
Prix : 7,10 €
- Saint-Elme 4 – L’œil dans le dospar Laurent Lafourcade
Pourtant la montagne est belle…
« Bzzz. Bzzz.
Tip.
-Mh. Sylvia… Dis-moi.
-Tu ne vas pas le croire. Je suis descendue en ville pour acheter ce dont on a parlé… Roland Sax est mort ! »
La ville de Saint-Elme continue de cacher ses mystères. Entre trafic de drogues et magouilles politiques, rien n’est tout blanc dans la montagne enneigée. Philippe Sangaré et Dombre ont sorti Franck de l’hôpital et l’ont amené à La vache brûlée. Dans un chalet isolé, Romane et Paco découvrent Katyé, une jeune fille terrorisée que, dixit, un monsieur a sauvé des méchants. Roland Sax est mort. Celui qui tirait tant de ficelles laisse place à la meute. Ça laisse le champ libre à Gregor Mazur qui débarque en hélicoptère. Le patriarche compte bien placer ses pions pour avoir le contrôle de la ville et de l’usine d’eau de source avec la complicité de son directeur Victor Jansky.
© Lehman, Peeters – Delcourt Avant-dernier acte de la pentalogie Saint-Elme, qui, autre qu’une pentalogie, est une seule et même histoire en cinq tomes, un feuilleton sur lequel nous reviendrons en intégralité lors de la sortie de la conclusion. On ne va pas se cacher qu’il y a tellement de personnages et que l’histoire étant bien touffue il vaut mieux se replonger dans les volumes précédents pour bien remettre toutes les pièces du puzzle en place. Dans un huis-clos en extérieur, Serge Lehman a créé des personnages tous impitoyables chacun dans leur style, qu’ils soient bons ou mauvais. Ils sont tous plus déterminés les uns que les autres et ne lâcheront rien. Nombre d’entre eux y laisseront des plumes. Le scénariste continue à flirter avec le fantastique. Les frontières entre le psychédélique et le surnaturel sont parfois tenues.
© Lehman, Peeters – Delcourt Frederik Peeters offre au récit une ambiance hors du commun. Il est l’un des rares auteurs dont la couleur est aussi importante que le trait. On ne va pas revenir sur les ambiances colorimétriques dont on a déjà parlé. Attardons-nous sur le style et en particulier sur les yeux. Il y a les yeux bleus de Mazur bordés par ses rides profondes d’un vécu sans concession. Il y a ceux de son chien loup, les mêmes en vert pâle. Il y a les yeux verts, totalement verts, sans pupille, de Franck, que l’on voit lorsqu’il ôte ses lunettes noires au milieu des bandages qui pansent ses plaies. Tous les autres personnages ont des regards en billes noires, à une exception près en dernière planche, certainement un personnage qui aura un rôle important dans le prochain épisode…sinon l’analyse tombe à l’eau…de source.
© Lehman, Peeters – Delcourt Un peu moins dense que les précédents, ce pénultième épisode prépare le final qu’on attend impitoyable et grandiose. Saint-Elme est un nouveau Twin Peaks. L’histoire a la puissance suffisante pour laisser de mêmes marques.
Série : Saint-Elme
Tome : 4 – L’œil dans le dos
Genre : Thriller
Scénario : Serge Lehman
Dessins & Couleurs : Frederik Peeters
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
ISBN : 9782413077954
Nombre de pages : 80
Prix : 16,95 €
- Les petits mythos 14 – Mouton d’or et les argonautespar Laurent Lafourcade
En avant, Jason !
« -Arrivé en Colchide, Phrixos a sacrifié le bélier à Zeus et refilé la toison d’or au roi du coin ! La routine, quoi !
-Mais c’est quoi le rapport avec ta quête, Jason ?
-Ben, vous savez que mon oncle, ce bâtard, a chipé le trône à mon père… Quand j’ai voulu le récupérer, il m’a demandé quelle épreuve je collerais à un pénible dont je voudrais me débarrasser ! Et j’ai répondu « aller chercher la toison d’or »… Et là, il m’a dit : « Bah voilà, t’as qu’à faire ça, ramène-moi la et je te rendrai la couronne de ton père ! » Avec le recul, j’ai peut-être un peu gaffé… »
Afin de retrouver le trône que son père s’est fait chiper par son propre frère, Jason a pour mission de récupérer la toison d’or pour la donner à son oncle Pélias, qui à ce moment-là rendra le siège. Ni une, ni deux, Jason constitue une équipe pour participer à l’expédition. Ce sont les argonautes, parce que le bateau sur lequel ils vont embarquer s’appelle l’Argo. Il y a Castor, Pollux, Polyphème, Orphée, Thésée, Atalante, Laërte, Méléagre,… Hercule les rejoindra en chemin. Ils sont dans les quatre-vingts. Il va falloir ramer. Il va falloir affronter bien des dangers. Il rencontrera Médée qui l’accompagnera dans l’aventure et dans la vie. Jason réussira-t-il à accomplir sa quête ? Les promesses seront-elles tenues ? Au royaume des hommes et des Dieux, les cartes sont sans cesse rebattues.
© Cazenove, Larbier, Amouriq, Mirabelle – Bamboo Cazenove et Larbier emmènent leurs héros dans une quête de la démesure. On a tous entendu parler de cette fameuse toison d’or, mais on n’en connaissait pas bien l’histoire. C’est chose réparée dans cette grande aventure découpée en gags, tradition petits-mythos-logique. Pour permettre de s’y retrouver parmi tous les personnages et les rebondissements, l’histoire est détaillée dans le cahier bonus. Tout démarre par la perfidie d’une épouse vénale, Ino, qui veut éliminer Phrixos et Hellé, les enfants du premier mariage de son mari Athamas roi de la Béotie, afin que ses propres enfants héritent du trône. Néphélé, la mère des enfants, avec l’aide de Zeus, envoie un bélier ailé à la toison dorée pour sauver les gamins avant qu’un bourreau ne les exécute. Hellé mourra en chutant de l’animal. Son frère Phrixos sacrifiera le bélier à Zeus et offrira la toison au roi de Colchide. On vous laisse découvrir la suite dans l’album.
© Cazenove, Larbier, Amouriq, Mirabelle – Bamboo Le trajet des argonautes sera long et couvrira la quasi-totalité du bassin méditerranéen. Sur l’île de Lemnos, ils rencontreront de dangereuses séductrices. Ils affronteront les Dolions après une tempête nocturne. Ils oublieront Héraclès, parti se tailler une rame dans la forêt de Mysie. Pollux affrontera le barbare roi des Bébryces. Ils sortiront l’aveugle Phinée des griffes des harpies. Ils chasseront les oiseaux de l’île d’Arès. Pour finir, ce sera le débarquement en Colchide pour mettre la main sur la toison d’or. Les relations entre Médée et Jason sont au centre de l’aventure. Amoureuse, beaucoup, magicienne, un peu, elle lui sera d’un grand secours, mais on ne peut pas dire qu’elle soit psychologiquement stable.
© Cazenove, Larbier, Amouriq, Mirabelle – Bamboo Les petits Mythos fait figure d’incontournable et maintenant de classique dans la bande dessinée d’humour, et qui plus est intelligente. Ce n’est pas par hasard que 1,2 millions d’albums aient déjà été écoulés. Ce quatorzième album poursuit un virage ancrant encore plus la série dans la narration de grands récits, donnant toujours l’envie d’en savoir plus, d’en apprendre plus. Les petits Mythos contribuent à rendre la culture populaire.
Série : Les petits mythos
Tome : 14 – Mouton d’or et les argonautes
Genre : Humour
Scénario : Christophe Cazenove
Dessins : Philippe Larbier
Couleurs : Alexandre Amouriq & Mirabelle
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9782818997826
Nombre de pages : 56
Prix : 11,90 €
- La tapisserie de Bayeux en bande dessinéepar Laurent Lafourcade
La première BD du Moyen-Âge
« -Noble Harold, la vieillesse m’engourdit. Je n’ai pas eu d’enfant et je veux que l’Angleterre demeure en paix après moi. J’ai décidé de désigner mon cousin Guillaume de Normandie, pour me succéder sur le trône.
-Mon roi, je pars sur le champ pour la Normandie porter cet important message. »
XIème siècle. Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, règne sur son duché s’étendant du Mont-Saint-Michel à la baie de Somme. Il est le petit cousin d’Edouard le Confesseur, roi d’Angleterre depuis 1042. Le beau-frère de ce dernier, Harold de Wessex, est Comte dans une riche région du Sud de l’Angleterre. Il est très influent. Le roi Edouard n’ayant pas de descendance décide de mettre sur le trône son cousin normand Guillaume. Harold est chargé d’aller le lui annoncer. A peine débarqué sur le continent, Harold est fait prisonnier par le Seigneur Guy de Ponthieu qui réclame une rançon pour sa libération. Guillaume en est informé et exige sa libération. La suite, on vous la laisse découvrir sur la célèbre tapisserie de Bayeux ou dans cette bande dessinée dont les cases sont des photographies de l’œuvre originelle.
© Pivard, Shelton – Orep Entre Guillaume et Harold, c’est une histoire d’amitié un peu et de haine surtout qui va s’instaurer autour du trône d’Angleterre, avec comme point d’orgue la bataille sanglante de Hastings le 14 octobre 1066. Broderie de laine sur toile de lin, la tapisserie de Bayeux raconte deux ans d’histoire, de 1064 à 1066, sur près de soixante-dix mètres de long. Elle aurait été conçue juste après le grand affrontement, commandée à un atelier anglais par l’évêque Odon de Conteville, demi-frère de Guillaume le Conquérant. On l’appelle aussi tapisserie de la Reine Mathilde.
© Pivard, Shelton – Orep Conservée jusqu’au XVIIIème siècle en la cathédrale de Bayeux, la tapisserie possède aujourd’hui son propre musée dans la ville. Bénéficiant d’un éclairage spécifique afin de ne pas altérer les couleurs des laines, elle se parcourt dans un long couloir avec un audio-guide. Elle est inscrite au registre Mémoire du Monde de l’UNESCO. L’album est une véritable bande dessinée. Les auteurs l’ont découpé en cases. Ils ont ajouté cartouches narratifs et phylactères pour qu’on la lise avec la fluidité inhérente au genre. Gilles Pivard et Arthur Shelton concluent leur livre par un cahier explicatif. On s’arrête sur sa composition en trois parties. La partie centrale est celle représentée dans la BD. C’est le cœur de l’œuvre. La broderie est accompagnée d’un texte. Une frise supérieure est essentiellement composée d’animaux réels ou fantastiques. La frise inférieure est composée de scènes issues de fables antiques et de travaux des champs. De 1077 à 1983, la chronologie de la tapisserie est rappelée. Les auteurs s’attardent ensuite sur le côté historique et la façon dont la réalité est représentée. Petite curiosité, l’astre que l’on nommera comète de Halley figure sur la tapisserie plus de six cents ans avant son découvreur.
© Pivard, Shelton – Orep Si les puristes de la BD attribuent au suisse Rodolphe Töpffer la genèse de cet art, on peut sans conteste remonter bien en amont. La tapisserie de Bayeux semble bel et bien être la première bande dessinée au sens littéral du terme.
One shot : La tapisserie de Bayeux en bande dessinée
Genre : Histoire
Auteurs : Gilles Pivard & Arthur Shelton
Éditeur : Orep
ISBN : 9782815106580
Nombre de pages : 48
Prix : 12,90 €
- Show-Ha Shoten ! 2par Laurent Lafourcade
Fais-moi rire si tu peux
« -Je ne veux pas qu’on inscrive notre duo sous le nom de Taiyô Higashikata with X.
-Choisis ce que tu veux. Je suis sûr que tu trouveras quelque chose de bien.
-Non, j’ai du mal à choisir des noms. (…)
-On peut créer un nom en prenant des idéogrammes de nos prénoms. Et ensuite… Oh ! Attends ! Je crois que je tiens un truc ! »
Azemichi Shijima et Taiyô Higashikata cherchent un nom de scène pour leur duo comique. Taiyô vient d’avoir une idée. S’ils prenent le « kata » de son nom et le « michi » de celui de son camarade, ça donne « aller simple ». Puis, comme ils ont décidé de ne pas baisser les bras avoir d’avoir déclenché une vague de rires qui atteindra les cieux, le nom est trouvé : « Aller simple pour les cieux » ! Il va être temps maintenant pour eux de faire leurs preuves. Opposés à des duos aguerris dans ce genre de concours lycéens, il va leur falloir déployer une stratégie particulière pour tirer leur épingle du jeu. Ils ne devront pas faire rire en faisant croire au public qu’ils sont formidables, mais en se faisant toiser. Pour Azemichi, il vaut mieux passer sous la haie que chercher à sauter par-dessus.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2023On avait déjà fait connaissance avec Les Jacqueteurs dans le tome précédent, Les Rising sont de nouveaux adversaires inattendus s’ajoutant aux duos à battre. Qui seront pour eux les plus coriaces ? Sous certaines armures, le respect de l’ennemi va préempter. Et quand il y aura 500 000 yens à remporter au Kôshien du rire, ça va aiguiser les motivations. Le scénariste Asakura Akinari, qui a lui-même participé en tant que lycéen à ce genre de concours, s’intéresse à un genre d’humour particulier : le manzai. C’est un style triangulaire auquel vont s’essayer Taiyô et Azemichi dans lequel les trois sommets sont le « boke », autrement dit l’Auguste, le « tsukkomi », clown blanc qui le tourne en dérision, et le public. Réussiront-ils à créer un équilibre entre ces trois angles ? Hanamori, jeune lycéenne qui fait partie du comité des élèves, va leur préparer un entraînement infernal.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2023Obata Takeshi dynamise une série que l’on aurait pu penser planplan dans un décor tout sauf exotique. La planche muette sur laquelle nos deux héros observent le dos du duo devant leurs yeux, éblouis par les spots éclairant la scène est d’une efficacité redoutable. On entend les applaudissements dans le bruit sourd d’un état second. Plus loin, un parapluie aux rondelles de citrons, un simple parapluie transparent, reçoit la pluie venue du ciel en contre-plongée, avant qu’une éclaircie ne viennent symboliquement percer les nuages. Tout un symbole pour les comédiens en quête de succès. Ce sont ce style de petits moments anodins que le mangaka transforme en instants graphiques remarquables.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2023L’un se croyait inintéressant quand il est lui-même, l’autre était trop timide pour s’exposer. Taiyô et Azemichi démontrent que l’union fait la force dans un manga réaliste qui montre que chacun peut se dépasser quand la motivation est là.
Série : Show-Ha Shoten !
Tome : 2
Genre : Shonen
Scénario : Asakura Akinari
Dessins : Obata Takeshi
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505121336
Nombre de pages : 204
Prix : 7,10 €
- Garfield – Poids lourd 20par Laurent Lafourcade
1 kg et 42 g de rire félin
« -Quoi ?! Oh, c’est pas vrai ! Je ne peux pas être si gros !
-Désolé, c’est la vérité.
-Tu mens !
-Impossible. Nous, ordinateurs, sommes incapables de mentir ou de toute émotion humaine. Tu es vraiment gros. »
Ce n’est pas parce qu’on est une balance électronique que l’on peut se permettre de parler n’importe comment à Garfield. La machine va s’en souvenir… ou pas. Parce qu’après le retour de bâton, la pauvre ne pourra plus faire grand-chose. Garfield est en grande forme et face à lui, il va falloir être costaud pour… faire le poids. Il y en a un qui y parvient quand même, c’est Lardo. Rustre, andouille, affreux, sourd d’oreille, il ne faut pas trop le chercher quand même. Garfield risque de devenir plus plat qu’un étage de pâte dans un plat de lasagnes. Heureusement qu’il y a Odie, pas une once de méchanceté. Le chien fait tout pour attirer son attention. Ça vous dérange, vous, quand un chien vient s’installer devant vous pour que vous le remarquiez ?
© Davis – Presses aventures
© PAWNSJon, le maître, le bon maî-maître à son petit chat, va nous offrir un numéro de haute-voltige, une chorégraphie impressionnante, un ballet hors du commun… sur tapis de billes. Mais ça, on ne l’apprend qu’après. Toujours à la recherche de l’âme-sœur, Jon n’hésite pas à se faire une beauté avant de passer l’après-midi au parc. C’est un nouveau jour. Il a une nouvelle coiffure et les filles sont de sortie. La première blonde risque de lui faire tourner la tête. Garfield ne sera pas toujours cruel avec son humain. S’il a une chatière, pourquoi ne pas faire une homme-ière pour Jon ? On verra si c’est aussi efficace. Là où Garfield reste le plus craquant c’est quand il trouve que le fauteuil n’est pas assez doux s’il n’y a pas dessus les genoux de Jon pour s’y lover.
© Davis – Presses aventures
© PAWNSAvec Garfield, la vie est toujours une aventure, surtout quand Jon l’emmène en sortie camping feu de bois à la montagne. Il y a l’air frais, les fleurs, les arbres, mais aussi les grosses, les très grosses araignées. Mais pourquoi se déplacer si loin quand l’aventure peut commencer derrière la fenêtre ? Garfield est entre le rideau et le carreau, regarde dehors. Une jolie fille passe, le chat ouvre le rideau pour laisser apparaître le Jon du matin, ventre à l’air, mal rasé, tasse de café à la main. Un tue-l’amour. Un autre jour, c’est après avoir lavé le dit-carreau que Jon croira que Garfield avait laissé la fenêtre ouverte.
© Davis – Presses aventures
© PAWNSMême si les dessins animés de Garfield sont de bonne facture, il faut absolument lire ses strips et ses planches dominicales pour découvrir qui il est vraiment. Jim Davis est incroyable d’inventivité dans le quotidien de son félin. C’est drôle, mais c’est surtout ahurissant. Ceci est le vingtième poids lourd de Garfield. Il est paru cette année en 2023 et depuis deux autres volumes sont déjà sortis, de quoi se faire une triple plâtrée de strips et de gags à binge-reader tout un week-end.
Série : Garfield
Tome : Poids lourd 20
Genre : Humour félin
Scénario & Dessins : Jim Davis
Éditeur : Presses aventure
ISBN : 9782898450198
Nombre de pages : 256
Prix : 14,90 €
- Comte Wilfred Fondateur d’une nation ! / Majorque 1229 Jacques le Conquérantpar Laurent Lafourcade
Conquêtes de territoires
« -Comte Wilfred, Comtesse. Nous avons pris deux voleurs sur le fait.
-Nous n’avons qu’à les emmener avec nous à Ripoll, père. On les jugera là-bas.
-Je ne sais pas trop, Borrell… Ici, nous sommes dans la juridiction du monastère. Et puis, à notre arrivée, nous avons déjà tout un tas de réunions et d’assemblées. Pas besoin d’en rajouter. Vois-tu, nous allons résoudre cette affaire ici même…
-Nous verrons maintenant comment père rend justice.
-Mais enfin, Séniofré, ces hommes ont droit à un procès, ici on ne peut pas…
-Ils méritent plus qu’un procès, fils… Ils méritent une autre chance. »
Eté 897, à la frontière de l’Empire Carolingien et de l’Hispanie, deux malandrins attaquent un commerçant. Ce dernier trouvera son salut en l’arrivée du Comte Wilfred et de sa famille. Plutôt que de punir les bandits, contre toute attente, Wilfred leur offre une autre chance. Il leur propose une terre dont ils seront chargés de s’occuper. Ils auront à disposition outils, graines, bêtes et aliments pour survivre jusqu’à la prochaine récolte. C’est une vie dangereuse qui les attend, exposée aux raids des seigneurs de la frontière supérieure de l’Al-Andalus. S’ils défendent et travaillent cette terre pendant trente ans, elle leur appartiendra. Séniofré, fils de Wilfred, ne comprend pas l’attitude de son père qui s’en défend. En 878, Wilfred a reçu la plupart des comtés catalans qu’il doit repeupler, unir et défendre contre les menaces d’invasions.
© Garcia Quera – Idées Plus Eté 1229, Bernat de Santa Eugènia, depuis quelques mois Seigneur de Torroella de Montgri, doit accroître les revenus de sa lignée. Il fait partie de l’Ost de Montcada, commandé par la grande noblesse catalane. Le roi d’Aragon Jacques 1er cherche à agrandir son royaume et son regard s’est porté vers la mer. L’objectif est de conquérir l’île de Majorque, de la prendre aux mains des sarrasins pour distribuer aux assaillants terres, châteaux, maisons et butins de guerre. La flotte débarque, l’assaut est imminent. La bataille, non, les batailles seront sanglantes. Ça fait des siècles que Mayurqa appartient à l’Islam. Aujourd’hui, le roi chrétien Jacques veut détruire la ville. Qui vaincra pour pouvoir raconter l’histoire ?
© Garcia Quera – Idées Plus Oriol Garcia Quera poursuit son exploration des guerres ibériques, naviguant d’un siècle à l’autre. Après Le Seigneur du Castellet et L’âne, deux nouveaux albums enrichissent la collection chez Idées Plus. Ce sont tous deux des œuvres de fiction ancrées dans un contexte historique extrêmement précis, avec des personnages ayant existé. Nous ne sommes pas du tout dans des albums didactiques comme a pu l’être une mythique collection comme L’Histoire de France en bande dessinée. L’auteur s’est appuyé sur des travaux d’historiens pour raconter des aventures humaines. Il a lui-même participé à divers projets et recherches. Il est professeur à l’école Joso de Barcelone, référence en matière de formation en dessin et en animation.
© Garcia Quera – Idées Plus Idées plus est un éditeur plutôt connu pour ses albums autour des voitures et des avions, qui sont leur marque de fabrique. En publiant un auteur majeur comme Oriol Garcia Quera, Idées plus montre son envie manifeste de rentrer dans la cour des grands. Tant du point de vue du scénario, de la mise en scène et du dessin, nous sommes ici dans de la bande dessinée historique de haute volée, factuelle tout en étant aventureuse.
One shot : Comte Wilfred Fondateur d’une nation !
One shot : Majorque 1229 Jacques le Conquérant
Genre : Histoire
Scénario, Dessins & Couleurs : Oriol Garcia Quera
Éditeur : Idées Plus
Collection : Histoire
ISBN : 9782374700793 / 9782374700786
Nombre de pages : 64
Prix : 16 €
- Les bâtisseurs 2 – Bartholdi La statue de la Libertépar Laurent Lafourcade
Une vie à l’attendre
« -La France a beaucoup a apprendre de l’Amérique. Nos destins sont liés depuis le début de l’histoire de celle-ci. Souvenez-vous que Lafayette s’est battu pour l’indépendance aux côtés de Washington et de Franklin. Et n’oubliez pas que l’inspiration pour notre propre révolution venait en partie de l’Amérique. Ils peuvent encore nous apprendre bien des choses comme à mieux nous gouverner. (…) Et eux aussi ont appris de nous, avec l’abolition de l’esclavage. (…)
-A votre avis que pourrions-nous faire pour que l’on s’en souvienne ?
-Une question intéressante, jeune homme. J’y ai beaucoup réfléchi. Il pourrait s’agir d’un monument conjoint, construit par les deux nations. Un monument dédié à la valeur suprême de l’humanité : la liberté. »
1866, à Versailles, alors qu’Auguste Bartholdi sculpte un buste pour un certain Laboulaye, juriste de son état, ce dernier soulève le fait qu’il serait intéressant de réaliser un monument dédié à la valeur suprême de l’humanité : la liberté, un monument conjoint construit par les deux nations que sont la France et les Etats-Unis. Bartholdi émet l’idée d’une statue, la plus grande statue jamais vue depuis deux mille ans. 1871, Paris est ravagée. C’est la Commune. Bartholdi promet à Laboulaye qu’il bâtirait la statue, quoi qu’il lui en coûte. Alors qu’il avait il y a quelques années le projet d’une statue ouvrant le canal de Suez creusé par Ferdinand de Lesseps, après le refus de ce dernier, Bartholdi a à présent les yeux tournés vers New-York, porte d’entrée de l’Amérique. En juin, il débarque dans la ville qui deviendra la Grosse Pomme, la ville qui ne dort jamais. Avant même de poser le pied sur le sol, il trouve l’emplacement de la statue. Ce sera cette île à l’entrée de la baie : Bedloe’s Island.
© Ocana, Rubio, Maz! – Delcourt L’aventure ne fait que commencer pour Bartholdi. Non seulement, il doit concevoir la statue mais aussi en boucler le financement. Ni l’une, ni l’autre de ces actions ne sera aisée à accomplir. La seconde sera cependant bien plus complexe. Pour réaliser sa statue, Bartholdi sera aidé par Gustave Eiffel qui en conçoit l’armature intérieure. C’est qu’il faut qu’elle tienne debout et qu’elle résiste aux grands vents. Quant à l’argent, c’est le nerf de la guerre. Si les pouvoirs politiques participent au financement, compte tenu de l’augmentation incessante des matériaux, c’est loin d’être suffisant. Des souscriptions sont lancées. Des pièces de théâtre, des dîners de charité, des concerts, des ventes de gravures, de figurines et de livres pour enfants sont organisés pour recueillir des fonds. Jusqu’au dernier moment, Auguste Bartholdi ne saura pas s’il pourra finaliser son projet.
© Ocana, Rubio, Maz! – Delcourt Miles Davis et Juliette Greco, Django Reinhardt, Jacques Brel, Edgar Degas, Eugène Viollet-le-Duc, et à présent Auguste Bartholdi : Salva Rubio est l’un des meilleurs biographes en bande dessinée. Le scénariste sait puiser dans l’essence des vies de ces personnes dont on connaît beaucoup mieux les œuvres que la personnalité. Il nous présente les êtres humains, avec leurs convictions, qui se cachent derrière. Bartholdi ne se laissera jamais abattre, allant ouvrir la porte B si on lui fermait la porte A. Là où Icare échoua en voulant se rapprocher du ciel, on sait que lui va réussir. Dans un réalisme pur, le dessinateur espagnol Eduardo Ocana rend l’aventure grandiose. De l’atelier à l’installation, il donne une dimension impressionnante à cette géante dont le métal est densifié par les couleurs concrètes de Maz!.
© Ocana, Rubio, Maz! – Delcourt On connaissait sa statue mais on ne savait pas grand-chose de lui. Salva Rubio et Eduardo Ocana éclairent Auguste Bartholdi de la lumière qu’il mérite, à la manière de la Liberté à l’entrée de New-York.
Série : Les bâtisseurs
Tome : 2 – Bartholdi La statue de la Liberté
Genre : Biopic
Dessins : Eduardo Ocana
Scénario : Salva Rubio
Couleurs : Maz!
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
ISBN : 9782413037743
Nombre de pages : 72
Prix : 15,95 €
- Durango, la jeunesse 2 – De feu et de sangpar Laurent Lafourcade
Les jeunes années de l’homme au Mauser
« -Yaaaahr !… Place !…
-Harding, pourquoi cette agitation ?
