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Avenue des CHRONIQUES
- « Je n’ai pas oublié… » Histoires de la Shoah par ballespar Laurent Lafourcade
Les derniers témoins
« -Maman, qu’est-ce qu’on a fait de mal ?…
-Tu n’as rien fait de mal, Chaïm… Tiens-moi fort la main. Je suis là.
-Adieu Salomea…
-Adieu Szymon. S’il vous plaît, commencez par mon fils… Je ne veux pas qu’il me voie…
-Comme tu veux. »
1942, près de Lublin, en Pologne, des soldats allemands ayant envahi le pays raflent la population juive. Les hommes sont déportés dans des camps de travail. Les femmes, les enfants et les vieux sont priés de se déshabiller et de descendre dans une tranchée creusée en pleine forêt par les nazis. Ils y sont abattus comme du bétail avant d’être recouverts de terre. Une horreur innommable. Aujourd’hui, des témoins racontent les massacres qu’ils ont vus, comme Maria, quatre-vingts ans, dix ans à l’époque, qui a vu tant de personnes abattues sous ses yeux. Passé sous silence dans les programmes scolaires, c’est l’histoire de la Shoah par balles. Ce livre en est le témoignage.
© Saint-Dizier, Girard – Editions du Rocher En 2022 et 2023, des étudiants d’Albi et leurs professeurs sont partis en Pologne. Grâce à l’association Yahad-In Unum, ils ont rencontré des témoins de la Shoah par balles et des historiens. C’est de ces rencontres que découlent les faits relatés dans cet album. Les étudiants travaillent sur l’héritage historique européen et la réflexion citoyenne à travers l’étude de cet événement tragique à l’Est de l’Europe. La Shoah par balles est beaucoup moins connue que les chambres à gaz et les fours crématoires. Elle a pourtant fait deux millions de victimes. Malgré le temps qui a passé et le poids des années, les derniers témoins racontent l’indicible.
© Saint-Dizier, Girard – Editions du Rocher Pierre-Roland Saint-Dizier et Christophe Girard apportent un livre-témoignage choc, indispensable œuvre de mémoire. La nature ayant repris ses droits, il ne reste plus que les récits des survivants pour raconter ce qu’ils ont vu. Il n’y a pas d’archives. Il était urgent de recueillir les témoignages avec la question cruciale : Quelle valeur donner au témoignage d’un enfant 80 ans après les faits ? Pour être le plus objectif possible, le journaliste raconteur remonte aux origines de l’invasion de la Pologne par le troisième Reich. Les 10 % de la population juive polonaise se sont trouvés au cœur de la politique exterminatrice nazie. En fin d’album, un cahier pédagogique concrétise encore plus le drame. Les travaux de l’association Yahad-In Unum, organisme de recherche et d’enseignement des génocides et des crimes de masse, et ceux des étudiants chercheurs sont illustrés par les photos de vestiges et des témoins âgés dont les rides sont creusées par le cauchemar.
© Saint-Dizier, Girard – Editions du Rocher « Il a vu les nazis, le massacre des juifs, les balles dans la nuque à bout portant, les enfants traînés comme des chiens, la fosse commune se remplir, la terre bouger au-dessus des cadavres. » Cette phrase glaçante résume le propos. « Je n’ai pas oublié… » Histoires de la Shoah par balles est à ranger à côté d’œuvres majeures comme Maus ou Visages-Ceux que nous sommes.
One shot : « Je n’ai pas oublié… » Histoires de la Shoah par balles
Genre : Histoire
Scénario : Pierre-Roland Saint-Dizier
Dessins & Couleurs : Christophe Girard
Éditeur : Editions du Rocher
ISBN : 9782268109558
Nombre de pages : 150
Prix : 19,90 €
- Rebuild the world 008par Laurent Lafourcade
Tête pensante
« -Je vois que Monsieur n’est pas un grand bavard. Tu veux bien me donner ton nom, au moins ? Notre rencontre est sans doute un signe du destin. Je te ferai l’honneur de le retenir.
-Akira.
-Enchantée. Moi, c’est Nelia. Je me souviendrai de ton nom jusqu’à la fin de tes jours. Profites-en, ça ne devrait pas durer plus d’une trentaine de secondes. »
Est-ce le dernier combat pour Akira ? Face à Nelia, guerrière aguerrie aux lames composées de métal liquide, le chasseur de reliques semble en bien mauvaise posture. Sa combinaison a perdu une partie de ses fonctions. Alpha, son ange gardien, tente de la piloter malgré tout, mais pour pouvoir y arriver, il va falloir gagner du temps, chose que Nelia n’est pas du tout disposée à laisser. Sans spoiler le récit, Akira va se sortir de ce mauvais pas, Nelia aussi, mais pas dans le même état. Si Akira, pris pour un pilleur de reliques, va être arrêté par les forces de défense de la cité de Kugamayama, Nelia est interrogée par un certain Yanagisawa qui cherche à en savoir plus sur le fameux Caïn, qui serait à la tête d’un groupuscule nationaliste de voleurs de reliques.
© Kirihito Ayamura 2022 © Nahuse 2022
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseEpisode de transition pour Akira qui va se trouver proposer une nouvelle mission alors qu’il sort juste d’une passe bien complexe à gérer. Si les combats sont bien mis en scène, l’intrigue avance à petits pas. Comme on l’a dit dans la chronique du tome précédent, on aimerait à présent que l’intrigue se recentre sur les reliques, pour que les lecteurs en aient une vision plus concrète.
© Kirihito Ayamura 2022 © Nahuse 2022
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseC’est avec une certaine virtuosité que Kirihito Ayamura met en scène le face-à-face ouvrant le volume. Il serait presque musical, chorégraphié par un metteur en scène de spectacle. Plus loin, le mangaka montre qu’il est capable de passer d’une tendresse presque érotique à un massacre virtuel, mais massacre quand même.
Une adaptation anime a été annoncée. Rappelons qu’à l’origine Rebuild World est un web novel écrit par Nafuse en 2017. Le roman a après été adapté en light-novel, illustré par Gin. Il est prépublié dans le Dengeki Bunko de ASCII Media Works. 11 tomes sont déjà parus au Japon.
© Kirihito Ayamura 2022 © Nahuse 2022
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition françaiseSans révolutionner le genre, Rebuild the world est une valeur sûre du paysage shonen du moment. Divertissant.
Série : Rebuild the world
Tome : 8
Genre : Shonen Survival
Roman d’origine : Nahuse
Dessins : Kirihito Ayamura
Design des personnages : Gin
Design de l’univers : Yish
Design des machines : Cell
Éditeur : Vega Dupuis
ISBN : 9782379503665
Nombre de pages : 178
Prix : 8,35 €
- Fidjipar Laurent Lafourcade
Liberté, fraternité, fraternité
« -S… Sam ?!!
-Bula, mon pote ! Ça veut dire bonjour en fidjien !
-Mais… Mais qu’est-ce que tu fous là ?
-Je voulais te voir avant Biarritz !
-Merde, j’arrive pas à le croire !
-Direct les câlins ? T’as pas baisé depuis longtemps, toi ! Moi aussi j’suis content de te voir, petit frère. »
Vincent, la trentaine, a tout pour être heureux. Il s’apprête à acheter un appartement en plein Paris avec sa compagne. Il bosse dans une start-up dans la billetterie avec son beau-père qui est prêt à leur prêter de l’argent. Bref, l’avenir s’annonce radieux. Pourtant, l’homme est empreint de mélancolie. Il aurait préféré s’installer à Biarritz, où il a grandi avec son frère Samuel, parti aux îles Fidji. Vincent est nerveux, impulsif. Il va même passer une nuit en garde à vue après avoir balancé une bouteille sur une voiture de flics. Il est sous anti-dépresseur. Il a changé, mais sa chérie n’a pas l’intention de le laisser tomber. Ce ne sera pas réciproque, parce qu’au retour de Sam, il va tout plaquer pour faire avec lui un road trip jusqu’à Biarritz.
© Cano, Goux, Pinchuk – Delcourt Si vous voulez lire une histoire qui ne ressemble en rien à tout ce que vous avez pu ingurgiter jusqu’à présent, cet album est fait pour vous. Fidji est avant tout une histoire de fraternité. Deux frères se retrouvent après un an de séparation où tous leurs codes ont été déstructurés. On ne peut pas dire que leur route sera semée d’embûches, puisque ce sont eux qui les mettront. Entre intrusion illicite, rapine de commerce et rencontres opportunes, Sam et Vincent vont se retrouver, se chercher,… Iront-ils jusqu’à se perdre ? Les auteurs, en tous cas, n’aident pas les lecteurs à s’y retrouver. Mais tout ça est parfaitement conscient.
© Cano, Goux, Pinchuk – Delcourt Jean-Luc Cano prend le prétexte d’un road trip pour un récit d’introspection au plus profond des âmes tourmentées de deux frères. Le scénariste malin n’indique jamais au lecteur vers où l’intrigue va les mener. On s’attend à un récit psychologique. On attend la problématique. On cherche le thriller. Il ne vient vraiment jamais. A quoi bon les Fidji ? A quoi bon Biarritz ? Simplement parce que l’un est de l’autre côté de l’océan de l’autre ? Cano, lui, sait très bien ce qu’il fait. Bien futé celui qui le devinera avant la fin, poignante à arracher des larmes. C’est dans la dernière scène que le lecteur peut ajouter la pièce qui tient l’ensemble du récit et comprendre tout ce qu’il s’est passé jusque-là. Une mise en scène incroyable.
Bien loin des Nains des Guerres d’Arran, Pierre-Denis Goux s’empare de ces destins singuliers, cachant dans les regards les secrets, les angoisses, les joies et les doutes de la fratrie et des personnages qui gravitent autour, comme des dommages ou des sauvetages collatéraux. Le découpage, avec de nombreuses grandes cases, des planches muettes, donne un rythme singulier. L’album doit également beaucoup aux couleurs de Julia Pinchuk qui ouvre et clôt le récit avec un coucher de soleil qui en dit très long. Chaque scène est habillée d’un ton qui marque le moment. C’est dans les livres comme celui-ci que ceux qui douteraient encore peuvent s’assurer qu’une ou un coloriste est un auteur au même titre que les autres.
© Cano, Goux, Pinchuk – Delcourt Fidji est de ces albums où l’on n’est plus tout à fait le même après les avoir lus. Il démontre que la fraternité est plus importante que toute liberté et toute égalité. Encore plus poignant qu’on ne s’attend pas du tout au final.
« Puisqu’on ne sera toujours
Que la moitié d’un tout
Puisqu’on ne sera jamais
Que la moitié de nous
Mon frère….
Bien sûr que rien ne pourra jamais nous l’enlever
Bien plus que tout ce que la vie peut nous accorder
L’amour sera toujours cette moitié de nous qui reste à faire
Mon frère … »
(extrait de la chanson Mon frère, dans Les 10 commandements)
One shot : Fidji
Genre : Emotion
Scénario : Jean-Luc Cano
Dessins : Pierre-Denis Goux
Couleurs : Julia Pinchuk
Éditeur : Delcourt
Collection : Mirages
ISBN : 9782413085409
Nombre de pages : 160
Prix : 22,95 €
- Show-Ha Shoten ! 4par Laurent Lafourcade
Avant l’aller simple
« -Nous vous prions de bien vouloir nous excuser mais ces délibérations ont duré plus longtemps que prévu. Comme tous ces duos étaient très bons, les membres du jury ont débordé d’enthousiasme ! Bref, passons sans plus attendre à l’annonce des résultats !
-Merci ! Voici donc le bulletin avec le nom du vainqueur. Le duo qui remporte ces éliminatoires du 2ème groupe de la région du Kantô pour participer à la phase finale de l’édition 2022 du Kôshien du rire est… »
Azemichi Shijima et Taiyô Higashikata attendent impatiemment les résultats du concours d’humour lycéen auquel ils viennent de participer. Taiyo a réussi à rebondir sur le trou de mémoire de son complice. Mais cela suffira-t-il à passer les éliminatoires du Kôshien du rire ?
A part ça, Taiyo est déchiré entre son père et sa mère qui sont séparés. Malgré tout le temps que ses parents lui ont consacré, il a décidé d’arrêter ses cours d’expression scénique et ses passages à la télévision. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, la phase finale du concours va être diffusé sur le petit écran. Il décide donc de faire face à sa mère et de lui présenter l’alter ego de leur duo « Aller simple pour les cieux ». Alors qu’il craignait sa réaction, elle va être tout autre que ce qu’il imaginait.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2023Le cœur de ce quatrième tome de Show-Ha shoten ! est un flashback sur les années de Taiyo qui ont précédé sa rencontre avec Azemichi. On va découvrir les relations qu’il avait avec Kunugi, son ancien partenaire malheureusement décédé. On l’accompagne dans ses derniers jours avec une émotion intense. Ce sont des instants qui ont fatalement forgé Taiyo. C’est avant tout pour lui qu’il cherche à devenir une star de l’humour.
Akinari Asakura etTakeshi Obata passent en phase introspection. Ce n’est pas que le rire fasse place aux larmes. D’ailleurs, bien que la série ayant pour thème le rire, elle n’est pas foncièrement drôle. Et ce n’est pas cela qu’on lui demande. Les parents de Taiyo d’un côté, son premier camarade de scène de l’autre, sont les deux fléaux de la balance qui ont fait du jeune homme ce qu’il est à présent.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2023Entre les chapitres, le scénariste raconte son expérience dans le domaine des concours d’humour lycéens. Il explique comment il apprenait le texte et la gestuelle des humoristes professionnels. Il témoigne du fait que dans ses passages, seuls 20 % de ses sketchs ont fait rire le public aux éclats et 10 % étaient des gros flops. Il montre enfin pourquoi il n’est pas devenu un humoriste professionnel. Il remet ainsi les pieds sur terre aux lecteurs qui pourraient penser la tâche aisée.
Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
© Akinari, Takeshi – Kana 2023Une des forces de ce manga est qu’il reste dans la réalité. Il ne prétend pas dépeindre un milieu facile d’accès où tout le monde peut réussir. Comme dans la vie, il faut se battre, se dépasser, comme dans une compétition sportive. Et on le fait avec les armes qui nous ont forgés dans notre passé. The Show(-ha shoten !) must go on.
Série : Show-Ha Shoten !
Tome : 4
Genre : Shonen
Scénario : Akinari Asakura
Dessins : Takeshi Obata
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505126478
Nombre de pages : 212
Prix : 7,70 €
- L’homme en noirpar Laurent Lafourcade
Dénonciation de l’inceste
« -Ivan ! Regarde ce que j’ai trouvé ! Il ne me manque plus que Aigle Doré et j’aurai tous les justiciers ailés…
-Super ! Alors tu peux les envoyer se battre contre l’homme en noir !
-L’homme en noir n’existe pas…
-Ça va, c’est bon… Je plaisante… »
Mattéo est un petit garçon tout ce qui semble de plus équilibré. Il vit avec ses parents et son chien dans un pavillon de quartier résidentiel de banlieue. Mais ses nuits sont peuplées de noir. C’est toujours le même cauchemar. Il habite dans un immeuble, une de ces tours aux milliers d’habitants anonymes, et un homme en noir s’approche de lui. Ça le perturbe. Quand il se réveille, en règle générale, il a fait pipi au lit. Sa chambre est un sanctuaire. Les figurines de ses super-héros préférés le protègent. Il vient d’en avoir une nouvelle, Super Faucon, dans l’œuf-surprise que lui a offert son père, comme tous les dimanches ou tous les jours où l’on a envie d’offrir un cadeau à son fils préféré. Après l’école, c’est le temps des retrouvailles avec le chien Tommy, l’heure des devoirs, le dîner en famille, quelques dessins animés, le brossage des dents, puis le moment de retourner dans sa chambre pour la nuit… une nouvelle nuit d’angoisse.
© Panaccione, Di Gregorio – Delcourt L’homme en noir est une histoire qui traite d’un sujet complexe à aborder : l’inceste. Dans les discrets remerciements des auteurs en préface, le scénariste Giovanni Di Gregorio l’annonce : « Cette histoire est librement inspirée de mon expérience personnelle, même si je ne m’en sui rendu compte qu’à la fin. » Avec le récit de Mattéo, loin des Sœurs Grémillet, il exorcise un cauchemar de la réalité dont on ne se remet jamais. Il faut une résilience incroyable. Di Gregorio brouille les pistes en nous envoyant dans des directions qui ne mènent pas droit au bourreau. On est même parfois perdus entre la maison pavillon des jours et l’immeuble des nuits, tant et si bien qu’on se demande parfois où vit réellement la famille de Mattéo. A la fin, comme lui, on assemble toutes les pièces du puzzle pour comprendre la métaphore.
© Panaccione, Di Gregorio – Delcourt Qui aurait pu se douter que le graphisme de Grégory Panaccione pouvait dégager autant d’émotion ? Avec un dessinateur réaliste, il aurait été facile de tomber dans le pathos et le larmoyant, mais sans forcément du recul. Avec le semi-réalisme de Panaccione, on atteint une autre dimension, faussement rassurante pour les jours, étonnamment terrorisante pour les nuits. Les double-planches posent des scènes suspendues. La porte qui se referme sur la chambre vide de Mattéo le matin ou la chute virtuelle au milieu des tours sont des images infiniment puissantes, comme celle, glaçante, de Mattéo, dont on voit les yeux écarquillés dans le reflet de la vitre, apercevant par la fenêtre l’homme en noir debout sur le toit de la maison voisine, tel un croque-mitaine, cigarette à la main, qui lui fait coucou. La couverture synthétise à elle seule le concept d’emprise : le bourreau écrase l’enfant de tout son poids en éteignant son mégot.
© Panaccione, Di Gregorio – Delcourt L’homme en noir est un album témoignage qui peut aider à délier des langues. L’inceste est un crime qui a tendance à culpabiliser les victimes. Si l’album peut aider, même des années après, ne serait-ce qu’une seule personne à dénoncer, il aura atteint son but. Au-delà du message, le livre est scénaristiquement et graphiquement remarquable. Indispensable.
One shot : L’homme en noir
Genre : Emotion
Scénario : Giovanni di Gregorio
Dessins & Couleurs : Grégory Panaccione
Éditeur : Delcourt
Collection : Mirages
ISBN : 9782413082729
Nombre de pages : 128
Prix : 19,99 €
- Le vrai trésor, c’est Bayonnepar Laurent Lafourcade
Dans le cœur et dans le temps de la ville basque
« -Tu as gagné au loto ?
-Beaucoup mieux que cela !… J’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Têtaclic, la boîte qui m’emploie vient de prendre la décision qu’on attendait tous… »
Paris, quatorzième arrondissement. Mais quelle est donc cette nouvelle que Gorka vient annoncer à sa compagne Manon, bouteille de champagne en mains ? Non, non, non, il ne vient pas la demander en mariage. Non, non, non, il n’a pas gagné au loto. Son patron s’étant rendu compte que le télétravail marchait très bien, il a vendu les locaux du siège social. Comme Manon est traductrice et peut donc travailler de n’importe où, Gorka a décidé qu’ils allaient déménager définitivement à Bayonne dans son Pays Basque natal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa blonde n’est pas enchantée. Réussira-t-elle à s’y faire ? Gorka va tout faire pour qu’elle s’y sente bien. Entre le marché des halles et le stade Jean Dauger, le mal de la capitale ne va pas tarder à rattraper Manon. Elle, supportera-t-elle le retour à Paris sans son chéri ? Lui, vivra-t-il sa vie de rêve de bayonnais ?
© George, Viollier – Atlantica Bien évidemment et pour notre plus grand plaisir, non. Les amoureux ne vont pas pouvoir se passer l’un de l’autre. Manon revient. Gorka organise une visite culturelle du vieux Bayonne. C’est en lisant un livre consacré à l’histoire de la ville acheté dans une vieille librairie que le couple découvre, collé entre la couverture et les pages de garde, une lettre d’époque signé Antoine VII, duc de Gramont, pour sa bien aimée Marie-Henriette. Commence alors pour Manon et Gorka une enquête historique. Qui était-il ? En quoi était-il lié à l’histoire de Bayonne ? C’est parti pour un voyage de plus de deux-cent cinquante ans dans le temps.
© George, Viollier – Atlantica Jean-Yves Viollier et Pierre George délaissent momentanément les forces de l’ordre représentées par Manzana et Patxaran pour un voyage empreint d’émotion à Bayonne. L’album se divise en deux parties distinctes : celle de l’arrivée au Pays Basque, avec ses traditions et sa culture, sa multiculture même, puis celle sur l’histoire de la ville au XVIIIème siècle. Connaissant les auteurs, ne vous attendez pas à une histoire trop didactique. L’humour n’est pas oublié. Le basque est libéré et décomplexé. N’est-ce pas Gorka ? Et quel plaisir tout au long de l’histoire de retrouver les lieux familiers. Le marché de Noël et la grande roue, le petit Bayonne, le Musée basque, le trinquet Saint-André, la rue Pannecau, jadis célèbre pour un certain commerce, la librairie de la Rue en pente et ses critiques acerbes pas forcément nécessaires, le Château-Neuf et le cabaret de la Luna Negra : l’immersion est totale. On apprend même des choses. Saviez-vous que Saint-Esprit était à l’origine une ville à part ?
© George, Viollier – Atlantica La prochaine fois que vous arpenterez les rues de Bayonne, ou même si vous le faites pour la première fois, allez-y avec cette BD en mains. Ça vaut mieux que n’importe quel guide touristique. Et si pour un prochain album les auteurs proposaient le pendant pour Biarritz, dont on apprend dans ce livre la différence avec Bayonne ? Maïder Arosteguy, la mairesse, ne serait certainement pas contre. Le vrai trésor, ce sont les albums de Jean-Yves Viollier et Pierre George.
One shot : Le vrai trésor, c’est Bayonne
Genre : Visite historique
Dessins & couleurs : Pierre George
Scénario : Jean-Yves Viollier
Éditeur : Atlantica
ISBN : 9782758805809
Nombre de pages : 52
Prix : 18 €
- Miss Chat 4 – Le chat rebootépar Laurent Lafourcade
Félinspiration
« -Il y a quelques jours encore, ma fille était une virtuose, une petite Paganini… Et son violon est un Stradivarius, le plus cher au monde. A présent, quand elle tente un simple menuet de Mozart, on croirait entendre, excusez-moi, un chat qu’on étripe.
-Comment expliquez-vous ça ?
-On lui a volé son talent.
-Qui ? Comment ?
-Vous êtes là pour le découvrir. C’est vous la spécialiste des cas difficiles. »
Une Rolls-Royce est venue chercher Miss Chat. L’automobile la conduit 100 Lac Toze pour une affaire de la plus haute importance. Elle arrive à Elonmüx, le nouveau parc à riches au nord-ouest de la ville, chez Knut Klikenbom, le Pharaon de la Tech. Elle est reçue par son épouse qui lui expose le problème. Leur fille Klorina était une virtuose du violon. Depuis quelques jours, elle joue comme une casserole. C’est inaudible. On lui aurait volé son talent. Quel qu’en soit le prix, Miss Chat est engagée pour démêler l’intrigue. Y aurait-il un rapport avec la disparition de Bolex, le chat de Klorina ? Pour 50 krotz par jour plus les frais, voilà Miss Chat embarquée dans une enquête bien mystérieuse.
© Jolivet, Fromental – Hélium Jean-Luc Fromental et Joëlle Jolivet ne pensaient certainement pas écrire un best-seller lorsqu’ils ont créé Miss Chat dont voici le quatrième volume. 22 000 exemplaires vendus en trois tomes. Incroyable pour une bande dessinée jeunesse petit format s’adressant aux lecteurs débutants… mais pas qu’eux. Voilà peut-être le secret de fabrication si secret il y a. La dessinatrice Joëlle Jolivet, dans un graphisme dynamique et jeté, est dans l’esprit Lisa Mandel. Fromental s’adresse aussi aux parents. Il parsème son scénario de clins d’œil à plusieurs degrés. Cet épisode raille la high-tech. Knut Klikenbom, le père de Klorina, est le créateur du réseau social Klik Klik qui l’a rendu milliardaire. Il pense que tout s’achète mais ce n’est pas si simple que ça. Dans un autre ordre d’idées, les jumeaux Dum et Dee, ces forbans, rappelleront aux plus anciens Tweedeldum et Tweedledee, popularisés par leur apparition dans Alice au pays des merveilles.
© Jolivet, Fromental – Hélium Miss Chat n’a pas de portable. Les félins sont sensibles aux ondes électromagnétiques. Pour la joindre, il suffit de laisser un message au Polp’z Milk-Bar. Son ami barman Ole les lui transmet. C’est un poulpe. Il lui fait les meilleurs lait-fraise. Dans ses recherches, elle se fait aider par Griselda, sa copine archiviste du Dag Tablet, le plus grand quotidien de la ville. Elle est en fauteuil roulant. Les auteurs démontrent ainsi que quelle que soit sa condition, on a tous quelque chose à apporter aux autres. Au-delà de cette enquête de double disparition, celle d’un talent et celle d’un chat, le sujet majeur de l’album est l’intelligence artificielle. A quoi sert-elle ? Comment s’en servir ? Quelles sont ses limites ? Sans dévoiler le final, avec leur héroïne non connectée, on peut dire que les auteurs ont réussi le challenge de démontrer que l’essentiel est ailleurs.
© Jolivet, Fromental – Hélium Miss Chat n’a pas fini d’enquêter à pas feutrés, ou plutôt à pattes de velours. Après l’IA qui en prend une claque dans cet épisode, quelle sera sa prochaine énigme à dénouer ?
Série : Miss Chat
Tome : 4 – Le chat rebooté
Genre : Enquête
Scénario : Jean-Luc Fromental
Dessins & Couleurs : Joëlle Jolivet
Éditeur : Hélium
ISBN : 9782330190774
Nombre de pages : 64
Prix : 13,90 €
- Les cahiers de la BD Hors-série – XIII Le cycle du Soleil Noirpar Laurent Lafourcade
XIII, un thriller incontournable
« –Je n’aime pas vous voir aller là-bas tout seul, XIII.
-Il faut bien que quelqu’un reste à l’arrière-garde, Major.
-Prenez tout de même ça, je préfère.
-Si dans trois heures je ne suis pas de retour, rentrez à Northshore, contactez Carrington et racontez-lui tout. »
Pour ceux, s’il y en a, qui ne connaitraient pas le bonhomme, XIII est un amnésique soupçonné d’avoir assassiné le président des Etats-Unis. Est-il vraiment le tueur professionnel qu’on lui fait croire qu’il est ? Toute une organisation criminelle gravite autour de lui. Entre magouilles politiques et manœuvres militaires, la quête d’identité de XIII n’est pas un long fleuve tranquille.
© Revival
© Vance, Van Hamme – DupuisLe cycle du Soleil Noir, premier arc scénaristique étalé sur huit albums de la mythique série XIII, reste l’un des récits les plus marquants de la bande dessinée. Rien ne laissait présager que ce héros, qui servait de bouche-trou à Vance en manque de scénario de Bruno Brazil, allait changer le paysage réaliste du neuvième Art. Il était donc logique et naturel que les cahiers de la bande dessinée consacrent un numéro hors-série au phénomène.
Commençons avec un entretien avec Jean Van Hamme. Le scénariste est transparent. Il a toujours dévoilé ses méthodes de travail, et pourtant, jamais personne n’a réussi à faire aussi bien que lui. « Pour le suspense, j’appliquais la technique de Guignol. Guignol ne voit pas le gendarme qui arrive derrière lui, mais tous les enfants le voient et crient : « Guignol, Guignol ! » ». Ça semble si simple dit comme ça, mais il y a en filigrane tout le savoir faire du chef trois étoiles. Il envoie à son dessinateur le scénario complet. Il conçoit chaque tome comme une séquence. Un parallèle est ensuite fait avec les principaux héros créés par le scénariste, des moins célèbres Mr Magellan, Tony Stark, aux célébrissimes Thorgal et Largo Winch. Le titre du chapitre suivant est éloquent : Hommage, plagiat ou inspiration ? Jason Bourne et Jason Fly, même combat ; Jean Van Hamme et Robert Ludlum aussi ? Bien que le belge se dise plus inspiré par la littérature française de Dumas et Leblanc, il y a forcément une filiation.
© Revival
© Vance, Van Hamme – DupuisDans une compilation d’entretiens, William Vance, disparu en 2018, donne la vision de son travail sur XIII, le lent décollage de la série, ses méthodes de dessin, ses inspirations. Douze particularités de sa mécanique graphique sont détaillées, avant de s’attarder sur le visage même de XIII. On revient ensuite à des préoccupations plus matérielles, avec l’aventure éditoriale de XIII qui, peu de gens s’en rappellent, a débuté en juin 1984 dans le journal Spirou. Pour la dernière partie de ces cahiers consacrée aux femmes, quoi de mieux que de donner la parole à Petra ? La femme de William Vance, qui vient tout juste de nous quitter, a été longtemps coloriste de la série, qu’elle voulait incarnées. Des comparatifs noir et blanc / couleurs démontrent leur importance et leur efficacité.
© Revival
© Vance, Van Hamme – DupuisUn focus sur les principaux personnages féminins de la série contrebalance avec la mise en évidence du côté obscur de l’Amérique, espionnage et Ku-Klux-Klan, avant que l’on conclue sur les clins d’œil cachés dans les cases.
Les cahiers de la bande dessinée hors-série sont des petites bibles sur les séries historiques qui y sont traitées. Ceux consacrés à XIII ne dérogent pas à la règle en donnant envie de se replonger illico presto dans la saga culte.
Série : Les cahiers de la BD Hors-série
Tome : XIII Le cycle du Soleil Noir
Genre : Ouvrage d’étude
Rédacteur en chef : Nicolas Tellop
D’après la série de : Vance & Van Hamme
Éditeur : Vagator Revival
ISBN : 9791096119806
Nombre de pages : 128
Prix : 19,90 €
- Les héritiers d’Agïone 1par Laurent Lafourcade
Le deuil de la princesse
« -Tu es déjà morte une fois, tu n’auras pas de seconde chance !
-Je sais ! Je suis jeune et en bonne santé et, pour le reste, je sais me défendre. Je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver de mal !
-Moi, j’ai ma petite idée…
-Qu’est-ce que tu racontes ?
-Eh bien, c’est le roi ! Il est furieux !
-Mon père ? Furieux ?? Qu’est-ce que j’ai encore fait ?
-Ben… Il t’attend. Tu sais, pour les jeux… Tout ça, tout ça…
-Les jeux d’Oranone… J’avais complètement oublié ! »
Nous avons tous droit à une seconde vie en cas de mort précoce, mais il existe une exception : les nouveaux-nés. Trop faibles et trop purs, ils ne ressuscitent jamais, sauf Adalise, celle que l’on nomme la Princesse Cadavre. Aujourd’hui, son père le roi est furieux. Les jeux d’Oranone ont débuté et elle n’est pas là. Elle est attendue à Cendréclat, capitale de Tyriadoc. Elle est accompagnée du jeune Gidéon. Son frère Adel n’est pas franchement ravi de l’arrivée de sa sœur. De plus, c’est aujourd’hui le dixième anniversaire de la mort de leur mère. L’épreuve du jour consiste à combattre un Maudit, un monstre créé à l’image de son trépas, quelqu’un dont la première mort a été si violente que sa renaissance en a été désastreuse. Celui qui réussira à le tuer sera couvert d’or et de gloire.
© Tpiu – Kana 2024 Après des débuts en auto-édition, Tpiu entre dans la cour des grands, chez Kana, avec Les héritiers d’Agïone. Comme chez Elsa Brants, on est dans le médiéval, mais version plus sérieuse. La princesse Adalise Dalmore est la fille du Roi Theneren et de la Reine Sylone, aujourd’hui décédée. Le Roi vit avec sa concubine Adélaïde. Adalise a cinq frères, princes héritiers. Des guerres font rage dans les royaumes de Lyöre, tout autour du pays, mais le roi a décidé de ne pas s’en mêler. De nombreux jeunes gens du peuple seraient pourtant prêts à guerroyer. Heureusement que pour calmer leurs ardeurs il y a les jeux d’Oranone. Il faut bien distraire le peuple pour éviter qu’il ne se mêle de politique. Toute ressemblance avec les jeux olympiques serait purement fortuite (lol). La deuxième partie de ce premier tome est centrée sur la mission que se donne Adalise, pour toujours au secours de l’enfance, celle des autres et la sienne.
Le graphisme de Tpiu est déjà d’une incroyable maturité. Nourrie aux plus grands mangakas, elle démontre que l’on peut s’inspirer sans jamais plagier. Les Maudits ne sont pas sans rappeler les Akumas de Katsura Hoshino dans D-Gray Man. L’univers de Tpiu mêle le médiéval à un fantastique torturé. Le thème principal de la série est le deuil et les frontières de la mort. Adalise cherche à tout prix sa mère, refusant sa disparition. Le twist final va tout remettre en question.
© Tpiu – Kana 2024 Pour accompagner le trailer du lancement de la série, avec l’aide de deux amis, l’autrice a écrit et composé une chanson. On peut l’écouter sur Souncloud : https://soundcloud.com/t8piuart/la-princesse-cadavre.
© Tpiu – Kana 2024 La mangaka Tpiu démarre une série qui s’annonce étonnante. Les deux tomes suivants devraient sortir dans le courant de l’année.
https://youtu.be/NU7Fq8hL5c0?si=jcvedecnxCLmOTFmhttps://www.youtube.com/watch?v=GvBl6ggkd5A
Série : Les héritiers d’Agïone
Tome : 1
Genre : Shonen
Scénario & Dessins : Tpiu
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505116400
Nombre de pages : 200
Prix : 7,70 €
- Guerres d’Arran 4 – La bataille des cités-étatspar Laurent Lafourcade
Exode et résistance
« -Entre, Dalyam. L’émissaire de notre reine n’attendait plus que toi pour parler… En ces temps difficiles, les nouvelles reines de Duhann et Daëdenn se sont entendues pour conduire nos peuples à la forteresse delierre comme autrefois lors de la guerre des goules !
-Et les prisonniers ?
-Les anciens traités sont caducs. Les sylvains n’ont plus à accepter la présence de ces êtres qui souillent notre forêt… «
Le monde craque de toutes parts. Camilia, cette sorcière, s’est auto-proclamée reine des cités-états et commande une armée qui assiège la forêt de Duhann. Les elfes sylvains de la forêt de Daëdenn n’ont pas d’autre choix que de s’allier aux rebelles emprisonnés à Armuhr, mais ce n’est pas l’avis de tout l’état-major elfique. Pour l’instant, ils ont juste une responsabilité envers leurs détenus. Les nouvelles reines de Duhann et de Daëdenn s’allient pour conduire les elfes à la forteresse de lierres. L’elfe Dalyam est chargée de partir en reconnaissance pour repérer où sont postées les armées de Camilia. De son côté, le nain Torun, de retour chez lui, invite ses compatriotes à l’exil en Orient pour éviter un génocide.
© Sierra, Pastore, Jarry, Nanjan, Istin – Soleil Le cycle des Guerres d’Arran tient toutes ses promesses en faisant référence à de très anciens tomes des mondes d’Aquilon, alors nommés Terres d’Arran. On retrouve Dalyam, l’elfe qui a pourchassé et réglé leurs comptes à trois culs-verts évadés des geôles d’Armuhr, dans une région infestée de goules et dans le premier volume d’Orcs et gobelins. Le nain forgeron de la légion de fer, Torun, rentre chez lui après neuf ans d’absence, quand il avait donné sa première leçon de forge au seigneur Redwin, dans le tome 1 de Nains.
© Sierra, Pastore, Jarry, Nanjan, Istin – Soleil L’exode des nains n’est pas sans rappeler la cohorte de gens fuyant vers la zone libre pendant la seconde guerre mondiale. Ces guerres d’Arran apparaissent de plus en plus comme une synthèse des grands conflits du XXème siècle. Les dialogues et en particulier les cartouches narratifs de Nicolas Jarry sont finement écrits, quelques fois sur un ton, dédramatisant avec les situations, que n’aurait pas renié Frédéric Dard, l’auteur de San Antonio. Pour exemple : « Lizi avait décloqué deux chiars, déjà gaillards, qui arquaient avec leur paternel. » David Courtois, valeur sûre de l’univers, a pris en charge le story-board de cet album dessiné par Alex Sierra, lui aussi pièce maîtresse, et Livia Pastore, qui n’en est pas non plus à son coup d’essai. Ajoutons à cela les couleurs de J.Nanjan qui harmonisent le concept créé par le débordant d’imagination Jean-Luc Istin et ces Guerres d’Arran ne peuvent pas décevoir.
© Sierra, Pastore, Jarry, Nanjan, Istin – Soleil La bataille des cités-états marque un tournant dans les Guerres d’Arran. La Résistance se met en place. Bien malin qui pourra prédire l’issu du massacre.
Série : Guerres d’Arran
Tome : 4 – La bataille des cités-états
Genre : Héroïc-Fantasy
Scénario : Nicolas Jarry
Dessins : Alex Sierra & Livia Pastore
Storyboard : Alex Sierra
Couleurs : J.Nanjan
D’après un univers créé par : Jean-Luc Istin
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302096318
Nombre de pages : 60
Prix : 15,95 €
- Trois touches de noir 1 – Quelque chose de froidpar Laurent Lafourcade
Engrenages sanglants
« -Bonjour, je suis…
-Je sais qui vous êtes; la police est passée ce matin pour payer d’avance une chambre pour la semaine.
-La police ? Pourquoi la police ?
-C’est un tueur, papa ? Hein, c’est un tueur ?
-Voyons, voyons ! Ce charmant monsieur me semble bien avenant pour être un meurtrier !
-La tromperie est dans le cœur de ceux qui méditent le mal ! »
1936, Cleveland, Ohio. Il croyait arriver dans un hôtel miteux, Ethan Hedgeway débarque plutôt à la cour des miracles. Une gueule cassée à l’accueil, un pasteur, une beauté unijambiste, un père et son fils, c’est original comme comité d’accueil au Maimed King. Si Ethan débarque là, c’est parce que la police l’y a mis au vert pour une semaine. Il a balancé le parrain de la pègre Frank Milano qui a commencé à se venger sur sa femme en la démembrant. Aujourd’hui, la police espère bien qu’en pistant Hedgeway ils feront sortir le mafieux de sa tanière de Veracruz. Pendant ce temps, un tueur en série sème la terreur dans le quartier pauvre de Kingsbury Run. De quoi raviver la fibre meurtrière d’Ethan. Mais y a-t-il de la place pour deux ?
© Pelaez, Labiano, Maffre – Glénat Avant d’être un polar, Quelque chose de froid est une histoire d’ambiance. Ça commence comme finit Seven. Ça finit comme… Non, ça on ne le dira pas. L’époque n’est pas la même. Nous sommes dans l’Amérique des années 30, celle de la mafia et de la prohibition, celle du silence et du sang. Philippe Pelaez invoque Dashiell Hammett et Raymond Chandler, non seulement sur le fond mais aussi dans la forme. Le scénariste adopte une narration extrêmement écrite, où chaque mot est pensé, dévoilant ainsi des talents littéraires qu’on ne lui connaissait pas. Philippe Pelaez rend hommage au cinéma du même genre, du Faucon maltais au Grand sommeil, de Laura aux Passagers de la nuit. Dans la postface, il revient sur la genèse de Trois touches de noir, conçue comme une trilogie hommage.
© Pelaez, Labiano, Maffre – Glénat Hugues Labiano ne dessine pas le polar. Mieux, il l’ambiance. Entre les ombres, les sentiments passent par les yeux. Les clairs-obscurs jouent les faux-fuyants. Les visages sont marqués, les regards sont empreints de la douleur du poids des passés de chacun des personnages. Au milieu de tout ça, telle Gene Tierney ou Lauren Bacall, Victoria Jordan ne se contente pas d’être la caution féminine, jouant un véritable rôle pivot par rapport à l’ambivalence de caractère d’Ethan. Labiano la pose tout en délicatesse dans ce monde de brute qui ne lui fait même pas peur. Jérôme Maffre ne colorise pas l’album. Il accentue son ton, en niveaux de gris et quelques touches de rouge, si rares et si violentes.
© Pelaez, Labiano, Maffre – Glénat Avec Trois touches de noir, Philippe Pelaez et Hugues Labiano signent le plus bel hommage qui puisse être fait au polar noir américain.
Série : Trois touches de noir
Tome : 1 – Quelque chose de froid
Genre : Polar
Scénario : Philippe Pelaez
Dessins : Hugues Labiano
Couleurs : Jérôme Maffre
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344038109
Nombre de pages : 64
Prix : 15,50 €
- Tifo & Fumi – Mon club, la bière, la famille… dans cet ordre !par Laurent Lafourcade
Ultras foot !
« -Mes chers amis, vous êtes ici présents pour assister à ce duel de binouze fratricide entre… A ma droite Youri Kogorski alias Fumi, et à ma gauche, Marco di Matezzo alias Tifo ! Je rappelle l’objet du duel, le sieur Tifo a accusé le sieur Fumi d’être devenu une chiffe molle depuis qu’il a une femme et des mioches.
-Exactement, une poule mouillée, un canard, un coincoin !
-Je ne suis pas un coincoin ! Et je tiens l’alcool. C’est pour ça que ma nana m’a pas largué après m’avoir trouver à 2h du mat dans le salon, la tête dans une flaque de vomi ! »
Le FC Carquemol n’a pas besoin de se faire de mouron. Le club a dans ses rangs deux supporters on ne peut plus fédérateurs : Marco, alias Tifo, et Youri, alias Fumi. Ces deux-là n’avaient apparemment rien pour s’entendre. Tout les sépare et pourtant ils ont une passion commune, le football. Ils encouragent le même club. Si l’un collectionne les ex, Tifo, l’autre, est père de famille nombreuse : trois mômes dont un bébé. Chacun d’entre eux est habillé en jaune et bleu, les couleurs de Carquemol. Les supporters de Saint-Bridou peuvent raser les murs. En face, on est parés pour leur faire manger le gazon.
© Cazarre, Domon, Landa- CasaBD Il n’y a pas que le foot dans la vie de Tifo et Fumi. Il y a aussi la famille, les gosses ou les meufs, et la bière. Scénariste et dessinateur sont des petits malins. Pour ceux qui n’aiment pas le foot, il y a forcément un centre d’intérêt à l’album qui commence d’ailleurs par un concours de shots. On n’oublie pas la bouffe, mais gare à un excès de sauce samouraï avant un match. M’enfin, il y aura toujours une solution afin d’être dispo pour la rencontre. Tout dans la vie de nos ultras les ramène au foot, des courses au supermarché au mariage, du procès pour violences conjugales à la partie de jambes en l’air. Rassurez-vous, le foot est bien présent au premier degré aussi. Dans le stade, on y est dans une bonne partie de l’album. Les auteurs ne voudraient pas finir le cul pendu.
© Cazarre, Domon, Landa- CasaBD Après Footage de gueule et I want to foot you, parus en 2016 et 2017 chez Hugo Sport, le duo d’auteurs se retrouve pour une troisième variation humoristico-footballistique. L’humoriste et spécialiste du football Julien Cazarre scénarise les gags de Tifo et Fumi qui se moquent avec tendresse et passion des aficionados de ce sport. On ne peut railler bien que ce que l’on aime. Dessinateur de La Sotizerie, l’un des meilleurs concepts humoristiques du moment, Jack Domon installe son style fluide-compatible dans les gradins du FC et chez ses supporters.
© Cazarre, Domon, Landa- CasaBD Les Tifosi peuvent allumer les fumigènes. Le stade est en feu. Le match peut commencer. Allez Carquemol ! Tifo et Fumi ont de quoi vous occuper pendant la mi-temps des matchs de l’Euro : la famille, la bière… et une bonne BD.
One shot : Tifo & Fumi – Mon club, la bière, la famille… dans cet ordre !
Scénario : Julien Cazarre
Dessins : Jack Domon
Couleurs : Aintzane Landa
Éditeur : CasaBD
ISBN : 9782380583984
Nombre de pages : 48
Prix : 16,95 €
- Top 1 1 – Team Bambipar Laurent Lafourcade
Fortnite parodie
« -Chef ! Chef ! On a trouvé !!!
-Vous avez déniché quoi ? Un bazooka ? Des mines ? Des grenades cisaillantes ?
-Non ! On a trouvé… un nom pour notre équipe !!!
-Mais on s’en tape d’un nom d’équipe ! C’est des flingues qu’il faut trouver !
-Mais chef, c’est hyper important le nom d’une team !
-On pourrait se faire reconnaître par les autres équipes et ils nous craindront !
-C’est ok ! C’est quoi votre nom ?
-Les Bambis ! »
Avec un nom d’équipe comme les Bambis, c’est sûr qu’on est parés pour faire Top 1 sur Fortnite ! Non, ne vous y trompez pas, on a bel et bien à faire à une bonne équipe de loosers pour le meilleur… et pour le rire. Tout semblait pourtant bien commencer pour Chef. Faire Top 1, voilà son objectif. Mais pour cela, il faut tout d’abord recruter une fine équipe. Trouvera-t-il les candidats pour humilier les adversaires, les ridiculiser, les mettre plus bas que terre ? Comme il le dit, faire Top 1, c’est devenir un modèle, un exemple, un guide. C’est incarner les valeurs les plus nobles qui soient comme l’altruisme, l’abnégation, le don de soi, pour un monde plus juste, un monde idéal d’amour et de paix. Le casting semblait bien commencer jusqu’à ce qu’un petit problème disons technique n’empêche la plupart des volontaires de rejoindre son équipe, hormis deux bras cassés, Big Gun et Marcel, heureusement pour eux en retard pour le casting… euh… le recrutement.
© Dutto, BenJ, Fuentes – Soleil Avec cette dream team, Chef n’est pas sorti de l’auberge. Marcel a une tête de demi-pastèque. Il a fait sécher son skin que sa maman lui a lavé. Big Gun est en Babygros aux oreilles de lapin et à la culotte de sumo, le torse taché de traces de nourriture, comme un bébé ayant oublié son bavoir. Chaque aventure va se terminer de la même façon. Même principe qu’Iznogoud qui ne parvient jamais à devenir calife à la place du calife : Chef et ses acolytes ne vont jamais parvenir à faire Top 1. Mieux, ils vont même terminer chaque partie façon puzzle. Saut en parachute, attaque de zombies, champignons plus que vénéneux, même quand ils vont s’adonner au street art, ça va mal finir. C’est le concept.
© Dutto, BenJ, Fuentes – Soleil Fortnite est un jeu coopératif en ligne qui est devenu un jackpot financier pour ses créateurs. La plateforme revendique plus de 500 millions de joueurs inscrits de part le monde. Les gameurs s’affrontent par équipes. Un bus de combat les largue sur la « map », la carte du jeu, où ils doivent chercher des armes et des objets pour combattre, se défendre et éliminer les adversaires. Une tempête vient perturber systématiquement le cours du jeu. L’équipe survivante gagne. Ici, ça se dit « Faire Top 1 ». Il était temps que la bande dessinée s’intéresse à ce véritable phénomène de société. Après quelques Comics commerciaux croisant Fortnite avec les univers Marvel et Batman, voici la parodie avec Top 1. On retrouve au scénario l’auteur des impeccables P’tits diables, Olivier Dutto, accompagné de BenJ, et au dessin Alex Fuentes, qui a entre autres signé chez Dupuis la série Perdus dans le futur dont le troisième tome semble perdu dans les couloirs de l’éditeur. Son graphisme particulier sort des sentiers battus, à la manière d’un Artur Laperla, d’un Jean-Claude Poirier ou d’un Fabrice Parme mais sans y ressembler pour autant.
