Les marginaux de Paris by night
« -C’est trop tard, Monsieur.
-Soyez sympa. J’étais bloqué dans le métro.
-L’enregistrement est terminé. L’avion va décoller.
-Attendez ! Attendez !!! Et voilà.
-Désolée, Madame.
– L’avion va décoller.
-Hein ? Mais j’ai une répétition demain. Je dois absolument y être.
-Le prochain vol pour Miami est dans trois heures. C’est le dernier avant demain midi. Il est complet. »
Un homme et une femme qui ne se connaissaient pas ratent tous deux le même avion. Il y a une toute petite chance d’y avoir de la place dans le suivant, si des retardataires ne se présentent pas. Jusqu’au dernier instant, l’espoir… Pfff !… Puis l’envol…de l’espoir. Les deux inconnus vont devoir attendre jusqu’au lendemain midi. Alors qu’elle s’apprête à aller prendre une chambre dans l’un des hôtels de l’aéroport, il lui propose d’aller faire un tour à Paris avec sa voiture. Il ne la drague pas. C’est juste qu’il est insomniaque. Elle propose une visite du cimetière du Père-Lachaise. Mince ! Elle a oublié qu’il était fermé la nuit. Qu’à cela ne tienne ! Ils vont faire le mur. Elle rêve de revoir la tombe d’Oscar Wilde qu’elle venait embrasser ado, les lèvres maculées de rouge, avec une copine pour célébrer la liberté d’aimer. Quelle déception ! Ils ont mis un vitrage sur la partie basse pour éviter les baisers.

Les visiteurs ne vont pas tarder à se faire surprendre par un drôle de gardien : le fantôme de l’écrivain en personne. Il ne voulait pas les effrayer. Non, ce qu’il veut, c’est juste être tranquille, sortir pour piquer deux ou trois bouquins pour lire un peu. A trois, pour une balade nocturne dans Paris, ça va être plus fun, surtout quand on est poursuivi par une voiture de police. Pour Oscar, si le duo a raté l’avion, il y a bien une raison : c’est que chacun a quelque chose à régler. Elle, elle n’a plus son amie. Lui, il est poursuivi par le fisc. Bon, en attendant, comme il s’est blessé à la jambe, il faudrait trouver une pharmacie de garde. Le trio ne va pas tarder à devenir quatuor. A quatre, pour une balade nocturne dans Paris, ça va être plus fun.

Un vrai-faux loser, une super danseuse, un quasi-fantôme et une pharmacienne phénomène, quatre personnes, quatre destins qui n’auraient jamais dû se croiser, et pourtant… Les voilà réunis pour faire face à leurs passés, pour retrouver un sens à leur vie… ou à leur mort. David Graham écrit une quête de sens pour un quatuor en peine. Le fantôme d’Oscar Wilde est le d’Artagnan de trois mousquetaires vivants perdus dans la nuit, dont on ne connaît pas les prénoms, ce n’est pas anodin, et qui refoulent leur souffrance. Après Les vies de Charlie, Aurélie Guarino met de nouveau son émouvant graphisme au service des âmes. Formidable coloriste, elle met en scène les lumières de la nuit, des allées du Père-Lachaise jusqu’aux boulevards parisiens. Le parvis de l’Opéra Garnier est le théâtre d’une scène hors du temps. Peu à peu, la nuit laisse place au petit matin. L’occasion pour l’autrice de déployer un nouveau panel colorimétrique.

La nuit est belle est un hommage à la magie de la nuit, celle où les gens dorment et où seules quelques âmes de vivants et de morts hantent les rues. Le temps est comme suspendu. C’est le moment où l’on refait sa vie et où la vie nous refait. Tiens, si on en profitait pour lire un livre d’Oscar Wilde, autre que le fantôme des Canterville ? Ça lui ferait tellement plaisir…
One shot : La nuit est belle
Genre : Emotion
Scénario : David Graham
Dessins & Couleurs : Aurélie Guarino
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9791041105373
Nombre de pages : 96
Prix : 19,90 €