Les gens heureux n’ont pas d’histoire
« -Pourquoi créer de nouveaux personnages alors que certains peuvent servir de matrice et s’en enrichir ? Il faut qu’un album isolément soit intéressant, mais il faut aussi que l’ensemble des albums ait une richesse supplémentaire, et que ce ne soit pas une simple répétition d’actions et de scénarios. » Citation de Lewis Trondheim à propos de Lapinot
Lapinot se balade en forêt. Il arrive près de ruines. On dirait celles d’une cathédrale ou plus modestement d’une église. Va-t-il s’aventurer à l’intérieur ? Un coup d’œil dans l’escalier qui descend vers une crypte. Non. Il préfère renoncer. Près de là, un cimetière. Les ronces et feuillages envahissent les sépultures. Un bruit se fait entendre d’un caveau. Ce n’est qu’un oiseau jaune. Lapinot poursuit son bucolique cheminement forestier. Il trouve par terre un collier orné de cinq têtes de morts et se l’attache autour du cou. Mais quelle est donc cette main grisâtre qui semble vouloir l’agripper ?
Ce 31 juillet n’est pas une histoire, c’est une poésie. Lewis Trondheim écrit, ou plutôt dessine, un poème émouvant, un haïku mystérieux. L’auteur joue avec les faux semblants. Le fantastique frappe à la porte de chaque scène. Au fil des séquences, on est persuadé que le récit dérive vers le surnaturel. Chaque fois, le fantastique est déjoué par une surprise, une astuce inattendue. Sera-ce aussi le cas lorsque Lapinot recevra un coup de fil de son ami Richard ?
Lewis Trondheim n’en finit pas d’étonner. Lapinot quitte le 48 CC pour un mini-album sans paroles. La série relancée depuis huit épisodes maintenant à l’Association se transforme en véritable cabinet de curiosités dans lequel l’auteur expérimente techniques et modes de narration nouveaux. Les tomes 5.1 et 5.2 étaient deux pattes de mouche. Même quand il reste dans le fameux format classique 21×29,7, Trondheim innove, comme on a pu le voir et le lire avec Par Toutatis !, parodie d’Astérix. Pour une fois, les couleurs ne sont pas signées Brigitte Findlaky mais Lewis lui-même. Il faut dire que chaque page est une petite aquarelle que l’on pourrait accrocher au mur. Rares sont les auteurs qui représentent de manière aussi merveilleuse les forêts.
31 juillet est sûrement la date à laquelle Lapinot a fait sa balade. Sinon c’est le jour où Lewis Trondheim l’a écrite. Et pourquoi ne serait-ce pas les deux ? Peu importe, on est libre ce jour-là comme n’importe quel autre pour accompagner le plus merveilleux lapin de la bande dessinée.
Série : Les nouvelles aventures de Lapinot
Tome : 8 – 31 juillet
Genre : Chronique fantastico-bucolique
Scénario, Dessins & Couleurs : Lewis Trondheim
Éditeur : L’association
ISBN : 9782844149336
Nombre de pages : 48
Prix : 7 €