-Aucune idée, Miss… Mais, à mon avis, ça doit chauffer quelque part hors de la ville… J’ai jamais vu notre shérif rassembler ses adjoints aussi vite… »
Texas 1882, le Far West est gangréné par une guerre intestine entre les éleveurs du coin. La famille Belvins a bien l’intention de donner une bonne leçon à ces foutus métis, ces pouilleux qui s’imaginent pouvoir rivaliser avec eux, installés depuis des années. Les moutons des indiens-irlandais mangent l’herbe destinée au bétail des Belvins. Si on ajoute que les pâturages sont dévastés par la sécheresse, la coupe est pleine. Belvins veut par ailleurs venger la mort de leur frère Samuel. L’expédition punitive est lancée. Quant aux hommes de Warren, ils se rangeront certainement de leur côté, face aux métis. Embauché chez Warren, Durango, témoin du triple meurtre perpétré dans la nature, sait que le coupable ne fait pas partie des cibles désignées. Escortant Miss Warren en ville, il va fortuitement retrouver sa trace. Quelqu’un sèmerait-il la zizanie ? La guerre, on peut savoir comment la mener. Le plus ardu est de la gagner une bonne fois pour toutes.
© Swolfs, Surzhenko, de Gennaro – Soleil Paru en 1981, le premier album de la série Durango a fait son petit effet dans le monde du western BD. Il était déjà question de concurrence entre éleveurs et d’une bande de tueurs. C’était Les chiens meurent en hiver, une histoire qui n’est pas sans rappeler celle de ce spin-off consacré à la jeunesse du héros. Yves Swolfs, scénariste et dessinateur, signera seul les treize premiers tomes, avant de céder le crayon à Thierry Girod, puis à Iko. C’est du western d’action, plus à la Bronson qu’à la Eastwood. C’est efficace, ça claque, c’est sans pitié. Cette jeunesse est annoncée comme une trilogie. On y retrouve les poncifs de la série, dans son élégante maquette cinématographique noire. On est au bon vieux temps de La dernière séance.
© Swolfs, Surzhenko, de Gennaro – Soleil Au dessin, Roman Surzhenko se glisse dans les chaussons d’Yves Swolfs. Le trait est jeté, moins fin que dans La jeunesse de Thorgal. Surzhenko est donc l’homme des « jeunesses ». Il répond au cahier des charges on ne peut mieux. Mais il faut avouer qu’il n’a pas de bol. Tout comme Rosinski signe les couvertures de ses Thorgal, Swolfs signe celles de ses Durango, pour une prétendue unité graphique. Surzhenko mériterait plus de reconnaissance à ce niveau-là. Qu’on lui laisse donc le boulot jusqu’au bout. Concernant les couleurs, Jackie de Gennaro reste dans un classique sablonneux le jour pour partir dans d’efficaces et originaux tons bleu-mauve pour les nuits.
© Swolfs, Surzhenko, de Gennaro – Soleil On le lit depuis 42 ans et pourtant il n’a jamais été aussi jeune. La jeunesse de Durango, pardon : Durango la jeunesse, est un western dans la plus pure tradition du genre.
Série : Durango, la jeunesse
Tome : 2 – De feu et de sang
Genre : Western
Scénario : Yves Swolfs
Dessins : Roman Surzhenko
Couleurs : Jackie de Gennaro
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302095861
Nombre de pages : 48
Prix : 12 €
- Madeleine, Résistante 2 – L’édredon rougepar Laurent Lafourcade
Paris maquis
« -C’est gentil, chez vous
-Nous sommes chez un membre du comité d’aide qui nous prête son logement pour une heure.
-Fontaine, renseignement.
-Picpus, armurier.
-Et ton nom de guerre ? Tu l’as trouvé finalement ?… Allez, on n’a pas 107 ans.
-C’est bon !… Rainer ! Comme Rainer Maria Rilke !
-N’importe quoi !! C’est un prénom de boche, ça !! T’es pas folle !?
-Moi, je trouve que la petite a une très bonne idée ! Après tout, on n’est pas en guerre contre le peuple allemand. Mais contre les nazis. On le prononcera à la française, et puis voilà. »
Paris 1942. Madeleine Riffaud, encore mineure, prend le métro pour se rendre chez Paul. La jeune femme a un rendez-vous clandestin. Elle rencontre les membres d’un réseau de Résistance afin de les rejoindre. Il lui faut un nom de guerre. Un coup d’œil sur une étagère et c’est décidé. Ce sera Rainer, comme Rainer Maria Rilke. Il n’y aura qu’à le prononcer à la française. Sa première mission sera d’écrire un tract. Madeleine sera l’une des membres clefs du réseau. Faire semblant, paraître normale, parfois s’habiller à la mode pour passer inaperçue, elle est dans l’apparence de la légalité. Le sourire permet de passer les contrôles des allemands qui aiment bien « les petites femmes de Paris ». Le maître-mot de Madeleine est convaincre. On n’est pas vaincus. L’armistice n’est pas signé. Il faut lutter.
© Bertail, Morvan, Riffaud – Dupuis Le maquis de Madeleine Riffaud, c’est Paris. C’est ce qu’elle raconte dans ce tome 2 de la biographie de ses années de guerre. L’une des dernières résistantes encore vivantes raconte à Jean-David Morvan comment elle a vécu l’occupation. En 1943, grâce à l’unification des mouvements résistants sous l’égide de Jean Moulin, la guérilla s’est intensifiée, avec les moyens du bord. En 1944, avec le débarquement et leurs défaites sur tous les fronts, les nazis sont devenus de plus en plus cruels. La tragédie d’Oradour sur Glane sera le plus grand massacre de civils en France. Les actes de tortures se multiplient.
© Bertail, Morvan, Riffaud – Dupuis On ne quitte jamais Madeleine, la narratrice, dans cette série témoignage d’utilité publique. C’est Raymond Aubrac qui le premier en 1994 a convaincu Madeleine Riffaud qu’il était nécessaire de raviver sa mémoire pour dire, pour se souvenir, pour que leurs camarades morts à dix-sept ans restent dans la postérité. Quand Jean-David Morvan lui a proposé de recueillir ses souvenirs en bande dessinée, elle l’a envoyé sur les roses : « Une BD ? Mais c’est pour les mômes, ça ! ». C’est son ami le réalisateur Jorge Amat qui lui a dit qu’elle était bête de refuser, que la bande dessinée était le moyen de faire passer le message à un nouveau public car on peut tout y raconter. Qu’il en soit chaleureusement remercié car sinon on n’aurait jamais tenu cet album dans les mains. Au dessin, Dominique Bertail installe son trait réaliste dans une émotion incommensurable. Des résistants qui courent dans la rue, une fusillade dans une librairie, un baiser hollywoodien dans la nuit enneigée, l’explosion d’une colonne de camions, chaque scène est plus forte que la précédente. Le rouge-sang est transformé en bleu-Bertail.
© Bertail, Morvan, Riffaud – Dupuis Si Madeleine a réussi à survivre, c’est aussi grâce à la poésie. Cette histoire démontre à quel point cet art a pu être salvateur. Plus qu’un témoignage, plus qu’un devoir de mémoire, Madeleine, résistante est une Œuvre majuscule.
Série : Madeleine, Résistante
Tome : 2 – L’édredon rouge
Genre : Biopic
Scénario : Jean-David Morvan & Madeleine Riffaud
Dessins & Couleurs : Dominique Bertail
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 9791034747979
Nombre de pages : 128
Prix : 23,50 €
- Poltron Minet 1 – La voie romanepar Laurent Lafourcade
Un chat dans un jeu de quilles
« -Non, mais regarde-moi ça, si c’est pas triste !
-Il y en a qui n’ont vraiment aucune dignité…
-Hé ho ! Tout va bien, Monsieur ?
-Holà, on a affaire à un naturel !
-Plutôt à un poltron. C’est bien la première fois que je vois un félin nous craindre. »
Alors que ses maîtres préparaient leur départ de leur résidence de villégiature de vacances, Minet, le petit chat, est parti jouer, poursuivant un papillon. Au moment de partir, impossible de mettre la main sur Minet. Au grand dam de Romane, la gamine de la famille, ses parents décident de s’en aller sans le félin. Se retrouvant esseulée à son retour au foyer, la pauvre bête retourne s’endormir dans la forêt. Minet est réveillé au petit matin par deux animaux habillés : un lapin et un écureuil. Alors que Minet n’aspire qu’à retrouver Romane, ses deux hôtes lui proposent de l’amener au village pour voir Chat Pourri qui pourra peut-être l’aider. En ce lieu, quatre règles sont primordiales : on ne parle jamais des humains, ça pourrait les faire venir, on fait confiance à son instinct en toute situation, surtout si ça sent l’humain, le respect est obligatoire, l’agression est réprimandée et l’entraide récompensée, enfin, le cannibalisme est interdit. Minet saura-t-il s’y tenir ? Ses nouveaux amis, qui le surnomment Poltron Minet, l’aideront-ils à retrouver Romane ?
© Mayen, Madd – Dupuis Entre Billy-the-cat et Balade au bout du monde, Poltron Minet se place au milieu de ce grand écart. On y retrouve la cruauté animale de la première version de Billy et le monde moyenâgeux parallèle de la balade. Minet va découvrir une nouvelle civilisation avec ses règles bien spécifiques. Le chaton y trouvera des alliés, mais aussi des personnes dont il devra se méfier. Comme dans toute bonne bande dessinée animalière, cette communauté cachée est un reflet de notre société humaine. Macherot l’a si bien raconté. Madd et Mayen s’emploient à marcher sur ses pas et s’en tirent avec brio.
© Mayen, Madd – Dupuis Cédric Mayen invite Poltron Minet à prendre conscience d’une injustice qu’il va combattre. La société féodale a certains accents malsains. Le parallèle de Mayen va jusqu’aux odeurs les plus malsaines du XXème siècle, avec le sort réservé aux hérissons, semblable à celui des juifs à la fin des années 30, regardés comme des êtres néfastes et dangereux, avant d’être déportés quelques années plus tard, ou dans une autre mesure à celui des musulmans dans notre monde actuel. Végétarien et antispéciste, Mayen défend par ailleurs la cause animale, refusant qu’on voit les bêtes comme des réserves de viande. Le dessinateur autodidacte Madd livre de sublimes pages en couleurs directes, avec quelques cases impressionnantes comme celle où Minet mange dans une écuelle éclairée à contre-nuit par la lune.
© Mayen, Madd – Dupuis Poltron Minet s’inscrit dans la catégorie de la bande dessinée animalière engagée. Parfaitement écrite, magnifiquement dessinée, la série démarre sur les chapeaux de roues. Avec plusieurs niveaux de lectures, on est dans du tout public très intelligent.
Série : Poltron Minet
Tome : 1 – La voie romane
Genre : Aventure animalière
Scénario : Cédric Mayen
Dessins & Couleurs : Madd
Éditeur : Dupuis
ISBN : 97910
Nombre de pages : 56
Prix : 14,50 €
- Masques 2 – Le masque éclipse par Laurent Lafourcade
Ombres noires en Australie
« -Moi j’dis qu’on dirait l’antre d’un psychopathe… Toutes vos photos, là. On dirait que vous traquez des proies pour les enfermer dans une cave. Vous cherchez quoi à la fin ?
-Des masques… On cherche des masques.
-Bah. Vous en avez déjà plein.
-On cherche des porteurs de masques… Des jeunes qui ont activé les pouvoirs de masques. »
Il se passe des événements étranges en Australie. Une étrange créature, geïsha tentaculaire, fait disparaître animaux et êtres humains. JS, le collectionneur, expert en masque, réunit ses troupes. Il a pris cinq places en classe affaires pour emmener les ados à Sydney. Ils vont enquêter sur Action Jane une influenceuse qui a publié une vidéo dans laquelle elle essaye un masque emprunté à son frère, passionné d’anthropologie et de cultures ancestrales. Quand elle l’a mis sur son visage, il s’est illuminé. Ses followers ont déclenché un bad buzz, arguant qu’elle ne savait plus quoi inventer pour se rendre intéressante. Ce masque, ce serait l’Ostensible, aucun doute possible. Tout serait-il lié au pays des kangourous ?
© Jurion, Kid Toussaint, Guillé – Le Lombard Ce deuxième épisode de Masques est clairement scindé en deux parties. Si dans la première on suit nos héros aux quatre coins du globe dans des scènes entrecoupées de séquences australiennes, l’aventure ne commence vraiment qu’à la moitié de l’album. Peu importe, on a ainsi pris le temps de remettre en place chacun des personnages et de faire monter la tension crescendo. On suit ainsi JS venu acheter un masque en Italie, à Rome, avec Hector et son masque qui pour lui ne sert à rien. C’est un véritable poids pour son âme car il symbolise en plus pour lui la mort de son frère. A Bruxelles, on retrouve Al et Gun sur les toits de la ville, pendant qu’en France, Siera inquiète sa famille. Chacun d’entre eux possède un masque qui lui confère un pouvoir extraordinaire. Ce sont deux Youtubeurs-instragrammeurs-tiktokeurs, bref, adeptes des réseaux sociaux, un frère et une sœur, qui vont titiller nos masqués, au point de les envoyer sur place en Australie.
© Jurion, Kid Toussaint, Guillé – Le Lombard Dans Masques, ce ne sont pas les personnages, ni même peut-être l’intrigue, qui sont au premier plan. Ce sont les masques eux-mêmes. Le titre ne trompe pas. C’est peut-être pour ça que le scénario de ce deuxième épisode n’a pas une construction classique. Là où certains auraient dès le départ posé la problématique des Action Twins dès les premières planches, les auteurs l’intègrent à des scènes d’action ou de réflexion autour des camouflages de visages, pour n’entrer dans le vif du sujet que dans un second temps.
© Jurion, Kid Toussaint, Guillé – Le Lombard Avec Masques, on retrouve clairement le Kid Toussaint de Magic Seven. Masques est une série fantastique de bande, avec un côté polycéphale aux multiples héros qu’il y avait dans la série de chez Dupuis. On imagine aisément les possibilités de ramifications qu’il pourrait y avoir avec Masques, dans des déclinaisons de one shot avec des dessinateurs différents. On rêve déjà de ce qu’un Kenny Ruiz ou un José-Luis Munuera pourrait en faire. En attendant, c’est bel et bien Joël Jurion qui mène de main de maître ce qui deviendra on l’espère la série-mère de nombreux spin-off.
Un masque est fait pour cacher les apparences. Ça, c’est ce que l’on croyait naïvement avant. Ceux d’ici confèrent des pouvoirs et dissimulent bien des mystères. De l’excellente aventure tous publics.
Série : Masques
Tome : 2 – Le masque éclipse
Genre : Aventure
Dessins : Joël Jurion
Scénario : Kid Toussaint
Couleurs : Yoann Guillé
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808210768
Nombre de pages : 96
Prix : 12,45 €
- Les souris du Louvre 5 – La plume et l’épéepar Laurent Lafourcade
Des souris et des hommes… et des pigeons
« -Bienvenue chez les parias ! Bannis, déserteurs, utopistes, ennemis du pouvoir… Ils sont tous là !
-Impressionnant !
-Il y a surtout des grecs. Xanthos fait régulièrement le ménage dans son peuple. Mais aussi d’autres souris venues de clans divers.
-Et vous arrivez à vivre en paix ensemble… C’est magnifique !
-Ne crois pas ça ! Ici aussi, il y a des conflits. La nourriture est rare et nous luttons contre les rats. La vie loin des clans n’est pas un paradis ! »
On savait que des souris égyptiennes peuplaient les bas-fonds du Louvre. Ce que l’on ignorait, c’est que les tunnels secrets du métro abritaient les parias de la même race. Les bannis, les déserteurs, les utopistes et les ennemis du pouvoir sont reclus dans cet endroit pas franchement confortable. Parmi eux, il y a Antoinette, la doyenne, la première à être bannie par Xanthos. Phémis veille sur elle. C’est cette dernière qu’est venue rencontrer Isis. La fille du vizir vient l’informer qu’Esope court un grave danger. Xanthos contrôle les pigeons et veut conquérir tout le Musée du Louvre. De leur côté, Milo et ses amis arrivent au Musée pour contrecarrer ses plans.
© Chamblain, Goalec, Drac – Delcourt/Louvre éditions Clap de fin pour Les souris du Louvre après cinq albums, certes courts, mais qui au total font une grande histoire de près de cent-cinquante planches. Comme dans Les carnets de Cerise, la magie Joris Chamblain a opéré à fond. Le scénariste non seulement sait créer des intrigues minutieusement construites mais trouve les mots justes pour parler aux enfants. Il connaît leurs préoccupations et ne les prend pas pour des benêts. Par le biais des rongeurs, cette aventure les invite à s’intéresser d’une part au Musée et à ses trésors, d’autre part à l’Antiquité égyptienne. Aidée par les couleurs de Drac, la dessinatrice Sandrine Goalec aura réussi à mêler l’univers fantastique au fantastique univers qu’est Le Louvre. Elle a mis l’art à portée des enfants. C’est peut-être ça l’enfance de l’art.
© Chamblain, Goalec, Drac – Delcourt/Louvre éditions Comme dans chaque album, Fabrice Douar, directeur des expositions et des éditions, signe l’addendum clôturant l’album, et en l’occurrence ici la série. Il y est question des regalia. Mais qu’est-ce donc ? Ce sont des ornements royaux, symboles utilisés par les dynasties régnantes. Ils permettent au Roi d’être identifié comme tel. Ils témoignent de sa puissance et justifient sa légitimité. La plupart de ces objets ont été détruits pendant la Révolution française. Certains d’entre eux ont été reconstitués, d’autres, moins anciens, ont pu être conservés. Certains se trouvent à la basilique de Saint-Denis, d’autres sont au musée du Louvre.
© Chamblain, Goalec, Drac – Delcourt/Louvre éditions L’un des talents supplémentaires de Joris Chamblain est de savoir écrire le mot fin. Il sait arrêter les séries quand il le faut, avant de lasser, avant de tourner en rond. C’est peut-être ce qui en fait des séries remarquables et remarquées. Il l’a fait avec Les carnets de Cerise, il le reproduit avec Les souris du Louvre. Vous n’irez plus jamais au Musée sans penser à ces rongeurs.
Série : Les souris du Louvre
Tome : 5 – La plume et l’épée
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Joris Chamblain
Dessins : Sandrine Goalec
Couleurs : Drac
Éditeur : Delcourt – Louvre éditions
ISBN : 9782413080206
Nombre de pages : 32
Prix : 11,50 €
- Darwin’s incident 4par Laurent Lafourcade
Pas si orphelin que ça
« -D’après le témoignage de Lucy Eldred, le major Lippmann et les membres de l’ALA qui ont été arrêtés ont tous un alibi à l’heure du meurtre, tout comme Feyerabend qui, lui, a réussi à se carapater.
-Ça veut rien dire ! Ces types sont comme des cafards ! Il en sort de partout !
-Et pour Charlie ? Où en sont les recherches ? »
Hanna et Gilbert Stein ont été assassinés. Les chercheurs, parents adoptifs de Charlie, l’humanzee, être hybride né d’un humain et d’une femelle chimpanzé, ne sont pas morts dans l’incendie de leur maison. Ils ont été sauvagement égorgés juste avant. Les responsables en seraient des membres de l’ALA, organisation qui prône le véganisme de façon violente. Dix jours après la tragédie de Shrewsville, deux personnes restent introuvables malgré les recherches effectuées par les deux mille policiers mobilisés : Charlie, ainsi qu’un membre de l’ALA : Feyerabend. De son côté, la députée Linares pense que Charlie est un bien à présent sans propriétaire. Considéré comme un animal sauvage, s’il est capturé par un organisme public, il appartiendra à l’Etat du Missouri. La femme politique demande à Lucy, jeune étudiante amie de l’humanzee, si elle ne connaîtrait pas le moyen de le retrouver afin de le confier à de nouveaux parents adoptifs. Ce qu’elle ignore, c’est que, sur les lieux de l’incendie, Charlie et Lucy se sont déjà croisés.
© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2022Le quatrième volume de Darwin’s Incident va voir la vie de Charlie complètement chamboulée. Maintenant qu’il n’a plus ses parents adoptifs, la seule personne à qui il pense pouvoir se rattacher est le professeur Grossman, son père biologique, le seul à le « connaître » vraiment. Mais il est en Californie. C’est loin. Après avoir trouvé refuge dans la famille de Philip, un ranger, Charlie va de nouveau être l’objet d’observations. Il est en train de changer. Il commence sa puberté.
© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2022Le mangaka Shun Umezama aborde le sujet du bien-être animal. Il tacle les Etats-Unis, pays en retard en la matière pour mettre en place un environnement sans stress pour les animaux d’élevage. La première puissance mondiale est de plus en plus critiquée sur la scène internationale.
© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2022Après une première partie plutôt plan-plan, la deuxième moitié du volume voit les choses s’accélérer. Lucy et Charlie vont se trouver un point commun, disons… génétique. On va surtout apprendre que l’humanzee a des membres de sa famille très très proches qui sont encore en vie pour l’une, dont on ignorait l’existence pour l’autre, ce qui gratifie l’épisode d’un cliffhangher final inattendu.
Série : Darwin’s incident
Tome : 4
Genre : Anticipation
Scénario & Dessins : Shun Umezawa
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505120193
Nombre de pages : 192
Prix : 7,70 €
- Le collège noirpar Laurent Lafourcade
Le club des Cinq a la trouille
« -Extinction des feux ! Les filles, retournez dans votre chambre.
-Non ! On veut dormir tous ensemble encore ce soir !
-Je vous avais dit que c’était exceptionnel !
-On n’est plus des gamins, Lena. Tranquille.
-C’st bien ça qui me fait peur… Pfff… Faites ce que vous voulez. Mais je vous préviens, si j’entends un autre bruit que vos ronflements, vous giclez chacun dans votre dortoir avec une tarte. Bonne nuit ! »
Alors que tous les collégiens du monde passent leurs vacances chez eux, un petit groupe de gamins du Cantal reste dans leur établissement pour tout l’été. Ulysse, Ouss, Krum, Mei et Step n’ont pas des parents qui ont la possibilité de les récupérer. Il y a aussi Jonas, qui habite seul avec son père dans une ferme non loin du collège qui vient passer les après-midis avec eux. Ils sont sous la responsabilité de Lena, jeune adulte chargée de les surveiller à l’internat. Bâtiment vétuste, le collège perdu dans les montagnes tapissées de forêts sauvages et de vallées obscures semble avoir été là depuis des centaines d’années. La journée, Lena leur laisse quartier libre, tant qu’ils lui foutent la paix, mais à 18 h, couvre-feu. Filles et garçons, chacun dans leurs chambre et dodo.
© Malassagne – Bande d’ados Il y a quelques jours, Jonas est mort noyé dans un marais des profondeurs de la forêt, appelé par une voix qui semblait être celle de sa mère. Une nuit, le fantôme de Jonas est venu voir une dernière fois ses camarades avant de s’envoler dans une lueur par la fenêtre du dortoir. Les enfants le suivent, pénètrent dans la forêt et se trouvent face à une espèce de croque-mitaine, voleur d’âmes qui vient de capturer celle de Jonas. Ils parviennent à la libérer. Le monstre les poursuit avant d’abandonner la partie. Il les maudit et leur annonce que les ténèbres les traqueront, toutes les nuits jusqu’à leur mort. Ils devront rembourser de leurs propres âmes celle qu’ils viennent de sauver.
© Malassagne – Bande d’ados Le livre de la lune, le livre de la pierre et Le livre de l’hiver sont les trois parties du Collège noir parues entre 2016 et 2019 et réunies ici en intégrale. Ulysse Malassagne, auteur complet, y raconte son enfance composée d’aventures tellement étranges et terrifiantes qu’il n’avait jusqu’à présent jamais osé les mettre en bande dessinée. Il se remémore aujourd’hui sa jeunesse au collège, puisant dans sa mémoire les souvenirs qu’il a pu conserver sans sombrer dans la folie. On y croirait presque. Dans un graphisme apparenté à celui de Boulet, Malassagne oppose des personnages aux carrures South Park à de terrifiants monstres type gravures Yo-Kaï. Il y a aussi une petite ambiance studios Ghibli. Le scénario ne laisse pas de temps mort. Certaines scènes, comme celles du barrage, foutent vraiment la trouille. La fin est particulièrement réussie. La post-conclusion brouille un peu plus les pistes entre l’imaginaire et la réalité.
© Malassagne – Bande d’ados Mais quelle bonne idée qu’ont eu les éditions Milan de sortir cette intégrale quelques semaines avant Halloween. L’histoire est également disponible en dessin animé sur ADN depuis le 31 octobre. Le collège noir est une petite pépite, le genre d’histoires qu’on lit quand on a envie de prendre plaisir à se faire peur.
One shot : Le collège noir
Genre : Aventure fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Ulysse Malassagne
Éditeur : Bayard
Collection : Bande d’ados
ISBN : 9782408048594
Nombre de pages : 248
Prix : 19,90 €
- Silence 1par Laurent Lafourcade
Chuuut !!!
« -Depuis que Carne n’est plus là, ça devient vraiment compliqué là-dehors. Nos réserves diminuent et nos cultures faiblissent… En plus, on va bientôt avoir une nouvelle bouche à nourrir.
-Dé… Désolé.
-Si on ne fait rien, la situation va devenir vraiment compliquée pour nous. Et encore plus pour les enfants. »
Le soleil a disparu derrière les nuages. Dans ce monde enneigé, les hommes sont contraints de communiquer avec la langue des signes. Le moindre son de voix pourrait alerter des monstres qui les attaqueraient. Mais un problème vient se rajouter à cela. Les réserves diminuent et les cultures faiblissent. Il va falloir préparer une expédition pour déplacer les pièges à poisson plus en amont de la rivière. Pour la première fois, le jeune Lame va faire partie de la sortie pour accompagner Gris. Ocelle est furieuse de ne pas avoir été choisie. Malheureusement, en apercevant un monstre, Lame va laisser échapper un cri. Ils sont repérés. C’est la fuite en avant. Gris est sérieusement blessé, les pièges à poissons sont détruits. Lame se sent coupable. Il est bien décidé à ressortir pour expier sa faute.
© Vornière – Kana Yoann Vornière lance un manga shonen aux frontières du folklore français, de l’univers de Tim Burton et des meilleures quêtes initiatiques. Lame est un jeune héros de la même veine qu’un Edward de Full Metal alchemist ou qu’un Norman de The promised neverland. C’est un adolescent déterminé, non sans faille, bien décidé à apporter sa pierre à l’édifice de la liberté. Lorsque Lame va effectuer sa deuxième sortie, cette fois-ci en compagnie d’Ocelle, il va faire une rencontre qui va bouleverser à tout jamais sa vie et par ricochet celle de sa communauté. Il va se trouver affublé d’un pouvoir bien utile mais qui risque d’être également un fardeau de souffrance. A lui de gérer. L’aventure est lancée.
© Vornière – Kana Décidément, les éditions Kana offrent au manga européen une place de choix. Oneira, Vanupied, Droners, Save me Pythie, Sweet Konkrete et Talento Seven accueillent le petit nouveau Silence. Nul doute qu’il va se faire une place sous le soleil, bien que se déroulant dans un monde sombre. Vornière présente dès ce premier tome une galerie de personnages bien campés. Le mystère est installé d’emblée et la problématique principale soulevée dès le premier chapitre. On est dans un exemple d’efficacité scénaristique. Et graphiquement, l’auteur est tout autant à la hauteur. Les scènes avec le sanglier de feu et celles avec les souris à dents sont de la trempe d’un Eiichirô Oda.
