Homonculus 1 – Le serpent de feu / 2 – La solution apocalyptique

Quelle réalité, papa ?

« -Il fait trop sombre ici. Ce n’est pas bon pour vos yeux, Docteur. Permettez-moi d’allumer quelques lampes.

-Fais donc ! As-tu de nouveau été suivi ?

-Je crois oui. Votre façon de rester assis dans l’obscurité…. On pourrait penser que c’est vous qui subissez leurs assauts répétés. Ils me poursuivent tout le temps, vous le savez bien. Sans cette cagoule… Ils me prennent pour leur garde-manger »

Fin du XIX^ème siècle, dans une grande ville d’Europe de l’Ouest, peut-être Londres, le Docteur Harryhausen, professeur en philologie orientale, est bien mystérieux. Il semble craindre quelque chose. Pourtant, celui qui a plus à craindre que lui, c’est son assistant. Il est poursuivi par des monstres qu’il est le seul à voir dans la réalité. Ils ont des dents pointues. Certains ont des ailes. S’il peut les voir, c’est qu’il a le pouvoir d’être en contact avec l’Ether, le monde des monstres. Peu de personnes peuvent voir le monde tel qu’il est. Comme le Docteur, la plupart des gens ne voient rien et ne perçoivent que l’aspect superficiel des choses. Pourtant, un monde rampant et grouillant s’immisce dans le nôtre par des failles depuis la dimension de l’Ether. L’assistant du Docteur est en fait un Homonculus, qu’il a créé de toutes pièces. Le praticien va en faire son arme pour lutter contre les forces du mal.

**© Bodker, Ryberg – Les aventuriers de l’étrange**

Tout commence par la mort de Madame Kowalski. Elle aurait prédit son décès à l’exacte minute près. Des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles, jusqu’à Lhassa. Cultivée, brillante et maligne, elle avait accès à ce fameux Ether, dimension parallèle peuplée de créatures sataniques. Le Docteur Harryhausen se recueille sur la tombe de son épouse Wilhemina à qui il raconte l’événement. A présent, terminés les réincarnations et les délires astraux…. C’est fini. L’homme pousse la pierre tombale de son épouse. Le caveau est vide. Il le savait. Il compte bien garder un œil sur le culte d’Ashra et attendre qu’il s’expose au grand jour pour l’anéantir. Va alors commencer un combat mené par le Docteur et son Homonculus pour lutter contre les forces du mal et les empêcher de prendre possession de du monde. L’homonculus fait partie de la mythologie fantastique. Du latin homonculus (« petit homme »), c’est une version miniature, souvent caricaturale, d’un être humain que certains alchimistes cherchaient, prétendument, à créer.

Entre sciences occultes, ectoplasmes et expériences interdites, l’univers de Homonculus n’est pas sans rappeler le Frankenstein de Mary Shelley et le Adèle Blanc-Sec de Jacques Tardi. Quand on voit des tentacules surgir au détour d’une case, on ne peut s’empêcher de penser aux grandes heures de la série parisienne. Le scénario de Benni Bodker est un hommage aux feuilletons fantastiques de la fin du XIX^ème siècle. Il y a aussi du Edgar Allan Poe dans l’histoire, ainsi que du Joann Sfar dans ses plus profonds délires. On retrouve d’ailleurs le trait de ce dernier dans le graphisme de Rune Ryberg, avec ses personnages anguleux et ses monstres difformes. Les auteurs sont danois, mais l’histoire a été créée spécialement pour Les aventuriers de l’étrange. Ce petit éditeur français qui monte est en train d’implanter en France des auteurs remarquables de toute l’Europe, à l’image de ceux-ci et d’autres comme Xulia Vicente ou Nuria Tamarit, entre autres…

Homonculus est un diptyque fantastique haletant, une course-poursuite contre la mainmise des forces parallèles sur notre monde. C’est également une histoire sur le deuil montrant que l’on peut sauver des vies en sauvant des morts. Le rebond final inattendu laisse la fin ouverte, tout comme on peut imaginer en rester là. Malin.