De mon temps…
« -Maîtresse, je suis plus connectée !
-Moi non plus !
-C’est normal. J’ai coupé le wifi à cause de l’orage.
-Hum. Je crois que je vais écrire l’intitulé du problème sur le tableau. Tu as de la craie ?
-Oui. Tu n’es pas allergique à la poussière de craie, j’espère ? De mon temps… »
Si le monde et la société évoluent d’années en années, il est une institution qui a connu pas mal de bouleversements, voire de chambardements depuis au moins un siècle. Cette institution, c’est l’école. A travers sept chapitres thématiques, Bruno Heitz compare l’école d’aujourd’hui à celle qu’il a connu et à celle que ses parents ont vécu.
On commence avec ce qui se fait traditionnellement en début d’année : la photo de classe. Si aujourd’hui le numérique permet à des enseignants de se débrouiller tout seuls pour la prendre, autorisation des parents signée évidemment, ça n’était pas le cas autrefois. Un photographe de la ville venait avec tout son barda pour prendre une photo argentique dans laquelle l’image se fixait sur des négatifs. Pour les grands-parents, c’était un événement. Il fallait poser sans bouger sinon c’était tout flou.

Le tableau noir, puis vert, du siècle dernier a souvent laissé place à des TBI (tableaux blancs interactifs) pour projeter la leçon…quand ce n’est pas en panne. Ainsi, le Velleda et le stylet numérique ont mis les craies à la retraite. Avant, pour projeter, on utilisait un épicospe ou un appareil à diapo et il fallait fermer les volets pour y voir quelque chose. Et où sont passées ces bonnes vieilles cartes de France à œillets que l’on suspendait au tableau ?
Si aujourd’hui filles et garçons sont mélangés, même que certaines jouent au foot, ça n’a pas toujours été comme ça. Il y avait l’école des filles et l’école des garçons. Autant dire que pour conter fleurette, il fallait développer des stratégies plus complexes. Les garçons avaient droit à des cours de mécanique tandis que les filles apprenaient à coudre et à cuisiner. Ça apparaît tellement comme un cliché.

Les méthodes de lecture ont évolué dans le fond et dans la forme. Chaque enseignant choisit sa méthode en restant dans le cadre des préconisations du guide orange du conseil scientifique de l’éducation nationale. La méthode syllabique a fait ses preuves. Les textes se sont modernisés. Papa ne fume plus la pipe. Côté matériel, les photocopies ont remplacé les ronéos et leurs polycopiés à l’alcool qui nous shootaient.
Les différents modes d’alimentation et les allergies modernes pourrissent la vie du personnel de cantine. Il n’y avait pas tant de chichis autrefois, quand on apprenait à goûter à tout et quand on découvrait le self-service. Bien avant encore, la cantinière s’occupait de tout, des courses jusqu’au nettoyage complet des locaux.
Après l’évolution des activités sportives, on termine avec la fête de fin d’année de l’école que personne n’avait peur d’appeler kermesse.

Avec son graphisme universel qui parle à toutes les générations, Bruno Heitz signe l’un des plus beaux livres d’Histoire sur l’école. Un brin nostalgique mais avec la conscience qu’il faut évoluer avec la société, l’album démontre comment l’institution a été, est et sera toujours la base de la formation du citoyen, comment on y a appris, comment on apprend et comment on apprendra à vivre ensemble et… à apprendre.
One shot : L’école d’aujourd’hui… d’hier… et d’avant-hier !
Genre : Documentaire
Scénario, Dessins & Couleurs : Bruno Heitz
Éditeur : Le Genévrier
Collection : Carte blanche
Nombre de pages : 48
Prix : 14 €