© Dutto, BenJ, Fuentes – Soleil Drôle, l’album parlera bien évidemment plus aux joueurs de Fortnite. Les autres y trouveront un album humoristique classique au côté running gags.
Série : Top 1
Tome : 1 – Team Bambi
Genre : Parodie
Scénario : Olivier Dutto & BenJ
Dessins & Couleurs : Alex Fuentes
Éditeur : Soleil
Collection : Jeunesse
ISBN : 9782302089525
Nombre de pages : 48
Prix : 11,50 €
- Donjon Bonus 3 – Dynasties et magiciens / Donjon Monsters 18 – Noces de fleurspar Laurent Lafourcade
Un jeu de rôles et un Monster
« -Qu’est-ce qui se passe ?
-C’est rien. Herbert et moi avons beaucoup d’ennemis.
-Herbert ?
-Oui, mon mari.
-C’est pas Georges ?
-Non. Et je ne suis pas Mariouchka.
-Pourquoi avoir donné de faux noms ?
-Isis et Herbert, ça ne vous dit rien ? »
Après le précédent Donjon Bonus consacré à la genèse de la série polycéphale, voici, après le premier Donjon Bonus de la même veine, un nouveau jeu de rôles immersif. L’idéal est de réunir cinq protagonistes dont l’un d’eux serait le maître de jeu, comme à la grande époque du Donjons et dragons des années 80. Avant de rentrer dans le grand bain, une aventure dont vous êtes le héros, qui sent bon les vieux Folio Junior, permet d’appréhender les règles. Armez vous de dès à dix faces et de jetons et c’est parti ! Arnaud Moragues, assisté de Pierre Chabosy, mène la partie.
© Trondheim, Sfar, Moragues – Delcourt Si les aficionados des jeux de rôles rentreront aisément dans le concept, tout est écrit pour permettre aux débutants de se l’approprier. La première journée au Donjon se déroule donc en solitaire. A bout de souffle, la tête couverte de boutons, on quitte les marais pour arriver à la tour gigantesque qui nous servait de cap. On y est attendu pour un entretien d’embauche. Il va falloir trouver les bonnes stratégies et mener les premiers combats. Une fois sorti, place aux règles du grand jeu. Il est explicité comment un test permet de situer ses compétences en bagarre, acrobatie, acuité et charme, avant de créer un personnage sous la direction du maître du jeu accessoirement gardien du Donjon. On apprend ensuite comment se bagarrer, comment utiliser ses pouvoirs, ses compétences et ses atouts. Il est question de magie, d’avatars, de trésors, de dynasties, de lieux, de Vaucanson à Clérambard qui parlent bien aux lecteurs de la série, et de bestiaire aussi. Il y a même des règles différentes pour chaque époque du Donjon : zénith, potron-minet, crépuscule, parade, monsters ou bonus. L’imposant album se termine par un scénario d’introduction qui se déroule durant Potron-Minet, intitulé Le stress des examens. Quoi de mieux en période de révision du bac ?
© Trondheim, Sfar, Moragues – Delcourt Pendant ce temps, les personnages continuent à vivre leurs vies sous la houlette de leurs auteurs, au niveau 115 de Donjon Monsters. Andrée, une souris pas de toute première jeunesse, embarque sur son voilier un couple désireux de se rendre sur l’île jaune pour leurs noces de fleurs. Ils se sont présentés sous une fausse identité. Ce sont en réalité Herbert de Vaucanson et son épouse Isis. Déjouant une volée de flèches et un assaut de Vanderbecks, le trio parvient à atteindre l’île malgré le naufrage de leur embarcation. Les morts de l’île se réveillent. De belliqueux crapauds géants se pointent. Isis et Herbert vont vite se rendre compte que la véritable cible des attaques est Andrée. Qui est donc réellement cette dame ?
© Picault, Trondheim, Sfar, Walter – Delcourt Sfar et Trondheim placent ce Donjon Monsters juste après le précédent (Un héritage trompeur) et donc après Donjon Crépuscule et la destruction de Terra Amata. Ils invitent dans leur monde la talentueuse Aude Picault pour un voyage maritime qui va laisser des traces chez nos principaux héros. Sa douce ligne claire et ses aplats de couleurs pastel contrebalancent avec la violence, parfois incontrôlée, de certains personnages. Ça commence comme une croisière sur mer calme au soleil couchant, ça se termine dans du grand spectacle shamanique.
© Picault, Trondheim, Sfar, Walter – Delcourt Plus qu’une série, plus qu’une saga, le Donjon-verse n’a pas fini de se ramifier. L’édifice est solide. Ses maîtres du jeu Sfar et Trondheim nous le prouvent une fois de plus.
Série : Donjon Bonus
Tome : 3 – Dynasties et magiciens
Genre : Jeu de rôles
Textes et conception : Arnaud Moragues, assisté de Pierre Chabosy
Dessins : Joann Sfar & Lewis Trondheim
Couleurs : Enki Dupaquier & Pierre Chabosy
Éditeur : Delcourt
Collection : Humour de rire
Nombre de pages : 288
Prix : 34,95 €
ISBN : 9782413077527
Série : Donjon Monsters
Tome : 18 – Noces de fleurs
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Joann Sfar & Lewis Trondheim
Dessins : Aude Picault
Couleurs : Walter
Éditeur : Delcourt
Collection : Humour de rire
ISBN : 9782413042174
Nombre de pages : 48
Prix : 11,95 €
- Kid Paddle Best of – Jurassic Paddle / Midam L’art du gag / Les modèles mathématiques de Midampar Laurent Lafourcade
Joyeux anniversaire, Kid Paddle !
« -Hé, Kid ! Et si au lieu de jouer à ce bête jeu vidéo, tu rentrais chez toi lire un bon livre !
-Blam ! Blam ! Danse, rascal ! Ça t’apprendra à dire des stupidités ! Blam ! Blam !
-Non ! Je… Je m’excuse !
-Ha ! Ha ! ha ! »
Kid Paddle, Horace et Big Bang se marrent comme des bossus à City Game. Une après-midi à la salle de jeux, c’est toujours mieux que de lire un bon livre… sauf quand on défie Mirador, le patron des lieux. N’est-ce pas, Horace ? S’il en fait voir aux gamins, c’est peut-être aussi parce qu’ils ne lui laissent pas un instant de répit, comme ce jour où ils ont chipé les boules des joysticks des bornes de jeux pour en faire des yeux, des planètes ou un noyau atomique. Si Kid préfère les jeux qui bastonnent et décanillent à qui-mieux-mieux, Horace est porté sur les plus doux comme les papillons à coussins d’airs ou Mimi la fourmi gourmande, quand il n’est pas sur un simulateur de rodéo. Tous les gags de cette deuxième compilation de Kid se passent à la salle de jeux du City Game. Gare à Mirador et à son molosse Radar. Cet album est l’un des trois livres événements qui paraissent à l’occasion des trente ans du personnage geek de Midam.
© Midam – Dupuis Midam L’art du gag est un recueil d’entretiens avec Thierry Tinlot, ex-rédacteur en chef du journal Spirou, à qui Kid doit une bonne part de sa notoriété. Midam y parle de sa méthode de travail. Il explique comment il a développé une mécanique du gag, avec parfois des running gags comme celui, désormais mythique, dans lequel Kid et Horace tentent d’entrer au cinéma pour voir un film d’horreur interdit aux mineurs. L’auteur dévoile ses carnets de notes et parle de son goût pour les sciences. Il explique le rôle de chacun des personnages. En milieu d’ouvrage, Tinlot interroge Benoit Fripiat, longtemps responsable éditorial de Kid Paddle. Retour avec Midam pour une comparaison des règles dévolues à Kid ou à Game Over. Le dessinateur montre ensuite comment il s’est entouré d’un pool de scénaristes. L’un d’entre eux, Patelin, est lui aussi interviewé. Midam raconte son départ et son retour chez Dupuis, l’échec (pour l’instant) de sa conquête de l’Amérique, l’aventure animée ou encore les idées pour le Parc Spirou. Richement illustrée, cette interview fait l’objet d’un beau livre joliment maquetté.
© Midam – Dupuis Tout aussi intéressant mais beaucoup plus pointu, Les modèles mathématiques de Midam, ouvrage signé Daniel Justens, est un examen de l’univers de Kid à travers les mathématiques. N’y voyez pas là quelque chose de pédagogique et de barbant. Justens démontre comment la science a nourri et nourrit encore l’univers du geek. Dans son introduction, l’auteur compare étonnamment et justement le monde de Kid à celui de Charlie Chaplin. Imaginaire délirant et refus de la réalité sont leurs points communs. Chez Kid, l’évasion se fait dans l’univers formaté des jeux et la violence virtuelle. Parmi ses amis, si Horace est le naïf, le candide, Big Bang est le petit génie, représentation enfantine du savant. Le surnom de ce dernier n’est pas anodin. Tout au long de l’album, richement illustré, Daniel Justens, agrégé de maths, aborde l’arithmétique et la numération au travers des discussions entre Kid et ses partenaires. Un chapitre faisant le parallèle avec l’univers de Lewis Carroll sert de transition avec celui sur la notion de modèle mathématique. On parle alors de situations problèmes, de collecte de données, de modélisation, puis résolution et conclusion. Les gags du petit barbare sont basés sur ce modèle. On continuera avec de la géométrie, des sciences, de la théorie des ensembles et bien d’autres concepts physiques et mathématiques, de la radioactivité aux suites numériques. On se prend au jeu à décoder des situations dont Midam, fils d’ingénieur, n’avait peut-être même pas conscience au moment où il les écrivait, comme des réminiscences, ou des « réminisciences ».
© Midam – Dupuis Trente ans, douze millions d’album, deux attractions au Parc Spirou en Provence et une série de dessins animés. Que demander de plus ? Et bien, une expo au musée de la cité de la BD à Angoulême de juillet 2024 à mars 2025. Juste le temps de lire ces trois albums et on y est déjà !
Série : Kid Paddle Best of
Tome : 2 – Jurassic Paddle
Genre : Humour geek
Scénario & Dessins : Midam
Couleurs : Angèle
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
ISBN : 9782808506298
One shot : Midam L’art du gag
Genre : Ouvrage d’étude – Entretiens
Par : Thierry Tinlot
Dessins : Midam
Couleurs : Angèle
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 136
Prix : 25 €
ISBN : 9791034770250
One shot : Les modèles mathématiques de Midam
Genre : Ouvrage d’étude
Par : Daniel Justens
Dessins : Midam
Couleurs : Angèle
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 176
Prix : 25 €
ISBN : 9791034770267
- Spoon & White 6 – XXLpar Laurent Lafourcade
Et pour quelques gélules de plus
« -Dis-moi, White, je croyais que New-York était interdit aux poids lourds.
-Je me fais l’effet d’Hemingway face à un troupeau d’éléphants sur les flancs du Kilimandjaro…
-A propos de pachydermes, le commissaire aurait pu trouver deux autres poires pour sa petite commission ! »
Mais que font les agents Spoon et White de si bon matin devant le magasin Marcy’s dans un quartier commerçant de New-York ? Ils sont tout simplement envoyés là par le commissaire, et pas pour une mission de la plus haute importance, à plus proprement parler : une commission. En effet, à dix heures, est commercialisé le Grem 443, le nouveau coupe-faim des laboratoires Mochy. Deux mille échantillons seront mis en vente. Depuis le milieu de la nuit, des centaines de personnes obèses font la queue devant Marcy’s, pour être certains d’en avoir. Spoon et White vont profiter de leur statut de forces de l’ordre, mais cela suffira-t-il à être servis ?
© Léturgie, Léturgie – Bamboo Plus tard dans la journée, la journaliste Courtney Balconi interviewe en direct à la télévision Barbara Berenbaum, directrice des laboratoires Mochy qui fabriquent les gélules contenant la molécule permettant de réguler l’appétit. Pour l’instant, le labo ne possède pas l’agrément permettant de les produire en grande quantité. Dès que la situation va se débloquer, il y aura de quoi se faire un bon tas de brouzouf ! Sauf que… Sauf que le Grem 33 est fabriqué à partir de la sève d’un cactus utilisé par les indiens Shoshots depuis la nuit des temps. Jack Lanzmahn, le chaman de la tribu, également avocat, a bien l’intention de défendre les intérêts des locaux. La journaliste et nos deux flics vont se trouver mêlés à un trafic autour de ce coupe-faim qui suscite bien des convoitises.
© Léturgie, Léturgie – Bamboo Halte à la malbouffe ! Ce nouvel épisode de Spoon et White lutte contre l’obésité. La société américaine en prend particulièrement pour son grade. Cela montre aussi la souffrance qu’ont ces victimes des fast-foods, des burgers et des fritures bien grasses. Comme d’habitude dans la série, les cases sont bourrées de clins d’œil. Le ravin de Thelma et Louise sera-t-il évité ? Ailleurs, on t’a vu, Big Yakari. Il y a même un personnage qui est plus qu’un clin d’œil : l’indien Oumpipih, digne descendant du compagnon d’aventures d’un certain Hubert de la Pâte Feuilletée. Yann et la famille Léturgie s’en donnent à cœur joie.
© Léturgie, Léturgie – Bamboo Spoon et White est une vision des Etats-Unis à peine parodique. Il ne reste plus que deux albums de la série à rééditer, et il n’y aura malheureusement plus de nouveauté. Quel dommage, parce que, qu’est-ce que c’est bien !
Série : Spoon & White
Tome : 6 – XXL
Genre : Thriller humoristique
Scénario : Jean Léturgie & Yann
Dessins : Simon Léturgie
Couleurs : Julien Loïs
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041100330
Nombre de pages : 56
Prix : 12,90 €
- Bulles de tendressepar Laurent Lafourcade
Douceurs dessinées
« -Je vais peindre quelque chose et tu devras deviner ce que c’est.
-Un arc-en-ciel.
-Comment tu as deviné ? »
Un jeune caméléon peint un tableau à l’abri des yeux de son camarade. Pourtant, il a deviné ce que c’était : un arc-en-ciel. Et pour cause, le petit peintre en a pris la couleur. Un hibou a mal au cou. Pourtant, il tourne la tête à 360°. Un pigeon lui conseille de consulter un médecin… ou un exorciste. Un paresseux se réveille de deux ans de coma. Il demande encore cinq minutes pour finir son temps de repos. Une girafe accuse un lapin de porter ses vêtements sans son autorisation. Il attend des excuses, mais l’écharpe traîne quand même pas mal par terre. Un éléphant a cassé un trampoline. Il ne peut pas mieux se faire pardonner qu’en servant lui-même d’accessoire. Un chien vient de renverser une tasse de café. Il accepte l’aimable aide d’un chat qui se charge de faire tomber la deuxième. Des dauphins ont trouvé une astuce pour allumer des bougies sous la mer. Voici quelques-unes des bulles de tendresse que l’on peut lire dans cet album semblable à une boîte de bonbons doux.
© Colmenares – Hachette Il n’y a pas que les animaux qui sont à l’honneur dans ce recueil. Il y a aussi un Lego, fixé sur son socle, bloqué au lit en fait. Il y a deux vis qui se font tourner la tête. Il y a des ballons de baudruche, dont l’un d’eux est sorti faire la fête : il est sculpté style chien de Jeff Koons. Une agrafeuse est prête à unir deux feuilles de papier pour leur mariage. Une guitare cherche son âme sœur parmi trois candidats potentiels qu’elle ne voit pas. Un nuage tricote un arc-en-ciel. Des crayons de couleurs souhaitent l’anniversaire à l’un de leurs compatriotes. Des planètes se prennent en selfie ou jouent à se faire peur. Des tire-bouchons s’aiment grand comme ça. Une boule de bowling prend un toboggan. Heureusement qu’une quille ramène du renfort pour ne pas qu’elle se blesse.
© Colmenares – Hachette Cent-trente-cinq gags drôles, cocasses, absurdes, tendres et poétiques sont réunis dans ce recueil signé Andrès J.Colmenares. Créateur des webcomics Wawawiwa, il est suivi par cinq millions de fans dans le monde. Son graphisme et son esprit ne sont pas sans rappeler ceux de Chow Hon Lam dans la série Buddy Gator, l’alligator trop kawaï. Colmenares invite à reconsidérer les choses de la vie. Raymond Devos aurait adoré ces saynètes semblables à des haïkus dessinés. La couverture à elle seule donne le ton de tout l’album : un cheval en costume-cravate reçoit une licorne dans son bureau pour un entretien d’embauche mais recale la candidate pour manque de crédibilité.
© Colmenares – Hachette Bulles de tendresse est le type d’ouvrage à ouvrir au hasard. A ne surtout pas lire d’un trait. C’est un livre qui s’apprécie en le picorant. Drôle et doux.
One shot : Bulles de tendresse
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Andrès J. Colmenares
Éditeur : Hachette
ISBN : 9782017252535
Nombre de pages : 144
Prix : 14,99 €
- Une histoire vécue par Louison Bobard 1 – Ronds rouges !par Laurent Lafourcade
Le plein, svp !
« -Mais je n’y connais rien en automobile, vous le savez bien, patron !
-Ecoutez mon vieux, nous sommes tous compatissants… depuis la perte de votre yorkshire…
-Mon bouledogue !
-Vous viviez seul avec lui n’est-ce pas ?
-Depuis 6 ans.
-Nous pensons que vous n’êtes plus en mesure de rédiger la page canine. Je comprends que ça puisse vous être insurmontable…
-Pas autant que de faire la rubrique mécanique. »
Pour Yves Portat-Remington, la perte de son chien est une dure épreuve. Il vivait seul avec lui et les soirées sont à présent bien longues devant les émissions de l’ORTF, sans personne à câliner, sans personne à sortir, même quand c’est sous la pluie. Chroniqueur à la page canine du journal quotidien du soir Le Regard, le patron décide de le transférer à la rubrique mécanique. Trop d’affect pour poursuivre chez les chiens. Le problème est qu’il n’y connaît pas grand-chose. Pas grave, il sera aidé par Louison Bobard, spécialiste dans ce domaine comme dans tous les sports. Ils ne se marcheront pas sur les pieds au bureau. Elle est tout le temps sur le terrain. Aujourd’hui, elle est en plein Paris-Roubaix. Il va aller l’y retrouver.
© Bazile, Magne – Editions du Tiroir Nous sommes en avril 1967. Le Général de Gaulle est au pouvoir. Le néérlandais Jan Janssen vient de remporter « l’enfer du Nord », d’un boyau. Yves et Louison (Yves pensait que c’était un garçon) apprennent à se connaître. Si leur 4×4 n’est pas loin de tomber en panne d’essence, Louison préfère éviter la station BP et attendre la prochaine station Calteix…parce qu’elle collectionne les porte-clefs qu’ils donnent en cadeau, à l’effigie des vedettes yéyé : Claude François, Johnny Hallyday, Sheila et les autres. Il ne lui manque plus que Gainsbourg. En s’arrêtant à l’une d’entre elles, Louison et Yves s’interrogent sur les mystérieux colis non demandés que reçoit le pompiste. Et que sont ces ronds rouges qui sont sur des autocollants et qui apparaissent sur des affiches laconiques en quatre par trois ?
© Bazile, Magne – Editions du Tiroir Ronds rouges ! n’est pas à proprement parler un polar. Il y a un mystère bien sûr, mais pas réellement une problématique. L’histoire est un récit d’époque et d’ambiance. Ça tombe bien, c’est ce que Bruno Bazile sait faire de mieux. Après avoir raconté son enfance dans Hoëdic !, il nous amène en 1967, l’année du Québec libre. Ce premier tome de Louison Bobard a pour principal but de présenter les personnages. Louison a la verve et le dynamisme de Seccotine. Elle roule elle aussi en Vespa, au moins sur la quatrième de couverture. Yves est plus dans l’émotion. Ça ne se faisait pas, surtout pour les garçons, à cette époque. Pour ce qui est de l’intrigue, ce n’est qu’en plein milieu d’album qu’elle se pose. Elle ravira en particulier les amateurs de vieilles cylindrées, parce qu’elle sent bon les flaques d’essence et l’odeur de cambouis.
© Bazile, Magne – Editions du Tiroir Bruno Bazile est l’un des dignes descendants de Maurice Tillieux. Cet album le prouve une fois de plus. Il est le transcripteur d’une époque et d’une ambiance qui ne peut laisser indifférent, en particulier les nostalgiques d’une époque que certains n’ont peut-être même pas vécue. Avec Louison Bobard, en prenant un angle pertinent, Bazile s’écarte des scénarios classiques du genre pour aller plus à la rencontre des événements du quotidien de ce temps-là. Il y a du frais dans le tiroir !
Série : Une histoire vécue par Louison Bobard
Tome : 1 – Ronds rouges !
Genre : Journalisme
Scénario & Dessins : Bruno Bazile
Couleurs : Yves Magne
Éditeur : Editions du Tiroir
Collection : L’aventure
ISBN : 9782931251126
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €
- Les cinq drapeaux 1 – Liberté, égalité, fraternitépar Laurent Lafourcade
Au cœur du siècle
« -Attendons les ordres d’en haut. Va leur demander s’il te plaît.
-A tes ordres !
-Les ordres, ici, c’est moi qui les donne, gamin. Vous attendez quoi, un miracle, peut-être ?
-Capitaine, je n’ai peut-être que dix-neuf ans, mais moi aussi je commande une compagnie. »
9 février 1939. A la frontière franco-espagnole de Portbou-cerbère, le convoi dirigé par la compagnie de Vicente Jiménez-Bravo est arrêté par les troupes françaises qui les dirigent vers un camp de concentration sur un bout de plage en bordure du golfe du Lion. Dans des lieux insalubres, Vicente fait face à la mort. Il l’a sentie tellement de fois auprès de lui qu’il n’en a plus peur. Quelques années plus tôt, en 1936, il vivait en famille à Madrid, jusqu’au jour où il décida de s’engager en prenant les armes pour défendre le gouvernement et affronter les troupes du Général Franco. Il a fait ses armes dans une guerre interne avant d’être mêlé au plus grand conflit mondial.
© Pau – Paquet On le sait dès la première planche, Vicente sortira vivant de la tragédie, ce qui sera loin d’être le cas pour ses camarades. Le préambule se passe à Majorque en 1983. Comme tous les étés, Pau et ses cousins passent leurs vacances avec leurs grands-parents. Vicente, dit Yoyo, c’est leur grand-père. Tous les midis, pendant le pique-nique sur la plage, il leur raconte ses histoires de guerre. C’est donc qu’il en est revenu. Quand il est mort en 1999, la famille a retrouvé dans ses affaires trois vieux cahiers manuscrits dont personne n’avait entendu parler. L’homme avait rédigé ses mémoires dans l’après-guerre, témoignage historique majeur. Le rédacteur les dédie à sa mère et à ses frères et sœurs qui l’ont accompagné par la pensée dans tous les moments de souffrance. Ce sont donc ces cahiers que son petit-fils Pau met en images.
Ça fait quelques années que Pau est lu en France. Après une incursion dans Spirou, il a publié plusieurs albums chez Paquet, dont notamment l’excellente histoire du pilote automobile Curtis Hill. Avec ce premier album des 5 drapeaux, il inaugure une saga historique qui risque de marquer sa carrière en le faisant entrer dans la cour des grands auteurs de bande dessinée.
© Pau – Paquet Dans son univers animalier caractéristique, Pau ne choisit pas la facilité en présentant un récit qui ne se déroule pas dans l’ordre chronologique. Ici, il distingue la période de la guerre civile espagnole, en couleurs classiques, de la période où il est prisonnier de guerre en France dans des pages sépia. On découvrira dans les albums suivants les tons rouges du corps expéditionnaire britannique, le noir et blanc des travaux forcés nazis et les gris de l’esclavage et la répression de retour dans l’Espagne franquiste.
En fin d’ouvrage, un imposant dossier de notes et de recherches assoit le contexte historique.
© Pau – Paquet Laissons le mot de la fin de cette chronique et du début de cette série à Vicente lui-même : « Le plus bel âge de la jeunesse est, sans aucun doute, entre 17 ou 18 et 30 ans. Moi, à cet âge, de 17 à 27 ans, j’ai, on peut le dire, été privé de ma liberté. Pendant toutes ces années, j’ai servi sous cinq drapeaux différents, qui marquèrent mon chemin et ma vie à jamais. » Les cinq drapeaux est, c’est inévitable, à ranger sur la même étagère que Maus.
Série : Les cinq drapeaux
Tome : 1 – Liberté, égalité, fraternité
Genre : Histoire
Scénario, Dessins & Couleurs : Pau
Éditeur : Paquet
ISBN : 9782889324576
Nombre de pages : 112
Prix : 18 €
- Le métier le plus dangereux du monde 2 – Le temps suspendupar Laurent Lafourcade
Tout pour ma sœur
« -C’est assez chaotique, on ne comprend pas tout ce qui se passe, on a du mal à savoir si les héros s’enfuient ou s’apprêtent à se battre.
-Les deux, peut-être.
-Marina, est-ce qu’on sait d’où vient cette porte ?
-Je vous avoue que je n’en ai pas la moindre idée.
-Vous savez à quoi elle me fait penser ? A un pod de téléportation.
-Je vous rappelle quon n’a jamais eu de preuve que ces pods existaient. Ce ne sont que des rumeurs.
-Ah, attendez, quelque chose a franchi la porte… Qu’est-ce que c’est ? Des yeux ? »
Pendant que Louna et Ziad Lefki assistent à la cérémonie des Golden powers récompensant les meilleurs superhéros, leurs parents découvrent leur participation à la télévision, depuis le fast-food familial. Ils ignorent tout de la condition de leurs enfants et regardent, affolés, la fête qui prend un tour dramatique. Un pod de téléportation est apparu dans la salle. Des yeux lançant des lasers surgissent et tirent sur tout ce qui bouge. Les super-héros contre-attaquent. Protégés par l’un d’entre eux, Louna, Ziad et Billie, l’une de leurs camarades, parviennent à s’enfuir par la porte d’où ont jailli les yeux destructeurs. Ils vont se retrouver dans leur monde avant de reprendre une porte qui les fera déboucher sous la mer. Coincée dans un filet de pêche, Louna est mal en point et ne peut atteindre la surface. Sauvée par ses compatriotes, elle n’a toujours pas repris connaissance lorsqu’ils débarquent sur le quai d’une ville à demi détruite.
© Lai, Bocquet, Alquier – Dupuis Après le double tome 1, étant consacré l’un à Louna, l’autre à Ziad, l’aventure continue en commun pour le frère et la sœur. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle démarre sur les chapeaux de roue. Si Louna a toujours voulu devenir super-héroïne, Ziad porte son destin comme un fardeau. Mais pour sauver sa sœur, il n’aura pas d’autre choix que de prendre les choses en main. Avant de mourir, White Noise lui a laissé un rubik’s cube noir et blanc grâce auquel il « trouvera la lumière dans l’obscurité ». Billie, qui les accompagne, n’est pas n’importe qui. C’est la fille de Sudden Impact et de Slow Mo. Sauront-ils unir leurs forces pour sauver Louna ?
© Lai, Bocquet, Alquier – Dupuis Olivier Bocquet s’empare du thème des super-héros pour à la fois lui rendre hommage et en même temps le moderniser en l’ancrant dans l’air du temps. On le sait encore plus depuis leur renouveau sur les écrans, les super-héros, avant d’être les sauveurs de l’humanité, sont aussi des êtres profondément perturbés et dont le pouvoir est aussi un fardeau. C’est certainement pour cela que c’est le métier le plus dangereux du monde. Dans cet épisode, Bocquet positionne Ziad en alter ego du lecteur qui n’a pas d’autre solution que de prendre confiance en lui. Pour Ziad, débute ce qui s’apparente à une quête initiatique. A part lui, le scénariste fait la part belle aux personnages féminins, qu’ils n’hésitent pas à se sacrifier pour protéger autrui, ou qu’ils enquêtent pour démêler l’intrigue. Avec les couleurs de Fabien Alquier, Fabio Lai passe d’une scène à l’autre avec vivacité, dynamisme et pop-attitude. Notons que pour accentuer tout ça, les deux premiers volumes de la série ont été remaquettés.
© Lai, Bocquet, Alquier – Dupuis On pouvait compter sur les univers Marvel et DC. Bienvenue dans le Bocquet-verse pour un reboot du concept même de super-héros. On croyait le thème réservé. Faux, il ne l’est pas, mais il réserve lui-même des surprises dont cette série en est une.
Série : Le métier le plus dangereux du monde
Tome : 2 – Le temps suspendu
Genre : Aventure
Scénario : Olivier Bocquet
Dessins : Fabio Lai
Couleurs : Fabien Alquier
Éditeur : Dupuis
ISBN : 97910347
Nombre de pages : 64
Prix : 12,95 €
- Pilote La naissance d’un journalpar Laurent Lafourcade
Année zéro d’un mythe
« -Tu reviens bientôt, Astérix ?…
-Je serai de retour pour déjeuner, Obélix… »
L’ouvrage s’ouvre sur une préface de Christian Godard, l’un des derniers monstres sacrés de l’âge d’or d’une bande dessinée qui a traversé les générations. Présent dès le numéro zéro, qui mieux que lui pouvait présenter cette enquête sur la création de Pilote ? Le livre dont il est question n’est pas un livre sur l’histoire de Pilote, mais un livre sur sa genèse. L’intérêt en est d’autant plus exceptionnel qu’il nous raconte les coulisses méconnues restées dans l’ombre. Godard raconte sa rencontre avec Goscinny, avant Pilote, le projet de numéro zéro en 1959, leurs travaux en commun, la direction bicéphale Goscinny-Charlier, les conférences de rédaction, le tournant de Mai 68, l’évolution de ses rapports avec Goscinny, son départ du journal, puis son retour quelques années plus tard. Mais avant tout ça, il y avait quoi ?
© Kastelnik, Gaumer, Lemoine, Lebailly – La déviation On découvre dès les premières pages qu’il y a eu un projet Pilote plusieurs années avant celui que nous connaissons tous, porté par un certain François Clauteaux. Fin 1944, avec quelques camarades dont Louis-Martin Tard qui trouve le titre, il pose les bases d’un magazine de reportages et d’enquêtes. La maquette ne convaincra pas. Clauteaux se dirigera après-guerre vers un autre média : la radio et la publicité. Il déniche le jeune Rodolphe, un gamin qu’il utilise dans des publicités et qui plus tard se retrouvera en photo dans Pilote, mais on n’y est pas encore.
© Kastelnik, Gaumer, Lemoine, Lebailly – La déviation Le chapitre suivant raconte les années Worlds, de 1945 à 1956. Cette agence était à l’époque le principal fournisseur de contenu pour les éditions Dupuis. Dirigée par Georges Troisfontaines, y travaillent entre autres Goscinny, Uderzo, Charlier, Hubinon et Jean Hébrard, qui avait failli faire partie de l’aventure Pilote version Clauteaux si ses engagements militaires ne l’en avaient pas empêché. Au final, ce n’était pas grave puisque le projet n’avait pas abouti. On y suit les aventures éditoriales de Pistolin et de Risque-Tout, avant la scission entre des auteurs et un patron trop intéressé qui débouchera sur la signature d’une charte et d’un syndicat d’auteurs. Philippe Charlier, fils de Jean-Michel, apporte son éclairage sur son père dans cette aventure Worlds Press.
© Kastelnik, Gaumer, Lemoine, Lebailly – La déviation Suit l’épopée Edifrance de 1956 à 1958, dont Hébrard sera PDG. Charlier, Uderzo et Goscinny sont de la partie. Ils relancent Pistolin, avec dans l’équipe Hubinon et Martial. Puis, c’est la tentative avortée du Supplément illustré en 1957 qui aurait été destiné à des journaux du week-end, avec un casting plus qu’alléchant dont Jijé, Peyo, Will, Sempé, Franquin ! Les quatre pages du projet sont reproduites en intégralité. Après l’aventure du magazine Radio-Télé, c’est l’arrêt de Pistolin et la raréfaction des productions, parce que les auteurs sont allés voir ailleurs, qui vont grandement diminuer les activités de la boîte qui était devenue Edifrance. Mi-58, voici le retour de François Clauteaux qui sollicite Jean Hébrard.
© Kastelnik, Gaumer, Lemoine, Lebailly – La déviation Nous sommes donc en 1958. L’aventure de Pilote va réellement débuter. Clauteaux, Hébrard, Goscinny, Charlier et quelques autres planchent sur un nouveau projet qui serait le Paris-Match des 10-15 ans. Uderzo réalise une maquette, avec l’aide d’autres auteurs. On peut l’apprécier elle aussi en intégralité. Il va falloir à présent trouver un financement. Dans une seconde maquette, on remarque la planche Le roman de Renart de Goscinny et Uderzo, projet qu’ils devront abandonner puisqu’un autre auteur s’en est déjà emparé chez Vaillant. C’est de la contrainte que naîtra l’idée de génie puisque cela amènera à la naissance d’Astérix à l’été 59. Petit à petit, l’équipe s’étoffe avec l’arrivée de Godard. Des vedettes se préparent : Michel Tanguy et Barbe-Rouge attendent le top départ. Le coin didactique du Pilotorama est en gestation. On est même invités à la préparation de la mythique photo de groupe des auteurs du journal qui se trouvera en une du Pilote numéro zéro, lui aussi reproduit en intégralité, avec les emplacements vides des publicités prévues. Un mystère demeure avec la très hypothétique existence d’un autre numéro zéro avec un enfant Arlequin en couverture.
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Hachette Livre / Goscinny-Uderzo
© Kastelnik, Gaumer, Lemoine, Lebailly – La déviationAprès tous ces préparatifs, c’est le 29 octobre 1959 que paraît le numéro 1 du journal Pilote, le grand magazine illustré des jeunes, à grands renforts de publicités, trente pages reproduites elles-aussi. Georges Guéthary chante Ohé, Pilote !, un indicatif radiophonique pour le magazine. Six semaines plus tard, en raison de déboires familiaux, François Clauteaux quitte déjà la rédaction en chef. Une crise financière touchant le diffuseur met le journal en péril, avant l’arrivée providentielle de Georges Dargaud, mais là, on aborde déjà une autre histoire.
On n’avait pas lu de livre aussi pointu depuis La véritable histoire de Spirou de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault et dont on attend avec impatience le troisième et dernier tome. Le quatuor Christian Kastelnik (qui fait des recherches depuis plus de vingt ans sur le sujet), Patrick Gaumer, Clément Lemoine et Michel Lebailly mène une enquête tout aussi passionnante sur les origines de Pilote. De quoi se replonger ensuite avec délectation dans les imposantes Années Pilote, de Gaumer, parues chez Dargaud.
One shot : Pilote La naissance d’un journal
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Christian Kastelnik, Patrick Gaumer, Clément Lemoine, Michel Lebailly
Éditeur : La déviation
ISBN : 9791096373581
Nombre de pages : 320
Prix : 50 €
- Les Héricornes 2 – La digne héritière de Mûpar Laurent Lafourcade
L’union fait la force
« -Allez, bon sang ! Ça a intérêt à marcher cette fois ! C’est parti ! J’invoque les armes de Mû… et la licorne Kitalpha ! Pas d’armes… et pas de licorne. Pourquoi ça ne fonctionne pas ?! C’est pourtant bien moi… l’héritière de Mû. »
Céleste est une héricorne, une héritière à la licorne. Sa sœur la princesse Astra devait se rendre au temple de la déesse pour lui demander protection, paix et prospérité pour tout le pays. Malade, elle a dû laisser Céleste partir à sa place. Il y a cent ans, leur grand-mère Luna revenait de Lémuria après un long périple. Un siècle plus tard, la mission en incombe donc à l’une de ses petites-filles. Parmi ses camarades de voyage, Izandre invoque sans succès les armes de Mû et la licorne Kitalpha. Elle ne comprend pas ce qu’il se passe. C’est pourtant bien elle l’héritière de Mû. Pendant ce temps, les orcons se mettent en place pour prendre les légataires et leurs licornes dans un guet-apens aux abords de la rivière du tourment.
© Toussaint, Alvarez – Le Lombard Ce deuxième épisode des Héricornes met donc en vedette Izandre. Elle veut prouver à sa patrie qu’elle est une digne héricorne. Pourtant, elle n’est pas arrivée là par hasard. Elle a quand même réussi une série d’épreuves physiques et intellectuelles, surclassant ses adversaires. Si sa famille croit en elle, elle-même est emplie de doutes. Mais avant de pouvoir prendre confiance en elle, elle va devoir apprendre à faire confiance aux autres. Si elle veut imposer Mû comme province puissante de Branévia, elle devra associer son intelligence et sa force à celles de ses camarades de voyage. Bref, elle doit apprendre l’esprit d’équipe. Lorsque les héritières vont invoquer leurs licornes, Izandre va faire une drôle de tête en voyant apparaître Kitalpha, un mini-cheval ailé pas plus haut qu’un poney. Peut-être grandira-t-elle au fur et à mesure que son héritière prendra confiance en elle ? En attendant, on peut parfois avoir besoin de quelqu’un de minuscule.
© Toussaint, Alvarez – Le Lombard Après l’avoir présenté dans le premier tome, Kid Toussaint et Veronica Alvarez développent ce nouvel univers d’heroïc-fantasy. A priori, il semble que chaque volume sera principalement centré sur l’une des héricornes. Après Céleste, c’est donc Izandre qui se retrouve au premier plan. Les héricornes doivent lutter contre les orcons, des guerriers belliqueux n’ayant pas de territoire propre, mais dont certaines tribus se sont attribués des terres non revendiquées par d’autres royaumes. Toute ressemblance avec une situation géopolitique connue n’est peut-être pas fortuite. Ça peut sembler exagéré comme parallèle mais c’est avec des histoires comme celles-ci que l’on peut amener les jeunes lecteurs à se faire une opinion, à réfléchir, à s’interroger. Encore une fois, sous couvert de futilité (ceci dit sans aucune connotation péjorative), Kid Toussaint signe un scénario avec plus de fond qu’il n’y paraît. Ces divers niveaux de lecture n’empêchent pas le divertissement. La dessinatrice-coloriste Veronica Alvarez met du peps et du pop dans l’aventure, dans cette quête de soi sur le thème de l’adolescence, période complexe de transformation des âmes et des corps, où l’on comprend des choses, où l’on se forge une personnalité en devant faire face aux vents et marées.
© Toussaint, Alvarez – Le Lombard Les héricornes sont en piste pour tracer leurs routes et celles de leurs lectrices et lecteurs. Ça sent le succès à bride abattue. Rien ne semble pouvoir les arrêter.
Série : Les Héricornes
Tome : 2 – La digne héritière de Mû
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Kid Toussaint
Dessins & Couleurs : Veronica Alvarez
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808212380
Nombre de pages : 88
Prix : 12,95 €
- Les contes des cœurs perdus 9 – Mitsukopar Laurent Lafourcade
Les brisures de la vie
« -Oscaaaaaar ?! Où est encore passé ce petit courant d’air ?
-Tu m’as appelé, maman ?
-Dis donc, toi ! Tu as disparu sans prévenir !
-C’est parce que j’étais avec ma copine Mitsuko ! »
Oscar, le fils de la nouvelle boulangère du village de Klervi, a une bien drôle de fréquentation. Qui est cette amie Mitsuko avec qui il était ? Sa mère s’inquiétait. Il est tard. C’est l’heure du goûter et il a encore ses devoirs à faire. Mitsuko n’est pas très bavarde. La boulangère l’a aperçue en train de fouiller les poubelles d’en-face alors qu’elle vidait la sienne. Les habitants savent vaguement que c’est une petite orpheline. Sa mère n’était pas d’ici et son père serait Séraphin, le garde-forestier. Les gens la prennent pour une marginale. Toujours est-il qu’elle a des oreilles de renard et qu’une queue du même acabit sort de sa jupe fuchsia. Seul Oscar la considère. Il la fait rire et l’invite même à goûter dans sa cabane. Cependant, il ignore qu’elle a un secret.
© Clément, Leng – Delcourt Neuvième conte des cœurs perdus signé Loïc Clément. Comme pour les précédents, le scénariste écrit une histoire tout en sensibilité, une ode à la tolérance et au vivre ensemble. Avec Mitsuko, il reprend le mythe de l’enfant de la forêt, faisant de la jeune femme une Huckleberry Finn au féminin. Elle fait des incursions en ville où la population ne veut pas trop d’elle. Elle habite une cabane dans les bois avec son père, veuf, un marginal qui n’arrive pas à communiquer avec elle. D’ailleurs, ses oreilles et sa queue de renard, est-ce un déguisement ou de réelles parties de son corps ?
C’est Anne Montel qui a fait découvrir à Loïc Clément le travail de Qin Leng, illustratrice et autrice d’albums pour enfants. Elle a beaucoup travaillé pour la télévision. Elle a illustré des livres, des magazines, réalisé des couvertures, pour des éditeurs du monde entier. Elle vit à Toronto. Séduite par le concept des Contes des cœurs perdus, elle a accepté de dessiner cette fable avec une grande délicatesse. C’est sa toute première bande dessinée, mais elle a déjà un nouveau projet de one shot en route avec Loïc Clément.
© Clément, Leng – Delcourt Mitsuko est une histoire sur l’acceptation de la différence. Ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas comme nous qu’il faut s’en moquer, le chasser ou en avoir peur. Comme le montre la sublime couverture, Mitsuko est un récit de cassures, de brisures, qu’il faudra certainement recoller, au figuré comme au propre. Mitsuko est aussi une histoire sur le deuil, sur la communication pas toujours facile entre ceux qui restent. Entre tous les personnages, seul Oscar pourrait faire le lien, le fil de la vie, par son empathie, par son innocence, par sa simple présence. Souvent, c’est de l’enfance ou des enfants que viennent les solutions. Ha, aussi, il est question d’art dans cette histoire, d’art qu’on laisse en héritage, mais on ne peut en dire plus sans être trop indiscret. Juste que l’art, ça peut sauver des vies.
© Clément, Leng – Delcourt Neuf albums et pas une fausse note. Les contes des cœurs perdus est une série d’anthologie remarquable par ses récits dont aucun ne ressemble à un autre mais où tous sont réunis par une grande humanité.
Série : Les contes des cœurs perdus
Tome : 9 – Mitsuko
Genre : Fable poétique
Scénario : Loïc Clément
Dessins & Couleurs : Qin Leng
Éditeur : Delcourt
Collection : Jeunesse
ISBN : 9782413077404
Nombre de pages : 40
Prix : 11,50 €
- Bianca Castafiore Celle qui rit de se voir si bellepar Laurent Lafourcade
La cantatrice blonde
« -Oui. Je chante ce soir au Kursaal de Klow… Vous plairait-il de m’entendre maintenant ?…
-Très volontiers…
-Ah ! Je ris de me voir si be-e-elle en ce miroir !… Est-ce toi Mar-gue-ri-te ?
-Heureusement, les vitres sont solides !… »
Lorsque Tintin monte dans la voiture de la Castafiore au beau milieu du Sceptre d’Ottokar, ni lui, ni Hergé, ni les lecteurs ne se doutaient qu’il venait de rencontrer celle qui deviendra l’un des personnages les plus mythiques du Neuvième Art. Après la biographie non autorisée signée Albert Algoud, Pierre Bénard, déjà auteur d’ouvrages sur Moulinsart et sur Tournesol, s’attaque à la cantatrice. Contrairement et complémentairement à la disgression humoristique d’Algoud, Bénard analyse objectivement la carrière et le caractère du rossignol milanais, « celle qui rit de se voir si belle » en son miroir.
© Bénard – 1000 sabords « Casse-pieds émouvante, fléau secourable, grande artiste admirée, courtisée… et évitée », Pierre Bénard définit ainsi celle qui finalement apparaît seulement dans neuf albums, dont certains où elle fait des apparitions furtives. C’est dire si la Castafiore a une puissance hors du commun. C’est donc dans la forêt Syldave, au tout début de l’année 1939, que Tintin est amené par la Cadillac de la cantatrice de la Scala de Milan. Il n’y restera pas bien longtemps. Etourdi par son chant, il prétexte avoir oublié quelque chose dans une auberge pour se faire déposer.
© Bénard – 1000 sabords L’auteur de l’essai compare ensuite cette rencontre avec celle faite par Tintin avec les autres personnages principaux de l’univers hergéen. On n’assiste pas à l’instant même du premier regard, ce qui laisse une impression un peu fabuleuse. La Castafiore « naît » dans la forêt, comme un personnage de conte.
Bianca ne peut se passer de chanter. C’est une boîte à musique. Bénard fait remarquer que l’air des bijoux du Faust de Gounod revient comme un écho d’album en album. Si la Castafiore ne peut pas être qualifiée d’affriolante, elle n’en reste pas moins femme, au moins en apparence ajoute l’exégète sans vraiment prendre position par rapport à la théorie d’Albert Algoud selon laquelle ce serait un homme. Lorsque Tintin la retrouve quelques pages plus loin, on assiste à l’une des scènes mythiques de la série où Tintin brise une verrière avant de tenter de prévenir le roi Muskar qu’un attentat se prépare.
La Castafiore reviendra donc épisodiquement dans les aventures de Tintin (et surtout dans les dernières) comme le fameux sparadrap du Capitaine Haddock qu’il n’arrive pas à se détacher des mains. Lequel Capitaine ne manquera pas d’imagination pour établir tout un tas de surnoms à la chanteuse, qui elle-même ne parvient jamais à dire correctement le patronyme du marin. Cataclysme, catastrophe ou autre cataplasme enfleuriront le patronyme de Bianca.
© Bénard – 1000 sabords Dans une minutie impressionnante, Pierre Bénard se demande si elle est une fée ou une sorcière. Entre apparitions salutaires et mauvaises relations, Bianca gère sa carrière. Comment ne pas s’attarder sur cet album hors du temps qu’est Les bijoux de la Castafiore ? Le personnage explose en rayonnant dans le château. Elle y est mélodieuse et culottée. Igor, Irma, le ara, la pie, sont autant d’acteurs déterminants dans ce huis-clos qui fit figure d’album particulier dans la collection des aventures de Tintin. Bénard s’attarde ensuite entre autres sur les rapports entre la Castafiore et le Capitaine Haddock dans un chapitre judicieusement intitulé La signora Haddock. En conclusion, l’essayiste revient sur la personnalité multiple de cette Florence Foster Jenkins dessinée et termine avec une note d’émotion.
« Il faut absolument que je chante ! » dit la Castafiore lors de sa dernière apparition officielle dans Tintin et les Picaros. Chantez, mais n’oubliez pas de lire. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
One shot : Bianca Castafiore Celle qui rit de se voir si belle
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Pierre Bénard
Éditeur : 1000 sabords
ISBN : 9782494744158
Nombre de pages : 142
Prix : 15 €
- La fine équipe 2 – Débarquement à Juno Beach !par Laurent Lafourcade
Le jour le plus long
« -Encore un p’tit dernier, collègue… Euh, comment tu t’appelles, déjà ?
