Quand la Ville Lumière s’est rallumée !
« Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France. »
C’est par ces mots que le général De Gaulle s’adresse pour la première fois depuis 4 ans aux Français à partir du sol français ! Un discours historique fait depuis l’Hôtel de Ville de Paris !
Nous sommes le vendredi 25 août 1944. Le général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire allemand de Paris, récemment nommé par Hitler, vient de signer l’acte de reddition des troupes allemandes de la ville lumière !
L’insurrection a éclaté le samedi 19 août lorsqu’un groupe de résistants a pris, sans un coup de feu, le contrôle de la préfecture de police. Cette police parisienne, parfois tant décriée et critiquée pour certaines de ses actions de « collaboration » ouvrait ainsi la page de la libération de Paris !
Totalement improvisée, elle prenait de court De Gaulle, les FFI, le GPRF et … les Alliés !
De là, s’accélère un jeu de pouvoir à plusieurs niveaux débuté déjà depuis plusieurs jours chez les Alliés pour la prise de contrôle de Paris.
En Angleterre, De Gaulle les pousse à autoriser le général Leclerc et sa 2e DB à foncer sur la capitale pour la libérer.
Mais pour Eisenhower, ceci n’est pas une priorité.
La garnison allemande qui y cantonne n’est pas un danger (6.000 hommes intra-muros et 11.000 en banlieue). De plus les troupes ennemies qui reculent ne font qu’y passer sans s’arrêter !
Militairement parlant, prendre Paris signifierait aussi de nombreux combats de rue, des escarmouches, … Tout ceci au prix de pertes humaines et matérielles importantes et sans grande valeur stratégique.
Par ailleurs, la capitale manque de tout et surtout de nourriture ! La libérer obligerait également les Alliés à devoir l’approvisionner … et donc à retarder certaines opérations militaires bien plus vitale pour la victoire finale.
Par conséquent, il préfère ainsi contourner la ville et poursuivre son offensive.
De Gaulle, lui, ne l’entend pas de cette oreille … Il faut dire qu’une « menace » intérieure » plane sur lui. Celui qui libérerait Paris, qui en prendrait le contrôle s’assurerait également un certain poids dans la suite des événements … Pas question pour lui donc de laisser les communistes lancer l’insurrection !
« Plus que jamais, l’Union Nationale est nécessaire. La nation n’admettrait pas que cette unité fût rompue. »
De son côté, Leclerc ronge son frein et est prêt à foncer sur la capitale … avec ou sans autorisation.
Un plan est mis sur pied …
C’est tout cela, ainsi que le déroulement de ces journées d’insurrection que présente, de façon claire et le plus précisément possible, avec un véritable souci d’objectivité, cet album.
Une lutte de pouvoir, une lutte pour le pouvoir, une bataille entre Français dans cette bataille pour la libération de la France, de l’Europe par les Alliés !
Une chronologie parfois difficile à présenter, tant les événements vont s’enchaîner rapidement et s’entrecroiser dans Paris et à l’extérieur.
Un travail d’historien à la base, suivi d’une réflexion de scénariste afin d’en faire une BD cohérente et lisible pour tous.
L’idée d’offrir le rôle de narrateur à Paris elle-même apporte une petite touche plus « poétique » … comme Paname l’est depuis toujours !
Appuyé par la ligne claire réaliste de Denoël, le rendu des décors et notamment des bâtiments est superbe. Petit bémol peut-être pour les visages et expressions des personnages parfois trop « rigides », parfois trop « simplistes ». Tout comme certains corps semblant « mal proportionnés » (exemple : p. 44 – 45). Mais ceci n’est qu’un détail graphique. Et ne serait-ce pas au contraire une des caractéristiques de son crayon … ne pas « écraser » le texte par un trait trop « réaliste » justement ?
La mise en page dynamique, le cadrage et les cases « panoramiques » donnent à la narration la vigueur nécessaire pour s’immerger pleinement dans ces jours hautement historiques.
La mise en couleur de Joël Costes est toujours aussi efficace et agréable, soutenant parfaitement le dessin et l’ambiance adéquate.
Après « Bir Hakiem – 1942 », « Austerlitz – 1805 », « Verdun – 1916 » et « Diên Biên Phu – 1954 », avec à chaque fois Jean-François Vivier au scénario, ce « Libération de Paris – 1944 » rentre parfaitement dans la collection « Les grandes batailles de l’histoire de France » chez Plein Vent.
Un album indispensable dans cette année du 80e anniversaire de la libération de la France.
Série : Les grandes batailles de l’histoire de France
Tome : 5 – La Libération de Paris, 1944
Scénario : Jean-François Vivier
Dessins : Régis Parenteau-Denoël
Couleurs : Joël Costes
Éditeur : Plein Vent
Genre : guerre, histoire
Parution : 21/08/2024
Pages : 48
Format : 24 x 32 cm
ISBN : 9782384880744
Prix : 15,90 €