Marathon 1904
« -On fait démarrer le marathon en début d’après-midi !
-Aux heures les plus chaudes ? Brillante idée !
-On devrait facilement atteindre les 32 degrés !
-Et un 30 août, le taux d’humidité sera certainement très élevé ! »
30 août 1904, Saint-Louis, Etats-Unis. Le marathon des Jeux Olympiques va se tenir. Ils sont trente-deux coureurs sur la ligne de départ. Il y a des sportifs, des iconoclastes, des participants auxquels on ne s’attendait pas. Tous ont pour point commun d’être des coureurs invétérés. Les américains ont une revanche à prendre. Quelques années plus tôt, à Paris, la France a gagné deux fois plus de médailles que les Etats-Unis. Pour eux, ces maudits européens ont triché. Cette fois, l’Amérique a bien l’intention d’organiser des jeux modernes avec des infrastructures innovantes et des épreuves taillées sur mesure pour des surhommes qui se surpasseront et atteindront des sommets, bref, pour les jeunes sportifs américains.
Parmi les inscrits, on trouve Andarin Carvajal, l’homme qui voulait faire la sieste, facteur à Cuba. Il y a Thomas Hicks, l’homme qui ne voulait plus être deuxième, compétiteur jusqu’au bout des ongles. Sont également au départ Len Taunyane et Jan Mashiani, deux afro-américains qui combattaient l’un contre l’autre lors de la seconde guerre des Boers en 1901 dans le Transvaal. Frederick Lorz, quant à lui, est un coureur… de jupons, habitué à échapper aux maris jaloux. Il y a même un français, Albert Corey, qui n’a rien à faire là vu que la France n’a pas envoyé de délégation. Ils diront donc qu’il est américain. La course va délibérément démarrer sous une chaleur écrasante. Les organisateurs en ont fait un laboratoire à taille humaine pour tester sur les engagés les effets de la déshydratation sur des sportifs de différentes « races ». Les athlètes n’étaient rien moins que des cobayes. Terrain vallonné et poussiéreux, un seul point de ravitaillement en eau, dopage organisé : la course du siècle restera dans les annales.
Kid Toussaint écrit une BD presque-reportage qui a tout d’une comédie dramatique. Il la met en scène avec l’efficacité qu’on lui connaît. Cette course hallucinante a bel et bien eu lieu, tellement improbable qu’il était impossible de l’inventer. Elle restera mythique non seulement pour ses conditions d’organisation, mais également pour les personnalités de quelques-uns de ses participants. En fin d’album, un cahier documentaire ancre le récit dans son contexte historique. Le marathon le plus dangereux de l’histoire s’est tenu là, à Saint-Louis et dans ses alentours, sur les rives du Mississippi. Qui de mieux qu’un dessinateur au trait hyper-dynamique pour mettre en scène une telle compétition ? José-Luis Munuera était l’homme providentiel pour la dessiner dans la poussière des couleurs impeccables de Sedyas.
La course du siècle est l’un des événements de cette fin d’année, un album surprenant, étonnant, et pourtant basé sur des faits incroyablement réels. Bref, un indispensable. S’il vous reste une idée de cadeau à trouver, elle est là !
One shot : La course du siècle
Genre : Comédie dramatique
Dessins : José-Luis Munuera
Scénario : Kid Toussaint
Couleurs : Sedyas
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808205825
Nombre de pages : 96
Prix : 19,95 €