-Fonce-Bouchure, pour vous servir !
-Approche, Fonche-Boussure, maintenant qu’on est cochons comme copains, j’vais te l’dire, mon secret… En Normandie, le 6 juin, va y avoir un grand ravalement, euh non, un grand chambardement, non, zut, euh… »
Mai 1944, à Bricourt-sur-patte en pleine occupation allemande, Fonce-Bouchure arrive à vélo au petit bar de Babette. Une voiture percluse de balles façon gruyère est stationnée devant l’établissement. Elle appartient à Diane, une aristocrate pomponnée, et sa petite troupe, dont Loïc, un ami de longue date, costard-cravate, diplomate au Quai d’Orsay. Après quelques verres de Pousse d’Epine, un nectar local, ce dernier dévoile qu’un événement va se produire le 6 juin en Normandie : les Alliés s’apprêtent à débarquer. « Mais chut, c’est un secret… » Un débarquement, depuis le temps qu’on l’attendait. Faut prévenir Maurice ! La fine équipe décide de filer un coup de main aux alliés. Direction la Normandie ! Il ne faudrait pas que ce traître de quincailler qui a tout entendu au comptoir prévienne l’ennemi.
© Coicault, Fraiscinet, David – CasaBD La double bande, celle de Diane et la fine équipe, vont se diviser en deux. Une partie va partir avec la camionnette Citroën de Maurice pour faire sauter les ponts et ainsi empêcher les nazis d’avancer. Les autres vont rafistoler l’avion qu’ils ont piqué aux boches il y a trois ans. Il y a du boulot. Il est bancal et orné d’une Swastika. Opération bricolage et peinture en perspective, ce qui vaudra au moyen de transport une très originale couleur rose, ceci dit sans spoiler puisqu’on le voit en couverture.
Fred Coicault et Jean-Christian Fraiscinet poursuivent les aventures des personnages issus du spectacle éponyme de plein air joué chaque année, en juin, à la ferme théâtre de Bellevue, à Villentrois-Faverolles en Berry dans l’Indre, fresque humoristique sur la résistance. Le scénario écrit à quatre mains est mené tambour battant et l’histoire se lit à la vitesse des événements. La lecture s’accélère sans qu’on ne puisse rien y faire. C’est étonnant. On est en pleine immersion. La scène de l’avion de la fine équipe le Day-D est un grand moment d’action et d’humour comme on en fait peu. On se surprend à rire tout fort. Les dialogues sont finement écrits. Audiard n’aurait pas renié certains d’entre eux. L’émotion est également au rendez-vous lorsque la camionnette des dynamiteurs traverse le village dévasté d’Evrecy. Au dessin, Coicault est de ces dessinateurs au style franco-belge de la meilleure époque. Ça pulse.
© Coicault, Fraiscinet, David – CasaBD La série est aussi un hommage à de grands films du cinéma français. Quand les « plastiqueurs » s’occupent de dynamiter les ponts, on ne peut s’empêcher de se remémorer à la réplique culte de La septième compagnie : « Le fil rouge sur le bouton rouge, le fil vert sur le bouton vert. » Ici, elle n’y est pas, mais les protagonistes ne sont pas tout le temps plus adroits. Quand il est question de bouquet de marguerites, on aperçoit case suivante Fernandel et la justement nommée Marguerite de « La vache et le prisonnier ». Il y a aussi Bourvil, tout droit sorti du Mur de l’Atlantique. Clin d’œil également à Charles Trenet, à Roch Voisine (incroyable !), ainsi qu’à Benny Hill dans une dynamique et dynamitée scène de poursuite comme on en voyait en fin de chaque épisode sur la musique Yakety Sax de Boots Randolph et James Rich.
© Coicault, Fraiscinet, David – CasaBD A présent que la France se libère, on espère que La fine équipe n’a pas fini d’en découdre avec les troupes allemandes. Qui sait ? Peut-être qu’on les retrouvera quelques mois plus tard à la capitale ou bien en Allemagne au Nid d’Aigle ? En attendant, fêtons avec eux les quatre-vingt ans du débarquement.
https://youtu.be/yW9bCMACnR8
Série : La fine équipe
Tome : 2 – Débarquement à Juno Beach !
Scénario : Fred Coicault & Jean-Christian Fraiscinet
Dessins : Fred Coicault
Couleurs : Sophie David
Éditeur : CasaBD
ISBN : 9782380584837
Nombre de pages : 48
Prix : 15,95 €
- Barcelona, âme noirepar Laurent Lafourcade
Il était une fois en Espagne
« -Le gamin ! Que quelqu’un éloigne le gamin !
-Faut pas qu’il voie sa mère comme ça !
-Allons, Carlitos. J’ai fait de buñuelos. Viens, j’te dis !
-Je m’en occupe, Cecilia !
-Ah, Don Alejandro, Dieu vous bénisse ! Vous arrivez à point nommé ! »
1948. Carlos Moreno Vargas est un jeune homme qui vient de quitter l’Espagne pour la France, espérant y trouver du travail. Dans le compartiment, une dame, Jocelyne, lui propose de travailler pour elle dans son épicerie à Perpignan. Quand ses camarades lui demandent d’où lui vient cette cicatrice qui traverse la paume de sa main gauche, Carlos repense à ce jour où, à Barcelone, il découvrait à huit ans le cadavre de sa mère, assassinée, dans les décombres de sa maison. Il était encore enfant. Son père, lui-même épicier, ne pouvant être très disponible pour lui, la riche famille catalane de Don Alejandro lui offre un second foyer. C’est là où il va lui-même se lacérer la main, tout comme le bas-ventre de sa mère était lacéré d’une croix. Elle n’est que la première victime d’un tueur en série. Il grandit dans une Espagne franquiste avant de quitter son pays natal pour la France où il ne restera pas longtemps. Son père le rappelle. S’il savait…
© Lapière, Jakupi, Pardo, Pellejero, Torrents – Dupuis Comme souvent, c’est dans des périodes politiques troubles que les tueurs en série profitent des désordres publics pour œuvrer. Ils deviennent alors le symbole d’une société sous emprise, en l’occurrence le fascisme franquiste espagnol. Il faudra plus à Carlitos pour l’empêcher de tracer son destin. Il va se marier avec Paula, la fille de Don Alejandro, après s’être enrichi grâce à un trafic de marchandises entre la France et l’Espagne. Il deviendra un riche industriel catalan, n’hésitant pas à s’intégrer du côté obscur de la ville en devenant l’un des principaux artisans de la pègre barcelonnaise. En suivant le destin de Carlitos, on assiste à l’éclosion et au crépuscule d’une époque meurtrie de l’Histoire de l’Espagne, au milieu des politicards, des flics, des putes et des gangsters.
© Lapière, Jakupi, Pardo, Pellejero, Torrents – Dupuis Denis Lapière et Gani Jakupi écrivent une fresque familiale dense. Prévu à l’origine pour une série de six albums, le projet a été reformaté pour un long one-shot publié la prestigieuse collection Aire Libre. Ça se ressent tellement les personnages sont nombreux, avec chacun une personnalité bien définie. Si on regrette la longueur qu’aurait pu prendre la saga collégiale, l’histoire a certainement gagné en efficacité. A la manière des romans d’Armistead Maupin faisant de San Francisco l’héroïne de ses récits, dans un tout autre style, c’est ici Barcelone qui est le personnage principal.
© Lapière, Jakupi, Pardo, Pellejero, Torrents – Dupuis Trois dessinateurs se partagent les illustrations dans une unité parfaite. C’est le manque de disponibilité de Ruben Pellejero (à cause de sa reprise de Corto) qui a conduit au reformatage du projet. Il a cependant pu y participer aux côtés de Martin Pardo et de Eduard Torrents.
Histoire de filiation, histoire d’héritage lourd à porter, histoire de secrets lourds à cacher, Barcelona, âme noire est une histoire dans l’Histoire. Sergio Leone aurait pu en faire un Il était une fois en Espagne.
One shot : Barcelona, âme noire
Genre : Polar
Scénario : Denis Lapière et Gani Jakupi
Dessins & Couleurs : Martin Pardo, Ruben Pellejero & Eduard Torrents
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 9782800162218
Nombre de pages : 148
Prix : 27,95 €
- Là où gisait le corps / Damn them all 1par Laurent Lafourcade
Desperate Detectives
« -Police ! Bouge pas, petit merdeux !
-Hé, mec… C’est pas ma faute… Ils me…
-Ferme ta gueule. Qui a commencé, je m’en tape… Le problème, c’est toi.
-Héé ! »
Pelican Road, été 1984. Une rixe oppose trois jeunes gens. Karina reproche à Sid de l’avoir larguée. Tommy s’en mêle. Sid gifle Karina. Tommy s’interpose. Sid lui explose la face. « On se sent impuissant quand la violence se déchaîne. Sauvé par le gong. Palmer, le flic du coin, se pointe et met les choses en ordre en ordonnant à Sid de se casser sous peine de l’envoyer en taule pour trafic de crack ou de coke. Missis Wilson, la commère du quartier, a tout vu, tout comme Toni, la femme délaissée du Docteur Ted Melville, psychiatre de son état. Mais elle n’est pas si délaissée que ça parce qu’elle se réchauffe dans les bras de Palmer. Ajoutons à tout ce petit monde Lila Nguyen, une gamine déguisée en super-héroïne qui fourre son nez partout, Ranko, un vétéran sans abri, et Jack Foster, un détective privé qui pose des questions auxquelles tout le monde n’a pas forcément envie de répondre.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Changement d’ambiance avec Damn them all. Place au thriller ésotérique. Oncle Alfie est mort. Sa nièce Ellie Hawthorne est détective de l’occulte. Elle est aussi révérende et s’est chargée des obsèques de son tonton. Ne quittant jamais son marteau, elle croît à toutes les superstitions. La bande de mafieux de Frankie Wax tient les rênes de la ville. Mais quand les soixante-douze démons de l’Ars Goetia se déchaînent, il va bien falloir que quelqu’un se charge de les renvoyer dans leurs foyers. Ellie Hawthorne va tenter de remplir la mission, aidée, ou pas, par la bande de Frankie Wax afin de renvoyer les esprits de la dimension des mortels, avec au milieu de tout ça une inspectrice qui, comme le lecteur, essaye de comprendre ce qui se passe.
© Spurrier, Adlard, Dodgson – Delcourt Les Desperate Housewives de Wisteria Lane n’ont rien à envier au microcosme de Pelican Road. Le scénariste Ed Brubaker offre un nouvel exercice de style incroyable. Commençons par le titre, énigmatique, « Là où gisait le corps ». On s’attend à un whodunit tout ce qu’il y a de plus classique. Et bien non. Le corps va mettre 102 pages à apparaître. Toute la première partie est comme un puzzle que l’on commence en assemblant tous les contours. Un plan des lieux est placé en introduction, ainsi que les portraits des neuf principaux protagonistes du récit. On se plaît à essayer de deviner lequel d’entre eux sera le fameux corps, à moins que ce ne soit quelqu’un d’autre qui n’y est pas représenté ? Les personnages s’adressent aux lecteurs comme si ces derniers les interrogeaient. Après avoir découvert le final, désarmant, dans la postface, Brubaker expose sa démarche scénaristique. Ce type est un génie. Au dessin et aux couleurs, le père et le fils Phillips imposent leur style. Si le graphisme est irréprochable, il reste classique mais est transcendé par une colorisation qui prend une importante part artistique à l’album, avec ses aplats et ses ombres qui déstructurent parfois les images.
© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt Avec Damn them all, à la manière de Robert Kirkman, le scénariste Simon Spurrier profite du sujet pour dénoncer des problématiques sociétales, et en particulier une Amérique gangrénée par une violence inouïe et la consommation de drogues dont tout le monde est responsable mais dont les coupables ne sont pas forcément qui l’on croit. Spurrier insuffle un côté ésotérique majeur au récit, intercalant des extraits d’archives d’Alfred Hawthorne, immergeant dans la mythologie démoniaque. Les zombies de The walking dead laissent place aux démons de l’Ars Goetia. Charlie Adlard relève le défi en les animant avec autant de tension que les zombies. Ce qui est étonnant, c’est de voir ses dessins en couleurs. Il faut dire qu’elles sont quasiment nécessaires pour mettre en vie ces forces de l’au-delà. Avec des effets colorimétriques stroboscopiques, Sofie Dodgson les met littéralement en relief.
© Spurrier, Adlard, Dodgson – Delcourt Charlie Adlard a redonné ses lettres de noblesses au Comics américain avec The Walking Dead. Il se remet en question et enfonce le clou, ou plutôt le marteau, avec Damn them all. Les auteurs de Reckless nous avaient déjà épatés avec Night Fever. Avec Là où gisait le corps, le trio Brubaker-Phillips-Phillips s’installe définitivement dans la liste des auteurs majeurs de la bande dessinée internationale. On pourrait inventer pour eux le premier grand prix d’Angoulême décerné à un groupe d’artistes indissociables.
One shot : Là où gisait le corps
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Ed Brubaker
Dessins : Sean Phillips
Couleurs : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Comics
ISBN : 9782413083054
Nombre de pages : 144
Prix : 17,95 €
Série : Damn them all
Tome : 1
Genre : Thriller ésotérique
Scénario : Simon Spurrier
Dessins : Charlie Adlard
Couleurs : Sofie Dodgson
Éditeur : Delcourt
Collection : Comics
ISBN : 9782413082668
Nombre de pages : 188
Prix : 16,95 €
- John Rimbaud 1 – Une saison en enferpar Laurent Lafourcade
Over the Rambo
« -Je dois reconnaître que les missions spéciales me manquent, mon colonel !
-Ah, ah, ah ! Sacré John ! Eh bien, figure-toi que je suis venu t’en donner une, de mission !
-C’est vrai ? »
Reclus en pleine jungle, John Rimbaud s’occupe pendant sa retraite. Alors il pose des pièges partout, il tape sur plein de méchants, il sauve des gentils, il rattrape les bêtises de son éléphant Victor. Comme les missions spéciales lui manquent, lorsque le Colonel Troup arrive en hélicoptère pour lui en proposer une bien particulière qui pourrait être la plus éprouvante de sa carrière, il n’a même pas peur. Rimbaud se voit confier l’éducation de Jeanne, la propre fille du colonel. Elle a l’air ravie ! Elle voyait le héros militaire plus beau et mieux habillé. Elle préfère l’éléphant. Et puis, difficile de capter du réseau. Qu’à cela ne tienne ! Le paternel repart, laissant sa rejetonne dans les mains de l’aventurier. Entre les deux, ça va être « Je t’aime, moi non plus… »
© Dab’s, Gom – Bamboo Dans la catégorie « BD dans la jungle catégorie humour », on n’avait jamais rien lu d’aussi chouette depuis Boulouloum et Guiliguili, rebaptisée plus tard Les jungles perdues, par Mazel et Cauvin. Le mini-Tarzan et son gorille laissent ici place à un ersatz de Rambo, cent kilos de muscles, le cerveau formaté pour survivre mais faut pas lui en demander plus, et son exact opposé, son alter ego antinomique, une gamine dont la vie se résume à son smartphone. Troisième pilier de ce duo, l’éléphant Victor joue le rôle de la coccinelle de Gotlib ou du chat de Léonard. La bestiole est à mourir de rire, se brossant les défenses avec du dentifrice ou cassant une liane à cause de son poids. Quelques vilains méchants pas beaux mettent un peu de piment en ajoutant, s’il en fallait, du danger dans ce milieu hostile.
© Dab’s, Gom – Bamboo Après Tony et Alberto, puis Nino et Rebecca, Dab’s créé un nouveau duo complètement barré. Comme d’habitude dans ses images hyper dynamiques, les coups, les chutes et les bosses pleuvent de tous côtés. Dab’s, c’est le Tex Avery ou le Chuck Jones du franco-belge. Même si l’on se contentait de regarder les images sans lire, on est morts de rire. Contrairement aux autres séries, l’auteur se lance pour la première fois dans la grande aventure. Il aime les films de Stallone et de Bruce Willis, sinon il n’aurait jamais pu imaginer les aventures de John Rimbaud. Pour autant, le personnage n’est pas un Rambo qui ferait de la poésie. Chez lui, ce sont les uppercuts qui riment entre eux.
© Dab’s, Gom – Bamboo Avec Crash Tex, série de gags publiée dans Spirou et dont on espère un album, et John Rimbaud, Dab’s tient là deux séries qui pourraient bien devenir des best-sellers. Même si on a mal pour ses héros, on a un plaisir sadique à les voir prendre des coups et en donner.
Série : John Rimbaud
Tome : 1 – Une saison en enfer
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Dab’s
Couleurs : Gom
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9782818989005
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
- Les aventures de Spirou et Fantasio Classique – La baie des cochonspar Laurent Lafourcade
Spirou enfin à Cuba
« -Quel temps de chien ! Quand je pense qu’à l’heure qu’il est, cette peste de Seccotine se dore la pilule à La Havane !
-Cesse de râler, veux-tu ! Réjouis-toi plutôt qu’on nous ait confié ce reportage : avec la présence de Castro, ce sommet de l’ONU promet d’être historique ! »
Spirou et Fantasio débarquent à New-York afin de couvrir un historique sommet de l’ONU, avec la présence du cubain Fidel Castro. Pendant ce temps, Seccotine est sur place à La Havane pour comprendre comment se passe la révolution au quotidien. Pour les uns, comme pour les autres, rien ne va se passer comme prévu. A peine arrivés à l’aéroport, Spirou et Fantasio retrouvent l’agent Longplaying, qu’ils ont rencontré deux ans auparavant dans l’affaire du prisonnier du Bouddha. Ils lui apportent le générateur atomique Gamma amélioré par le Comte de Champignac. L’appareil émet un rayon qui peut déplacer des objets et accélérer la croissance des végétaux. Pris pour un agent américain de la CIA, Spirou est enlevé par les cubains. De son côté, quelques jours plus tard, Seccotine rencontre Che Guevara qui l’invite à une fête organisée par Castro pour l’anniversaire de son fils Fidelito. Elle va y retrouver par hasard Fantasio, déguisé en clown, ainsi que Spip et le Marsupilami, qui recherchent la trace de Spirou.
© Elric, Baril, Lemoine – Dupuis Un album de Spirou avec le groom absent pendant exactement la moitié de l’histoire, il fallait oser. Les auteurs donnent la vedette à Fantasio et Seccotine, qui jouent un duo d’enquêteurs-aventuriers bien complémentaires. En guests, Spip et surtout le Marsupilami jouent leurs rôles d’acolytes en toute discrétion mais efficacité quand il le faut. Gare à qui se prendra la queue du Marsu en pleine poire quand il s’agit de défendre ses maîtres. Les personnages vivent la marche du monde. Ils vont être les acteurs malgré eux du débarquement raté à Cuba, à la baie des Cochons, par la CIA en 1961, pour faire tomber Fidel Castro. Les lecteurs du journal Spirou auront été chanceux. Pour honorer ce revival Spirou époque années 60, les lecteurs de l’hebdomadaire ont bénéficié d’une couverture sublime, à la couleur du magazine à l’époque, avec une demi-planche introductive à l’histoire qui n’apparaît pas dans l’album
© Elric, Baril, Lemoine – Dupuis Après avoir repris Iznogoud avec talent, Elric entre dans la maintenant longue liste des dessinateurs de Spirou avec tout autant de professionnalisme. Dans un style franco-belge de la meilleure tradition, il s’empare de l’univers de Franquin période début des années 60. Certaines attitudes du Marsu semblent tout droit sorties des Pirates du silence ou du Voyageur du Mésozoïque. Outre à Franquin, l’œil aiguisé remarquera des clefs d’œil appuyés à Hergé, avec un Fidelito qui n’a rien à envier à Abdallah, à Uderzo, avec un coq qui réveille un campement et qui a l’air de venir d’un village gaulois, ou encore à Morris, avec un chef rebelle qui, à part le nez, à tout dans l’attitude et les costumes de Lucky Luke. Au scénario, le trio Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril offre une vraie grande aventure. C’est là qu’on voit que les 62 planches, c’était quand même beaucoup plus dense et efficace que les 44. (Raisons économiques, quand vous nous tenez !) A part quelques raccourcis un peu abrupts comme l’enlèvement de Spirou où on a l’impression qu’il manque des planches, ils s’en sortent fort bien. Pas de temps mort. On fonce. Ils prennent le risque d’introduire des personnages historiques ayant existés (Le Che, Castro, JFK) ancrant l’histoire dans son temps. Ça fonctionne. Yann et Schwartz, ainsi que Bravo, l’ont bien fait.
© Elric, Baril, Lemoine – Dupuis Dans un album qui n’a jamais vu le jour, Tome et Janry avaient prévu d’envoyer Spirou à Cuba. Quelques années plus tard, mais quelques années avant, sous une couverture à mi-chemin entre celle du Prisonnier du Bouddha et celle de Z comme Zorglub, cette histoire se situant justement entre les deux, Elric, Lemoine et Baril ajoutent cette pièce manquante au puzzle dans une toute autre intrigue inaugurant une nouvelle série Spin-off de Spirou : Les aventures de Spirou et Fantasio classique. La collection intègrera la réédition de Spirou chez les Soviets par Tarrin et Neidhardt (scénariste du prochain Tuniques bleues, soit dit en passant). Sont déjà prévus un nouvel album de Tarrin sur scénario de Trondheim, ainsi qu’un autre album du trio de La baie des cochons avec Zorglub. Un beau programme en perspective.
Série : Les aventures de Spirou et Fantasio Classique
Tome : La baie des cochons
Genre : Aventure
Scénario : Elric, Clément Lemoine & Michaël Baril
Dessins & Couleurs : Elric
Éditeur : Dupuis
ISBN : 97828008501941
Nombre de pages : 64
Prix : 12,95 €
- Sophia Stromboli – Ciao poulette !par Laurent Lafourcade
Après Natacha et Rubine, Walthéry présente Sophia
« -Attenzione ! Voilà la patronne !
-Capitaine !
-Qu’est-ce que vous avez à me regarder comme ça ?
-Moi ?… Mais… Heu…
-Personne n’a touché au corps ?
-Personne ! Le légiste est en route ! »
Côte italienne, le corps d’une jolie blonde est découvert sur une plage. Les carabinieris sont déjà sur place. Sophia Stromboli, leur Capitaine, arrive. C’est toujours les jours où elle n’est pas en service que l’on découvre un cadavre. Sur celui-ci, elle trouve une photo d’elle en uniforme. C’est alors qu’elle aperçoit un observateur caché derrière un pin. Elle le pourchasse, chute lourdement. Il la laisse inanimée avant de se volatiliser. Quelques jours plus tard, alors que Sophia est toujours dans le coma, son amie la journaliste Sandra Ricci prend les choses en main pour retrouver Midas, un tueur en série qui s’était fait oublier et qui semble bien de retour. Entre flics et mafieux, il va falloir beaucoup de perspicacité pour déjouer les faux-semblants.
© Walthéry, Taymans, Taymans – Editions du Tiroir Après Natacha et Rubine, François Walthéry lance-t-il encore une nouvelle série ? Ce n’est pas lui mais son ami André Taymans qui est à l’initiative de ce qui est pour l’instant un one shot : Sophia Stromboli. Lancée à l’origine dans le périodique L’Aventure, l’histoire est dessinée à quatre mains. Taymans crayonne, Walthéry encre en y ajoutant sa patte. La symbiose est impeccable. Taymans écrit un récit qui se rapproche de l’univers de Rubine mais avec une touche de la personnalité des personnages de Caroline Baldwin, comme s’il se plaçait à mi-chemin entre les deux univers. Le journal L’Aventure ayant cessé de paraître, André Taymans demande un coup de main à sa fille Johanna, déjà co-scénariste d’un épisode de Caroline Baldwin, d’imaginer la conclusion de Sophia Stromboli. Elle invente alors un plan validé par les co-dessinateurs.
© Walthéry, Taymans, Taymans – Editions du Tiroir L’univers de Sophia Stromboli est moderne et dans l’air du temps. Sandra Ricci n’est pas une simple journaliste, c’est la compagne de la flic. Ici, personne n’est ni tout noir, ni tout blanc. Ricci côtoie un monde mafieux qui à la fois la protège et à la fois lui permet d’avancer dans son enquête. Sous les traits de Lino Ventura, le justement dénommé Lino a ce rôle d’ange gardien, ou plutôt de diable gardien, car le père de Sophia était des leurs. La traque de Midas va se clore dans cet album, mais on va bien que des indices sont laissés, ne demandant à l’univers qu’à être développé dans une série. Le livre se termine par un making of. Le format à l’italienne donne une dimension originale et peu commune à cette histoire dont le personnage titre est quand même absent pendant la majeure partie du temps.
© Walthéry, Taymans, Taymans – Editions du Tiroir Ciao poulette !, l’énoncé sonne comme un au revoir. On a plutôt envie de dire Hello à Sophia Stromboli, qu’on attend on l’espère dans d’autres enquêtes où elle serait vraiment sur le devant de la scène.
One shot : Sophia Stromboli – Ciao poulette !
Genre : Thriller
Scénario : Johanna & André Taymans
Dessins : François Walthéry & André Taymans
Éditeur : Editions du Tiroir
ISBN : 9782931251096
Nombre de pages : 56
Prix : 15 €
- Glouton 7 – Rencontre au saumon / La forêt de Louison 1 – Le mercredi, c’est magique ! / Chihuahua 4 – Une classe de neige bien givréepar Laurent Lafourcade
Dépaysement exquis, poésie exquise et cadavre exquis
« -Voyons quel goût ça a ?
-Non ! Ne me mange pas !
-Allons bon…
-C’est vrai qu’il est un peu petit… Tu pourrais le remettre à l’eau.
-J’avoue… Pour un champion de pêche, j’aurais pu faire mieux… Allez, file, petite larve !
-Non ! Pas la rivière ! C’est hyper dangereux !! »
Glouton vient d’attraper un saumon. Il s’apprête à le croquer lorsque celui-ci le supplie de ne pas le faire. Mèdor constate qu’il est effectivement un peu petit. Pour autant, le poisson, qui vient de la mer, ne veut pas être mis dans la rivière, c’est trop dangereux, et ne veut pas non plus rester hors de l’eau parce qu’il étouffe. Qu’est-ce qu’il est pénible ! Alors que Glouton décide de finalement le gober, le saumon l’attendrit en lui racontant qu’il a perdu sa bien-aimée Lulu33 dans la foule. KévinduYukon101, c’est ainsi qu’il s’appelle, a-t-il sauvé sa peau ? Avec des prénoms d’un tel ridicule, c’est pas gagné. Quand deux loups se moquent de Glouton pour une si petite prise semblable à une sardine, celui-ci est piqué au vif. Puisque c’est comme ça, il fait le pari d’amener Kévin au commencement de la rivière pour s’accoupler. C’est parti pour la remontada !
© B-Gnet – BD Kids Après la fiesta à l’école, les élèves de Chihuahua partent en classe de neige. Les élèves sont tous des monstres, même s’ils n’en ont pas tous l’apparence, sauf Paul. Mais les autres pensent toujours qu’il est un loup-garou derrière son aspect de petit garçon. Gilbert, lui, c’est clair. Une grosse boule orange qui marche sur les mains, c’est moins commun dans le paysage. Les voilà donc partis en bus avec leurs camarades. Une fois sur place, il va falloir faire attention, surtout quand ils vont croiser une piste de ski du monde humain. Et quand la petite cyclope va se faire enlever, ses copains vont tout mettre en œuvre pour la retrouver.
© Nob – BD Kids Mettons l’humour de côté pour un tout autre voyage. Tous les mercredis, Louison va chez sa mamie et son chat Gaspard. Elle y retrouve Noham, qui est un peu comme son petit frère et dont la mamie est une copine de celle de Louison. Leurs balades sont des petits voyages fantastiques, avec des rencontres magiques. Croiser un écureuil dans un chêne géant, échapper à un crapaud au fond d’un lac ou traverser la jungle au bout du jardin, c’est possible. Louison et Noham le font.
© Bordier, Rubini – BD Kids Avec le septième tome de Glouton, B-Gnet invente le River Movie. Glouton et KévinduYukon101 vont rencontrer toutes sortes d’animaux : des ours, des castors, des aigles,… Le danger est dans le lit… de la rivière. B-Gnet est l’un des meilleurs scénaristes comiques du moment. Glouton est poilu. La série est poilante.
Le quatuor Jousselin-Nob-Obion-Trondheim ne ménage pas les élèves et les encadrants de l’école Chihuahua. Les auteurs se les renvoient les uns aux autres de planches en planches pour un délire enneigé. Les gagnantes du concours de dessins organisé précédemment voient leurs monstres intégrés dans l’album.
© B-Gnet – BD Kids © Trondheim – BD Kids © Bordier, Rubini – BD Kids Si Glouton et Chihuahua jouent la carte de l’humour, La forêt de Louison joue celle de la poésie. Elsa Bordier a lu Maurice Carême et Erich Kästner. On pourrait presque y croiser une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête le 35 mai. Avec ses personnages à mi-chemin entre Bernadette Desprès et Anne Hofer, Stéphanie Rubini met en image ce Louison au pays des merveilles.
Dans le Grand Nord canadien, à la neige ou en forêt, BD Kids amène les jeunes lecteurs dans des univers divers et variés, drôles et tendres. C’est bien qu’il y ait des éditeurs qui fassent encore rêver.
Série : Glouton
Tome : 7 – Rencontre au saumon
Genre : Nature sauvage
Scénario, Dessins & Couleurs : B-Gnet
Éditeur : BD Kids
Nombre de pages : 64
Prix : 10,50 €
ISBN : 9791036366079
Série : Chihuahua
Tome : 4 – Une classe de neige bien givrée
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Jousselin, Nob, Obion & Trondheim
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9791036353116
Nombre de pages : 64
Prix : 10,50 €
Série : La forêt de Louison
Tome : 1 – Le mercredi, c’est magique !
Genre : Humour
Scénario : Elsa Bordier
Dessins & Couleurs : Stéphanie Rubini
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9791036366062
Nombre de pages : 72
Prix : 10,50 €
- Murmures des sous-boispar Laurent Lafourcade
Que dit la nature ?
« -Pepper !!
-Là-bas ! Il est parti par là-bas ! »
Smartphone en main et casque sur les oreilles, Poppy, une jeune fille, adolescente, sort promener son chien Pepper. Attiré par un renard qui s’était aventuré dans le monde civilisé, le chien le prend en chasse et sa maîtresse ne peut contenir sa laisse. La voilà partie à la course dans la forêt derrière son chien lui-même aux trousses du goupil. Alors qu’elle l’appelle, elle est conseillée par Rob, un jeune homme qui lui dit l’avoir aperçu dans une direction. Le garçon semble bien connaître la zone et réussit à amadouer et rattraper le chien. Ce n’est que la première rencontre bucolique entre Poppy et Rob. Il y en aura d’autres. A chaque promenade. En attendant, Poppy rentre chez elle. Elle retrouve sa mère endormie sur le canapé. Elle lui retire un mug de thé des mains pour ne pas qu’il tombe et lui remonte une couverture jusqu’aux épaules.
© Kurimoto – Rue de Sèvres Le lendemain, c’est volontairement que Poppy entre dans la forêt. Pepper est ravi de retrouver Rob. Ce dernier vient de repérer l’empreinte d’un cerf. Pepper flaire sa trace. Les ados le suivent. Les voici en plein cœur d’une nature dominée par le monde animal. Un écureuil grimpe rapidement dans un arbre. Un troglodyte mignon, petit oiseau des bois, alerte ses compatriotes du danger humain qui avance. Ils ne retrouveront pas le cerf. Pepper est épuisé. De retour chez elle, Poppy propose à sa mère de les accompagner la prochaine fois dans cet endroit magique. Peut-être une autre fois… Pour l’instant, elle est trop perturbée par le décès de sa propre mère, la grand-mère de Poppy.
© Kurimoto – Rue de Sèvres Kengo Kurimoto est un auteur canadien. Il invite à une contemplation bucolique. Son livre à l’italienne est une ode à la nature sous la forme d’un retour aux sources. On passe de la ville bétonnée à la forêt profonde en quelques pas, comme Alice suivant le lapin blanc et se trouvant en quelques mètres au pays des merveilles. Dans un monochrome gris-brun, Kurimoto dessine une poésie qui est en train de se vivre par ses personnages, en particulier par Poppy, alter ego du lecteur. Les plantes, les arbres, les animaux et la météo démontrent comment il est nécessaire, vital et salvateur de retourner à la nature. On les entend, les murmures des sous-bois. Il y a quelque chose de magique et de merveilleux. Le deuil est aussi l’une des thématiques de cet album qui invite à se recentrer et à revenir à l’essentiel.
© Kurimoto – Rue de Sèvres Les murmures de la nature retentissent dans la vie de Poppy comme dans celle des lecteurs. C’est beau, c’est calme, c’est rassurant. Un médicament.
One shot : Murmures des sous-bois
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Kengo Kurimoto
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810207732
Nombre de pages : 216
Prix : 18 €
- Germaine Cellier L’audace d’une parfumeusepar Laurent Lafourcade
Odeurs dessinées
« -Monsieur Carles est un génie !
-Ah ouais ? Ben moi je ne pense pas comme lui ! ses étapes, sa méthode, foutaise ! Un parfum, ça se fait d’instinct !
-Mais… Vous n’aimez pas Shocking ?
-Shocking, d’accord, il est plutôt bon ce parfum, mais moi j’en ferai de meilleurs ! »
La plupart des créateurs de parfums sont tombés dans l’oubli. Parmi eux, Germaine Cellier a eu un parcours remarquable. Née à Bordeaux en 1909, elle sera éduquée chez les sœurs. Elle est plutôt impertinente. En 1921, la famille déménage en région parisienne et elle a maintenant une petite sœur. Trois ans plus tard, à quinze ans, Germaine intègre l’école privée Scientia à Auteuil pour devenir laborantine ou aide bactériologiste. Lors de l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925, elle découvre le pavillon des parfums. Quelques mois plus tard, diplômes en poche, elle décide de devenir créatrice de parfums. Sa carrière va réellement démarrer lorsqu’elle va intégrer une société grassoise basée à Argenteuil où elle va rapidement se faire repérer pour son nez.
© Egémar, Revel – Nathan On accompagne Germaine Cellier dans sa carrière et dans sa vie privée, tout au long d’un siècle ravagé par les guerres, de sa naissance à sa mort en 1976. Elle travaillera pour les plus grandes maisons : Balmain, Nina Ricci, Balenciaga, Piguet,… Son « nez » rivalisera avec ceux de ses concurrents essentiellement masculins. Elle révolutionnera la parfumerie française en créant ses propres fragrances. Elle apprendra avec Jean Carles la pyramide olfactive mais s’opposera à lui sur les méthodes de création. Cette pyramide est celle qui différencie pour un parfum les notes de tête que l’on sent en premier puis s’estompent, des notes de cœur qui s’installent pour quelques heures, et des notes de fond qui peuvent rester imprégnées toute une journée.
© Egémar, Revel – Nathan Béatrice Egémar n’est pas que scénariste. Elle est aussi designer olfactif et propose des causeries autour de ses livres sur le thème du parfum. Sous une couverture impeccablement maquettée, Sandrine Revel offre à la créatrice de parfums un parcours tout en délicatesse. Depuis quelques années, la dessinatrice ne cesse de progresser, de se diversifier, d’étonner. Ici, elle permet à grand fracas (de Robert Piguet) de faire sentir les fragrances dans des cases qui semblent olfactives. Les autrices complètent le cœur BD de l’album avec les coulisses de la création, dont un glossaire, un carnet de croquis et une interview imaginaire de Germaine Cellier. Cerise sur le gâteau, une carte imprimée sur des encres parfumées à Grasse est insérée dans l’album.
© Egémar, Revel – Nathan Le biopic est un genre qui sied parfaitement à la bande dessinée. L’audace de Germaine Cellier est ainsi enfin reconnue.
One shot : Germaine Cellier L’audace d’une parfumeuse
Genre : Biopic
Scénario : Béatrice Egémar
Dessins & Couleurs : Sandrine Revel
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782092494615
Nombre de pages : 160
Prix : 27 €
- Yoko Tsuno 31 – L’aigle des Highlandspar Laurent Lafourcade
L’ombre du temps
« – Que cherchez-vous dans ces ruines la nuit ?
-J’écris un livre sur l’histoire de l’abbaye et la nuit est propice aux découvertes !
-De quelle nature ?
-Des restes de carnets privés des moines encore enfouis sous les pierres pourraient nous aider à y voir plus clair !
-Sur quoi ?
-Sur le passé et la présence d’un animal satanique troublant ces lieux ! »
Dans un doux automne écossais, Yoko Tsuno, ses amis Bonnie et Emilia, ainsi que les enfants Rosée-du-matin, Khâni et le robot Angela passent la soirée dans une cabane dans un arbre. Tous vont y dormir parce que les travaux d’électricité du cottage ne sont pas terminés. Une fois les plus jeunes couchés, pendant que Yoko est occupée à gérer des commandes en ligne pour les filatures en laine d’agneau de Cécilia, Bonnie et Emilia sortent pour nourrir un renard. C’est là qu’elles découvrent dans les vestiges de l’abbaye de Loch Castle deux moines en train de faire des fouilles. Un muret s’effondre, Emilia chute, les individus en profitent pour disparaître. Le lendemain, Frère Maxime vient s’excuser auprès des filles. Il écrit un livre sur l’histoire de l’abbaye et profite des nuits pour faire des fouilles en toute tranquillité. D’après lui, il y aurait eu par le passé en ces lieux un animal satanique. Ce serait un aigle royal qui veillait sur un secret bien gardé. Si l’histoire dit qu’il aurait été massacré par les moines, une autre version prétend que des démons seraient venus l’enlever avec une espèce d’œuf avec des bras se déplaçant dans une spirale de lumière. Ça fait tilt dans la tête de Yoko. Il y a du Monya et de ses voyages dans le temps dans l’air.
© Leloup – Dupuis Il avait scindé le tome 29 en deux parties, n’étant pas certain de le mener à son terme. Depuis, Roger Leloup est ragaillardi. Quatre-vingt-dix bougies au compteur, et le voici enchaînant depuis deux grandes aventures, Les gémeaux de Saturne, récit spatial, et à présent le plus terre à terre mais néanmoins fantastique Aigle des Highlands. L’histoire présente fait écho à deux des épisodes les plus marquants de l’âge d’or de la série : La spirale du temps (qui est à Yoko Tsuno ce que Le piège diabolique est à Blake et Mortimer) et La proie et l’ombre (polar aux frontières du surnaturel, qui est à Yoko Tsuno ce que Le chien des Baskerville est à Sherlock Holmes). Yoko Tsuno est l’une des dernières survivantes de la plus belle époque Dupuis. C’est avec des épisodes comme celui-ci que l’on se rend compte combien l’héroïne a marqué des générations de lecteurs, par son ouverture d’esprit, son intelligence et ses valeurs humanistes.
© Leloup – Dupuis Comme dans l’aventure précédente, Roger Leloup excelle dans des décors minutieux, aussi à l’aise ici sur Terre que dans l’espace. Ses personnages souffrent par contre avec des visages parfois légèrement biscornus. De même, si l’intrigue est fort bien menée, avec un mystère qui s’installe crescendo, quelques dialogues naïfs manquent de modernité. Mais avec un tel niveau de carrière, ne peut-on pas tout pardonner à Roger Leloup ?
© Leloup – Dupuis Yoko Tsuno est une madeleine de Proust pour les lecteurs quinqua et quadra. Avec des histoires comme celles-ci, elle montre encore son potentiel pour acquérir un nouveau lectorat qui a à sa disposition tout un tas d’albums dans lesquels se plonger.
Série : Yoko Tsuno
Tome : 31 – L’aigle des Highlands
Genre : Aventure
Scénario & Dessins : Roger Leloup
Couleurs : Leonardo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808504942
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
- La dernière frontière 1 – Jamespar Laurent Lafourcade
Deux pionniers au Nouveau Monde
« -James ! Arrête-toi ! Attends-moi !
-Une bataille approche ? Comment le sais-tu ?
-J’ai entendu Modoc en parler avec les membres du clan.
-Ah, ton oncle ! Il me glace le sang ! »
1746, dans les Highlands écossais, James chasse un loup qui s’approche du troupeau d’une belle chevrière. L’écossais protège Katrina qui, elle, s’en serait bien chargée toute seule. Enfin, c’est ce qu’elle dit. Entre eux, c’est un véritable jeu de séduction. Le jeune homme veut combattre au sein des rebelles écossais contre l’envahisseur anglais. Il veut se montrer digne de son clan mené par Modoc, l’oncle de sa dulcinée. Les tuniques rouges ont annexé la lande et chassent les rebelles. Parmi eux, le Capitaine Flint cherche à se venger des responsables de la mort de son frère. Pour y échapper, James et Modoc fuient vers le Nouveau Monde.
© Talijancic, Lupattelli – Kalopsia Boris Talijancic propose une fresque historique entre l’Ecosse et la Nouvelle-France. Sous couvert d’une histoire d’amour, c’est une histoire de guerre et de destins qui est en jeu. La guerre interne de Grande-Bretagne laisse sa place neuf ans plus tard à une guerre de territoire au Canada entre algonquins et envahisseurs européens. James et Modoc vont être au cœur de ces deux conflits. Dans chacun d’entre eux, une femme sera le pivot des événements : Katrina en Ecosse, une étrange lady sortie de nulle part qui cherche à rejoindre son oncle pour vingt pièces d’or à Fort Frontenac sur le nouveau continent.
© Talijancic, Lupattelli – Kalopsia Dans un style réaliste sauvage, Talijancic immerge dans une ambiance marquée. L’idée de départ promet une épopée à la manière des Pionniers de l’aventure humaine. On n’est bien sûr pas ici au niveau de Maryse et Jean-François Charles, mais l’auteur s’en sort pas mal. Ce qui est déplorable ce sont les scènes de nus inutiles, dont une scène de sexe ridicule qui fait vraiment tache dans l’album. Par ailleurs, l’arrivée impromptue de la nièce sortie de nulle part dans la deuxième partie arrive comme un cheveu sur la soupe. Clairement, Talijancic devrait s’adjoindre les services d’un scénariste pour donner de la consistance à son récit, car, pour ce qui est des dessins, il offre de belles scènes sauvages.
© Talijancic, Lupattelli – Kalopsia Dans un grand écart au-dessus de l’Atlantique, La dernière frontière est à deux doigts de montrer que l’aventure à la « Vécu » est toujours vivante. Un petit coup de pouce et on est embarqué.
Série : La dernière frontière
Tome : 1 – James
Genre : Histoire
Scénario & Dessins : Boris Talijancic
Couleurs : Carita Lupattelli
Éditeur : Kalopsia
Nombre de pages : 64
Prix : 16,90 €
ISBN : 9782931205068
- L’homme le plus flippé du monde 3 – Improvisation totalepar Laurent Lafourcade
Le trouillomètre à zéro
« -… Et du coup, je suis coincé, tu vois ce que je veux dire… ? Quoi que je fasse, ça sera la mauvaise décision !
-Tu sais ce que tu devrais faire, Théo ? Te poser les bonnes questions. Mais pour ça, il faut que tu écoutes ton cœur. »
Théo a toujours eu beaucoup de mal à se présenter. Alors, il se laisse balloter par le courant et invente une direction. Il essaye de ne pas penser au vide. La plupart du temps, il fait tout pour passer à travers. Les seuls moments où il se sent lui-même, c’est quand il se demande qui il est. Théo est l’homme le plus flippé du monde. Même quand il écoute son cœur, ce dernier lui demande s’il a des antécédents familiaux en matière de maladies cardiovasculaires. L’anxiété fait partie du quotidien de Théo, qu’il soit seul chez lui, avec des amis ou en séance de dédicaces. Oui, en séance de dédicaces, parce que Théo, le héros, ou plutôt l’anti-héros, de cette série, c’est son auteur lui-même : Théo Grosjean.
© Grosjean – Delcourt Dans cette série, il nous invite dans son quotidien angoissé, dans des situations de deux pages. On va le voir dans la rue, en plein covid, « agressé » par un joggeur qui lui tousse dessus. C’est ça, les nouveaux délinquants. On le suivra dans un flashback au lycée, interpelé par Emma qui n’a plus de feuille double et avec qui il échangera des SMS avant de sortir avec elle, puis être quitté. On partagera une journée dans sa vie de dessinateur, du réveil à 11h28 au coucher à 22h53, intense, très intense, efficace, pas sûr. On l’accompagnera dans sa visite chez le Docteur. Hypocondrie, quand tu nous tiens !
© Grosjean – Delcourt Théo Grosjean a dépassé les 200 000 abonnés sur Instagram. Même si on ne semble pas être client, on est envoûté par cet « homme le plus flippé du monde ». En bichromie orange et noir, le dessinateur se met à nu avec la plus grande pudeur. C’est d’ailleurs étonnant comment quelqu’un qui semble si timide peut se livrer à un tel point. C’est drôle, c’est tendre, c’est émouvant. Ça permet même de relire son autre série Elliott au collège sous un autre angle.
© Grosjean – Delcourt On a tous en nous un peu de L’homme le plus flippé. A travers son auteur, cette série nous invite à nous à rendre compte. Une excellente surprise.
Série : L’homme le plus flippé du monde
Tome : 3 – Improvisation totale
Genre : Biopic
Scénario, Dessins & Couleurs : Théo Grosjean
Éditeur : Delcourt
Collection : Shampooing
ISBN : 9782413078319
Nombre de pages : 104
Prix : 14,95 €
- Le Dieu-Fauvepar Laurent Lafourcade
Kill Bil Monkey
« -On n’entend plus votre lyre, ces derniers jours, l’aède. Un peu de musique ferait pourtant grand bien à ceux qui restent.
-… Grande-veneuse, c’est… c’est un honneur de vous recevoir, je…
-J’ai apporté de quoi manger et boire. Vous en avez besoin.
-Attendez…. Asseyez-vous ici, ma dame. Vous devez revenir d’une patrouille. Avez-vouspu retrouver des survivants ?
-La vague était d’une puissance inimaginable. Et elle est survenue totalement par surprise, sans aucun signe avant-coureur. Nous n’avons retrouvé que quelques cadavres. Les autres corps ont été aspirés dans les profondeurs de l’océan, lorsque le flot s’est retiré. Encore qu’ils soient possible que certains esclaves en aient profité pour s’enfuir.
-… Et le Dieu-fauve ?
-J’ai retrouvé sa cage, vide, brisée par le ressac… »
Les grands arbres sont morts mais les bêtes sont bien vivantes, tout comme ce singe blanc, Sans-Voix. Fort et rapide, il n’a pas peur de lutter contre le longue-queue qui vient de ne laisser aucune chance à Dos-Rouge et à Brise-Tête. Alors que le clan des singes se repaît du repas offert par la dépouille de la bête, leur héros du jour, Sans-Voix, est capturé par des humains. On le retrouve en cage, dix ans plus tard. Sa tête est ornée d’un masque noir. Il est devenu une bête de combats dans les arènes des îles Fomorii, un Dieu-Fauve. Sur le bateau qui le transporte, Athanael, aède officiel de la maison Matsya, est devenu un homme libre. Le poète est accompagnée d’Awa, sa jeune disciple. A la faveur d’une tempête et d’un naufrage, Sans-Voix s’évade. Alors que les rescapés s’organisent pour rejoindre la capitale, le Dieu-Fauve, lui, n’aspire qu’à se venger.
