Laisse les gondoles !
« -Quelque chose de très mauvais se prépare. Des forces maléfiques sont à l’œuvre. Quelque chose qui vient d’au-delà de la mort…
-Tu crois aux fantômes, maintenant, Hugo ?
-Il y a pire que les fantômes. Oui, il y a Venise… Et cette ville est la mienne. Je la protégerai à tout prix.
-Je t’aiderai.
-Nous allons avoir besoin de toutes les forces possibles… »
La Sérenissime est menacée. Une démente aigrie nommée Lucrèce, descendante des Da Vinci, menace de détruire Venise. La fourbe a bien l’intention, une fois la rançon obtenue, d’engloutir la cité sous les flots. Lucrèce a préparé une mixture capable d’attirer dans la lagune de terribles prédateurs, des dragacudas de l’Adriatique. Manque de bol, ça tourne mal pour elle et la folle se fait dévorer par les bestioles qu’elle a attirées. A Venise pour signer la célèbre diva Jessye, Fourmille Gratule voit son corps possédé par l’esprit de Lucrèce, qui trouve là l’occasion de finaliser ses plans machiavéliques. Sigisbert de Motafiume, le preshaun chargé de veiller à l’équilibre du monde miroir, raconte l’histoire à la sérenissime pontife. Cleto Farnese et Hugo ont-ils accepté de l’aider à résoudre le problème ?

On le redit, Ekhö monde miroir, c’est la Terre, mais en fait non. Chaque épisode amène Fourmille et Yuri dans une ville, comme si elle était de notre monde, mais qui est en fait dans le monde miroir. Chaque histoire est indépendante et dans chacune d’entre elles l’esprit de Fourmille est occupé par un ectoplasme dont il faut résoudre le problème afin que l’héroïne soit libérée de son hôte. Dans cet épisode, Fourmille est seule. Seule ? Pas vraiment. Si Yuri est absent, Sigisbert veille sur elle, bien que ça ne l’arrange pas forcément parce qu’il va être contraint de faire appel à un ex à lui, un marin, accompagné d’un humain, Hugo, marin lui aussi. Les deux personnages sont les avatars de Corto Maltese et Hugo Pratt. Ça permet de lire une histoire intéressante avec le célèbre marin.

Ekhö monde miroir est une série d’héroïc-fantasy drôle, originale, intelligente et subversive. La marque Christophe Arleston y trouve toute sa spécificité. L’auteur développe son savoir-faire dans des histoires finement menées, avec humour et aventure dans un équilibre parfait. Le scénariste montre son petit côté provocateur, posant les pieds hors des sentiers battus. Là où, dans Astérix, faire parler le pirate Baba avec des « R », c’est du wokisme pur et dur, quand Arleston psychanalyse un personnage homosexuel, c’est rigolo, respectueux, et ça fait avancer les mentalités. Sous les couleurs merveilleuses (comme Venise) de Nolwenn Lebreton, Alessandro Barbucci fait encore une fois des merveilles (comme Venise…du temps de sa splendeur).

Fourmille Gratule parcourt le monde à la merci d’esprits qui la possèdent. Nous, lecteurs, sommes possédés par le sien. Ekhö monde miroir est bien plus fantastique que notre monde à nous.
Série : Ekhö monde miroir
Tome : 13 – Les chimères de Venise
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Christophe Arleston
Dessins : Alessandro Barbucci
Couleurs : Nolwenn Lebreton
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302102439
Nombre de pages : 52
Prix : 15,95 €



