Un personnage au tribunal
« Des questions restent ouvertes. Le prévenu Roberto Rastapopoulos est-il la personnification du mal et l’infâme général en chef de l’armée souterraine du crime selon le ministère public ? Au contraire, n’est-il qu’un aventurier orgueilleux, s’adaptant aux circonstances, parfois trompé et souvent calomnié comme le plaidera, l’avocat de la défense ? Les débats achèveront bientôt de nous convaincre. Dans le tumulte habituel des préludes d’un procès célèbre, on cherche des yeux les témoins les plus sérieux ; on se montre. Chacun veut être présent au moment historique où la peine du prévenu contumace sera énoncée par le juge après avoir ouî les membres du jury. » (Frédéric Chauvaud et Michel Porret)
D’origine grecque et de nationalité américaine, Roberto Rastapopoulos est jugé en son absence par un tribunal. Cinéaste, patron de presse et truand notoire, l’homme est défendu par Maître Albert, avocat de la défense. Les faits qui lui sont reprochés sont : trafic de drogue international, trafic d’êtres humains au Moyen-Orient, trafic d’armes à grande échelle, enlèvement, trafic d’œuvres d’art, tentatives d’homicides dont de nombreux commandités sur la personne du reporter Tintin. Comme dans un véritable tribunal d’instance, un groupe de tintinologues met en scène ce procès. Témoins et experts vont se succéder à la barre.
Frédéric Chauvaud, expert psychiatre scientifique, établit le portrait d’un homme colérique. Le médecin l’estime totalement responsable de ses actes, sans maladie malade caractérisée. Le professeur et expert en droit criminel Prosper Boissonnade prend sa suite, démontrant que Rastapopoulos est passible de la réclusion à perpétuité. Après lui, Thierry Oliveira de Figueira, un témoin de l’accusation, va raconter comment, lors d’un voyage en Egypte, il a assisté à une altercation entre Tintin et Rastapopoulos, le reporter s’étant interposé entre l’accusé du jour et le professeur Siclone. Le témoin suivant s’installe en jurant de dire toute la vérité. C’est Olivier Montbrun, alias Matou, un ami de Rastapopoulos, fondateur du mouvement #FreeRoberto. Pour lui, Hergé est le coupable qui a fait de Roberto di Gorgonzola, vrai nom de Rastapopoulos, un génie du mal dans seulement cinq albums de bande dessinée de fiction, dont un inachevé. Il était en vérité un grand maître du 7ème Art. Montbrun, que certains connaissent sous le nom de Roche, démonte un à un les arguments de l’accusation.
Le procureur Arsène Tranchant prononce le réquisitoire contre Roberto Rastapopoulos, aussi fuyant qu’un Moriarty. En tant qu’avocat de la défense, Maître Albert, Albert Algoud pour les intimes, contrebalance en mettant en évidence le rôle d’humaniste de l’accusé. Il va jusqu’à le réhabiliter. Il enfonce le clou avec une argumentation qu’il dit contradictoire de Renaud Nattiez, éminent tintinologue. Rastapopoulos ne saurait être éliminé (donc condamné pour Algoud) car sans lui Tintin n’aurait jamais pu autant faire montre d’héroïsme. Après le verdict, le livre se termine par un recueil de documents concernant l’homme du jour.
En parallèle à ce petit livre retraçant l’intégralité du procès, il est possible d’en voir la vidéo intégrale sur le site : https://criham.labo.univ-poitiers.fr/journee-detudes-le-proces-de-rastapopoulos/. Laissons au lecteur (ou au spectateur) le soin de découvrir la sentence du procès, avant de se replonger dans les albums dans lesquels apparaît le malfaisant. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Titre : Le procès de Roberto Rastapopoulos
Genre : Rapport de justice
Sous la direction de : Frédéric Chauvaud et Michel Porret
Avec la collaboration de : Jean-Philippe Martin, Didier Veillon, Thierry Olive, Olivier Roche & Albert Algoud
Éditeur : Georg
Collection : Achevé d’imprimer
ISBN : 9782825713068
Nombre de pages : 130
Prix : 10 €