Nouveau chapitre d’une série sublime
« -Quand est-ce que tu dors, professeur ?
-Hein ?
-Moi ?
-Oui.
-Parce que je t’ai jamais vu dormir. »
Sheeva n’a jamais vu dormir le professeur dormir. La petite fille qui vit avec le cornu maudit s’inquiète pour sa santé. Même quand elle est allée aux toilettes dans la nuit, elle a vu de la lumière, elle a remarqué qu’il faisait toujours quelque chose. Il faut bien qu’il dorme, sinon il risque de tomber malade. Qu’elle ne s’en fasse pas. Il va très bien. C’est juste qu’il ne peut pas dormir. Peut-être parce qu’il est une personne de l’extérieur. Il ne mange pas non plus. Peut-être parce que ce n’est pas nécessaire. Pour s’occuper, il coupe du bois, il lit et il écrit. Du haut de son jeune âge et de son innocence, Sheeva voit ça comme un gâchis. Elle, si elle ne dormait pas, elle dessinerait, se baladerait, mangerait du pain en cachette, boirait du lait,… Alors, elle va essayer de ne pas s’endormir. Est-ce possible ?
Après s’être conclue, la série « L’enfant et le maudit » revient pour un one shot intercalé au beau milieu. D’ailleurs, l’œuvre de Nagabe est plus qu’une série, plus qu’une saga, c’est une poésie. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, c’est une histoire d’amitié mystérieuse entre une petite fille d’à peu près six ans et d’un être mi-homme, mi-cerf, appelé le professeur, qui l’a prise sous son aile et la protège dans une campagne dépeuplée en lisière de forêt. Dans ce one shot, le maudit , qui ne fait plus de différence entre le jour et l’obscurité, n’a aucun autre centre d’intérêt que d’écrire son journal, tous les jours, et ce couper du bois pour réchauffer Sheeva. Il pourra compter sur elle en retour, puisqu’elle organisera un goûter nocturne afin d’apaiser ses insomnies.
Nagabe atteint un point d’émotion et d’innocence jamais atteint en manga. Sheeva se met à dessiner, comme le lui a appris Tata, les fleurs du jardin et celles des champs. Elle dessine parce que c’est amusant. La tante apparaît dans des flash-backs, mais faites bien attention aux vêtements qu’elle porte. C’est un peu celle de tout le monde, ce genre de tante que beaucoup d’entre nous ont eu, qui nous a donné tant de son temps, car ayant peut-être moins de préoccupations qu’une grand-mère encore à charge de famille. Cette tante, j’ai eu l’immense bonheur de l’avoir. Elle s’appelle Nany et a grandement contribué à être ce que je suis. La tante de Sheeva lui a donc enseigné l’art du dessin. A son tour, elle va démontrer au professeur que tout le monde peut dessiner. Tout le monde sait dessiner. Un adulte qui pense ne pas savoir le faire est juste un enfant qui à moment donné s’est arrêté.
Les personnages de Nagabe invitent à porter un regard profond sur les véritables valeurs de la vie. Après l’intrigue principale et les albums jeunesse, ce journal hors-série de « L’enfant et le maudit » est une troisième approche de l’univers. Espérons qu’il ne soit que le premier tome de one-shots dans l’univers.
Série : L’enfant et le maudit
Tome : HS – Cher journal
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Nagabe
Éditeur : Komikku
ISBN : 978237287…
Nombre de pages : 164
Prix : 7,99 €