Prostitution, mafia et guerre des gangs
« -Que t’arrive-t-il, Karasuma ?
-Vous avez ignoré mon conseil, Kujô.
-Tu parles des affaires liées aux yakuzas ?
-Vous avez obéi aux directives de Kyogôku, et vous êtes allés rencontrer son père en prison.
-Tu sais très bien que si je n’accepte pas cette affaire, il n’aura pas droit à une défense équitable.
-Et qu’est-ce que c’est une défense équitable ? Nos opinions sont incompatibles… N’est-ce pas ? Je m’inquiète pour vous, tout simplement. Si vous continuez dans cette voie, vous risquez de perdre bien plus que votre badge. »
Kengo Mibu a conseillé à Kazuma de s’adresser à Kujô, l’avocat implacable des causes perdues. Le jeune homme avoue avoir pris la grosse tête. Il a créé une société grâce à laquelle il gagnait de grosses sommes d’argent. Il a perdu le sens de la mesure et a changé sa façon de penser, comme quand on gagne un gros lot et qu’on a envie de tout claquer dans un bar à hôtesses, et on attire les malfaisants, les hyènes. C’est comme ça qu’un homme d’affaires véreux lui a fait tout investir dans sa société. C’est comme ça qu’il a tout perdu. Kujô peut-il l’aider à récupérer tout ou partie des sommes disparues ? Pendant ce temps, sa copine Chika se prostitue. Il faut bien que le jeune couple survive. Mais si Kazuma a tant besoin d’argent, c’est aussi pour une toute autre raison, beaucoup plus personnelle.
La deuxième affaire au cœur de ces deux volumes de Kujô l’implacable va être pour l’avocat encore plus complexe et personnelle. Yamashiro, l’ancien patron de Kujô, tente de débaucher Shinji Karasuma, l’associé de Kujô. Karasuma hésite à franchir le cap, par fidélité. Mais Kujô risque d’être poursuivi au pénal et de faire face à une sanction disciplinaire. Il est soupçonné d’avoir aidé Mibu, accusé de chantage et d’extorsion de fonds par un escroc. Kujô pourrait perdre son droit d’exercer. Karasuma demande donc conseil à Nobuteru Nagaragi, ancien professeur de droit de Kujô. Maître Kujô est-il du côté du bien ou du mal ? C’est la question que se pose Karasuma.
Shôhei Manabe poursuit son exploration du Japon noir. Le mangaka dépeint un pays sombre, sordide et glauque. Comme un cercle fermé dans lequel les extrémités opposées se rejoignent, la jonction est faite entre la richesse de la haute société qui se paye les fantasmes les plus malsains à coups de millions de yens. A l’autre bout, des jeunes filles rêvant de luxe mais ne parvenant pas à payer leurs loyers vendent leurs corps pour l’appât du gain, sans aucun sentiment, et se retrouvent prisonnières de maquereaux pour qui elles deviennent aussi sources de revenus. Manabe fait sentir la puanteur de l’argent, mais dénonce aussi les travers d’une justice – on pourrait dire injustice – véreuse. Kujô sait que la loi est aveugle et il en joue. L’anti-héros de Manabe se sert des règles qu’on lui donne pour les distordre grâce à ses connaissances, pas toutes très catholiques. Comme ses opposants, il n’a aucun scrupule.
Kujô l’implacable est une série reflet d’une époque meurtrie par une justice incurable. Les gangs font leurs lois au nez et à la barbe de l’ordre. Et il semble que Manabe ait de la matière dans l’actualité pour que l’avocat ne raccroche pas de sitôt sa robe.
Série : Kujô l’implacable
Tomes : 7 & 8
Genre : Thriller/Polar
Scénario & Dessins : Shôhei Manabe
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505125303/9782505125310
Nombre de pages : 176/192
Prix : 7,90 €