© Vornière – Kana Magie, mystères, monstres et pouvoirs magiques sont au programme. Silence débarque dans le paysage du manga et risque de faire du bruit.
Série : Silence
Tome : 1
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Yoann Vornière
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505117087
Nombre de pages : 208
Prix : 7,70 €
- Le cripar Laurent Lafourcade
Mort de peur
« -Les relevés d’empreintes sur le corps de la victime, vous les avez faits ?
-Oui, les bandelettes sont là et les traces papillaires sont exploitables.
-Inspectrice, j’ai un doute sur quelque chose…
-Mm… Moi aussi, quelque chose me dérange, mais je ne sais pas quoi exactement.
-Je retourne examiner un détail. »
Banlieue d’Oslo, dans un hôpital psychiatrique, un patient est retrouvé mort. Il se serait suicidé. Il se serait lui-même étranglé, se tortillant dans tous les sens jusqu’à ce qu’il s’arrête de bouger. D’après le légiste, l’étranglement n’est pas la cause de la mort, mais il n’y a aucune trace de coup ou de blessure, à part le nombre 488 gravé sur son front, mais la cicatrice ne date pas d’aujourd’hui. Rien n’est exclu, ni même un empoisonnement accidentel. L’inspectrice Sarah Geringën vient de débarquer sur place et interroge le professeur Grund qui dirige l’établissement qui minimise les faits. Quelque chose met cependant la puce à l’oreille à la policière : le corps a été déplacé. Que cherche-t-on à cacher ? Que représentent les dessins que le mort a fait sur les murs de sa cellule ? La victime ne serait-elle pas morte de peur ?
© Makyo, Laval NG, Beuglet – Philéas L’enquête de Sarah Geringën va l’emmener jusqu’en France, où elle va rencontrer Christopher Clarence, dont le frère est la dernière personne extérieure à avoir vu la victime. Mais ce témoin est lui-même mort dans un accident de la route. Evidemment, tout est lié. Clarence va apprendre que certains membres de sa famille ne sont pas réellement qui il croyait qu’ils étaient. Sarah et Christopher vont conduire conjointement l’enquête qui va les mener aux tréfonds de l’esprit humain, entre expériences interdites et secrets internationaux.
© Makyo, Laval NG, Beuglet – Philéas Pierre Makyo et Laval NG adaptent Le cri, roman policier signé du journaliste Nicolas Beuglet, paru en 2016. Lui-même s’est inspiré d’un célèbre tableau de Munch, intitulé lui-aussi Le cri, célèbre pour avoir servi entre autres de base pour le masque du tueur de Scream. La transposition en bande dessinée garde toute la force du roman. Le traitement graphique de Laval NG fait le pont idéal entre le tableau et le livre, comme un chaînon manquant. Il suffit de regarder la couverture pour réaliser l’efficacité et l’intérêt du processus d’adaptation. Makyo scénarise l’intrigue dans un crescendo fluide et bien pensé. L’enquête s’accélère pour aller graduellement de plus en plus vite, finissant dans une course poursuite haletante. La fin est un brin abrupte. C’est-à-dire qu’on courrait tellement que ça fait bizarre de s’arrêter, mais il faut bien qu’une enquête s’arrête un jour. Le fait est qu’on est immergé dans l’action.
© Makyo, Laval NG, Beuglet – Philéas L’inspectrice Geringën est au cœur de deux autres romans de Nicolas Beuglet. On attend déjà avec impatience de la retrouver dans Complot et dans L’île du diable. Entraînez-vous déjà à courir pour pouvoir la suivre à travers le monde.
One shot : Le cri
Genre : Thriller/Polar
Scénarios : Pierre Makyo
D’après : Nicolas Beuglet
Dessins & Couleurs : Laval NG
Éditeur : Philéas
ISBN : 9782491467326
Nombre de pages : 152
Prix : 20,90 €
- Stellaria 1 – Une nouvelle vie dans les étoilespar Laurent Lafourcade
Teenages dans l’espace
« -Salut ! On est voisins, on vous a vues emménager, l’autre jour. Je suis Flora. Et lui, c’est mon frère Vince.
-Atalante. Et voici ma sœur Mégara.
-Vous verrez, les migrants ne sont pas encore nombreux. Tout le monde se connaît ici ! »
Atalante et Mégara viennent de débarquer sur la planète Stellaria. Les sœurs jumelles de treize ans ont fait un an de voyage pour atteindre cette nouvelle Terre, terre d’accueil saine. Mégara est passionnée d’animaux. Elle rêve de travailler dans un parc animalier. Ça tombe bien, il y en a un sur la planète. Atalante est beaucoup plus tête brûlée. Son objectif est de passer son brevet de pilote. Pas sûr que les parents soient d’accord. Elles vont rapidement se faire des amis, comme Brio, « cadet » à l’académie aérienne, Flora et son frère Vince, ou encore Priscile, cheffe de classe et présidente du club du collège.
© Godeau, Lozoya – Auzou Clara et Floyd Kent, les parents d’Atalante et Mégara, sont des scientifiques en mission pour le projet Orion. Ils doivent sécuriser l’aéroxy de Stellaria, qui rend l’atmosphère respirable, autrement dit s’assurer que la planète reste viable pour accueillir les humains fuyant la Terre polluée. Stellaria est située sur la ceinture d’Orion. Il faut rendre les végétaux plus résistants pour que la flore régénère l’oxygène. Si les immigrés respectent la nature, il n’y aura pas de problème. Sinon, ça va être beaucoup plus compliqué. Bref, les ados sont encore loin de ces considérations pratico-pratiques. A l’insu de ses parents qui n’y sont pas favorables, Atalante va tenter d’apprendre à piloter. Mais un événement dans le petit groupe d’amis va susciter des jalousies et le faire voler en éclat. Il risque d’y avoir des répercussions collatérales.
© Godeau, Lozoya – Auzou Autrice et traductrice pour la jeunesse, Natacha Godeau écrit un scénario essentiellement à destination des adolescentes. A l’image de l’excellente série Emma et Capucine, de Saphayoun et Hamon chez Dargaud, Stellaria s’inscrit dans une nouvelle tradition de ce que l’on pourrait qualifier de shojo franco-belge, en l’occurrence ici franco-hispanique. L’histoire fluide se lit avec plaisir. Et si l’on analyse plus profondément le propos, on remarque que la scénariste s’intéresse, ou fait s’intéresser les ados, à l’actualité. Les deux sœurs héroïnes sont des migrantes. Elles s’intègrent à un monde nouveau, avec des gens nouveaux. Elles doivent se faire accepter des autres tout en acceptant les autres. Impossible de ne pas penser aux nombreux bateaux de migrants accostant sur les rivages européens. Godeau démontre que n’importe qui, pour n’importe quelle raison que ce soit, peut devenir un jour un migrant. En l’occurrence, ici, ce n’est pas la guerre qui oblige Atalante et Mégara à quitter la Terre, mais la pollution. Si ce principe inversé peut changer l’œil de certains jeunes lecteurs sur le sujet, un autre pari est gagné. La dessinatrice espagnole Sara Lozoya entre dans la famille des auteurs au trait dynamique et coloré. Le public visé sera rapidement accroché.
© Godeau, Lozoya – Auzou Ce premier volume de Stellaria pose un univers cohérent. Les personnages sont présentés en même temps qu’une première intrigue est mise en place. Attendons de voir jusqu’où Atalante et Mégara vont nous embarquer. Il serait bien que les autrices prennent un vrai virage SF pour ne pas faire de la série une « simple » histoire d’ados sur une Terre bis.
Série : Stellaria
Tome : 1 – Une nouvelle vie dans les étoiles
Genre : Aventure interstellaire
Scénario : Natacha Godeau
Dessins & Couleurs : Sara Lozoya
Éditeur : Auzou
ISBN : 9791039515283
Nombre de pages : 48
Prix : 12,95 €
- Inoubliables 1par Laurent Lafourcade
Six témoignages de vies bouleversées
« -Cette histoire s’est passée il y a douze ans. Mais c’est seulement depuis cette année que j’arrive à en parler à peu près naturellement. A l’époque j’avais 18 ans, j’étais étudiante infirmière à la Rochelle. Je venais de rencontrer mon petit ami depuis deux semaines. Il avait 29 ans et il était videur en boîte de nuit. »
Cette histoire est celle de Marie. Elle a été abusée par son petit ami. Elle a vécu la honte et la culpabilité, la plainte et les doutes, parole contre parole. Il lui aura fallu trouver l’énergie nécessaire pour se détacher des angoisses qui l’enchaînaient et se libérer du fardeau qui l’accablait. L’histoire de Marie, c’est l’un des six témoignages recueillis par Fabien Toulmé pour le premier tome d’Inoubliables, collection de récits de vie bouleversées par un événement bouleversant.
© Toulmé – Dupuis Emilie a aujourd’hui 43 ans. Son père est décédé dans un accident de voiture alors qu’elle avait 4 ans. Sa mère, envahie par le chagrin, s’est laissée embrigadée par les témoins de Jéhovah. Ils vivront plusieurs années sous la coupe de la congrégation. Emilie réussira-t-elle à s’en sortir ?
Beatriz raconte l’histoire de Marcos et Dora. Tous les deux sont brésiliens. Elle travaille pour des missions sociales en lien avec l’université. Ils se rapprochent. Elle lui demande de l’épouser, mais le jeune homme entre dans les ordres. Il deviendra prêtre en Allemagne, elle sera hôtesse de l’air. Le destin les réunira-t-il ?
© Toulmé – Dupuis Kévin, lui, a passé une partie de son enfance au Rwanda, jusqu’au déclenchement de la guerre fratricide et sanglante entre Tutsis et Hutus. Marine, lorsqu’elle était scoute, à 14 ans, a fait la connaissance de Frédéric lors d’un pèlerinage diocésain à Lourdes. La correspondance, à l’époque, ce n’était pas aussi facile que maintenant. Internet n’existait pas. Ils vont se perdre de vue puis se retrouver grâce aux réseaux sociaux. Leur petit béguin de jeunesse se concrétisera-t-il ? Depuis, chacun a fait sa vie. C’est compliqué. Enfin, Grégory, 36 ans aujourd’hui, raconte comment il est tombé très jeune dans la délinquance, comment il a passé sa vie à faire des allers-retours en prison et quelle expérience il en a tiré.
Ce livre est un recueil d’histoires vraies. Fabien Toulmé a interviewé six personnes racontant l’événement le plus marquant de leur vie. Ces événements durent une heure, un jour ou une vie. Ils ont pour point commun d’être inoubliables. Passionné de ce genre d’histoires particulières, l’auteur a demandé à ce qu’on lui envoie ces instants par l’intermédiaire de ses réseaux sociaux. Il en a donc sélectionné six, puis après s’être entretenu longuement avec ceux qui les ont vécus, les a dessinés et rassemblés dans ce premier recueil. Chacune d’entre elles est dans des tons de couleurs différentes des autres.
© Toulmé – Dupuis Au-delà des histoires particulières, Toulmé raconte l’histoire de la société, l’histoire des hommes à travers la noirceur ou la beauté de notre époque. Un lecteur peut trouver dans telle ou telle histoire quelque chose qui lui rappellera ce qu’il vit ou ce qu’il a vécu. Inoubliables est une thérapie qui démontre qu’on n’est pas seul au monde et que si certains s’en sont sortis, ont réussi à rallumer la lumière au bout du chemin, on peut y arriver aussi.
Il n’y a pas que les histoires qui soient inoubliables, il y a aussi l’album.
Série : Inoubliables
Tome : 1
Genre : Témoignages
Scénario, Dessins & Couleurs : Fabien Toulmé
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034764570
Nombre de pages : 128
Prix : 23 €
- L’enfant et le maudit HS – Cher journal par Laurent Lafourcade
Nouveau chapitre d’une série sublime
« -Quand est-ce que tu dors, professeur ?
-Hein ?
-Moi ?
-Oui.
-Parce que je t’ai jamais vu dormir. »
Sheeva n’a jamais vu dormir le professeur dormir. La petite fille qui vit avec le cornu maudit s’inquiète pour sa santé. Même quand elle est allée aux toilettes dans la nuit, elle a vu de la lumière, elle a remarqué qu’il faisait toujours quelque chose. Il faut bien qu’il dorme, sinon il risque de tomber malade. Qu’elle ne s’en fasse pas. Il va très bien. C’est juste qu’il ne peut pas dormir. Peut-être parce qu’il est une personne de l’extérieur. Il ne mange pas non plus. Peut-être parce que ce n’est pas nécessaire. Pour s’occuper, il coupe du bois, il lit et il écrit. Du haut de son jeune âge et de son innocence, Sheeva voit ça comme un gâchis. Elle, si elle ne dormait pas, elle dessinerait, se baladerait, mangerait du pain en cachette, boirait du lait,… Alors, elle va essayer de ne pas s’endormir. Est-ce possible ?
© Nagabe / MAG Garden Après s’être conclue, la série « L’enfant et le maudit » revient pour un one shot intercalé au beau milieu. D’ailleurs, l’œuvre de Nagabe est plus qu’une série, plus qu’une saga, c’est une poésie. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, c’est une histoire d’amitié mystérieuse entre une petite fille d’à peu près six ans et d’un être mi-homme, mi-cerf, appelé le professeur, qui l’a prise sous son aile et la protège dans une campagne dépeuplée en lisière de forêt. Dans ce one shot, le maudit , qui ne fait plus de différence entre le jour et l’obscurité, n’a aucun autre centre d’intérêt que d’écrire son journal, tous les jours, et ce couper du bois pour réchauffer Sheeva. Il pourra compter sur elle en retour, puisqu’elle organisera un goûter nocturne afin d’apaiser ses insomnies.
© Nagabe / MAG Garden Nagabe atteint un point d’émotion et d’innocence jamais atteint en manga. Sheeva se met à dessiner, comme le lui a appris Tata, les fleurs du jardin et celles des champs. Elle dessine parce que c’est amusant. La tante apparaît dans des flash-backs, mais faites bien attention aux vêtements qu’elle porte. C’est un peu celle de tout le monde, ce genre de tante que beaucoup d’entre nous ont eu, qui nous a donné tant de son temps, car ayant peut-être moins de préoccupations qu’une grand-mère encore à charge de famille. Cette tante, j’ai eu l’immense bonheur de l’avoir. Elle s’appelle Nany et a grandement contribué à être ce que je suis. La tante de Sheeva lui a donc enseigné l’art du dessin. A son tour, elle va démontrer au professeur que tout le monde peut dessiner. Tout le monde sait dessiner. Un adulte qui pense ne pas savoir le faire est juste un enfant qui à moment donné s’est arrêté.
© Nagabe / MAG Garden Les personnages de Nagabe invitent à porter un regard profond sur les véritables valeurs de la vie. Après l’intrigue principale et les albums jeunesse, ce journal hors-série de « L’enfant et le maudit » est une troisième approche de l’univers. Espérons qu’il ne soit que le premier tome de one-shots dans l’univers.
Série : L’enfant et le maudit
Tome : HS – Cher journal
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Nagabe
Éditeur : Komikku
ISBN : 978237287…
Nombre de pages : 164
Prix : 7,99 €
- Tous ensemble !par Laurent Lafourcade
Pour l’amour du foot
« -Ha ha ! Il a l’air en forme, le Kevin, hein, Apollo ?
-Kevin est toujours en forme quand il y a un match. Le problème, c’est si on perd à la fin. Et, cette saison, on perd souvent à la fin. »
Kevin est le ramasseur de balles du stade brestois. Il assiste à chacun des matchs de son club favori entre le terrain de jeu et les tribunes. C’est lui qui renvoie la balle lorsqu’elle arrive dans le public. Ce public, d’ailleurs, il le chauffe, il le harangue, il l’excite. Tous ensemble ! Tous ensemble ! Tous ensemble ! Allez Brest ! Allez le stade ! Sauf que Brest perd souvent. Le club s’apprête à déposer le bilan alors que cette année ils sont en finale de la coupe de France. Kevin s’investit d’une mission : trouver la somme nécessaire pour sauver son club. Première étape : écrire à son supposé cousin Sylvester Stallone pour qu’il prête l’argent. Sly répondra-t-il à temps ou bien va-t-il falloir trouver une autre solution ?
© Kris, Michalak, Laude – Delcourt Kevin, c’est le passionné pur et dur du ballon rond. Il vit foot, il mange foot, il dort foot. Il serait même prêt à mourir foot. Martine, sa mère, pratique le même art que feu la maman de Stallone : la rumpologie, soit la prédiction de l’avenir dans la forme des fesses et le sillon interfessier. Le président du stade brestois va y donner de sa personne. Mais d’autres que les footballeurs vont mouiller le maillot : ce sont les trois gilets jaunes qui vont braquer le crédit national du pognon finistérien. Mais autre chose que les gilets est jaune, c’est la Jolie Jumper, la librairie-café ambulante de Suzie, libraire et végétarienne.
© Kris, Michalak, Laude – Delcourt Pas besoin d’être fan de foot pour apprécier Tous ensemble. Le sport n’occupe que les toutes premières et les toutes dernières pages. Le cœur de l’histoire est consacré à la quête financière pour sauver le club. Stop ! Ne partez pas ! On n’est pas non plus dans un Largo Winch. Kevin est plus proche d’un Gaston, pas gaffeur mais grand gamin. Tous ensemble est l’aventure d’un braquage et d’un sauvetage. On est dans du Gérard Oury, le Gérard Oury du Cerveau, même s’il y a une grosse allusion à La grande vadrouille. « Y’a pas d’hélice, hélas, c’est là qu’est l’os ! » Kris réalise une comédie qui aurait pu faire un carton au cinéma. Le découpage est d’ailleurs très cinématographique, avec flashbacks et ellipses. Il faut parfois rester concentrer pour garder le fil. Les dialogues sont au cordeau. Au dessin, Emmanuel Michalak, aidé par Juliette Laude, pour les décors, joue dans la cour d’un Castaza.
© Kris, Michalak, Laude – Delcourt Tout sauf une histoire sur le foot, mais que les aficionados aimeront particulièrement, Tous ensemble ! est avant tout un récit qui démontre que l’union fait la force. C’est une vraie comédie avec un C majuscule.
One shot : Tous ensemble !
Genre : Comédie
Scénario : Kris
Dessins : Emmanuel Michalak
Collaboration aux décors : Juliette Laude
Couleurs : Juliette Laude
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413030355
Nombre de pages : 104
Prix : 19,99 €
- Le lion & la souris vs. les envahisseurs de Zurgpar Laurent Lafourcade
Lafontaine revisité
« -Nous avons perdu le Sud, mais il nous reste toujours le Nord…
-Je veux le contrôle absolu de la Terre ! Trouvez leur chef et éliminez-le. La résistance sera alors anéantie !
-Vos désirs sont des ordres, ô grandissime Kro’mar !
-Cette planète doit être sous notre totale domination ! Ensuite seulement, nous pourrons continuer d’étendre l’empire Zurg vers d’autres galaxies ! »
Sur Terre, les animaux vécurent heureux pendant des lustres et des lustres… jusqu’à l’invasion de vaisseaux venus de la planète Zurg. Les extra-terrestres, emmenés par leur chef Kro’mar le mauvais, veulent faire de cette planète la leur. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Malgré tout, leur premier assaut sera un échec. Napoléon, le lion indomptable au courage sans faille, et ses animaux frondeurs parviennent à les repousser. Après avoir refusé l’aide de la petite souris Daisy, les troupes de Napoléon essuient une défaite. Les envahisseurs de Zurg gagnent leur nouvelle bataille. Le lion est emprisonné. Le seul espoir de la planète réside en Daisy. La souris sera-t-elle assez forte et maline pour permettre aux animaux de reprendre le pouvoir ?
© Harper, Rodriguez – Les aventuriers de l’étrange « On a souvent besoin d’un plus petit que soi. » Telle est la première morale de la fable de Jean de La Fontaine : Le lion et le rat. Le grand, massif et costaud Napoléon le lion va le vérifier dans cette histoire qui n’est autre qu’une revisite de cette fable du XVIIème siècle. Lorsqu’il renvoie Daisy la souris dans ses foyers après sa proposition d’aide, il n’a pas encore conscience qu’il commet une grave erreur, d’autant plus qu’il se moque d’elle. « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. » Cette seconde morale, car la fable en a deux, va trouver son écho lorsque Daisy va réfléchir à la façon dont elle pourrait sauver ses congénères animaux. Napoléon, dont le nom n’est pas non plus innocent, pourra méditer ces deux préceptes.
© Harper, Rodriguez – Les aventuriers de l’étrange Benjamin Harper et Pedro Rodriguez transposent donc la fable de La Fontaine Le lion et le rat dans un futur à la fois moyenâgeux et futuriste. Le village de Daisy fait ancien alors que la prison dans laquelle sera détenu Napoléon est bétonnée façon vingtième siècle, avec grilles, barbelés et équipement électrique. Le scénario de Harper navigue entre dialogues et cartouches commentant l’action. Il est dommage qu’il ne soit pas allé plus loin dans le côté BD, mais il aurait fallu pour cela plus de places. Vingt-neuf planches, c’est beaucoup trop court. On a à peine le temps de s’attacher aux personnages que c’est terminé. Le dessin aux accents disneyens de Rodriguez contribue à cette affection qui se détache des héros. Les extra-terrestres sont ridiculement drôles, avec ce côté méchant fou excité que l’on retrouve dans d’autres séries comme SuperPatate d’Artur Laperla chez Bang Ediciones.
© Harper, Rodriguez – Les aventuriers de l’étrange Le lion & la souris vs. les envahisseurs de Zurg est à la base un Comics publié aux Etats-Unis. On le reconnaît par son découpage, sa pagination et le fait que les planches semblent agrandies. Ça aurait gagné d’un côté à être publié dans un format plus petit, mais ça permet d’autre part de mieux profiter des expressions des personnages, et en particulier de Daisy, car ça accentue la différence de taille entre les personnages. Outre de profiter d’une belle aventure tous publics, ce type d’adaptation permet de préserver et d’inviter à aller relire un patrimoine littéraire inestimable, celui de Jean de La Fontaine.
One shot : Le lion & la souris vs. les envahisseurs de Zurg
Genre : Fable revue
Scénario : Benjamin Harper
Dessins & Couleurs : Pedro Rodriguez
Éditeur : Les aventuriers de l’étrange
ISBN : 9782490195176
Nombre de pages : 32
Prix : 14,50 €
- Supermatou Intégrale 1par Laurent Lafourcade
Les plus belles heures de Pif Gadget
« -Ça s’est bien passé à l’école fiston ?…
-… J’ai une composition, je vais faire mes devoirs…
-Tu donnes la papatte, Robert ? C’est pourtant simple… Ce chien doit être idiot ! »
Modeste Minet ressemble à tous les petits garçons de Raminagroville, son pays natal. Mais ça, c’est à première vue. La nature a doté le petit garçon de super-pouvoirs. Cependant, sa maladresse provoque parfois des catastrophes. Personne ne connaît ses capacités hors du commun, même pas ses parents, sauf son chien Robert, qui est son cerveau-chien, et qui lui prête main forte aussi bien pour rédiger un devoir de maths que pour combattre les malfrats en tous genres. Le soir, au lieu d’attendre le passage du marchand de sable, Modeste et Robert enfilent leurs costumes. Supermatou et son chien s’envolent au sens propre du terme pour faire régner la loi et mettre les bandits sous les verrous.
© Poirier – Revival Supermatou a fait les beaux-jours de Pif Gadget de 1975 à 1981. La série s’est arrêtée prématurément à cause du décès subit de son auteur Jean-Claude Poirier. Mythique pour de nombreux lecteurs, Supermatou, qui n’avait jamais été édité en albums, se voit enfin consacré par les éditions Revival dans une imposante intégrale en deux volumes dont le premier est paru cette année. Poirier, auteur du déjà génial Horace, cheval de l’Ouest, imagine une série de super-héros d’un autre genre où l’humour domine face à la méchanceté de méchants très très méchants comme le bébé Agagax ou l’ignoble savant Radégou. Dans la préface signée Rodolphe Massé, on apprend que Supermatou n’a pas surgi comme ça dans les pages de Pif. Onze plus tôt, Poirier dessinait les aventures de son précurseur Maximax dans Paul et Mic, fascicule édité par la Société parisienne d’édition. Au début co-écrite avec Jacques Lob, Poirier poursuivit seul la série. Cet enfant se transformait le soir en rejeton de Superman.
© Poirier – Revival Le trait rond, on ne peut plus rond, de Poirier est d’une originalité folle. A l’instar aujourd’hui d’un Fabrice Parme, on peut regarder n’importe laquelle de ses planches et affirmer que c’est du Jean-Claude Poirier. Les personnages ont tous les gros nez typiques du franco-belge. Même la télévision arbore un tarbouif à la Lucky Luke et, plutôt que de montrer des images, parle directement aux spectateurs. Les voitures sont élastiques. Les immeubles et les maisons sont caoutchouteux. Il y a du Gotlib, du Jacovitti, du Mordillo et même du Crumb dans l’univers graphique de Poirier, mais il y a surtout du Poirier.
© Poirier – Revival Plus que de super-héros, la série ne serait-elle pas en fait une série sur l’enfance ? « On ne guérit pas de sa jeunesse », disait Léon-Paul Fargue. Cette réédition le prouve de façon poétique et merveilleuse. Poirier est un grand auteur qui ne mérite pas d’être oublié tellement il nous a fait rêver. Les éditions Revival le remettent tout simplement à sa place dans cette intégrale prête à enchanter les anciennes générations comme les nouvelles.
Série : Supermatou
Tome : Intégrale 1
Genre : Humour superhéroïque
Scénario & Dessins : Jean-Claude Poirier
Couleurs : Bilitis Poirier et son équipe
Éditeur : Revival
ISBN : 9791096119714
Nombre de pages : 296
Prix : 39 €
- Tokyo Aliens 4par Laurent Lafourcade
Training, informateurs et extraterrestres
« -Je te présente Masato Kizaki. Il vient de la planète Shakushaku !
-Quoi ?! Il est un peu spécial, mais je n’aurai jamais imaginé que c’était un extraterrestre. »
Sho Tenkubashi apprend à Akira Gunji que Masato Kizaki est un extraterrestre. Ce dernier va demander à Sho une aide bien particulière : l’aider à déclarer son amour à Kurena Senjoin, la présidente de l’association des élèves. Elle est dans la meilleure classe, en troisième année. C’est la plus jolie fille du lycée. Le mot « inaccessible » aurait pu avoir été inventé pour elle. La demande semble incongrue. Pourtant, le rôle de l’AMO, Alien Management Organization, une brigade d’intervention spéciale, n’est-il pas de venir en aide aux extraterrestres en détresse ?
