765 kilomètres de voyage et d’anecdotes
« Je vous propose de partir pour une belle échappée à la découverte d’étonnants paysages du grand mais aussi du petit patrimoine. Ce voyage se fait essentiellement à travers le prisme des années 1950 aux années 1970, époque où la France ne savait pas qu’elle était heureuse. C’est un retour sur une époque révolue, pas nécessairement idéalisée, mais bien plus loin des monotones autoroutes couvertes de monospaces climatisés, aveuglément guidés par GPS. »
La nationale 10 est une route bien connue de Laurent Carré, auteur de ce somptueux livre illustré par Thierry Dubois. Il l’empruntait en Peugeot 204 avec sa famille tous les étés pour leur permettre de rallier Royan depuis la Touraine. Au fil des ans, l’auteur a vu la route se métamorphoser, disparaître les stations-service et les publicités murales. C’est en partie cela qui l’a incité à remonter le temps, pour figer les années 50 à 70 de cette route mythique dont l’âme subsiste encore dans quelques rares endroits. Bienvenue dans ce voyage dans l’espace et dans le temps. Après un brin d’histoire montrant les origines gauloises de la route, préparez vos valises. On part de Paris, direction le Pays Basque !
Le parvis de Notre-Dame est le kilomètre zéro, point de départ de toutes les routes de France, et donc de la Nationale 10. On va tout d’abord aller jusqu’à Versailles, dans les Yvelines, en passant par Sèvres. Jusqu’à la Révolution, c’était une route royale. Au XVIIIème siècle, la liaison jusqu’à Rambouillet se construit. Les hameaux la bordant vont devenir des villes de banlieue. Jusqu’à la fin des années 1940, la RN10 rejoignait Chartres. On pourrait détailler toutes les étapes une par une. On vous les laisse découvrir une par une, dans le livre. Arrêtons-nous sur les cartes postales et les photographies, car ce sont elles, avec bien sûr les merveilleuses illustrations sentant l’essence et le bitume de Thierry Dubois, qui sont les héroïnes.
Les bornes kilométriques étaient des blocs de bétons peints en blanc et chapeautées de rouge portant le nom de la route et celui des prochaines villes-étapes. Des plaques émaillées se trouvaient plutôt aux angles de rues en ville et comportaient les mêmes informations. Des anciens relais de poste devenus garages ou restaurants routiers scandaient les voyages. Ici une carte postale du poste frontière à Hendaye, là une autre des postes d’essence de La Fourche. Qui imaginerait aujourd’hui poster une carte (déjà qu’on n’en poste plus trop) d’une station-service ? Une carte de visite d’un bar-restaurant Chez Daniel nous invite à nous arrêter à Rambouillet. Des cartes Michelin au 1/200.000ème mettent en avant le fameux Bibendum. Quelques photos d’accidents montrent également les dangers de la circulation. N’oublions pas non plus le motard de police qui s’apprête à rattraper les automobilistes en excès de vitesse, ni le panneau Bouchon annonçant une route plus qu’encombrée. Dégustons un canelé à Bordeaux, au détour d’une place de la Victoire bien verte en ces années 50, avant de repartir plein Sud. On ne va pas mourir de faim. A Bayonne, il y a du jambon et du chocolat. L’occasion de se rassasier avant les dernières étapes et la frontière espagnole.
De Paris à Biarritz, en passant par Chartres, Tours, Poitiers, Angoulême, Bordeaux, Mont-de-Marsan, jusqu’à Hendaye même, la nationale 10, tout comme la 7, est l’emblème de la France des années 60 et 70, une époque où l’on savait prendre le temps, parfois parce qu’on y était obligé, mais qu’est-ce que ça faisait du bien. En 2 CV, en Aronde ou en DS, ce livre thérapeutique ravivera les souvenirs de certains et fera découvrir aux autres ces instants bénis.
One shot : On est heureux… Nationale 10 La route Paris-Biarritz
Genre : Album illustré
Textes : Laurent Carré
Dessin & Couleurs : Thierry Dubois
Éditeur : Paquet
Collection : Calandre
ISBN : 9782889324996
Nombre de pages : 208
Prix : 35 €