Un jour, quelque part, sur Sprague…
« -Non, pas ici ! Te pose pas ! Là-bas, après la rivière !
-Qu’est-ce qu’il y avait de spécial, là-bas ?
-Les herbes !
-Les herbes ? Quelles herbes ?
-Ces foutues saloperies bleues qui nous envahissent… T’es pas au courant ? Ces saletés poussent à toute vitesse et sont capables de te bloquer une roue ou de s’entortiller dans un moteur ! Tiens ! Regarde ! En voilà déjà ici !
-Hum !… Jamais vu ! Drôles de machins !
-Et ça pousse à une vitesse !… Une vraie merde, oui ! »
Approchez, approchez, braves gens ! Popeye vous propose mille trésors à acquérir. Le marin céleste, c’est ainsi qu’on l’appelle, a posé son dirigeable sur la place communale pour dresser son étal. Il y vend sa drouille, objets soi-disant certifiés, aux badauds curieux. Les tasses ? Six pences l’ensemble avec les soucoupes. Ce n’est vraiment pas cher. La cafetière ? Huit pences pour cette pièce rare qui vient des ateliers du Buxin. C’est donné. Après avoir gagné quelque argent, le brocanteur retourne dans les airs. Son vaisseau est équipé tout confort : kitchenette, salle de bains, toilettes, couchettes à deux places (on ne sait jamais), bibliothèque, bureau,… Popeye fait la visite.

Alors que tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, le marin est hélé par un paysan qui lui demande de se poser, mais pas n’importe où. En effet, il veut lui montrer une saleté d’herbes bleues qui prolifèrent à vitesse grand V dans la nature. Popeye repart et remarque que le pays est littéralement envahi par cette engeance. D’où cela vient-il ? Comment s’en débarrasser ? Alors que Popeye cherche de nouvelles reliques à vendre, il sauve un insecte géant prisonnier des herbes bleues. Le pépère reprend vie et s’éloigne sans un signe. Plus tard, Popeye entend comme un remerciement intérieur envoyé par télépathie. Quand il se trouvera à son tour en difficultés avec sa belle Prune, il ne regrettera pas d’avoir fait ce qu’il a fait.

Retour en baie de Sprague pour Rodolphe, Olivier Roman et Denis Béchu. Après Sprague qui présentait l’univers, Le marin céleste est une nouvelle aventure dans ce monde. Le succès du one shot précédent a permis aux auteurs de continuer à l’exploiter. Dans le premier tome, l’eau avait disparu depuis bien des années. Niels et Vivian, deux frères aventuriers, étaient partis en expédition avec Cap’tain Greg, capitaine de vaisseau aveugle, qu’on retrouve en guest dans ce Marin céleste. Il fallait au plus vite trouver un moyen de faire revenir la mer afin de rééquilibrer l’écosystème. Rodolphe poursuit dans le même axe écologique. Ici, une plante invasive étouffe la région et s’attaque aux êtres vivants. Comme à son habitude, l’auteur nous invite à réfléchir sur l’avenir de la planète, sous couvert d’un récit fantastique entre Jules Verne et Bernard Werber. C’est aussi une histoire d’entre-aide entre deux peuples, deux races, n’ayant rien en commun, mais unissant leurs forces pour lutter contre un même ennemi. Il y est question de respect, et c’est ce qu’on voudrait entre les habitants du monde qui se disputent des territoires. Sous les couleurs de Denis Béchu, Olivier Roman fait des plantes des personnages aussi vivants que les bipèdes. Observez bien sur la couverture, sur la gauche, l’une d’entre elles tend comme un bras vers le ciel, au fond au milieu, une autre paraît se lever

Le marin céleste inaugure ce qui semblerait devenir une collection d’anthologie : Un jour, quelque part, sur Sprague… Ceux qui sont déjà rentrés dans l’univers prendront plaisir aux clins d’œil d’un tome à l’autre. Ceux qui le découvrent ne seront jamais lésé car on leur propose une histoire indépendante à chaque tome.
One shot : Le marin céleste
Collection : Un jour, quelque part, sur Sprague…
Genre : Science-fiction
Scénario : Rodolphe
Dessins : Olivier Roman
Couleurs : Denis Béchu
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356742094
Nombre de pages : 88
Prix : 19 €