© 2021 Naoe / Square Enic Co., ltd
© KANA 2023Ben ? Que se passe-t-il ? Le Shonen Tokyo Aliens est-il en train de dériver et de changer de cap à 180 degrés en prenant un virage Shojo ? Ce pitch le laisse augurer. Pourtant, les intentions de Naoe, la mangaka, sont bien plus profondes. Tokyo Aliens est en train de devenir le symbole de la fin du clivage entre les lectorats masculins et féminins dans le manga. Le chapitre d’ouverture de ce quatrième opus trouble les cartes. L’amourette présentée n’est qu’un prétexte à l’introduction d’un nouveau personnage fort dans la série. Masato et Kurena se sont imposés à Naoe. Les deux extraterrestres venant de planètes différentes se sont imposés à l’autrice.
© 2021 Naoe / Square Enic Co., ltd
© KANA 2023La suite de l’épisode s’attarde sur l’entraînement d’Akira, pressé de maîtriser son arme et ses attaques. Sho va apprendre que son co-équipier est le fils de l’homme qui est mort en les sauvant d’Hakugin, sa sœur et lui, il y a de cela déjà neuf ans. Celle-ci est dans un hôpital adapté depuis lors. Akira s’exerce avec des drones qui tirent des balles de peinture. Ces boules volantes prennent d’emblée la place de mascottes dans la série. Naoe annonce qu’on en verra plus tard certains qui parlent. Plus loin, on fera la connaissance de deux autres individus, Yuen et Meimei, informateurs spécialisés dans les aliens. Pour Akira, ça commence à faire beaucoup de monde dans la confidence. Un poil poussif, ce tome est plus axé sur la présentation de nouveaux personnages et des révélations sur le passé. Seul le dernier chapitre remet du punch à un ensemble qu’on aurait quand même préféré un peu plus rythmé, comme au début de l’aventure.
© 2021 Naoe / Square Enic Co., ltd
© KANA 2023« Il parait que des extraterrestres vivent parmi nous sur Terre. » Si cette phrase issue du manga est vraiment vraie, on n’a plus qu’à espérer qu’une organisation comme l’AMO gère discrètement les éventuels incidents. Et pourquoi pas ? On a envie de se prendre au jeu. Interthèmes et intergenres, Tokyo Aliens ne serait-elle pas plus avant-gardiste qu’en apparence ?
Série : Tokyo Aliens
Tome : 4
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Naoe
Éditeur : Kana
Collection : Dark Kana
ISBN : 9782505121273
Nombre de pages : 162
Prix : 7,70 €
- Mégalodonpar Laurent Lafourcade
Une contemplation sous-marine
« Les profondeurs abyssales…. J’aime y nager lentement… Avec la meute… Près des bancs de poissons… De calamars… Il ne faut jamais rester endormi…. Et garder la température corporelle haute… Une alerte !!! »
Dans le calme apparent des profondeurs abyssales, le danger n’est jamais loin. Le mégalodon ressent la pression d’eau caractéristique d’un géant qui approche. C’est un livyatan, une espèce de cétacé monumental. C’est une telle bête qui a tué sa mère pour le protéger lorsqu’il était petit. Comme par le passé, l’affrontement est inévitable. Dans la mer, il y a toujours plus grand que soi. L’union faisant la force, le mégalodon va pouvoir s’en sortir. La meute poursuit sa migration vers des eaux moins froides, parcourant de longues distances, dans les profondeurs, à l’abri des prédateurs. Chassés et chasseurs, tel est le double destin des créatures marines. Il est temps de remonter vers la surface pour trouver des proies. Un banc de dauphin à la mâchoire effilée comme des espadons saute de vagues en vagues. Un nouveau combat s’engage… comme tous les jours ou presque.
© Bec, Antiga, Meloni – Les Humanoïdes Associés Nous sommes à l’ère du Miocène, il y a 23 à 5 millions d’années, une période intermédiaire de l’ère tertiaire. Les plaques continentales ne sont pas encore celles que nous connaissons aujourd’hui. Les superprédateurs règnent en maîtres dans les profondeurs sous-marines. Les mégalodons, forts de leurs vingt mètres de long, sont les ancêtres de l’actuel minuscule grand requin blanc de six mètres de long. Parmi eux, le balafré mène le groupe, en chef de meute qui a du vécu. Nous sommes en présence en quelques sortes de dinosaures des mers. Tout est géant. Crocodiles et calamars sont des titans. La moindre odeur de sang attire les ventres affamés. Les dents de la mer n’auront jamais été autant acérées.
© Bec, Antiga, Meloni – Les Humanoïdes Associés Mégalodon est un one shot hors du commun. On y suit le parcours d’un mégalodon, à la première personne du singulier. On est ce requin. On pense comme lui. On attaque comme lui. On se défend comme lui. On se sustente comme lui. C’est une immersion dans l’immersion. Christophe Bec, créateur de l’univers Carthago, offre une nouvelle place aux géants des mers dans un album contemplatif et cruel. Mais c’est la nature. L’album est un documentaire animalier qui se lit comme un thriller. Il faut vivre et survivre dans ces 100 planches où il faudra attendre la quatre-vingt-huitième pour voir des humains grâce à un bond dans le temps. Les siècles ont passé. Il y a de nouveaux chasseurs, mais il y a aussi de nouvelles proies. Au dessin, Paolo Antiga mène les combats. Les yeux noirs des mammifères dégagent une émotion inattendue. Andrea Meloni, déjà aux couleurs de Carthago, contribue à l’unification de l’univers créé par Christophe Bec.
© Bec, Antiga, Meloni – Les Humanoïdes Associés Ni aventure, ni documentaire, mais à la fois aventure et documentaire, Mégalodon est un voyage dans les profondeurs sous-marines et dans le temps. Il y a quelque chose d’envoûtant.
One shot : Mégalodon
Genre : Contemplation sous-marine
Scénario : Christophe Bec
Dessins : Paolo Antiga
Couleurs : Andrea Meloni
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
ISBN : 9782731630176
Nombre de pages : 112
Prix : 22 €
- Raoul Cauvin, la monographiepar Laurent Lafourcade
Edition définitive
« -Bien, à présent, c’est au tour d’une petite fille d’approcher du micro… Euh… Hm… Vas-y ! Pose ta question !…
-Comment êtes-vous arrivé à faire ce métier ?
-Qui ça ? Moi ?…
-Non, lui !
-Moi ?… Euh… Eh bien, je… J’ai fait des études puis j’ai soigné ma diction et j’ai eu un peu de chance ! J’avoue que j’adore mon métier ! C’est tout ce que tu voulais savoir ? »
Cher Raoul,
Je me permets de vous appeler Raoul. Même si vous ne me connaissiez pas, je vous connaissais un petit peu. J’ai lu tout Pauvre Lampil.
Pendant plus de quarante ans, toutes les semaines, j’ai passé un moment avec vous. Vous accompagniez tous les moments de ma vie, graves ou futiles, peines ou bonheurs.
© Lambil, Cauvin, Gaumer – Dupuis Je vous ai « aperçu » une fois ou deux, à Angoulême, cet endroit que vous aimiez tant où les fans peuvent discuter pendant des heures avec leurs idoles. En 1986, j’ai eu deux petites dédicaces de vous sur Baby Blue et Pauvre Lampil 1. Mes albums étaient restés dans l’impressionnante pile à côté de Willy Lambil. J’étais venu les rechercher une demi-journée plus tard. De toutes façons, je ne sais pas si j’aurais pu vous dire un mot tellement j’aurais été impressionné.
Ado, parmi ma déjà grande collection d’albums, ce sont les vôtres qui avaient le plus de succès auprès de mes copains de collège et de lycée qui venaient m’en emprunter. Je les prêtais avec grand plaisir car vous donniez l’envie de partager.
© Lambil, Cauvin, Gaumer – Dupuis Plus tard, étudiant en maths, j’étais chroniqueur, et parfois co-animateur, dans une émission hebdomadaire sur Radio Campus Bordeaux 88.1. J’habitais à cinq cents mètres de la station, mais par grand vent il m’arrivait de ne pas pouvoir la capter chez moi. Bref, dans cette émission appelée Déambulles, nous étions une poignée de chroniqueurs qui, sans concession aucune, donnions notre avis sur un panel de nouveautés BD. C’était, sans être prétentieux, une sorte de Masque et la Plume sur le neuvième art. Vous connaissiez ? C’est une émission de radiodiffusion française qui passe tous les dimanches à 20 h sur France Inter et qui critique les dernières parutions en matière de cinéma, théâtre et littérature. Dans Déambulles, exclusivité à la bande dessinée. Au bout de quelques mois d’antenne, nous avions tous nos personnalités définies. J’étais, au grand dam de mes camarades, votre ardent défenseur. Parfois, un de mes congénères avouait : « Oui, c’est vrai, cet album est pas mal… ». Je me suis battu pour vous, me disant : « Un jour, ils verront que j’ai raison. ».
En tant que Cauvinophile averti, j’ai dans ma bibliothèque le numéro 61 des intellectuels Cahiers de la Bande Dessinée paru en janvier 1985, ainsi que Le Livre d’Or de Raoul Cauvin, de Kris de Saeger, publié en 1996 chez Arboris avec une bien belle couverture d’une autre de mes étoiles : François Walthéry. La magnifique monographie de Patrick Gaumer qui est rééditée complétée aux éditions Dupuis est le premier hommage imposant de votre maison-mère. A sa première sortie il y a déjà dix ans, je me disais Enfin ! Enfin publié l’hommage mérité, enfin rattrapé le loupé du numéro du journal Spirou qui était consacré à votre soixante-quinzième anniversaire, où, même si votre nom remplaçait celui du groom, vos séries n’étaient même pas en couverture.
© Bercovici, Hardy, Lambil, Laudec, Cauvin, Gaumer – Dupuis Voilà, ma lettre arrive à sa fin et je n’ai quasiment pas cité vos héros. Peu importe, car si des gens lisent cette missive, c’est parce qu’ils vous connaissaient déjà par cœur. J’ai parlé plus de moi que de vous. C’est peut-être parce que vous avez contribué à faire ce que je suis aujourd’hui. Pour ceux qui voudraient vous connaître mieux, tout est dit dans cet indispensable monographie richement illustrée, en particulier de quelques incunables.
Serge Lama chantait : « C’est mon ami et c’est mon maître. C’est mon maître et c’est mon ami. Dès que je l’ai vu apparaître, j’ai tout de suite su que c’était lui, lui qui allait m’apprendre à être, ce que modestement je suis. » Même si l’on ne se connaissait pas, mon cher Raoul, vous étiez mon maître…et mon ami. Puissiez-vous l’entendre où vous êtes aujourd’hui.
One shot : RaoulCauvin, la monographie Edition définitive
Genre : Monographie
Auteur : Patrick Gaumer
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034768981
Nombre de pages : 432
Prix : 49 €
- La marche brume 1 – Le souffle des chosespar Laurent Lafourcade
La géante et les sorcières
« -Tempérance !! Lâche immédiatement cette tarte !
-Grrr…
-Ne baisse pas ta garde ! Attention à ton équilibre ! Esquive !
-Aïe !
-Tu as encore des progrès à faire si tu veux me voler mes pâtisseries, petite. Garde la tête froide et sers-toi de tes hanches, tout vient de là. Je te l’ai dit mille fois ! (…)
-Comment je pourrais être une bonne brouche alors qu’on ne m’apprend aucun sortilège ?! »
Au cœur d’une forêt, Tempérance est élevée par Mémé. Elevée, c’est un bien grand mot pour une sorte d’ogresse de grande taille par rapport à une petite sorcière rabougrie. Toujours est-il que cette dernière, bien qu’âgée, est une maîtresse de kung-fu. Ce que voudrait surtout Tempérance, c’est qu’elle lui enseigne la magie. Mais pour Mémé, la jeune géante n’est pas prête. La magie est un art à utiliser avec sobriété. De temps en temps, Tempérance se rend au village pour troquer du bois contre l’une ou l’autre denrée. Attention, les jours de Brume, il ne faut pas couper par la forêt. Au village, Tempérance retrouve ses tantes : tante Louise, tante Inaya, tante Ezilda, tante Asma et les autres. Il faut dire que la communauté est composée uniquement de sorcières. C’est une sororité de brouches comme elles disent, ce qui donne de plus en plus envie à l’ogresse de tâter de la magie.
© Fert – Dargaud C’est un bébé que Mémé a empêché jadis de tomber dans les griffes des Omis, juste une petite fille. Elles ont été sauvées in extremis par la montée de la Brume. L’enfant nommée Tempérance va grandir paisiblement entourée des sorcières, jusqu’au jour où elle va se rendre compte qu’elle est mystérieusement et dangereusement attirée par la forêt. Elle sent un lien qui lui parle et qui l’appelle tout au fond d’elle, jusqu’au jour où elle va se retrouver face au monstre. La Brume revient… Le passé ressurgit.
© Fert – Dargaud Avec La marche Brume, Stéphane Fert signe sa première série. Remarqué pour des one shot remarquables comme entre autres Peau de mille bêtes ou Blanc autour, scénarisé par Wilfrid Lupano, Fert retrouve l’ambiance moyenâgeuse qui est le cœur de son univers. Ici, il met à l’honneur les femmes et leur force. La communauté exclusivement féminine n’a besoin d’aucun élément mâle pour vivre en autonomie. Même quand il va falloir faire face à l’ennemi, bien masculin celui-ci, leur union va être leur force. Sans être féministe, le récit montre et démonte des stéréotypes non seulement du conte mais de la réalité. Il remet tout simplement les femmes à une place légitime. Fert aborde aussi le sujet de la différence. Tempérance n’est pas comme les autres. Son prénom marque son originalité. Acceptée par toutes, elle se sent quand même en marge de la société. Ce n’est pas sa différence physique qui la dérange, mais le fait qu’elle n’ait pas accès à la magie. Graphiquement, l’album peut se ranger à côté de l’âge d’or de Cyril Pedrosa. On retrouve comme un enchantement l’ambiance Belle au Bois Dormant. Les couleurs pastel-sombre offrent quelques planches sublimes.
© Fert – Dargaud Ne restez pas statique. La brume est en train de monter. Suivez la marche, la marche brume, à travers la forêt, mais prenez garde… C’est beau, c’est bien, c’est fait, c’est Fert.
Série : La marche brume
Tome : 1 – Le souffle des choses
Genre : Sorcellerie
Scénario, Dessins & Couleurs : Stéphane Fert
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505113638
Nombre de pages : 136
Prix : 21,50 €
- Au cœur du naufragepar Laurent Lafourcade
Les dernières heures du Titanic
« -Ce navire est vraiment magnifique.
-N’est-ce pas ?
-Je suis impressionné par le confort à bord du Titanic. En tant que migrant de troisième classe, j’ai souvent été maltraité sur de précédentes traversées.
-Vous voyagez beaucoup ?!
-M.Krekorian est arménien.il revient régulièrement dans son village.
-Merci pour toutes ces explications. Demain, j’explore le bateau. »
Louise vient d’embarquer sur le Titanic. Nous sommes le 10 avril 1912. Elle fait partie des 708 passagers de troisième classe, sur les 1316 au total qui ont embarqué sur le navire avec les 885 personnes qui y travaillent. Le bateau doit rallier Southampton en Angleterre à New-York aux Etats-Unis. Comme tout le monde le sait, il n’atteindra jamais les côtes américaines, à cause d’un fichu iceberg. Mais nous n’en sommes pas encore là. Du haut de ses douze ans, Louise va visiter le navire, de la salle des machines à la salle de télégraphe, en passant par les cuisines.
© Maury, Elvis, Le Moine – Milan Depuis quelques années, mode lancée par le film de Cameron, tout a été dit et redit sur le Titanic. Si de nombreux livres ou films se sont attardés sur la collision et la chute du bateau, ce petit album prend son temps pour nous présenter le navire de fond en comble, par le biais de Louise et des rencontres qu’elle va y faire. Elle ira même jusqu’à échanger ses vêtements avec une gamine de Première Classe pour pouvoir la visiter. On verra donc aussi bien des mécaniciens remplir de charbon les fourneaux permettant de faire avancer le géant des mers que des dames de la haute profitant des bains turcs.
© Maury, Elvis, Le Moine – Milan Ce n’est que dans une seconde partie qu’on assiste au drame, de manière précise et concise. L’iceberg raye et perce la coque. L’eau s’engouffre. Le personnel et les passagers s’affolent. Il faut évacuer. Ce ne sera pas possible pour tous… parce qu’il n’y avait pas assez de canots de sauvetage. La suite, on la connaît. Près de la moitié des voyageurs périront. Les survivants seront recueillis et amenés à bon port. Après quarante-deux planches de BD, un cahier documentaire complète l’ouvrage. L’essentiel y est synthétisé. On revient en particulier sur l’identité de personnels de l’équipage et de quelques voyageurs de chacune des classes, comme Joseph Laroche, un passager de la Deuxième, ingénieur d’origine haïtienne de 25 ans, qui n’eut pas la chance de s’en sortir comme sa femme et ses deux enfants, la seule famille métis du bateau. On apprend entre autres que l’épave a été découverte en 1985 et que d’ici une trentaine d’année elle sera complètement désagrégée.
Au cœur du naufrage inaugure une nouvelle collection de BD documentaires publiées par les éditions Milan. L’album a été scientifiquement relu par l’un des plus grands spécialistes du sujet : François Codet. Le dessin ligne claire d’Aurélien Maury est une invitation pour les plus jeunes lecteurs à s’intéresser au sujet, bien ficelé par les scénaristes Félix Elvis et Lucie Le Moine. Il ne manque plus que Rose et Jack.
One shot : Au cœur du naufrage
Collection : Les aventureurs
Genre : Aventure documentaire
Scénario : Félix Elvis & Lucie Le Moine
Dessins & Couleurs : Aurélien Maury
Éditeur : Milan
ISBN : 9782408047467
Nombre de pages : 56
Prix : 12,90 €
- Ekhö monde miroir 12 – La walkyrie des fjords par Laurent Lafourcade
La seigneure de l’anneau
« -Oh ! La mission ! On doit leur voler l’anneau ! Tout de suite !
-Fourmille ! Qu’est-ce que tu racontes ? C’est la fumée ou quoi ?
-Fourmille ? C’est qui ? C’est pas à moi, ce bras !
-Oh non, c’est pas le moment… Yuri, je crois que Fourmille est de nouveau habitée… »
Ce n’est jamais le bon moment quand Fourmille voit son esprit possédé par une entité étrangère. Cette fois-ci, elle est à Copenhague en compagnie de sa copine Grace et de Yuri, qui vient de manger un truc pas frais par le nez. Il admire un vol de girafes vertes avec des diamants qui coulent du ciel. Fourmille est donc possédée par Svafa, une des neuf walkyries, une guerrière d’Odin. Après avoir volé un anneau à des nains dans une forge, Fourmille-Svafa et Grace embarquent sur un navire, un krakenier des fjörds. Loki et le seigneur des ténèbres convoitent cet anneau avec lequel ils domineraient le monde. Il faut le détruire en le faisant fondre dans la lave du volcan Eyjafjallajökull.
© Arleston, Barbucci, Lebreton – Soleil Ekhö monde miroir, c’est la Terre, mais en fait non. Chaque épisode amène Fourmille et Yuri dans une ville, comme si elle était de notre monde, mais qui est en fait dans le monde miroir. Chaque histoire est indépendante et dans chacune d’entre elles l’esprit de Fourmille est occupé par un ectoplasme dont il faut résoudre le problème afin que l’héroïne soit libérée de son hôte. La walkyrie des fjörds est une grande aventure nordique amenant nos héroïnes du Danemark jusqu’en Islande, avec notamment un moyen de transport plus qu’inédit. On ne parle pas là du krakenier, ce drakkar destiné à chasser le kraken, monstre des mers, ce qui vaudra une scène effrayante, mais d’un vol improbable attaché sous des animaux.
© Arleston, Barbucci, Lebreton – Soleil Copenhague est à l’honneur avec son inévitable Petite Sirène. Elles sont même plusieurs à fumer en attendant le touriste pour se montrer sur le rocher de la capitale. Grace nous gratifie pour l’occasion d’un selfie en mode original. Yggdrasil n’est pas ici l’arbre-vie bien connu des légendes nordiques mais le nom d’un groupe de métalleux plutôt portés sur la killing grass, l’herbe qui fait voyager. N’est-ce pas, Yuri ? Ceci rendra ce dernier absent de la quasi-totalité de l’épisode. Le groupe se rebaptisera « les orcs », certainement un clin d’œil au groupe finlandais Lordi qui a gagné l’Eurovision en 2016 avec des masques faisant penser à des orcs.
© Arleston, Barbucci, Lebreton – Soleil Arleston et Barbucci sont au meilleur de leur forme pour cette série qui est la meilleure série d’heroïc-fantasy du moment alliant si finement action, humour et aventure.
Série : Ekhö monde miroir
Tome : 12 – La walkyrie des fjords
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Christophe Arleston
Dessins : Alessandro Barbucci
Couleurs : Nolwenn Lebreton
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302096394
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
- To your eternity 19par Laurent Lafourcade
Co-existences
« -Assez de mensonges ! Racontons la vérité ! Vous voulez savoir ce qui s’est passé ce jour-là ? Alors lisez le journal !
-Yûki !
-Fais-moi voir ça… « Une attaque perpétrée par des extraterrestres, les knockers » ? Yûki, tu crois vraiment que j’ai du temps à perdre avec tes salades ?! »
Yûki a bien de la peine à faire croire à ses camarades ce qui est arrivé. Tant que l’existence des knockers ne sera pas reconnue, il sera bien compliqué d’avancer. Imm, l’immortel, est bien perplexe. Ça fait une semaine que Mizuha est revenue, après avoir réussi à vaincre le faux Imm. Bonshen peut faire jouer ses relations de la fondation en cas de problème au collège. Pourtant, Imm se pose des questions. Pourquoi Yûki a-t-il refusé de se débarrasser du knocker en lui qui le manipule et peut même aller jusqu’à le tuer ? Pour Yûki, le salut réside en la coexistence. Et si le chef des knockers a disparu, nombre d’entre eux ont décidé de rester à la surface de la Terre. L’invasion semble stoppée, mais on n’est pas à l’abri que certains d’entre eux fassent un mauvais usage des corps qu’ils envahissent.
© Oima – Pika La série de Yoshitoki Oima prend un virage. Le sujet de l’immortalité, même s’il est prégnant, laisse la première place à celui de la cohabitation, la co-existence, le vivre ensemble. A l’heure où des centaines de migrants débarquent sur les côtes de pays dits civilisés, ce dix-neuvième opus de To your eternity prend une dimension particulière. Dans la série, les avis des humains sont partagés. Faut-il repousser les knockers ? Faut-il apprendre à vivre avec ? Et si on les accepte, est-on à l’abri de réactions qui pourraient se retourner contre nous ? Dans la vraie vie, on peut se poser les mêmes questions par rapport aux migrants. Sans pour autant apporter de réponses, Oima invite à se poser les bonnes questions, ancrant encore plus son œuvre dans un cadre philosophique.
© Oima – Pika La magnifique couverture symbolise l’espoir, Imm et l’homme encapuché sont côte à côte devant une lumière signifiant à la fois le souvenir des âmes et l’illumination d’un nouveau chemin. Si l’un a les yeux rivés sur la flamme, l’autre, Imm, regarde le lecteur d’un œil rassurant, comme s’il voulait dire : « Je crois qu’on va pouvoir avancer en confiance ; tu peux nous suivre… ». Yoshitoki Oima conclut un arc narratif moderne. Le final ouvre vers un nouvel horizon qui, espérons-le quand même, sera plus proche du début si puissant de la série. Un triangle lumineux dans le ciel au-dessus d’un bateau de pêcheur. Puis quelque part, une petite fille qui s’éveille… Un nouveau chapitre va commencer. Mais ça, c’est une autre histoire.
© Oima – Pika To your eternity a reçu en 2018 le prix de la meilleure nouvelle série à la Japan Expo Awards, puis en 2019 le prix du manga shonen Kodansha. Le succès de la série est confirmé en anime. Deux saisons ont déjà été diffusées. 40 épisodes plus un épisode spécial. On peut les voir sur Crunchyroll. Une troisième saison est en cours de production.
Série : To your eternity
Tome : 19
Genre : Fantastique émouvant
Scénario & Dessins : Yoshitoki Oima
Éditeur : Pika
ISBN : 9782811672812
Nombre de pages : 192
Prix : 7,20 €
- Les cowboys sont toujours à l’Ouestpar Laurent Lafourcade
Nouvelles du Far-West
« -Approchez… Je ne vais pas vous manger voyons… Whisky ?
-Non merci.
-Ainsi, vous voulez écrire un livre sur moi ? Quel sera son titre ?
-John Casey Carson… Le dernier des cow-boys devenu milliardaire.
-C’est tout moi ! »
New-York, début du XXème siècle. Mademoiselle Willoughstone, journaliste de son état, vient rencontrer John Casey Carson, un ancien aventurier devenu milliardaire. Aujourd’hui, le monde change. Les grues envahissent la ville. Les grandes plaines disparaissent. L’Ouest n’est plus. Bientôt, les voitures remplaceront les chevaux. Les desperados sévissent désormais à Wall street. La ruée vers l’or n’a plus la même saveur. Carson va remonter dans ses souvenirs et démontrer à la reporter que le Far West ce n’est pas seulement les cow-boys et les indiens qui font Pan Pan ! C’est parti pour une exploration des vestiges de son passé d’aventurier, quelques souvenirs pour ne jamais oublier que les cow-boys sont toujours à l’Ouest.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Habillées par une introduction et une conclusion présentant les deux interlocuteurs, dix nouvelles de trois à quatre planches composent ce voyage à l’Ouest. On commence par une sombre histoire d’héritage où l’on voit que lorsqu’il est question d’argent il n’est plus question de famille. On suit ensuite un chasseur de primes, pardon déprime, avant de rencontrer un indien spirituel sur le territoire de Nanabozho, le grand lapin protecteur de tous les hommes. Celui-là, on l’a déjà vu chez Yakari, mais ici on n’est pas chez Yakari. Non, non. Les salopards, qui ne sont pas sept mais cent, vont avoir maille à partir avec des envahisseurs pendant qu’une étrange épidémie s’empare des soldats de Fort Bidden. On apprend que les lois du marketingue ne sont pas perçues de la même manière chez les visages pâles et les peaux-rouges. En Louisiane, les évadés du bayou vont faire une charmante rencontre qui va changer leurs vies. A Santé Fé, c’est Jésus himself qui vient prêcher la bonne parole. En Utah, le cavalier du pony express traverse vents et marées pour livrer un colis qui n’existe pas. Quoi que ? … Enfin, ce n’est pas tout à fait Buffalo Bill qui fait le spectacle dans la dernière aventure.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Tout ça est drôle, très drôle. On l’a déjà dit, Fluide glacial atteint de nouveau les sommets. La patte Jean-Christophe Delpierre, à tout jamais Grand Gourou « Fluidesque » est une assurance de qualité. Olivier Supiot va tout de suite à l’essentiel. Il choisit un format extra-court, comme des haïkus de l’Ouest. Damien Geffroy, le dessinateur des Veuves électriques, amène son trait acide sur un nouveau terrain. Chaque histoire est présentée par une saynète entre le milliardaire et la journaliste devant un grand tableau, comme un cul-de-lampe de chapitre grand format. Geffroy peut ainsi aérer son trait sur ces sortes de couvertures intercalées. Les couleurs de Laure Durandelle, d’un beige sableux, contribuent au voyage et à l’exploration du Far West.
