Le cinéma permet toujours de faire de belles rencontres…
« -Ben, vous en savez des choses sur ce film ! Vous l’avez vu plusieurs fois ?
-Non… J’étais sur le tournage. Une autre suze s’il vous plaît.
-Mais bien sûr, Monsieur… Monsieur ?
-Conrad Knapp, avec un K, mais on ne le prononce pas. »
1958, Trougnac, petit village du fin fond de la campagne française. Un homme débarque seul en voiture et demande à une jeune femme s’il y a un cinéma dans la commune. Oui, bien sûr ! C’est l’Eden. On peut y voir tous les films récents : Le beau Serge, de Claude Chabrol avec Jean-Claude Brialy, Maigret tend un piège avec Jean Gabin, ou encore En cas de malheur avec Gabin, encore, et Brigitte Bardot, le nouveau film de Claude Autant-Lara. C’est d’ailleurs pour ce réalisateur que travaille Conrad Knapp, l’homme qui vient d’arriver. Il est chargé de repérer les lieux pour le prochain film, avec les mêmes acteurs vedettes. Si le maire est un grand admirateur de ces stars, il n’est pas fan d’Autant-Lara, encarté au parti communiste.
Le village est divisé, mais Conrad sort un atout majeur : une photo, non pas des fesses de, mais des fesses à Bardot, issue d’une scène censurée d’En cas de malheur dans laquelle elle remonte sa jupe. L’atout du village quant à lui est qu’il y ait un cinéma. Il est situé juste à côté de l’église ce qui n’est pas du goût du curé. Ce dernier est d’ailleurs le frère du Duc Clovis Dieuleveult de Beaudrap, qui a financé la construction de la salle. Pour lui, comme pour d’autres, accueillir un tournage serait pour Trougnac une opportunité sociale et économique à ne pas manquer. Si certains imaginent déjà les équipes travailler, avec peut-être des rôles de jeunes figurantes à la clef, ce n’est pas aussi simple que ça. Conrad a d’autres villages à visiter.
Il n’y a pas que les acteurs de cinéma qui jouent des rôles. Voici une phrase que chacun des personnages de cet album va se rappeler. Trougnac décrochera-t-il la timbale ? Jean Gabin et surtout Brigitte Bardot vont-ils poser leurs valises dans le petit hôtel du village ? Philippe Pelaez écrit une comédie rurale truculente qui rend un hommage vibrant à la fin des années 50 et au cinéma de l’époque, avec des dialogues à la Henri Jeanson. Qu’on ne lui reproche pas la faute grammaticale dans le titre. Elle est justifiée et distordue dans le scénario. Pour une histoire de village, on n’est pas ni dans l’époque ni dans l’ambiance de Dans mon village on mangeait des chats, autre chronique tout aussi excellente du même scénariste. Après le diptyque La peau de l’autre, Gaël Séjourné montre un malin plaisir à mettre en scène cette comédie humaine rafraîchissante.
Rendez-vous tous à l’Eden. Il ne manque plus qu’Eddy Mitchell vienne faire un bond dans le passé pour la représentation des Fesses à Bardot. Grâce à Pelaez et Séjourné, l’heure de la dernière séance n’a pas encore sonné.
One shot : Les fesses à Bardot
Genre : Chronique villageoise
Scénario : Philippe Pelaez
Dessins & Couleurs : Gaël Séjourné
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9791041104628
Nombre de pages : 160
Prix : 22,90 €