© Vehlmann, Roger – Dargaud Découpé en quatre chapitres et un épilogue, Le Dieu-Fauve est un conte âpre. Chacun d’entre eux suit un personnage : le singe, le poète Athanael, la guerrière façon, puis l’héritière Awa. L’histoire commence comme une fable animalière et se termine en drame, de façon presque inéluctable. On est lui du Fabien Vehlmann de Seuls, du Marquis d’Anaon ou même du dernier Atlas. Il livre ici un album qui ne ressemble en rien à ce qu’il a fait auparavant. Si au niveau du fond du scénario, l’intention est claire, au niveau de la forme, c’est beaucoup plus flou. Il y a très peu de dialogues et beaucoup trop de récitatifs. Le scénariste ne trouve jamais son équilibre et le lecteur a parfois du mal à suivre la direction dans laquelle le scénariste veut l’amener. Clairement, on est dans un récit tribal où violence animale et violence humaine n’ont rien à envier l’une de l’autre. Vehlmann pousse le curseur très loin… trop loin ?…
© Vehlmann, Roger – Dargaud Roger est un dessinateur d’un réalisme souple à la Mathieu Bonhomme ou d’un Christian Rossi époque Jim Cutlass. Que l’on soit en territoire perdu, en pleine ville, en jungle ou en mer, le dessinateur de Jazz Maynard embarque le lecteur dans l’univers voulu. Comme l’exige le scénario, il joue dans la surenchère de violence, parfois à la limite du supportable. Les combats sont chorégraphiés dans un lyrisme certain. Pour ceux qui passent le cap « sanglant », les couleurs en tons ocres, bruns, bleu nuit, chapitrent et subliment le trait de l’auteur. La couverture d’apparence banale est finement pensée. Regardez les gouttes de sang sur le singe et en particulier celle qui perle le long de son menton. Tout est résumé sur le pelage et dans le regard de Sans-Voix, qui aurait pu s’appeler Sang-Voix, avec un « g » à la place du « s ».
© Vehlmann, Roger – Dargaud A la manière de la plus récente version cinématographique de La planète des singes, les auteurs proposent une histoire sans concession façon Kill Bill.
One shot : Le Dieu-Fauve
Genre : Aventure
Scénario : Fabien Vehlmann
Dessins & couleurs : Roger
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505085645
Nombre de pages : 112
Prix : 21,50 €
- Une enquête du Lieutenant Bertillon 1 – Amotkenpar Laurent Lafourcade
Mort foraine
« -Vous êtes qui, vous ?
-Bonjour… Lieutenant Bertillon, police judiciaire. Euh, on doit mener une enquête pour l’incendie, c’est la procédure. Du coup, je suis là et vous, vous devriez être de ce côté.
-Dylan est mort. Son corps était encore là, carbonisé, il y a pas une heure. Alors vos remarques, vous pouvez vous les garder. »
Le lieutenant Bertillon vient d’arriver sur les lieux du drame. Un incendie a ravagé la caravane d’un forain. Le jeune Dylan y a perdu la vie. On ne peut pas dire que le flic soit accueilli à bras ouverts. Joshua, le père de la victime, l’entraîne au sommet de la grand roue. Pour lui, c’était un foutu accident. Dylan, son fils, c’était le meilleur des petits gars, le meilleur. Tout le monde l’adorait. Il allait fêter ses vingt ans et devait se marier avec Wanda. Les flics, on n’en veut pas dans le parc. Le patriarche demande au policier de ne pas revenir. Ce dernier a cependant l’intention de mener son enquête.
© Pomès, Barth, Drac – Dupuis Un nouvel enquêteur chez Dupuis. Jérôme K.Jérôme Bloche n’a qu’à bien se tenir. Tous les deux ont un air dégingandé, mais si l’un est privé, l’autre est fonctionnaire. Bertillon est lieutenant de police. Sa première enquête l’emmène donc dans une fête foraine. Reçu très froidement, il va réussir à s’imposer grâce à son flegme et son obstination. Il sait se rendre inoffensif et transparent pour avancer. Si la communauté n’accepte pas que l’on mette son nez dans ses affaires, Bertillon trouvera son meilleur allié en la personne de Curtis, le vendeur de hot-dogs.
© Pomès, Barth, Drac – Dupuis Cyrille Pomès est l’un des dessinateurs révélation de ces dernières années. Si Le fils de l’Ursari l’a propulsé sur le devant de la scène, Moon l’y a définitivement installé. Après adaptation et one shot, après participation à un collectif (Le crime parfait), il ne lui manquait plus qu’une série. C’est chose faite avec les enquêtes du Lieutenant Bertillon. Lorsqu’il a demandé à sa collègue d’atelier Carine Barth de co-écrire avec lui un polar dans un fête foraine, il ne mesurait les difficultés graphiques auxquelles il serait confronté. La fameuse roue, les autos-tamponneuses, le palais des glaces, la liste des attractions est longue. Les auteurs ont mêlé l’imaginaire collectif d’un Tim Burton ou d’un David Lynch aux fêtes foraines américaines des années 80. Le décor est un personnage à part entière du récit.
© Pomès, Barth, Drac – Dupuis Polar bien mené, cette enquête marque l’entrée en scène dans le neuvième art d’un nouveau flic qui mérite une carrière aussi réussie que celle d’un Léo Loden ou d’un Soda.
Série : Une enquête du Lieutenant Bertillon
Tome : 1 – Amotken
Genre : Polar
Scénario : Carine Barth & Cyrille Pomès
Dessins : Cyrille Pomès
Couleurs : Drac
Éditeur : Dupuis
ISBN : 978280850
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
- Fournier Ma vie de rêvespar Laurent Lafourcade
Bizu, Spirou et compagnie
« -Bonjour, Monsieur Rosy. J’ai complètement revu mon histoire.
-Ah ! C’est bien, on va voir ça. Ben, c’est bon, vous avez bien bossé. Je vous propose d’aller voir Yvan Delporte , le rédac-chef.
-Oui, bien sûr.
-Yvan, voici Jean-Claude Fournier dont tu as vu les planches. »
Lorsque Jean-Claude Fournier arriva ce jour-là à la rédaction du journal Spirou pour essayer d’enfin placer ses planches de bandes dessinées, il était loin de se douter qu’après Maurice Rosy et Yvan Delporte, il allait rencontrer le grand patron, Monsieur Charles Dupuis, en personne. Il est embauché. Son rêve est en train de se réaliser. Mais avant ça, le chemin fut long. Il le sera aussi ensuite. Tout est raconté par l’auteur en personne dans ce biopic en courts récits tranches de vie, intercalées par des explications illustrées. Dans sa préface, Emmanuel Lepage explique que Fournier, accueilli par Franquin dans les années 60, a rendu la pareille en transmettant tout son savoir à de nombreux auteurs, dont lui, aujourd’hui reconnus de la profession. Jean-Claude Fournier prend ensuite la main pour raconter sa vie et sa carrière, depuis son premier jour.
© Fournier – Daniel Maghen Fils d’un père garagiste, il déteste le sport qu’il juge violent. A la faveur d’un concours de bande dessinée sur le thème de la sécurité routière proposé aux élèves des Côtes-du-Nord, le jeune Jean-Claude se révèle et gagne…un ballon de foot pour toute la classe. Un cauchemar. Chez son tonton Albert, il passe des heures à observer un bateau dans une bouteille. Il ne sait pas encore qu’en découlera des années plus tard une aventure de Bizu. Ado, sa mère se met en colère contre lui parce qu’il passe des heures à lire des illustrés au lieu de suivre les cours.
© Fournier – Daniel Maghen Noël 1965, Fournier renonce à un stage de directeur de colonies de vacances pour répondre à une invitation de Franquin. Cette décision va définitivement changer sa vie. Il entre dans l’atelier du maître aux côtés duquel il apprendra les rudiments du métier. Le dessinateur de Spirou et Fantasio lui présentera Maurice Rosy et la rédaction du journal Spirou dirigée par un certain Yvan Delporte. Il y croise Raoul Cauvin qui fait des photocopies et n’a pas encore commencé sa carrière de scénariste renommé. La poésie de Spirou envahit les pages de l’hebdomadaire avant que son papa ne se voit confier la destinée du héros fer de lance de la maison d’édition : Spirou en personne. Fournier dégaine les anecdotes qui raviront les amoureux de l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge. L’Ankou marquera certainement le sommet de sa carrière, avant que quelques années plus tard on ne lui retire, ou plutôt qu’on l’invite à se retirer des aventures de Spirou.
© Fournier – Daniel Maghen La mésaventure permettra à Bizu de revenir sur le devant de la scène, mais d’abord chez un autre éditeur, puis quelques années plus tard chez Dupuis. Ce ne sera pas un succès commercial. Il rencontre alors Zidrou avec qui il crée Les Crannibales, une série de gags sur une famille de cannibales, série qui ne sera pas elle non plus suffisamment rentable. Fournier se dirige alors vers une bande dessinée plus adulte, d’abord avec Les chevaux du vent avec Christian Lax, puis avec Plus près de toi, accompagné de Kris. L’album se termine par un cahier de corbards, archives et compagnie, dont les premières ébauches de La maison dans la mousse, l’aventure de Spirou et Fantasio qu’il laissera en plan à la cinquième planche, écoeuré par l’aveuglement d’un éditeur incompréhensif.
© Fournier – Daniel Maghen Fournier est l’un des auteurs majeurs des années 70 et des suivantes. Il se raconte ici dans des moments de vie, privés ou professionnels. C’est intime et émouvant, et surtout, ça démontre sa contribution majeure à ce qu’est la bande dessinée aujourd’hui. Indispensable.
One shot : Fournier Ma vie de rêves
Genre : Biopic
Scénario & Dessins: Jean-Claude Fournier
Couleurs : Jean-Claude Fournier & Anne-Marie d’Authenay
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741547
Nombre de pages : 152
Prix : 26 €
- Marie Tudor la reine sanglante 3par Laurent Lafourcade
Une couronne, ce n’est jamais facile à porter
« -Vous avez conquis Londres sans verser une goutte de sang, Majesté… C’est un présage qui annonce l’avènement d’un règne exceptionnel !
-Aucune femme avant vous ne s’est assise durablement sur le trône d’Angleterre avec l’assentiment de tout un peuple !
-Merci pour vos paroles chaleureuses, Messieurs… Vous savoir à mes côtés rend plus légère la tâche qui m’attend… »
Londres 1553. Marie Tudor est de retour victorieuse avec sa demi-sœur Elisabeth. Le peuple réclame la stabilité, la paix et la justice. Il veut que cessent les querelles partisanes et souhaite prier dans les églises. La Reine fait arrêter les derniers rebelles. Elle n’a plus qu’à se marier et à faire un enfant pour écrire l’avenir de l’Angleterre. Sommes-nous à l’avènement d’un règne exceptionnel ? Elle trouve l’heureux élu de son cœur en la personne de Philippe d’Espagne, mais celui-ci n’y voit qu’un opportunisme politique. Quant à Elisabeth, est-elle vraiment de bon conseil ?
© Montalbano, Corbeyran, Fernandez – Delcourt Corbeyran et Montalbano concluent leur trilogie sur Marie Tudor. Alors qu’ils auraient pu jouer dans la surenchère de violence et de barbarie, jamais les auteurs ne glissent sur ce versant-là, tant et si bien que l’on se surprend à penser que la Reine n’est pas si terrible que ça. Et pourtant… Tandis que Corbeyran met ses exceptionnels talents de dialoguiste en évidence, Claudio Montalbano fait ce qu’il y a de plus difficile : mettre de l’émotion dans le réalisme rigide de l’Histoire du monde. Le couronnement de Marie est d’une force et d’une profondeur étonnantes. On est avec elle dans l’abbaye de Westminster le 1er octobre 1553, avec ses deux sceptres en mains, double symbole du pouvoir de la première femme à gouverner le royaume d’Angleterre. Tout aussi immergeant est le chapitre du soulèvement raté des rebelles l’année suivante.
© Montalbano, Corbeyran, Fernandez – Delcourt L’histoire de Marie Tudor est aussi une histoire de la solitude du pouvoir. Au fond, Marie Tudor n’est-elle pas plus emprisonnée que les insurgés qu’elle fait mettre aux fers ? Elle est liée par le destin et la descendance qu’elle se doit d’offrir au pays. Y parviendra-t-elle ? Ceux qui connaissent l’Histoire de l’Angleterre connaissent la réponse. Les autres la découvriront dans la trilogie. Un mot sur la couverture. D’un premier coup d’œil, on est happé par les yeux de braise de la Reine et le crucifix qu’elle tient fermement en mains. Ce n’est qu’après que l’on découvre ce qui se passe en arrière-plan. La composition synthétise parfaitement la détermination, ainsi que les tourments, de la fille d’Henri VIII.
© Montalbano, Corbeyran, Fernandez – Delcourt Le duo Corbeyran-Montalbano, accompagné du coloriste Jean-Paul Fernandez qui obscurcit les scènes lorsqu’il le faut, montre que l’on peut faire de l’historique pas rébarbatif. Historique et instructif sans négliger le plaisir de lecture, c’est un modèle dans le genre.
Série : Les reines de sang
Tome : Marie Tudor la reine sanglante 3
Genre : Histoire
Scénario : Corbeyran
Dessins : Claudio Montalbano
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413080336
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
- Guerres d’Arran 3 – La bataille de Torunnpar Laurent Lafourcade
La guerre des clans
« -Si je crève, moi et votre précieuse relique, on fait le grand saut !
-Comment as-tu pu croire que tu réussirais à nous voler la couronne ?
-Pourtant, je l’ai bien volée ! Je vous l’ai mis tout en douceur et vous l’avez à peine senti passer ! »
Galopant à bride abattue à travers la plaine, le cheval de Myth s’effondre sous les flèches de la garde d’honneur assanide. Kronan est un gobelin rochassier. Ce n’est pas un cul-terreux. Au bord d’un précipice, il joue sa vie face à ses poursuivants qui veulent récupérer la couronne qu’il a volée. Il menace de sauter avec le couvre-chef s’ils s’approchent. Il trouvera son salut en l’arrivée de Kronan, l’orc seigneur du désert, qui, avec sa troupe, massacre les troupes assanides. Myth est sauvé mais la couronne est tombée au fond du gouffre. Bon… Comment on va faire ? Quelques semaines plus tôt, Kronan décidait de spolier cette couronne sacrée autrefois portée par l’empereur de Dumn. Aujourd’hui, personne ne semble pouvoir en profiter…
© Yerofieieva, Jarry, Duarte, Nanjan, Istin – Soleil De retour à la forteresse perdue dans le trou du cul du désert de Katzan, Myth raconte comment il a réussi à s’emparer de la couronne et à entendre quelques échanges intéressants entre l’empereur de Dumn et les Mahïds. Ceux-ci s’allient pour coller une dérouillée à ces maraudeurs d’orcs et à faire tomber la tête de Kronan. Ils veulent débarrasser Arran des nains, des elfes, des orcs et des gobelins. Apprenant cela, Kronan s’apprête à préparer la contre-offensive. Les humains devront choisir leur camp, et gare à eux si ce n’est pas le bon. Pendant ce temps, un bateau d’elfes bleus mené par Aëron est assiégé par la flotte yrlanaise. Arbitrée par une sorte de Kraken, la bataille va faire rage. Ce n’est pas tout ! Dans la forêt de Torunn, les Sylvains de la reine Ora sont aussi malmenés. S’ils veulent survivre, les orcs, les sylvains et les elfes vont devoir trouver eux-aussi un terrain d’entente.
© Yerofieieva, Jarry, Duarte, Nanjan, Istin – Soleil Les guerres d’Arran portent bien leur nom. Pas une seconde de répit pour les créatures fantastiques du monde d’Aquilon, et en particulier dans les terres d’Arran. Si le scénariste Nicolas Jarry, le storyboardeur Kyko Duarte et le coloriste J.Nanjan sont toujours fidèles au poste, une nouvelle dessinatrice est invitée dans l’univers. Après Brice Cossu venu là où on ne l’attendait pas, après Giovanni Lorusso, valeur sûre du genre, voici au dessin de ce troisième tome sur les six prévus Alina Yerofieieva. Après s’être fait la main sur Orak, le vingt-et-unième tome de la série Orcs et gobelins l’année dernière, revoici la dessinatrice ukrainienne abattant soixante-quatorze planches aux multiples personnages et à l’action quasi-omniprésente. Son trait est rigoureux. Elle met le paquet dans les combats. Ça secoue !
© Yerofieieva, Jarry, Duarte, Nanjan, Istin – Soleil L’univers créé par Jean-Luc Istin comporte déjà 104 tomes, et on les lit avec toujours autant de saveur. La génération 80 a Les livres dont vous êtes le héros comme madeleine de Proust. La génération 2020 aura les Terres d’Arran pour jouer cette fonction.
Série : Guerres d’Arran
Tome : 3 – La bataille de Torunn
Genre : Héroïc-Fantasy
Scénario : Nicolas Jarry
Dessins : Alina Yerofieieva
Storyboard : Kyko Duarte
Couleurs : J.Nanjan
D’après un univers créé par : Jean-Luc Istin
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302099784
Nombre de pages : 76
Prix : 16,95 €
- Petru Santu 9 – Pastore forever / Le p’tit Dumè 1 – Doudou la pestepar Laurent Lafourcade
Vieux ou jeune, même combat : l’humour
« -Papa ! Viens vite !!! Michè veut abandonner son métier !
-Cumè ?!
-Il est en bas, à la plaine… Il a l’air désespéré !
-Je vais le raisonner, c’est le dernier berger qui nous reste au village… »
Après deux ans de pandémie, un coup de tonnerre frappe le petit village corse de Zigunaccia. On sent bien l’automne. Michè ne va pas tarder à descendre son troupeau. « Ça ne fera que quelques bestiaux en plus au village… » T’as qu’à croire ! Michè veut abandonner son métier. Pour Petru Santu, c’est impossible. C’est le dernier berger du village. Mi ! Le maire a fait construire sur la dernière parcelle de la plaine ! Le babbo lui promet de trouver une solution. Rendez-vous dans deux jours avec le cousin Orsu Santu qui peut prêter un terrain pour faire paître les chèvresn dont Bouchitontu, le bouc complètement cyclothymique. Entre les forces de l’ordre, les manifestations, la 5G, le trafic, un ministre, des ULM et autres joyeusetés, la route va être semée d’embûches. Mais il en faut plus à Petru Santu pour renoncer à sa mission.
© Federzoni, Desideriu – Corsica Comix Place aux jeunes ! A Macagna, un village corse situé au pied du mont Pasquale, Dumè vient de naître. Quelques années et quelques rototos plus tard, à 7 ans, le zitellu est la terreur du village. Ce n’est pas Cosima qui dira le contraire, avec ses bagues qui la font baver. Dumè est insolent. Si la vache donne habituellement du lait, pour lui, elle donne des devoirs. Et vlan, la maîtresse ! Dumè est bruyant. Un tambour entre les mains, personne ne fermera l’œil de la nuit. Dumè aime le risque… pour les autres. Il ne faut surtout pas le laisser avec un lion, des abeilles ou, dans un autre ordre d’idées des cannettes de soda. Dans ces cas-là, il vaut mieux prendre garde à ne pas rester dans les parages. Mais Dumè est aussi poète. La pleine lune l’inspire.
© Nino – Corsica Comix Petru Santu est une valeur sûre de l’humour corse. Pour la première fois, les gags laissent place à une longue histoire. Desideriu et Federzoni nous embarquent dans un road movie à côté duquel la traversée du GR20, c’est de la rigolade. Le long format sied parfaitement au grand-père. Il a déjà conquis toute la corse. Il ne lui reste plus qu’à conquérir les pinzuti et il a déjà bien commencé.
© Federzoni, Desideriu – Corsica Comix Si c’est le premier tome du p’tit Dumè que l’on découvre ici, le môme a déjà cinq albums à son actif et son spin off Strappaculu et Pancetta, qui tourne autour du chien et du prisuttu, euh, du cochon, qui accompagnent Dumé. Nino fait dans le gag potache. C’est drôle, très premier degré. Les plus jeunes se régaleront, et peut-être même que certains d’entre eux se reconnaîtront.
© Nino – Corsica Comix Team Petru Santu ou Team P’tit Dumè? On n’est pas dans un match Bastia-Ajaccio. Ici, on peut être dans les deux équipes. Sempre Corsica.
Série : Petru Santu
Tome : 9 – Pastore forever
Genre : Humour
Scénario : Desideriu
Dessin : Frédéric Federzoni
Couleurs : Sebgeko
Éditeur : Corsica Comix
Collection : Mad in Corsica
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €
Série : Le p’tit Dumè
Tome : 1 – Doudou la peste
Genre : Humour
Scénario, Dessin & Couleurs : Nino
Éditeur : Corsica Comix
Collection : Mad in Corsica
Nombre de pages : 48
Prix : 13 €
- Frnck 9 – Apocalypsepar Laurent Lafourcade
La fin d’un temps ?
« -Tu ne sais vraiment pas quand le souffle de l’explosion va nous rattraper ? Même pas une fourchette de temps ?
-Je sais juste qu’il ne faut pas traîner !
-Quelques minutes ? Quelques heures ?
-Aïe ! Aïe ! Aïe ! Si on meurt dans quelques minutes, je m’arrête maintenant ! Je préfère profiter de mes derniers instants en glandant sur un rocher plutôt qu’en me faisant fouetter la tronche par des herbes préhistoriques… »
C’est la fuite en avant pour Franck, tous ses compagnons, ainsi que toutes les bestioles préhistoriques. La météorite qui a provoqué l’extinction des dinosaures vient de percuter la Terre. Tous doivent courir pour atteindre le volcan Haltefou avant d’être rattrapés par le souffle de l’explosion. C’est là que se trouve la faille temporelle qui pourrait leur permettre de changer d’époque et surtout d’échapper à une mort annoncée. Dans la cohue de la panique, le groupe est séparé en deux. Issac se trouve avec Chipolata et sa tribu. Si lui se vante d’avoir volé un objet du futur à Francisco et Anoukis et de s’être approprié le voyage dans le temps, elle a tué sa mère et mangé son foie. C’est pas mal non plus. Isaac réussit à la convaincre d’empêcher les autres de retourner dans le futur avec eux, pour éviter qu’ils ne se retrouvent jugés. De leur côté, Franck, Kenza et les leurs se retrouvent coincés dans un cimetière d’éléphants après avoir échappé à une pluie de sauterelles.
© Cossu, Bocquet, Guillo – Dupuis Après deux ans d’absence, la série préhisto sans voyelles est de retour avec une énergie décuplée. Les personnages ne sont pas ménagés, entraînés dans une fuite en avant à perdre haleine. On transpire avec eux, espérant ne pas se faire piétiner par des dinosaures, ne pas finir cramés dans la lave d’un volcan et ne pas voir ses os accompagner ceux des mammouths. Si des nuées d’insectes noircissent le ciel, il y en a aussi dans le ventre de Franck et de Kenza, mais là ce sont des papillons. Dans cette aventure de tous les dangers, ils sont comme Jack et Rose tentant d’échapper aux eaux glacées, sauf que pour eux il fait beaucoup plus chaud.
© Cossu, Bocquet, Guillo – Dupuis Le trio Bocquet-Cossu-Guillo a créé une série qui s’inscrit définitivement dans les classiques contemporains. On retrouve Franck avec le même plaisir qu’un copain de classe qu’on n’aurait pas vu depuis un moment et avec qui on renoue des liens comme si l’on s’était quittés la veille. Le trait de Brice Cossu se rapproche un peu plus du réalisme. On voit que Les guerres d’Arran sont passées par là. En même temps, le scénario d’Olivier Bocquet fait légèrement grandir le héros avec ses lecteurs. Franck, ce n’est plus seulement de l’aventure, c’est aussi de l’émotion et de l’amour. Quant aux couleurs de Yoann Guillo, elles donnent la température des scènes.
© Cossu, Bocquet, Guillo – Dupuis L’apocalypse est le dernier livre de L’apocalypse dans le Nouveau Testament selon Saint-Jean. Ce ne sera pas le dernier de Frnck, sans a, et c’est tant mieux.
Série : Frnck
Tome : 9 – Apocalypse
Genre : Aventure
Scénario : Olivier Bocquet
Dessins : Brice Cossu
Couleurs : Yoann Guillo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034768714
Nombre de pages : 64
Prix : 12,50 €
- Pour l’amour de Monna Lisapar Laurent Lafourcade
Le plus grand vol du XXe siècle
« -Je mérite le respect ! Je suis italien ! Le Louvre est rempli d’œuvres de mes compatriotes ! Sans les italiens, ce maudit Musée serait à moitié vide !
-Je comprends. Je serais furieux aussi s’il m’avait retenu cet argent sur ma paye. Mais il vaut mieux que tu te calmes… Si Gobier t’entendait…
-Ce gros tas ! Qu’est-ce qu’il connaît à l’art, lui ?
-Mon ami, va donc faire un tour dans le Musée pour te détendre. As-tu déjà pris le temps d’admirer ces œuvres dont tu parles tant ? »
Paris 1910, Vincenzo Peruggia est homme de ménage au Musée du Louvre. Un jour, en replaçant une vitrine protégeant un buste, il la brise malencontreusement et se voit infliger une retenue sur salaire. Gobier, son supérieur, le met plus bas que terre et la bienveillance du directeur du Louvre à son égard n’y fait rien. La pilule est difficile à avaler pour l’italien. Son ami Jacques lui conseille de prendre du recul en prenant le temps d’admirer les œuvres qu’ils sont chargés de bichonner. Le mal est fait. Vincenzo rumine sa vengeance. Quelques mois plus tard, en août 1911, il dévisse la toile de La Joconde de son cadre et la subtilise.
© Rizzo, Bonaccorso – Steinkis Pour l’amour de Monna Lisa est le récit rocambolesque du plus grand vol du XXème siècle. Il faut préciser qu’à l’époque La Joconde n’avait pas l’aura qu’elle a aujourd’hui et que ce larcin a largement contribué à sa notoriété. L’histoire de Vincenzo Peruggia est une histoire vraie. L’italien gardera la belle cachée sous son lit dans sa chambre de bonne. Il ne sera appréhendé que trois ans plus tard alors qu’il tentera innocemment de la vendre en Italie, parce qu’il voulait la rendre à son pays.
© Rizzo, Bonaccorso – Steinkis Le scénariste Marco Rizzo reste le plus fidèle possible à la réalité. Le personnage de François est l’un des rares qui soit fictif, créé pour donner le change et la répartie face à Vincenzo. La véritable héroïne est bien Lisa Gherardini, l’épouse de Francesco del Giocondo. Monna Lisa a son nom écrit ici avec les deux « n » de son orthographe italienne, réhabilitant son appellation d’origine signifiant « dame Lisa », monna étant une contraction de « ma donna », soit « ma dame ». Le dessinateur Lelio Bonaccorso fait de Vincenzo un personnage extrêmement émouvant, on ne peut plus touchant. On dirait un Charlie Chaplin, dans son monde et avec sa poésie. La colorisation sépia ancre l’histoire dans son contexte, figée dans le temps tout en étant éternelle.
© Rizzo, Bonaccorso – Steinkis Avant d’être l’histoire d’un rapt, comme l’indique le titre, cet album est bel et bien une histoire d’amour. Le sourire de la Joconde est à lui seul une réalité qui dépasse toute fiction. Rizzo et Bonaccorso démontrent une fois de plus qu’elle mérite son rôle de mythe.
One shot : Pour l’amour de Monna Lisa
Genre : Histoire
Scénario : Marco Rizzo
Dessins & Couleurs : Lelio Bonaccorso
Traduction : Alice Gallori
Éditeur : Steinkis
ISBN : 9782368467589
Nombre de pages : 112
Prix : 18 €
- Sasuke Retsuden 1/2par Laurent Lafourcade
Génération Naruto
« -Est-ce que ça va, Naruto ?!
-Hé, hé… J’ai juste perdu l’équilibre… Uh…
-Repose-toi un peu !
-Désolé…
-C’est encore une de tes crises ?
-… Oui.
-Les crises se rapprochent de plus en plus… On aimerait avoir des informations au plus vite… Mais on n’a pas d’autre choix que de faire confiance à Maître Kakashi et à Sasuke qui sont à Redaku… »
Naruto est atteint d’un mal mystérieux. Afin de trouver le moyen de le guérir, Sasuke débarque à Redaku, pays fermé à l’extérieur pendant des centaines d’années. Les étrangers ne pouvaient pas y entrer. Il vient y rencontrer l’ermite Rikudô. Celui-ci aurait été atteint il y a quelques années de la même maladie que Naruto, et aurait trouvé un moyen de guérir à Redaku, plus précisément à l’institut de recherche en astronomie Tataru. Tiens, c’est justement l’endroit où viennent d’être transférés les prisonniers évadés que Sasuke vient d’aider à appréhender il y a quelques instants. Sasuke décide de s’y infiltrer en se faisant incarcérer. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que son épouse Sakura s’y est aussi immiscée en tant que médecin. Trouveront-ils le remède pour sauver Naruto ?
NARUTO SASUKE RETSUDEN © 2022 by Masashi Kishimoto, Jun Esaka, Shingo Kimura All rights reserved
First published in Japan in 2022 by SHUEISHA Inc., Tokyo
© Kana 2024Le mangaka Shingo Kimura adapte ici le roman de Jun Esaka tiré de l’univers de Masashi Kishimoto. L’action se situe après la grande guerre Ninja, sous le règne du septième Hokage. Sasuke Ichiwa est en pleine mission d’infiltration, tout comme sa femme Sakura, qui pratique le ninjutsu médical. Ces anciens membres de l’équipe numéro 7 vont tout mettre en œuvre pour guérir Naruto. La solution se trouve dans ce fameux institut de recherche en astronomie qui sert aussi de prison. Son directeur, Zansûru, est épaulé par un drôle de surveillant censé empêcher toute évasion, Menô, un lézard géant qui lui obéit au doigt et à l’œil, qui offre les plus belles planches du manga.
NARUTO SASUKE RETSUDEN © 2022 by Masashi Kishimoto, Jun Esaka, Shingo Kimura All rights reserved
First published in Japan in 2022 by SHUEISHA Inc., Tokyo
© Kana 2024Ce qu’il y a de bien avec l’univers de Naruto, c’est que quand c’est fini, ce n’est jamais fini. Si la série-mère s’est close après soixante-douze tomes, la suite, Boruto, est en cours. Il y a même eu un one-shot avec Naruto Gaiden. Sasuke Retsuden, dont le premier volume vient de paraître, est un diptyque tiré de Mr. And Mrs. Uchiwa and the starry heavens, autrement dit Sasuke et Sakura et le ciel étoilé. On peut le lire aux éditions Kana sous le titre Le roman de Sasuke, l’énigme du dessin des astres. Et si l’on veut découvrir les soucis de Naruto et de son mal étrange, il faut démarrer deux livres avant avec Le roman de Kakashi, le sixième Hokage et l’enfant roi, puis Le roman de Naruto, le septième Hokage et la spirale du destin.
NARUTO SASUKE RETSUDEN © 2022 by Masashi Kishimoto, Jun Esaka, Shingo Kimura All rights reserved
First published in Japan in 2022 by SHUEISHA Inc., Tokyo
© Kana 2024Au total, quinze romans parallèles à la saga Naruto sont parus. De quoi faire de belles adaptations en manga. Sasuke Retsuden est une « histoire intense » dont on attend impatiemment la conclusion.
Série : Sasuke Retsuden
Tome : 1/2
Genre : Aventure
Scénario & Dessins : Shingo Kimura
D’après : Masashi Kishimoto
Adapté du roman de : Jun Esaka
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505126294
Nombre de pages : 240
Prix : 7,70 €
- Nëcromants 2 – Le plan de Montserratpar Laurent Lafourcade
Esprits d’équipe
« -Alors… Depuis le début c’était vous Montserrat ?
-Oui, ce marchand est un nécromant débutant qui est tombé par hasard sur ma sépulture. Je savais que vous reviendriez ici après avoir libéré Boph-Êt. C’était facile de vous guider par mes conseils et mes anecdotes.
-Mais vous auriez pu me dire qui vous étiez depuis le début !
-Et vous m’auriez cru ? Sans la moindre preuve ? Remarquez, vous êtes un peu naïf, ça aurait pu marcher.
-Mais pourquoi m’utiliser ? Il y a des dizaines de nécromants bien plus puissants que moi, qui se seraient sans doute mieux débrouillés !
-Parce que vous êtes plus malléable que les autres nécromants de la capitale… »
Acher et Ayu apprennent que le marchand avec qui ils prennent le thé n’est autre que Montserrat. Ce nécromant débutant était tombé sur sa sépulture. Pour délivrer Morla, la sœur d’Acher, de l’emprise de Bo-Phet, il va leur falloir ressusciter les héros du passé qui avaient vaincu ce dernier. Acher va avoir besoin de toute l’aide des trois fantômes qui l’accompagnent : l’érudit gâteux (respectez les anciens !), le guerrier incompétent (il n’avait qu’à s’entraîner plus) et la danseuse lascive (et oui, pour ne pas tacher ses vêtements, il vaut mieux les enlever). Pendant ce temps, à Biblys, capitale de l’Empire Moras, Morla, alias Bo-Phet, s’apprête à devenir empereur… non, impératrice… en se mariant pour conquérir le monde !
© Gay, Valentino, Sciama – Bamboo Le tome 1 étant paru il y a si longtemps, rappelons ce qu’est la nécromancie. C’est une science de la divination faisant entrer ceux qui la pratiquent en contact avec des personnes décédées. Son praticien, le nécromancien, devient ainsi détenteur de pouvoirs sur la vie et la mort. Le romancier-scénariste et surtout rôliste Olivier Gay place cette pratique au cœur de la série Nëcromants. Les amateurs de jeux de rôles, et pas qu’eux, trouveront en celle-ci l’occasion idéale de se glisser dans la peau d’un de ces nécromanciens car, Acher, non seulement doit trouver un moyen de « guérir » sa sœur, mais est aussi accompagné d’ectoplasmes.
© Gay, Valentino, Sciama – Bamboo Près de trois ans ! Cela fait quasiment trois ans que la première partie de Nëcromants est sortie. De nos jours, on peut difficilement faire pire pour perdre les trois-quarts des lecteurs en route. Habitués aux rythmes de parution des mangas et aux séries binge-watchées, les lecteurs n’ont plus la patience d’attendre autant. Par miracle, en deux planches, le talentueux scénariste Olivier Gay remet toutes les pièces du puzzle en place, qui plus est dans une discussion logique, une vraie leçon de mise en scène pour tous les auteurs qui ont de plus en plus tendance à confondre bande dessinée et livre illustré, abusant de cartouches. Ici, pas de ça. Olivier Gay fait de la BD et c’est ça qu’on demande quand on ouvre ce genre de bouquins. Au dessin, c’est sûr que Tina Valentino est au top. Ça valait le coup d’attendre, mais bon… C’est la stratégie éditoriale qui est, dans un cas comme celui-ci, à repenser. Il aurait certainement fallu mettre le tome 1 « au frigo » en attendant que cette suite soit suffisamment avancée pour sortir les deux volumes à un an d’intervalle, ce qui est déjà long pour beaucoup mais reste raisonnable.
© Gay, Valentino, Sciama – Bamboo Nëcromants est une série qui n’a rien à envier à Lanfeust. Elle est même plus aboutie que le déjà bon Danthrakon. Maintenant que l’univers est en place, espérons qu’un second cycle puisse voir le jour pour le développer.
Série : Nëcromants
Titre : 2 – Le plan de Montserrat
Genre : Heroïc Fantasy
Scénario : Olivier Gay
Dessins : Tina Valentino
Couleurs : Alice Scimia
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
ISBN : 9782382330289
Nombre de pages : 48
Prix : 14,90 €
- Terra Antarticapar Laurent Lafourcade
The truth is out there
« -Salut Joël, moi c’est Maïa. Je suis psychologue et inspectrice de police. J’ai été envoyée par les autorités fédérales pour analyser ton cas. Ce que tu nous diras sera crucial pour déterminer ton implication dans ce hold-up…
-J’aime pas…
-Quoi ?
-Le café. Je crois que j’aime pas. C’est trop amer… »
Joël est le seul survivant d’un braquage qui a causé la mort de ses quatre complices. La camionnette dans laquelle ils se trouvaient a été dévastée par une force mystérieuse laissant place à un trou béant de la forme d’un globe sur une partie du véhicule. La police l’interroge mais il reste énigmatique. Il n’a aucun souvenir de ce qu’il s’est passé. L’argent a été retrouvé dans la carcasse de la voiture, et lui, en état de choc, à quinze kilomètres de là en plein désert, maculé du sang de ses amis. Loin de leur Buenos Aires de résidence, l’inspectrice psychologue Maïa Fernandez et son adjoint Alberto Moscatelli, dit Mosca, ne se doutaient pas en arrivant en Patagonie qu’ils allaient se trouver confrontés à une enquête au-delà du réel.
© Nakamura – iLatina Maïa et Mosca ne sont pas les seuls sur l’affaire. Alors que Joël vient de s’évader de sa cellule, ils font la connaissance d’un certain Monsieur Clemense, alias « le chat ». Son visage semble brûlé et perclus de cicatrices. Ils ignorent que sous ses mains gantées se cachent des tentacules. Pour l’instant, il se présente à eux comme un inspecteur, agent de la sécurité de l’Etat en charge de l’enquête pour cette opération qui dépend des plus hautes sphères du gouvernement. Alors que Maïa et Mosca vont rapidement retrouver Joël, bien déterminé à rejoindre pour une raison inconnue le sud du pays, ils se rendront rapidement compte qu’ils sont les souris d’un chat dont le bien fondé des intentions ne semble pas être très clair.
© Nakamura – iLatina Agustin Graham Nakamura est un auteur argentino-japonais. Il était donc logique qu’il soit publié en français chez iLatina. Dans un style Comics, mais dans un découpage plus européen, il embarque le lecteur dans un thriller à la fois horrifique, fantastique et de science-fiction. Le scénariste-dessinateur a été biberonné à X-files. On est en plein dedans, à la différence que Mulder et Scully savaient qu’ils étaient confrontés au surnaturel, Maïa et Mosca, pas du tout, du moins au début, alors que pour le lecteur le ton est donné dès la première apparition de Monsieur Clemense. Le style graphique est proche d’un Clarke dans sa veine réaliste et l’album, moyen format, est tout en niveaux de gris. Nakamura maintient le suspens tout au long du récit pour terminer avec un dénouement inattendu dans une mise en scène façon blockbuster.
© Nakamura – iLatina « La vérité est ailleurs. » Voilà un adage bien connu des spectateurs de X-files qui va devenir celui des lecteurs de Terra Antartica. Efficace.
One shot : Terra Antartica
Genre : Polar fantastique
Scénario & Dessins : Agustin Graham Nakamura
Traduction : Thomas Dassance
Éditeur : iLatina
Collection : Via Libre
ISBN : 9782491042370
Nombre de pages : 112
Prix : 18 €
- Totem 2 – Deuxième niveaupar Laurent Lafourcade
Réalité animale et virtualité humaine
« -Se battre contre des zombies et des joueurs ayant des totems plus forts que nous, c’est trop !
-Fais pas ta poule mouillée, Abel ! Je peux tous les éclater.
-Tu veux prendre le pari, Elif ? Si ton avatar meurt, tu risques de rejouer avec un cloporte ou un lombric pour totem. »
Les gameurs Abel, Yorick et Elif ont intégré un nouveau jeu en réalité virtuelle dans lequel leurs avatars sont des animaux. Ils se sont rapidement rendus compte qu’ils étaient en fait dans la réalité. Certains joueurs, animaux comme eux, sont particulièrement agressifs. Ils ont été contaminés par le D-rush, une sorte de virus qui les fait exprimer toute leur rage dans le jeu. Heureusement, ils vont pouvoir se faire des alliés pour tenter d’éradiquer la maladie et de sauver le professeur Teuma. Quelques temps plus tôt, celui-ci faisait des études sur les animaux, parvenant à les diriger à distance. Dans le contrôle animal, entre réalité et virtualité, il n’y a qu’un clic de souris à franchir.
© Toussaint, Christ – Milan/Bande d’ados Où il est question de réalité virtuelle. A n’en pas douter, le monde du jeu vidéo est en pleine mutation. La réalité virtuelle, avec les casques inhérents, en est le fer de lance. Exit les joysticks et autres combinaisons de touches de clavier. Lunettes sur les yeux et gants connectés, les joueurs veulent de l’immersion. Dans Totem, le concept est poussé jusqu’à son paroxysme puisque les héros se trouvent dans des avatars, mais dans la réalité. S’ils meurent, pas grave pour autant. Ils pourront toujours revenir, mais pas forcément sous la forme idéale. Le D-rush, maladie qui fait rage, zombifiant les joueurs, est une image de l’addiction, qui fait que les joueurs déconnectent, non pas de leur jeu, mais du vrai monde. Demandez à un joueur de Fifa de venir à table en plein match et vous comprendrez.
© Toussaint, Christ – Milan/Bande d’ados Kid Toussaint et James Christ alignent les succès. Le premier, scénariste, l’a prouvé entre autres avec Magic 7, Télémaque ou encore le best-seller Elles. Le second, dessinateur, est en ce moment à l’adaptation de Strom d’après les romans de Benoît et Emmanuelle de Saint Chamas et a participé à la Saga Les géants. Leur association ne pouvait qu’être synonyme de réussite.
© Toussaint, Christ – Milan/Bande d’ados Totem est une aventure 3.0, symbole d’une révolution technologique actuelle. Nos gameurs réussiront-ils à garder le contrôle du jeu ?
Série : Totem
Tome : 2 – Deuxième niveau
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Kid Toussaint
Dessins : James Christ
Couleurs : Elsa Chanal
Éditeur : Milan
Collection : Bande d’ados
ISBN : 9791036366123
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €
- Myrtis 1par Laurent Lafourcade
Princesse rebelle
« -Ma princesse, mon trésor merveilleux, le cœur de mon Royaume. Etes-vous comblée ?
-Oh oui, mon Papapa !
-Le moindre de vos désirs est-il satisfait ?
-Oh oui, mon Papapa !
-Bien. Dans quelques jours, vous aurez 17 ans. Nous allons célébrer cela comme il se doit !
-Oh ! Quel sera mon cadeau ?… Vous m’avez trouvé un coffre sans fond ? Un ménestrel band ??? Une licorne ???
-Rien de tout cela. Vous allez vous marier. »
La princesse Myrtis rêvait d’un plus beau cadeau pour son anniversaire, journée spéciale dédiée à son bonheur. Elle devrait être encore plus gâtée et choyée que d’habitude. A la place de tout ça, son père lui apprend qu’elle va devoir se marier. Dès à présent, elle perd son statut de princesse et a trois jours pour apprendre à tenir son rang d’épouse de roi. Règle numéro 1, ne jamais parler la première. Si on veut l’entendre, on le lui fera savoir. Règle numéro 2, ne jamais contredire son mari, qui est le cerveau du couple. Règle numéro 3, être toujours d’une humeur avenante. Règle numéro 4, savoir garder en toutes circonstances une attitude douce et obéissante. Autant dire tout de suite que Myrtis n’est prête à accepter aucune de ces lois.
© Brants – Kana Motivée par la fourbe Fi, enfermée dans une fiole, la belle va mettre en place une fine stratégie pour échapper au mariage forcé et s’enfuir. Mais dès la supercherie révélée, c’est une bande de racailles que le roi va envoyer à ses trousses : la bande de Marge la barge, emmenée par Eumémutis, sommé de se rattraper pour la complicité qu’il a eu avec Myrtis, lui permettant de se volatiliser dans la nature. Les chasseurs parviendront-ils à rattraper leur gibier avant qu’une vieille sorcière ne se mêle de cette histoire ?
© Brants – Kana Après Save me Pythie, et le one shot Par le pouvoir des dessins animés, voici enfin le retour d’Elsa Brants, la mangaka française la plus drôle du monde. Fille spirituelle de Marcel Gotlib et de Rumiko Takahashi, l’autrice frappe une nouvelle fois très fort. Avec Myrtis, elle déstructure le conte de fées. Le XXIème siècle est passé par là. Myrtis est féministe. Hors de question de se laisser dicter son destin par ses parents et de vivre sous la coupe de quelque prince que ce soit. Il n’empêche que c’est une insupportable jeune femme gâtée. Et il y a une chose à laquelle ses parents devraient prendre garde : à force de vouloir la diriger, ne risquerait-elle pas de partir dans une direction complètement opposée ?
© Brants – Kana Le dessin d’Elsa Brants est rigolo, voire carrément poilant. Ce premier tome de Myrtis laisse augurer d’une nouvelle saga médiévale humoristique pas piquée des vers.
Série : Myrtis
Tome : 1
Genre : Humour médiéval
Scénario & Dessins : Elsa Brants
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505086949
Nombre de pages : 208
Prix : 7,70 €
- Rubine The 90’s 1 – Le prophète blancpar Laurent Lafourcade
La tension monte au Montana
« -On peut vous demander ce que vous faites là ?
-Je marche ! Un enfant en bas âge pas trop idiot, vous le dirait.
-Pas d’impertinence, Mademoiselle ! Et vous allez où ?
-Là où la route me conduit. Là où l’herbe est plus verte.
-En parlant justement d’herbe !… Ôtez votre sac à dos et mains posées sur le toit de la voiture !«
Dans le Montana, aux abords de Spring Falls City, après une panne de voiture, Rubine marche sur le bord de la route. Arrêtée par un groupe de policiers qui trouvent dix grammes de cannabis sur elle, elle est jugée en comparution immédiate et écope de travaux d’intérêt général. Mais ? Comment une agent du FBI peut-elle se trouver dans une telle situation ? Tout simplement parce que Rubine n’a pas encore la fonction qu’on lui connaît. Nous sommes dans les années 90, avant qu’elle ne devienne celle que nous connaissons depuis quinze albums. Les éditions du Tiroir lancent un spin off des aventures de la belle américaine née en 1993 aux éditions du Lombard.
© Van De Walle, Mythic, Walthéry, Stibane – Editions du Tiroir Cette histoire commence en juin 1960. Une jeune femme se fait salement larguer par son boyfriend qui la quitte lâchement pour une belle blonde. Trente ans plus tard, le type occupe de très hautes fonctions politiques : il est vice-président et aspire à devenir le prochain locataire de la maison blanche. La région du Montana est gangrénée par un trafic d’armes. Le ku-klux-klan fait un retour en force. Au milieu de tout ça, pour quelques grammes d’herbe, Rubine doit donc s’affranchir de deux cents heures de ramassage de foin, corvée de bois, nourrissage de porcs et autres joyeuses activités de la ferme. Entre magouilles politiques et traficoteries judicaires, Rubine va rapidement délaisser les travaux champêtres pour fourrer son nez dans tout ça.
