Kris/Lambil Acte 2
« -Bon, Docteurs, je vous écoute. Quel est ce mal qui frappe brutalement mes meilleurs soldats ?
-Diagnostic difficile. Symptômes connus : colères soudaines, paranoïa exacerbée, intolérance au bruit !
-Le tout suivi de cauchemars, fatigues intenses, sentiment d’inutilité, cafard…
-Ce n’est plus un diagnostic, c’est une liste de courses ! »
Des cavaliers yankees du XXIIème de cavalerie souffrent d’un mal étrange. Après le Capitaine Stark, c’est le Sergent Chesterfield qui est alité, en plein délire de charges sur champs de bataille. L’état-major doit faire face à cette nouvelle maladie proprement militaire, une sorte de syndrome du soldat longtemps exposé au feu, à la violence et à la mort. Le général Alexander a convoqué les médecins du camp pour faire une analyse de la situation. Est-ce contagieux ? Y a-t-il un remède ? La première stratégie à adopter est d’éloigner les malades du bruit et de la guerre. C’est à ce moment-là qu’arrive Jeremiah Clure, un géographe, avec un ordre de mission signé par le président Lincoln en personne. Il doit cartographier le territoire indien en vue d’une éventuelle extension du conflit. Il lui faut une escorte. C’est l’occasion idéale pour sortir Chesterfield de son mal-être, qui, avec le Caporal Blutch, va accompagner le scientifique en terres indiennes.
Les soldats les plus célèbres du Neuvième Art sont de retour. Pour son deuxième scénario, Kris leur fait souffler le chaud et le froid. Dans Du feu sur la glace, une tribu d’indien Creeks, alliée aux nordistes est traquée par les confédérés et leurs complices Cherokees. L’anecdote véridique de départ se déroule en hiver 1861. C’est le Trail of blood on Ice, « le chemin de sang sur la glace », le terrible périple d’Indiens pro-nordistes fuyant les sudistes après une balle perdue. Kris démontre que les choses ne furent ni noires ni blanches pendant la guerre de Sécession. De nombreuses tribus amérindiennes ont rejoint les armées du Nord ou, plus étonnamment, du Sud. Il faut dire que certaines tribus pratiquaient aussi l’esclavage. Afin de s’éloigner d’Irish Melody qui racontait une lutte fratricide, Kris a choisi de mettre en avant le voyage de Clure, inspiré du cartographe français Elisée Reclus. Anarchiste, végane et libre penseur, il ne va pas être un compagnon de tout repos pour nos bleus.
Willy Lambil met la nature à l’honneur dans ce nouvel épisode très forestier. A l’ancienne, il s’inspire de photos qu’il pioche dans des livres. Il peuple ses cases d’animaux : écureuils, biches ou ratons laveurs. Tout cela donne à l’album un petit goût de Sandy et Hoppy, sa merveilleuse précédente série australienne rééditée il y a quelques années par Le coffre à BD et qui mériterait une plus forte exposition, tant cette longue série était finement dessinée, dans un style plus réaliste, mais laissant déjà augurer du grand talent de celui qui reprendra Les tuniques bleues. Paradoxalement, Lambil avoue ne s’être jamais vraiment intéressé à la culture indienne. Il les représente pourtant avec respect et émotion.
Bien qu’ayant déclaré ne s’imposer aucun scénariste définitif, Lambil semble se sentir en harmonie avec Kris. On les verrait bien chevaucher ensemble encore longtemps.
Série : Les Tuniques Bleues
Tome : 67 – Du feu sur la glace
Genre : Aventure/Histoire/Humour
Scénario : Kris
Dessins : Lambil
Couleurs : Leonardo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034765973
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €