L’adaptation du best-seller de Gaël Faye
« -Alors la guerre entre les tutsi et les hutu, c’est parce qu’ils n’ont pas le même territoire ?
-Non, ce n’est pas ça, ils ont le même pays.
-Alors… ils n’ont pas la même langue ?
-Si, ils parlent la même langue.
-Alors, ils n’ont pas le même Dieu !
-Si, ils ont le même Dieu.
-Mais alors… pourquoi se font-ils la guerre ?
-Parce qu’ils n’ont pas le même nez. »
Nous sommes à Bujumbura, au Burundi, au début des années 90. Gaby, une dizaine d’années, et sa petite sœur Ana sont en voiture avec leur père français. Leur mère est rwandaise, de l’ethnie des tutsis. Leur papa leur apprend qu’au Burundi, tout comme au Rwanda, trois ethnies cohabitent. Il y a les pygmées Twa, très peu nombreux, et surtout les tutsis et les hutus qui sont en guerre. Gaby, en pleine innocence, a du mal à comprendre le pourquoi de cette violence. Et pourtant, la bataille n’en est qu’à ses prémisses. Un autre conflit prend de l’ampleur, celui entre ses parents Michel et Yvonne. Ils divorcent. Au milieu de ces cataclysmes, Gaby fait tout pour rester un enfant : cueillir des mangues avec les copains, se baigner tout nu dans la piscine municipale, graver des instants éternels.
Si au Burundi, rien n’avait changé et pourtant tout devenait différent, c’est en se rendant au Rwanda avec sa mère et sa sœur pour un mariage que Gaby allait découvrir une réalité bien plus violente. Yvonne apprend par son frère que les extrémistes hutus ne veulent pas partager le pouvoir et qu’ils sont prêts à faire capoter les accords de paix. Les tutsis sont dans le collimateur. Des milices armées s’entraînent. Des listes de personnes à assassiner dans chaque quartier sont distribuées. Les casques bleus des Nations Unis en poste à Kigali ne seront pas en mesure d’empêcher les massacres. Il n’y a aucune aide internationale à attendre. La famille tente de s’organiser. La vie de Gaby et des siens va prendre un tournant irréversible. La guerre civile au Burundi et le génocide tutsi au Rwanda vont tacher de sang une enfance dont on ne guérit jamais.
Roman d’inspiration autobiographique de Gaël Faye publié en 2016, Petit Pays a reçu le prix Goncourt des lycéens. En 2020, il est adapté au cinéma par Eric Barbier, avec Djibril Vancoppenolle, Jean-Paul Rouve et Isabelle Kabano dans les rôles principaux. Nombreux ont été les projets d’adaptation en bande dessinée. Gaël Faye lui-même a choisi celui porté par Sylvain Savoia et Marzena Sowa, auteurs de Marzi racontant l’enfance de la scénariste en Pologne. C’est certainement également l’album Les esclaves oubliés de Tromelin, publié par Savoia chez Aire Libre qui a fait pencher la balance. Savoia et Marzena ont réussi à extraire toute l’essence du roman, sa sensibilité et sa violence. C’est dur, c’est difficile, c’est une lecture dont on ne ressort pas indemne. C’est aussi un témoignage historique, un livre engagé et aussi un espoir… celui d’aller mieux…
Petit Pays est une histoire de guerre par le prisme d’un enfant. C’est aussi un hymne à la tolérance, à la différence et au vivre ensemble. Un choc.
One shot : Petit pays
Genre : Drame
Scénario : Marzena Sowa
D’après : Gaël Faye
Dessins & Couleurs : Sylvain Savoia
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 9791034737369
Nombre de pages : 128
Prix : 26 €