© Van De Walle, Mythic, Walthéry, Stibane – Editions du Tiroir Si de nombreux dessinateurs se sont succédés sur la série sous la houlette et la supervision de François Walthéry, Mythic est le scénariste emblématique de Rubine. Avec ce spin-off, il ancre l’héroïne dans une époque, évitant toute technologie moderne complexifiant parfois les enquêtes, tout en faisant passer des messages modernes, Rubine ayant une liaison avec une fille. L’immersion dans le Montana est totale dans cette histoire aux légers accents de la série Big Sky sur Disney +, non pas dans le contenu, mais dans le contenant. La plus grande découverte ou redécouverte de l’album est son dessinateur Nico Van de Walle. L’auteur d’Adelin et Irina garde son trait légèrement acide tout en faisant un pas vers celui de Walthéry. Il donne un souffle nouveau à l’univers. C’est osé et ça fonctionne incroyablement bien, en particulier dans cette histoire aux anti-héros complètement déjantés.
© Van De Walle, Mythic, Walthéry, Stibane – Editions du Tiroir Rubine The 90’s montre comment on peut faire du neuf avec du vieux. Les éditions du Tiroir ont grand ouvert le meuble du même nom pour en faire jaillir du franco-belge 20’s en grande forme.
Série : Rubine The 90’s
Tome : 1 – Le prophète blanc
Genre : Thriller
Scénario : Mythic
Dessins : Nico Van De Walle & François Walthéry
Couleurs : Stibane
Éditeur : Editions du Tiroir
ISBN : 9782931251034
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €
- Le réseau Papillon 8 – Danger sur le maquispar Laurent Lafourcade
Collaboration et enlèvement
« -Boudre ! En voilà une mission réussie !
-Oui, je suis fier de toi. Tu maîtrises le sabotage, maintenant.
-Par contre, on doit se mettre au vert. Les boches vont être sur les dents. »
Forêt de Saint-Sever. Septembre 1943. Une bande de résistants vient de plastiquer une garnison nazie. C’est une réussite, mais il va falloir prendre garde au retour de bâton allemand. Dans le maquis, les jeunes cachés pour fuir le STO (service du travail obligatoire) sont prêts à combattre. Depuis la mort de Jean Moulin, la Résistance est plus que jamais déterminée à faire tomber l’envahisseur. Le problème est qu’il n’y a pas que des résistants ou des « inactifs » dans la population française. Il y a aussi des collabos, prêts à lécher les bottes ennemies en débusquant les juifs et la racaille qui nuisent à la grande nation que veut fonder le Führer. Au milieu de ces résistants, le réseau Papillon apporte sa pierre à l’édifice de la révolution.
© Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle Avec ce huitième volume et le temps qui passe, les aventures de Chef, Princesse, Doc, Bouboule et L’instit prennent une nouvelle dimension. On est de plus en plus au cœur de l’Histoire avec un grand H et la tension monte d’un cran. Les ados du réseau côtoient des groupes de résistants très organisés. Un sale collabo va placer une radio dans le commerce du père de François, alias Bouboule, qui va amener à l’arrestation du boucher. Le maquis réussira-t-il à le sortir de ce bien mauvais pas ? Parallèlement, une histoire d’amour se noue entre André et Maria, cette belle espagnole qui a quitté l’Espagne seule pour fuir Franco. Et ce ne serait peut-être pas la seule… histoire d’amour.
© Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle Comme d’habitude, un cahier documentaire vient confirmer et expliquer la réalité historique. Il y est question des maquis, de collaboration, de guerre d’Espagne et des personnages réels que l’on a rencontré dans l’album. Le réseau papillon donne un sacré coup de main à Jacques Hochin, un jeune résistant membre du maquis de Courtemiche. A Paris, Edmond, alias Doc, rencontre Forest Yeo-Thomas, un agent des services secrets britanniques à qui il fournira de précieuses informations. Franck Dumanche, épaulé par Michel-Yves Schmitt, donne une leçon d’Histoire à ses lecteurs, en les immergeant dans la peau de héros du réel de leurs âges. La série gagne en tension et en émotion. Au dessin, réussissant à jongler avec les albums réalistes comme Joseph Kessel, l’indomptable, Nicolas Otéro garde son trait souple.
© Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle Le réseau Papillon est à présent l’une des séries référence sur le thème et sur l’époque. Inévitablement comparée à une autre série mettant en scène des enfants dans la résistance, elle gagne à être aussi connue, chacune ayant son angle d’écriture.
Série : Le réseau Papillon
Tome : 8 – Danger sur le maquis
Genre : Aventure historique
Dessins : Nicolas Otéro
Scénario : Franck Dumanche & Michel-Yves Schmitt
Couleurs : 1ver2anes
Éditeur : Jungle
ISBN : 9782822241984
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €
- Delta Blues Cafépar Laurent Lafourcade
Un pacte avec la musique
« -Aidez-moi à accueillir celui à qui l’on doit cette magnifique composition autour du personnage mythique de Robert Johnson. Il nous vient des Antilles françaises, mais parle merveilleusement anglais… Applaudissez Monsieur Laup Grangé ! Cher Laup, j’ai cru comprendre que c’est vous-même qui avez insisté pour que votre tournée de promotion passe par notre ville. Je me suis aussi laissé dire que votre désir secret serait de rencontrer l’un de nos illustres concitoyens… Eh bien, il est ici, parmi nous ! C’est le spécialiste unanimement reconnu de l’histoire du blues : le professeur Gordon Kyle Moore ! Alors, professeur ! Vos impressions à la découverte de ce que l’on peut qualifier de chef-d’œuvre ? »
Alors que se termine la projection du film Robert Johnson Du bleu dans l’âme, en présence de son acteur principal Laup Grangé, l’animateur interroge un spectateur pas comme les autres pour recueillir ses impressions. Il s’agit du Professeur Gordon Kyle Moore. L’historien du blues préfère quitter la salle sans un mot. Le vieux bougon a-t-il apprécié le film ? Il est certainement trop fier pour donner son avis. Cela ne perturbe aucunement Grangé, qui joue le rôle de Johnson, et qui décide de conduire Moore, dont le chauffeur vient de jeter l’éponge, sur les routes du Nord du Mississippi, dans une Amérique chargée d’Histoire musicale. Le périple les mènera jusqu’au Delta Blues Café, tenu par une certaine Jezie, rendez-vous des amateurs et des puristes de Blues.
© Miras, Charlot – Bamboo A la manière dont il l’a fait il y a six ans avec Winoc pour le Tango dans Gran Café Tortoni, Philippe Charlot invite à un voyage musical aux sources du Blues. Il faudra les anglo-saxons Rolling Stones ou Eric Clapton pour populariser ce style américain et le faire véritablement découvrir au monde entier. A travers cette musique, Charlot évoque l’émancipation de la population afro-américaine qui a ouvert son âme dans des compositions émouvantes comme celles de Robert Johnson servant de point de départ à ce road movie. C’est le sixième album que Philippe Charlot scénarise pour le dessinateur polonais Miras. Les auteurs ont choisi de le réaliser en couleurs car, comme le justifie le professeur Moore, les bluesmen ont vécu dans les couleurs de leurs paysages, dans le bleu de leur ciel, dans le noir de leur peau et dans le rouge de leur sang. En nous amenant sur ces traces, le vieil homme ne nous entraîne pas que dans une histoire de musique, mais aussi dans une histoire d’amour.
© Miras, Charlot – Bamboo Revenons sur la vie de celui qui sert d’élément déclencheur à cette histoire. Années 30, Robert Johnson est l’un des meilleurs guitaristes de blues de l’époque. S’il est devenu aussi doué, c’est, selon lui, parce qu’il a pactisé avec le diable. Lui qui enregistra seulement vingt-neuf morceaux deviendra mondialement connu dans les années 60 avec la sortie d’un disque. Il est mort depuis bien longtemps, en 1938. Il est le premier à faire partie de ce qui deviendra le fameux club des 27. Il a certainement été empoisonné par un barman dont il eut une relation avec la femme. A cette époque, le vaudou faisait partie intégrante de la culture locale. Johnson a toujours été persuadé avoir été aidé par une entité spirituelle pour en arriver là. Il avait en tous cas un mentor en la personne d’un certain Zimmerman.
© Miras, Charlot – Bamboo Quand on entend des notes en lisant un livre, c’est probablement que le message est passé. Il suffit de quelques planches pour être persuadé qu’une guitare est en train de jouer. Charlot et Miras nous invitent au Delta Blues Café, où l’on a envie de s’attarder sans refermer l’album à la fin.
https://www.youtube.com/watch?v=Yd60nI4sa9Ahttps://www.youtube.com/watch?v=3MCHI23FTP8https://www.youtube.com/watch?v=Kxi4XkIVWLQOne shot : Delta Blues Café
Genre : Emotion
Scénario : Philippe Charlot
Dessins : Miras
Couleurs : Anna & Miras
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9782818997673
Nombre de pages : 72
Prix : 16,90 €
- Mickey La souris du futur 2/2 – Le retour de la souris du futurpar Laurent Lafourcade
Quatre nouvelles réinterprétations de classiques
« -Travailler dans une station spatiale, c’est génial, les amis ! Il y a de quoi être fiers, non ?
-Bah… Fiers de quoi ? On est juste des fermiers et des jardiniers !
-Mais les plantes produisent de l’oxygène !
-Et sans nous, personne ne mangerait de fruits ou de légumes ! Nous sommes trop loin de la Terre pour… Hein ?!
-C’est le signal de l’alerte générale !
-La commandante va s’adresser à tout l’équipage ! Ça doit être important ! »
Le futur, cent ans dans l’avenir, Mickey, Donald et Dingo sont constructeurs de vaisseaux à bord de la station spatiale Donald 1. L’alerte générale vient d’être donnée par la commandante Minnie. Un astéroïde leur fonce droit dessus à vive allure. Il faut évacuer la station au plus vite. Nos trois amis vont tant traîner à cause de leurs tergiversations pour savoir ce qu’ils emmèneraient qu’ils se trouvent sans plus aucune place pour partir. Leur seule solution est de réparer un vaisseau en construction au chantier spatial. Y parviendront-ils à temps ?Constructeurs de vaisseaux est la première des quatre histoires qui composent ce recueil d’aventures futuristes des têtes d’affiches de chez Disney : Mickey, Donald et Dingo. Les récits de trente planches qui composent ce second volume de la souris du futur sont inspirés de courts métrages classiques des studios d’animation Disney. Ils sont transposés dans le futur. L’histoire des constructeurs de vaisseaux est une revisite de Boat Builders de 1938.
© Sisti, Sciarrone, Artibani – Glénat
© Disney Enterprises, IncDans Le rover de Mickey, on retrouve notre trio en vacances sur Mars. Comme dans Mickey’s Trailer, également sorti en 1938, on suit leurs pérégrinations en caravane, avec les aléas de la route, les problèmes de gravitation en plus. Devront-ils troquer leur astrocaravane contre un séjour tout confort dans un centre de remise en forme sur la planète rouge ?
© Pastrovicchio, Pinto, Artibani – Glénat
© Disney Enterprises, IncNettoyeurs de robots fait écho aux nettoyeurs d’horloge, les Clock cleaners de 1937. Dans ce retour sur Terre, on croisera le célèbre professeur Mirandus, toujours pris par ses recherches. Le scientifique pilotera Pionnier, le premier mécha robot construit il y a bien des décennies et dont Mickey, Donald et Dingo sont chargés de récurer les rouages avant sa remise en service. Mais attention à un très fameux ennemi qui pourrait bien faire sa réapparition.
© Panaro, de Lorenzi, La Pietra, Artibani – Glénat
© Disney Enterprises, IncC’est entre présent et futur que nous emmènent nos héros dans A travers le Betaverse, tiré de Thru the mirror de 1936. Des pirates informatiques tentent de tricher avec le système. Mickey est chargé de naviguer à travers le métavers pour faire respecter les règles. Mais aujourd’hui, il y a un problème encore plus grave, une alerte de classe Zêta : le pays des merveilles ne répond plus. Les milliers de visiteurs qui s’y trouvent ne peuvent pas se déconnecter. A Mickey de jouer la bonne « carte » pour remettre les choses en ordre.
© d’Ippolito, de Giuseppe, Castagna, Artibani – Glénat
© Disney Enterprises, IncComme la précédente, cette compilation italienne est orchestrée par Francesco Artibani. Il a adapté les courts-métrages avant de confier les scenarii à des compatriotes ou à lui-même. Au dessin, on retrouve des dessinateurs habitués de l’univers Disney. Claudio Sciarrone a un trait assez original, détourant son encrage des personnages d’un trait blanc les mettant en relief. Le trait crayon de Lorenzo Pastrovicchio est dans la plus pure tradition « Mickey Parade », alors que Paola de Lorenzi adopte un traitement plus informatisé, comme si ses cases étaient issues d’un dessin animé. Enfin, Francesco d’Ippolito choisit les look old school, en particulier ceux de Dingo et Donald qu’on a peu l’habitude de voir. Ça va très bien avec l’histoire choisie.
Le diptyque de la souris du futur offre un total de huit histoires adaptées de courts métrages mythiques. L’exercice de style est une réussite complète. On veut d’autres relectures de ce genre, ou d’autres types.
https://www.youtube.com/watch?v=CKDICvM9_I0https://www.youtube.com/watch?v=UPwESbs4KBghttps://www.youtube.com/watch?v=DFw-V_LelRgSérie : Mickey La souris du futur
Tome : 2/2 – Le retour de la souris du futur
Genre : Aventure
Scénario : Francesco Artibani, Alessandro Sisti, Carlo Panaro
Dessins : Claudio Sciarrone, Lorenzo Pastrovicchio, Paola de Lorenzi, Francesco d’Ippolito
Couleurs : Claudio Sciarrone, Giovanna La Pietra (Arcancia Studio), Valentina Pinto (Arcancia Studio), Francesco d’Ippolito, Lucio de Giuseppe, Ilaria Castagna
Éditeur : Glénat
Collection : Walt Disney
ISBN : 9782344062395
Nombre de pages : 128
Prix : 19,50 €
- West Fantasy 1 – Le nain, le chasseur de primes et le croque-mortpar Laurent Lafourcade
Fantasy western
« -Kendal Jones ! Quel putain de mauvais vent vient te faire traîner tes bottes par ici ? Et qu’est-ce que tu fricotes avec ce croque-mort ?
-Shérif Keaton ! Je vous ramène une cliente !
-Par le diable ! Lady Sorrow. T’aurais pu m’amener la mignonne vivante, qu’on profite au moins de son beau sourire. »
Kendal Jones est un chasseur de primes. L’homme vient d’abattre Lady Kätlin Sorrow, celle qui gagnait sa vie avec un duel par jour à Foxtown. Aujourd’hui, elle a perdu. Alors, Kendal se rend à Kappertown afin de récupérer la prime promise. Il est accompagné d’un croque-mort gobelin. Pendant ce temps, le nain Okaar Albericht, chercheur d’or de son état, découvre au fin fond de la mine qu’il est en train de creuser un temple gigantesque renfermant une montagne d’or. Plus profondément encore, se dresse un monolithe noir, un totem. En posant sa main dessus, Okaar ne se doutait pas qu’il allait réveiller des forces des ténèbres. Dans une odeur de putréfaction, un nécromant sort de terre pour une croisade sanglante.
© Benoit, Istin, Nanjan – Oxymore Des nains, des zombies, un gobelin,…, ce ne sont pas des personnages que l’on a l’habitude de rencontrer dans un western. Des chercheurs d’or, un chasseur de primes, un shérif, un croque-mort,…, ce ne sont pas des personnages que l’on a l’habitude de rencontrer dans une aventure d’heroïc-fantasy. Il fallait toute l’audace et tout le savoir-faire d’un Jean-Luc Istin pour mêler tout cela dans un univers atypique, hors du commun, inattendu. Et ça marche à merveille. Enfin, l’heroïc-fantasy sort des sentiers battus. Les univers des mondes d’Aquilon et des terres d’Arran ayant assis les bases d’une mythologie dont les codes sont connus de tous les amateurs de jeux de rôles, de tous les lecteurs de Tolkien et de tous ceux qui ont été biberonnés à Taram et le chaudron magique, il fallait un sacré courage pour rebattre les cartes.
© Benoit, Istin, Nanjan – Oxymore Né d’une séance de brainstorming entre les auteurs, l’univers de West Fantasy s’est créé sous les crayons de Bertrand Benoit. Fidèle à son esprit « concept », Istin s’est attaché à créer des histoires à partir de personnages, et non pas à trouver une histoire dont découleraient des protagonistes. Benoit a fait des croquis. Istin a rebondi dessus. Benoit les a modifiés. Istin les a mis en scène. C’est ainsi que s’est construite cette première saison de cinq totems, cinq albums, de West Fantasy. Chacun des albums racontera une aventure centrée sur trois personnages. Ici, un nain, un chasseur de primes et un croque-mort sont au cœur de la tragédie. Dans les autres volumes, on rencontrera pêle-mêle des indiens elfiques, des orcs mexicains, un ronin, une catin, un marshall, une shaman, des centaures et bien d’autres créatures hors du commun…des mortels.
© Benoit, Istin, Nanjan – Oxymore West Fantasy démarre sur les chapeaux de roues de diligence, réunissant les amateurs de deux univers extrêmement bédégéniques : le western et l’heroïc-fantasy. Les toutes jeunes éditions Oxymore tiennent là le renouveau de l’un et de l’autre des thèmes.
Série : West Fantasy
Tome : 1 – Le nain, le chasseur de primes et le croque-mort
Genre : Héroïc-Fantasy Western
Scénario : Jean-Luc Istin
Dessins : Bertrand Benoit
Couleurs : J.Nanjan
Éditeur : Oxymore
ISBN : 9782385610418
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €
- Aventurosaure 5 – La vision de Patchypar Laurent Lafourcade
Amis ennemis
« -Patchy !!!
-Patchy !
-Patchyyy ! Où es-tu ?
-Gogo, on ne la retrouvera pas ici ! Moi, je pense qu’elle est repartie vers le village de Trïaso !
-Quoi ?! »
Pendant que Gogo et Razo sont à la recherche de Patchy, aidés par le petit chien Lupï, Rex et Cory luttent contre des mantes religieuses géantes. Il va bien falloir l’intervention de Braki et du T-Rex Brutus pour qu’ils se défassent de leurs adversaires. De son côté, l’ignoble Empereur Tyratops s’est débarrassé de son Général Ank qui n’admet pas son échec. Sous l’emprise de la sorcière Ovi, enfourchant Smilo, un tigre à dents de sabre, Patchy s’attaque à ses anciens compagnons.
© Paré-Sorel – Presses aventures Aventurosaure est un feuilleton jurassique mettant en scène des dinosaures humanisés au milieu des vrais, avec des accents d’heroïc-fantasy. Le royaume de Mezoïk est le pays de tous les dangers pour ces aventuriers intrépides prêts à tout pour combattre le mal. En fin d’album, outre une carte du pays et le rappel des identités des personnages (choses qui auraient du judicieusement être placés en début d’ouvrage pour remettre les idées en place), on peut apprécier le trait crayonné dynamique de l’auteur. On y voit entre autres les études de proportion et les concepts abandonnés ou réalisés.
© Paré-Sorel – Presses aventures Julien Paré-Sorel est l’une des valeurs sûres de la BD québécoise. Allez voir son site https://julienparesorel.com pour y découvrir le large éventail de ses travaux. On y découvre quelques petites curiosités comme une couverture pour Rick et Morty, des études pour les Tortues Ninja et des illustrations pour divers magazines ou manifestations. Il y a aussi des œuvres en réalité virtuelle réalisées avec Tilt Brush où l’on voit du Godzilla et du Rex, sans rapport l’un avec l’autre, même si ça aurait pu.
© Paré-Sorel – Presses aventures « Les pires ennemis sont souvent d’anciens alliés : » Rex et ses compagnons vont malheureusement apprendre cet adage. Sauront-ils y faire face ?
https://youtu.be/IW7k9dH0AIYSérie : Aventurosaure
Tome : 5 – La vision de Patchy
Genre : Jurassic Fantasy
Scénario, Dessins & Couleurs : Julien Paré-Sorel
Éditeur : Presses aventure
ISBN : 9782897518769
Nombre de pages : 64
Prix : 12,90 €
- Moon 1 – Une balle pour un croisépar Laurent Lafourcade
Un grand écart d’un bon millénaire
« -Et ils ne sont toujours pas là. Typique.
-Toujours pas le moindre petit message.
-Donnons leur encore un peu de temps. Il arrive fréquemment qu’ils soient trop occupés.
-Trop occupés ?! Ils ont oublié, oui !!! Je prends l’unirail !
-On ferait mieux d’aller avec lui, sinon il va encore se tromper. »
Perris 2323, les triplés Emily, Cleo et Alex Moon sont désormais au collège, dans trois classes différentes, afin d’éviter des visites trop fréquentes chez le directeur…comme aujourd’hui. Emily contredit (avec raison) les professeurs pas assez pointilleux. Cleo est plus attentive aux garçons qu’aux leçons et Alex a encore trafiqué les terminaux pour que le professeur reçoive une décharge de 300 volts à travers sa chaise pendant que du cyberporn était projeté sur l’écran. Très intelligents mais souvent livrés à eux-mêmes, les enfants ne sont pas un exemple de discipline. Et pour cause, leurs parents sont souvent absents. Des robots les ont pris en charge. Rick de Ridder et Lynn Moon sont des agents spatio-temporels chargés d’arrêter les criminels qui s’enrichissent en voyageant dans le passé. Mais ça, leurs rejetons l’ignorent…
© Vandevelde, Louwes – Anspach
© 2023 Menlu. All rights reservedÇa fait trois cent ans qu’une guerre nucléaire mondiale a ravagé la planète. Depuis, la population s’est rassemblée dans des mégapoles construites sur des ruines. Les absences répétées des parents éveillent les soupçons des enfants qui deviennent adolescents. Dans la plus grande discrétion, ils voyagent dans le temps. Leur dernière mission les a menés en 1187 à Jérusalem devant l’armée de Saladin. Ce n’est pas lui leur souci. C’est plutôt un certain croisé qui, comme eux, vient du futur, mais pour faire un trafic d’armes à feu. Après ça, ils vont revenir dîner avec les enfants. Alex a bien l’intention d’en savoir plus et va entraîner ses sœurs là où ils travaillent, au CTC, le mystérieux ministère du contrôle technique et de la certification.
© Vandevelde, Louwes – Anspach
© 2023 Menlu. All rights reservedMoon est une série de bandes dessinées néérlandaise. Les auteurs invitent les Goonies chez Moebius. Au scénario, Johan Vandevelde pose les bases d’une uchronie tous publics. Les personnages sont rapidement présentés et l’on ne tarde pas à entrer dans le vif du sujet. Influencé par le Griffo de la grande époque, le dessinateur Stephan Louwes adopte un style réaliste souple tout en aplat de noirs et de gris. Hormis pour des raisons économiques, le noir et blanc n’apporte rien de particulier à l’album qui, avec les différentes époques de l’histoire, aurait vraiment gagné à être en couleurs.
© Vandevelde, Louwes – Anspach
© 2023 Menlu. All rights reservedLes éditions Anspach sont en train de se constituer un catalogue riche et varié. Avec Moon, ils tiennent leur saga de SF familiale tant par ses héros que par son lectorat. De la bonne BD feuilletonnante.
Série : Moon
Tome : 1 – Une balle pour un croisé
Genre : Thriller fantastique
Scénario : Johan Vandevelde
Dessins : Stephan Louwes
Traduction : Philippe Nihoul
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105238
Nombre de pages : 72
Prix : 17,50 €
- Le roi des bugs 1par Laurent Lafourcade
Virtualité réelle
« -Que tout le monde travaille jusqu’à l’épuisement ! Quoi qu’il arrive, le lancement du service, c’est aujourd’hui ! Mettez-vous dans le crâne que s’il y a ne serait-ce qu’une seule erreur, vous pouvez dire adieu à votre bonus ! Surtout toi, Haruyama ! Si tu ne fais pas ton boulot, tu seras le premier à être viré !
-O… Oui. (Si je n’avais pas besoin de cet argent, ke ne resterais pas ici une seconde de plus. »
Katsumi Haruyama est un jeune informaticien dans une boîte qui développe des jeux vidéos en ligne. Aujourd’hui, le patron est énervé. Un nouveau jeu, « Re world », s’apprête à sortir mais une montagne de bugs affecte son bon fonctionnement. S’il reste des erreurs au lancement du service, Katsumi sera viré sur le champ. C’est une lourde charge à porter pour ce garçon fraîchement diplômé. Afin de réduire les coûts, il est le seul employé pour corriger tous les bugs. Dans cette entreprise mal famée, il se fait exploiter. Impossible de tout réparer. C’est pour cela qu’il transforme certains bugs en gimmicks, c’est-à-dire qu’il dissimule les problèmes en fonctionnalités cachées. Ce n’est pas du goût du patron qui lui ordonne des corrections propres, ni de ses collègues, qui le déconsidèrent.
© Tony – Dupuis Six mois plus tard, c’est l’heure du verdict, le lancement du jeu. Katsumi a fait ce qu’il a pu, mais des gimmicks, il en a laissé. C’est alors qu’un séisme secoue le bâtiment. Un flash éclaire le ciel. Le concepteur s’effondre, avant d’être réveillé quelques instants plus tard par une voix disant : « Bienvenue dans le mmporg « Re world ». Amusez-vous bien. » C’est comme si la virtualité était devenue une nouvelle réalité. Le monde est devenu un jeu de rôle en ligne massivement multi-joueurs. Katsumi a été transporté dans l’interface système du jeu et va vite se rendre compte qu’il n’est le seul : ses collègues de bureau sont entraînés dans la même mésaventure. Il n’a pas d’autre choix que de vivre la vie d’un personnage du jeu. Il a une heure pour « survivre » jusqu’à la fin du temps. Si un monstre le tue, son personnage disparaîtra.
© Tony – Dupuis Une histoire de joueur pris au piège à l’intérieur d’un jeu, l’idée n’est pas d’aujourd’hui. En 1982, dans le film Tron, produit par les studios Disney, Kevin Flynn, programmeur de jeux vidéos, est dématérialisé dans le système informatique d’un jeu de motos futuristes. Le film aura une suite en 2010. Si, en 1995, Robin Williams se retrouve prisonnier d’un jeu de société dans Jumanji, dans le reboot de 2017 et sa suite, les héros sont propulsés dans un jeu vidéo. Ce sont certainement les deux exemples les plus célèbres en la matière. Avec Le roi des bugs, Tony joue encore plus profondément avec le concept. On est entre les exemples cités et les aventures type histoires dont vous êtes le héros. Au fur et à mesure de ses rencontres et de ses exploits, Katsumi voit ses compétences développées, acquiert des objets, se voit proposer des choix. Entre lui et ses camarades de bureau, les cartes sont redistribuées.
© Tony – Dupuis Le roi des bugs est issu d’un webtoon que l’on peut lire sur Piccoma. Le rythme de lecture est rapide. On est dans du manga colorisé. Tony abuse un poil des flous artistiques. Si ça peut passer correctement sur écran, sur papier, c’est vite lassant. Voici une limite de l’édition physique de ce qui est conçu pour smartphone. Il n’en reste pas moins que l’on se prend vite au jeu avec Katsumi, qui vit une quête de soi montrant au lecteur que l’on a toujours une place à prendre dans la société.
Série : Le roi des bugs
Tome : 1
Genre : Fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Tony
Éditeur : Dupuis
Collection : K Factory
ISBN : 9782808505314
Nombre de pages : 288
Prix : 15 €
- L’énorme enquêtepar Laurent Lafourcade
Meurtre d’or 2024
« -Du coup, qu’est-ce qu’on a ?
-Je l’ignore encore, mais cet homme n’est pas mort de façon naturelle… La rigidité cadavérique a été tellement rapide qu’il n’a même pas eu le temps de tomber au sol.
-Eh bien, Inspecteur, croyez-moi je m’y connais, vu la position du corps, l’angle que font les bras, mais surtout ce coup de couteau très ingénieusement placé (touchant plein d’organes vitaux) et qui est à coup sûr la cause de la mort, je peux vous dire que nous ne sommes pas prêts de trouver le coupable. »
Dans une ville gangrénée par la haine et le mal absolu, se cache un homme qui, pour échapper à la police, tisse mille stratagèmes dans son esprit malade. Un individu vient d’être poignardé. Le corps n’a même pas eu le temps de toucher le sol. Le médecin légiste est formel. L’autopsie démontre que le couteau n’a touché aucun organe vital. La victime, Monsieur Gabriel Berthier, 38 ans, est décédé d’une réaction allergique à un antibiotique : l’uximasco… l’iscamoxil… l’amoxicilline. Un commissaire et un inspecteur vont mener l’enquête, avec tout le sérieux et toute la sagacité dévolues à leurs fonctions.
© Oiseau, Rambaud – Delcourt Si vous désirez suivre une investigation policière pointue avec ses hypothèses et ses analyses toutes plus pertinentes les unes que les autres et faisant avancer l’intrigue dans un suspense certain, L’énorme enquête n’est peut-être pas faite pour vous. Si vous êtes adeptes de l’humour Canal à la grande époque des Nuls et de Groland, là, vous risquez d’être clients. Les flics de ce livre pourraient s’appeler Richard Bullit et Douglas Riper, alias Kad Merad et Olivier Baroux dans Pamela Rose. Cet album marche sur les traces de leur continuité. Le commissaire préfère regarder des vidéos sur YouTube plutôt que de réfléchir. Pour y cacher de discrets micros d’écoute, l’inspecteur transforme l’intérieur de la voiture du suspecté tueur en discothèque avec sono et boule à facettes. Et pour faire le point, il faudra qu’ils chuchotent entre eux : les murs ont des oreilles ! Ajoutons à tout cela une fusée, une tique géante et un avion publicitaire, … Bref… Tout est normal.
© Oiseau, Rambaud – Delcourt Le scénariste Lorrain Oiseau invite Ionesco chez Columbo. Ce n’est pas grave si l’on ne comprend rien à l’enquête. L’important n’est pas le but, mais le chemin. Les situations sont totalement foutraques et déjantées. Le dessinateur Yann Rambaud prend le contrepied avec un graphisme réaliste, à la manière d’Emmanuel Reuzé dans sa série Faut pas prendre les cons pour des gens. Cette énorme enquête aurait presque pu être un long épisode de cette collection. L’album a reçu le prix Meurtre d’or 2024 au concours général criminel organisé par le Ministère du crime et des plaies ouvertes. Non… Ça aussi, c’est pour déconner.
© Oiseau, Rambaud – Delcourt La collection Pataquès s’enrichit d’une nouvelle petite curiosité éditoriale. A défaut de vous faire frémir, l’énorme enquête vous fera certainement bien marrer.
One shot : L’énorme enquête
Genre : Humour & polar
Scénario : Lorrain Oiseau
Dessins & Couleurs : Yann Rambaud
Éditeur : Delcourt
Collection : Pataquès
ISBN : 978241307842
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
- Choupisson 1 – La vie en ver par Laurent Lafourcade
En ver et contre… un hérisson.
« -C’est donc ainsi que ma vie s’achève ? Mangé par un choupisson au petit matin, alors que je n’ai pas pris de petit-déjeuner…
-Moi aussi je cherche un petit-déjeuner. Tu sais où je peux trouver un « vert » de terre ?
-Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Nan, mais tu te fiches de moi là ?
-Bah non, il paraît que c’est mon repas préféré et je ne sais pas à quoi ça ressemble… »
Une maison au bord d’un étang, un jardin potager, le coin est bucolique. De grands arbres bordent la petite maison en bois. Pendant qu’une chenille se repaît d’une succulente feuille d’un légume, un hérisson sort de sa tanière située sous deux marches en béton menant à la porte d’entrée. Les yeux mi-clos, il renifle les odeurs du matin. Atchoum ! Un escargot le fait éternuer. Le gastéropode craint de se faire croquer. Il n’en sera rien. Il n’est pas très appétissant avec ses yeux globuleux. Ça tombe bien pour lui. Il conseille au hérisson de se nourrir de vers, sauf qu’il ne sait pas à quoi cela ressemble. Alors que le choupisson tombe nez à nez avec l’un de ces individus, le ver, comprenant la problématique, ne révèle pas son identité et lui propose de l’aider à en trouver un. Il va évidemment l’amener sur de fausses pistes.
© Périmony – La Gouttière Après les muets Billy Symphony et Birdy Mélody, David Périmony se lance dans un univers animalier avec paroles. Paillasson est un choupisson. Alors qu’on pouvait penser ce mot inventé par l’auteur, il n’en est rien. Le choupisson est l’autre nom du hérissonneau, le petit du hérisson. Périmony a un graphisme qui fait penser aux dessins animés américains des années 40 et 50. Le trait est bien arrondi, les couleurs sont douces. Avec juste quelques traits, le ver de terre est d’un dynamisme exemplaire. Sans accessoire, sans fioritures, l’auteur parvient à lui insuffler une vivacité hors du commun avec une théâtralité exemplaire.
© Périmony – La Gouttière Choupisson rejoint la collection de bandes dessinées pour les plus jeunes des éditions de La Gouttière. On peut déjà y lire Lili Crochette et Monsieur Mouche d’Olivier Supiot et de l’épatant scénariste Joris Chamblain, la sublime série Sous les arbres, quatre saisons revisitées en forêt par Dav, l’émouvant et tendre Emouvantail de Renaud Dillies, et tout récemment Anya, conte de l’est signé Crisse. Il y a pire comme compagnons de catalogue. Ces petits formats à l’italienne sont une transition idéale après les albums jeunesse pour mener les primo-lecteurs vers la bande dessinée classique, et intéressera tout autant les plus grands, même les adultes qui ne pourront qu’être séduits par la qualité des productions.
© Périmony – La Gouttière Avec Choupisson, bienvenue pour voir la vie en ver et en vert ! David Périmony tient là un univers qui pourrait bien devenir l’un des classiques de demain.
Série : Choupisson
Tome : 1 – La vie en ver
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : David Périmony
Éditeur : La Gouttière
ISBN : 9782357961043
Nombre de pages : 32
Prix : 10,70 €
- Les chroniques de Louise Pembleton 1 – La pension de Miss Daisypar Laurent Lafourcade
Dans les bras de New-York
« -Madame Pembleton, c’est un honneur de vous rencontrer !
-Monsieur Lefort, vous voulez me faire rougir. Même si je n’ai plus l’âge de recevoir de tels compliments de la gent masculine, je suis heureuse de voir que le charme français opère toujours ! Entrez, je vous prie. Allons nous installer sur la terrasse ! Attention de ne pas vous cogner à tous ces souvenirs : il y en a beaucoup dans cette demeure, et ils pèsent aussi lourd que les années qui passent. »
1985, l’écrivain Roger Lefort débarque à New-York. Il a déjà rédigé une dizaine de biographies. Aujourd’hui, il vient rencontrer Louise Pembleton. Créatrice de mode, illustratrice, journaliste, photographe, actrice, féministe engagée, elle a vécu plusieurs vies en une seule. Pendant trois mois, il va séjourner dans l’hôtel de son neveu Thomas à quelques kilomètres de chez elle, à Cape May dans le New Jersey. Ils ont prévu de se rencontrer tous les après-midis, du lundi au vendredi. A 84 ans, c’est la première fois que Louise accepte de faire l’objet d’une biographie, peut-être parce que c’est à l’initiative d’un éditeur français, pays où elle a vécu. Une fois installé dans sa chambre d’hôtel, l’écrivain rejoint le chauffeur qui vient d’arriver. Direction 208 Atlantic Boulevard, une grande maison en bois sur le front de mer.
© Djief, Prieur – Les sculpteurs de bulles Louise Pembleton accueille chaleureusement son hôte et l’emmène avec elle dans ses souvenirs. Tout commence en 1908, pour son anniversaire, ses 7 ans, ses parents lui offrent une boîte de crayons de couleurs. Ce sera le dernier anniversaire qu’elle fêtera avec son père, emporté dans l’année par une maladie grave. Sa mère du prendre un travail administratif pour subvenir aux frais de la famille. Son frère commença à travailler dans l’hôtellerie pendant que Louise et sa sœur allaient encore à l’école. A partir de 17 ans, ce furent cinq années d’école d’art à Philadelphie. Mai 1925, Louise arrive à New-York. C’est une nouvelle vie qui commence. Elle a rendez-vous à la rédaction d’un magazine féminin relancé par Richard Maxwell pour y être embauchée comme graphiste.
© Djief, Prieur – Les sculpteurs de bulles Ben Prieur narre le destin d’une enfant du XXème siècle. A travers le parcours professionnel d’une jeune fille qui deviendra une célèbre graphiste dans le milieu de la mode, il raconte l’histoire d’une ville : New-York, Big Apple, la ville qui ne dort jamais. A l’instar de ce qu’a fait Armistead Maupin avec Les chroniques de San Francisco pour cette ville de l’Ouest, livres adaptés en bande dessinée par Isabelle Bauthian et Sandrine Revel, Ben Prieur se sert de personnages pour raconter New-York. Vue l’époque, il va bien sûr être question de prohibition, mais aussi de féminisme. Les pensionnaires de Miss Daisy sont toutes des filles qui prennent leurs destins en main, en particulier bien sûr Louise.
© Djief, Prieur – Les sculpteurs de bulles On n’attendait pas Djief ici. Le dessinateur de Créatures montre un pan méconnu de son talent. Dans une unité de tons sépia, il se fait le graphiste de la vie d’une graphiste. Son trait et ses couleurs sont d’une délicatesse incroyable. La semaine sans paroles avec uniquement des images et une planche par jour est une prouesse de mise en scène.
Il fallait bien un éditeur particulier comme Les sculpteurs de bulle pour mettre en valeur une telle petite pépite. On ne peut pas être aussi bien défendu chez un gros éditeur qui surproduit. Les sculpteurs font le pari de se passer au maximum des librairies pour des raisons économiques justifiées. On peut se procurer l’album en ligne.
© Djief, Prieur – Les sculpteurs de bulles « La pension de Miss Daisy » est le premier tome du premier diptyque des chroniques de Louise Pembleton. Immersion dans le New-York des années 20, on y découvre comment une ville et une jeune femme se sont rencontrées pour un destin lié. Fascinant. On a l’impression de lire un film avec Audrey Hepburn.
Série : Les chroniques de Louise Pembleton
Tome : 1 – La pension de Miss Daisy
Genre : Emotion
Scénario : Ben Prieur
Dessins : Djief
Éditeur : Les sculpteurs de bulles
Collection : Empreintes
ISBN : 9791092486742
Nombre de pages : 64
Prix : 30 €
- Créatures 4 – Rendez-vous avec le Bogeymanpar Laurent Lafourcade
Love Lovecraft
« -Hé, les enfants, vous m’entendez ? Je sais où on est ! C’est New-York ! On est devant le City Hall ! On a bougé dans le temps ! Les bâtiments sont encore tous debout, on est avant la première grande nuit ! Mais en quelle année on a atterri ?
-Hé, vous vous croyez où à hurler comme ça ?! Descendez de là, vous allez vous rompre le cou !
-C’est mon pépé, Monsieur l’agent, il s’est perdu… Il n’a pas toute sa tête…
-En quelle année on est ? »
C’est en 1928 à New-York que viennent de débarquer Gros Taré, son petit-fils Sean, dit La Taupe, et ses compagnons. La ville est intacte. C’est avant la Grande Nuit, cet événement qui a plongé la grosse pomme, de nos jours, dans une torpeur qui a transformé les adultes en zombies affamés de sucre. L’organisme de Yog-Sothoth dirige ces dégénérés et contrôle la ville. D’après Minus, c’est Bogeyman, l’homme de ses cauchemars, qui tire les ficelles. Il s’appellerait en réalité Howard Phillips Lovecraft et serait un romancier du siècle dernier. C’est en pénétrant grâce à une capsule dans le corps de Yog que nos héros ont fait un voyage de près d’un siècle dans le temps. A Providence, ils vont rencontrer ce fameux écrivain dont tout semble sortir de l’imagination. Dans d’autres temps et en d’autres lieux, dans une région désertique, un vieil explorateur descend dans les entrailles de la Terre après avoir dit au revoir et peut-être adieu à sa compagne de recherches.
© Djief, Betbeder – Dupuis S’il y a une série dont on ne pouvait pas prévoir la direction qu’elle prendrait, c’est bien Créatures. La quadrilogie est en fait un hommage à Lovecraft, référence de la nouvelle fantastique, et en particulier à son histoire « L’affaire Charles Dexter Ward », où il y est question de démence, d’archéologie et de généalogie. C’est là que l’auteur fait pour la première fois référence à Yog-Sothoth, créature difforme, d’une centaine de mètres de diamètres, définie comme tout en un et un en tout, clé de la porte vers d’autres dimensions dont il est le gardien. Il est maître de l’espace-temps : passé, présent et futur n’y font qu’un. Quand on prononce son nom, il faut s’attendre à un hideux bouleversement. En rencontrant Lovecraft, Gros Taré réussira-t-il à convaincre l’écrivain de trouver un consensus permettant de libérer le futur sans dénaturer son œuvre ?
© Djief, Betbeder – Dupuis Stéphane Betbeder a savamment construit l’aventure Créatures. Alors que le tome 1 laissait augurer d’une saga fantastique classique d’une bande de mômes dans un monde post-apocalyptique, le scénariste a petit à petit levé le voile d’un récit puisant ses sources dans les prémisses d’une littérature qui a traversé les générations. Lovecraft, c’est un peu l’auteur que tout le monde connaît de réputation mais que peu de gens ont réellement lu. Grâce à Betbeder, on découvre un large spectre de l’homme et de son œuvre. On connaissait le goût du scénariste pour le fantastique intelligent depuis ses débuts en bande dessinée avec notamment Alister Kayne, chasseur de fantômes, dessiné par Eric Henninot.
© Djief, Betbeder – Dupuis Ici, le dessinateur Djief clôt la saga avec maestria. Les créatures surnaturelles sèment une panique du diable dans des planches ne laissant aucune respiration aux protagonistes.
Créatures est une série qui gagne à être lue d’un trait. Ce rendez-vous avec le Bogeyman clôt une aventure originale qui donne envie de lire les nouvelles de Lovecraft.
Série : Créatures
Tome : 4 – Rendez-vous avec le Bogeyman
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Betbeder
Dessins & Couleurs : Djief
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034761012
Nombre de pages : 72
Prix : 12,95 €
- Les Miniz 1 / Camomille et les chevaux 12 – Toujours en vacancespar Laurent Lafourcade
Célébrités et équidés
« -Jeunes gens… Aujourd’hui, il n’y aura pas cours de mathématiques !
-Hein ?
-Yes !
-Trop bien !
-A la place, il y aura… Evaluation surprise ! Prenez une feuille ! »
Evaluation surprise à l’école des célébrités ! Enfin, ces enfants ne le sont pas encore, mais on sait qu’ils le deviendront, dans la vraie vie ou dans la fiction. Heureusement que Noé, celui de l’arche, a une astuce pour échapper au contrôle : mettre une araignée sous le nez de Céline (Dion) et sa voix émettra un bruit similaire à celui d’une alarme incendie. Evacuation des classes ! Quand le menu du jour, c’est brandade de chou aux épinards, autant faire appel à Jésus pour qu’il multiplie les pains… au chocolat. (Les chocolatines, en fait, pour relancer le débat) Face à la brutalité et la bêtise de Schwarzy, le futur comédien Arnold Schwarzenegger, Pinocchio utilisera savamment son nez. Quant à Aladin, il pourra compter, ou pas, sur le génie de sa lampe, troquée ici pour une cannette.
© Matyo, Bast – Bamboo Au haras, Anaïs marche, trotte, galope sur les pas de sa grande sœur Camomille. Si elle veut faire du sulky avec Pompon, il faudra qu’elle apprenne d’abord à son cheval que lui ne doit pas monter dedans. Et les jours où il est mal luné, il vaut peut-être mieux carrément monter sur une vache. Du côté de Camomille, son cheval Océan est trop intelligent. Il se prend pour un humain et s’installe où il ne devrait pas. C’est de plus un cheval très pipelette, prêt à laisser tomber une remontada en pleine course pour papoter avec sa copine Eurasie. On peut même faire de sacrés tours avec lui… sauf quand la sangle de la selle se desserre.
© Mésange, Turconi – Bamboo « Un jour, ils seront célèbres. En attendant, ils apprennent à le devenir ! » Voici le pitch des Miniz, la nouvelle série de Matyo et Bast. Nouvelle ? Pas tant que ça. On a pu lire quelques-uns de leurs gags dans Spirou il y a quelques années. Encore une série que Dupuis a laissé bêtement filer, à la grande joie de Bamboo. Les auteurs s’étaient aussi déjà intéressés aux célébrités il y a une quinzaine d’années avec la série En plein dans le mythe chez Soleil, dans des petits albums consacrés à Jésus et Roméo, à Eve et le génie d’Aladin, ainsi qu’à Moïse et Arthur Pendragon. Les Miniz, eux, sont en classe de 6°. Outre ceux déjà cités, on retrouve entre autres Darky (Dark Vador), Tomi (Thomas Pesquet), Newton (et sa pomme) ou encore Hulky (petit Hulk). La série est à ranger entre Les profs et la regrettée Cosmic Patrouille.
© Matyo, Bast – Bamboo « Humour, poésie et tendresse au club des Quatre-Fers ». Mine de rien, Camomille et les chevaux en est déjà à son douzième album. Pour ceux qui l’ignoraient encore, derrière le pseudonyme de Lili Mésange se cache le scénariste Frédéric Brrémaud. Au dessin, Stefano Turconi donne un côté kawaï disneyen aux chevaux et autres animaux. En fin d’album, les auteurs nous invitent à entrer dans l’univers d’Anaïs et Pompon avec des blagues, des tutos dessinés, des portraits de famille et un historique des sports équestres aux jeux olympiques, Paris 2024 oblige. La série est à ranger entre Studio danse et Cath & son chat.
© Mésange, Turconi – Bamboo Entre chevaux et futurs héros, il y a de l’apprentissage à faire. Celui de la rigolade est en tous cas en très bonne voie. Les Miniz et Camomille & les chevaux portent haut les couleurs de l’humour Bamboo.
Série : Les Miniz
Tome : 1
Genre : Humour
Scénario : Matyo
Dessins : Bast
Couleurs : Alexandre Amouriq & Mirabelle
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041102655
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
Série : Camomille et les chevaux
Tome : 12 – Toujours en vacances
Genre : Humour
Scénario : Lili Mésange
Dessins : Stefano Turconi
Couleurs : Hélène Lenoble
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041103218
Nombre de pages : 48
Prix : 11,90 €
- La Venise des Louvespar Laurent Lafourcade
Sérenissimes lupus
« -Allez, on s’active ! Les gondoliers ne vont pas tarder à débarquer. On doit être là-bas avant eux.
-Attends, je vais t’aider avec ça. Tu as mal ?
-J’ai l’impression qu’il est encore là. La dévoration l’a effacé si facilement…
-Qu’est-ce qu’on va leur apporter ? Y a plus grand-chose.
-Ils ne vont pas être contents.
-Et alors ?
