Les saisons de la cavalière
« -Vassily ! Je ne t’ai pas entendu entrer.
-Quelle concentration ! Je n’en attendais pas moins de ma meilleure élève.
-Ne te moque pas, Vass. D’abord, je ne suis plus ton élève. La vue est tellement belle que je n’ai pas pu résister. Qu’en penses-tu ?
-Très beau tableau. Murnau est un endroit très joli et pittoresque. Parfait pour peindre… Tu ne crois pas, ma chère Ella ? »
Murnau est un bel endroit. La lumière est si singulière. Les montagnes et les prairies apparaissent sous un jour nouveau. Gabriele Münter s’y est installée avec son amoureux, un certain Vassily Kandinsky. C’est l’hiver dans ce val paisible, alors qu’Hitler mène une fronde contre l’Art. C’est l’hiver, l’hiver dans tous les sens du terme, la saison neigeuse au paysages immaculés, mais c’est aussi l’hiver d’un monde, un monde en passe d’être étouffé par la barbarie nazie. Alors, Gabriele revient au fil de saisons sur sa vie, en commençant par son arrivée à Murnau, au printemps., puis l’été avec ses invités Marianne et Jawl sous le climat idéal du Staffeisee. La maison est modeste et sans confort, mais elle est si accueillante. A l’automne, c’est un séjour à Paris, avant de retrouver un nouvel hiver, celui de la vie.

D’après le site Ars Mundi, spécialisé dans l’art, née en 1877, Gabriele Münter était une peintre allemande du mouvement expressionniste. Membre de la Nouvelle Association des artistes munichois, elle a été la compagne de Vassily Kandinsky. Elle réussit à sauver une grande partie de ses œuvres durant la guerre puis l’après-guerre, et les rendit publiques en même temps que d’autres œuvres de ses amis artistes du mouvement du Cavalier Bleu, ainsi que quelques-unes de ses propres œuvres. Lorsqu’elle acheta en 1909 une maison à Murnau, qu’elle et son compagnon Kandinsky habitaient pendant l’été, cette demeure idéalement située se transforma en un centre de l’Avant-garde allemand défini comme « l’époque Murnau ». Au début de la Première Guerre mondiale et après sa séparation de Kandinsky, Münter vécut des années mouvementées. En 1931, elle déménage définitivement à Murnau. Elle y meurt en 1962, depuis longtemps considérée comme la peintre la plus importante de l’expressionnisme.

L’autrice espagnole Mayte Alvarado dresse un portrait émouvant d’une figure oubliée de la peinture du XXème siècle. Le jeu des saisons permet d’intégrer des œuvres de l’artiste au récit. Alvarado s’approprie ainsi certains tableaux comme Petit-déjeuner des oiseaux (1934), Vue de la fenêtre de Griesbraü (1908), Promenade en canot (1910) ou encore entre autres Arbre au bord de la Seine (1930). Intégrant de longs passages contemplatifs, l’album apporte même quelques petites touches impressionnistes pour décrire l’expressionniste qu’était Münter. Alvarado s’avère être tout autant une peintre elle-même qu’une dessinatrice. Nombre de ses cases sont elles-mêmes des tableaux qui pourraient être exposés.

Jusqu’au 24 août, une exposition Gabriele Münter Peindre sans détours met l’artiste à l’honneur au Musée d’Art Moderne de Paris et apprend à connaître l’artiste. A lire en écoutant « Là où les montagnes si bleues » issue du cycle de lieder pour voix et piano : A la bien-aimée lointaine, de Ludwig Van Beethoven, Gabriele Münter Les terres bleues apprend à connaître la femme.
One shot : Gabriele Münter Les terres bleues
Genre : Biopic
Scénario, Dessins & Couleurs : Mayte Alvarado
Éditeur : Seuil
ISBN : 9782021596540
Nombre de pages : 96
Prix : 19,90 €