Autojustice
« -Monsieur Ao ! Laissez-moi retravailler avec vous ! Ouaaaaah !
-Arrête tes délires. Tu ne vois pas dans quelle merde tu nous as foutus ? Je t’ai déjà dit que j’appellerais la police si je te revoyais. Fous le camp.
-Allons, allons. Vous pourriez au moins faire l’effort de l’écouter. Que se passe-t-il ?
-Vous êtes qui ?
-Je m’appelle Kujô. Je suis avocat. Vous pouvez me contacter, si vous en avez besoin. »
En proie à ses addictions, Shizuku angoisse. Crises de boulimie, scarifications, elle veut mourir. Chaque seconde qui passe, elle veut mourir. Ecrasée par la solitude, elle n’en peut plus de se sentir si seule. Son quotidien est noir. Elle aime Shûto, un manipulateur qui, lui, ne cherche qu’à se faire rembourser les dettes qu’elle a auprès de lui avant de couper les ponts. C’est en essayant de convaincre l’un de ses anciens employeurs de la refaire travailler que Shizuku tombe sur Kujô qui lui propose son aide. Elle va bien en avoir besoin lorsqu’elle aura tué son créancier et qu’elle se retrouvera derrière les barreaux.
Après cette histoire de « produit de consommation », dans tous les sens du terme, c’est au fond d’une toute autre affaire que va plonger l’avocat le plus marginal du Japon. Il y a dix ans, la fille de l’inspecteur Arashiyama a été assassinée. Son corps a été retrouvé dans un terrain vague. Tous les ans, il dépose des fleurs sur les lieux du crime. Certains mineurs responsables des faits ont déjà été libérés. L’auteur principal faisait partie de la bande de Kengo Mibu. L’inspecteur est bien décidé à faire tomber tout le monde et éprouve une haine indéfectible envers le système judiciaire minimisant les peines pour mineur, et en particulier envers les avocats qui les défendent… comme Taiza Kujô. Bien glauque, l’enquête semble le mener vers l’industrie du X.
Shôhei Manabe dresse le portrait d’une société japonaise exsangue, ne donnant pas à chacun les chances de s’en sortir. L’histoire de Shizuku est symptomatique d’un malaise général d’un monde à deux vitesses. Non pas les vitesses des bons et des méchants, mais celles des riches et des pauvres les vitesses induites par la dictature de l’argent, l’argent qui fait faire des conneries, il n’y a pas d’autre terme, à ceux qui n’en ont pas, et qui sont mis dans des situations inextricables, dans un cercle vicieux diabolique. Pas spécifique au Japon, la problématique est la même en Europe, en Amérique et dans le reste du monde. Manabe alerte sur l’urgence qu’il y a de sortir la jeunesse d’une torpeur dans laquelle elle est enfermée. Ce n’est pas en légalisant des addictions que ça arrangera les choses car ce qui intéresse, c’est l’interdit. Il ne s’agirait de franchir une étape dans l’escalade vers les substances illicites. Bref…
Kujô l’implacable est une série reflet d’une époque compliquée. Heureusement qu’il y a des gens comme lui pour oser faire face aussi bien à une justice froide qu’à des criminels sans aucun scrupules.
Série : Kujô l’implacable
Tome : 5
Genre : Thriller/Polar
Scénario & Dessins : Shôhei Manabe
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505125280
Nombre de pages : 208
Prix : 7,70 €