La guerre de l’autre Allan
« -Est-ce que par hasard il y aurait un bus en partance dans les prochaines minutes ? Quelle que soit la destination.
-Le plus pratique est d’acheter le billet directement au chauffeur. Le car est juste devant la porte.
-Merci de votre aide. «
Allan Karlsson est né le 3 juillet 1905. En Suède, pendant que tout le personnel de la maison de retraite s’affaire aux préparatifs de la fête pour son centième anniversaire, le vieillard prend la poudre d’escampette par la fenêtre de sa chambre. Heureusement qu’il est au premier étage parce qu’à son âge on ne peut pas se permettre des cascades trop périlleuses. Après un crochet par le cimetière, Allan se rend dans une gare d’autobus pour partir. Peu importe où. Alors qu’un jeune homme lui demande de garder sa valise pendant qu’il est aux toilettes, le vieux part avec, en bus, direction Strängnäs. Sorti des WC, le type est furieux. Sa valise semblait cacher quelque chose d’important. Réfugié chez le gardien d’une toute petite gare, ferroviaire cette fois-ci, Allan est rattrapé par le propriétaire de la valise… qu’ils tuent. Les voilà donc avec un corps et une valise sur les bras, suscitant bien des convoitises. Va falloir gérer tout ça, et même plus, un éléphant.
L’histoire du Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est un road movie. La fuite en avant alterne avec les souvenirs d’Allan. Orphelin de père à douze ans à la suite de la Révolution russe de Février 1917, il doit se mettre au travail. Il va bosser chez un chimiste. A quinze ans, il perd sa mère. Devenu expert en explosifs, Allan va débarquer aux Etats-Unis, avant d’être récupéré par les russes qui souhaitent bénéficier de ses connaissances sur l’atome pour les aider à fabriquer la bombe. C’est au Kremlin qu’il va croiser la route d’Herbert Einstein, frère stupide du génie. Staline va en attraper des sueurs froides.
Après l’excellent La demi-double femme, paru chez Mosquito, Grégoire Bonne s’offre une récréation avec l’adaptation du best-seller de l’auteur suédois Jonas Jonasson. A la manière du Pingouin, d’Andreï Kourkov, le roman est de ces histoires loufoques ridiculisant le monde et l’époque dans laquelle ils se déroulent. Si Le pingouin prend place en ex-URSS, la vie de Jonas prend un tournant décisif en pleine guerre froide. L’auteur se moque de tous les dirigeants de l’époque. Au fil de l’histoire, le passé d’Allan prend de plus en plus de place, tant et si bien qu’il faut prendre garde à ne pas perdre le fil de la traque entre les fugitifs, les malfrats et les forces de l’ordre. Le scénariste Taillefer date les séquences, notamment celles du passé, bordées de gris. C’est à la fin qu’il faut être attentif, quand, comme dans un post-générique, on boucle la boucle en apprenant comment Allan a débarqué à l’Ehpad.
Drôle et tendre, cruel et loufoque, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire réussit son passage en bande dessinée, grâce notamment à ses personnages attachants et joyeusement barrés.
One shot : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Genre : Road movie Polar
Scénario : Taillefer
D’après : Jonas Jonasson
Dessins & Couleurs : Grégoire Bonne
Éditeur : Philéas
ISBN : 97823855020118
Nombre de pages : 120
Prix : 19,90 €