Une année dans la peau d’un AESH
« -Je suis contente que vous soyez là, Monsieur Faillez. Vous ne pouvez pas savoir comme c’est la croix et la bannière pour trouver quelqu’un. Madame Tramont commençait à se désespérer. Ça fait pas rêver grand monde, AESH. Et pourtant, c’est un beau métier. (…) Donc tout à l’heure, pour la réunion, rien à préparer, hein. L’idée, c’est vraiment de voir comment on va s’organiser pour intégrer le jeune au mieux. »
Ivan Faillez démarre aujourd’hui son nouveau job. Il a été recruté en tant qu’AESH pour la classe Ulis d’un collège. Pendant toute une année, et plus si affinités, il va accompagner des élèves en situation de handicap dans leurs apprentissages en classe. Il va répéter les consignes de l’enseignante, les reformuler. Il va les aider à gérer le stress. Il va surtout être attaché à Matisse, un nouvel élève qui arrive bientôt. C’est Pauline qui est l’enseignante du dispositif. En effet, l’Ulis est un dispositif de soutien, et non pas une classe en tant que telle. Les élèves qui fréquentent le dispositif sont parfois en inclusion dans une classe ordinaire, pour certaines matières.

Après avoir été déscolarisé en fin d’école primaire, Matisse va devoir réapprendre à vivre en communauté. Il est très stressé et fait du flapping. Au fil des jours, après avoir fait sa connaissance en ESS (équipe de suivi de scolarisation), Ivan va lui donner confiance en lui. Il va gérer les crises de panique et son intégration dans la classe. Au fil des jours, Ivan va découvrir une nouvelle famille. Il faut dire que pour lui, ça n’a pas été tous les jours facile. Séparé de sa compagne, il sort d’un burn-out. Il travaillait dans l’informatique. D’ailleurs, il hésite encore à y retourner. L’année se clôturera par une classe verte à la Dune du Pyla. Ivan rempilera-t-il pour une rentrée supplémentaire ?
Fabien Toulmé maîtrise son sujet. Sa fille Julia est suivie par une AESH. L’auteur s’est donc trouvé confronté aux promesses de l’institution et aux limites des aides apportées. Pour l’écriture de ce projet, qui à la base devait être un film, il a passé du temps à l’Ulis du collège Aliénor d’Aquitaine à Bordeaux, en immersion.

« Aux enfants extraordinaires, à leurs parents et aux professionnels passionnés et investis à leurs côtés. » La dédicace de Fabien Toulmé en début d’album donne le ton. Le livre est la reconnaissance d’un métier indispensable pourtant déconsidéré par les institutions. Etre AESH, aide aux élèves en situation de handicap, ça ne peut se faire que si on a foi en la personne humaine. Envoyés sur le terrain avant toute formation, il faut qu’ils aient de l’empathie pour ces enfants dont ils vont s’occuper. Face à des cas difficiles, très difficiles parfois, des enfants qui, pour certains, peuvent s’avérer violents, il en faut du courage pour ne pas baisser les bras car au final, quelle que soit leur pathologie, ces enfants sauront se montrer attachants. Etre AESH, c’est aussi savoir travailler en équipe. Et pas uniquement pour les AESH, pour les enseignants aussi. Bref, AESH, c’est un travail de groupe, que ce soit en école primaire ou au collège, que ce soit en classe ordinaire ou en Ulis, en accompagnement individualisé (l’AESH suit un seul élève) ou mutualisé (l’AESH suit plusieurs élèves).

Ulis, c’est une année dans la peau d’un AESH. Avec ses joies, avec ses peines, avec ses doutes, avec ses victoires, Ulis est un docu-fiction magistral.
One shot : Ulis
Genre : Docu-fiction
Scénario, Dessins & Couleurs : Fabien Toulmé
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413088165
Nombre de pages : 312
Prix : 27,95 €