Les clés de la vie
« -Qu’est-ce qu…
-Papa, maman ! Elle est apparue subitement ! Est-ce que c’est … ?
-Oh !
-Ah !
-Oui mon fils, c’est la clé de l’appel.
-Ça veut dire qu’il est temps… Il est temps pour toi… »
Ascelin est un renard bien coquin. Aujourd’hui, l’ado sèche les cours, préférant flâner dans les allées de la fête foraine. Il est roublard. Il consomme, ne s’acquitte pas de tout ce qu’il doit, en particulier à Drouin, le marchand de douceurs. C’est bien le fils de son père, le vaurien. Si sa mère ne cautionne pas l’école buissonnière, le pater familiae excuse son fils. Il lui avait promis de s’occuper du stand de voyance. Il y a des pigeons qui attendent. Voilà donc le rejeton déguisé en voyante (hommage non dissimulé au Robin de Disney), parti lire les lignes de la main pour deux séquins par personne. Si sa mère s’inquiète plus pour son avenir que son père. Les parents vont être mis d’accord par une apparition subite, celle de la clé de l’appel. Cela signifie qu’il est temps pour Ascelin d’accomplir son Folklore.

A travers le monde, chaque adolescent doit un jour accomplir son Folklore. Matérialisée par l’apparition d’une clef magique, cette coutume signe le début de l’émancipation de l’enfant qui doit partir en voyage pour trouver sa propre voie dans la vie. Le jeune appelé se soumet alors à un rite d’apprentissage au sein de Bäbel, capitale cosmopolite et cité de tous les possibles, afin de déterminer quelle sera sa place parmi les autres. Voici le pitch de la nouvelle série concept que lancent Loïc Clément et Anne Montel, les nouveaux phares de la bande dessinée animalière, dont les deux premiers tomes paraissent simultanément : Le renard de Roman et La mécanique des rêves. Ils peuvent se lire dans n’importe quel ordre.
Dans le deuxième épisode, Gayatri, une panthère princesse, ne comprend pas pourquoi, à Jaïpura, tous les habitants ne naissent pas égaux. Son père lui explique qu’elle est au sommet de la pyramide sociale. Les personnes et leur rôle dans la société sont décrits au travers de leur varna. Le système des castes permet la reconnaissance par la société de l’identité culturelle de chacune des communautés qui la composent. Gayatri ne l’entend pas de cette oreille. Un jour, elle sera assez compétente pour réparer le mécanisme enrayé de l’horloge. Son père ignore que la clé de l’appel lui est apparue. Elle va partir faire son Folklore. Les trois petits éléphants qui décorent l’horloge en sont tout excités. Lorsqu’il va l’apprendre, son père, frustré de ne pas avoir pu réaliser ses rêves, va tout faire pour donner à sa fille les moyens de ses ambitions en l’envoyant en apprentissage chez Piccolo, vieux maître réparateur.

Après Mauvais sang, un conte des cœurs perdus, Lionel Richerand retrouve Loïc Clément. Il dessine l’aventure d’Ascelin. Le renard va se trouver au cœur d’un lourd secret de famille qu’il va tenter non seulement de comprendre, mais aussi de réparer. Un adolescent peut-il soigner des plaies familiales passées ? Sa mère a été reniée par ses parents et a tenté en vain d’entamer une correspondance avec sa propre mère aujourd’hui décédée. Ascelin va comprendre que l’on est parfois victime de paramètres que l’on ne maîtrise pas et qu’il faut par conséquent se méfier de ce qui peut sembler être des évidences. Sera-t-il le ciment qui va « réparer » la famille ? Ce n’est pas innocent si dans une bibliothèque il prend en mains l’album Mitsuko du même scénariste.

Maud Begon, autrice entre autres du Jardin secret, s’empare du dessin et du destin de la féline Gayatri. La mécanique des rêves est une histoire d’émancipation et de confiance en soi. A quel moment se défait-on de ce qui nous raccroche à l’enfance ? D’ailleurs, pourquoi faudrait-il le faire ? Ça, ce n’est pas nous qui le décidons. On ne choisit pas le moment où l’on quitte l’adolescence, et si on le fait, c’est parce que la vie nous a fait la démonstration qu’on en était capable. C’est ce qu’on apprend avec l’histoire de Gayatri. Pour autant, les auteurs nous rassurent : ce qui nous a construit ne nous quitte jamais.

Folklore est une série concept aux histoires indépendantes. L’histoire d’Ascelin est tournée vers le passé, celle de Gayatri vers le futur, mais toutes deux ont pour point commun de montrer des transitions, des transmissions entre l’adolescence et l’âge adulte. C’est ça, le Folklore. Trois autres tomes sont déjà annoncés, dessinés par Clément Lefèvre, Anne Montel et Nancy Peña. Sous une maquette sublime, les auteurs prouvent que la bande dessinée animalière intelligente tous publics a encore de beaux jours devant elle.


Série : Folkore
Tomes : 1 – Le renard de Roman / 2 – La mécanique des rêves
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Loïc Clément
Dessins : Lionel Richerand / Maud Begon
Couleurs : Grelin & Lionel Richerand / Grelin
D’après l’univers de : Anne Montel & Loïc Clément
Éditeur : Dargaud
ISBN : 97822052028-30 / -47
Nombre de pages : 56
Prix : 17,50 €