Course et trafic
« -Dites-donc, elle a morflé la bagnole !
-Oui, mais…
-Messieurs ! Je peux vous aider ?
-Jacques Gipar, journaliste ! C’est vous qui avez eu l’accident ? Ça a l’air d’aller mieux !
-Oui, j’ai eu de la chance…
-Comment est-ce arrivé ?
-Je sais pas… J’ai dû casser quelque chose… J’arrive de l’infirmerie, je n’ai pas pu examiner mon Alpine !
-Ho ! Vous avez vu la vitre latérale ? On dirait qu’elle a été traversée par une balle ! »
Alors qu’ils assistaient à la mythique course Le rallye des remparts à Angoulême, Jacques Gipar, journaliste pour France Enquêtes, et son acolyte Petit-Breton sont les témoins d’un grave accident d’une voiture de la course. Plus de peur que de mal pour le pilote qui s’en sort quasiment indemne. L’accident n’est pas fortuit. Il y a un impact de balle sur une vitre de l’automobile. Aurait-on tiré dessus pour lui faire perdre la course ? Impossible, la voiture naviguait autour de la dixième place. Le conducteur est un simple garagiste des abords d’Angoulême. Le lendemain, Gipar et Petit-Breton se rendent au Garage de la Plaine où tout n’est pas très catholique.
Tous les amoureux des années 50 vont être aux anges. Jacques Gipar est de retour. Ça sent bon les routes nationales et les bornes blanches aux sommets rouges. Aux stations essence, un pompiste vient vous servir et l’on paye en francs, en ce que l’on appellera plus tard des anciens francs. Les bars-tabac sont les endroits où l’on se retrouve. On commande un verre au zinc et l’on peut fumer à l’intérieur. Le boucher-charcutier fait sa tournée en camionnette et les grands panneaux publicitaires sont peints sur les murs. Les routes sont toutes à deux voies et le trafic n’est pas surencombré. Un parfum vintage assumé odore la série, dans son fond comme dans sa forme.
Jean-Luc Delvaux est un enfant de Maurice Tillieux. Dans une pure ligne claire, le dessinateur excelle dans la représentation, non pas des voitures, mais des bagnoles. Une Ford ou une traction, une citadine ou une auto de course, elles sont toutes fignolées, reluisantes ou bousillées. Comme à son habitude, Delvaux glisse quelques clins d’œil à des héros mythiques de l’âge d’or. On croisera ici Benoît Brisefer, Clifton ainsi qu’un truand de chez Gil Jourdan, référence ultime. Les tintinophiles reconnaîtront également la deux CV vert pâle des Dupondt, celle dans laquelle le conducteur freine brusquement ce qui fait que leurs melons déforment la capote. Au scénario, Thierry Dubois signe une enquête policière classique, comme on les aime. On a juste un léger regret : le rallye des remparts d’Angoulême n’est pas le principal décor et sert seulement de point de départ (et d’arrivée) à l’intrigue.
La série Jacques Gipar fleure bon la nostalgie tout en démontrant que la BD classique a encore sa place.
Série : Jacques Gipar
Tome : 11 – Le grand prix d’Angoulême
Genre : Polar
Dessins : Jean-Luc Delvaux
Scénario : Thierry Dubois
Couleurs : Nancy Delvaux (Callixte pour la couverture)
Éditeur : Paquet
Collection : Calandre
ISBN : 9782889322824
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €