Un parfum de Jackie Brown
« -Charlie ! Oh, Charlie, ça fait deux blocks que je te cours après !…
-Moi ?
-Charlie, Charlie ! Ça faisait si longtemps !
-Je, tu, vous… Vous êtes sûre de ne pas vous tromper de Charlie ?
-Oh, baby ! Fais pas l’idiot… Charlie, quoi !?… »
1969. New-York, Time Square. Une hippie embrasse un homme dans la rue. Elle reconnaît en lui Charlie. L’homme, tiré à quatre épingles, ne semble pas la remettre. Quelqu’un profite du baiser volé pour s’emparer de la mallette de Charlie et de son portefeuille. Le voleur, Cosby, monte dans un taxi et lui demande de filer vers le Nord, sur la 6ème avenue, jusqu’au Lincoln Center. Dans le véhicule, il ouvre la valise, remplie de livres de comptes. Quand il en sort, il ne remarque pas immédiatement qu’il en a laissé un à l’intérieur. Tout cela est le début d’un haletant « Cherchez Charlie », ou plutôt, « Cherchez la mallette de Charlie », au cœur de la Grosse Pomme, entre les truands et les flics, les dealers et les travelos. Si ce livre de compte est tant recherché, c’est parce qu’il est la propriété de Tony Zardella, parrain de la mafia, et qu’il prouve qu’il se fait détourner son fric pas très honnêtement gagné.
On connaissait Emmanuel Moynot, entre autres, pour ses polars noirs, comme Bonne fête, maman !, Qu’elle crève la charogne ou Pendant que tu dors, mon amour. Avec Cherchez Charlie, il invente le polar pop. Dans une narration à la Tarantino, le Tarantino de Jackie Brown, Moynot livre une comédie dramatique très seventies dans laquelle plane l’ombre de Pam Grier et de John Travolta. Si Moynot emprunte l’époque à Jackie Brown, qui rappelons-le est à l’origine un roman d’Elmore Leonard, il en emprunte aussi le ton et le principe de narration, avec certaines scènes que l’on revit par le prisme d’un autre personnage. Ici, le personnage principal n’est ni Cosby, ni Charlie, ni Andy, l’agent du FBI, mais c’est ce cahier de comptes qui va passer de mains en mains et se trouver taché de sang.
Depuis quelques années, Moynot multiplie les expériences. Il a repris Nestor Burma. On vient de le laisser dans la savane avec des philosophes. Il n’y avait qu’un pas pour qu’il mette de l’humour dans le polar. Attention, il y a de l’humour, mais il n’y a pas de gag. Tout reste plausible dans un univers qui flirte avec le psychédélique, où l’on ne s’offusque pas de trouver une zigounette sur un corps de femme, où les flics et les hors-la-loi se tirent dessus autant qu’ils peuvent baiser ensemble. Et pour finir, sans spoiler, Moynot relie son histoire au plus grand événement beatnik qui ait existé.
Cherchez Charlie et cherchez le bien. Si vous tombez sur une mallette ou sur ne serait-ce qu’un livre de compte, ça pourrait vous rapporter gros… ou vous apporter des ennuis.
One shot : Cherchez Charlie
Genre : Polar
Scénario, Dessins & Couleurs : Emmanuel Moynot
Éditeur : Sarbacane
ISBN : 9782377319176
Nombre de pages : 96
Prix : 19 €