Jeux de guerres
« -Nous arrivons, Monsieur le prévôt. A Castellet se trouve l’église que le comte Raimond-Bérenger vous a octroyée.
-Révérendissime, c’est un grand honneur que l’une de vos premières actions en tant qu’évêque soit la consécration de cette église. Nul doute que votre présence contribuera à apaiser les querelles constantes qui opposent les seigneurs de la frontière…
-Ah, ah… ! Ne me surestimez pas tant. A vous autres de vous entendre avec tous ces nobles. Mais ne vous inquiétez pas, à Castellet vous serez en bonne compagnie… »
Eté 1107, en Espagne. Pendant que Jorda de Sant Marti, le jeune Seigneur de Castellet, chasse le canard dans les marais sur ses terres, une caravane approche de son fief. Il y a là l’évêque de Barcelone et le prévôt de Santa Maria de Solsona. Ils viennent apporter à la nouvelle chapelle la relique des reliques : un morceau de la Sainte-Croix. Les terres voisines sont propriété du monastère de Sant Cugat. Lorsque Jorda y abat un faucon, ça ne va pas être du goût du diacre qui bénéficie de la juridiction des lieux en l’absence des Seigneurs de Santa Oliva. Le conflit va prendre une toute autre tournure lorsque les almoravides vont arriver en masse. L’armée berbère vient piller la région. Si les catalans veulent repousser les sarrazins, ils vont devoir s’allier.
Eté 1838, péninsule ibérique. Carlistes et libéraux s’affrontent depuis cinq ans. Certains ne savent même plus pourquoi ils se battent. Dans les collines arides, accompagné par son âne Petit-gris, le vieux Cusmet chasse le lièvre. Il est dans la misère depuis que les libéraux l’ont accablé d’impôts. Une troupe de miliciens vient le chercher afin qu’il aille exfiltrer le jeune Joanet Maiol, le fils des Maiol, de chez Maiol, enrôlé de force. Si jamais les pétochards qui ont fait ça comprennent qui il est, ils voudront l’échanger contre une rançon. Pour forcer la main à Cusmet pour qu’il ramène le jeune homme, les miliciens prennent son âne en otage.
Après Sorcières, 1617, l’année du déluge, Oriol Garcia Quera est de retour chez Idées Plus avec deux jeux de guerre aux références historiques précises. Le Seigneur de Castellet a été initialement prépublié en Espagne en 2014. Nous sommes en pleine razzia almoravide. Le château de Castellet contrôle le passage de la rivière Foix et l’ancienne Via Augusta. Le château-frontière, d’un rôle défensif, passera à un statut résidentiel. En 1107, au moment des faits, un simple conflit de voisinage s’efface devant une attaque destructrice. Comme quoi, en période difficile, des ennemis peuvent s’allier pour se serrer les coudes et être plus forts.
L’âne, 1838, guerre et famine, est une autre histoire de solidarité et de jeux de guerre. Le contexte historique reste réaliste, mais on est plus dans une farce. Le récit a un côté très théâtral. Dans les deux albums, des cahiers explicatifs remettent tout le contexte en place, permettant en outre de bénéficier de belles et grandes illustrations de l’auteur.
Avec ses récits hispaniques de tous siècles, Oriol Garcia Quera est en train de se faire une place de choix en France. Que ce soit graphiquement ou scénaristiquement, en particulier avec L’âne, il marche sur les pas de Jean-Pierre Gibrat, excusez du peu. Il n’y a rien de plus poussif que les histoires historiques trop didactiques et sans histoire. Oriol Garcia Quera a tout compris et fait tout le contraire. Ses albums sont de vraies aventures, avec tout ce qu’il y a de plausible. Un auteur à suivre de près.
One shot : Le Seigneur de Castellet
One shot : L’âne
Genre : Histoire
Scénario, Dessins & Couleurs : Oriol Garcia Quera
Éditeur : Idées Plus
Collection : Histoire
ISBN : 9782374700670 / 9782374700687
Nombre de pages : 64
Prix : 16 €