Jugement métamorphique
« -Où est-ce qu’ils nous emmènent ?
-A ton avis ?
-Au château des Thorwalds. Regarde leurs uniformes. Ce sont des hommes de la garde royale… La réponse à ta question, c’est qu’on va à Sigvard, bien sûr. C’est là qu’on sera torturés, jugés… et condamnés. »
Enfermés dans une cage tractée par des chevaux, Ivar, Oswald et Kaya avancent vers leur destin. Ils vont être jugés et condamnés. C’est inévitable. Mais qu’ont-ils donc fait ? Il se trouve que chaque année, malgré les abondantes récoltes et les chasses fructueuses dans la région, les villageois arrivent à grand peine à subvenir à leurs besoins, tout ça parce que les Thorwalds pillent leurs récoltes. Ivar, qui doit reprendre la forge de son père, a décidé d’aller chasser malgré les interdictions, avec ses deux camarades. Leurs familles crient famine. Pas question de les laisser crever. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. Ils vont être surpris dans leur partie de chasse par un jeune Seigneur qu’ils vont laisser pour mort. C’est quelques jours après qu’ils seront capturés et c’est pourquoi ils sont aujourd’hui enfermés dans cette cariole qui les mène vers le jugement.

Sur la terre des Fauves, un tribunal les condamne, tous les trois, malgré les supplications d’Ivar voulant s’accuser seul coupable. Pourtant, ils ne seront pas condamnés à mort. Non. Mais à bien pire. Ce sera long, long et douloureux. Ils sont soumis à la cérémonie du lehring. On les force chacun à avaler un maudit parasite qui va prendre possession de leurs corps et les changer en bêtes enragées en quelques jours, huit environ, ça dépend des gens. On ne trouve cette bestiole, le lehring, que dans l’ancienne province de Hadarfell où plus personne ne vit. Cette sentence leur donne une deuxième chance, celle de revenir sous la forme d’un berserkir afin de servir le pays qu’ils ont trahi. Dès l’ingestion, Ivar aperçoit dans son esprit Falko, le roi des Fauves, dont il est devenu l’un des sujets. Abandonnés dans la nature, les condamnés sont voués à se transformer en animaux avant d’être chassés par des seigneurs et des mercenaires qui tenteront de les revendre aux plus offrants. Les membres du trio ont-ils une chance de survie et de guérison ? Il va falloir faire vite, et être assez fort pour lutter contre le mal qui ronge de l’intérieur.

Le roi des Fauves est un diptyque adapté par David Chauvel du roman d’Aurélie Wellenstein paru en 2015 aux éditions Scrinéo. On est dans un genre particulier d’Heroïc-Fantasy Survival horrifique. La tension est à son comble et monte crescendo. Les personnages semblent dans une situation inextricable dont le climax est atteint en toute fin de première partie. La bête cogne à l’intérieur. Alien rencontre Hunger Games. Aux dessins, Chauvel retrouve Sylvain Guinebaud, son complice du truculent Robilar ou le Maistre Chat. Deux salles deux ambiances. La comédie fait place au drame. Guinebaud passe d’un graphisme Maïorana époque Garulfo à un trait plus réaliste, plus rude, plus en adéquation avec le ton du récit.

La deuxième partie met les personnages face à des choix inéluctables. Qui en ressortira ? Et dans quel état ? Tout ce que l’on peut dire, c’est que le final donne une explication sur ce qu’est le monde aujourd’hui.
Histoire impeccable (qui aurait été développée en série plus longue dans les années 90), le diptyque Le roi des Fauves est l’un des grands moments fantastique moyenâgeux de l’année. Redoutablement efficace.


Série : Le roi des fauves
Tomes : 1 – Hadarfell / 2 – Falko
Genre : Fantastique
Scénario : David Chauvel
D’après : Aurélie Wellenstein
Dessins : Sylvain Guinebaud
Couleurs : Lou
Éditeur : Delcourt
Collection : Terres de légendes
ISBN : 97824130-18728 / -85003
Nombre de pages : 64
Prix : 16,50 €



