Sortir d’une compassion pour une dépression
« -Lorsqu’on garde quelque chose, c’est qu’on l’aime.
-Pardon ? Vous m’avez parlé ?
-Oui. J’ai dit : lorsqu’on garde quelque chose, c’est qu’on l’aime. Tu viens ici tous les jours avec ta tristesse. Tu ne l’oublies jamais. C’est donc que tu l’aimes.
-Non, justement, non.
-Je t’assure que si. »
Autour d’un puzzle et d’une tasse de thé, la jeune Naori, infirmière, raconte à Chantal, écrivaine de son état, et ses amis comment une personne qui a changé sa vie lui a fait comprendre à quel point les petits bobos, les maladies, tout ça, pouvaient avoir du sens. Elle a appris à écouter ce que son corps lui racontait. L’histoire commence quelques mois plus tôt au Japon. Ayant tout abandonné pour repartir à zéro, ne sachant pas vraiment quoi faire de sa nouvelle vie, elle fréquentait souvent un calme jardin paysager. Emprisonnée par sa dépression qui n’a pas l’air décidée à la quitter, se rendant compte de la situation, un tailleur de bonsaï lui affirme que si elle vient ici tous les jours avec sa tristesse, c’est qu’elle l’aime. Si lui est heureux, c’est parce qu’il conçoit la vie comme son métier. Il ne créé pas la beauté mais la fait apparaître en enlevant tout ce qui gêne, tout ce qui est encombrant, comme on taille un arbuste miniature. Naori lui avoue ne pas avoir le moral. Mais que fait-elle pour que les choses changent ?

Le jardinier lui propose de se rendre au Cambodge à la rencontre d’une personne qui pourrait l’aider à résoudre ses problèmes. Y trouvera-t-elle le sens de sa présence sur Terre ? Là-bas, Chea, la fille adoptive de Rosangela, la conduit jusqu’à chez sa mère. C’est cette dernière qui va apprendre à Naori à connaître et écouter son corps. La seule obligation que l’on ait dans la vie, c’est de mourir. Pour le reste, on peut décider, soi-même et personne d’autre. Rosangela va démontrer à sa patiente, à son élève de vie plutôt, à écouter les bobos de son corps. Les maladies ne sont pas dues au hasard mais sont un signal pour nous indiquer que nous nous éloignons du chemin du plein épanouissement. Notre corps est latéralisé par les deux principes du yin et du yang. Par cette optique de vie, le destin de Naori pourrait prendre une nouvelle voie.

Bertrand des BeKa écrit une nouvelle fois un scénario salvateur, une bande dessinée à mettre entre les mains de tous ceux qui souffrent, physiquement ou moralement, les deux étant intimement liés. Mieux qu’un rendez-vous médical ou un suivi psychologique, l’album est une véritable thérapie. Sur le dessin rapide et élancé de Marko, la coloriste Maëla Cosson réalise un travail extraordinaire d’autrice à part entière. Elle contraste le bloc noir de la « dépression figurée » par des teintes pastels chaleureuses, tirant vers un orangé sépia réconfortant pour une tasse de thé au coin du feu, verdissant la nuit des lucioles où Naori découvre le principe de sa guérison. Les auteurs imposent le feel-good comme un genre à part entière dans le domaine de la bande dessinée.

Devrant être remboursée par la sécurité sociale, Le jour où… propose une philosophie de vie qui invite à se reconsidérer et à prendre du temps, non pas seulement pour soi, mais pour s’écouter.
Série : Le jour où…
Tome : 8 – Le jour où je me suis choisie
Genre : Emotion
Scénario : BeKa
Dessins : Marko
Couleurs : Maëla Cosson
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041103331
Nombre de pages : 60
Prix : 16,90 €