Destin brisé d’une étoile filante
« -C’est de l’or en barre ! Une véritable rareté ! Le premier disque de Judee Sill ! Et… encore plus phénoménal… une lettre de suicide écrite de sa propre main !
-Et c’est qui, bordel, cette Judee Sill ?
-Eh ben… une chanteuse folk vachement connue… je crois… »
1979, North Hollywood, la police découvre le corps inerte d’une junkie. Elle semble être morte d’une overdose. Cette femme, c’est Judee Sill, une chanteuse de folk. Elle avait trente-cinq ans. Son père est mort alors qu’elle n’avait que huit ans. Sa mère s’est remariée mais Judee ne s’est jamais entendue avec son beau-père. Son adolescence sera compliquée. C’est le moins que l’on puisse dire : un mariage à dix-sept ans avec Larry, un délinquant, des attaques à main armée, un séjour en maison de redressement. Elle y redécouvre le piano. La carrière musicale de Judee Sill semble lancée, mais entre Marijuana, LSD et diverses drogues, le parcours ne sera pour ainsi dire pas fluide. Deux disques seront les points d’orgue de sa musicographie. Feront-ils d’elle une star de la chanson ?
La musique de Judee Sill sent bon Joan Baez et Bob Dylan. Autrice-compositrice, ses inspirations seront marquées par la musique sacrée. Malheureusement, le succès critique ne se transformera pas en succès commercial. Ses albums sortis en 1971 et 1973 seront des échecs malgré qu’ils aient bénéficié d’une production soignée. Judee Sill est remarquable par sa voix douce et mélodieuse ainsi que par les harmonies de ses chansons. Un troisième album est paru en 2005 avec des morceaux inédits retrouvés. Une playlist de quatorze titres est conseillée pour être écoutée en lisant l’album. On les trouve aisément sur YouTube.
Juan Diaz Canales remet dans la lumière une artiste oubliée. Ayant fort peu de références bibliographiques, en véritable enquêteur, le scénariste de Blacksad a imaginé sa vie à partir des interviews parues dans la presse, et notamment un entretien de l’artiste pour le célèbre magazine Rolling Stone en 1972. Canales découpe son histoire en courtes séquences, naviguant d’une époque à une autre, avec de nombreux flash-back. C’est une succession de chroniques d’une vie. Le dessinateur Jesus Alonso Iglesias offre à Judee Sill une biographie graphique aux couleurs de sa musique et de ses dérives. La scène psychédélique en 1964 en Arizona au Petrified Forest National Park est une immersion dans les dérives de l’acide.
Tout au long de l’album, les paroles de Judee Sill sont en rouge magenta, le rouge primaire, comme pour symboliser la violence de ses tourments. Les caprices du destin ont décidé qu’elle ne connaîtra jamais la gloire. Canales et Iglesias offrent enfin à Judee Sill une place dans l’histoire de la musique.
One shot : Judee Sill
Genre : Biopic
Scénario : Juan Diaz Canales
Dessins & Couleurs : Jesus Alonso Iglesias
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 9791034751020
Nombre de pages : 96
Prix : 25 €