L’histoire d’un rendez-vous
« Qui aurait pu imaginer, il y a cinquante ans, qu’une « petite manifestation » amicale et destinée surtout aux enfants, créée par quelques « fêlés », deviendrait un événement national voire international ? (…) Cependant, ce serait mentir que de tenter de faire croire que ce long chemin s’est déroulé de manière linéaire et sans accroc, tant il est vrai que le développement du Festival n’a pas toujours emprunté des lignes droites, et a même flirté avec quelques sorties de route. » Francis Groux, Cofondateur du FIBD, Commandeur des Arts et des Lettres
25 janvier 1974, le premier salon international de la bande dessinée ouvre ses portes à Angoulême pour trois jours. Le festival investit le musée, le théâtre municipal et l’hôtel de ville. Hugo Pratt signe l’affiche. L’aventure a réellement débuté quelques années plus tôt. Il fallait un élément déclencheur. Celui-ci a eu lieu en 1960 lorsque Madame Groux offre à son époux Francis qui a vingt-cinq ans une réédition des Cigares du Pharaon. Dès lors, Francis Groux consacre son temps à la BD. Sur le modèle du salon international de Lucques en Italie, il cocrée donc une manifestation similaire en Charentes. Alain Saint-Ogan sera le premier président et Alfred, le pingouin de ses personnages Zig et Puce, sera la première mascotte, donnant plus tard son nom aux récompenses. Franquin sera le premier lauréat du Grand Prix. L’essai est confirmé un an plus tard avec 15000 visiteurs pour la deuxième édition. Gaston dort sur l’affiche mais le reste du monde est bien éveillé. Plus rien n’arrêtera la marche du Salon qui deviendra Festival. La croissance est exponentielle. Pour tout le Neuvième Art, Angoulême est The place to be.
Pour chaque année, le chapitre démarre avec un paragraphe général, suivi des rubriques « A découvrir », « Les anecdotes du Salon » et le Palmarès officiel. En 1984, c’est l’ouverture d’une quatrième journée, réservée aux professionnels. Les scolaires sont également pour la première fois accueillis. La barre des 100 000 visiteurs est dépassée. L’auteur ne se contente pas d’un descriptif année par année. L’ouvrage est sans concession. Succès, échec, polémiques et coups de gueule sont au rendez-vous. Philippe Tomblaine dégage trois grandes périodes dans l’histoire de la manifestation : les années pionnières, du début au mi-temps des années 80, où tout se met en place, les années 90 et 2000 avec une explosion du nombre de visiteurs, puis les dernières années dans la démesure et la tourmente. La concurrence avortée du festival de Grenoble, l’arrivée du sponsor Leclerc et son départ, la création du CNBDI, la fusée Tintin, puis tintin la fusée, la condition financière des auteurs, la place des autrices, le contexte Covid, les sujets abordés se comptent par dizaines. En annexes, l’auteur traite des fanzines et du festival « off ».
Philippe Tomblaine, angoumoisin aux multiples casquettes dont celles de professeur-documentaliste et vice-président de l’Association du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, fait partie de la famille des principaux exégètes de la BD. Son premier ouvrage marquant était le remarquable Spirou, aux sources du S, paru en 2014 chez L’Harmattan, aujourd’hui maison-mère des éditions 1000 sabords. Il s’est embarqué ensuite, entre autres, dans des monographies, et pas des moindres : Hermann, Juillard ou encore Dany. Il en prépare une sur l’ex-star de chez Glénat dans les années 80-90 et désormais trop rare Patrick Cothias, ainsi qu’un ouvrage sur les rapports entre Jeux vidéo et BD. Pour ce livre-ci, il s’est donc plongé dans cinquante ans de festival. Il le dédie à ceux sans qui rien n’aurait eu lieu comme on le connaît : Jean Mardikian, Claude Moliterni et Francis Groux. C’est d’ailleurs ce dernier qui signe la préface, tandis que sa fille Delphine, présidente actuelle de l’association du FIBD, s’empare de la postface. Elle souligne que ce sont l’enthousiasme, la passion et l’altruisme de quelques individus qui ont permis de faire du festival ce qu’il est aujourd’hui. L’association veille sur son enfant qu’elle a vu grandir afin « que demain soit toujours plus beau qu’aujourd’hui ».
Plus de 3500 documents ont été rassemblés pour rédiger cette histoire du festival. Philippe Tomblaine a écrit sans conteste le livre qui manquait pour comprendre son évolution.
One shot : Le 50e Une odyssée du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême
Genre : Histoire du 9ème Art
Auteur : Philippe Tomblaine
Avec la participation de : Philippe Morin & Bernard Lambert
Éditeur : PLG / Associations FIBD
Collection : Mémoire vive
ISBN : 9782917837498
Nombre de pages : 312
Prix : 20 €