La guerre des Daimyos
« -Le duel est fini, vous m’avez suffisamment diverti pour aujourd’hui. Votre vaillance au combat est égale. Je suis satisfait de compter vos deux katanas dans mes rangs. Rendez-vous présentables et rejoignez-moi pour le thé. Je donnerai mes ordres. »
Japon, fin du XVIème siècle. La guerre oppose les clans de Tokugawa Ieyasu et Takeda Shingen. Le daimyo de la province de Mikawa, vassal d’Oda Nobunaga, est opposé au daimyo des provinces de Shinano et de Kai. Entre eux, pas de sentiments. C’est la loi du katana. Tokugawa a la chance d’avoir dans les combattants de son camp Yasuke, le samouraï noir. Oda Nobunaga distribue ses pions. Il envoie Mitsuhide assiéger Nagamasa et lui rapporter sa tête. Il demande à Hideyoshi de combattre sans pitié sur les terres de Yoshikage Asakura avec une seconde armée. Yasuke aurait bien aimé y aller, mais, protégé par le gouverneur militaire, il est envoyé prendre en mains sa nouvelle épouse à la cour des Tokugawa. C’est en fait stratégique. Nobunaga renforce son emprise militaire sans pour autant froisser l’orgueil de son allié Ieyasu. Que le samouraï noir se rassure, son sabre ne restera pas longtemps dans son fourreau.
L’univers des samouraïs semble sans pitié. Ce Japon médiéval paraît bien loin de celui dépeint par Kazuto Miharadans The world is dancing, racontant la naissance du théâtre nô deux cents ans auparavant. Entre contemplation et massacres, y aurait-il eu comme une révolution ? Qu’est-ce qui a amené un tel embrasement interne ? On ne le saura pas ici. Peut-être que Thierry Gloris, passionné du Japon, le racontera un jour. En attendant, c’est bel et bien au destin de Yasuke qu’il s’attache, personnage historique bien réel, dont il romance la carrière au milieu des chefs de guerre du siècle.
Dans un trait réaliste frôlant parfois l’hyper-réalisme, Emiliano Zarcone coupe des têtes et éventre des nippons. Il en enterre même, jusqu’à la tête, pendant dix jours. Il est certain qu’il ne faut pas être rebuté par la violence pour entrer dans cet univers. Mais c’était une si dure réalité. Le dessinateur excelle dans les décors, des champs de bataille jusqu’à l’intérieur des bâtisses. L’immersion est totale, grâce aussi aux couleurs de Cyril Saint-Blancat, qui succède à Bruno Tatti dans la continuité.
Il reste encore un tome aux auteurs pour clôturer la saga Kurusan. En attendant, on peut voir sur Netflix une série animée dans laquelle on retrouve un Yasuke vieillissant reprenant du service. Une curiosité.
Série : Kurusan, le samouraï noir
Tome : 3 – Kaishakunin
Genre : Samouraï
Scénario : Thierry Gloris
Dessins : Emiliano Zarcone
Couleurs : Cyril Saint-Blancat
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
ISBN : 9782413076506