L’enquête d’une femme sur les traces des Waffen SS français
« -Nous sommes le mardi 7 juin 1995. Il est 8h19. Dans notre dossier du jour, nou revenons sur la disparition de Maurice Cartier et Charles Barigaud. Deux survivants de la Division Charlemagne. J’ai le plaisir d’accueillir dans ce studio Claire Praslin.
-Bonjour.
-Vous terminez votre thèse sur la Division Charlemagne à l’Université Paris I.
-Tout à fait.
-Pouvez-vous nous expliquer qui étaient ces hommes qu’on appelle parfois « les nazis français » ? »
Claire Praslin est une jeune historienne. Elle termine ses études en rédigeant une thèse sur la Division Charlemagne, un régiment de militaires français ayant rejoint les rangs ennemis en 1944. Au sein de la Wehrmacht, la compagnie française regroupait des membres de trois mouvements collaborationnistes : la milice de Darnand, le Parti Populaire Français de Doriot et la légion des volontaires contre le bolchévisme. Six mille hommes et quelques femmes ont ainsi combattu aux côtés des SS pour défendre le régime d’Hitler contre les Alliés. Claire souhaitait rencontrer les derniers survivants pour étayer ses travaux mais ils viennent de disparaître. C’est alors qu’elle est contactée par une certaine Thérèse Demongeot. Son frère qui faisait partie de ces troupes rebelles serait encore en vie quelque part en Europe.
Plus que de « simples » recherches historiques, c’est une véritable enquête policière que va mener Claire Praslin. Elle va se trouver malgré elle actrice d’un thriller. Certaines personnes ne souhaitent pas qu’elle arrive à son but, mais d’autres, dont un mystérieux « ange gardien », veillent sur elle. Le chemin est semé d’embûches. Elle devra prendre garde à ne pas trébucher, d’autant plus qu’elle est enceinte. Petite originalité : c’est le plus proche témoin des aventures de Claire qui en est le narrateur, c’est le bébé dans son ventre. Deuxième originalité : on sait dès la première scène que l’historienne fera une rencontre décisive et que la scène va être tragique. On n’en connaît cependant pas la fin. On accompagnera Claire jusque là tout au long de l’album.
Le scénariste Emmanuel Suarez adapte le podcast qu’il a écrit pour Radio France et qui a été réalisé par Sophie-Aude Picon. On peut l’écouter sur https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-division-d-emmanuel-suarez. Auteur de théâtre, de fictions radiophoniques et de documentaires, il a reçu le prix SACD (société des auteurs et compositeurs dramatiques) en 2021. Avec La division, il transforme un sujet purement historique en thriller implacable, avec une héroïne, une femme déterminée qui sait ce qu’elle veut et que rien ne semble pouvoir faire renoncer. La dessinatrice Arianna Melone accompagne sobrement le récit, somme toute assez théâtral, ce qui n’est jamais facile à assumer en BD. Un poil plus de précision dans le trait aurait été bienvenu. C’est comme si elle avait voulu s’effacer derrière l’intrigue. Pourtant, on est bel et bien dans une bande dessinée et il est nécessaire d’assurer complètement l’adaptation pour en montrer l’intérêt.
La division traite d’un pan peu connu, peu traité de la Seconde Guerre Mondiale, certainement parce qu’il est loin d’être glorieux pour l’histoire de France. Suarez et Melone le mettent sur le devant de la scène dans une intrigue haletante.
One shot : La division
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Emmanuel Suarez
Dessins & Couleurs : Arianna Melone
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782095016777
Nombre de pages : 140
Prix : 22 €