L’union fait la force
« -On devrait déjà y être depuis le temps !
-Euh… En principe. Je vérifie sur la carte…
-La carte ? Pff ! Mieux vaut se fier à du concret. La mousse qui pousse sur les arbres, par exemple, elle indique le Nord…
-Ce n’est pas toujours vr…
-Là-bas ! Un autre repère ! Pas de panique mes petits. Cette fois, c’est sûr, nous touchons au but ! »
Le chevalier Sir Kelton, son écuyer et leur nouveau petit compagnon de voyage, Cade, qu’ils doivent conduire à l’école de sorcellerie, cherchent leur route dans la forêt profonde et pénétrante. Alors qu’ils tentent de trouver des repères qui leur permettraient d’avancer, l’écuyer se rend compte qu’ils tournent en rond. Le chevalier dubitatif est bien obligé de se rendre à l’évidence. Alors qu’ils font sans cesse désespérément la même boucle, ils sont accostés par Reynholm le hardi de Claxtonbury sur son fier destrier. Il les pistait, persuadé que Cade est leur prisonnier. Le ton monde entre les deux chevaliers qui entament un duel d’ego et d’épée, sous les yeux désabusés de l’écuyer et l’apprenti-sorcier… jusqu’à ce qu’une attaque de moustiques géants ne vienne troubler l’affrontement et disperser tout ce petit monde.

Après l’histoire du dragon et son trésor, ce second tome du chevalier et de l’écuyer prend plutôt la forme d’une quête initiatique. On dit souvent que le plus important n’est pas la destination mais la route. C’est exactement le principe de cette histoire. Celle qui est intéressante, ce n’est pas la route de Cade pour son école de sorcellerie, mais celle de l’écuyer, qui n’a pas de nom. Il peut être vous, il peut être moi, il peut être tout le monde. Avec son enfance (que l’on voit par flashbacks), sa personnalité et sa malice, il est un adolescent qui grandit. Les événements, il les prend de plein fouet mais jamais ne se laisse abattre. Le problème n’est pas de chuter, mais de réussir à se relever. Sans spoiler, on peut compter sur lui. L’histoire aurait pu s’appeler Le chevalier et son écuyer. C’est l’inverse, L’écuyer et son chevalier. Ce n’est pas anodin. Le gamin va montrer aux adultes que les combats inutiles sont stériles, qu’il vaut mieux unir ses forces pour vaincre. Ils vont d’ailleurs le comprendre plus vite que prévu.

Le canadien Scott Chantler adopte des tons marron verdâtres très époque et très forêt. Les images d’orage sont concrètement éclairantes, un exemple à reproduire. L’auteur dévoile les secrets de fabrication en bonus. C’est en se perdant en forêt avec des amis qu’il a eu l’idée de l’histoire, avec cette thématique de perte de repères, au propre comme au figuré. Ce second volume est ainsi très différent du précédent, qu’il n’est d’ailleurs pas indispensable d’avoir lu. Il multiplie les embûches pour que ses personnages se dépassent. Des croquis complètent le supplément.

En deux tomes très différents, à la fois aventureux et drôles, L’écuyer et son chevalier est un diptyque qui ne demanderait qu’à être poursuivi. Scott Chantler a deux solutions : laisser son œuvre ainsi ou trouver l’idée de génie pour la continuer avec un nouvel axe pour chaque volume. Ce serait un challenge.
Série : L’écuyer & son chevalier
Tome : 2
Genre : Fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Scott Chantler
Traduction : Marc Lesage
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810209743
Nombre de pages : 160
Prix : 16 €