© Supiot, Geffroy, Durandelle – Fluide glacial Les cowboys sont toujours à l’Ouest mais leurs auteurs savent très bien ce qu’ils font : faire rire le lecteur dans un second degré décalé raillant une certaine réalité révolue qui a, dans une certaine mesure, existée. Si, si ! Prenez garde à vous, Lucky Luke, Blueberry et consorts !
One shot : Les cowboys sont toujours à l’Ouest
Genre : Humour
Scénario : Olivier Supiot
Dessins : Damien Geffroy
Couleurs : Laure Durandelle
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038206205
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €
- Le 50e Une odyssée du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulêmepar Laurent Lafourcade
L’histoire d’un rendez-vous
« Qui aurait pu imaginer, il y a cinquante ans, qu’une « petite manifestation » amicale et destinée surtout aux enfants, créée par quelques « fêlés », deviendrait un événement national voire international ? (…) Cependant, ce serait mentir que de tenter de faire croire que ce long chemin s’est déroulé de manière linéaire et sans accroc, tant il est vrai que le développement du Festival n’a pas toujours emprunté des lignes droites, et a même flirté avec quelques sorties de route. » Francis Groux, Cofondateur du FIBD, Commandeur des Arts et des Lettres
25 janvier 1974, le premier salon international de la bande dessinée ouvre ses portes à Angoulême pour trois jours. Le festival investit le musée, le théâtre municipal et l’hôtel de ville. Hugo Pratt signe l’affiche. L’aventure a réellement débuté quelques années plus tôt. Il fallait un élément déclencheur. Celui-ci a eu lieu en 1960 lorsque Madame Groux offre à son époux Francis qui a vingt-cinq ans une réédition des Cigares du Pharaon. Dès lors, Francis Groux consacre son temps à la BD. Sur le modèle du salon international de Lucques en Italie, il cocrée donc une manifestation similaire en Charentes. Alain Saint-Ogan sera le premier président et Alfred, le pingouin de ses personnages Zig et Puce, sera la première mascotte, donnant plus tard son nom aux récompenses. Franquin sera le premier lauréat du Grand Prix. L’essai est confirmé un an plus tard avec 15000 visiteurs pour la deuxième édition. Gaston dort sur l’affiche mais le reste du monde est bien éveillé. Plus rien n’arrêtera la marche du Salon qui deviendra Festival. La croissance est exponentielle. Pour tout le Neuvième Art, Angoulême est The place to be.
© PLG / Associations FIBD Pour chaque année, le chapitre démarre avec un paragraphe général, suivi des rubriques « A découvrir », « Les anecdotes du Salon » et le Palmarès officiel. En 1984, c’est l’ouverture d’une quatrième journée, réservée aux professionnels. Les scolaires sont également pour la première fois accueillis. La barre des 100 000 visiteurs est dépassée. L’auteur ne se contente pas d’un descriptif année par année. L’ouvrage est sans concession. Succès, échec, polémiques et coups de gueule sont au rendez-vous. Philippe Tomblaine dégage trois grandes périodes dans l’histoire de la manifestation : les années pionnières, du début au mi-temps des années 80, où tout se met en place, les années 90 et 2000 avec une explosion du nombre de visiteurs, puis les dernières années dans la démesure et la tourmente. La concurrence avortée du festival de Grenoble, l’arrivée du sponsor Leclerc et son départ, la création du CNBDI, la fusée Tintin, puis tintin la fusée, la condition financière des auteurs, la place des autrices, le contexte Covid, les sujets abordés se comptent par dizaines. En annexes, l’auteur traite des fanzines et du festival « off ».
© PLG / Associations FIBD Philippe Tomblaine, angoumoisin aux multiples casquettes dont celles de professeur-documentaliste et vice-président de l’Association du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, fait partie de la famille des principaux exégètes de la BD. Son premier ouvrage marquant était le remarquable Spirou, aux sources du S, paru en 2014 chez L’Harmattan, aujourd’hui maison-mère des éditions 1000 sabords. Il s’est embarqué ensuite, entre autres, dans des monographies, et pas des moindres : Hermann, Juillard ou encore Dany. Il en prépare une sur l’ex-star de chez Glénat dans les années 80-90 et désormais trop rare Patrick Cothias, ainsi qu’un ouvrage sur les rapports entre Jeux vidéo et BD. Pour ce livre-ci, il s’est donc plongé dans cinquante ans de festival. Il le dédie à ceux sans qui rien n’aurait eu lieu comme on le connaît : Jean Mardikian, Claude Moliterni et Francis Groux. C’est d’ailleurs ce dernier qui signe la préface, tandis que sa fille Delphine, présidente actuelle de l’association du FIBD, s’empare de la postface. Elle souligne que ce sont l’enthousiasme, la passion et l’altruisme de quelques individus qui ont permis de faire du festival ce qu’il est aujourd’hui. L’association veille sur son enfant qu’elle a vu grandir afin « que demain soit toujours plus beau qu’aujourd’hui ».
© PLG / Associations FIBD Plus de 3500 documents ont été rassemblés pour rédiger cette histoire du festival. Philippe Tomblaine a écrit sans conteste le livre qui manquait pour comprendre son évolution.
One shot : Le 50e Une odyssée du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême
Genre : Histoire du 9ème Art
Auteur : Philippe Tomblaine
Avec la participation de : Philippe Morin & Bernard Lambert
Éditeur : PLG / Associations FIBD
Collection : Mémoire vive
ISBN : 9782917837498
Nombre de pages : 312
Prix : 20 €
- Le chant du cygnepar Laurent Lafourcade
Féministe, isn’t it ?
« -Et pour finir, il y a la question du salaire. Oui, Nicole. Moi je suis tout à fait d’accord pour que le salaire des femmes soit identique au salaire des hommes… Mais pour se faire… compte tenu de la conjoncture difficile, nous allons devoir baisser le salaire des hommes de l’entreprise de 25 %.
-Hein, quoi ? Mais pas du tout !
-Ah, j’en entends une qui s’exprime contre l’égalité salariale entre les sexes, c’est bien ça ? Parle plus fort, Nicole, avec ta petite voix de crécelle. Je ne suis pas sûr qu’ils t’entendent au fond de la salle. »
Le conseil d’administration de l’entreprise commence bien. Il y est question de l’égalité salariale. Mais dès que Nicole va ouvrir la bouche, ça va foutre le bordel, comme on dit vulgairement. Comme il ne va pas être possible d’augmenter de 25 % le salaire des femmes pour l’amener à niveau, va falloir trouver une solution pour l’équilibre. On en reparlera plus, au prochain CA, dans… un an. Ailleurs, deux hommes discutent et l’un se plaint que sa femme est devenue féministe. Son problème, c’est qu’elle ne veut plus faire au lit des trucs qu’elle aimait bien avant. Forcément, elle risque d’être moins épanouie. Côté seniors, la situation n’est pas bien plus reluisante, mamie râle que depuis qu’il y a des courants pro-féministes, elle n’a plus de macho à la maison. Son mari lui explique que c’est pour son bien. Alors, elle sera féministe. Le féminisme couillu, il n’y a que ça de vrai.
© Jim, Delphine – Anspach Le chant du cygne, c’est la grâce musicale qu’entonne le volatile avant de mourir. Ici, c’est celui du macho dépassé dans une époque dans laquelle il ne se reconnaît plus, écrasé par la révolution féministe qui met ou qui tente de mettre les femmes à la place qu’elles devraient avoir dans la société. Jim aime les femmes. Il suffit de jeter un coup d’œil dans sa bibliographie pour s’en rendre compte. Dans cet album de gag, Jim observe la société, s’interroge et interroge sur la vie de couple. L’auteur se définit lui-même comme féministe, tant les questions d’égalité relèvent de la logique. Il y a trente ans, il s’attaquait déjà au sujet avec Fredman dans Tous les défauts des mecs, montrant le côté ridicule du macho. Ici, il cible ceux qui ne voient pas que le monde change et que la société tend à plus d’égalité. Il pousse dans le transgressif, en étant limite, pour soulever les réflexions. Il y a un côté provocateur qui permet de lancer le débat.
© Jim, Delphine – Anspach Incompréhensiblement, le livre a connu vingt-quatre refus d’éditeurs avant d’en trouver un, la plupart étant frileux. Il faut dire que si on lit certains gags au tout premier degré, ça peut surprendre. Mais, pour parler cash, il faut vraiment être couillon pour ne pas prendre de la distance. Jim, homme de plus de cinquante ans parlant des femmes, a tenu bon. Il le dit lui-même, il a fait un album doux qui prône la réconciliation. Il place subtilement des énormités, laissant aux lecteurs le tri à faire pour rétablir la vérité… et l’égalité. Il dénonce des excès, dans un sens comme dans l’autre, qui soulèvent des contradictions. Graphiquement, Jim joue sur l’itération iconique avec, la plupart du temps, une case unique qui se répète sur toute une planche, portant l’accent sur les dialogues.
© Jim, Delphine – Anspach A ranger entre les albums d’Emmanuel Reuzé (Faut pas prendre les cons pour des gens) et ceux de Fabcaro, Le chant du cygne montre que l’humour peut être plus que drôle. Il peut être aussi intelligent si on sait le lire.
One shot : Le chant du cygne
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Jim
Couleurs : Delphine
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105160
Nombre de pages : 56
Prix : 14 €
- Niina Xan Artbookpar Laurent Lafourcade
Félines et canines
« -You’re a bitch !
-I love you too. »
Elles sont félines, elles sont canines. Quelques-unes sont même humaines. Mais elles ont toutes le point commun d’être belles et sexies. Une diablesse s’appuie à une barre avant de commencer son numéro de pole dance. On ne le voit pas, on assiste juste à la mise en place. Le reste s’imagine. Une autre pin-up dort sur un lit,a entourée de pokémons, tandis qu’une autre pose agenouillée sur son couchage avec un regard langoureux. Un genou sur un divan, une pulpeuse déesse issue des 1001 nuits aguiche celui qui l’observe. Quelques rares personnages masculins accompagnent ces beautés animales, en restant dans un rôle figuratif.
© Niina Xan – Idées Plus Depuis quatorze ans déjà, Niina Xan est présente sur les réseaux sociaux. Dans un style cartoon-mangas, elle a créé ces pin-up animales très soft. Forte de 5,9 millions de followers, il était temps que son travail soit reconnu dans des livres. C’est à présent chose faite. Les éditions Idées plus publient ce premier recueil en France dans une version classique et une autre limitée et augmentée. La dessinatrice vit à Barcelone. Inspirée d’auteurs comme Mike Ratera, qui signe la préface, ou dans une autre mesure Juanjo Guarnido, elle donne des formes aux femelles animales, tout en sobriété. Les couleurs pop sont dominées par le violacé et l’orangé.
© Niina Xan – Idées Plus L’autrice propose sur sa chaîne YouTube de courtes séquences animées. Elle collabore avec des marques de matériel d’art, d’applications et de jeux vidéo pour mobiles. Elle a commencé dans le dessin dès quatorze ans et est indépendante et professionnelle depuis ses dix-huit ans. Dans cet Artbook, outre les hommages aux Pokémons, on descelle les influences Disney, et pas que dans la Jasmine qui clôt l’album avec le tigre Rajah, et les inspirations japonaises, venues notamment de la série animé Sherlock Holmes de Kyousuke Mikuriya et le grand Hayao Miyazaki.
© Niina Xan – Idées Plus Après avoir conquis le web, Niina Xan est fin prête pour conquérir le monde du livre et faire sa place sur le marché de l’illustration au-delà des frontières de l’Espagne. Attention, tirage limité à 850 exemplaires. On attend maintenant ses belles dans, pourquoi pas, une bande dessinée. Une découverte.
https://youtu.be/Bu2GM8qnAMk?si=hyKiLcJo7Aq3FXXZ
One shot : Niina Xan Artbook
Genre : Illustrations
Autrice : Niina Xan
Éditeur : Idées Plus
ISBN : 9782374700694
Nombre de pages : 64 (classic) / 72 (limited)
Prix : 22 € (classic) / 60 € (limited)
- Léonard 54 – Debout, génie !par Laurent Lafourcade
Génies de 7 à 77 ans
« -Disciple, debout ! Que ? Mais vous êtes… !??
-Déjà debout ! Eh oui ! Ça vous la coupe, hein ! Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit afin de vous ôter le plaisir sadique de me réveiller en sursaut ! Na ! »
Fini les réveils en fanfare pour le disciple ? Fini ? Non, juste le temps d’un gag. Il a voulu faire le malin en passant une nuit blanche pour empêcher son Léonard de génie de le sortir brusquement du lit. Quand il va se rendre compte qu’il n’a rien à y gagner, il reprendra vite ses bonnes vieilles habitudes. La couverture sur laquelle on voit Basile tenter de faire exploser le lit de son patron ne sera que pure fiction. Au menu de ce cinquante-quatrième album, des inventions, du bricolage, des coups, des hurlements, de la douleur, des bobos, des tromblons, des explosions, … Bref, on ne change pas une équipe qui gagne. L’essentiel étant qu’aucun animal n’ait été maltraité durant la réalisation de cet album. Ça, les auteurs nous le garantissent !
© Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard Nous allons donc assister à l’invention du blue-jeans, et pour l’occasion à celle de la cabine d’essayage. Alors, faut-il le porter par-dessus ou par-dessous la tunique ? Par-dessus, bande d’abruti des abruzzes ! C’est aussi Léonard qui, dans sa mégalomanie la plus pure, invente le nain de jardin. Pêle-mêle, on assiste à la création du lit futon, de la numérologie, pardon la numéroLEOlogie, le portique de sécurité, le gaufrier électrique, le manège, le smartphone ou encore le football féminin. Le disciple va devoir rivaliser d’ingéniosité pour se planquer afin de pouvoir piquer ses petits roupillons dans des lieux de plus en plus incongrus. Mathurine va montrer son côté maternel. La petite Mozzarella va faire ses devoirs et découvrir une invention qui changer les occupations des enfants… et pourrir leurs cerveaux. Quant à Raoul Chatigré, il va se lancer dans un grand numéro d’imitations.
© Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard Ce nouvel album de Léonard est-il le 54ème ou le 77ème ? On pourrait en douter. C’est tout simplement qu’à l’occasion des 77 ans des éditions du Lombard et du journal Tintin une jaquette spéciale recouvre la couverture. Quand on regarde le quatrième plat, on pourrait s’y tromper. On peut y lire les titres des soixante-dix-sept albums soit-disant déjà parus et du soixante-dix-huitième à paraître. Il nous tarde donc déjà de lire l’album 61 Les génies se cachent pour mourir, le 66 Génie tout en bloc ou le 72 God save the génie ! Pour le 78, Génie pas changé, je suis toujours celui qui t’a aimée, il faudra attendre un peu plus. On verra bien si ces titres seront réellement utilisés. Pourquoi pas, après tout ?
© Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard Turk et Zidrou ne faiblissent pas d’un pouce. Léonard annonce réveiller le génie qui sommeille en ses lecteurs. Il a en tout cas réveillé le génie qui sommeille en ses auteurs. Du classique franco-belge de la meilleure qualité.
Série : Léonard
Tome : 54 – Debout, génie !
Genre : Humour ingénieux et félin
Scénario : Zidrou
Dessins : Turk
Couleurs : Kaël
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808206419
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
- Penny Sugar 1 – Panique à Yosemitepar Laurent Lafourcade
Fantômette au Far West
« -Je n’ai pas remarqué beaucoup d’activité dans l’hôtel, est-ce inhabituel ?
-Quelle misère ! Depuis que les touristes se font agresser dans le parc, la fréquentation est en chute libre…
-Oui, bien sûr, et cela vous inquiète, j’imagine, ma pauvre…
-Ingo et moi, nous tenons cet hôtel depuis 1890 et nous n’avons jamais connu cela. Il faut reconnaître qu’il y a quelque chose de vraimetn étrange dans ces agressions. Comme vous le savez peut-être, Yosemite, pour les indiens, signifie « ceux qui tuent ». On raconte qu’il y a d’étranges esprits malins qui rôdent dans le parc…
-Ne vous faites pas de bile, chère Madame. Angus Nyper va s’en occuper ! »
Début du XXème siècle, Yosemite National Parc, Etats-Unis. Des visiteurs sont victimes de mystérieuses agressions. Pour démêler l’intrigue, le célèbre enquêteur Angus Nyper est dépêché sur les lieux. Ne pouvant s’y rendre en personne, il envoie à sa place son assistante personnelle Penny Sugar. La jeune femme est bien déterminée à résoudre l’énigme pour assurer la réputation de son patron. Elle est accueillie dans l’hôtel de Heidrun et Ingo Bratwurst. Il y a là le shérif Duncan Neton et son adjoint John Deuf, ainsi que David Posh, très énervé, qui représente les professionnels du tourisme, et John Muir, un aventurier expert en alpinisme. Le lendemain, à l’aube, une expédition part dans le parc. Penny Sugar se rend sur les lieux des agressions. L’affaire va s’avérer plus complexe qu’en apparence.
© Le Gat, Fouillet – Sarbacane Penny Sugar est un personnage bien plus mystérieux qu’au premier abord. On va rapidement découvrir que la simple assistante est un fin limier hors pair. Elevée dans un cirque, elle a un passé de transformiste qui lui a donné un certain goût du déguisement. Sans être une super-héroïne, la demoiselle n’a pas froid aux yeux et, telle une Zorro au féminin mâtinée d’Arturo Bracchetti, espionne les manigances de ceux qui tirent les ficelles d’un scandale ne visant pas à simplement faire peur ou détrousser de simples touristes de base. Entre indiens cherchant à préserver leur environnement et politiciens véreux, Penny Sugar ne va pas s’ennuyer.
© Le Gat, Fouillet – Sarbacane Du western pour enfants (et pas qu’eux) qui soit intelligent, bien construit, cohérent et dans un graphisme original, voilà ce que proposent les auteurs de Penny Sugar, forts des trois tomes réalisés ensemble de la série Allons Z’enfants, parue également chez Sarbacane. Agrégé d’histoire, le brestois Yan Le Gat mêle aventure, humour et suspense. Bien que le décor soit différent, les plus vieux pourront voir un clin d’œil à Fantômette, la série de la bibliothèque rose signée Georges Chaulet pour son côté enquête et double identité. Le dessinateur Pierre Fouillet, connu entre autres pour la série La bande des Super, avec Christine Beigel chez Bang Editions, montre un Far West 1906 dans un trait particulier qui n’appartient qu’à lui, avec une légère influence Bernadette Desprès. Ses personnages longilignes et dégingandés sont sa marque de fabrique. Tout comme Fabrice Parme, mais dans un autre style, le trait de Pierre Fouillet pose un univers unique.
© Le Gat, Fouillet – Sarbacane Penny Sugar a tout pour devenir une série référence dans le domaine du western fin d’époque pour tous publics. C’est frais, c’est original, c’est malin et c’est drôle. Bref, une série sucrée pour quelques euros… ou pennies.
Série : Penny Sugar
Tome : 1 – Panique à Yosemite
Genre : Western humoristique
Scénario : Yan Le Gat
Dessins & Couleurs : Pierre Fouillet
Éditeur : Sarbacane
ISBN : 9791040803584
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
- La tintinophilie en 300 questionspar Laurent Lafourcade
Questions pour un Lampion
« Vous êtes un Tintinophile averti ? Certaines questions vous paraîtront faciles mais allez quand même consulter la réponse ; certaines sont surprenantes ! » Patrick Mérand
Plusieurs générations ont lu et relu les albums de Tintin. De Tintin au pays des Soviets à L’Alph’Art, les aventures du petit reporter à la houppe n’ont plus de secrets pour de nombreux lecteurs. Mais ont-ils en tête tous les détails de leurs lectures. Pris dans les histoires, concentrés dans l’action, on passe parfois vite sur certains indices. Alors, le tintinologue Patrick Mérand lance un défi aux tintinophiles : répondre aux trois cents questions qu’il a rédigés pour vérifier leur culture, sous forme de QCM, questions à choix multiples. Rangées par thématiques, elles ont chacune leur réponse explicitée dans la deuxième partie du fascicule.
© Sépia On commence très scolairement par la Géographie. Hergé a imaginé certains pays, d’autres sont bel et bien réels. Ainsi, la Syldavie et la Bordurie sortent de l’imaginaire de l’auteur tandis que l’émir Ben Khalish Ezab habite une contrée existante. En Histoire, on vous demandera quel album a été inspiré par l’Anschluss, annexion de l’Autriche par l’Allemagne, transposé ailleurs, ou bien en quel siècle les Incas, dont il est question dans le Temple du Soleil, ont été décimés. Perroquets, anacondas, araignées et autres poissons carnivores, avec roses, bois et plantes sont au cœur de la partie Faune et flore. Avec Les personnages des albums, on retrouve avec plaisir Szut, Zorrino et le professeur Halambique aussi bien que les acteurs qui ont incarné Haddock ou Tintin au cinéma.
© Sépia Langues, Arts, Jurons, Moyens de transports, Sciences et techniques sont les catégories suivantes. Réservé aux lecteurs licenciés en tintinophilie ou préparant un doctorat sur le thème, le coin des spécialistes propose des questions plus pointues. Quelle est la monnaie de la Syldavie ? Quel est le numéro de téléphone du château de Moulinsart ? Quel est le modèle de l’hélicoptère que pilote Tintin dans L’Affaire Tournesol ? Quelques questions sur Hergé terminent la liste. Alternant avec les QCM, quelques Vrai ou Faux, des listes à apparier et des Cherchez l’intrus permettent de varier les plaisirs.
© Sépia Que vous soyez un véritable spécialiste ou un simple amateur, vous prendrez un plaisir non dissimulé à faire appel à vos souvenirs pour vous prendre au jeu. Et après ça, que faire ? Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
One shot : La tintinophilie en 300 questions
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Patrick Mérand
Éditeur : Sépia
ISBN : 9782842802295
Nombre de pages : 72
Prix : 12 €
- Créer un manga L’école du Shônen Jumppar Laurent Lafourcade
Tout savoir pour se faire éditer
« -Senseï… Quel est le secret pour dessiner des mangas intéressants ?
-Je me souviens d’avoir déjà posé cette même question…
-Ah bon…
-Moi aussi j’ai essayé plusieurs choses, mais j’en reviens toujours à ce qu’on m’a enseigné à mes débuts. »
Kôsei est aujourd’hui un mangaka reconnu. Mais avant d’en arriver là, il lui aura fallu parcourir un long chemin. A quinze ans, étudiant en première année au lycée, il rencontre pour la première fois Monsieur Saitô, éditeur de manga pour le Weekly Shônen Jump. Il veut lui montrer ses travaux et lui demander des conseils. Il va apprendre qu’avant de connaître la méthode pour dessiner un manga, il faut d’abord savoir ce que l’on a envie de dessiner. On apprendra avec Kôsei en rencontrant les plus belles plumes de l’hebdomadaire qu’il n’y a pas une « méthode absolue ».
©2021 by Weekly Shônen Jump
© Kana 2023Créer un manga L’école du Shônen Jump est un ouvrage original. Ce n’est ni un manga, ni une méthode graphique pour apprendre à en dessiner comme il y en a tant. C’est un livre de conseils pour débuter dans le monde de la création et de l’édition. Par le biais d’interviews, on va avancer avec Kôsei dans la démarche. Le premier chapitre montre comment et pourquoi il faut se fixer un but grâce à une envie. Il ne faut pas hésiter à recopier pour apprendre, à dessiner beaucoup, à créer des histoires, mais sans vouloir en faire trop, une ou deux planches suffisent. Dans le deuxième chapitre, on va apprendre à dessiner justement deux planches, à faire un story-board, à « découper ». Quatre professionnels montrent comment chacun d’eux s’empare de deux courtes mêmes histoires et proposent des découpages en story-boards bien différents.
©2021 by Weekly Shônen Jump
© Kana 2023Le chapitre 3 est une enquête auprès des auteurs du Jump. Selon qu’ils soient auteurs complets, seulement scénaristes ou seulement dessinateurs, ils répondent à une série d’interrogations communes. On leur pose des questions aussi diverses que « Quels conseils auriez-vous aimé recevoir ? », « Combien de temps vous faut-il pour achever le story-board d’un chapitre entier, puis pour le dessiner ? », et bien d’autres… Les interrogés font partie de la crème des mangakas : Gege Akutami (Jujutsu Kaisen), Eiichirô Oda (One piece), Koyoharu Gotouge (Demon Slayer), Kaiu Shirai et Posuka Demizu (The promised neverland), Kohei Horikoshi (My hero academia), Yûsei Matsui (The elusive samouraï), pour n’en citer que quelques-uns. La suite aborde le problème du blocage dans une histoire, avant de s’intéresser à la création sur tablette numérique, puis aux outils pour le dessin sur papier. Une annexe s’attarde sur quelques planches de One Piece.
©2021 by Weekly Shônen Jump
© Kana 2023Ce livre est une petite bible de conseils fort utiles. Si avec tout ça, vous ne devenez pas mangaka professionnel, c’est que vous avez sauté des pages. Outre la méthode pour se faire éditer, les entretiens avec les grands auteurs sont tout aussi brefs que passionnants. On ne rêve plus que d’une chose : pouvoir bénéficier en français d’une édition au moins numérique et en quasi simultané du Weekly Shônen Jump.
One shot : Créer un manga L’école du Shônen Jump
Genre : Ouvrage d’étude
Auteurs : Les éditeurs du Weekly Shônen Jump
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505122197
Nombre de pages : 176
Prix : 12,50 €
- Rosa Parkspar Laurent Lafourcade
Le pouvoir de dire « Non »
« -Les passagers blancs doivent céder leur place aux blancs. Toi aussi, bonne femme, va t’asseoir au fond, à ta place.
-Non monsieur.
-Qu’est-ce que tu dis ?
-Je ne me lèverai pas. Cette place me convient parfaitement. »
1er décembre 2014. Aloysius, chauffeur de taxi noir, en fin de carrière, accueille dans son véhicule un jeune rappeur, noir lui aussi, sortant d’un gala de charité. Ce dernier porte un t-shirt sur lequel est inscrit « I can’t breathe » (« Je ne peux pas respirer »). Manifestement, le musicien arrogant ne sait pas ce qu’il signifie. C’est son manager qui lui a dit de le mettre ce soir. Aloysius lui explique que la phrase rappelle la mort d’Eric Garner, étouffé par un policier qui l’avait arrêté pour contrebande de cigarettes. L’expression deviendra le slogan du mouvement Black Lives Matter. C’est l’occasion pour Aloysius de revenir sur son enfance dans les années 50 et sur la ségrégation.