-Ce soir, c’est la bonne. On les massacre. »
Dans une Venise fantastique, un kamikaze se fait exploser en plein milieu d’un marché. Il a utilisé une bombe D et ses effets surréalistes : distorsion, dispersion, démence et dévoration. Tout ce qui se trouvait dans le rayon d’action est anéanti, disparu, volatilisé, comme la main droite de Renzo. Ça, c’était il y a quelques mois. Aujourd’hui, Renzo est à la tête d’une meute, un groupe de quatre femmes aux masques de louves. Groupe de résistants, ils cherchent à accoster sur l’île noire, en quête de revanche, en quête de sens. A l’instar de Renzo, toutes les louves sont des rescapées d’attentats. Les habitants de l’île noire, menés par les gondoliers, exigent des offrandes, désignant leurs victimes par des cauchemars. S’ils ne sont pas entendus, c’est à un nouvel attentat qu’il faudra s’attendre. Renzo et les louves réussiront-ils à délivrer la Sérenissime de l’emprise dont elle est victime ?
© Wellenstein, Contarini, Scimia – Bamboo Dans un décor mythique, la scénariste Aurélie Wellenstein écrit une histoire sur le choc traumatique, le désir de vengeance et la résilience après un attentat. On ne peut s’empêcher de penser aux attaques perpétrés ces dernières années près des stades ou au Bataclan. Aurélie Wellenstein transpose le sujet en d’autres lieux, à une autre époque, dans un monde semi-fantastique. Venise est le théâtre du carnaval, des masques et des faux-semblants, du mystère et des fausses identités. Les loups sont des animaux nocturnes, avec un rapport légendaire à la lune. Leurs déplacements en meute sont régis par une solidarité particulière. Sous leurs masques de louves, les vénitiennes s’organisent en anarchistes face à un pouvoir totalitaire. L’histoire est aussi une métaphore politique d’un extrémisme montant que rien ne semble pouvoir arrêter. Les quarante-six planches de l’album paraissent bien courtes, comme si le projet était passé en cours de route de l’état de série à celui de one-shot. Il y a tant d’éléments et tant de rebondissements qu’il faut parfois s’accrocher pour imbriquer les pièces les unes aux autres.
© Wellenstein, Contarini, Scimia – Bamboo Le dessinateur italien Emanuele Contarini signe son premier album en France. Doté d’un impressionnant sens artistique, il montre une Venise énigmatique. Il se situe pile au milieu de ce que faisait Griffo à la grande époque de Giacomo C. et de Yannick Corboz dans les récentes Rivières du passé. L’immersion est totale, qui plus est quand le cadrage est à hauteur de canal. Ses louves sont aussi belles que déterminées à aller jusqu’au bout de la mission qu’elles se sont fixées. Les monstres de la dernière partie se rapprochent plus de ce que l’on peut voir dans des mangas horrifiques, plus que dans l’heroïc-fantasy classique. De jour comme de nuit, les couleurs d’Alice Scimia donnent le tempo tout au long de l’album.
© Wellenstein, Contarini, Scimia – Bamboo Quitte à être un one-shot, La Venise des Louves aurait fortement gagné en lisibilité avec une pagination beaucoup plus importante. On reste un peu sur sa fin tellement tout va très vite. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on ne s’ennuie pas. Et puis, pourquoi se priver d’une histoire dans un décor si exceptionnel ?
One shot : La Venise des Louves
Genre : Fantastique
Scénario : Aurélie Wellenstein
Dessins : Emanuele Contarini
Couleurs : Alice Scimia
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
ISBN : 9782490735181
Nombre de pages : 48
Prix : 14,90 €
- Garçons manqués / Vivre est dangereux pour la santé !par Laurent Lafourcade
Débuts et fins de vie
« -Tu joues au foot ?
-Nan !
-Pourquoi ?
-Parce que je ne veux pas faire comme les autres ! Et toi, pourquoi tu joues au foot ?
-Pour affirmer ma différence !
-On va pas pouvoir s’entendre !
-Peuh… »
Charlie et Malcolm font connaissance au pied d’un arbre. Il lit. Elle joue au foot, lui propose de taper le ballon avec elle. Il refuse. Il avoue ne pas aimer le foot, parce qu’il ne veut pas faire comme les autres. Elle, elle y joue pour affirmer sa différence. Ils ne vont pas pouvoir s’entendre. En fait, si, parce qu’ils ont tous les deux une philosophie de vie en marge de celle de la société en général. Leurs parents sont divorcés. Quand la mère de l’un va se mettre en ménage avec le père de l’autre, il ne va pas y avoir d’autre moyen que de cohabiter. Charlie se définit comme un garçon moderne. Il a décidé de laisser sa part féminine s’exprimer et refuse le comportement mâle macho primaire testostéroné. Alors, lorsque Charlie le traite de tafiole, il prend ça comme un compliment. De son côté, elle, refuse de se considérer comme une fille. Tous deux, dans leurs libres arbitres respectifs, vont bien devoir composer avec leurs convictions.
© James – Fluide glacial Quittons les enfants pour les adultes, ou plutôt le début de vie pour la fin car : Vivre est dangereux pour la santé. Qu’on se le dise ! Si le fumeur invétéré n’arrête pas de cloper, il finira rapidement entre quatre planches. Même là, aura-t-il compris la leçon ? Le greffé du cœur survivra-t-il à la transplantation ? Tout dépendra de l’adresse, ou de la maladresse, de Martine, l’infirmière du bloc opératoire. On ne va pas toujours jusqu’à la mort dans ce recueil de gags, on a même droit à un caprice de môme. On s’arrête parfois en Ehpad, pour changer des draps à cause de « faux départ », ou en MJC, pour un atelier polygamie. C’est l’avenir ! D’un peu plus, on avait droit à une réunion sur l’origami. Ouf ! Et puis, il y a les cercueils, qui font chier jusqu’au bout quand ils ne passent pas les portes, ou qui font les foufous à l’église. Bon, tant qu’on n’exclue pas mamie du repas familial…
© Espé, Durandelle – Fluide glacial Ça fait déjà dix-sept ans que le projet de Garçons manqués marinait dans les tiroirs de James. A l’époque, le projet n’avait pas été retenu par les éditeurs. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts concernant la problématique de la transidentité. Les personnages se sont réimposés à James qui a finalement trouvé, dans le fond comme dans la forme, le moyen de traiter le sujet, en demi-planches en bichromie avec des trames. Charlie et Malcolm, du haut de leur jeune âge, se positionnent en fins observateurs d’un monde qui ne tourne pas toujours rond, tout au long des quatre saisons que dure leur partenariat de vie.
© James – Fluide glacial De son côté, Espé verse dans l’humour noir, parfois très noir. Mais qu’est-ce que c’est rigolo ! Avec Espé, on peut rire de tout. C’est suffisamment rare pour le souligner. On ne sait pas comment il fait, mais on arrive à tout lui pardonner. Au fond, le monde est-il si sérieux que ça ? Espé nous apprend que mourir, ce n’est pas si terrible que ça. Il met même en scène un dessinateur dans une diatribe de sa femme sur l’humour pendant que la « haute » fait des romans graphiques qui font chialer.
© Espé, Durandelle – Fluide glacial Entre tendresse et humour noir, avec Garçons manqués et Vivre est dangereux pour la santé, Fluide glacial célèbre le rire moderne, ancré dans une actualité qu’il « dé-moro-ise. »
One shot : Garçons manqués
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : James
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038206816
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
One shot : Vivre est dangereux pour la santé !
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Espé
Couleurs : Laure Durandelle
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038206410
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
- Congo blancpar Laurent Lafourcade
Dans la moiteur d’un pays d’équateur
« -Ha ha ! Vous me plaisez, Vincent ! Je ne sais pas exactement pourquoi… Mais vous me plaisez. Si un jour vous en avez assez de ce genre de vie… genre que je me garderai de juger… venez chez moi, au Congo. Je vous montrerai ma plantation. Elle est immense et il y a tant de choses à y faire… Mais ne tardez pas trop… Le temps ne s’achète pas, lui ! »
Dans un hôtel au cœur des Alpes françaises, en juin 1935, Vincent Deville fait la connaissance de Louis Leloup, un homme d’affaires qui possède des plantations au Congo. Celui-ci l’invite à venir les visiter. Quelques années plus tard, en 1942, assailli par les moustiques, Vincent remonte le fleuve dans une pirogue au milieu de congolais. A Mungi, chef-lieu du territoire, la propriété de Louis Leloup est gérée par un administrateur. Voici que débarque Laurence, la petite fille de Louis, qui a bien grandi depuis que Vincent l’a rencontrée dans cet hôtel des Alpes alors qu’elle n’avait que treize ans. L’adolescente est devenue une femme fatale, tout autant que sa mère. Son père est mystérieusement décédé il y a quelques années. Son beau-père Louis Leloup y est-il pour quelque chose ? Dans la moiteur des nuits d’équateurs où l’amour laisse sa place au sexe, Vincent se trouve au cœur d’une sombre histoire de famille. C’est Congo 40.
© Warnauts, Raives – Daniel Maghen Le récit de mœurs fait place au polar avec Fleurs d’ébène. Un groupe de personnes éméchées, deux coloniaux et leurs conquêtes congolaises, sont à bord d’une voiture en pleine nuit, qui roule sur quelque chose. Ils s’arrêtent et découvrent le cadavre d’un « nègre ». L’ont-ils tué ? Etait-il mort avant ? Toujours est-il qu’ils prennent la fuite. Le lendemain, la police est sur les lieux. Pour l’inspecteur chargé de l’enquête, il n’y a pas de doute, ce n’est pas un accident. Entre guerre de clans et activisme politique, le Congo colonisé cache des secrets que tout le monde n’a pas envie de voir remonter à la surface.
© Warnauts, Raives – Daniel Maghen Cette intégrale se termine par Congo blanc, un court récit de couple en crise en pleine indépendance du pays en 1960. L’album regroupe des récits africains de Warnauts et Raives initialement publiés en 1988 et en 2007 chez Casterman. Lors de la prépublication dans (A suivre) en 1987 de Congo 40, le mensuel titrait « Le roman chaud de l’été ». Tout est dit. Heureusement que le trait fin des auteurs et le décor hors du commun contrebalancent avec le scénario de téléfilm érotique. On sent que vingt ans se sont passés entre ce récit et « Fleurs d’ébène ». Les auteurs ont gagné en maturité. Il y a plus de fond, de réalité historique et de réflexion. Cette deuxième histoire témoigne d’une époque de fin de règne. L’Afrique est en train tout doucement de reprendre le contrôle de son destin.
© Warnauts, Raives – Daniel Maghen Les éditions Daniel Maghen montrent deux pans (et quart) du travail de Warnauts et Raives. On ne fait pas une si longue carrière par hasard. Cette intégrale montre l’élégance de leur parcours.
One shot : Congo blanc
Genre : Drame
Scénario, Dessins & Couleurs : Eric Warnauts & Guy Raives
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741783
Nombre de pages : 192
Prix : 35 €
- Missak, Mélinée & le groupe Manouchianpar Laurent Lafourcade
Les fusillés de l’Affiche Rouge
« -Désolé, j’arrive à pinces de la contrescarpe. Trop dangereux de prendre le métro avec ce que je transporte…
-Allons-y, les boches ne sont jamais en retard.
-Charles, tu es toujours d’accord pour lancer la pomme ?
-Bien… Bien sûr.
-Et toi, Georges, toujours pacifiste ?
-Je ne…
-Je ne te juge pas, c’est juste qu’il faut bien définir les rôles. »
22 février 1944, 5 heures du matin, à Marseille, un groupe de résistants réquisitionne un petit camion rempli de fleurs devant être livrées au siège de la kommandantur. Ça tombe bien, ils vont en profiter pour déposer des fleurs au pied d’une affiche rouge, une de celles recensant les visages des dix libérateurs morts pour la France fusillés la veille par les nazis au Mont-Valérien à Suresnes. Menés par Missak Manouchian, ils ont mené la vie dure à l’envahisseur en perpétrant attentats sur attentats dans les troupes allemandes. Qui étaient cet arménien et ses complices qui ont donné leur vie pour la France ?
© Morvan, Tcherkézian, Ooshima – Dupuis L’histoire commence au printemps 1915 à Edesse dans l’Empire Ottoman, le petit Missak joue aux osselets avec des camarades lorsque des soldats ottomans arrivent. Accusés de collaborer avec les russes, le gouvernement les chasse. C’est en réalité un plan d’extermination. Missak et son frère Garabed échapperont au génocide, pas leurs parents. Ils seront confiés à un orphelinat de l’église catholique arménienne, avant de réussir, quelques années plus tard, à émigrer en France. En 1934, Missak rencontre celle qui deviendra plus tard la femme de sa vie, Mélinée, lors du gala annuel du comité d’aide à l’Arménie. Au début de la seconde guerre mondiale, Manouchian est arrêté comme de nombreux responsables communistes. Libéré, il s’engage dans une organisation clandestine pour lutter contre une inacceptable occupation. De mars à novembre 1943, le groupe Manouchian va multiplier les actions répressives contre les nazis, lançant des grenades dans des troupes en marche, faisant dérailler des trains ou exécutant des gradés allemands.
© Morvan, Tcherkézian, Ooshima – Dupuis Poussé par Madeleine Riffaud l’invitant à s’intéresser au sujet, Jean-David Morvan détaille le destin du groupe d’activistes anarchistes révolutionnaires mené par le poète, ouvrier et militant communiste Missak Manouchian. Afin de mieux comprendre le caractère du personnage et ses objectifs de liberté, Morvan remonte à son enfance. Les années de guerre sont narrées par le truchement de Mélinée, racontant tout à un certain Charles Aznavourian. Les coups d’éclat du réseau s’intercalent avec des portraits de chacun des membres du groupe. Si seulement dix figuraient sur la célèbre affiche, ils furent en réalité vingt-quatre à être jugés par un tribunal militaire allemand et vingt-trois condamnés à mort.
© Morvan, Tcherkézian, Ooshima – Dupuis Thomas Tcherkézian dessine la vie de Manouchian avec une pudeur faisant la part belle aux actions de résistance de son groupe. C’est son premier album. Il a été réalisé en un an. Pour tenir les délais et sortir au moment de la panthéonisation de Manouchian, tout un pull de collaborateurs est intervenu. Tcherkézian a conservé le dessin de tous les personnages principaux pendant que l’atelier The Tribe créé par Morvan à Reims s’est chargé des décors, des personnages secondaires, ainsi que des incroyables images flashs, uppercuts de guerre. Les portraits des résistants, en pleines pages, sont empreints d’émotion. Les acteurs fixent les lecteurs avec une détermination et une fierté courageuse. Poignant. Les couleurs références à l’affiche rouge donnent le ton de l’époque. Il y a juste un abus de trames qui n’était pas nécessaire.
© Morvan, Tcherkézian, Ooshima – Dupuis On ne peut s’empêcher d’avoir les larmes aux yeux en lisant la dernière lettre de Missak à Mélinée. En février dernier, quatre-vingts ans après son exécution, Missak Manouchian entre au Panthéon. Il était temps que la France reconnaisse cet artisan de la Liberté. L’album accompagne cet hommage. Il contribue avec force au devoir de mémoire.
https://www.youtube.com/watch?v=hKT2R9Tt37s&t=22s« 21 février 1944, Fresnes
Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée.
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. On va être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas, mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
Je m’étais engagé dans l’armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur ! à tous !
J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon honneur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse.
Tous mes biens et toutes mes affaires. Je les lègue à toi et à ta sœur, et pour mes neveux.
Après la guerre, tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la Libération.
Avec l’aide de mes amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs, si possible, à mes parents en Arménie. Je mourrai avec 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et, si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine.
Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant au soleil et à la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal, sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien bien fort, ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur.
P.-S. : J’ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.
Manouchian Michel »
One shot : Missak, Mélinée & le groupe Manouchian
Genre : Histoire
Scénario : Jean-David Morvan
Dessins : Thomas Tcherkézian
Couleurs : Hiroyuki Ooshima
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808504126
Nombre de pages : 160
Prix : 25 €
- Le petit derrière de l’Histoire 3par Laurent Lafourcade
Rencontres Historotiques
« -Là-bas ! Sur la plage !
-Elle tombe à pic !
-Mais d’où vient-elle ?
-Peu importe. Elle sera parfaite pour la cérémonie. »
Après avoir été emportée par un tourbillon d’eau dans le sous-marin de Léonard, Marie, la petite voyageuse de l’Histoire, se retrouve propulsée au temps des vikings. Ils la retrouvent échouée sur la plage et l’amènent au village. Elle serait l’élue des dieux. En voilà des façons, elle aurait préférée être sauvée plus chaleureusement plutôt que d’être chopée comme une voleuse. Les guerriers blonds vont la prendre au mot. Finalement, ils savent recevoir. La suite de la nuit va être plus complexe puisque la chamane va vouloir la sacrifier. Marie s’enfuit, avec Pioutch, son petit poulpe. Elle n’a plus qu’à espérer qu’un nouveau transfert spatio-temporel la tire des griffes des vikings.
© Even, Duclos – Les éditions du Chat Chaque fois, c’est pareil. Marie pense qu’elle va mourir. Passé, présent, elle a l’impression de vivre l’imparfait du futur. Parfois, elle ne sait pas pourquoi elle continue. Certainement parce qu’elle n’a pas le choix. Prendre des décisions devient inutile quand le destin vous rattrape. Voici le sien : parsemer d’érotisme l’histoire des inventions, et mourir. Comme un insecte éphémère et paradoxalement éternel, c’est la petite mort dans tous les sens du terme. En effet, les voyages de Marie sont rythmés par les orgasmes. Pour résumer, son copain Ben est blessé, coincé dans un espace-temps sur une seconde qui tourne en boucle. A la frontière de l’espace et du temps, il ne guérit pas. Marie a deux solutions pour le tirer de ce mauvais pas : refermer l’espace-temps pour qu’il guérisse, ou bien le soigner pour refermer l’espace-temps. Pour cela, elle doit d’abord récupérer la télécommande qui fait voyager dans le temps qu’a mise au point Nikola Tesla. Va-t-elle y parvenir avant qu’il n’appuie à nouveau dessus ?
© Even, Duclos – Les éditions du Chat Il y a deux types de bandes dessinées érotiques : celles qui ont l’intérêt d’un téléfilm rose du samedi soir au scénario tenant sur un ticket de métro (lol), et celles qui racontent une vraie histoire, qui plus est avec humour et coquinerie. Le petit derrière de l’Histoire rentre dans cette seconde catégorie. Marie voyage dans le temps et cherche à sauver son mec. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle donne de sa personne, faisant fi de la fidélité. Son parcours l’amène dans les bras des plus grands inventeurs comme Léonard de Vinci, Albert Einstein ou Louis Pasteur. On croisera aussi (le lecteur, mais pas Marie) un Stephen Hawking bien polisson. Aux couleurs, Marina Duclos donne du volume aux formes physiques et graphiques dans le trait souple de Katia Even.
En guise de bonus, un petit cours de rattrapage d’Histoire revue et corrigée montre que Katia Even maîtrise son sujet. Enfin, un Artbook montre Marie vue par quelques grands dessinateurs dont, entre autres, Dav, Widenlocher et Guinebaud.
© Even, Duclos – Les éditions du Chat Avec Le petit derrière de l’Histoire, Katia Even développe un univers qui dépasse le cadre de la simple bande dessinée. Si vous aimez les avant-premières, les making-of et les illustrations coquines, n’hésitez pas à devenir tipeur. Rendez-vous sur https://fr.tipeee.com/katia-even. L’autrice a eu l’idée géniale de créer un album de stickers à la manière des images Panini.
La série devrait se clôturer au quatrième et prochain album. Professeur Mortimer, laissez donc votre machine à explorer le temps du Piège diabolique et venez donc embarquer avec Marie ! C’est nettement plus fun !
https://youtube.com/shorts/qs4hX8EWhXA?si=iTLofUlwPoYer-Rz
Série : Le petit derrière de l’Histoire
Tome : 3
Genre : Humour érotique
Scénario & Dessins : Katia Even
Couleurs : Marina Duclos, Alicia Even Simon & Floriane Lagardett
Éditeur : Les éditions du Chat
ISBN : 97829584411042
Nombre de pages : 82
Prix : 20 €
- Seule l’ombrepar Laurent Lafourcade
Histoires fantastiques
« -Vous allez certainement me prendre pour un fou, Madame… Mais je vous jure que c’est la vérité… Il nous a poursuivis… Je ne sais pas ce que c’était… Une sorte de géant… Quelque chose de monstrueux… Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie !
-Mmm… Et ce soi-disant « géant », vous l’avez vu ? Je veux dire… vraiment vu ?
-Pas vraiment… Plutôt aperçu… Il faisait nuit et la tempête s’était levée… J’étais avec un compagnon… Léo… S’il était là, il vous confirmerait ce que je raconte… »
Deux hommes escaladant une paroi enneigée sont surpris par une tempête qui se lève. Il faut rapidement trouver un abri pour camper. Il faut faire d’autant plus vite qu’ils sont poursuivis par une ombre terrifiante, une sorte de yéti. Seul l’un d’eux y parviendra. Le lendemain, il trouve refuge dans un chalet dont la propriétaire l’invite à table en famille. Espérons que ce repas plaira à tout le monde. « Froide » est l’une des dix nouvelles fantastiques composant cet album… frissonnant.
© Corbeyran, Sallé, Millet – Komics Initiative Faut-il prendre une auto-stoppeuse par une nuit de pleine lune sur une route de campagne lorsque l’on est seul ? C’est peut-être la tirer d’un bien mauvais pas… ou alors c’est s’y plonger. Où trouver l’inspiration lorsqu’on est un auteur humoristique dont les derniers écrits ne conviennent pas aux producteurs ? Un chalet isolé dans une forêt montagneuse sera certainement le meilleur moyen de retrouver l’inspiration. En pleine ville, au milieu du chantier, il y a un trou. A quoi peut-il bien servir ? A attirer les curieux, en tout cas, c’est sûr. Plus loin, en écho dans l’album, une bande de jeunes se fichera la trouille en se racontant cette histoire. Un rebond bien malin. A part ça, vous ne servirez plus jamais de la pâtée à un chien de la même façon, vous n’écouterez plus jamais la mélodie d’un orgue comme avant, vous ferez plus attention en prenant le métro, vous comprendrez pourquoi il n’y a plus d’animaux dans les cirques et, surtout, vous n’ouvrirez plus la porte à des inconnus.
© Corbeyran, Sallé, Millet – Komics Initiative Corbeyran et Rurik Sallé orchestrent dix histoires aux frontières du réel où se mêlent horreur et mystère. On se rend compte avec « La mélodie du supplice » que les plus horrifiques sont les plus réalistes. Les explications ne sont pas toujours données. C’est en cela que les fins les plus « suspendues » sont les plus malines. Comme le dit Rurik Sallé en préface, on est dans des dérapages du réel. C’est lui qui a imaginé ces histoires qu’il a découpées avec Corbeyran. Plus qu’à la série « La quatrième dimension » (The twilight zone en VO), on est plus proche des « Histoires de l’autre monde », Tales from the dark side en VO, créées par George Romero, qui avaient succédées à « Alfred Hitchcock raconte » le samedi soir sur Antenne 2 en 1986. Paskal Millet dessine l’ensemble avec tout le mystère nécessaire pour accentuer les effets de suspens, de peur et d’horreur.
© Corbeyran, Sallé, Millet – Komics Initiative Pas une nouvelle n’est plus faible qu’une autre. « Seule l’ombre » est un recueil glaçant, épouvantable. Fantastique dans tous les sens du terme.
https://youtu.be/ZjI50nHPacs
One shot : Seule l’ombre
Genre : Horreur
Scénario : Corbeyran & Rurik Sallé
D’après les histoires de : Rurik Sallé
Dessins & Couleurs : Paskal Millet
Éditeur : Komics Initiative
Collection : Mavericks
ISBN : 9782491374778
Nombre de pages : 144
Prix : 23 €
- Ana Ana 23 – Le sable, les vagues et Touffe de poilspar Laurent Lafourcade
Les joies (ou pas) de la plage
« -Aaaah !!!
-Touffe de poils !! Que se passe-t-il ?
-Soirs-moi d’ici, Pingpong !
-Accroche-toi à mes pattes ! »
Par un si beau temps de printemps, quoi de mieux que d’aller faire un tour en bord de mer ? Ana Ana enfourche son triporteur avec tous ses doudous à l’intérieur de la carriole. Zigzag, Pingpong, Goupille, Baleineau et Grizzou, tous sont surexcités et se précipitent vers la plage dès qu’Ana Ana a mis le pied à terre. Tous surexcités ? Pas tout à fait. Touffe de poils préfère s’attarder sur l’herbe. Il observe les insectes : fourmis, coléoptères, coccinelles et tant d’autres… Mais ? Les bestioles lui montent dessus ! Il s’époussète et cours sur le sable. Ouille ! Ouille ! Ouille ! Il est très chaud. Touffe de poils se rapproche du bord de l’eau. Aaaah ! le sable mouillé, ça colle. Il faut aller dans l’eau. Horreur ! Elle est froide. Décidément, ce n’est pas sa journée. Ses amis n’auraient-ils pas la solution pour la lui rendre belle ?
© Roques, Dormal – Dargaud L’été va arriver vite. C’est le moment pour Ana Ana de donner des leçons à ses petits lecteurs. Aller à la plage, ça se prépare. N’est-ce pas, Touffe de poils ? On n’y va pas comme ça. On s’expose à des risques. Alors, il y a tout un attirail à prévoir pour ne pas se trouver démuni. Des chaussures protégeront les pieds du sable chaud, un chapeau protègera le crâne, … Et ce n’est pas tout ! Sauras-tu trouver quoi conseiller de plus à notre doudou bougon ? Cherche, sinon les autres doudous d’Ana Ana te le rappelleront.
© Roques, Dormal – Dargaud Toujours avec pédagogie mais jamais moralisateurs, Ana Ana et les doudous aident les enfants à grandir. Nathalie Roques sait leur parler. On y va étape par étape. Expliquer sans brusquer, tout en n’oubliant pas l’essentiel : distraire. Aux dessins, Alexis Dormal est exceptionnel. On peut compter sur les doigts les dessinateurs dont les images provoquent l’hilarité. Alexis Dormal est de ceux-là. La scène du sauvetage de Touffe de poils par Pingpong est poilante… C’est le cas de le dire. On parle toujours de l’excellente série mère Pico Bogue. Dans un autre genre, beaucoup plus originale, Ana Ana, c’est encore plus puissant.
© Roques, Dormal – Dargaud Comme un bonbon acidulé, Ana Ana et ses doudous reviennent dans nos bibliothèques tous les six mois. Comme un bonbon acidulé, Ana Ana, c’est délicieux. Vive vive Ana Ana !
Série : Ana Ana
Tome : 23 – Le sable, les vagues et Touffe de poils
Genre : Petit bonheur poétique
Scénario : Dominique Roques
Dessins & Couleurs : Alexis Dormal
Éditeur : Dargaud Jeunesse
ISBN : 9782205206449
Nombre de pages : 32
Prix : 7,95 €
- Kujô l’implacable 5par Laurent Lafourcade
Autojustice
« -Monsieur Ao ! Laissez-moi retravailler avec vous ! Ouaaaaah !
-Arrête tes délires. Tu ne vois pas dans quelle merde tu nous as foutus ? Je t’ai déjà dit que j’appellerais la police si je te revoyais. Fous le camp.
-Allons, allons. Vous pourriez au moins faire l’effort de l’écouter. Que se passe-t-il ?
-Vous êtes qui ?
-Je m’appelle Kujô. Je suis avocat. Vous pouvez me contacter, si vous en avez besoin. »
En proie à ses addictions, Shizuku angoisse. Crises de boulimie, scarifications, elle veut mourir. Chaque seconde qui passe, elle veut mourir. Ecrasée par la solitude, elle n’en peut plus de se sentir si seule. Son quotidien est noir. Elle aime Shûto, un manipulateur qui, lui, ne cherche qu’à se faire rembourser les dettes qu’elle a auprès de lui avant de couper les ponts. C’est en essayant de convaincre l’un de ses anciens employeurs de la refaire travailler que Shizuku tombe sur Kujô qui lui propose son aide. Elle va bien en avoir besoin lorsqu’elle aura tué son créancier et qu’elle se retrouvera derrière les barreaux.
© 2021 Shohei MANABE
© KANA 2023Après cette histoire de « produit de consommation », dans tous les sens du terme, c’est au fond d’une toute autre affaire que va plonger l’avocat le plus marginal du Japon. Il y a dix ans, la fille de l’inspecteur Arashiyama a été assassinée. Son corps a été retrouvé dans un terrain vague. Tous les ans, il dépose des fleurs sur les lieux du crime. Certains mineurs responsables des faits ont déjà été libérés. L’auteur principal faisait partie de la bande de Kengo Mibu. L’inspecteur est bien décidé à faire tomber tout le monde et éprouve une haine indéfectible envers le système judiciaire minimisant les peines pour mineur, et en particulier envers les avocats qui les défendent… comme Taiza Kujô. Bien glauque, l’enquête semble le mener vers l’industrie du X.
© 2021 Shohei MANABE
© KANA 2023Shôhei Manabe dresse le portrait d’une société japonaise exsangue, ne donnant pas à chacun les chances de s’en sortir. L’histoire de Shizuku est symptomatique d’un malaise général d’un monde à deux vitesses. Non pas les vitesses des bons et des méchants, mais celles des riches et des pauvres les vitesses induites par la dictature de l’argent, l’argent qui fait faire des conneries, il n’y a pas d’autre terme, à ceux qui n’en ont pas, et qui sont mis dans des situations inextricables, dans un cercle vicieux diabolique. Pas spécifique au Japon, la problématique est la même en Europe, en Amérique et dans le reste du monde. Manabe alerte sur l’urgence qu’il y a de sortir la jeunesse d’une torpeur dans laquelle elle est enfermée. Ce n’est pas en légalisant des addictions que ça arrangera les choses car ce qui intéresse, c’est l’interdit. Il ne s’agirait de franchir une étape dans l’escalade vers les substances illicites. Bref…
© 2021 Shohei MANABE
© KANA 2023Kujô l’implacable est une série reflet d’une époque compliquée. Heureusement qu’il y a des gens comme lui pour oser faire face aussi bien à une justice froide qu’à des criminels sans aucun scrupules.
Série : Kujô l’implacable
Tome : 5
Genre : Thriller/Polar
Scénario & Dessins : Shôhei Manabe
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505125280
Nombre de pages : 208
Prix : 7,70 €
- Black Squaw 4 – Secret Sixpar Laurent Lafourcade
Avions et prohibition
« -Tuer ! Tuer ! Toujours tuer ! Et pour finir… être tué ! Assez rêvassé, Bessie !… Pas le moment de t’assoupir ! Dans quelques heures, tout sera terminé. Les caisses de booze seront déchargées, Ralph Capone sera satisfait et moi, je pourrai prendre un bain chaud… et dormir 24 heures, au moins ! »
Bessie est une aviatrice américaine d’origine cherokee. Nous sommes en pleine prohibition. Elle travaille pour la famille Capone dans la contrebande d’alcool. Alors qu’elle escorte un bombardier et sa cargaison illicite, un Loening des garde-côtes de la région des grands lacs fait feu sur le bombardier, sans chercher à l’abattre, comme pour l’obliger à suivre une direction. Bessie ne peut pas riposter sur un appareil fédéral, et si elle fuit, les Capone se vengeront sur son frère Johnny, cuistot d’Al. Il y a quand même quelque chose d’étrange. Les garde-côtes ne sont pas censés voler la nuit. L’avion ne serait-il pas maquillé par une bande rivale ? Attention à ceux qui tenteraient de doubler les frères Al et Ralph Capone, ils ont la rancune tenace.
© Henriet, Yann – Dupuis Grand final en eaux troubles pour la quadrilogie Black Squaw. Les auteurs nous en disent un peu plus sur ce pan d’histoire intérieure des Etats-Unis à l’époque de la prohibition, où les trafics illicites d’alcool remplissaient les poches des mafieux en tous genres. Tout le monde connaît Al Capone. On en sait moins sur son frère Ralph qui monta une escadrille de contrebande transportant de l’alcool de luxe. On découvre également dans cet épisode l’origine des fameux incorruptibles, avec le groupe Secret Six qui donne son titre à ce tome et dont faisait partie Eliot Ness, pas flic du tout mais employé du Trésor public américain. Le siège de ce groupe était caché sous l’aquarium de Chicago où passait un train souterrain secret. Le Secret Six va proposer à Bessie une nouvelle vie en contrepartie de son aide pour confondre les Capone. Mais elle a toujours le Ku-Klux-Klan aux trousses.
© Henriet, Yann – Dupuis Outre de gangsters, de mafia et d’alcool, il est beaucoup question d’honneur, et en particulier chez les cherokees. L’album s’ouvre sur une scène dans laquelle on retrouve Bessie Coleman, alias Asdayagoga, enfant, dans sa tribu, assistant au retour de Cheval Pommelé, un homme venu se faire exécuter par les siens. Il avait été reconnu un an auparavant coupable de meurtre. La coutume prévoit que l’accusé choisisse son bourreau parmi ses meilleurs amis. C’est donc le père de Bessie qui a porté le coup fatal, un honneur pour lui auquel il ne pouvait pas se soustraire. Le conseil tribal laisse toujours un an au condamné pour retourner chez lui, régler ses affaires ou faire un enfant. Il doit revenir à la date fixée pour mourir, acquérir un repenti et avoir un nom respecté par tout le peuple cherokee. Joseph, le fils de Cheval Pommelé est furieux envers le père de Bessie, mais il ne se vengera pas en raison du rituel en vigueur…en principe. Bessie sera marquée à tout jamais par ce jour tragique.
© Henriet, Yann – Dupuis Yann et Alain Henriet clôturent l’histoire de Black Squaw avec une immersion au plus près dans une Amérique meurtrie et gangrénée par la mafia. Comme la réalité est plus forte que la légende, ils ont donc choisi d’imprimer cette réalité. Le grand Jean-Michel Charlier n’aurait pas renié cette série.
Série : Black Squaw
Tome : 4 – Secret Six
Genre : Aviation
Scénario : Yann
Dessins : Alain Henriet
Couleurs : Usagi
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034765348
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
- Affreux jojos, et deux autres MiniBullespar Laurent Lafourcade
Forêts & Jardin
« -Mais… Il n’y a que des images ?
-Mais… Il n’y a pas de texte ? »
Dans un chalet isolé de la montagne, une petite fille prépare un cadeau. Elle le pose dans un panier avec un bouquet de fleurs, enfile son chaperon… rose, puis quitte la maison, le panier dans une main, un gâteau avec des bougies d’anniversaire dans l’autre. Un petit chien l’accompagne. Ils empruntent un petit chemin forestier. Et que rencontre-t-on lorsque l’on baguenaude dans la forêt ? On vous le donne en mille : un affreux jojo ! Et ce ne sera que le premier.
© Meunier – Nathan Ce n’est pas dans une forêt mais dans un jardin que l’on va retrouver une autre petite fille avec son chien. Cette gamine, c’est Petiote. Elle fait de la balançoire, lance la baballe à son compagnon et joue au bac à sable. Mais l’après-midi va être encore plus belle s’il y a d’autres amis. Pourquoi ne pas aller chercher ses doudous ?
© Massey – Nathan Retour en forêt avec Coco. Le loup coupe son bois pour l’hiver. Heureusement qu’il est costaud. Ça peut aider, pas que pour les tâches domestiques, mais aussi pour sauver un oisillon tombé du nid ou sa copine Moumouche prise dans une toile d’araignée. Mais lorsqu’on se trouve à son tour dans la panade, Coco va vite se rendre compte qu’on a toujours besoin d’un plus petit que soi.
© Mathis – Nathan Nouvelle salve de Mini-bulles, l’excellente collection d’albums de BD sans bulles à lire dès trois ans. Pour cette triplette, on retrouve trois auteurs qui reviennent pour la deuxième fois. Après le western Peter Panpan, Henri Meunier propose Affreux Jojos, une relecture de l’univers des contes traditionnels. Si l’héroïne a tout du Petit Chaperon Rouge, elle a faire face aux « méchants » classiques que sont le loup, le fantôme, la sorcière et le monstre des montagnes, le yéti en somme. (clin d’œil à Tintin au Tibet au passage ?) Entre Emilie de Domitille de Pressensé et Ana Ana de Nathalie Roques et Alexis Dormal, Jane Massez a trouvé avec Petiote le chaînon manquant. C’est doux, c’est rassurant, le temps s’est arrêté, comme dans ces moments si importants que l’on passe avec ses enfants quand ils sont petits. Petiote joue, puis prend son bain et va se coucher, toute seule avec son chien et ses doudous. On a tellement envie de lui lire son livre avant qu’elle ne s’endorme. Enfin, Mathis revient avec Coco et Moumouche, le loup et la mouche. Histoire ingénieuse d’entraide, elle invite à grandir avec les autres. La colorisation de la scène où Moumouche fait des allers-retours pour transporter du matériel avec le temps qui passe est superbe.
Mini-bulles et maxi-plaisir. Quand la bande dessinée s’adresse aux plus petits avec tant de malice, d’intelligence et de respect, que demander de plus ?
Tome : Coco 2 – Bravo Moumouche !
Scénario, Dessins & Couleurs : Mathis
Tome : Petiote 2 – Petiote au jardin
Scénario, Dessins & Couleurs : Jane Massey
Tome : Affreux Jojos
Scénario, Dessins & Couleurs : Henri Meunier
Genre : Aventure pour les tout-petits
Éditeur : Nathan
Collection : Mini-bulles
ISBN : 97820950-26240 / -26912 / -30179
Nombre de pages : 32
Prix : 8,50 €
- Les songes du Roi Griffu 2 – La dame de la tour par Laurent Lafourcade
Le tournoi & l’épée
« -Mais où peut bien être cette fichue tente ? Ils m’ont pourtant dit près de la bannière aux lunes étoilées. Il faut être chevalier ou grand seigneur pour concourir au tournoi, et je ne suis rien de tout ça ! Et de toute façon, où est-ce que tu veux que je trouve l’argent pour m’inscrire ?
-J’ai une idée, Owein ! Pourquoi tu ne participerais pas au tournoi ? Si tu gagnais, je pourrais rentrer à ton service comme page !
-Mais qu’est-ce que tu racontes ?!
-Dommage. J’aurais tellement voulu être page.
-Arrête de rêvasser et aide-moi plutôt à trouver la tente du chevalier aux cygnes. »
Le seigneur de la tour est mort. Le jeune Owein, enrôlé comme soldat, n’a pas empêché le drame. Son frère Absalon a pris le pouvoir mais est beaucoup plus austère que son prédécesseur. Il n’a pas l’intention de laisser une nouvelle victoire au peuple du clan, prêt à lever une armée. Pour Eilenn, sœur d’Absalon, ce n’est pas la même chanson non plus. Mais elle ne laissera personne lui dicter sa conduite. Elle croit à la magie et compte bien courir l’aventure. Les gardes de son frère ne la laissent pas filer. Celui-ci décide de la marier au plus vite pour lui ôter toute velléité d’escapade. Un grand tournoi va être organisé. Le vainqueur épousera Eilenn.
© Blaire, Colombié, Drac, Dumaye – Delcourt Pas possible pour Owein de s’inscrire. Il faut être fortuné. De grands seigneurs et de vaillants chevaliers affluent de toute la contrée. Ils vont tous s’écharper pour obtenir sa main. Très vite, un jeune combattant va se distinguer dans les combats. Personne ne connaît son nom, mais il conquiert la foule qui se prend d’affection pour lui, le baptisant « le petit chevalier ».
© Blaire, Colombié, Drac, Dumaye – Delcourt Ce nouveau songe du Roi Griffu peut se lire quasi indépendamment du précédent, d’autant plus qu’un court résumé, en introduction, replace les principaux personnages dans leur contexte. La série a toute la saveur des contes traditionnels moyenâgeux. On trouve dans cet épisode les poncifs du genre comme le tournoi ou la fameuse épée dans la roche. Si la première partie de l’histoire reste réaliste, avec la violence inhérente à l’époque, notamment dans le recrutement de soldats de confiance, la seconde moitié verse dans l’heroïc-fantasy. Entre rêve et réalité, il faut parfois s’accrocher pour rester dans l’intrigue dont la construction savante demande concentration. Mais les efforts demandés valent le coup, car lorsqu’au final les pièces s’assemblent et les liens se tissent vers l’avenir, on se dit que tout est finement pensé.
© Blaire, Colombié, Drac, Dumaye – Delcourt Les Songes du Roi Griffu est une série aux mains de quatre autrices. Cyrielle Blaire, Maïlis Colombié, Drac et Camille Dumaye sont les instigatrices d’une aventure fantastique mettant à égalité la force des femmes avec celle des hommes, sans tomber dans un féminisme qui aurait semblé évident. Finement joué.
Série : Les songes du Roi Griffu
Tome : 2 – La dame de la tour
Genre : Conte moyenâgeux
Scénario : Cyrielle Blaire
Dessins : Maïlis Colombié
Couleurs : Maïlis Colombié & Drac, assistées de Camille Dumaye
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413048435
Nombre de pages : 72
Prix : 15,95 €
- The world is dancing 2par Laurent Lafourcade
Danse ta vie, vis ta danse
« -Tu te demandes comment interpréter Senzai ?
-Oui… Jusqu’ici, cette pièce ne représentait qu’un rituel ancien pour moi.
-Mais dans Okina ce matin, il y avait quelque chose d’autre que la danse de mon père que je connais… »
Japon, XIVème siècle. Oniyasha poursuit sa quête de sens dans la danse théâtralisée. Il a appris grâce à une danseuse que l’art est un moyen d’exister grâce à son corps, comme un don de soi. Aujourd’hui, en plein mois de juin, le festival d’été au sanctuaire Imakumano de Kyoto ouvre ses portes pour trois jours. Cinq à sept pièces de Sarugaku sont jouées chaque jour, du matin au soir, en guise d’offrande aux divinités. L’ambiance est festive. Oniyasha interprète Senzai, un rôle dans Okina, une pièce qui se joue tous les matins afin de purifier la scène. Il partage ses appartements avec l’acteur qui joue l’un des rôles principaux. Il va falloir aller se coucher pour être en forme. Mais avant cela, le jeune comédien tient à répéter encore et encore ses mouvements. Le type de théâtre qu’est le Sarugaku a pratiquement été créé par Kan’ami, son père. Il y a apporté la danse, le chant et le récit. Il a distordu les codes pour les redistribuer dans une certaine modernité. Dans la pièce Okina, on n’adapte pas son rythme à celui des autres, mais il faut danser comme si on passait entre les battements. Il y a comme un secret dans cette danse, secret qu’Oniyasha voudrait bien percer.
© 2021 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega DupuisTout en cherchant la meilleure façon d’évoluer, le meilleur moyen de jouer, le garçon va grandir dans son corps et dans sa tête. Il va assister à un coït -oui, oui, vous avez bien entendu- avant de le voir reproduit sur scène. Manger, s’accoupler, se multiplier et prospérer, les arts visuels accompagnent la vie humaine, la paix dans le monde et la sécurité sur les terres. La vie, le corps, les émotions et les espoirs des hommes sont nés de ce courant. Oniyasha prend conscience qu’il est debout avec son corps. Dans son art et dans ses veines coule l’histoire. La fleur qu’il est s’épanouira-t-elle sur scène en offrant aux spectateurs ce qu’ils cherchent ?
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© Vega DupuisEn postface, l’historien Katsuyuki Shimizu décrit une réalité médiévale japonaise oubliée. L’auteur a initié un engouement pour l’époque Muromachi (1336-1573). Il montre comment Kan’ami, le père d’Oniyasha qui sera connu sous le nom de Zeima, va poser les bases d’un théâtre établi à partir de rituels. C’est ainsi que son fils a fait du nô un art théâtral plus tourné vers les humains que vers les divinités.
« The world is dancing » est supervisé par Kôhei Kawaguchi, figure incontournable de la scène contemporaine de nô. On apprend qu’à l’origine le nom nô englobait avec le théâtre chant, danse et acrobaties, avant que le théâtre masqué ne s’impose parmi ces arts.
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© Vega DupuisOde à la contemplation et au corps en mouvement, avec « The world is dancing », Kazuto Mihara donne à la danse et au théâtre leur raison de vivre.
Série : The world is dancing
Tome : 2
Genre : Emotion
Scénario & Dessins : Kazuto Mihara
Éditeur : Vega – Dupuis
ISBN : 9782379504532
Nombre de pages : 192
Prix : 11 €
- L’histoire de Pif et son gadgetpar Laurent Lafourcade
L’aventure des années 1980-1990
« -Alors les Pifos ! Prêts pour le grand saut ? »
La période la plus glorieuse de Pif Gadget, c’est indéniablement les années 70. Les tirages sont montés jusqu’à 500 000 exemplaires. Des séries mythiques ont vu le jour. C’est à cette même époque qu’il y a eu les gadgets les plus inventifs. De nombreux ouvrages ont été consacrés à cette période et l’on trouve aisément de nombreuses informations et vidéos sur le net. Pour ceux qui étaient ados dans les années 80, il était plus difficile d’appuyer sur la touche Nostalgie pour se faire un Remember. Sébastien Gérard, accompagné par le collectionneur Laurent Barraud, répare le manque avec cette somme, ce pavé, détaillant année par année, l’aventure du journal de 1981 à 1992, puis racontant les rebonds de la fin de l’aventure jusqu’en 1994. Bienvenue dans quinze ans d’histoire de l’hebdomadaire avec ses succès et ses échecs, ses innovations et ses mutations.
© Gérard, Barraud – Pulse Vidéo / CREE Quatre invités de marque étayent les propos de l’auteur : Robert Andreucci, membre de la rédaction de 1978 à 1994, Claude Bardavid, même fonction mais à partir de 1972 (tous les deux ont été à moment donné rédacteurs en chef du journal), Yannick Hodbert, dessinateur salarié du journal entre 1969 et 1994 et qui donna son autonomie à Hercule dans des gags poilants, ainsi que Curd Ridel, qui a, entre autres, dessiné Pif à partir de 1985.
© Gérard, Barraud – Pulse Vidéo / CREE Commençons donc en 1981, aux origines de la période jaune. Voyant ses ventes décliner, l’hebdomadaire a décidé de se payer un lifting complet. Exit le bandeau rouge et sa demi-planche de BD en couverture. « Pif et son gadget surprise » est devenu « Pif Gadget ». Le célèbre gadget est mis en scène en une. La période dite jaune débute en 1982 avec « Le nouveau Pif ». Le gadget n’est plus l’argument de vente du journal mais en reste une composante indispensable, faisant partie de son ADN. Avec les BD-Blocks, les séries s’offrent un écrin détachable en milieu de magazine. Les héros maison (Rahan, Capitaine Apache, Arthur le fantôme,…) côtoient des poids lourds recrutés (en rediffusion) chez d’autres éditeurs (Léonard, Gaston,…). Durant ces années 80, la formule ne cessera d’évoluer, se collant à l’actualité des stars, de la télévision et des dessins animés, qui seront consacrés plusieurs années de suite par Les Truffes d’or. Niveau BD, les parts entre l’humour et l’aventure s’équilibrent. On va même chercher des séries à l’étranger comme Pinky, le lapin rose de Mattioli.
