Peuple recherche asile
« -Anansi ?! Qu’y a-t-il ?!
-M… M… Malédiction !! Le démon pâle de mes visions !! Petit, tu veux notre mort à tous ? Qu’est-ce qui t’a pris d’invoquer ce démon ?
-M… Mais non ! Je l’ai trouvée échouée sur la plage !
-Et tu l’as ramenée ici ?! C’est une catastrophe, Monseigneur ! Le mal a déjà pénétré au sein de notre village !! Et par la main de votre propre fils ! Quelle tragédie !! »
Kéli rentre au village avec une jeune femme inanimée dont un membre n’est pas de chair mais de terre froide. Elle porte une prothèse mécanique en guise de bras droit. Le peuple de Bao’ré ne connaît pas ce type de technologie. Afin d’éviter la colère du grand Ilgwé, le sorcier Anansi suggère de se débarrasser le plus rapidement possible de ce démon. La miraculée ne verra son salut qu’en l’intervention de la grand-mère de Kéli qui, en sa position de vieille sage, ordonne que l’on soigne l’humaine, car elle est bien humaine. Quelques jours plus tard, l’étrangère à la peau blanche se réveille. Si Kéli a du mal à la comprendre, ne parlant pas le même langage, Padiki arrive, elle, à entrer en communication. Elle s’appelle Heidi Hartmann. Que lui est-il arrivé ? Comment a-t-elle échoué sur la plage ?

En initiant Heidi au Katafali, guide de vie amenant à l’harmonie, Kéli va percevoir ses émotions comme si c’était les siennes. Leurs esprits vont être reliés. Heidi est issue du peuple Eisenvolk. Elle vient d’un pays lointain caché dans les montagnes, une terre glacée sans lumière et sans vie où les siens ont été exilés. Leur technologie leur a permis de survivre dans ce milieu hostile où ils ont fondé des familles, jusqu’au jour où, sur le point de découvrir une source d’énergie illimitée, ils ont été attaqués et ont dû s’exiler. Ils ont organisé plusieurs expéditions pour trouver une nouvelle terre d’accueil. Méfiant quant à ses intentions, instrumentalisant Yao, frère de Kéli et lion trop fier de sa crinière, Anansi se positionne en rempart contre ces envahisseurs qui pourraient s’emparer de l’île.

En deux volumes seulement, si l’on excepte sa vie précédente en auto-édition, Red Flower s’est installé comme une série exotique surprenante, prenant le lecteur à contre-pied en l’amenant sur des chemins qu’il ne soupçonne pas. Une île au milieu de l’océan. Une tribu locale et ses coutumes. Les animaux, la nature, les traditions, tout cela aurait pu rester bucolique et planplan. Pas du tout. Loui a su rapidement apporter à son récit l’élément perturbateur qui a fait voler en éclat ce havre de paix. Le fantastique reste spirituel et cohérent. C’est la technologie qui va chambouler ce petit monde. Le mangaka fait se rencontrer deux univers qui n’avaient rien pour se croiser. Tout cela l’amène à traiter d’un phénomène de société bien actuel : celui des migrants, invitant les lecteurs à se poser la question : Et nous que ferions-nous ? Serions-nous des Yao ? des Anansi ? des Kéli ? Protéger ou se protéger ? Qu’est-ce qu’une menace ? Et d’abord, en est-ce une ?

La fleur rouge de Red Flower saigne d’avoir un choix à faire. Dans un graphisme digne des meilleurs mangakas, Loui signe une série dépaysante et intelligente. A suivre de très près.
Série : Red Flower
Tome : 2 – Le lion trop fier de sa crinière
Genre : Initiation tribale
Scénario & Dessins : Loui
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344053492
Nombre de pages : 240
Prix : 7,90 €