Un chien pour la vie
« -Cédric, tu travailles ?
-Tu vois, Marie ? Même les profs de gym doivent préparer leurs cours !
-Je cherche un nom pour un cabot que je vais adopter.
-Ah ! L’aventurier nomade commence à prendre des responsabilités !
-Si tu penses à trouver une compagne, tu sais où j’habite, beau gosse…
-Chère Madame, je vous rappelle que vous nagez dans le bonheur en étant marié avec moi.
-Le bonheur est surestimé.
-C’est pas une tâche facile. Il faut un nom court, qui claque… et qui ait du sens. »
La trentaine rugissante, Cédric est un professeur d’EPS passionné et adepte de montagne. Alors, lorsqu’il cherche un nom pour le chien qu’il va adopter, quoi de mieux qu’un nom court, qui claque et qui ait du sens, donc du lien avec sa passion. Il a trouvé, quatre lettres, comme de la terre au feu, deux syllabes fuyant la lumière mais ne refusant pas les éclats du bonheur, l’animal s’appellera Ubac. Quelques jours plus tard, il ramène chez lui une adorable petite boule de poil, qui ne restera pas petite et bouleversera sa vie, un magnifique bouvier bernois qui sera un compagnon de route inestimable.

Ce ne sont seulement dans les balades en forêt qu’Ubac va accompagner Cédric. Ce dernier va aussi l’amener en cours, avec ses élèves, au grand dam de l’inspecteur de l’éducation nationale qui ne va pas tarder à le lui reprocher, tout comme il déplore que l’enseigne fasse sortir les enfants de l’école pour les emmener en montagne, à un jet de pierre de l’établissement. Il le menace de le déplacer s’il ne suit pas une formation professionnelle. Décidément, ce n’est pas une bonne période pour Cédric, lui qui vient de se faire virer de son appartement parce que le bail, soi-disant, n’autorisait pas les chiens. Il va trouver son salut grâce à un couple de retraité qui lui propose de le loger dans une partie du logement qu’ils viennent d’acheter pour ne pas passer leur retraite à Paris. Le karma semble de nouveau tourner dans le bon sens, d’autant plus qu’il a rencontré une sympathique jeune photographe dans un parc.

Son odeur après la pluie est l’une des plus belles histoires d’amour qui ait été écrite entre un homme et son chien. José-Luis Munuera, non content d’être l’un des meilleurs dessinateurs du moment, confirme ici qu’il est aussi l’un des meilleurs adaptateurs de romans. Après Melville, Dickens et Barrie, c’est un auteur contemporain qui lui offre aujourd’hui matière à un album marquant dont le héros du quotidien est un bouvier bernois, race de chien de berger qui autrefois gardait le bétail et tirait des charrettes de lait. Ubac est le compagnon des promenades de Cédric, mais aussi de celles du lecteur. Graphiquement, Munuera laisse également éclater son talent dans les scènes d’escalade en montagne.
Si un travail est à souligner particulièrement dans cet album, c’est celui de Sedyas. Et pas seulement dans les rochers blancs-bleus aux reflets jaunes d’un soleil éblouissant les yeux. Dans des planches grisâtres, seul Ubac apparaît en couleurs. La scène des retrouvailles avec Mathilde est particulièrement bien pensée dans ce sens où Sedyas montre comment l’animal illumine la vie des gens qui croisent sa route.

Une vie avec un chien, ce sont de nombreuses joies, mais aussi quelques peines. On suivra le destin d’Ubac jusqu’au bout, avec une inévitable petite larme à la fin, mais pour combien de bonheur. Avec cette histoire, Cédric Sapin-Defour se promène une dernière fois avec Ubac. En acceptant cette adaptation par José-Luis Munuera, il ne se doutait pas que le dessinateur allait lui offrir une éternité. Magnifique.
One shot : Son odeur après la pluie
Genre : Biopic canin
Scénario & Dessins : José-Luis Munuera
D’après : Cédric Sapin-Defour
Couleurs : Sedyas
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 136
Prix : 22,95 €