© Pesce, Mancini – Des ronds dans l’O Cinquante-neuf ans plus tôt. 1er décembre 1955, Alabama. Ce jour-là va changer la face du monde. Rosa Parks, une couturière de 42 ans, va refuser de céder sa place dans le bus qui la ramène chez elle. Pourtant, elle l’a payée, comme tout le monde. Alors, pourquoi le chauffeur lui demande-t-il de se rendre au fond du véhicule ? A-t-elle commis une faute ? Est-elle en infraction ? Rien de tout cela. Elle est afro-américaine. Elle est noire. C’est qu’à cette époque-là, l’avant du bus est réservé aux blancs. C’est la ségrégation. A cause de son refus, Rosa Parks va être arrêtée. Conduite au poste de police comme une vulgaire délinquante pour conduite inappropriée, la matricule 7053 sera libérée sous caution sans passer une seule nuit en garde à vue. La lutte est lancée. Les noirs ne vont plus se laisser faire. Ils vont commencer par boycotter les autobus.
© Pesce, Mancini – Des ronds dans l’O Après le biopic d’Angela Davis paru également chez Des ronds dans l’O, la scénariste italienne Mariapaola Pesce s’attache au destin de Rosa Parks, celle qui a dit non. Elle revient sur un pan de l’histoire des droits civiques aux Etats-Unis. Rosa Parks va entamer un combat aux côtés de Jo Ann Gibson Robinson, Claudette Colvin et Martin Luther King. Le dessinateur, italien lui aussi, Matteo Mancini, travaille dans un trait crayonné aux couleurs aquarelles. Les scènes des années de combat sont dans à la frontière du beige et du sépia. Les scènes contemporaines, dans la nuit newyorkaise, sont incroyables. Les lumières de la ville donnent le ton. Voyez en particulier la planche de l’arrêt au feu tricolore : six cases sur le visage du chauffeur Aloysius éclairé de six manières différentes.
© Pesce, Mancini – Des ronds dans l’O Revenons un instant sur Claudette Colvin qui, à 15 ans, quelques mois avant Rosa Parks, avait elle aussi refusé de laisser sa place dans un bus. On ne saurait que vous conseiller Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, le magnifique album que lui a consacré Emilie Plateau chez Dargaud en 2021 d’après le roman de Tania de Montaigne. De sa naissance à l’abolition de la ségrégation, on suivra ses pas. Elle est encore vivante aujourd’hui, et l’on apprend pourquoi son nom a quasiment disparu des tablettes.
A l’heure où les montées de partis politiques extrémistes progressent comme des armées de démons, la vie de Rosa Parks donne un coup de pied dans la fourmilière. Ce livre témoignage montre d’où l’on est parti, du gouffre qu’on dû franchir les comportements pour devenir tout simplement « civilisés ». Il invite à ne pas revenir en arrière, avec quelque communauté que ce soit. Au même titre que Claudette Colvin ou Angela Davis, Rosa Parks fait partie de ces femmes qui ont contribué à l’évolution du changement des mentalités dans une Amérique raciste, à changer la face de l’Amérique, et par ricochet la face du monde.
One shot : Rosa Parks
Genre : Biopic
Scénario : Mariapaola Pesce
Dessins & Couleurs : Matteo Mancini
Éditeur : Des ronds dans l’O
ISBN : 9782374181424
Nombre de pages : 128
Prix : 22 €
- Les aventures de Louise Petibouchon 3 – Swinging Liverpoolpar Laurent Lafourcade
Enquête fifties
« -Les russes ! Les ruskoffs ! Ils veulent buter mon Fernand ! T’es ma copine ! T’es flic ! Faut que tu le sauves ! Je t’en prie ! Je t’en prie !… Snif !
-Heu… Oui… Calme-toi, ma Roseline… Calme-toi. Explique-moi tout ça… Doucement… Là, ça va aller… »
Roseline Poissard fait appel à son amie Louise Petibouchon. Son Fernand, son maq’, a des démêlés avec les russes. Depuis que les popovs, comme elle dit, ont débarqué, les filles de joie disparaissent. Fernand accuse les cosaques qui l’ont mal pris. Ils l’ont prié de s’occuper de ses affaires sous peine d’être découpé en steak tartare. Roseline a peur pour lui, pour elle et pour ses copines de trottoir. Ça ne va pas tarder. La jolie va être enlevée, puis séquestrée en Angleterre. Louise va laisser tomber ses vacances pour mener l’enquête. Un petit coup de main du MI6 ne serait pas de refus.
© Albert, Depelley, Larme – Paquet Louise Petibouchon est de retour. Après deux albums aux feux éditions du Long Bec, revoici notre enquêtrice fifties sous bannière Paquet. Ça sent bon les années 50, Maurice Tillieux et Simenon. Louise a d’ailleurs un petit air de Queue-de-Cerise, l’assistante de Gil Jourdan. Les auteurs ne cachent aucunement l’influence de Tillieux, qui avec Jijé, forme le duo injustement oublié dans les fondations de la BD franco-belge, pour les non-initiés il va sans dire. Bref, Louise est embarquée dans une enquête qui va la faire traverser le Channel, la Manche en français. Ce ne sera pas le cas de son collègue Plumier dont les quelques jours de vacances à Royan ne vont pas particulièrement bien finir. Pour en revenir à Tillieux, si l’ex-taulard Libellule était l’élément comique de la série, c’est ici l’inspecteur Plumier, à mi-chemin entre Libellule et Croûton, qui assume le rôle, malgré lui.
© Albert, Depelley, Larme – Paquet Jean Depelley et Eric Albert ont créé une bande dessinée d’ambiance. Le principal intérêt n’est pas dans l’enquête elle-même de Louise Petibouchon, mais dans tout l’univers qui est mis en place autour. Évidemment, elle sert de fil rouge mais ce qui importe ce sont l’époque, les lieux, les dialogues et les personnalités des personnages. Les auteurs utilisent un savant découpage alternant les scènes principales avec les vacances, puis la reprise du boulot du passionné de littérature et de cinéma fantastique qu’est Plumier. Certains auront remarqué dans son appartement les affiches des films Planète interdite et Le jour où la Terre s’arrêta.
© Albert, Depelley, Larme – Paquet Eric Albert est dans une pure ligne claire. On appréciera en particulier l’arrivée sur les docks de Louise, qui passe devant un bateau dont le nom est « Kamasoutjan ». Les tintinophiles auront remarqué l’allusion au bateau dans lequel Tintin sera retenu et fera connaissance du Capitaine Haddock, dans Le crabe aux pinces d’or. La virée dans un club de Liverpool est aussi un grand moment, tout simplement parce que ce sont quatre garçons dans le vent qui s’y produisent : les Beattles.
© Albert, Depelley, Larme – Paquet Louise Petibouchon est repartie pour de nouvelles enquêtes. Pour la première édition, les lecteurs bénéficient d’un supplément avec une autre aventure de l’héroïne sous forme d’un petit fascicule Héroïc albums.
Série : Les aventures de Louise Petibouchon
Tome : 3 -Swinging Liverpool
Genre : Polar
Scénario : Jean Depelley & Eric Albert
Dessins : Eric Albert
Couleurs : Eric Albert & Patrick Larme
Éditeur : Paquet
ISBN : 9782889322701
Nombre de pages : 48
Prix : 14 €
- Strom 1 – Les chevaliers de l’insolitepar Laurent Lafourcade
Les nouveaux gardiens du monde
« -L’Egypte ! Ses pyramides, ses pharaons, ses mystères et malédictions ! J’ai toujours rêvé de découvrir ce pays chargé d’Histoire.
-Nous partons juste deux jours, Raphaëlle. Je doute que nous ayons le temps de tout visiter.
-Deux jours, c’est mieux que rien. Je compte bien décoder quelques hiéroglyphes étranges !
-Content que tu le prennes comme ça.
-Tu ne nous a toujours pas dit ce que nous allions faire en Egypte. »
Les jumeaux Raphaëlle et Raphaël sont emmenés par leur parrain Tristan en Egypte où une mystérieuse découverte vient d’être faite. Alors que les enfants pensent visiter la vallée des Rois, le voyage va être de courte durée. Cette découverte, c’est un ordinateur portable qui se trouvait dans un sarcophage. Comment une telle technologie moderne a-t-elle pu arriver là ? Mais quelque chose va être encore plus énigmatique. Une fois sur place, Tristan hypnotise les archéologues afin qu’ils oublient ce qu’ils avaient trouvé et ne pensent avoir mis à jour qu’une simple momie. Quelques jours plus tard, dans une salle cachée en plein centre du Musée du Louvre à Paris, Raphaëlle et Raphaël vont comprendre qui est réellement leur parrain et apprendre qu’une mission les attend.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan Les jumeaux sont intronisés dans la confrérie des chevaliers de l’insolite. Parmi d’autres adolescents, ils vont faire partie de la plus ancienne organisation secrète du monde. S’ils sont là, c’est parce qu’ils ont été jugés capables d’y entrer et de suivre la formation nécessaire. Ils ne seront pas des chevaliers en armure, mais seront chargés de protéger le secret de la confrérie et de le faire fructifier pour le bien et la sauvegarde de l’humanité. Ils vont découvrir un monde étrange, mystérieux, passionnant et terrifiant, la puissance de l’esprit et… le Strom, un pouvoir en sommeil dans le cerveau ! Ils seront encadrés par des professeurs et devront respecter la règle des trois S : secret, service et sagesse, sous peine d’être exclus.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan Lylian adapte la série de romans d’Emmanuelle & Benoît de Saint-Chamas. Fantastique et surnaturel dans notre époque moderne, voilà le cœur de Strom. Ce tome introductif prend son temps pour expliciter tous les tenants et aboutissants de l’univers. Deuxième série qu’il démarre cette année après Totem avec Kid Toussaint chez Bande d’ados, James Christ s’empare de l’univers dans son graphisme franco-belge moderne. Les mouchards, petites créatures chargées de surveiller les nouveaux jeunes chevaliers, apportent le décalage et l’humour nécessaire pour dédramatiser la situation. Les couleurs de Cyril Vincent apportent un relief crédibilisant l’histoire, en particulier dans les scènes égyptiennes.
© Lylian, Christ, Vincent, Saint-Chamas – Nathan A mi-chemin entre Harry Potter et La franc-maçonnerie pour les enfants, Strom réunit des ingrédients a priori incompatibles. Et ça marche ! Les personnages sont présentés, le mystère est posé. On attend de passer à l’action.
Série : Strom
Tome : 1 – Les chevaliers de l’insolite
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Lylian
Dessins : James Christ
Couleurs : Cyril Vincent
D’après : Emmanuelle & Benoît de Saint-Chamas
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782490195176
Nombre de pages : 64
Prix : 13,95 €
- Mon sombre chevalierpar Laurent Lafourcade
Genre de conte, conte de genres
« -Hé toi ! Oui ! C’est à toi que je parle !
-Attends… Tu peux me voir ?
-C’est moi qui pose les questions ! Ton nom et ton… Euh… Est-ce que tu es méchante ? S’il te plaît ?
-Je m’appelle Sierra. Je suis pacifique. Enfin, je crois.
-Pacifique ! Ouf ! J’ai cru que… Je suis Olivia ! Enchantée ! »
Olivia a une dizaine d’années. Elle est la seule à le voir, mais elle est sûre que c’est réel. Mais elle, est-elle réelle à ses yeux ? Cette entité qu’elle côtoie est un chevalier féminin sans tête. Ou plutôt, elle l’a, mais pas toujours posée sur ses épaules. Elle chevauche un étalon noir, lui-même en armure. Elle n’est pas un fantôme et s’appelle Sierra. La gamine et son mystère vont régulièrement se rencontrer. La cavalière va apprendre à l’enfant qu’elle lui doit allégeance et, genou à terre, met sa vie à son service. Damnée pour l’éternité, Sierra doit veiller sur Olivia que l’on verra grandir, tomber amoureuse, vieillir, … sous l’œil chevaleresque de sa gardienne.
© Vicente – Les aventuriers de l’étrange Xulia Vicente écrit un conte à la fois moderne et ancien. On n’avait pas vu de chevalier sans tête depuis le Sleepy Hollow de Tim Burton. Celui-ci n’a ni la même origine, ni le même but. S’il, ou plutôt elle, car c’est une femme, porte sur elle une malédiction, on la découvre comme une sorte d’ange-gardien. Elle sera bien plus que ça. Autre que le gardien, Sierra est en fait le destin d’Olivia. Il est impossible d’en dire plus sans risquer de déflorer le final percutant de ce trop court récit dans lequel Vicente aborde le sujet de l’orientation amoureuse et par delà de la liberté du choix de vie.
© Vicente – Les aventuriers de l’étrange Les éditions des aventuriers de l’étrange publient régulièrement les albums de cette autrice originale, dont Et le village s’endort, au mystérieux scénario atypique. Dans un style et un genre complètement différents, Mon sombre chevalier surprend tout autant. Dans un graphisme épais, la dessinatrice ose des découpages aérés, n’hésitant pas à laisser des blancs dans certains morceaux de pages, comme des blancs dans la vie, invitant à la réflexion ou montrant le temps qui passe. Sur une incroyable planche en quatre cases horizontales, Sierra et Olivia chevauchent au fil des saisons comme s’il s’agissait d’un seul et unique dessin, au printemps, en été, à l’automne et en hiver.
© Vicente – Les aventuriers de l’étrange Mon sombre chevalier démontre que malgré l’inéluctabilité du temps qui passe, il ne faut pas hésiter à assumer ses propres choix, en dépit des qu’en dira-t-on, afin tout simplement de vivre sa vie. Beau et émouvant.
One shot : Mon sombre chevalier
Genre : Conte moderne
Scénario, Dessins & Couleurs : Xulia Vicente
Éditeur : Les aventuriers de l’étrange
Collection : Voyageurs d’ailleurs
ISBN : 9782490195220
Nombre de pages : 40
Prix : 16 €
- Les frères Rubinstein 5 – Un pacte avec Satanpar Laurent Lafourcade
Hollywood Sobibor
« -Des soldats de l’armée rouge ! Pas des cuisiniers, des tailleurs ou des fils de rabbin, comme on en a déjà ici par centaines, mais des soldats, rompus à la discipline, habitués à combattre et à tuer !!! Le grand là-bas ! Allons le saluer !! Bonjour… Nous aurions aimé vous souhaiter la bienvenue, mais, en vérité, nous sommes surtout navrés de vous voir atterrir dans cette annexe de l’enfer !!! »
Un nouveau groupe de prisonniers vient d’arriver au camp de concentration de Sobibor dans lequel se trouve Moïse. Ils viennent du ghetto de Minsk. Belle opportunité pour les détenus. Ils pourront peut-être profiter de la forme et de la force de leurs compagnons de galère pour échafauder un plan d’évasion. Quelques années plus tôt, en 1936, à Hollywood, Moïse était aux prises avec une milliardaire nymphomane. C’est son frère Sal, scénariste de cinéma, qui l’a mis dans ses griffes afin de le dépuceler, à 21 ans. Le cadet n’en demandait pas tant. Le duo se rend sur le tournage d’un film écrit par Sal. Le consul d’Allemagne à Los Angeles Gyssling aimerait revoir avec lui quelques dialogues incongrus qu’il faut réviser pour le marché allemand. Les studios Warner sont-ils prêts à l’accepter ?
© Le Roux, Chevallier, Brunschwig, De Cock – Delcourt Entre les lumières d’Hollywood et la fange de Sobibor, la vie de Moïse Rubinstein fait le grand écart. Le luxe fait place à la crasse, le sexe à la violence et les faux semblants à la dure réalité. Alors que Salomon profite de la vague du succès d’un cinéma en pleine expansion, Moïse s’inquiète de la tournure que prennent déjà les événements au milieu des années 30. Alors que Salomon s’intéresse à son confort et s’avère gentiment nombriliste, Moïse a les yeux tournés vers la marche du monde. Monsieur Warner recherchant quelqu’un d’assez fou et culotté pour filmer et faire sortir des images qui montreront sans ambiguïté au monde ce que fomente le gouvernement allemand, Moïse serait-il l’homme de la situation ?
© Le Roux, Chevallier, Brunschwig, De Cock – Delcourt La saga des frères Rubinstein en est tout pile à sa moitié. Les auteurs publient le cinquième volume sur les neuf prévus. Œuvre de mémoire majeure sur la tragédie que vécurent les juifs, non pas en Allemagne, mais dans le monde entier dans les années 30 et 40, la série en arrive à un tournant où tout s’accélère pour les personnages. Il est salvateur que de telles séries puissent exister à l’heure où les éditeurs ne jurent plus que par les one-shot et micro-séries. Mais il y en a si peu de nos jours. Il serait même à craindre que Les frères Rubinstein soit une des dernières séries de ce type. Il est étonnant que ça se passe ainsi en BD alors que dans l’audiovisuel les séries sont au meilleur de leurs formes. Qui sait ? On y reviendra peut-être. En attendant, Luc Brunschwig réussit à imposer cette fresque dessinée par Etienne Le Roux et Loïc Chevallier et colorisée par Elvire de Cock.
© Le Roux, Chevallier, Brunschwig, De Cock – Delcourt Signer un pacte avec le diable est-il le meilleur moyen pour éveiller les consciences ? A trop vouloir s’approcher de l’enfer, on risque de se brûler les ailes. Le brasier est en train de s’allumer. Les frères Rubinstein en sortiront-ils indemnes ? Comme on le dit pour du grand cinéma, voici de la grande bande dessinée.
Série : Les frères Rubinstein
Tome : 5 – Un pacte avec Satan
Genre : Chronique familiale historique
Scénario : Luc Brunschwig
Dessins : Etienne Le Roux & Loïc Chevallier
Couleurs : Elvire De Cock
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
ISBN : 9782413049395
Nombre de pages : 72
Prix : 15,95 €
- Abyss Azure 1par Laurent Lafourcade
Sirène en détresse
« -Vous êtes Jo ? Je suis agente de police aux frontières, comme vous pouvez le voir à mon bracelet. Vous devez avoir d’autres poissons-chats à fouetter mais Madame Ryû souhaiterait vous voir.
-Il lui est arrivé quelque chose ?
-Elle a été arrêtée. »
Jo et Ryû sont deux sirènes. Si l’une, Jo, a plutôt la tête sur les épaules tout en étant déterminée et en sachant ce qu’elle veut, l’autre, Ryû, est plus volage et aventurière. Il y a quelques heures, elles étaient ensemble au restaurant. C’était d’ailleurs un établissement plutôt luxueux. Ryû en est sortie passablement éméchée. Jo l’a déposée chez elle. Et voici qu’à présent la police des frontières vient annoncer à Jo que son amie a été arrêtée pour avoir enfreint la loi. Qu’a-t-elle donc fait de répréhensible ? Sa camarade va-t-elle accepter et réussir à la sortir de ce mauvais pas ?
© Akihito Tomi 2022
© 2023, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseHormis La petite Sirène et les récits mythologiques où elles tiennent des rôles de « méchantes », les sirènes ne sont étonnamment pas employées tant que ça dans la fiction. Les voici héroïnes d’une nouvelle série manga signée Akihito Tomi. On y fait tout d’abord la connaissance de l’une d’entre elles qui se prélasse dans la mer et se fait taquiner par un baleineau. Le chapitre introductif est contemplatif. Il permet d’apprécier le trait ondoyant et sexy du mangaka sur une sublime sirène qui ne va pas tarder à rejoindre les siens dans les abysses. L’intrigue commence réellement au chapitre suivant lorsque Jo, c’est ainsi qu’elle s’appelle, retrouve son amie Ryû dans un restaurant de luxe où elle a bien du mal à convaincre le maître des lieux de la laisser entrer. C’est donc après la soirée que les ennuis vont commencer.
© Akihito Tomi 2022
© 2023, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseIl ne suffit pas aux sirènes d’être belles, il faut aussi qu’elles soient bien dessinées. Tomi y va tout en sensualité. Comment ne pas être ébloui par Jo ? Ariel peut aller se rhabiller. Bien souvent, ce genre d’histoires où le plaisir des lieux et des yeux est non négligeable pêche par un scénario léger. Ici, Tomi ne tombe pas cette facilité et propose une histoire concrète, avec une problématique à résoudre. Si l’introduction pourrait sembler longue à certains, c’est pour mieux s’imprégner d’un univers hors du commun. On n’en dira pas plus sur l’origine des ennuis de Ryû, même si quelques-uns devineront quelle bêtise elle a pu faire.
© Akihito Tomi 2022
© 2023, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseAbyss Azure est un triptyque aquatique qui met enfin les sirènes dans des rôles intéressants et intelligents. Dommage justement que ce ne soit qu’un triptyque.
Série : Abyss Azure
Tome : 1
Genre : Mangaquatique
Scénario & Dessins : Akihito Tomi
Éditeur : Vega Dupuis
ISBN : 9782379502729
Nombre de pages : 178
Prix : 8 €
- Scopitonepar Laurent Lafourcade
Macherot toujours vivant
« – Bulgom ! Hou-Hou ! Bulgom ? Tu m’entends ? Bonjour, Scopitone. Tu n’as pas croisé mon mari ? Je ne l’ai pas revu depuis ce matin. Ça ne lui ressemble pas de disparaître comme ça.
-Ne vous inquiétez pas, on va chercher après lui. »
Dans la forêt de Pouillechotove, Scopitone le mulot et ses amis vivent en harmonie. Ils vont quelquefois chaparder quelques légumes dans un champ voisin. Aujourd’hui, la mère Bulgom est inquiète. Son mari a disparu. Scopitone et ses amis vont partir à sa recherche. Verjaune, un gros chat sauvage tigré, rôde dans les environs. Il en a marre de faire les poubelles et se trouve ici des repas de grande gastronomie avec des produits on ne peut plus frais. Il y a de grandes chances que le père Bulgom soit entre ses griffes. C’est la première des trois histoires qui composent cette compilation de poche des aventures forestières de cette petite bande trognonne.
© De Thuin – Expé éditions « La rhubarbe des glaces » est un récit qui se passe en plein hiver. Scopitone et Ampoule, l’écureuil, découvrent Mastic, la grenouille, inanimée. Ils le ramènent chez l’oiseau Rhodoïd. Une fois réveillé, le batracien leur raconte avoir été pris de troubles vertigineux après avoir ingurgité de la rhubarbe. Il s’est alors senti pris d’un tonus exceptionnel jusqu’à épuisement. Ça pourrait peut-être être utile en cas d’attaque de renard ou de loup. « Mille noisettes » clôture le livre. Cette fois-ci, c’est Ampoule qui a été enlevé. Sa femme a reçu une demande de rançons : 1000 noisettes. Impossible à trouver comme ça, même en rassemblant les réserves de chacun. Scopitone et ses amis vont devoir rivaliser d’ingéniosité pour sortir l’écureuil des griffes de ses ravisseurs.
© De Thuin – Expé éditions Avec De père en fils, David de Thuin se positionnait en conteur de rêves. Dans cet album, le père avait une telle façon de raconter ses histoires que, même s’il y avait une bonne dose de merveilleux, on ne savait pas si ce qu’il disait relevait de la réalité ou de l’imagination. Quand on en arrivait à ce point-là, quoi de plus magique. Comme les aventures du père et de son fils, les histoires de Scopitone sont parues dans le journal de Spirou, mais elles en mini-récits. Elles sont elles aussi « sauvées » par les éditions Expé. L’ombre de Macherot veille sur le travail de David De Thuin. De Thuin est un auteur intemporel, qui semble n’appartenir à aucun temps et être de tous les temps. Son œuvre démontre que quoiqu’on lise on revient toujours aux fondamentaux.
© De Thuin – Expé éditions A l’origine, le Scopitone est l’ancêtre du clip vidéo conjugué à la technologie du juke-box. Ici, c’est un mulot. Le point commun est qu’on a l’envie de les regarder tous les deux en boucle.
One shot : Scopitone
Genre : Aventures animalières
Scénario, Dessins & Couleurs : David De Thuin
Éditeur : Expé éditions
ISBN : 9782493412041
Nombre de pages : 96
Prix : 7,95 €
- La demi-double femmepar Laurent Lafourcade
La crédulité des autres fait le pouvoir du roi
« -Petite mère ! Viens-nous en aide ! Je bûcheronne dans la région depuis un an. Ma maison est à l’orée de…
-Je sais où est ta cahute, vieil homme.
-Ma fille, Selena, a disparu dans la forêt profonde. Nous connaissons encore trop mal les dangers sibériens. Je crains le pire. »
1899, Radimir Andréiévitch est désespéré. Sa fille Selena a disparu dans la forêt sibérienne. Il s’en inquiète auprès d’Aza Perfionova, celle que l’on appelle la demi-double femme et qui dirige une communauté. Elle règne sur le commerce de la fourrure. Mutilée et obèse, elle se déplace sur un rustique fauteuil roulant. Le vieil homme est près à lui payer les 241 roubles qu’il lui reste de la vente de sa masure en Ukraine pour qu’elle la lui ramène. Dans un premier temps, Aza refuse de l’aider. Grâce à Ivan, un jeune villageois, le père malheureux trouve de l’aide en Jason, plus chasseur que trappeur et rival d’Aza. Piquée au vif, la « patronne » décide de leur filer le train.
© Bonne – Mosquito C’est dans un hiver sibérien rigoureux que nous invite Grégoire Bonne, auteur complet de ce western pas comme les autres. Ce serait plutôt un eastern. On découvre dans une première partie un groupe de trappeurs assistants à un spectacle de marionnettes. En grands enfants, ils rient de la marionnettiste qui n’est autre qu’Aza et qui cherche comme chaque année une nouvelle façon de célébrer le début de la saison. Dans trois jours, elle va emmener les hommes dans le Nord, pour chasser la zibeline, dont elle exhibe une dépouille. Les mois qui viennent s’annoncent durs et gelés mais la qualité de la fourrure de la bête laisse augurer d’une chasse exceptionnelle. Le jeune Ivan rêve de partir avec eux, mais Aza, qui a la charge de l’orphelin, lui confie la responsabilité de l’hôtel en son absence. Il faut bien s’occuper de Jason, l’étranger qui vient d’arriver, et qui se vante d’avoir attrapé toutes les bêtes poilues d’Amérique et vu toutes les merveilles de Chine et d’Europe. Il est venu traquer la zibeline.
© Bonne – Mosquito Aza Perfionova est un personnage atypique, le genre d’héroïne, ou d’anti-héroïne, qu’on n’avait jamais vu. C’est une mère pour tous les trappeurs, mais tellement étouffante, tellement dirigiste, qu’elle les empêche de grandir. « Quel genre de mère empêche ses enfants de grandir ? » déclare Jason, qui va se positionner en rival, en ralliant Ivan à son camp. Alors qu’Aza adopte le fusil, Jason apporte ses pièges mécaniques en acier qui ont fait leurs preuves sur les castors canadiens, préservant ainsi la fourrure. Alors, pourquoi pas sur les zibelines ? Grégoire Bonne oppose l’expérience, la connaissance, le respect et l’observation de la nature de l’un à l’arrogance, la suffisance et le progrès technologique de l’autre. Le coup de génie du scénario est de faire s’opposer Jason et Aza sur un autre terrain que celui si évident de la chasse, à savoir la recherche de la fameuse Selena. Graphiquement, l’auteur nous offre de splendides cases enneigées, à la manière d’Hermann, chose que l’on n’avait peut-être pas vu aussi bien depuis Un hiver de clown, épisode de Jérémiah. Il utilise malignement le découpage dans les avancées en forêt.
