Secret de famille
« -Bonjour. Ce sera au nom de Sœur Linh, de la congrégation des amantes de la Croix, au Vietnam. Je ne suis que passagère aux missions étrangères de Paris, mais je serai ravie de lire votre ouvrage pendant mon retour.
-Je suis flatté de découvrir que j’ai des lectrices jusqu’en Asie !
-Excusez-moi si je suis indiscrète, mais… Auriez-vous de la famille en Indochine ? Je connais une aidante de la congrégation de Nam Dinh qui vous ressemble… avec quelques années de plus.
-Ah bon ? C’est toujours étonnant, les ressemblances. J’imagine que nous devons tous avoir un sosie quelque part dans le monde… »
Ce samedi, Mademoiselle J. est en dédicace exceptionnelle à la librairie Delamain. Une jeune sœur vietnamienne vient se faire signer un livre car elle trouve une ressemblance étonnante entre l’autrice et une aidante qu’elle a connu en Indochine. La conversation ne peut aller plus loin parce que la religieuse s’enfuit par l’arrière-boutique au moment où un homme armé entre pour l’éliminer. Remise de ses émotions, Juliette s’aperçoit qu’une enveloppe a été glissée dans son sac. Il est écrit : « Je vous en prie… Sœur Marthe… En mains propres. ». Elle décide de se rendre à la congrégation d’où venait la nonnette pour y rencontrer cette fameuse Sœur Marthe, qui est la Mère Supérieure. La rencontre sera infructueuse, la dame ne semblant pas inquiète des événements, y voyant là un imbroglio.

C’est le docteur De Lannoy, son médecin de famille, qui va donner à Juliette des informations qui vont tisser des liens entre les événements qui viennent de se passer. Il montre à l’écrivaine une carte postale envoyée du Tonkin en Indochine en 1918, et signée Solenn de Jonchère, sa mère, alors qu’elle est censée être morte en 1916. Vrai ou faux ? Le doute subsiste. D’après le médecin, son père aurait maquillé la disparition de sa mère. De la Bretagne à Saïgon, Juliette va partir sur les traces de son passé et d’un secret familial. Elle va même retrouver une ancienne connaissance et se découvrir des liens inattendus.

On retrouve Mademoiselle J. dix ans après l’avoir quittée après son voyage au fin fond des steppes sibériennes. C’est dans un autre voyage qu’on l’accompagne à présent. Yves Sente est toujours aussi bavard mais on n’a pourtant jamais l’impression de trop, cela parce qu’on est plongé d’emblée dans l’intrigue, sans perte de temps, avec une efficacité jacobsienne. Laurent Verron maîtrise son trait assuré, glissant de la ligne claire vers un trait plus ombré. Cerise sur le gâteau, les auteurs n’oublient pas que la série est issue de ce qui était au départ un one shot : Il s’appelait Ptirou, et dont le fantôme revient comme ange gardien de temps en temps derrière l’épaule de l’héroïne.

Aventureuse, émouvante, énigmatique, Mademoiselle J. s’impose comme une série solide et de référence. Il reste un tome pour clôturer le cycle et on a déjà un petit pincement au cœur à l’idée de terminer le voyage de sa vie. En attendant, accompagnons-la aux sources de celui-ci.
Série : Mademoiselle J.
Tome : 4 – 1955. Le bonheur de dire Maman
Genre : Aventure historique
Scénario : Yves Sente
Dessins : Laurent Verron
Couleurs : Isabelle Rabarot
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808505857
Nombre de pages : 64
Prix : 16,95 €