© Gérard, Barraud – Pulse Vidéo / CREE En 1986, le journal va se mettre à ronronner dans une période blanche. Les conditions économiques complexes ne sont pas favorables. Les fausses bonnes idées alternent avec les dernières fulgurances. Sébastien Gérard ne verse pas dans l’hagiographie. Ayant conscience de la faiblesse créative de la période, il choisit de s’attarder sur quelques temps forts. « Pif et son gadget » devient Pif. Les partenariats publicitaires bouffent littéralement le journal. Hercule prend le leadership avec le lancement de son mensuel Super Hercule. 1987 est quand même marquée par la création d’une série mythique (dont une intégrale serait bienvenue) : Radio Kids, signée Curd Ridel, sur des scenarii de Jacques Lelièvre. A partir de 1990, on assiste à la lente agonie du journal. Le chapitre est émouvant. Entre disparitions inexpliquées et revivals éphémères, on ne peut s’empêcher d’y croire e. t d’espérer à chaque fois… en vain.
Ce « bazar de grumlot des années 80 et 90 » est une madeleine de Proust pour tous les ados de cette époque qui attendaient leur Pif Gadget dans leur boîte à lettres ou chez le marchand de journaux. L’idée de cibler cette période est finalement une bonne idée. Comme au cinéma, on attend maintenant le prequel.
One shot : L’histoire de Pif et son gadget – L’aventure des années 1980-1990
Genre : Ouvrage d’étude
Auteurs : Sébastien Gérard et Laurent Barraud
Éditeur : Pulse Vidéo
ISBN : 9782491233273
Nombre de pages : 272
Prix : 35 €
- Les aventures de Spider-Man – Je… déteste… Spider-Man !par Laurent Lafourcade
Super héros adoré
« -Hum, j’aurais dû m’en douter.
-Spider-Man ! Tu as une dette envers moi !
-Tu es sûr ? Dans mes souvenirs, j’avais soldé tous mes comptes. Mais je suis de bonne humeur, Boubou. Si tu n’as pas toute ta tête, je serai ravi de te renvoyer derrière les barreaux. Gratos.
-C’est si généreux de ta part. Mais je te propose autre chose, cette fois. Et si je t’écrasais comme un insecte ?!
-Les araignées sont des arachnides, pas des insectes ! »
Il déteste Spider-Man et il a bien l’intention de le faire savoir à l’intéressé et à la Terre entière. Le Bouffon Vert prévient le lecteur dès la première planche : cette histoire est la dernière de l’homme-araignée qu’il va lire. Le crime new-yorkais est désorganisé. L’ennemi juré de Peter Parker a la prétention de penser qu’il a le cerveau et la trempe pour reprendre la main et devenir le nouveau parrain de la ville. Mais est-ce que la troupe de petites frappes que le Bouffon recrute est capable de l’épauler dans son objectif ? Il suffit d’éliminer Spider-Man. Après, ce ne sera que formalités. Ceci est la première des quatre histoires qui composent cette nouvelle toile de l’un des plus mythiques super-héros.
© 2024 Marvel. Tous droits réservés.
© Panini ComicsDans « Non, sérieusement, les gars… », un acteur raté prend les commandes d’un studio de télévision de Manhattan. A la tête d’une horde de lutins maléfiques, il prend en otage le public d’enfants pour lancer en direct le premier Pitrethon des sorties scolaires barbantes. Jonathan Powers, c’est son nom, réclame dix millions par heure pour l’empêcher de détruire les théâtres et les opéras de la ville. Spider-Man et Night Fighter, le super-héros au skate, ne vont pas être trop de deux pour tenter de contrecarrer ses plans.
Avec « Grillé », notre araignée va tenter d’éviter d’être rôti par Storm. Le problème ne vient pas de l’homme-torche lui-même, mais du fait que le showman ne peut pas contrôler ses pouvoirs. Il est sous emprise. Parker va devoir trouver qui le contrôle. Heureusement que la toile d’araignée est ignifugée.
© 2024 Marvel. Tous droits réservés.
© Panini ComicsVisite au Musée dans « Rock and roll », quatrième et dernier acte de l’opus. Si une statue de pierre fait vaciller la flamme d’une allumette, c’est que celle-ci n’est pas totalement constituée de roche. La gargouille grise est un voleur, pas un terroriste. Il attendait la fermeture du Musée pour agir dans la nuit pour le compte d’un collectionneur fou. Spider-Man empêchera-t-il les camarades de classe de Peter Parker d’être transformés en pierre ?
Le héros de Stan Lee et Steve Ditko est plus en forme que jamais dans ces récits scénarisés par Chris Kipiniak et Peter David et dessinés par Patrick Scherberger et Pop Mhan. On retrouve un Peter Parker lycéen, comme dans Far from home, avec la fougue de sa jeunesse. Ce qu’il y a de bien avec Spider-Man, c’est que le personnage sait qu’il n’est pas infaillible. Il peut faire des erreurs, mais sait aussi se faire accompagner quand il en a besoin. L’opus est également remarquable par la variété des histoires, avec des acolytes et des ennemis à l’opposé les uns des autres. Mais où s’arrêtera le potentiel de cet univers ?
© 2024 Marvel. Tous droits réservés.
© Panini ComicsEn rajeunissant, Spider-Man est le super-héros qui a su grandir avec son public. Il y a quelque chose de malin dans la gestion de ce personnage. C’est peut-être pour ça qu’il sort du lot, au cinéma comme dans le monde du Comics. Marvel et Panini l’ont bien compris.
Série : Les aventures de Spider-Man
Tome : Je… déteste… Spider-Man !
Genre : Super-héros
Scénario : Chris Kipiniak & Peter David
Dessins : Patrick Scherberger & Pop Mhan
Couleurs : Guru eFX
Traduction : Laurence Belingard & Laurent Laget
Éditeur : Panini Comics
Collection : Marvel
ISBN : 9791039125246
Nombre de pages : 96
Prix : 9,99 €
- Tous à la campagne !par Laurent Lafourcade
Retour au naturel
« -Ça y est ! On a réussi !! On a fait le grand saut ! Finis la ville, la pollution, le stress !! On va bâtir ici une nouvelle vie ! Ne plus dépendre du système… Travailler dur pour être autonomes…
-Heu… L’idée, c’était pas une année sabbatique ??
-Si… Mais on commence par…
-Attends ! J’ai ici la définition : « sabbatique »… « Congé qui permet au salarié de prendre une année de repos »… Alors, déjà, je vois pas les transats… »
Quittant la ville et la pollution pour la saine et isolée campagne, un couple de parisiens décide de remettre sa vie en question. Enfin, surtout Madame. Monsieur ne partage pas franchement l’idée bourgeois-bohème de son épouse. Il va pourtant bien falloir qu’il fasse contre mauvaise fortune bon cœur. Les voilà donc nouveaux propriétaires d’une maison en milieu de forêt au bout d’un chemin sur lequel personne ne passe. Si Madame a bien l’intention de vivre avec le strict nécessaire, n’ayant apporté que deux bagages dans la plus grande sobriété qui soit, Monsieur a tout commandé en double sur Amazon. Ça ne va pas être compatible pour celle qui veut arrêter la course à la consommation. La vie à la campagne, ça va être aussi l’occasion de consommer ses propres produits. Vive les tomates cerises !… pour commencer.
© Tronchet – Fluide glacial Heureusement, il y a des voisins sympas, comme celui qui apprend à Monsieur à se servir d’une hache pour abattre un arbre. Mais attention, il faut lui parler, à l’arbre, avant de l’achever, à moins que ce ne soit lui qui achève Monsieur. « Connard d’arbre !! » « Abruti ». Bref, à la campagne, s’il est plus facile de supporter les voisins qu’en ville parce qu’ils sont plus loin, il faut aussi supporter le silence. Le bruit du klaxon, ça peut manquer à certains. Si, si, n’est-ce pas, Monsieur ? …comme peuvent aussi manquer les discussions au bureau autour de la machine à café, surtout les jours de pluie où à part regarder le déluge par la fenêtre il n’y a pas grand-chose à faire. Bénabar disait pourtant le contraire : « A la campagne, y’a toujours un truc à faire… » Ben, pas pour Monsieur manifestement.
© Tronchet – Fluide glacial Didier Tronchet dresse le portrait d’un couple de parisiens comme il y en a tant et qui pensent, ou qui ont cru juste après le covid, qu’ils pouvaient démarrer une nouvelle vie à la campagne. Mais n’est pas campagnard qui veut. Il semble que Monsieur l’ait compris avant même de quitter la ville. Alors que Madame tente tout pour passer le cap, Monsieur n’est décidé à faire aucun effort. Dans quel camp vont se ranger leurs enfants qu’ils ont mis en pension quand ils vont venir en week-end ? Comme à son habitude, Tronchet décortique le français moyen avec humour et tendresse. Les personnages n’ont pas de prénom pour que tout le monde puisse s’y reconnaître, ou reconnaître des gens que l’on côtoie, parce que certains ne veulent pas voir en face qu’ils sont eux-mêmes dépeints. La couverture est symptomatique. Madame brandit une carotte qu’elle a réussi à faire pousser elle-même, pendant que Monsieur fait un selfie avec son portable (fabriqué par un petit chinois exploité).
© Tronchet – Fluide glacial Tous à la campagne ! M’enfin, pas tout le monde en même temps quand même. Comme pour tout, il en faut pour tous les goûts. Tronchet le démontre dans cet album drôle, reflet d’un temps où le retour à la nature partage les opinions.
One shot : Tous à la campagne !
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Didier Tronchet
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038205765
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
- Vingt Décembrepar Laurent Lafourcade
Chroniques de l’abolition de l’esclavage à la Réunion
« -Comment voulez-vous donner leur liberté à ces pauvres bougres ? On les a arrachés à leur terre africaine, ils sont encore de vrais sauvages, et on voudrait en faire des citoyens ? C’est absurde.
-Qui voudrait en faire des citoyens, M.Bellier ?
-Grand-Patte, tu n’es au courant de rien ? Il y a eu une révolution en France. Le Roi est parti, c’est la République. Tu sais ce que ça veut dire, la République ?
-Ils vont abolir l’esclavage ? »
Edmond est esclave sur l’île de la Réunion. C’est un petit génie qui ne connaît pas la liberté. Il est au service de l’homme blanc, l’homme soi-disant civilisé. Edmond est un petit génie parce qu’il a découvert le moyen de féconder la vanille. Il suffit d’ouvrir la fleur pour dégager la corolle, la retrousser pour trouver le pistil, puis appuyer sur la languette qui est sous le pistil avec une aiguille avant de refermer en appuyant bien pour que le pistil et l’étamine se touchent. En six jours, il devrait y avoir une gousse. « Et c’est un petit noir qui a trouvé ça. » Nous sommes en 1841, Edmond a douze ans. Il est esclave chez son maître Monsieur Bellier-Beaumont à Sainte-Suzanne.
© Tehem, Appollo – Dargaud 1848. Edmond grandit sans savoir ni lire ni écrire, mais il connaît les noms latins des plantes. Il a sa propre case, est toujours esclave et fait des démonstrations de fécondation de vanille chez de riches propriétaires. La main d’œuvre continue à être importée d’Afrique. Sur les hauteurs de l’île, vivent les marrons, esclaves échappés depuis des années et qui ne voulaient pas vivre ainsi toute leur vie. Le 27 Avril, un décret annonce que l’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises dans les deux mois. Tout châtiment corporel et toute vente de personnes non libres seront interdits. Le commissaire général de la République Joseph Sarda-Garriga ne va pas tarder à débarquer pour le faire appliquer. Si pour certains c’est la mort de la colonie, pour d’autres, c’est un vent de liberté qui se met à souffler.
© Tehem, Appollo – Dargaud Avec un dessin trop réaliste, l’histoire aurait pu virer au drame sanglant. Le trait semi-réaliste de Tehem adoucit le propos sans pour autant le dévaloriser. De son côté, Appollo enchaîne les événements concrets sans jamais tomber dans le catalogue chronologique.
En 2020, Tehem et Appollo ont bénéficié d’une résistance d’artistes aux Archives départementales de la Réunion. Ils y ont découvert des détails oubliés de la vie d’Edmond Albius, celui qui voulait se faire appeler Vingt-Décembre lorsqu’on lui proposa un nom. Ils ont aussi déniché des dessins de Martial Potémont, l’un des protagonistes de cette histoire, artiste venu du continent en 1847, et foultitude de fragments de cette époque du beau milieu du XIXème siècle qui, à l’instar du nez de Cléopâtre, changea la face du monde. Les auteurs ont ainsi donné naissance à Vingt Décembre, œuvre de fiction inspirée de cette immersion dans les archives de l’île. Dans un dossier complémentaire, les auteurs présentent quelques extraits de leur journal de résidence. On y découvre entre autres des reproductions de pages de La Lanterne Magique, publication illustrée de l’époque, ainsi qu’une planche décalée dans laquelle Potémon montre des dessins inédits à Antoine Roussin, un jeune professeur de dessin qui se lance dans l’imprimerie.
© Tehem, Appollo – Dargaud Vingt Décembre est une passionnante aventure historique, à lire en parallèle avec Ile Bourbon 1730 que le même Appollo a écrit pour et avec Lewis Trondheim il y a déjà dix-sept ans. A la fois biopic et témoignage d’un changement de monde, Vingt Décembre est un album marquant.
One shot : Vingt Décembre
Genre : Histoire
Scénario : Appollo
Dessins : Tehem
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205200935
Nombre de pages : 160
Prix : 21,50 €
- Mimo – Sur la trace des dinospar Laurent Lafourcade
Dinosauremania
« -Eh ! C’est toi qui envoies du gravier dans mon délicieux plat de tripes ?
-Oh ! Euh… Désolé, vraiment.
-C’est bon… T’es quoi au juste, p’tit père ?
-Ben… Un ornithomimosaure. »
Mimo est un ornithomimosaure. Il est né en brisant sa coquille comme ses six frères et sœurs à une époque où l’homme n’était pas encore sur Terre, en des temps où il n’y avait ni fleurs ni herbe. Dans la famille, il fait figure de vilain petit canard. Alors que ses semblables sont marbrés de différents tons bruns, il arbore un plumage noir et blanc. Alors, il vit plutôt en solitaire. Un beau jour, il fait la connaissance de Hector, un cacharodontosaure, un lézard à dents aiguisés, qui n’a jamais perdu son duvet de bébé. Lui aussi vit en marge de sa famille. Il n’en fallait pas plus pour que les deux larrons deviennent compagnons d’aventure. Tout allait bien jusqu’au jour où, RRRRRRRRRRRRRRôôôôôôôôôôôôôôôôô, la-grande-menace-aux-dents-innombrables s’installa à proximité de leurs clans. Plus moyen de mettre une griffe dans le fleuve sans risquer de se faire croquer. Peut-être que l’oracle a une solution au problème ?
© Dethan, Mazan – Eidola Dans l’aventure suivante, nos deux compères font un grand voyage. Tout commence par un kidnapping. Boris, un ornithomimosaure comme Mimo, est enlevé par deux cacharodontosaures, comme Hector. Très vite, les secours s’organisent. D’après les indices et les témoignages, il a été embarqué sur un tronc avec ses ravisseurs sur le grand océan Téthys. Mimo prend la tête d’une expédition pour le retrouver. Après un long périple, les sauveteurs débarquent sur une terre dominée par Dark-Venator, grand-maître du clan des prédateurs. Mimo et ses compagnons vont devoir déployer des trésors d’ingéniosité pour tirer Boris des griffes des carnassiers.
© Dethan, Mazan – Eidola Les éditions Eidola regroupent dans cette intégrale les deux aventures de Mimo scénarisées par Isabelle Dethan et dessinées par Pierre Mazan. Dans des récits mi-BD mi-album illustré, on y suit les aventures de ces dinosaures dans une précision rare dans des livres pour enfants. Les auteurs emploient des noms techniques. Bien sûr, les histoires sont rocambolesques, pour qu’il y ait de l’aventure et qu’on ne soit pas dans un reportage, mais on reste dans des décors réels et des protagonistes d’époque. Dans un petit bestiaire des fouilles, en supplément, Ronan Allain explique comment 20 000 fossiles ont pu être identifiés dans les Charentes dont les restes de Mimo en 2012. Avec des illustrations de Mazan, le paléontologue décrit plusieurs espèces de dinosaures, dont certains que l’on croise dans les aventures de Mimo.
© Dethan, Mazan – Eidola Cet album enchantera les jeunes passionnés de dinosaures. On connaît l’attrait de Mazan pour le sujet. Alors que les plus jeunes peuvent dévorer à la manière d’un T-Rex les histoires de Mimo, les plus grands pourront se rassasier avec Les dinosaures du paradis, du même Mazan, paru chez Futuropolis.
Série : Mimo
Tome : Intégrale – Sur la trace des dinos
Genre : Aventure documentaire
Scénario : Isabelle Dethan
Dessins & Couleurs : Pierre Mazan
Éditeur : Eidola
ISBN : 9791090093492
Nombre de pages : 72
Prix : 18 €
- Wild West 4 – La boue et le sang par Laurent Lafourcade
Chemin de sang
« -« Depuis, il n’y a pas une nuit où je ne rêve pas du massacre des miens. Je sens une rage me brûler les vis… vis… »
-Viscères ! C’est un synonyme de boyaux, Jane. J’suis épaté. Tu as fait de spectaculaires progrès en lecture.
-J’ai de la pitié pour l’enfant de cette histoire. Mais il faudra abattre l’homme qu’il est devenu. »
Wild Bill, Calamity Jane et Charlie Utter sont sur les traces du serial killer qui scalpe, découpe et plante une flèche dans l’œil droit de ses victimes. D’après ce qu’ils viennent de découvrir, il aurait assisté à l’assassinat par des indiens de ses parents lors d’une attaque de la diligence dans laquelle ils voyageaient. Ça n’excuse pas l’adulte qu’il est devenu et qu’il faudra certainement abattre. Pendant ce temps, à Mud City, l’homme d’affaires Aristote Graham accueille une compagnie en armes qu’il a fait venir pour sécuriser le camp du chemin de fer face aux intrusions dans le campement et massacres sans vergogne d’innocents travailleurs. Quand le chantier va devoir traverser un cimetière d’indien qu’il va falloir dynamiter, ça ne va pas calmer les esprits.
© Gloris, Lamontagne – Dupuis « Faire combattre des noirs contre des rouges pour les intérêts d’une minorité de blancs », telle est l’idée de Graham. Les natifs des lieux sont en train d’être dépouillés par des colons avec une main d’œuvre qui, au final, sera elle-même maltraitée à cause d’une couleur de peau. L’Amérique naissante se veut égalitaire, encore faut-il avoir la bonne couleur de peau. Le scénariste Thierry Gloris démontre factuellement que dès le départ le visage pâle ne s’y est pas pris du bon pied, ne cherchant jamais à s’intégrer, ni à intégrer, mais tout simplement à envahir. Il ne fallait alors pas s’étonner de prendre de plein fouet des actes barbares. C’est dans des situations comme celles-ci que des tueurs comme celui que traque notre trio peuvent agir, profitant de la confusion générale, brouillant les pistes sur le camp dans lequel le rechercher.
© Gloris, Lamontagne – Dupuis Jacques Lamontagne dessine ce nouvel épisode sans filtre. Comme dans l’épisode précédent, la violence est un personnage à part entière et les scènes atroces sont sans concession. On n’est pas dans un western de la dernière séance. John Wayne ne va pas arriver avec des tuniques bleues pour sauver tout le monde. Tout est dit dans le titre La boue et le sang. Les auteurs ne nous mentent pas sur la marchandise pour décrire quelque chose qui semble plus proche de la réalité que les exploits d’un cow-boy solitaire.
© Gloris, Lamontagne – Dupuis Le trait de Lamontagne est de plus en plus fin et détaillé. Certaines cases s’étalent comme en cinémascope sur des doubles pages, images parfois gâchées par une impression, ou plutôt une reliure, qui ne tient pas compte de leur présence et les grignote en leur milieu.
L’Ouest est sauvage et pas seulement dans sa nature. Tout ne serait-il pas seulement qu’une guerre de territoires ? Wild West offre une immersion sans pitié dans un monde qui accouche avec douleur.
Série : Wild West
Tome : 4 – La boue et le sang
Genre : Western
Scénario : Thierry Gloris
Dessins & Couleurs : Jacques Lamontagne
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 48
Prix : 15,50 €
ISBN : 9791034768707
- Simone 2 – Tu entres par la porte mais tu sortiras par la cheminée !par Laurent Lafourcade
Face au bourreau
« -Ah… Esther et Polly !
-Tu connais ? Pourtant c’est pour les enfants !
-Madame en a sûrement, tu sais.
-Bien sûr, mais ce n’est pas la raison… Je lisais leurs aventures dans « Âmes Vaillantes » quand j’avais ton âge. J’étais fan de la jeune Esther et de son adorable petite marmotte. Et ça m’a beaucoup aidée à penser à autre chose dans des moments… difficiles.
-Qu’est-ce qui t’est arrivé, dis ?
-Ah, ça… C’est une longue histoire… »
Février 1972, Simone Lagrange prend le train pour Paris. Elle se rend à Cognacq-Jay au siège de l’ORTF, l’office de radiodiffusion-télévision française, pour participer à une émission de télévision en direct. La soirée est présentée par Jacques Alexandre. Après un reportage réalisé par une équipe d’Antenne 2 à La Paz en Bolivie dans lequel le journaliste Ladislas de Hoyos s’entretient avec un certain Klaus Altmann, les quatre résistants invités en plateau, dont fait partie Simone, sont invités à se prononcer. Ce Klaus Altmann ne serait-il pas Klaus Barbie le criminel nazi, chef de la Gestapo de Lyon ? Simone a été torturée par Barbie en 1944 avant d’être déportée à Auschwitz. Elle ne peut pas oublier son regard. Même s’il le nie, pour Simone, Altmann et Barbie ne font qu’un. Le bourreau va se trahir. Alors qu’il prétendait ne comprendre que l’allemand, Ladislas de Hoyos le piège avec une question en français à laquelle il répond.
© Evrard, Morvan, BenBK – Glénat Alternant entre 1944 et 1972, Jean-David Morvan et Davis Evrard poursuivent la biographie de Simone Lagrange. L’album s’ouvre sur une scène d’une intensité incroyable. Simone se serre dans les bras de ses parents. Elle s’imagine au Maroc à Mogador, actuelle Essaouira, en bord de mer. L’océan se déchaîne. Les vagues prennent les apparences de ceux qui les ont dénoncés. Tel un tsunami, Klaus Barbie déferle sur eux. En réalité, la famille est retenue au siège de la Gestapo à Lyon. Le cauchemar ne fait que commencer. Simone et sa mère sont séparés de leur père et époux. A la prison de Montluc, la gamine vit un calvaire pendant quinze jours avant de partir pour Drancy, dernière étape avant le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau.
© Evrard, Morvan, BenBK – Glénat La seconde guerre mondiale et ses conséquences sont des thèmes de prédilection du scénariste Jean-David Morvan. Il s’est intéressé à Irena Sendlerowa (déjà avec David Evrard), à Ginette Kolinka, à Madeleine Riffaud,… Avec Simone Lagrange, on suit le parcours d’une miraculée et on l’accompagne dans son combat dans la traque des nazis. On va la voir aux côtés de Serge Klarsfeld face à Barbie, défendu par un cynique Jacques Vergès.
Le graphisme si particulier pour un tel sujet de David Evrard fait la force du témoignage. Dans son trait franco-belge, l’auteur intègre des planches d’Esther et Poly qui font écho à ce que vit Simone, ainsi que des cases dessinées comme si elles étaient dessinées par des enfants, à la manière d’un José Parrondo dans la série « Allez raconte ». La séquence des chambres à gaz ainsi racontée ne pouvait avoir plus de puissance. A arracher des larmes.
© Evrard, Morvan, BenBK – Glénat « Simone » fait partie de ces séries nécessaires œuvres de mémoire. En ces débuts d’années 70, la chasse aux nazis atteint l’un de ses climax. Walter Rizoto et Jean-Loup de la Batellerie, journalistes à Paris-Flash, sont là pour rendre compte de l’événement.
Série : Simone
Tome : 2 – Tu entres par la porte mais tu sortiras par la cheminée !
Genre : Drame historique
Scénario : Jean-David Morvan
Dessins : David Evrard
Couleurs : BenBK
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344049518
Nombre de pages : 72
Prix : 15,50 €
- Emily Dickinsonpar Laurent Lafourcade
Les mots sont des trésors
« Mon père, de sa voix tonitruante, déclame la bible avec la passion d’un grand acteur. Lavinia pleurniche, Austin ne tient pas en place et moi, je reste béate devant la grandeur des mots. Ils me submergent, embrasent mon imagination. »
Parmi les collines, Amherst, dans le Massachusetts, est la ville natale de la jeune Emily Dickinson. Elle y habite avec son frère Austin, sa sœur Lavinia, et leurs parents. Le père lit la Bible. La mère est distante. Emily est comme une intruse dans cette famille austère. Son père lui reproche sa joie de vivre. Elle se tourne alors vers Dieu pour chercher un sens, une reconnaissance. C’est lors d’une escapade en forêt, quelques années plus tard, qu’Emily découvre l’attirance qu’elle a pour ce lieu. Des couleurs qui prennent vie, des arbres qui atteignent les cieux et des feuilles qui luttent contre le vent, des parfums enivrants et des sons mélodieux, la nature séduit la jeune fille. Qu’importent les remontrances de ses parents, Emily va y chercher sa liberté. Ceci n’est que le début de la vie de la poétesse Emily Dickinson qui nous est racontée jusqu’à sa disparition dans cette biographie.
© Gabriele – Des ronds dans l’O Après celle de Virginia Woolf, la dessinatrice italienne Liuba Gabriele s’attarde sur la vie méconnue de la poétesse américaine Emily Dickinson. Recluse dans son cercle familial puritain en Nouvelle-Angleterre, elle écrivit 1775 poèmes, dont seulement une douzaine seront publiés de son vivant. A la fin de sa vie, elle fut frappée par une série de deuils : son père, sa mère, son neveu, puis son futur époux. Ce n’est que plus tard que sa petite sœur Lavinia retrouvera ses productions. Un recueil posthume sera publié en 1890 quatre ans après sa mort, mais il faudra attendre les années 50 pour une édition complète et respectueuse de l’œuvre.
© Gabriele – Des ronds dans l’O Dans un trait crayons de couleurs, Liuba Gabriele poétise ses cases et ses planches dans des couleurs pastel. Les intérieurs sont enluminés. Les arbres ont des feuillages inédits, avec des tons bicolores les rendant vivants. Le ciel montre des chemins de liberté pour une fille enfermée dans une culture cloisonnée. Elle le regarde. Il la regarde. L’autrice personnalise la mort dans des scènes poignantes, avec des regards vides ou hagards et une danse funeste, comme si Emily vivait sa fin en poésie. Liuba Gabriele a elle-même publié un recueil de poésies. C’est peut-être pour cela qu’elle a si bien pu et su se mettre dans la peau de celle à qui elle rend un si bel hommage.
© Gabriele – Des ronds dans l’O Emily Dickinson est plus que jamais sur le devant de la scène. L’écrivain Dominique Fortier a reçu le prix Renaudot Essai pour son livre Les villes de papier, une vie d’Emily Dickinson. Lou Doillon a lu ses poèmes sur scène. Liuba Gabriele invite à se plonger dans son œuvre. La poétesse américaine est mise à l’honneur dans ce biopic dans lequel on flotte comme sur des vers qu’on lit en rebondissant de ligne en ligne.
https://www.youtube.com/watch?v=hh3b7L5XHMw
One shot : Emily Dickinson
Genre : Biopic
Scénario, Dessins & Couleurs : Liuba Gabriele
Éditeur : Des ronds dans l’O
ISBN : 9782374181462
Nombre de pages : 144
Prix : 22 €
- Quand la nuit tombe 1 – Lisoupar Laurent Lafourcade
Les chats et les souris
« -La Gestapo a cerné le centre du village. Ces ordures ont fouillé toutes les maisons ! Il paraît qu’ils retrouvaient les Juifs cachés en demandant aux commerçants les adresses de leur clientèle ! Ils ont embarqué une vingtaine de familles.
-Une vingtaine de familles ?
-Les hommes ont traversé la ville en marchant les bras levés, et les femmes tenaient leur enfant d’une main et leur baluchon de l’autre…
-Mais Henri, où les ont-ils emmenés ?
-Je ne suis sûr de rien. Très probablement au siège de la Gestapo, ou déjà à Drancy… ?
-Que deviennent tous ces pauvres gens ? »
Janvier 2022, Marion prend un café avec sa tante Lisou, 89 ans. Carnet de notes sur les genoux, Marion l’interroge sur sa vie pendant la Seconde Guerre Mondiale. En juin 1940, la famille juive quitte sa Lorraine pour le sud de la France à cause de l’invasion allemande. Après un passage dans l’Indre, puis à Grenoble, voici Lisou, sa sœur Mylaine et leurs parents réfugiés à Sarcenas, un petit village à douze kilomètres de la préfecture de l’Isère. La chasse aux juifs a commencé, il faut se cacher. Lisou a dix ans et la guerre n’en finit plus de finir. Ils trouvent asile dans un chalet prêté par des amis. Les mois et les saisons se succèdent. Les nazis se déchaînent dans la région. Les rafles font rage. Un jour neigeux de février 1944, alors que les parents sont partis raccompagner des amis jusqu’à l’autocar de Sappey, les deux jeunes filles voient débarquer une automobile noire. Ils recherchent la famille. Mylaine ment sur leur identité et leur indique une maison voisine. Les boches tournent les talons. La grande envoie sa petite sœur prévenir les parents pour qu’ils ne rentrent pas.
© Achard, Galmés – Delcourt Mylaine sera arrêtée par les nazis, Lisou et ses parents erreront de cachettes en cachettes pour leur échapper. Mylaine et Lisou sont aujourd’hui en vie. Ce sont les tantes de la scénariste Marion Achard. Elle les a longuement interrogées en 2021. A 88 et 98 ans, elles ont apporté leurs témoignages sur cette période barbare d’un siècle faussement civilisé. Elles ont montré à leur nièce les fausses cartes d’identité, les différents courriers conservés, échangés entre eux, ou ceux de dénonciation et de la Gestapo. Marion Achard en a tiré le scénario de ce diptyque inspiré de leurs vies, de leurs destins brisés. La fillette et l’adolescente seront séparées par la tragédie. Cet épisode suit les pas de Lisou. Le second nous emmènera sur les traces de Mylaine et nous fera vivre sa déportation. On sait déjà qu’elles se retrouveront. Ça va légèrement aider à supporter le drame.
© Achard, Galmés – Delcourt La volonté de Marion, dès le départ, est de s’adresser aux adolescents, parce que l’avenir du monde est dans leurs mains. Il faut se souvenir pour ne pas reproduire les erreurs du passé. C’est tellement bateau, cette phrase, mais c’est tellement vrai, tellement important. Dans un trait tout public arrondi, à la manière d’un Benoît Ers, Toni Galmes dessine l’ensemble avec l’innocence de Lisou toujours en ligne de mire. Ce n’est pas une héroïne, ce n’est pas une observatrice, C’est l’actrice d’une période trouble. Tout au long du récit, on est « elle », au jour le jour.
© Achard, Galmés – Delcourt A ranger aux côtés des Enfants de la Résistance, Quand la nuit tombe (quel titre efficace !) démontre encore une fois d’une part aux témoins de l’époque que raconter leur histoire est la clef pour que la nuit ne retombe plus, et d’autre part aux lecteurs d’aujourd’hui qu’il est des temps sombres qui ne doivent pas revenir.
Série : Quand la nuit tombe
Tome : 1 – Lisou
Genre : Histoire
Scénario : Marion Achard
Dessins & Couleurs : Toni Galmés
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire et histoires
ISBN : 9782413077657
Nombre de pages : 128
Prix : 19,99 €
- Quand vient l’étépar Laurent Lafourcade
Personne ne devrait mourir en cette saison
« -V-vous pouvez me redonner l’adresse ?
-Mama, qu’est-ce qu’il y a ? Mama, où est Licia ? »
Eté 2011, lorsque Joaquim quitta sa petite amie Licia après une dispute, il ne se doutait pas qu’il ne la reverrait jamais. Partie sur un scooter avec une copine, elles seront percutées par un chauffard. Licia laisse ses parents et sa petite sœur Rachel sur leur lieu de vacances, l’endroit des journées ensoleillées, des doucereuses soirées d’été et des premières amours. Dix ans plus tard, la famille organise une réception souvenir en la mémoire de leur fille. Licia aurait eu vingt-six ans. Il est encore difficile d’accepter son absence, mais les siens lui doivent de continuer leurs vies, d’avancer… comme on peut. Rachel y retrouve ses tantes, son cousin Thomas, ainsi que Joaquim. Ils ne s’étaient jamais revus. Ils sont venus sans leurs conjoints. Chacun a fait sa vie. Joaquim est « consultant supply chain », un truc en logistique. Il navigue entre Paris et Rennes. Rachel est consultante en bourgeons, autrement dit fleuriste. Cette commémoration, c’est une volonté des parents de Rachel. Elle, elle aurait préféré penser à sa sœur chez elle, à sa façon, sans tout un tas de pique-assiettes. L’événement aura néanmoins permis aux jeunes adultes de se revoir. Et ça risque bien de bouleverser leurs vies.
© Nfasou, Bibussi – Marabulles Evidemment, la fleuriste et le consultant ne vont pas en rester là. Leurs quotidiens vont changer de direction. Petit à petit, les fils du passé vont lier leurs destins. Leurs couples respectifs risquent d’en être chamboulés. L’avenir va s’écrire sans précipitation. Les choses qui doivent se faire se feront comme il se doit. Ni l’un ni l’autre ne cherchera à aller plus vite que la musique. On devine que l’amitié devra laisser sa place à de nouveaux sentiments. Y aura-t-il une quelconque concrétisation ? C’est le propos émergent de cette belle histoire d’amours, avec un « s », amour d’adolescence qui ne s’oublie jamais, amour sororal même si l’une des sœurs n’est plus physiquement présente, amour entre adultes, Rachel et Yann, Joaquim et Amélie, … et les conséquences collatérales. Mais si ce propos est émergent, c’est un autre sujet qui donne toute sa force au récit.
© Nfasou, Bibussi – Marabulles Les autrices Laura Nsafou et Reine Dibussi mettent en scène l’une des histoires les plus poignantes du moment. Bien plus qu’une histoire d’amour, elles abordent le douloureux sujet du deuil et de la place de ceux qui restent. Les parents de Licia ne se sont jamais remis de la tragédie. D’ailleurs, comment pourrait-on s’en relever ? Il n’y a rien de plus douloureux que la perte d’un enfant, de son enfant. Pourtant, c’est Rachel qui va avoir l’héritage le plus lourd à porter, celui du fait que tout le monde veuille qu’elle vive la vie qu’aurait dû vivre sa grande sœur. Sans l’oublier, elle va devoir s’émanciper, apprendre à agir pour elle-même, en tant que Rachel. Joaquim, lui, va-t-il se remettre du jour de la dispute où il a vu Licia pour la dernière fois, quand ils se sont quittés fâchés ?
© Nfasou, Bibussi – Marabulles Reine Dibussi met en scène le théâtre de la vie avec une délicatesse, une pudeur et une sensibilité émouvantes. Les couleurs vont toujours par deux, selon les chapitres, pastellisées pour mettre en valeur les personnages. Il est juste dommage que le lettrage informatisé donne de la distance. Heureusement, on est si vite emporté par le récit qu’on l’oublie, parce que l’on s’est insinué entre Rachel et Joaquim.
« Personne ne devrait mourir en été… » Et pourtant… Magnifique regard sur le sens de la vie, histoire de reconstruction, « Quand vient l’été » aurait pu s’appeler « Ceux qui restent ». L’album restera en tous cas dans toutes les bibliothèques de ceux qui l’ouvriront.
One shot : Quand vient l’été
Genre : Emotion
Scénario : Laura Nsafou
Dessins & Couleurs : Reine Dibussi
Éditeur : Marabulles
ISBN : 9782501163293
Nombre de pages : 224
Prix : 25,90 €
- Le Royaume 8 – La Reine du balaipar Laurent Lafourcade
Hola, tavernière !
« -On m’a cambriolé ! Hé là ! Au voleur ! Arrêtez-le ! Le voleur est là ! Juste en bas ! Allez, les gars !
-Arrêtez-vous !!… Quoi ?!
-Dépêchez-vous de descendre à cette corde et de le rattraper !!!
-Mais Sire, c’est trop haut.
-Bon ! Je vais y aller moi-même ! Je n’ai plus vingt ans mais j’ai encore du cran, moi ! »
De retour au château après une soirée à la taverne d’Anne, le Roi regagne ses appartements. Stupeur ! Il a été cambriolé ! Le voleur est en train de s’échapper avec le fruit de son larcin. Il réussit à fuir. Quelques jours plus tard, un client paye Anne avec un bijou. Diantre ! C’est la bague du Roi. La tavernière fait mine de rien et s’empresse de demander conseil au Père Albert pour savoir comment confondre le brigand. Ceci est la première histoire de ce recueil du Royaume composé de récits courts et de gags.
© Feroumont, Mazaurette, Cuadrado – Dupuis Dans « Le mal du siècle », le Roi s’avère être plutôt entreprenant avec Louise, une masseuse venue lui soulager son mal de dos. Il fait des allusions. Louise est dans la mouise. Elle doit se tirer de cette situation avant que ça ne dégénère. Heureusement, elle a des copines sur qui compter. Sauront-elles lui donner les bons conseils ? Ce récit datant de 2014 parle déjà d’abus de pouvoir et de consentement. On est dans une série humoristique, alors ça reste léger, mais il n’empêche que les choses sont posées. On revient à la comédie pure avec « L’écu d’or », histoire d’une pièce qui va de mains en mains, sans pouvoir être saisie et qui finit dans un endroit inattendu. François le forgeron est la vedette du dernier grand chapitre dans « A vos ordres, Capitaine ! ». Il y est devenu Capitaine de la garde royale dans laquelle est embauchée Sophie Bellesec. Une femme dans la garde royale ! Ça va secouer le cocotier.
© Feroumont, Mazaurette, Cuadrado – Dupuis Près de dix ans séparent les différentes histoires de cet album, et pourtant, elles restent d’une incroyable unité. Deux co-scénaristes viennent épauler Benoît Féroumont. Si Maïa Mazaurette n’intervient que sur un seul gag, Clara Cuadrado s’installe en tant que co-autrice. Elle donne à Anne un côté encore plus fort et indépendant. Le personnage est féministe avant l’heure. Sachant ce qu’elle veut, et ce qu’elle ne veut pas, elle impressionne dans une époque et un monde machos. Même s’ils sont plus discrets, les oiseaux bavards sont toujours là avec leurs commentaires et leurs réflexions toujours bonnes à dire, même si ça ne fait pas toujours plaisir à tout le monde.
© Feroumont, Mazaurette, Cuadrado – Dupuis Le Royaume est devenu une série incontournable. C’est drôle, c’est frais, c’est moderne. Féroumont et Cuadrado sont déjà au travail sur le prochain tome qui sera une grande histoire. Espérons que le dessinateur ne soit pas trop accaparé par son autre vie dans le domaine du dessin animé. Tiens ? Cette série ferait justement un merveilleux dessin animé, aussi bien en série qu’en long métrage.
Série : Le Royaume
Tome : 8 – La Reine du balai
Genre : Humour médiéval
Scénario : Benoît Feroumont, Maïa Mazaurette & Clara Cuadrado
Dessins : Benoît Feroumont
Couleurs : Christelle Coopman & Sarah Marchand
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808500777
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €
- Deux sœurspar Laurent Lafourcade
Chien et chat
« -Hum ! Bonjour Mesdames. J’ai deux lettres recommandées. Une pour Madame Lise Dutilleul. Et l’autre pour Madame Camille Dutilleul. Comme ça, pas de jalouses ! Hum… Une petite signature, s’il vous plaît ?… Fait plutôt beau aujourd’hui… Non ? Bonne journée, Mesdames ! »
Lise et Camille sont sœurs. Elles habitent la même maison. Enfin, elles habitent la même maison coupée en deux. Elles sont fâchées et n’ont pas du tout le même mode de vie. Lise est dans la finance. Elle est fan de football et pratique la méditation. Elle entretient un jardin vert et du lierre pousse sur sa façade. Côté droit mais le cœur à gauche, Camille, l’aînée, est enseignante. Sa cour est bétonnée, soi-disant à cause de la pollution d’une station-service avoisinante. Férue de musique, elle vient d’acquérir une gigantesque corne tibétaine. Ça fait vibrer les murs de Lise. La voilà énervée au point de démarrer sa tondeuse, alors qu’elle l’a déjà passé la veille. On ne peut pas dire que Lise et Camille soient sur la même longueur d’onde. Pourtant, un jour, il va falloir qu’elles prennent une décision en commun. Leur propriétaire souhaite vendre la maison. Pourront-elles la racheter ou faudra-t-il partir ?
© Duhamel, Sivan – Bamboo Décidément, Bruno Duhamel aime bien les histoires de maison. Après celle de la vieille dame de Jamais, voici celle de deux sœurs. Les lieux ne sont pas les mêmes. On quitte les falaises de bord de mer pour une maison de ville, enclavée entre d’autres maisons du même style, mais entourées d’immeubles, à la manière de celle de Monsieur Fredericksen dans le dessin animé long métrage Là-haut. Pour l’occasion, Duhamel retrouve Isabelle Sivan, sa scénariste du Voyage d’Abel. Mais peut-on dire que Lise et Camille sont réellement des sœurs fâchées ? Elles n’ont simplement aucun atome crochu. Elles ont pourtant été élevées ensemble, par les mêmes parents. Qu’est-ce qui les a alors amenées sur des chemins différents ? Sans donner de véritable explication à la brouille, s’inspirant d’une histoire vraie, Anne Sivan interroge sur la sororité et sur le sens de la famille.
© Duhamel, Sivan – Bamboo La scénariste construit son récit sur un système de symétrie, soit sur une même planche, soit sur deux planches en vis-à-vis. Duhamel met les pions en place, comme au théâtre côté cour et côté jardin. Il a utilisé une perspective faciale et éliminer les cadrages dynamiques comme les plongées ou contre-plongées. Cette contrainte l’a invité à aller chercher le dynamisme ailleurs, avec un trait légèrement vibrant, un peu à la Sempé. Il a travaillé au lavis pour les modelés, en niveaux de gris, avant de poser les lumières pour avoir une texture de peinture qui sera transformée en numérique.
© Duhamel, Sivan – Bamboo L’histoire de Lise et Camille invite à reconsidérer ses relations familiales, même si elles sont déjà bonnes. Il y a toujours moyen de construire ou de rajouter des ponts. Ici, il y en a un qui s’appelle Néfertiti, la chatte de Camille qui navigue d’un côté à l’autre et qui trône victorieuse sur la couverture au beau milieu des deux portails, bien au-dessus de toutes les préoccupations des sœurs.
One shot : Deux soeurs
Genre : Chronique de la vie
Scénario : Isabelle Sivan
Dessins & Couleurs : Bruno Duhamel
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9782818999684
Nombre de pages : 72
Prix : 16,90 €
- Wahkanpar Laurent Lafourcade
Paris cadavres
« -Vous vous foutez de moi ?! Comment peut-on laisser filer un meurtrier sur quelques étages d’une tour ?! Et vous ! Vous faisiez quoi, cette nuit, pour ne rien voir et ne rien entendre ?!
-Baaah…
-C’est le troisième meurtre… Le troisième ! Bon sang !!!
-Fallait pas construire cette monstruosité… »
Quelle idée de construire une tour de ferraille en plein cœur de la capitale ? Il ne faut pas aller chercher plus loin les causes des meurtres perpétrés à la Tour Eiffel : c’est la malédiction de la Grande Dame de Paris ! Enfin, ce n’est pas l’avis de tout le monde. Nous sommes en 1889. Les projecteurs sont dirigés vers la capitale de la France à l’occasion de l’exposition universelle. L’inspectrice Eléonore Kowalski est chargée de retrouver l’assassin. Le Maire a prévenu la police. Au prochain incident, ils devront interdire la Tour et annuler l’Exposition. Ce serait dramatique pour l’image de la France. Epaulée par son nouveau collègue Jules Castignac, Kowalski va tout mettre en œuvre pour empêcher le coupable de récidiver et faire main basse sur lui.
© Sentenac, Cossu, L’Hermenier, Hamilton – Dupuis Des rues de la capitale jusqu’au bordel Au jardin d’Eden, de la Cathédrale Notre-Dame jusqu’aux sous-sols carnavalesques, l’enquête va mener le duo fraîchement nommé dans tous les recoins de Paris. On croisera Buffalo Bill et on passera devant la Boucherie Sanzot. Dans une histoire de faux-semblants et un jeu de dupes, Kowalski et Castignac vont parfois avancer main dans la main, d’autres fois, au contraire, il y aura des changements de directions. Entre fausses pistes et chausse-trappes, l’enquête va s’avérer plus complexe qu’en apparence, et plus personnelle pour certains.
© Sentenac, Cossu, L’Hermenier, Hamilton – Dupuis Dans un univers aux frontières du Steampunk, sans vraiment y tomber complètement, Maxe L’Hermenier offre un terrain de jeu d’époque à Brice Cossu et Alexis Sentenac. Le dessinateur de Frnck retrouve Alexis Sentenac, son complice du Triomphe de Zorglub. L’alchimie est parfaite entre ces deux dessinateurs qui semblent ne pas avoir besoin de se parler pour se comprendre. Plongées et contre-plongées dynamisent un récit sans temps mort. Quelques codes mangas dans les visages et attitudes mettent un soupçon d’humour dans une histoire dramatique de serial killer. La résolution de la problématique, inattendue, n’est pas conventionnelle. Ne vous attendez pas à un happy end classique. Le récit est conçu comme un one shot, mais laisse une porte ouverte sur une éventuelle suite, vers de nouveaux horizons.
© Sentenac, Cossu, L’Hermenier, Hamilton – Dupuis Le Wahkan est un phénix noir surgit du ciel chevauché par un homme. Il fera renaître de leurs cendres les fidèles qui lui auront consacré leur vie. Ça, c’est la légende. Qu’en sera-t-il de la réalité ? Les vivants et les morts ne sont pas toujours qui l’ont croît. Derrière et devant les masques, il faudra se méfier des identités.
One shot : Wahkan
Genre : Polar
Scénario : Maxe L’Hermenier
Dessins : Alexis Sentenac & Brice Cossu
Couleurs : Piky Hamilton
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034768899
Nombre de pages : 72
Prix : 15,50 €
- Cédric 36 – Transport à risquespar Laurent Lafourcade
Le premier Cédric sans Raoul.
« -Demain c’est la Saint-Valentin. Je n’ai toujours pas réussi à faire savoir à Chen que j’en suis bleu et que plus tard je veux me marier avec elle.
-Ce n’est pourtant pas si compliqué. Il te suffit de poster un message sur Tiktagram. Elle ne pourra pas passer à côté.
