Paris vaut bien une mèche
« -Votre Majesté m’a fait demander ?
-Nous avons un souci, Monsieur mon médecin ! Votre remède secret ne fait plus effet ! Je ne peux plus me passer de mon porte-pot. Des envies pressantes me prennent à tout moment et ne me laissent faire que trois gouttes qui ne me soulagent guère.
-Vos problèmes de rétention se seront réveillés, Sire. Je vous avais imploré de retenir vos ardeurs avec ces dames.
-Il se trouve que je dois disputer une partie de paume dans ce fameux tripot de la sphère. Je compte sur vous pour ne pas avoir à m’éclipser tous les deux coups de raquette. »
1594, le bon roi Henri, Henri IV, est enfin arrivé à Paris. La Renaissance tire sa révérence, pendant qu’une époque moderne s’installe. Quand on pense que certains consultent encore des voyants et des rebouteux alors que la médecine véritable est en plein développement. Ça tombe bien, le roi a des problèmes. Il est là pour séduire le peuple de la capitale. Il n’est pas bon d’étaler ses problèmes urinaires qui pourraient écorner son image. Le roi a sans cesse des envies pressantes. Les remèdes habituels ne font plus effet. Il doit disputer bientôt une partie de jeu de paume et compte bien sur son médecin pour qu’il n’ait pas à s’éclipser tous les deux coups de raquette. Pendant ce temps, Mathilde, une jeune femme s’approchant de ses dix-huit ans, consulte sa tante, Bertille du Livarot, une voyante qui soigne les corps et l’âme. Elle lui prédit qu’elle rencontrera l’amour en la personne du premier à qui elle adressera la parole et un sourire. Sera-ce le roi, ou bien Thibault, ce joli saltimbanque, épicurien et un brin hypnotiseur ?

Après le cul de Louis XIV, dans Le royal fondement, la face cachée du roi Soleil, des mêmes auteurs, le zizi d’Henri IV est à l’honneur dans ce témoignage drôle et cocasse d’une petite histoire de l’Histoire de France. Philippe Charlot signe une comédie savoureuse. Il offre à Henri IV, puissant parmi les puissants, une fragilité humaine. Dans la scène anthologique de « la mèche », on a mal pour lui, et on tourne de l’œil avec lui. Pour l’époque, il n’y avait pas de médecine plus efficace. Il payait là ses errements sexuels, courant le guilledou à droite et à gauche. Il y a du Rostand et du Molière dans les situations et les dialogues du scénariste dans une mise en scène qui n’aurait pas déplu aux grands tragédiens comiques. Ajoutez de la musique et Offenbach pourrait toquer à la porte.

Le réalisme souple d’Eric Hübsch sert à merveille le côté comédie de l’histoire. Les couleurs de Sébastien Bouet scandent les ambiances. En fait, tout de cet album est synthétisé dans sa couverture. A la manière d’une affiche de cinéma présentant les principaux personnages dans des mises en scènes issues de l’aventure, elle invite à découvrir les différents protagonistes et voir ce qui va leur arriver. Au milieu, le portrait rieur du monarque aguiche le lecteur. Avant d’ouvrir le livre, on sait qu’il va y avoir du mystère, du suspens, des manigances, et qu’on va aussi s’amuser.

Mathilde trouvera-t-elle l’amour ? Le bon roi Henri guérira-t-il de ses maux urinaires ? On ne va pas vendre la mèche. Découvrez-la dans cet album truculent.
One shot : La chandelle du bon Roy Henri
Genre : Comédie historique
Scénario : Philippe Charlot
Dessins : Eric Hübsch
Couleurs : Sébastien Bouet
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 971041100828
Nombre de pages : 64
Prix : 16,90 €