© Bonne – Mosquito Des personnages inhabituels dans un décor fascinant. Il y a encore tant à exploiter. Grégoire Bonne ne peut pas ne pas proposer un deuxième one shot dans cet univers. La demi-double femme est une double surprise complète, scénaristique et graphique, de cette année, un album qui fera référence.
One shot : La demi-double femme
Genre : Histoire
Scénario, Dessins & Couleurs : Grégoire Bonne
Éditeur : Mosquito
ISBN : 9782493343161
Nombre de pages : 72
Prix : 18 €
- La jeunesse d’Arsène Lupin – Cagliostropar Laurent Lafourcade
Avant que le gentleman ne cambriole
« -Personne ne nous dérangera, Comtesse. Demain, vers midi, je me procurerai une voiture et vous mènerai où vous voudrez.
-Merci, Raoul. C’est bien votre prénom, n’est-ce pas ? Que faisiez-vous dans les parages et pourquoi m’avoir sauvée ?
-J’y étais caché, Comtesse. Vos bourreaux ignoraient que je me trouvais là. J’étais parti pour rencontrer le baron d’Etigues avec qui je suis, disons… en affaires. Ses agissements m’ont paru suspects… Alors je les ai suivis, lui et ses amis… et… je vous ai vue !! »
Raoul d’Andrésy vient de sauver de la noyade une jeune fille ligotée dans une barque volontairement trouée pour qu’elle coule en pleine mer. Cette jeune fille, c’est Joséphine Balsamo. Le garçon en tombe aussitôt amoureux, mais au matin elle a disparu. Raoul se promet de la retrouver. Pourtant, il est promis à Clarisse d’Etigues, la fille du Baron. C’est là où tout se mêle. Le Baron ne veut pas entendre parler de Raoul. D’autre part, c’est lui et ses hommes, sous les ordres de Beaumagnan, qui ont tenté de faire disparaître Joséphine Balsamo, alias la Comtesse de Cagliostro. C’est une espionne. Elle aurait 106 ans. Raoul d’Andresy, alias Arsène Lupin, va se trouver lancé dans une énigmatique chasse au trésor. Entre amour et raison, Lupin devra garder la tête sur les épaules pour y parvenir.
© Eho, Minerbe, Malosso – Bamboo/Orep Après L’aiguille creuse et Arsène Lupin contre Sherlock Holmes scénarisés par Jérôme Félix, Jérôme Eho adapte en bande dessinée La comtesse de Cagliostro, roman de Maurice Leblanc racontant un pan de la jeunesse du gentleman cambrioleur. Il redonne une nouvelle vie à ce récit initialement publié en feuilleton quotidien dans le sobrement nommé Le journal, journal littéraire, du 10 décembre 1923 au 30 janvier 1924. L’histoire tourne autour de la mystérieuse Comtesse Cagliostro que Lupin retrouvera plus tard. Au dessin, Michael Minerbe accentue le côté théâtral des personnages. Il fait de Lupin un personnage énigmatique mais sûr de lui, parfois un peu roublard, avec une touche du Lupin de l’adaptation animée des années 80 sous le nom de Edgar détective cambrioleur.
© Eho, Minerbe, Malosso – Bamboo/Orep Un dossier complémentaire revient sur le parcours du gentleman. On refait en photos le cheminement des personnages en Normandie : Saint-Martin-de-Boscherville, Jumièges, Saint-Wandrille, Gruchet-le-Valasse, Montivilliers, Fécamp, Valmont. On nous parle du Rouen de l’époque et de la vallée de la Seine, avec photos à l’appui des dessins. On visite les ruines de Jumièges et le château de Tancarville, les falaises d’Etretat et le château de Gueures. On finit par un portrait de la Cagliostro, en apprenant comment Leblanc a conçu son personnage, loin des clichés féminins.
© Eho, Minerbe, Malosso – Bamboo/Orep Arsène Lupin est un personnage de roman qui semble avoir été conçu pour la bande dessinée. Il y a pris ses marques et s’y installe avec sûreté. On attend avec impatience la suite des adaptations.
Série : La jeunesse d’Arsène Lupin
Tome : Cagliostro
Genre : Polar
Scénario : Jérôme Eho
D’après : Maurice Leblanc
Dessins : Michaël Minerbe
Couleurs : Massimo Malosso
Éditeur : Bamboo / Orep
Collection : Grand angle
ISBN : 9791041103515
Nombre de pages : 72
Prix : 16,90 €
- 2 CV de nos régions / Vols de rêvespar Laurent Lafourcade
Sur la Terre comme au ciel
« -Waouh !!! Tu entends ces réacteurs ? Moi, je me verrais bien aux manettes !
-Et moi, mécano ! Tu sais qu’à la PAF, c’est le mécano qui choisit son pilote !
-Les pilotes ont vraiment confiance ! »
Pour leurs 15 ans, Alix et Louis sont emmenés par leurs parents au meeting des 70 ans de la patrouille de France. Si Alix se verrait bien pilote, Louis est plus intéressé par le métier de mécano, d’autant plus qu’à la PAF, la Patrouille de France, les mécanos ont des rôles aussi importants que les aviateurs. L’équipe de voltige commence son spectacle. Le leader est devant et dirige les autres pilotes avec sa voix. Les fumigènes bleu-blanc-rouge concrétisent les figures acrobatiques. Après le show, ce sera photos et dédicaces. Alix et Louis auront eu plus de chance que Romain. Hospitalisé, il a loupé le meeting. Mais tout n’est pas perdu. Quels Vols de rêves !
© Eho, Azou, Bayou, Coste – Idées Plus 2 CV de nos régions est un album d’illustrations. De l’Allier à la Nouvelle Calédonie, des Landes à la Guadeloupe, la petit Citroën nous invite dans un tour du monde. Les habitants des différentes régions sont habillés en costumes locaux pour une meilleure immersion. Des monuments locaux aident parfois à la localisation. Les illustrations sont parfois non dénuées d’humour. « Quand te reverrai-je, pays merveilleux ? » Il ne manque que Jean-Claude Dusse dans la 2 CV se faisant monter au sommet de la montagne, tel un œuf sur son câble. Dans les Bouches-du-Rhône, Fernandel et Raimu regardent, qui d’un air pantois, qui d’un air amusé, la boule de pétanque que l’un d’entre eux a malencontreusement envoyé dans le pare-brise de la deudeuche d’un Gabin désabusé.
© Eho, Bouteville, Yen San, Lesca – Idées Plus Dessiné par Jérôme Eho, l’un des piliers de chez Idées Plus, également au scénario d’un Lupin chez Bamboo-Grand Angle, Vols de rêves présente deux histoires en BD séparées par un « Le sais-tu ? » fort instructif. Les trois nouveaux pilotes intégrant la patrouille chaque année sont appelés des Schtroumpfs. Chaque avion possède deux couleurs de fumigènes : du blanc, et soit du rouge, soit du blanc. Les pilotes ont des gants de la couleur du fumigène non blanc qu’ils transportent.
© Eho, Azou, Bayou, Coste – Idées Plus 2 CV de nos régions est un recueil de dessins. Quatre dessinateurs sont aux commandes : le même Jérôme Eho, accompagné de Lesca, Yen San et Bruno Bouteville, que l’on connaît mieux sous le pseudonyme de Jaap de Boer, dessinateur au trait proche de celui de Walthéry, l’auteur de Natacha. Tiens, voilà une hôtesse de l’air qui fait donc le pont entre ces deux petits bouquins.
© Eho, Bouteville, Yen San, Lesca – Idées Plus Les éditions idées plus continuent leurs collections d’albums dédiés aux véhicules terrestres ou aériens. On y ressent toute la passion qu’ont eu les auteurs à les réaliser. Idéal à offrir à tous ceux, pas forcément lecteurs de BD, fans de tout ce qui roule ou de tout ce qui vole. Ils apprécieront sans conteste.
One shot : Vols de rêves
Genre : Aviation
Scénario : Stéphane Azou
Dessins : Jérôme Eho
Couleurs : Max Bayo
Coordination : Franck Coste
Éditeur : Idées Plus
ISBN : 9782374700762
Nombre de pages : 56
Prix : 15 €
One shot : 2 CV de nos régions
Genre : Automobile
Dessins : Bruno Bouteville, Jérôme Eho, Yen San, Lesca
Couleurs : Bruno Bouteville, Claire Dumas, Yen San, Lesca
Coordination : Franck Coste
Éditeur : Idées Plus
ISBN : 9782374700854
Nombre de pages : 56
Prix : 15 €
- Les Schtroumpfs et le village des filles 6 – L’île vagabondepar Laurent Lafourcade
Sirènes et arène
« -Maintenant, la question est : comment va-t-on schtroumpfer à bord de ce bateau ? Nous n’avons pas d’argent pour payer notre voyage !
-Ben, y a qu’à embarquer sans payer, alors ! »
Bouton d’Or, Menthe et Tempête ont quitté le village des filles pour remplacer le bâton de la Grande Schtroumpfette qui s’est brisé. Celle-ci a été blessée et seul ce bâton peut lui permettre de guérir. C’est juste qu’il faut en resculpter un et le tremper dans l’eau de la source du pays des Pierres Schtroumpfantes. C’est pour cela qu’elle sont parties sur le dos d’Araignée. Sorties saines et schtroumpfs du labyrinthe, les voici dans le village des pêcheurs avec leur nouvel ami Bernardo. n’ayant pas les moyens de se payer un embarquement pout poursuivre leur périple, les voyageurs décident de monter clandestinement sur un navire. Perturbé par des sirènes, le trajet va les mener sur une île… vagabonde.
© Cagniat, Parthoens, Culliford, Maddaleni – Le Lombard Acte 2 du triptyque de la grande aventure des Schtroumpfettes. Les trois drôles de dames ne sont pas au bout de leurs peines. Dans un univers mi-humain mi-animalier, leurs aventures se distinguent de celles de leurs homologues masculins, bien qu’elles vont en rencontrer un dans cet épisode. On le sait dès la couverture cinématographique où le Schtroumpf à lunettes trône en gros plan, les mains enchaînées. Comment s’est-il retrouvé dans cette situation ? Le mystère est posé avant même d’ouvrir l’album. Si les marins plutôt pirates vont avoir les oreilles brisées par la voix casserole de Bouton d’Or, c’est le chant des sirènes qui va leur poser problème et va extraire nos amis de leurs griffes. La suite se déroulera sur la fameuse île dont on ne découvrira qu’à la fin pourquoi elle est qualifiée de vagabonde.
© Cagniat, Parthoens, Culliford, Maddaleni – Le Lombard Luc Parthoens et Thierry Culliford ont eu l’excellente idée de se lancer dans ce feuilleton qui permet de développer au maximum l’intrigue mêlant avec habileté aventure et humour comme dans la plus pure tradition franco-belge. S’adressant à de jeunes lecteurs, les scénaristes auraient pu tomber aisément dans la facilité. Pourtant, les chausse-trappes dans lesquels ils placent leurs personnages ne trouvent jamais leur issue dans l’évidence. L’histoire des sirènes ne finit pas comme pour Ulysse. La séquence de l’arène a aussi une conclusion imprévue.
Les tintinophiles avertis décèleront dans l’album deux clins d’œil, fortuits ou non, à Tintin. Les Schtroumpfs montent à bord du bateau en s’agrippant à la chaîne de l’ancre comme l’a fait le héros de Hergé dans Le Temple du Soleil. Le prophète annonçant l’apocalypse a la folie de Philippus dans L’étoile mystérieuse. Tout ça prouve que depuis l’âge d’or les lecteurs de ce type de bandes dessinées ont un imaginaire collectif et une culture commune. C’est merveilleux.
© Cagniat, Parthoens, Culliford, Maddaleni – Le Lombard On l’a dit la série est l’une des rares mélangeant humains et animaux humanisés. Pourtant, on ne se pose jamais de question. Laurent Cagniat est le dessinateur idéal pour ce mixage, dans lequel on descelle pour la première fois des accents disneyens parfaitement compatibles avec l’univers de Peyo. Les couleurs de Paolo Maddaleni, très en reliefs apportent de la vie et de la crédibilité. C’est intéressant à analyser parce qu’on en est heureux dans cette série parallèle mais on ne voudrait pas que la série mère soit mise en couleurs de cette façon.
Dans quelques mois, on retrouvera Bouton d’Or et ses compagnes de voyage dans « Le pays des pierres schtroumpfantes », et l’on ne serait pas contre le fait que le périple se rallonge.
Série : Les Schtroumpfs et le village des filles
Tome : 6 – L’île vagabonde
Genre : Aventure schtroumpfante
Scénario : Thierry Culliford & Luc Parthoens
Dessins : Laurent Cagniat
D’après : Peyo
Couleurs : Paolo Maddaleni
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808211000
Nombre de pages : 48
Prix : 11,50 €
- Peccadillespar Laurent Lafourcade
Rendez-vous avec le destin
« -Viens à moi s’il te plaît. J’ai besoin de toi.
-Hein ? Huff… D’accord !
-Ce ne sera pas facile ! Beaucoup ont déjà essayé… Et ils ont tous échoué ! Mais pour celui qui réussira, la récompense sera extraordinaire ! »
Une beauté sublime, sorcière puissante de son état, demande à un voyageur égaré dans la neige de lui dénicher la pierre magique qui lui permettra de se débarrasser de la malédiction qui la retient prisonnière. Une rivale lui a lancé un sort maléfique qui l’a plongée dans les limbes. Elle promet à son sauveur une récompense extraordinaire. Aveuglé par tant de charme, réussira-t-il sa mission ? Elle est princesse. Il est abruti. C’est La princesse et l’abruti, l’un des huit récits d’heroïc-fantasy qui composent cet album pas si classique que ça.
© Di Felice – Kalopsia Si vous vous attendiez à un énième album de fantasy avec guerriers, princesses et dragons, passez votre tour. Les histoires de Peccadilles sont chacune d’entre elles des fables tragi-comiques aux dénouements inattendus. Deux aventuriers se chamaillent en attendant l’affrontement avec un géant. Comment est-il ? Où est-il ? Si seulement ils savaient… Une guerrière pourfend un dragon. C’était une femelle et elle couvait un œuf. Qu’en faire ? On croisera entre autres un grand maître en initiation de transformations, une dame âgée qui veut rajeunir, deux joueurs d’échec, une fille nue sur un arbre et… la mort.
© Di Felice – Kalopsia La dessinatrice italienne Cinzia Di Felice réunit une série de récits cohérente non dénuée d’humour. Certains d’entre eux avaient déjà été publiés en 2000 chez Comics USA dans un album aujourd’hui oublié. Les toutes jeunes éditions Kalopsia corrigent le tir. L’ancienne élève de Massimiliano Frezzato le mérite. Il y a pire comme tuteur que le dessinateur des Gardiens du Maser. Di Felice a su en retirer ce qu’il fallait. On le voit à la fois dans son trait et à la fois dans ses couleurs directes. Là où l’autrice est remarquable, c’est en particulier ici dans les scenarii. Trouver l’idée d’une histoire, ce n’est pas si compliqué. Savoir la terminer, c’est une autre paire de manches. On connaît tous l’expression « Plus dure sera la chute ». Pour les personnages, elle le sera. Pour chacun d’entre eux, la vie ne sera en tout cas plus jamais comme avant. Pour les lecteurs, toujours fine et surprenante, la chute sera.
© Di Felice – Kalopsia Il y a des albums qu’on lit sans forcément en attendre quelque chose de particulier. Peccadilles se rangeait dans cette catégorie. Il la quitte pour devenir l’une des excellentes surprises de la rentrée.
One shot : Peccadiles
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario, Dessins & Couleurs : Cinzia Di Felice
Éditeur : Kalopsia
Nombre de pages : 64
Prix : 16,90 €
ISBN : 9782931205044
- Avni 10 – L’essayer, c’est l’adopter !par Laurent Lafourcade
Un copain pas comme les autres
« -Hé, Avni ! Tu viens faire une partie de cartes Monstrofun ?
-Trop cool ! J’arrive ! »
Prêts pour vous amuser avec Avni ? L’animal vraiment non identifié est de retour en pleine forme. Il ne va pas hésiter à payer de sa personne pour éviter à ses petits camarades de manger des choux de Bruxelles à la cantine. Il va profiter de son don d’invisibilité pour éviter de tomber dans les griffes de Kyle, sauf que dans la neige, ça ne marche pas toujours. Avni va trouver le moyen de recevoir plus de chocolats à Noël, puis combattre ses allergies printanières. Il va profiter de la collection de statuettes de son oncle, puis marquer un but incroyable, le tout entre deux répétitions du groupe The bestiols dans lequel il joue de la batterie. Tout ça ne sont que quelques péripéties parmi d’autres.
© Pujol, Caut – BD Kids Ce dixième opus se clôt par une grande aventure : Une famille en or. Avni rêve d’aller au tout nouveau parc d’attractions le Monstrofun Land. Ses parents n’ont pas les moyens de lui payer un séjour. Le gamin va tout faire pour y arriver. C’est au cours de cette histoire qu’il va apprendre une nouvelle qui risque de bouleverser sa vie. Les auteurs Romain Pujol et Vincent Caut instillent une bonne dose d’émotion inattendue qui donne de la crédibilité à un univers parallèle au nôtre.
© Pujol, Caut – BD Kids Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, qui est Avni ? C’est un petit garçon très spécial. Dans cette bande dessinée animalière humanisée, ses parents sont des canidés. Lui est un être tout bleu avec deux grandes oreilles. Il est capable de déformer son corps comme il le souhaite, de multiplier ses bras, ou, on l’a vu, de devenir invisible. Il est espiègle et adorable. Le coquin ne rate pas une occasion pour se faire remarquer… ou pas. Cette année, la série fête ses dix ans. Pour l’occasion, le tome 1 est réédité dans une édition spéciale anniversaire avec les coulisses de la BD en BD et le grand jeu de cartes du Monstrofun. On remarque ainsi les impressionnants progrès dans le dessin entre le premier et le nouvel opus. Le graphisme s’est dynamisé. Les personnages ont pris vie.
© Pujol, Caut – BD Kids Romain Pujol et Vincent Caut tiennent avec Avni l’un des piliers de l’excellente collection BD Kids. Il n’a rien à envier à Ariol. Le petit âne et l’animal vraiment non identifié sont des personnages hauts en couleurs dans deux séries de grande qualité. Aujourd’hui, c’est Avni qui est à la fête. C’est mignon et c’est très très rigolo. Bon anniversaire, Avni !
Série : Avni
Tome : 10 – L’essayer, c’est l’adopter !
Genre : Humour gamin
Scénario : Romain Pujol
Dessins & Couleurs : Vincent Caut
Éditeur : Milan
Collection : BD Kids
ISBN : 9782408038038
Nombre de pages : 64
Prix : 10,50 €
- 100 bucket list of the dead 9 & 10par Laurent Lafourcade
Millionnaire, geishas et pèlerinage
« -Osaka, nous voilààà !! Je veux des boulettes de poulpe ! Des crêpes Okonomiyaki !
-C’est bien beau, mais le quartier grouille de zombies.
-Vu le nombre, on peut passer à travers sans problème !
-En garde !!
-C’est parti !! »
Akira, Kenichiro, Béa, Shizuka et Jigo Dagno, le majordome robot à tête de bouc, arrivent à Osaka, infestée de zombies. C’est une vieille connaissance d’Akira et de Kencho qui va les aider à s’en tirer : Takeru Minakata, un pote de fac. Tous les trois, glandeurs de l’université, se remémorent leurs souvenirs. Takeru va amener la petite troupe dans un endroit que les zombies n’ont pas encore réussi à conquérir, près d’un château, un lieu devenu centre-ville commerçant et où des boîtes de conserve ont remplacé la monnaie. Dans le château, vit l’homme, le champion des boîtes, qui en a réuni le plus dès que la pandémie a éclaté. Akira a bien l’intention de faire fortune pour rivaliser avec lui et le rencontrer. Pour cela, lui et ses amis vont ouvrir un bar.
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2023L’aventure suivante mènera la petite troupe à Kyoto, capitale du Japon pendant plus de 1000 ans. Alors que les filles rêvent de visiter temples et sanctuaires, de se rassasier de tempuras, tiramisus et buffets de spécialités, les garçons sont plutôt branchés Geishas, surtout un. N’est-ce pas, Kencho ? Depuis la fin du XVIIème siècle, les geishas ou apprenties, appelées Maiko, divertissent les clients avec jeux et arts traditionnels, vêtues d’habits raffinés. Elégance incarnée, elles entraînent les hommes dans des jeux de séduction pleins de mystères et de profondeur. Hinae dirige un de ces établissements de geishas. Elle espère que ses hôtes passeront un bon moment parmi elles. Le volume se clôt par le début du pèlerinage de nos amis sur les terres de Shikoku. La scène finale laisse penser que la suite ne sera pas de tout repos. Un nouvel… Non… De nouveaux ennemis vont se dresser devant eux.
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2023Haro Aso et Kotaro Takata sont désormais aux commandes d’un univers polycéphale. Ils le méritent amplement. Il y a du Walking Dead mais en drôle. Même si les situations sont dédramatisées, on flippe quand même. Les étapes du voyage s’enchaînent. La troupe d’Akira s’agrandit.
Le monde de univers Bucket List se décline en film et en anime sous le titre Zom 100 : Bucket list of the dead. Le long métrage est disponible depuis le mois d’août sur Netflix. L’anime peut se voir sur Crunchyroll, pour l’instant en version originale sous-titrée.
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2023Haro Aso et Kotaro Takata n’ont pas l’intention de s’endormir sur leurs lauriers. La bucket list d’Akira est encore longue et c’est tant mieux.
https://youtu.be/oIBJIEyZLTU?si=OZxuEHkoUVsf80AEhttps://youtu.be/rBeCUoTrI04?si=cdI9WPp0bzFBhQO2
Série : 100 bucket list of the dead
Tomes : 9 & 10
Genre : Zombies
Scénario : Haro Aso
Dessins : Kotaro Takata
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505119265 / 9782505120292
Nombre de pages : 176 /160
Prix : 7,55 €
- Un loup pour l’hommepar Laurent Lafourcade
Les crocs de la forêt
« -Mama ! Ayuda ! Aidez-moi !
-Maya…
-Markus ! Ne te mêle pas de ça !
-Qu’est-ce qu’on fait d’elle, Baron ?
-Débarrasse-toi du corps. Enterrez-le, brûlez-le ou balancez-le aux cochons. Peu importe.
-Et la gamine ?
-Elle n’a plus sa mère pour s’occuper d’elle, alors soit elle se rend utile ici, soit elle dégage. »
Années 30, dans une baronnie du centre de la France, Léopold Baron, le patron du domaine, est adepte de la chasse au loup. Après un retour de traque et un repas bien arrosé, Léopold tente de violer la bonne. Celle-ci se débat, le mord et voilà que, pris d’un accès de violence, le maître des lieux l’étrangle. Il maquille le crime en suicide. L’employée était mère. Du haut de ses 4-5 ans, sa fille Maya pleure toutes les larmes de son corps. Pour Léopold, si elle ne montre pas qu’elle a une utilité dans la maison, elle n’a qu’à dégager. Huit ans plus tard, on la découvre sauvageonne en forêt. L’orpheline a fait sa vie dans la nature. Les enfants de Léopold, Eugène et Louison, un garçon et une fille, sont à peine plus âgés qu’elle, tout comme Markus, qui a toujours travaillé dans le domaine, ont remarqué sa présence. Si Eugène voudrait l’abattre comme du vulgaire gibier, Markus l’aide en secret dans cette forêt où les loups semblent régner en maîtres. Quant à Léopold, depuis quelques années, il a un comportement parfois bien mystérieux. Serait-ce depuis qu’il a été mordu ?
© Vernay, Reynès – Dupuis Après La mémoire de l’eau, Mathieu Reynès et Valérie Vernay sont de retour pour un nouvelle histoire à la manière d’un conte moderne. L’auteur de Harmony écrit pour sa compagne une histoire fantastique pénétrant au tréfonds de l’âme humaine. Sous couvert d’une histoire de chasse, le duo nous plonge dans l’analyse des rapports humains dans une première moitié de vingtième siècle, un entre-deux-guerres en apparence calme mais où les cicatrices de la Grande Guerre n’ont pas guéri. On y voit qu’en ce temps-là les hommes dominaient clairement la situation. Les femmes n’avaient pas droit de citer. Hormis des dames de service, il n’y a pas de femme haut placée dans l’entourage de Léopold. La seule femme d’influence qui tient un rôle d’importance est une voyante-exorciste. Sans dévoiler le cœur de l’intrigue, c’est plutôt Maya qui aura un rôle pivot. Le récit marche sur un fil entre fantastique et réalité. Quelques années après les ravages qu’elle a fait, une bête telle celle du Gévaudan semble semer la terreur. Les moutons de la bergerie s’en souviendront… enfin… s’il y en a qui survivent. On pense également à une saga comme Twilight. Pas vraiment d’histoire d’amour ici, mais plutôt d’amitié… de haine et d’amitié.
© Vernay, Reynès – Dupuis Le trait crayon de Valérie Vernay immerge à merveille dans cette ambiance forestière et énigmatique. Comme dans Rose, scénarisée par Denis Lapière et Emilie Alibert, la dessinatrice joue sur une confusion aux frontières du surnaturel. Il est difficile d’en dire plus sur cette aventure sans trop en dévoiler le cœur. Elle doit se découvrir au fil des pages. Les lecteurs avisés remarqueront que la numérotation des planches laisse penser que l’histoire était prévue au départ en triptyque. Les one shot semblant avoir plus la côte en ce moment que les mini-séries (voir Kléos chez Bamboo Grand Angle), est-ce la raison du pourquoi ? Se pose par ricochet la problématique du coût pour le lecteur. On ne met pas 27,95 € dans un album, quand bien même de 184 pages, si on n’est pas sûr de son choix. Mais on est là dans des considérations politiques éditoriales qui nous dépassent. Restons sur le plaisir de lecture, quelle qu’en soit la forme.
© Vernay, Reynès – Dupuis Un loup pour l’homme est une histoire dont il vaut mieux ne rien savoir avant d’en commencer la lecture, ou tout du moins le moins possible. Les conséquences des actes des personnages trouvent parfois leurs conséquences bien plus loin dans le récit. Ancrée dans son époque, elle en dit long de façon sous-jacente sur l’évolution de la société tout en nous entraînant avec suspens et émotion dans un récit haletant.
