Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre Soviets & Congo

De nouveaux outils pour relire Tintin

« -Bon voyage ! Soyez prudent et tenez-nous bien au courant.

-Allons, Milou ! Fais tes adieux à tous ces messieurs. Je vous enverrai des cartes postales, de la vodka et du caviar ! A bientôt !!

-Bonne chance ! »

Après la luxueuse collection toilée parue il y a quelques années introduisant chacune des aventures de Tintin par un riche dossier, on ne pensait pas qu’une autre série pouvait apporter sa pierre à l’édifice. C’était sans compter sur les connaissances, les secrets et le talent de Philippe Goddin, l’un des plus grands exégètes de l’œuvre d’Hergé. L’ancien secrétaire de la fondation propose d’aborder chacun des tomes de Tintin par le biais des coulisses. Les albums ne reprennent pas les bandes dessinées, il faut les avoir à côté. Ils nous proposent de les suivre, à la manière d’une pièce de théâtre que l’on verrait, non pas assis confortablement dans la salle, mais cachés derrière un rideau, côté cour ou côté jardin. Dans un original format carré, les volumes vont sortir chronologiquement tous les deux mois. A ce jour, les deux premiers tomes sont parus.

Dans les coulisses de Tintin au pays des Soviets, on commence par découvrir comment Georges Remi est devenu Hergé, avant qu’en 1929, Tintin n’apparaisse dans les pages du Petit XX^ème. L’iconographie de la collection est remarquable. On y voit des retouches de dessins faits par Hergé lui-même des années après leur première parution. La récente version colorisée illustre également certains propos. Le livre n’est pas avare en dessins inédits comme un croquis pris sur le vif lors d’un rappel militaire ou une planche satirique inachevée qui était au recto d’une page des Soviets. Les cases agrandies pleines pages permettent d’admirer le trait d’un Hergé débutant et fondant par son travail le socle de ceux qui entreront plus tard dans une profession naissante. On termine évidemment en mai 1930 avec l’événement qui avait été organisé à la gare de Bruxelles à l’occasion du retour -en vrai- du reporter, la réalité rejoignant la fiction.

Dans les coulisses de Tintin au Congo, l’œuvre est remise dans le contexte historique de sa création, et c’est comme cela qu’il faut la lire, y compris dans sa version couleur. Dans cette série, ce ne sont d’ailleurs pas les coulisses des seules premières versions qui sont explorées, mais celles de leurs secondes vies aussi, entendez par là versions redessinées et colorisées. Ces différentes versions sont souvent mises en parallèle pour en expliquer les similitudes ou les raisons des différences. Hergé précurseur manie l’art de l’ombre chinoise dans les scènes de nuit. Il s’inspire de Benjamin Rabier lorsqu’un serpent dévore Milou. Pendant ce temps, les ketjes Quick et Flupke poursuivent leurs facéties dans les rues bruxelloises. Hergé poursuit en parallèle son travail d’illustrateur pour des couvertures de romans, pour la mode ou pour la publicité.

Replongez-vous avec délectation dans les deux premières aventures du reporter à la houppe. Rendez-vous très rapidement pour découvrir les coulisses de Tintin en Amérique. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.