Meilleur qu’une blanquette de veau
« -Tu as l’air bien songeur, Georges ?
-Non, non, père… Juste que je pensais à ta question… Le métier que je ferai…
-Ah ! Et Alors ?
-Il y en a un autre que j’aimerais bien… C’est écrire des livres, inventer des histoires… »
Liège 1915. Le jeune Georges Simenon joue aux soldats de plomb dans l’appartement familial. Il aime bien ces soldats mais ne souhaite pas pour autant être militaire. Sa mère voudrait qu’il soit prêtre mais il trouve le métier trop solitaire, sans femme. Ce que Georges aime par-dessus tout, c’est lire. Des Trois Mousquetaires à David Copperfield, il dévore tout ce qui lui tombe sous les yeux. Il n’en fallait pas moins pour déclencher une vocation, il sera raconteur d’histoires, il sera écrivain. Son père est assureur, sa mère, issue d’un milieu bourgeois, rêve d’une meilleure condition sociale. Georges grandit. Il fait l’enfant de chœur et baguenaude dans les pâturages, pour ne pas dire plus.
Plus tard, son père tombe malade. Il va falloir travailler. En 1918, il devient apprenti pâtissier (Bof !), puis commis chez un libraire (Ha !). Mais tout ne se passe pas comme prévu. Le jeune homme décide de pousser les portes de La Gazette et demande à son directeur un poste de reporter. C’est ainsi qu’il commence aux faits divers, puis se voit rapidement confier un billet d’humeur. Georges a trouvé sa place dans la société. Il s’épanouit dans son métier et il aime les femmes. Il aime beaucoup les femmes. En 1919, il débarque à Paris. Il écrit ses premiers romans, rencontre Joséphine Baker. 1929 sera une année charnière. Il créé un personnage qui deviendra emblématique, un certain Jules Maigret.
Rodolphe et Maucler n’en sont pas à leur première collaboration, Maucler ayant succédé à Jacques Ferrandez sur les enquêtes du Commissaire Raffini, qui avaient débuté avec L’homme au bigos. Les deux compères signeront neuf albums ensemble, de 94 à 2018. Ils se retrouvent aujourd’hui sur la vie de Georges Simenon, ou plutôt sur le roman d’une vie. En effet, l’homme aux 193 romans avaient une vie qui en était un. Et ça, Rodolphe l’a parfaitement compris. En scénariste méticuleux, il reste objectif quant au parcours du père de Maigret, homme aux penchants libertins et aux multiples conquêtes. Pour autant, cet aspect, bien que présent, reste au second plan derrière l’intérêt et l’objectif du futur romancier à succès, à savoir écrire des livres. Maucler joue sur le même tableau, avec toujours un maximum de respect pour Simenon. Soulignons le traitement bichromique très original de l’album en couleur chair se détachant de niveaux de gris.
Si la vie de chacun est un roman, celle de Simenon s’est écrite tout au long du XXème siècle. Rodolphe et Maucler arrêtent leur album au tout début de sa gloire comme pour mieux nous dire : « On vous a raconté l’essentiel, maintenant, lisez ses livres. » Une biographie bien troussée.
One shot : Simenon Le roman d’une vie
Genre : Biopic
Scénario : Rodolphe
Dessins & Couleurs : Christian Maucler
Éditeur : Philéas
ISBN : 9782491467173
Nombre de pages : 120
Prix : 20,90 €