One shot : Un loup pour l’homme
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Mathieu Reynès
Dessins & Couleurs : Valérie Vernay
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034739455
Nombre de pages : 184
Prix : 27,95 €
- Boulevard Tintin – Tintin ou l’accès à soipar Laurent Lafourcade
Au fil de soi
« Le présent ouvrage regroupe deux études inédites, Tant que Yéti y est tu, Tu n’y est pas, et Bijoux bougés, bougies rougies, qui font la paire, comme le font les deux albums dont elles commentent la valeur d’aboutissement dans l’œuvre de Hergé, Tintin au Tibet et Les bijoux de la Castafiore. Cette œuvre est précisément structurée par l’amphibologie sonore entre paire et père, qu’il appartient au dessin parlant, à la bande dessinée, de démêler, de découpler. Sur papier, on peut faire jouer les ambages de cette assonnance sans avoir à la prononcer, et c’est un moyen de s’en affranchir. » Philippe Ratte
Philippe Ratte, happé par les échos des albums de Tintin, s’est lancé dans une fine analyse de l’œuvre sur le questionnement issu du parallèle effectué entre Tintin au Tibet et Les Bijoux de la Castafiore : Comment les hommes composent-ils avec le fait traumatisant qu’il y ait de la femme ? L’auteur définit ce duo d’albums comme la quatrième paire après La Licorne et Le trésor, Les 7 boules et Le Temple, puis le diptyque lunaire. Ratte démontre que les albums successifs jalonnent les étapes d’une résolution du problème posé par la présence magnétique latente et inassumée de la Femme. Ce n’est que lors du Sceptre d’Ottokar que l’ellipse féminine des premiers albums cessera avec l’apparition de Bianca Castafiore. Pour Ratte, Tintin rencontre, mais éviter, le sujet féminin jusqu’à Tintin au Tibet où il va chercher Tchang, son Soi profond, en suivant la piste d’une yéti. Ses rapports aux femmes changeront ensuite, amicaux avec la Castafiore, fraternels avec Miarka, la petite bohémienne.
© Ginkgo Ce Tintin ou l’accès à soi est composé de trois chapitres. L’étude Tant que Yéti y est tu, Tu n’y est pas définit Tintin au Tibet comme une œuvre de portée philosophique majeure. Avant de pouvoir dire « JE », il faut accéder à « TU », trouver quelqu’un avec qui échanger, partager. Au fil de ses aventures, Tintin grandit, évolue, gagne en densité. Dans le Tibet, Tintin est le vecteur d’un groupe de cinq personnages : Tintin et Tchang, les humains, Haddock et la yéti, les animaux à forme humaine, et Milou. Philippe Ratte pousse le raisonnement parfois un peu loin en définissant Haddock comme un contrepoint à la virilité d’Alcazar, avec une position assez voisine de celle de Peggy, la compagne du Général. Ça se discute… L’essayiste se penche ensuite sur en détails sur Tournesol, Abdallah, Haddock, puis Milou. Tintin au Tibet est une épreuve initiatique dangereuse visant à chercher l’enfant au fond de soi et à affronter la sauvagerie primaire. Le chapitre se clôt par une analyse de l’art de Hergé avant de conclure sur la magistrale leçon de vie qu’est l’œuvre du maître.
© Ginkgo L’étude suivante, Bijoux bougés bougies rougies, s’attache donc aux Bijoux de la Castafiore, lue comme l’art suprême du caché-révélé, état latent de tout être humain. Philippe Ratte présente l’album comme un feuilleté de cinq trames : l’histoire apparente, le travail sur le texte, les personnages et les équivoques, celle qu’il qualifie du « viol » des bijoux (encore une fois la métaphore est poussée un poil loin), la conquête de son invention le Supercolor par Tournesol, puis enfin le génie de la BD dans toutes ses techniques et caractéristiques de narration.
© Ginkgo Angles morts, angles vifs est la dernière partie de cette somme de plus de quatre-cent pages. A travers vingt-six mini-chapitres, Ratte navigue d’albums en albums sur les thèmes des origines, du père, du fils. On relèvera en particulier l’analyse des relations entre les personnages de la mission lunaire grâce à un schéma tournant autour du personnage de Tournesol. Fin et inédit. On terminera sur une double disgression mythologique et biblique.
Tintin ou l’accès à soi est un ouvrage d’analyse pointu et exigeant. Les tintinophiles avisés y liront une recherche parfois objective, parfois orientée, mais qui dans tous les cas donne envie de se replonge dans l’œuvre magistrale de Hergé. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
One shot : Tintin ou l’accès à soi
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Philippe Ratte
Éditeur : Ginkgo
ISBN : 9782846795180
Nombre de pages : 432
Prix : 25 €
- Titeuf 18 – Suivez la mèchepar Laurent Lafourcade
18, enfin adulte ? Pourvu que non !
« -Il est lourd !
-Je voulais juste lui faire un bisou.
-Ben oui. Mais faut pas. »
Titeuf vient de se prendre une belle baffe par Nadia. Il voulait juste lui faire un bisou. Mais comme lui dit Manu, il faut toujours demander le consentement, c’est-à-dire qu’il faut savoir ce que l’autre veut aussi. Titeuf le prend au pied de la lettre. S’il faut un consentement pour un bisou, il en faut aussi un pour une beigne. Titeuf est de retour pour une dix-huitième fournée de gags, à la fois drôles, tendres, mais toujours dans l’air du temps. Et quand on parle d’air, ça ne sent pas bon pour le gamin à la mèche quand il se trouve dans les toilettes de l’école, après avoir fait sa commission, et qu’il se rend compte qu’il n’y a plus de papier. Là aussi, il s’agit de ne pas faire n’importe quoi.
© Zep – Glénat Pour en revenir aux bisous, Hugo, qui a l’air d’en connaître un rayon, explique qu’il faut savoir embrasser, sinon on peut s’étouffer avec la salive de l’autre. Quand Titeuf raconte s’entraîner devant son miroir, un débat sur la sexualité s’engage. Homosexuel, autosexuel, doublosexuel, réflexosexuel, il est quoi alors, Titeuf ? Titeuf et ses potes ont l’âge des découvertes. Ils sont les meilleurs intermédiaires pour aborder des sujets que les mêmes n’osent pas aborder avec leurs parents, ni même avec leurs professeurs. Les gags à fonds éducatifs alternent avec des situations légères, avec le rire pour rire sans se prendre la tête comme une promenade à trottinette, les extra-terrestres, la proutologie ou bien d’autres sujets.
© Zep – Glénat Apparue dans la galaxie Titeuf au tome 12, puis dans le film, partie en colo dans l’album précédent, une petite fille aux cheveux roses met Titeuf dans tous ses états. C’est Thérèse. Elle le rend dingue, pas d’amour, d’énervement. La gamine ne serait-elle pas un petit peu amoureuse de lui ? Pour Titeuf, elle a perdu son cerveau. Qu’elle aille voir dans les toilettes s’il n’y est pas ! Il se rendra compte plus tard qu’elle a un pouvoir extraordinaire : c’est quel croit au merveilleux. Son monde n’est-il pas plus enviable que la réalité ?
© Zep – Glénat Zep est au meilleur de sa forme. Titeuf est comme un bon vin de grande qualité : il s’améliore en vieillissant. On n’est pas près de lui lâcher le slip !
Série : Titeuf
Tome : 18 – Suivez la mèche
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Zep
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344057773
Nombre de pages : 48
Prix : 11,50 €
- Le désir rôde / La porte ouverte / Don : Café no ! Marimba si ! par Laurent Lafourcade
Trois romans oubliés d’Henri Vernes
« – Les jeunes, de toute façon, ils ne lisent plus Bob Morane mais SAS. Les gamins de douze ans lisent SAS, aujourd’hui. Mais moi, je ne peux pas me mettre à faire des Bob Morane érotiques. » Henri Vernes
De Henri Vernes, on ne retient à tort que Bob Morane. Et pourtant, l’écrivain a signé bien d’autres romans. Les éditions du Tiroir s’attèlent à leurs rééditions, illustrées par des auteurs maison.
Le désir rôde est un roman léger datant de 1950. Le mari, la femme, l’amant. Un homme est plongé dans la lecture d’un magazine, tout en mangeant. La femme à ses côtés s’ennuie ferme et semble en quête de conquêtes pour satisfaire ses désirs que son époux ne peut plus assumer. John Saunders le lit dans son regard. Il entame alors une parade érotique dont l’issue risque d’être torride. Alain Poncelet, qui a participé il y a quelques années à une version érotique de l’Odyssée d’Ulysse, signe les illustrations non équivoques du roman.
© Vernes, Poncelet – Editions du Tiroir La porte ouverte est le tout premier roman d’Henri Vernes. Il l’a écrit pendant l’Occupation, où, comme il le dit, le mot « liberté » n’avait plus de sens. Ce livre symbolisait pour lui cette liberté, la liberté d’écrire ce qu’il avait envie, sans aucune contrainte. Il raconte l’histoire de Fred, lui-même épris de liberté, mais d’une liberté qu’il n’arrive pas à saisir. Cette histoire est un voyage démontrant que l’on peut vouloir tout quitter et le faire, puis ressentir un sentiment de besoin de retour inexorable. Lâcher la proie pour l’ombre, même si elle semble lumineuse, n’est jamais la solution. Le canadien Louis Paradis est aux dessins. Il reste dans des portraits, s’attachant aux personnages, disant tout par des regards, même s’ils sont parfois fermés.
© Vernes, Paradis – Editions du Tiroir Don est le héros dans lequel se reconnaît le plus Henri Vernes. C’est qu’il n’a pas dû s’ennuyer dans la vie, le bougre. Linda Dupont-Blair avait tout pour être heureuse. Belle et riche, elle est à bord d’un yatch sur la mer des Caraïbes, avec deux étalons chargés de l’occuper. Dans une chambre miteuse de Kingstom, Don, petit fils du grand chef de la mafia, le capo di tutti capi, se cache des tueurs à ses trousses. C’est en fuyant vers le port qu’il va se retrouver sur Lesbos, le bateau de Linda. André Taymans, fidèle ami d’Henri Vernes, illustre ce roman d’aventures exotico-érotiques, ou érotico-exotiques.
© Vernes, Taymans – Editions du Tiroir Henri Vernes a écrit de nombreux autres romans, outre ceux présentés ici et les Bob Morane. Il en sortait un tous les deux mois. Don a été le héros de onze romans. Il y a encore de la lecture à venir aux éditions du Tiroir. Les fans d’aventures sans concessions vont être ravis.
Série : Henri Vernes les romans
Tomes : 5 – Le désir rôde / 6 – La porte ouverte / 7 – Don : Café no ! Marimba si !
Genres : Aventures et polars
Auteur : Henri Vernes
Illustrateurs : Alain Poncelet (5) / Louis Paradis (6) / André Taymans (7)
Éditeur : Editions du Tiroir
ISBN : 9782931027691 / 9782931027707 / 9782931027974
Nombre de pages : 176 / 224 / 224
Prix : 18 € chacun
- Les Rugbymen 21 – On est chez nous, alors d’entrée on joue chez eux !par Laurent Lafourcade
La coupe du monde de l’humour
« -Salut, Sébastien !
-Salut la Couâne, bonjour Marinette ! Il y a un problème ?!
-Un problème ?! Un crime, tu veux dire ! »
Mais que se passe-t-il donc à la ferme de la Garuche, gîte rural, tenu par Marinette, la maman de la Couâne ? Il ne lui reste plus que deux coqs : Dupont et Ntamack. Elle les élève pour qu’ils deviennent les mascottes officielles du XV de France, tradition familiale. Depuis quelques nuits, ils disparaissent mystérieusement les uns après les autres. Elle a déjà perdu Moscato, Betsen, Blanco, Ibanez, Clerc et à présent Jean-Pierre Rives. Il est impossible que ce soit un prédateur qui les chasse. Le chien Spanghero aurait aboyé. C’est forcément quelqu’un qui loge au gîte. Le fiston et Sébastien Chabal vont devoir trouver qui et pourquoi kidnappe les bestiaux ? Entre l’italien Ricardo Sinonrien, la maorie Tahu Tathané, l’anglais Ivy Hopeub et l’argentine Maria Labrez, les suspects sont lâchés. L’intrigue autour de ces « mascocottes » s’étale sur douze planches en ouverture d’album, avant que les gags ne s’alignent comme des joueurs s’entraînant à la passe en arrière.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Les rugbymen vont avoir à faire avec l’officiel de la fédé qui vient expliquer les changements de règle en pleine saison, avec le chien de l’entraîneur, une aide à la motivation, avec les ballons qui ne sont pas tous de la même marque, avec l’instit qui est devenu arbitre ou encore les drones reliés aux engins automatisés. Rassurez-vous, on n’échappera pas aux troisièmes mi-temps, surtout l’Anesthésiste qui a le malheur d’avoir une voiture 100 % électrique totalement intelligente, mais aussi complètement traître.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo La série aux 3,2 millions d’exemplaires vendus est de retour. Que demander de mieux en plein lancement de la coupe du monde de rugby en France ? Les éditions Bamboo en profitent pour mettre les bouchées doubles. Il y a évidemment des goodies en pagaille, distribués avec les ligues régionales et les écoles de la FFR. Station de métro Auber à Paris, est installé un rugby park, avec activités, quizz, expositions et dédicaces. Signalons également quelques ouvrages parallèles dans l’univers créé par BeKa et Poupard : le livret de l’écorugbyman, les petits rugbymen en vacances (cahier de découverte, jeux et apprentissage), un autre cahier d’activité Monde, les mêmes petits rugbymen dans une intégrale de Contes inédits, puis le livre des règles du rugby, édition 2023, ce qui fera plaisir à l’officiel de la fédé.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo C’est parti, on est tous prêts pour la mêlée ! Allez la France ! Allez surtout les Rugbymen du club de Paillar !
Série : Les Rugbymen
Tome : 21 – On est chez nous, alors d’entrée on joue chez eux !
Genre : Humour plaqué
Scénario : BeKa
Dessins : Poupard
Couleurs : Maëla Cosson
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9782818997789
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
- Space relic hunterspar Laurent Lafourcade
Blockbuster spatial
« -Salut à vous ! Êtes-vous avec Sir Ouranos ?
-Attendez, vous n’êtes pas Sir Ouranos ? C’est quoi cette embrouille ?
-Réunir les talents nécessaires pour réussir une mission impossible dans un lieu qui n’éveillera pas les soupçons, dénué de tout passé religieux, ce sont les raisons pour lesquelles nous nous retrouvons tous les quatre ici, dans ces ruines Xomaefeb. »
Xia et Little Mercur sont deux chasseurs de reliques. Elle est humaine, lui est de race indéterminée. Ils forment l’un des meilleurs duos de chasseurs de reliques en activité ces dernières années. Vitellius, humain lui aussi, est un ex-centurion du panthéon, chassé de la légion divine pour avoir dilapidé ses soldes en dettes de jeu. Il a décidé de se reconvertir dans la chasse aux reliques. Ces trois individus sont réunis par Sir Ouranos, représenté pour des raisons de sécurité par un droïde. Il charge le trio de retrouver une relique liée à une religion alien vénérant la déesse Eleusys.
© Grun, Runberg – Daniel Maghen Le droïde fournit aux aventuriers un holo-parchemin indiquant un système solaire aux multiples planètes où se trouve l’objet de la quête. La zone est dangereuse. L’autorité des légions panthéistes y est minime face aux cultures belliqueuses peuplant ces endroits hostiles. Les aventuriers vont devoir se promettre respect et solidarité s’ils veulent réussir cette mission. L’univers est dirigé par le Grand Quatuor, un groupe de quatre dieux. Ils ont mis en place des légions visant à faire respecter l’ordre, interdisant dans une répression violente les religions autres que celles vouées à leur propre culte. Charon, Aresia, Jupiter et Vénus ont chargé la générale Merti Ziscarod d’enquêter sur les désertions dans les légions et de lutter contre le trafic de reliques interdites.
© Grun, Runberg – Daniel Maghen Après le fort réussi « La vengeance de Zaroff », le scénariste Sylvain Runberg se (re-)lance dans la grande aventure spatiale. Il construit son récit comme une superproduction hollywoodienne. La scène introductive a tout d’un pré-générique à la James Bond. On est tout de suite dans l’action. On apprendra très bientôt qui est qui. Le système permet d’accrocher immédiatement l’attention, de happer le lecteur pour ne plus le lâcher. Runberg retrouve Grun, son complice de la trilogie On Mars. La richesse de l’univers permet à Grun de laisser éclater son talent, avec un soin particulier pour les grandes cases aux décors particulièrement soignés. Il créé également un bestiaire n’ayant rien à envier à celui d’un Mézières. Les chasseurs de reliques auraient d’ailleurs très bien pu rencontrer Valérian.
© Grun, Runberg – Daniel Maghen Une louche d’Indiana Jones, une autre de Star Wars, voici la synthèse rapide de Space relic hunters. Les fans de l’un de ces univers comme ceux de l’autre y trouveront leur compte dans ce space opera sans temps mort. Space relic hunters a tout pour devenir une franchise.
One shot : Space relic hunters
Genre : Science-fiction
Scénario : Sylvain Runberg
Dessins & Couleurs : Grun
Éditeur : Daniel Maghen
Nombre de pages : 112
Prix : 23 €
ISBN : 9782356741516
- Le jour où… 7 – Le jour où les liens se tissentpar Laurent Lafourcade
Se souvenir des jolies choses
« -Ça vous dit de venir prendre le thé chez moi dimanche vers 17 h ?
-Oui, avec plaisir.
-Oui, mais je croyais que tu devais voir ta nièce ce week-end ?
-Elle préfère rester avec son petit copain… Avant, on jouait beaucoup ensemble. Maintenant, elle ne veut plus et ça me manque… »
Une vieille tatie isolée regrette les instants de jeux avec sa nièce qui grandit et a maintenant un petit copain. Clémentine ne sait pas si elle saurait toujours jouer. Elle va faire appel à ses souvenirs pour réapprendre ces moments d’innocence que lui rappellera son elle-enfant, pour illuminer les dimanches sombres de la dame. Un écho entre les moments de vie de Clémentine résonne dans tout un tas d’instants suspendus. L’enfant allongée sur un banc s’imagine Aurore dans La Belle au bois dormant, attendant le baiser d’un prince charmant. La même en adulte revient sur les saisons de sa vie, sur les chemins parcourus et sur ceux à parcourir. Plus loin, un père absent, mais présent dans la maison comme une ombre silencieuse, puis l’enterrement d’un grand-père qui rappelle la désunion, et cet instant précieux entre amis qui font se sentir en famille.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo « La vie est le lien. Ce lien [tissé] avec tous les êtres qu’elle rencontre – homme, femme, chat, chien, pierre, herbe, oiseaux – visibles ou invisibles. » C’est ainsi que Laurence Nobécourt explique que le but de l’homme est l’amour, toujours plus d’amour, dans son livre La clôture des merveilles. Les BeKa reprennent ce précepte dans ce septième tome de la série feel good Le jour où… Au travers de Clémentine, la Clémentine adulte et la Clémentine enfant, on voit ces liens s’écrire et se dessiner sous le pinceau de Marko. L’album est lumineux, l’album est riche, riche d’amour. Ça sent bon les placards à gâteaux et le thé qui infuse.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Dans sa préface, l’hypnothérapeute Sandy Vendrely, formatrice en thérapie du lien et des mondes relationnels, explique que, quelque soit le chemin que nous prenons, nous sommes au plus profond de notre individu des êtres de liens. Ces liens sont le seul moyen de guérir les blessures les plus profondes, jour après jour, rencontre après rencontre. Notre véritable nature s’exprime dans le verbe AIMER. C’est ce qui est démontré dans cet album où, au fil des pages, une main est là sur laquelle poser la nôtre. On ne peut que se reconnaître dans l’un où l’autre passage de l’album, et réaliser l’importance de certains moments de nos vies que l’on croyait futiles, ou encore comprendre aussi comment on est aidé sans que l’on s’en rende compte dans les moments difficiles de nos existences.
© BeKa, Poupard, Cosson – Bamboo Le contact d’une main, la douceur d’une parole, un sourire, un moment complice, la beauté du monde, … L’histoire de Clémentine montre comment offrir ces cadeaux et les recevoir. Le jour où… propose une philosophie de vie invitant à partager le temps.
Série : Le jour où…
Tome : 7 – Le jour où les liens se tissent
Genre : Emotion
Scénario : BeKa
Dessins : Marko
Couleurs : Maëla Cosson
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9782818997789
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
- Le fils de Taïwan 2 & 3par Laurent Lafourcade
De la prison à l’édition
« -Kunlin…
-Ashe, maman, restez ici. Je vais voir où il l’emmène.
-Kuntsan, prends garde à toi ! Un enfant si sage… Quel crime a-t-il commis pour être traîné ainsi comme un chien ? »
10 septembre 1950. Kunlin Tsai est arrêté alors qu’il effectuait de simples tâches administratives à la mairie. Qu’a-il fait de si mal ? Il a tout simplement participé au club de lecture du lycée. Si n’importe où, c’est anodin, à Taïwan, c’est passible de prison. Pour l’instant, il ignore pourquoi il est appréhendé ni où on l’emmène. Il n’a pas pu dire au revoir à sa famille, il n’a pas encore déclaré sa flamme à Piju Yang, la jeune fille qu’il aime. Il va rapidement apprendre qu’il est accusé de complotisme communiste. La police le torture et lui fait signer de faux aveux. La conséquence sera terrible : 10 ans de prison, d’abord dans des cellules exiguës, à plusieurs dans un confort sordide, puis en plein air sur l’Île Verte, pour y être rééduqué.
© 2020 Yu Pei-Yun, Zhou Jian-Xin, original edition published by Slowork PublishingCo Ltd (Taïwan)
© Pei-Yun, Jian-Xin – Kana 202310 septembre 1960. Kunlin Tsai est de retour à Taïwan. Son frère Kunchang l’héberge à Taipei. Il apprend qu’un an après son arrestation son père s’est suicidé. Il va lui falloir maintenant trouver du travail. Un éditeur a besoin d’un assistant pour traduire ses articles du japonais en chinois. Kunlin accepte le poste. Il sera également chargé de faire des livraisons à l’imprimerie et de collecter des paiements. Kunlin va retrouver Piju Yang. Le destin attendait pour les lier. Ensemble, ils vont se faire leur place dans le monde de l’édition de manhuas, allant jusqu’à créer un magazine jeunesse en 1966.
© 2020 Yu Pei-Yun, Zhou Jian-Xin, original edition published by Slowork PublishingCo Ltd (Taïwan)
© Pei-Yun, Jian-Xin – Kana 2023Yu Pei-Yun etZhou Jian-Xin poursuivent l’histoire de la vie du taïwanais Kunlin Tsai qu’ils ont démarré dans sa prime enfance. Après sa jeunesse dans le premier volume, voici les années noires et les années espoir. 10 ans de prison sont racontés dans le tome 2, avant les années de résurrection du tome 3. Kunlin Tsai a bel et bien existé. La scénariste Yu Pei-Yun l’a rencontré en 2016. Le dessinateur Zhou Jian-Xin poursuit l’incroyable récit dans des styles graphiques évoluant, différents pour chaque album. Si le tome 1 était dans un style ligne claire presque jeunesse, le trait du tome 2 devient plus rude, comme ce qu’il s’y passe, dans un gris vert triste qui s’éclaircit vers la fin. Un ciel Van Gogh montre comment le prisonnier s’évadait des souffrances en se concentrant sur son travail sans relâche, comme un art salvateur. Dans un jaune orangé de renaissance, de lumière qui se rallume, le trait du tome 3 fait un pas de plus vers un dessin réaliste encore plus adulte.
© 2020 Yu Pei-Yun, Zhou Jian-Xin, original edition published by Slowork PublishingCo Ltd (Taïwan)
© Pei-Yun, Jian-Xin – Kana 2023Manhua documentaire décrivant le développement historique d’une île du Pacifique, le fils de Taïwan narre la vie d’une victime politique. Quatre-vingt-dix ans d’histoire se racontent dans l’un des événements de la bande dessinée asiatique de l’année en Europe.
Série : Le fils de Taïwan
Tomes : 2 & 3
Genre : Histoire
Scénario : Yu Pei-Yun
Dessins & Couleurs : Zhou Jian-Xin
Éditeur : Kana
Collection : Made in
ISBN : 9782505115878 / 9782505115885
Nombre de pages : 192
Prix : 18,50 €
- La vallée des luciolespar Laurent Lafourcade
Montagne magique
« -Lise tu as bien grandi. Je ne t’aurais pas reconnue… Et toi, tu dois être la petite Ana ?
-Bonjour Martin.
-Bonjour !
-Bonjour, moi c’est Milo et lui, c’est We…
-Stop ! Je ne sais pas ce que ton père t’a promis, mais je ne te garderai pas avec moi.
-Mais bon dieu, Lise ?… Qu’est-ce que tu…
-Dès demain matin, tu iras à l’orphelinat. Quant à cette bête, sa place est dans un cirque, certainement pas auprès de ma fille ! »
Dans une paisible vallée montagnarde, le petit Milo vit avec son grand-père. Il a un ours de compagnie, Welles, que jadis son papi a sauvé. Enfin… il vivait. Le grand-père succombe à une attaque cardiaque. Avant de pousser son dernier soupir, il annonce à Milo qu’il a une fille, une tante de l’enfant donc, qui s’appelle Lise et qui viendra s’occuper de lui. Il lui donne une clef à remettre à la tatie qui lui permettra d’ouvrir un petit coffre enfermant « la carte des pirates qui mènera l’or à Lise ». Quelques jours plus tard, Lise débarque avec sa fille Ana. Pour elle, la place de l’ours est dans un cirque et celle de l’enfant à l’orphelinat. Milo n’a pas du tout l’intention que ça se passe ainsi. Il profite de la nuit pour s’enfuir avec son ours… et sa cousine.
© Sabatier – Michel Lafon La vallée des lucioles est un bien joli conte aux accents d’antan, avec des préoccupations d’aujourd’hui. Milo est un petit garçon orphelin qui va voir sa vie bouleversée par la perte du seul repère humain qu’il avait, à savoir son grand-père. Avant même te tenter de vivre avec lui, sa nouvelle famille ne veut pas en entendre parler. Il n’est même plus ici question de famille recomposée, mais de rejet familial. Certains enfants se reconnaîtront certainement dans l’histoire de Milo dont le courage et la détermination vont être un exemple. Milo montre que chacun peut trouver la force en soi.
© Sabatier – Michel Lafon Boris Sabatier est un graphiste illustrateur qui signe son premier album de bande dessinée solo. On découvre sur son site un projet datant de 2017 intitulé Le cœur de l’ours qui n’a jamais vu le jour, avec le scénariste Pog. Avec La vallée des lucioles, Sabatier réussit à nous offrir une autre histoire d’ours et de petit garçon, avec un grand-père également, mais les similitudes s’arrêtent là. L’auteur écrit et dessine une aventure aux accents de Heidi, de Rox et Rouky, de Bouba et de toutes ces sortes d’histoires. Sabatier met en place dès l’introduction un vrai rôle de méchant, comme dans les meilleures productions Disney, et que l’on retrouvera plus tard dans l’album. Dans un graphisme rond, attendrissant et rassurant, mais inquiétant quand il le faut, il nous amène dans une fuite en avant avec en point d’orgue une sublime arrivée dans la fameuse vallée des lucioles.
© Sabatier – Michel Lafon Fuis, Milo, fuis ! Accomplis ta quête qui, peut-être grâce aux lucioles, permettra à des cœurs de s’épanouir, de s’ouvrir comme des fleurs. La vallée des lucioles est un conte lumineux.
One shot : La vallée des lucioles
Genre : Conte
Scénario, Dessins & couleurs : Boris Sabatier
Éditeur : Michel Lafon
ISBN : 9782749950877
Nombre de pages : 64
Prix : 20 €