-Tu rigoles ? Chen ne va pratiquement jamais sur les réseaux sociaux. Je serai aussi vieux que mon pépé quand elle lira mon message. »
Cédric arrivera-t-il un jour à déclarer son amour à Chen ? Non seulement, elle n’est pas adepte des réseaux sociaux et il faut trouver d’autres stratégies pour l’aborder (merci, Christian !), mais elle ne fait pas partie de la même classe sociale. Ça fait de la concurrence accrue avec Nicolas d’Aulnay des Charentes du Ventou. Côté nouvelles technologies, Pépé, par contre, il est plus à la page. Pas froussard pour deux sous, pourquoi n’essaierait-il pas la trottinette électrique ? Il n’y en avait pas de son temps. Le voici embarqué avec Cédric, Chen et Nicolas, à quatre sur le destrier et à la vitesse d’un cheval au galop. Il y a un frein dessus ? A la maison, il y a du changement côté courrier. Le mythique bulletin de notes n’arrive plus par la poste mais est à consulter sur le site de l’école. Encore faut-il avoir les codes. Ça laisse un temps de répit.
© Laudec, Leonardo – Dupuis Une qui n’en a pas, de répit, c’est maman. A peine rentrée du boulot – elle est vendeuse dans une boulangerie -, elle est assaillie de « Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? ». Allez, hop ! Plus personne dans la cuisine jusqu’à l’heure du repas ! Quelques minutes plus tard, on ne peut pas dire que le repas annoncé ravisse les foules : soupe de pain rassis aux croûtons de lard, épluchures de pommes de terre, radis, fanes de carottes et autres légumes, lasagnes blettes épinards à la béchamel de maïs et pesto à l’ail des ours. Avant l’annonce du dessert, ces félons de garçons, Pépé, Papa et Cédric, sont tous les trois partis au food truck Frites Kox.
© Laudec, Leonardo – Dupuis Qu’il est émouvant, ce nouvel album de Cédric, émouvant dans tous les sens du terme. D’abord, parce que ça fait déjà deux ans que l’album précédent est paru, puis parce que c’est le premier album réalisé par Laudec tout seul, depuis la disparition de l’immense scénariste Raoul Cauvin. Le dessinateur, devenu auteur complet, s’en sort de main de maître. Il signe de courtes histoires pétries de tendresse et d’humour. Tout doucement, Laudec fait évoluer les personnages, sans les faire grandir bien sûr, mais en bougeant légèrement quelques lignes, comme cela avait été amorcé avec Raoul. Chen n’est plus vietnamienne mais chinoise, volonté du scénariste originel qui ne voulait que l’on puisse penser qu’elle était issue d’une famille de réfugiés de guerre. Papa n’est plus « vendeur de carpettes » mais travaille dans un bureau de la même fabrique. Quant à Pépé, double de Cauvin, il a bien fallu que Laudec imagine au plus près les façons dont il aurait réagi dans telle ou telle situation.
© Laudec, Leonardo – Dupuis On parle tout le temps de Titeuf et du Petit Spirou, mais il y a aussi Cédric, qui, sans vulgarité aucune, raconte la vie quotidienne à hauteur des 8 ans. Cédric, c’est un bon moment de complicité avec une série familiale dans laquelle il y a un peu de chacun d’entre nous et d’entre les nôtres.
Série : Cédric
Tome : 36 – Transport à risques
Genre : Humour familial
Scénario & Dessins : Tony Laudec
Couleurs : Leonardo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034762958
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
- Le meunier hurlantpar Laurent Lafourcade
Mais qui crie le plus fort ?
« -Hé ! Y a un bonhomme ! Un grand ! Il a redressé le moulin ! Le moulin des rapides de la bouche !
-C’est de ça qu’on parlait ! Je lui ai prêté mes bœufs.
-Ho ho !
-Il a été vendu le mois dernier, le moulin. »
1951, en Laponie, ayant fichu les nazis dehors, les finlandais se réacclimatent à la vie. Le vieux moulin, qui n’a pas tourné depuis les années 30, a même été acheté, acheté par un fou. Il faut croire que la guerre ne les a pas tous tués. Il s’appelle Agnar Huttunen. Il est grand. Il vient du Sud de Kilkoiset. Il avait un moulin là-bas chez lui mais il paraît qu’il a brûlé avec sa femme dedans. Ce n’est pas ce que disent les registres de l’église qui l’affirment célibataire. Toujours est-il qu’ici, il l’a redressé alors qu’il était de guingois à cause des glaces qui le compriment. Il a remis en service la scie à bardeaux. De temps en temps, il monte sur le toit de son moulin et pousse des cris intempestifs. Un fou ? Un iconoclaste ? Un simple marginal ? Agnar Huttunen ne laisse personne indifférent et il y en a qu’il dérange. A l’instar du fleuve qui perturbe le moulin au gré de ses gels et dégels, la vie du meunier ne va pas être tranquille.
© Dumontheuil – Futuropolis Le meunier hurlant est un roman de l’auteur lapon Arto Paasilinna, surtout connu pour Le lièvre de Vatanen. Ce meunier a quand même été vendu à 100 000 exemplaires. Il nous immerge dans un pays libéré en proie à la douce folie d’un homme en marge de la société. Il montre comment la différence dérange. Le meunier hurle, mais la foule hurle avec les loups. Dans cette cacophonie, qui criera le plus fort ? Heureusement, certains villageois comme Sanelma et le facteur ont du recul sur la situation et vont permettre à Agnar de continuer à vivre dans son environnement jusqu’à ce que la fatalité ne rattrape tout ce petit monde. Le final n’est pas franchement optimiste sur la société humaine et invite à se remettre en question en tant que groupe. Paasilinna écrit une ode à l’altérité et à la nature. Pour une fois, la Laponie n’est pas froide. Bien que ses habitants ne soient pas tous fréquentables, on a envie d’y vivre.
© Dumontheuil – Futuropolis Le monde de Nicolas Dumontheuil est en parfaite adéquation avec celui de Paasilina. Celui que l’on a découvert avec L’enclave et surtout Qui a tué l’idiot ? (que Futuropolis réédite) trouve dans ce roman un scénario qu’il aurait pu écrire. Les histoires de Dumontheuil sont peuplées de fous, mais ceux-ci ne sont jamais des fous dangereux à enfermer dans une camisole. Les fous de Dumontheuil, et ce meunier, sont des gens qui ne marchent pas au rythme de la société. Ils sont peut-être même en avance sur leur temps. On verserait même une larme pour eux. Nicolas Dumontheuil traite son dessin en niveaux de gris-sépia, un gris légèrement teinté de marron, assez inédit, un vrai travail graphique qui donne tout son sens au média bande dessinée.
© Dumontheuil – Futuropolis Avec ce meunier hurlant, Futuropolis frappe fort pour ses cinquante ans. Nicolas Dumontheuil livre l’un de ses meilleurs albums. On est tous le fou de quelqu’un. Dans la peau d’Agnar, on peut en être fier. Un album indispensable.
One shot : Le meunier hurlant
Genre : Chronique villageoise
Scénario, Dessins & Couleurs : Nicolas Dumontheuil
D’après : Arto Paasilinna
Éditeur : Futuropolis
ISBN : 9782754835244
Nombre de pages : 152
Prix : 24 €
- Becky Stillborn 2 – Jusqu’à ce que le sang les séparepar Laurent Lafourcade
Chacun a ses vieilles histoires personnelles.
« –Bloody Hell ! La maison d’Alexander Stillborn réduite en cendres, tel un champ de mort. Cette fois-ci, elle a tout perdu…
-Les tentatives d’assassinat sur Lady Stillborn se multiplient, inspecteur, et celle-ci a été très proche de réussir.
-Malgré tous mes efforts et les moyens mis en place pour sa protection, elle n’en fait qu’à sa tête sans se soucier du reste, à croire que mourir lui est égal… »
Sud de l’Angleterre, 1886. L’inspecteur Isaac Jack observe les ruines encore fumantes de la maison d’Alexander Stillborn. Pendant ce temps, à Londres, sa nièce, Rebecca Stillborn, dite Becky, est interrogée par un juge virulent. Elle doit répondre à cinq chefs d’accusation : importation de produits non approuvés par l’autorité de médecine britannique, administration de substances non autorisées, expérimentation sur des êtres humains, erreur médicale et homicide. Elle risque la pendaison. Refusant de plaider coupable, le procureur l’accable. Que la cour prenne garde, Becky pourrait s’enflammer.
© Michel – Filidalo Arnaud Michel poursuit la trilogie fantastico-polar de son héroïne Becky Stillborn dans une Angleterre victorienne aux relans d’une époque qui change et que les aristos ne souhaitent pas voir évoluer. Ils sentent le vent qui tourne et s’accrochent à leurs acquis. La société est phallocrate. Il est reproché à Becky de ne pas être marié et par conséquent de ne pas avoir de tuteur « mâle », ce qui fragilise encore plus sa situation. Mais Becky est féministe avant l’heure, un féminisme symbolisé par ses pouvoirs fantastiques. Son enquête sur la mort de son oncle va la mener dans l’antre de la folie. A l’instar d’une Nellie Bly qui s’était faite volontairement internée, elle va entrer dans un asile en tant que soubrette pour retrouver le fameux Moonstrock. Mais au final dans cette affaire, c’est l’inspecteur Jack qui va voir ravivé son passé tragique.
© Michel – Filidalo Graphiquement, Arnaud Michel tient bon la barre, avec des compositions monstrueusement efficaces dans tous les sens du terme. Les progrès depuis le tome 1 sont bien visibles. Le propos général de la série est plus profond qu’en simple apparence. Il y est question de folie, de résilience et de féminisme. Plus que le procès de Becky, c’est le procès d’une époque que raconte l’auteur. C’est sur la fluidité du scénario qu’Arnaud Michel a encore une marge de progrès. On passe d’une scène à une autre de manière parfois trop abrupte, retrouvant des personnages dans des situations éloignées dans l’espace et dans le temps. Au fur et à mesure, on arrive à remettre les pièces en place, mais on peut facilement perdre le fil. L’auteur devra être vigilant sur ce point pour la fin de l’enquête.
© Michel – Filidalo Entre sorcellerie, folie et satanisme, les plus barbares ne sont pas forcément ceux que l’on croit. On en avait parlé pour le tome 1. Les références à Seven sont encore plus marquées ici, notamment dans un final cauchemardesque. Vite, la suite…
Série : Becky Stillborn
Tome : 2 – Jusqu’à ce que le sang les sépare
Genre : Polar fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Arnaud Michel
Éditeur : Filidalo
ISBN : 9782375080191
Nombre de pages : 64
Prix : 15,90 €
- L’écuyer & son chevalier 1par Laurent Lafourcade
Un coupable idéal
« -En voilà du raffut ! Cade ! Qu’est-ce que tu fais dehors ? Pas fichu d’obéir, ma parole !
-Regarde, ma’, un chevalier ! Il est venu tuer le dragon !
-Ah, tout de même ! Il était temps qu’on nous libère de cette satanée malédiction ! »
Un chevalier et son écuyer viennent d’arriver à Bridgetown. Il n’y a personne dans les rues, plus un épi dans les champs et plus de pont. Seul, un gamin pleure sur un perron la mort de son chien. S’il n’y a pas âme qui vive à l’extérieur, c’est que les habitants ont peur du dragon. Messire Kelton, le chevalier, se sent investi d’une mission. Enfin un adversaire à sa mesure. Il promet d’occire le dragon et de ramener sa tête en guise de trophée. Troubadours et conteurs peuvent d’ores et déjà s’emparer du combat pour raconter les exploits du vantard. C’est le dragon qui a détruit le pont. C’est à lui que les moutons sont sacrifiés pour qu’il se calme. Et puis, les villageois auraient besoin d’or pour reconstruire le pont. Pour le chevalier, pas de problème. Qui dit dragon, dit trésor. La bête doit dormir sur une montagne d’écus.
© Chantler – Rue de Sèvres C’est alors que le monstre survole le village. Voilà donc le chevalier parti l’occire, seul, préférant laisser son écuyer en sécurité au village. Très rapidement, ce dernier va se rendre compte que le responsable désigné de tous les problèmes de la contrée n’est pas le véritable coupable. Alors que la population hurle avec les loups la mort du dragon, le jeune écuyer va tenter de le retrouver par ses propres moyens et découvrir comment la situation a pu en arriver là.
© Chantler – Rue de Sèvres Scott Chantler est un auteur canadien qui a plusieurs fois concouru pour des prix prestigieux tels les Eisner Awards. Dans un graphisme à la Jeff Smith et une bichromie automnale, Chantler écrit un récit médiéval tous publics. Nourri à Donjons et Dragons, il mène son histoire comme un jeu de rôle dans lequel le lecteur n’est pas le prétentieux et intrépide chevalier, mais le malin et réfléchi écuyer. Comme pour que tout le monde puisse s’y identifier, le jeune page n’a pas de nom. L’auteur s’inspire également de Merlin l’enchanteur, lui-même trouvant sa source dans Excalibur, l’épée dans la pierre, roman de T.H.White. Quant au dragon, il a de faux airs de Maléfique dans La Belle au bois dormant.
© Chantler – Rue de Sèvres Cet album, qui pourrait presque se suffire à lui-même, est le premier volume d’un diptyque. Le cœur de la problématique est ici résolu et nos héros accompagnent un troisième compère, pivot de cet épisode, vers son initiation. Une belle aventure.
Série : L’écuyer & son chevalier
Tome : 1
Genre : Fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Scott Chantler
Traduction : Marc Lesage
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810204786
Nombre de pages : 176
Prix : 16 €
- Chocochat & moi 2 – Je veux être chat !par Laurent Lafourcade
Chat-rivari à l’école
« -Quand vous adoptez un humain, n’oubliez pas de lui mettre un collier.
-Hein ? De quoi tu parles, Chocochat ?
-Tadam ! C’est important d’y inscrire son nom : Lulu ! Et votre adresse, pour qu’il puisse être retrouvé tout de suite s’il est perdu !
-La clochette, c’est vraiment obligé ? »
Lulu est un petit garçon adopté par une famille de chats. Ce n’est pas banal. On est plutôt habitué à des histoires d’humains avec des animaux de compagnie. Ici, ce n’est pas compliqué, c’est l’inverse. Chocochat a trouvé un humain abandonné dans la rue. Il l’a ramené dans son foyer et lui a offert un bon repas cuisiné avec amour. Il lui a préparé un bon lit trop moelleux, trop confortable… sauf que c’est lui qui s’est vautré dedasn, pour lui montrer qui est le maître. Chocochat fait tout avec son humain. En particulier, il l’emmène à l’école. Comme ça, le jour du cours de camouflage, quand il faut épier sa cible, Lulu fera la souris. Et le midi à la cantine, Lulu pourra se régaler, ou pas, avec un petit pâté de têtes de saumon, une tartelette de pigeons, un bon steak de croquettes, des lasagnes à la souris ou de la glace au poisson. Miam !
© Arlène, Öckto Lambert – BD Kids Chocochat a tout du chat qui se prend pour un humain tel qu’on les connaît, mais qui a tous les goûts, les habitudes et les travers du félin. Chassez le naturel, il revient au galop. Il lape de l’eau, défend son assiette et se prélasse sur les radiateurs. Lulu est un observateur désabusé. La sortie scolaire au Musée est un grand moment. Chabruti ne va pas manquer de se faire les griffes sur une toile. Celles-ci sont dérivées de celles que l’on connaît. Ici, on peut admirer Mona Lichat, La jeune chatte à la perle et La liberté guidant les félins. Comme dans les sorties de classes d’humains, la moindre perturbation peut distraire l’attention des élèves, et une chaise qui traîne, tout le monde veut s’asseoir dessus tellement la visite est éreintante.
© Arlène, Öckto Lambert – BD Kids Entre deux Migali, Alexandre Arlène et Fabien Öckto Lambert retrouvent Chocochat et Lulu. La série s’adresse à un public un brin plus jeune, tout en intéressant toujours autant les plus grands. Le contrepied employé est prétexte à toutes sortes de situations rigolotes. Lulu apprend à vivre comme un chat : câlins, jeux, sieste, nourriture, lavage… non pas lavage. Le trait enjoué du dessinateur décuple l’effet des gags. La symbiose entre les auteurs est parfaite. Offrir aux jeunes lecteurs une série d’une telle qualité, c’est leur montrer tout l’intérêt qu’on leur porte. C’est dommage qu’il n’y en ait que pour Mortelle Adèle, parce que, avec tout le respect qu’on lui doit, à elle et à ses auteurs, sans vouloir les mettre en concurrence, elle paraît bien fade à côté des productions Arlène-Lambert.
© Arlène, Öckto Lambert – BD Kids Original et bien construit, Chocochat & moi est à miauler de rire.
Série : Chocochat & moi
Tome : 2 – Je veux être chat !
Genre : Humour
Scénario : Alexandre Arlène
Dessins & Couleurs : Fabien Öckto Lambert
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9791036366055
Nombre de pages : 56
Prix : 9,40 €
- Migali 6 – Un royaume carrément sucré ! / Croquidou 1 – Croco mais pas troppar Laurent Lafourcade
Araignée ou Crocodile, on choisit les 2 teams !
« -Terminus ! Tout le monde descend !
-Déjà ? Mais on est pas du tout arrivés.
-On n’est même pas à l’Académie Royale !
-Non, attendez… C’est pire que ça ! On est aux portes du Royaume enchanté !
-Wow ! C’est trop bizarre… T’es sûre de toi, Lucile ? »
Comme tous les matins, Migali retrouve ses amis dans le bus qui les mène à l’école. Gredin roupille encore sur Orson qui lui sert de coussin. A côté de Vera et ses vers de terre, le prince Azzo s’enveloppe dans les ténèbres de sa nuit qu’il n’a pas fini. Corentin dessine dans son coin et Rex-Emilien va sûrement faire un truc à l’envers. Lucile a l’impression que tous les jours se ressemblent, sauf qu’aujourd’hui ne va pas ressembler aux autres jours. Le bus ne s’arrête pas à l’Académie Royale, mais aux portes du Royaume enchanté. Tout le monde descend. Les enfants ont la surprise de voir Monsieur Flamberge leur ouvrir la porte. L’Académie étant en travaux, les cours vont continuer ici pendant quelques mois, dans leur nouvelle école, au château des collines enchantées. La Reine idéale a accepté d’accueillir les classes dans sa prestigieuse demeure. Espérons que les élèves soient dignes et honorables.
© Arlène, Lambert – Auzou BD Bienvenue dans la jungle ! Dans ces merveilleux paysages, le danger est partout, tapi dans l’ombre. C’est le constat que va faire un crocodile, affolé de sentir un papillon se poser sur son museau. Ce crocodile, c’est Croquidou. Il est très sensible. Heureusement qu’il peut compter sur son pote Maurice le dodo, toujours un ballon de foot sous l’aile. Leur jungle est peuplée d’animaux improbables : un kiwi, pas très mûr pour sauver sa peau, Vluuux, avec trois u et un x, un ornithorynque tombé du ciel ou encore des escargots bizarroïdes. Comme chez Migali, il y a aussi une école. La maîtresse, c’est Madame Fouinette. Pour le cours de survie dans la jungle, elle a demandé à Croquidou d’intervenir…à son grand désarroi.
© Mouk – Auzou BD Alexandre Arlène et Fabien Öckto Lambert sont aux commandes du fer de lance des éditions Auzou BD, la merveilleuse et hilarante série Migali. Pour ce sixième épisode, le décor change puisque tout se mange au Royaume enchanté. On se promène dans les forêts chocolat. On gravit des collines de sucre. Les volières enferment des oiseaux bonbons comme des corbabas au rhum, des grands ducs gaufrés, des faucons aux pommes ou des ibiscuits. Il y a juste Papillon, la fille de la Reine, qui ne voit pas d’un très bon œil l’arrivée de nouveaux élèves.
© Arlène, Lambert – Auzou BD Après Inspecteur Peluche, Mouk lance une nouvelle série chez le même éditeur, mais cette fois-ci tout seul, en tant qu’auteur complet. Les lecteurs du journal Spirou connaissent bien Croquidou puisqu’il y fait quelques apparitions, trop rares. Le crocodile poltron vit dans une jungle aux animaux déjantés, comme les hamsters de la communauté de la « sainte gwaine » qui vivent dans la décharge qui s’y trouve. Le chapitre Croquidou Futur montre comment Croquidou prendra la grosse tête. Ne vous attendez donc pas à un reportage sur la vie des animaux de la jungle. C’est un poil psychédélique, un peu écolo…ou pas, mais surtout drôle.
© Mouk – Auzou BD L’araignée et le crocodile sont dans la même team, celle de l’humour tout public qui fera rigoler les enfants et leurs parents.
Série : Migali
Tome : 6 – Un royaume carrément sucré !
Genre : Humour arachnide
Scénario : Alexandre Arlène
Dessins & Couleurs : Fabien Öckto Lambert
Éditeur : Auzou BD
ISBN : 9791039539579
Nombre de pages : 104
Prix : 11,95 €
Série : Croquidou
Tome : 1 – Croco mais pas trop
Genre : Humour reptilien
Scénario, Dessins & Couleurs : Mouk
Éditeur : Auzou BD
ISBN : 9791039543385
Nombre de pages : 104
Prix : 11,95 €
- # Les mémés 4 – Fleurs de pavépar Laurent Lafourcade
Caddies en folie
« -Z’avez vu ? Le poireau a grimpé de 30 points ce matin à Wall Street ! Exceptionnel ! Une valeur sûre en ce moment ! Du coup, j’vais faire des tourtes ! Par contre, le navet, c’est la cata… Grosse dégringolade à Tokyo. J’ai dû tout foutre à la poubelle ! »
Sur les marchés, sur les trottoirs, à l’église, au parc ou dans les bistrots, les mémés sont de retour, cannes à la main et caddies à roulettes. En fait, elles n’en partent jamais vraiment. Elles font partie du décor quotidien de la ville. Elles sont aigries, de mauvaise foi et pas politiquement correctes, mais ça, à leurs âges, elles s’en moquent complètement.
© Frécon – Fluide glacial La mamie d’aujourd’hui n’est pas tout à fait la même que celle d’il y a quelques années seulement. La mamie 2024 est à la pointe de la technologie, équipée du dernier iphone, 1163 € TTC, son THX pour un meilleur confort d’écoute. La mamie 2024 est aux goûts du jour. Ça bloque ses copines qui ne le sont plus sur Facebook. Une série à conseiller ? Game of thrones ? Emily in Paris ? The walking dead ? Non, il vaut peut-être mieux rester sur Derrick, une valeur sûre. Saison 12, un must. Bon, ben, la mamie 2024, les goûts du jour, elle les choisit quand même en fonction des siens. Comme quoi, il y a de l’ADN de mamie à côté duquel on ne peut pas passer. La mamie 2024 est irrévérencieuse, même envers les personnes du même genre qu’elle. Si la grenouille de bénitier prie agenouillée, la mécréante va tenter de se mettre en communication avec Dieu en 4G.
© Frécon – Fluide glacial Si une mémé était présidente de la République, les choses se passeraient autrement. Le sort des prisonniers par exemple. La solution aux prisons surpeuplées, elles l’ont. Bracelet électronique pour tous avec interdiction de sortir à plus de cinq cent mètres. Ben, c’est ce que font un peu déjà les vieilles dames. Pour donner son avis, il y a aussi chroniqueuse chez Hanouna comme métier d’avenir. Plutôt que de dire des conneries toute seule à la maison, autant se faire payer pour. Quand y’a du talent ! Une mémé, ça fait aussi des tags sur les murs. Ce n’est pas réservé aux jeunes. Elles aussi elles sont capables de faire des foufounes pour rivaliser avec les bites des prétentieux qui les taguent.
© Frécon – Fluide glacial Les vamps sont Has been. Pour leur quatrième caddie rempli, autrement dit leur quatrième album, les mémés de Sylvain Frécon sont au meilleur de leur forme…sauf Madame Marchandot et Madame Duchêne quand même, les pauvres. Elles battent le pavé, et pas qu’avec des fleurs. Attention au jet de poireau !
Titre : # Les mémés
Titre : 4 – Fleurs de pavé
Genre : Humour
Scénario, Dessins, Couleurs : Sylvain Frécon
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038206229
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
- Le premier chat dans l’espace a mangé de la pizzapar Laurent Lafourcade
Miaou Moon
« -Chef ! Chef ! On a reçu ces images du super-téléscope.
-Nom d’un p’tit lama.
-Je n’aurai pas mieux dit, chef.
-On dirait…
-Des marques de dents, chef. »
Mais qui peut bien manger la lune ? Apparemment, ce seraient des rats d’une autre galaxie. A ce rythme, ils auront dévoré toute la lune dans trois jours. L’Hexagone est en effervescence. Il faut activer sans tarder le projet 47. C’est un ordre, Docteur Milksop. Caché quinze kilomètres sous terre, se trouve le sauveur de la Lune : un chat au cerveau amélioré par des puces électroniques et une combinaison augmentée de biotechnologie cybernétique. Il est aussitôt envoyé sur la Lune pour s’occuper de ces rats. Il décolle à bord d’une fusée. D’après les statistiques, la mission a moins d’une chance sur un million de réussite. Nom d’un petit orteil potelé. Dans le vaisseau, le félin est accompagné par Loz 4000, un petit robot clandestin mis au point par un savant maléfique, créé pour… lui couper les ongles. Se sentant inutile, les ongles n’étant en moyenne taillés que les six semaines, Loz s’est introduit en cachette dans la fusée, en quête de sa raison d’être dans l’immensité de l’univers.
© Barnett, Harris – Albin Michel Quelques instants plus tard, voici donc notre duo posé sur l’astre lunaire où les accueille La Reine de la Lune. Elle leur apprend que de l’autre côté de la face visible, pays de la Bonne Humeur et siège de son royaume, se trouve la face sombre où des rats ont atterri et construits leur forteresse. C’est de là qu’ils ont commencé à ronger la planète. Lorsque ceux-ci vont apprendre qu’un danger menace leurs grignotages, la colère de leur souverain à trois têtes va monter. Tous ceux qui se dresseront sur le chemin des rats seront détruits. Nos amis peuvent arriver, ils seront accueillis. Pas d’autres solutions pour eux que d’essayer de s’adjoindre l’aide de personnes qu’ils pourraient rencontrer.
© Barnett, Harris – Albin Michel Ce premier chat dans l’espace a mangé de la pizza est une douce dinguerie. Le chat et ses compagnons vont faire toute une série de rencontres psychédéliques. Il y a quelque chose du Baron de Münchhausen dans cet aventure de sélénites. On croisera pêle-mêle une baleine qui chante accompagnée des meilleurs musiciens des vingt-trois mers, Dennis, un mille-pattes surfeur, un abominable géant des neiges, le cap’taine Barbe-Bébé et son navire « Le dent de lait », des mains voleuses de clefs, ainsi que bien d’autres personnages plus improbables les uns que les autres. Comme un running-gag, le chat ne parvient jamais à manger tranquillement de la pizza. Le titre est-il trompeur où y arrivera-t-il au final ?
© Barnett, Harris – Albin Michel Et si la destination, c’était le voyage ? Et le voyage, la destination ? Les auteurs californiens Mac Barnett et Shawn Harris écrivent leur Alice au pays des merveilles, voyage déjanté où petits et grands y trouveront leur compte, leur conte défait.
One shot : Le premier chat dans l’espace a mangé de la pizza
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Mac Barnett
Dessins & Couleurs : Shawn Harris
Éditeur : Albin Michel
ISBN : 9782226481061
Nombre de pages : 312
Prix : 17,90 €
- Le fils de Taïwan 4par Laurent Lafourcade
Les cicatrices du passé
« -J’ai entraîné mes amis et mes proches dans ma chute. J’en ai très honte… J’ai eu beaucoup de revers et d’échecs dans ma vie. Je ne suis pas du tout un héros. Rien de remarquable… Allons déjeuner d’abord !
-Ah ! Déjà midi ! J’étais tellement absorbée par votre récit que je n’ai pas prêté attention à l’heure. Alors, je vous suis !
-Aucun problème. Je suis sur mes terres. »
Janvier 2018, Yu Pei-Yun interviewe Kunlin Tsai. Il lui a donné rendez-vous au bureau de planification pour l’ouverture du musée des Droits de l’Homme pour lesquels il est bénévole. Et dire qu’autrefois c’était une cour martiale et un endroit pour enfermer des prisonniers politiques. Avec son compatriote Chisheng Chen, Kunlin Tsai témoigne souvent des persécutions politiques dont ils ont été victimes. Kunlin Tsai s’attarde sur sa vie depuis le début des années 70. Après la faillite du magazine Prince en 1969, il fit une dépression, avant de se relever en réussissant le concours d’embauche de la plus haute entreprise taïwanaise de l’époque, une compagnie d’assurances-vie. Il devient formateur puis éditeur de manuels de formation. En 1975, il est chargé de superviser la création d’un musée d’art. Plus tard, il est chargé de la planification et de la création d’une maison d’édition spécialisée dans les encyclopédies.
© 2020 Yu Pei-Yun, Zhou Jian-Xin, original edition
published by Slowork PublishingCo Ltd (Taïwan)
© Pei-Yun, Jian-Xin – Kana 2023Années 80, la mégalomanie de Tchang Kaï-chek emporte tout. Le dictateur se fait vénérer comme un dieu. Les chaînes de télévision sont aux ordres du Kuomintang. Ceux qui gênent le régime sont éliminés. Kunlin Tsai essaye de faire son travail comme il le peut. C’est en se faisant passer pour un employé de la compagnie de commerce de son frère qu’il réussira à partir au Japon pour rencontrer les éditeurs de l’encyclopédie dont il souhaite acquérir les droits d’édition. La publication à Taïwan sera un succès, avec cependant de l’auto-censure concernant le parti communiste chinois. Kunlin créera ensuite Nonnon, un mensuel féminin de référence. Années 90, il retourne sur l’île verte, devenu site touristique, où il fut si longtemps prisonnier, pendant dix ans. Ce retour va résonner comme une prise de conscience.
© 2020 Yu Pei-Yun, Zhou Jian-Xin, original edition
published by Slowork PublishingCo Ltd (Taïwan)
© Pei-Yun, Jian-Xin – Kana 2023Yu Pei-Yun et Zhou Jian-Xin offrent une biographie émouvante d’un enfant du siècle passé. La scénariste a eu la chance de pouvoir rencontrer Kunlin Tsai, celui qui deviendra le héros de cette série. De son enfance à ses dernières années, en passant par ses années de détention en tant que prisonnier politique et ses métiers dans l’édition, la vie du Taïwanais montre les difficultés qu’ont pu vivre ceux qui, à cet endroit et en ces instants, n’aspiraient qu’à un peu de justice et de liberté. On y découvre comment les droits de l’homme étaient inexistants et on mesure le chemin parcouru par ce peuple qui a depuis fait un grand bond en avant. L’engagement de Kunlin Tsai est une voie toute tracée pour que ne reviennent pas des heures sombres.
© 2020 Yu Pei-Yun, Zhou Jian-Xin, original edition
published by Slowork PublishingCo Ltd (Taïwan)
© Pei-Yun, Jian-Xin – Kana 2023« L’histoire des hommes ne peut être réduite à quelques lignes dans les manuels scolaires. », a fortiori quand ces histoires se passaient à l’autre bout du monde dans des pays où l’information était sclérosée et à une époque trouble. En quatre volumes, le Manhua Le fils de Taïwan est un témoignage bouleversant sur l’état d’un pays et de ses citoyens tout au long du XXème siècle. Pendant toute sa vie, les livres et la lecture ont été la source des problèmes et des succès de Kunlin Tsai. Que cette vie devienne aujourd’hui elle-même un livre est un symbole majeur pour la Liberté.
Série : Le fils de Taïwan
Tome : 4
Genre : Histoire
Scénario : Yu Pei-Yun
Dessins & Couleurs : Zhou Jian-Xin
Éditeur : Kana
Collection : Made in
ISBN : 9782505117469
Nombre de pages : 176
Prix : 18,50 €
- Le combat d’Henry Flemingpar Laurent Lafourcade
Dans l’âme du soldat
« -‘Man… Je me suis engagé.
-Que la volonté de Dieu soit faite, Henry. Mais ne crois pas que ce sera facile. Les sudistes ont l’expérience de plusieurs révolutions, au Texas, au Mexique, ils savent se battre. Face à de jeunes recrues yankees pleines de belles idées, il n’y aura pas de miracle. »
La mère d’Henry Fleming va devoir se faire à l’idée. Son fils s’est engagé chez les Yankees. Passer son temps derrière le cul d’une mule à labourer les champs n’a jamais fait rêver personne. Les copains ont déjà quitté le village pour aller se battre. Toute la région est à feu et à sang. Il n’en fallait pas moins à Henry pour se décider à enfiler l’uniforme. Il part. Le jeune homme va vite déchanter. Au lieu de se réjouir et fêter ça avec les autres, il se demande s’il sera capable de rester dans le rang quand les premiers tirs vont s’abattre. Aura-t-il les tripes de ne pas fuir comme un lâche ? Quel genre de soldat est-il, au fond ? Quel genre d’homme ? Demain, il va assister à l’une des plus grandes batailles qu’il n’y ait jamais eu. Pendant que la cavalerie va faire diversion du côté de Richmond, les troupes d’infanterie dont fait partie Henry seront face aux Sudistes.
© Cuzor – Dupuis Compagnie, en avant, marche ! Cette fois-ci, les soldats du 304ème régiment y vont pour de bon. Si certains sont plein d’entrain – « On va mettre une raclée aux rebelles » – « On va les prendre par surprise et les massacrer ! », d’autres sont plus inquiets – »J’espère que mon fusil tire droit. » – « Je voudrais que mon chien soit là ». Dès les premiers tirs, Henry se trouve coincé de chaque côté, prisonnier au milieu d’un troupeau de moutons qu’on envoie à l’abattoir. Ce n’est pas cette guerre-là qu’il a voulu. Alors, se faire tuer dès le début ? Attendre son tour ? Son pote Wilson est persuadé que c’est sa première et dernière bataille. Il lui confie des lettres pour qu’il les remette à ses vieux. Dans cette putain de fumée, on ne voit pas sur quoi on tire. Comment Henry va-t-il vivre son combat, combat contre l’ennemi et contre lui-même ?
© Cuzor – Dupuis Steve Cuzor adapte The red badge of courage, un roman de Stephen Crane datant de 1894. Contrairement à la plupart des histoires de guerres avec ses héros et ses lâches, dans des lieux définis et un instant historique précis, celle-ci met en exergue l’événement, sans endroit ni date claire. Le lecteur est immergé dans la bataille, sa poussière et sa fumée, comme une caméra-témoin. Les affrontements assourdissants sont mis en scène sans onomatopée, comme si les bruits étaient dans les intercases. Cuzor joue avec les ombres et les contre-jours. Les couleurs de Meephe Versaevel chapitrent les séquences dans des tons uniformes. C’est d’ailleurs plus une mise en lumière qu’une colorisation. En adaptant, Cuzor a été contraint à faire des choix. Il a laissé de côté toute une dimension patriotique que l’on retrouve dans le film qu’en a tiré John Huston en 1951.
© Cuzor – Dupuis Cuzor a mis cinq ans à réaliser cet album. Il offre une immersion en plein cœur de la fournaise et invite à se poser la question de comment on aurait réagi à la place d’Henry Fleming. Lâche ou héros ? Blutch ou Chesterfield ? Avec Henry Fleming, les tuniques bleues ont le soldat que chacun de nous pourrait être.
https://www.youtube.com/watch?v=TNLOXYY17PQ
One shot : Le combat d’Henry Fleming
Genre : Histoire
Scénario & Dessins: Steve Cuzor
Couleurs : Meephe Versaevel
D’après : Stephen Crane
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 9791034752485
Nombre de pages : 152
Prix : 26 €
- Le beau parleurpar Laurent Lafourcade
Un baluchon bien lourd
« -Cent ! Ceeeent !!! Tu es rentré !
-Pedro ! Pedrito, mon petit macaque ! Quelle surprise ! Comment vas-tu ? Et surtout, qu’est-ce que tu fabriques ici ? Tu ne devrais pas être à l’école ? »
Au Brésil, en plein cœur de la forêt amazonienne, Cent débarque au village où il est accueilli par son petit frère Pedro, alors que ce dernier devrait être à l’école. C’est du moins ce que croyait Cent, mais on est dimanche aujourd’hui. Il faut dire qu’avec tous les voyages qu’il fait, Cent a un peu perdu la notion des jours. Cent est un grand voyageur. Il parcourt le monde et ça fait rêver Pedro. Cent retrouve son autre frère José et les petites jumelles. Les cinq jeunes sont orphelins. Les plus grands s’occupent des plus petits. Cent a aussi ses amis le cerveau, la caisse et la main, c’est-à-dire Manuel, Rubens et Vasco, trois types dont on ne peut pas dire qu’ils soient étouffés par l’honnêteté. La jolie Amalia tient le salon de coiffure, centre du monde et des potins, Tonio, jeune adulte un peu attardé, y passe le balai. Enfin, il y a Chico, qui ne dit pas un mot. Et pour cause, c’est un petit singe ouistiti, alter ego de Pedro. Cent est comme le fleuve. Parfois il coule avec confiance, force et sérénité, d’autres fois, il est agité, troublé, furieux. Il doit bien y avoir une raison à cela.
© Turconi, Radice – Glénat Lorsqu’un matin, Pedro va apprendre que Cent est parti avec le bateau de José, il va tenter de le retrouver. Le vieux Tirésias l’amène sur sa barque. Après quelques changements de moyens de transports, le petit va retrouver le grand. Mais il n’y a pas que lui qui le recherchait. Le trio Manuel-Rubens-Vasco est aussi de la partie. Cent a-t-il dit toute la vérité à Pedro ? Qui se cache derrière le soi-disant globe-trotter ? Entre mensonges et déconvenues, toutes les vérités ne sont peut-être pas bonnes à dire. Dans un jeu du chat et de la souris, de la forêt amazonienne à Manaus, Pedro va découvrir le monde des adultes… et ses problèmes d’argent.
© Turconi, Radice – Glénat Après La terre, le ciel, les corbeaux, Teresa Radice et Stefano Turconi quittent une forêt neigeuse en pleine guerre pour une autre plus luxuriante et décor d’un tout autre type de guerre. Il ne suffit pas d’un théâtre paradisiaque pour vivre dans un havre de paix. On va vite le comprendre, nous, lecteurs, mais surtout Pedro. Comme Dorothy et chacun de ses compagnons dans Le magicien d’Oz, il cherche celui qui apportera des réponses à ses questions. Et lorsqu’il va le trouver, c’est lui qui devra l’aider à s’en sortir. Les auteurs écrivent une quête initiatique. Ce petit brésilien passionné de livres et d’histoires va grandir plus vite que prévu. Il ne sera plus jamais le même après l’aventure qu’il va vivre.
Chaque chapitre du récit porte le titre d’une œuvre célèbre de littérature, ayant un rapport avec les scènes vécues. Du Baron perché à Moby Dick en passant par Le Comte de Monte Cristo, Pedro est l’acteur malgré lui d’événements s’y appariant.
© Turconi, Radice – Glénat Treize étrange était à l’origine un petit éditeur qui a été racheté par Glénat. Jusqu’à présent, ses albums étaient publiés encore sous label Treize étrange. A l’occasion de leurs trente ans, ce Beau parleur inaugure une nouvelle ligne graphique. Treize étrange devient une collection labellisée, estampillée Editions Glénat.
Road movie, histoire de famille, recherche du sens de la vie, Teresa Radice et Stefano Turconi signent un one shot d’exception, l’une des plus belles odes à la littérature dans un décor hors du commun. Brillant dans tous les sens du terme.
One shot : Le beau parleur
Genre : Quête initiatique
Scénario : Teresa Radice
Dessins & Couleurs : Stefano Turconi
Collection : Treize étrange
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344062401
Nombre de pages : 208
Prix : 22,50 €
- La vengeancepar Laurent Lafourcade
Wyoming Montana
« -P’pa, Anna ! Je peux venir avec vous en ville ?
-Tu risques de t’embêter pendant que ta sœur essaye sa robe, Tom.
-S’te plaît, P’pa.
-Emmenez-le, ça lui fera une sortie. S’il trouve un livre sui lui plaît, il pourra l’acheter.
-Bon, c’est entendu. Allez, grimpe !
-Merci, M’man ! »
Wyoming, avril 1876. Quand Richard Hatton quitta son ranch ce matin-là pour se rendre en ville avec ses enfants, il ne se doutait pas qu’il ne reverrait jamais son épouse. Pendant ce temps, trois cow-boys crevant la dalle, Jim Pickford et sa bande, recherchés morts ou vifs, l’ont assassinée. Le vieux Biedler a vu passer ces beaux salopards à proximité du ranch. Pas si simple de les attraper. Le vieux shérif du Comté est seul. Ça fait des mois qu’il attend des renforts. Il ne peut quitter la ville. Il rassure Richard, lui disant que les hommes comme eux tombent toujours, tôt ou tard, que sa haine et son désir de vengeance vont passer avec le temps. Celui-ci n’a pas l’intention d’attendre. Il vend la ferme pour quitter cet endroit maudit. Ils partent dans le Montana, à la traque des tueurs.
© Wautier – Anspach Le récit de vengeance fait partie des classiques de la fiction, que ce soit en littérature, en bande dessinée ou au cinéma, dont le plus bel exemple reste le Kill Bill de Tarantino. Le genre peut être piégeux. On peut vite tomber dans la violence et la vengeance sans pitié. Il y a quelques années, Jérôme Félix et Paul Gastine signaient le magistral western « Jusqu’au dernier », chez Bamboo-Grand Angle, déjà une histoire de vengeance. L’album fut l’un des événements de l’année 2019 et reste aujourd’hui encore dans toutes les mémoires. Il fallait oser passer après eux, mais il fallait bien que quelqu’un s’y risque un jour. Dans un style graphique totalement différent (et c’est ça qu’il fallait faire), plus proche de Davodeau que de Gir, David Wautier se lance dans l’aventure.
© Wautier – Anspach Wautier casse certains codes. Au revoir le mythe du cow-boy solitaire, celui-ci part en chasse accompagné de ses enfants. Et oui, il n’a plus personne pour les garder. A l’instar de John Ford ou Clint Eastwood au cinéma, Wautier opte pour le contemplatif, appuyé par une narration fluide, des dialogues courts, pas de cartouches narratifs. Les flashbacks sont explicités par des tons de couleurs différents. Les neiges blanches aux reflets bleutés du Montana alternent avec la poussière marron-jaunâtre des moments passés et de l’instant du drame. Richard Hatton fait passer sa haine aux lecteurs en même temps que ses enfants, pour lesquelles on tremble, font passer leurs émotions, et non pas la peur comme on pourrait le penser mais une certaine force et complicité avec leur père. Wautier fait la part belle aux paysages, comme pour mieux se déporter par rapport à la mission que Richard semble vouloir effectuer avec dignité et humilité, pour tourner la page d’une vie qui malheureusement ne sera plus jamais la même.
© Wautier – Anspach Wautier réalise une puissante mise en scène dans des décors étourdissants. « La vengeance » montre une fois de plus la bédégénicité du western. (Tiens, j’ai inventé un mot)
One shot : La vengeance
Genre : Western
Scénario, Dessins & Couleurs : David Wautier
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105221
Nombre de pages : 96
Prix : 19,50 €
- La drôle de guerre de Papi et Lucien 3 – Mission : Sahara !par Laurent Lafourcade
Quand t’es dans le désert…
« -Alors, Félix, cette mission « Or du Sahara », ça progresse ?
-Oui, mon général !
-A qui allez-vous la confier ?
-A M.Marcel et Lucien.
-Hein ?! »
Brazzaville, Congo, 1942, capitale de la France libre. Alors que les français résistent comme ils le peuvent dans leur pays en Europe, la résistance s’organise depuis l’étranger. Le Général de Gaulle est à Londres. Papi et Lucien sont en Afrique. Pour gagner la guerre, il va falloir de l’argent pour fabriquer des chars, des munitions, des avions, des canons et toutes ces sortes de choses. En 1940, devant l’avancée des nazis, une grande partie de l’or de la Banque de France a été évacué en Afrique près de Dakar, en AOF, l’Afrique Occidentale Française, fidèle au traître qu’est le Maréchal Pétain. Il faut l’empêcher d’utiliser ce trésor pour aider l’ennemi. Actuellement en AEF, Afrique Equatoriale Française, Papi et Lucien sont volontaires pour se charger de cette mission. Et qui vont-ils retrouver sur leur route ? Evadé des geôles britanniques, Helmut le nazi est bien décidé à le récupérer avant eux. Qui ramènera le pactole ?
© Tehem, Erre – Auzou Apprendre la guerre en s’amusant, c’est possible ? Oui, en rigolant même. Bien sûr, avec tout le respect que l’on doit à ceux qui ont vécu la tragédie. Fabrice Erre, en bon pédagogue, choisit le biais de l’humour pour raconter, apprendre et témoigner. 1300 tonnes d’or ont donc quitté Paris pour Dakar en 1940. Papi et Lucien vont rouler à bord d’une autochenille qui a servi quelques années plus tôt, en 1924, lors de la croisière noire organisée par Citroën. Ils vont passer par l’oasis de Koufra, en Lybie, prise aux italiens par le Général Leclerc. C’est ce même Leclerc qu’ils vont rencontrer en plein désert, lui que de Gaulle a envoyé en Afrique pour rattacher les colonies françaises à la France libre. En face, c’est Rommel qui mène les troupes. Le renard du désert dirige les soldats italiens et nazis de l’Afrika Korps. Tout ça, c’est dans cet épisode de La drôle de guerre de Papi et Lucien, tout comme la célèbre bataille de Bir-Hakeim.
© Tehem, Erre – Auzou Avec son graphisme humoristique, Tehem dédramatise les situations. Lucien est peut-être le personnage le plus sérieux de la série. Papi ne veut pas d’un auxiliaire de vie mais il a bien besoin de son petit-fils pour diriger les opérations. Cette fois-ci, ils sont accompagnés du premier enregistreur vocal de l’Histoire, à savoir un perroquet nommé Coco, à qui Siri et OK Google doivent tout. Ce petit monde se fait voler la vedette par le méchant de l’aventure : Helmut. L’ennemi récurrent revient comme le sparadrap du Capitaine Haddock. Il est non seulement bête et ignoble, mais aussi sacrément guignard. Le trait de Tehem jubile sous ses colères, ses rictus et ses avanies. Papi et Lucien n’ont pas fini de le retrouver sur leur route. Sinon, il nous manquerait. C’est leur Olrik.
© Tehem, Erre – Auzou Les guerres ont besoin de leurs chefs, mais les véritables héros sont toujours ceux du front. Que serait-on devenus sans Papi et Lucien ? Se remémorer le conflit de cette façon, que demander de mieux pour ancrer les événements ? Erre et Tehem ont trouvé la recette.
Série : La drôle de guerre de Papi et Lucien
Tome : 3 – Mission : Sahara !
Genre : Aventure historique
Scénario : Fabrice Erre
Dessins & Couleurs : Tehem
Éditeur : Auzou
ISBN : 9791039528573
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €