Tillieux toujours vivant
« -Taxiii !!!
-(…Ah ben quand même !!) Je vous écoute ma p’tite dame !
-Huit rrue esperrausses s’il vous plaît !!
-C’est parti ! »
En embarquant ce jour-là une dame à l’accent slave dans son taxi, Urbain Pujol ne se doutait pas qu’il allait se trouver au beau milieu d’un trafic international. Il dépose la cliente à l’adresse indiquée, poursuit sa journée de travail, puis va garer son taxi au dépôt. Petite inspection avant extinction des feux, Urbain trouve un beau stylo-plume sur la banquette arrière. C’est sûrement la blonde au chapeau avec un oiseau qui l’a oublié. Que les gens sont distraits ! Le lendemain, il se rend à l’adresse où il l’avait déposée pour lui rendre l’objet. La mamie qui lui ouvre la porte n’a aucune connaissance de cette jeune femme. Peu importe, Urbain garde le stylo et poursuit sa journée de travail. C’est en rentrant déjeuner chez lui qu’il découvre que son appartement a été cambriolé. Il est sens dessus dessous, mais rien ne semble avoir disparu, même pas son argent. A quoi bon prévenir la police ? On ne lui a rien dérobé. C’est en reprenant son travail qu’il se rend compte qu’il est pris en filature.
En taximan connaissant la capitale comme sa poche, Pujol réussit à se débarrasser de ses poursuivants. Et s’il y avait un rapport avec le stylo ? Nous sommes au cœur des années 60, en pleine guerre froide. Les relations soviético-occidentales ne sont pas au beau fixe. L’Afrique colonisée vit ses dernières années. C’est un peu tout ce melting pot politique qui va se retrouver à Paris pour une histoire d’espionnage internationale. Du terrain vague aux jardins de l’Elysée, la capitale est l’héroïne de ce polar dans la plus pure tradition franco-belge.
Jean-Paul Tibéri signe un hommage à Maurice Tillieux. Jacques Gipar, le héros de Delvaux et Dubois chez Paquet, n’est plus tout seul sur le coup. Il va falloir compter sur Urbain Pujol, Dussiflard jeune, entendez par là chauffeur de taxi pour qui n’aurait pas la réf. Mais si vous êtes en train de consulter cette chronique, vous l’avez certainement. Tous les poncifs du genre sont réunis pour accrocher le lecteur nostalgique, et pourquoi pas conquérir de jeunes curieux de faire un voyage dans le temps de leurs grands-parents. Alain Julié, dessinateur des Vélomaniacs, se prend au jeu. L’ancien assistant de Serge Carrère a trouvé son Léo Loden avec ce personnage original. Il joue à fond le jeu des clins d’œil. Tous les personnages de Tillieux font des caméos : Gil Jourdan, Libellule, l’Inspecteur Crouton, Queue-de-Cerise. On croit même apercevoir Secottine et sa queue de cheval sur un Solex. Les publicités des années 60 et les bagnoles d’époques sont autant d’héroïnes de l’histoire.
On n’attendait pas forcément les éditions Idées Plus dans ce domaine. A côté des petits albums illustrés sur la Nationale 7, c’est somme toute logique. Dans des enquêtes d’époque bien troussées, Urbain Pujol a tout pour mettre des kilomètres au compteur de son taxi 403 bleu.
Série : Les aventures d’Urbain Pujol
Tome : 1 – Ramdam à Taxis Paname
Genre : Polar
Scénario : Jean-Paul Tibéri
Dessins : Alain Julié
Couleurs : Claire Dumas
Éditeur : Idées Plus
ISBN : 9782374700861
Nombre de pages : 64
Prix : 18 €