La fabrique de souvenirs
« -Tu vas voir, Bernie, on va bien s’entendre tous les deux… Mais pour ça, il va falloir respecter quelques règles ! J’espère que tu es d’accord ?
-Wouf !
-Très bien. Bah alors, pourquoi tu tires comme ça ?! T’as senti une bestiole ?
-Toi ! N’aie pas peur ! Approche… J’ai besoin de toi ! »
Dans ses Alpes enneigés, Monsieur Walter Weiss vient de recueillir Bernie, un bouvier bernois dont est obligé de se séparer sa maîtresse, enseignante mutée dans un endroit où elle ne peut l’emmener. Lors d’une promenade en forêt, le chien est interpellé par un personnage a tête de bouc qui dit avoir besoin de lui. Une étincelle blanche s’immisce dans son museau, sans que son nouveau maître ne remarque quelque chose. L’homme fait ensuite découvrir à l’animal sa boutique, juste en face d’une Fabrique de Souvenirs. Walter est artisan horloger. Il conçoit et répare horloges, coucous et goussets. Dans son atelier, de nombreuses photographies ornent les murs, dont le portrait d’une magnifique jeune fille tenant dans ses bras un petit chien ridicule. C’est alors que l’étincelle quitte Bernie pour aller sur le cadre. Dans la nuit, les deux personnages du cadre prennent vie. La femme semble sortie du passé. Elle se demande qui elle est et d’où elle vient. Peut-être que la boutique d’en face pourrait l’aider.
Edèle, c’est son nom, retrouve des scènes de son passé. Dans un pays de l’Est, elle se voit adolescente aux côtés de ses parents et de ses petits frères et sœurs, face à des jeunes garçons déguisés en esprits de la forêt, venus présenter des chants folkloriques. C’est alors qu’ils furent attaqués par des hommes cagoulés venus enflammer leur maison. Pour leur sécurité, son père prit la décision qu’ils devaient partir. C’est ainsi qu’en pleine Seconde Guerre Mondiale, les réfugiés juifs débarquèrent dans la station thermale alpine de Saint-Gervais-les-Bains. C’est là qu’Edèle et Walter se rencontrèrent.
Qu’est-il arrivé à Edèle pour que leurs destins se séparent ? Comment passé et présent vont-ils se rejoindre ? C’est le défi scénaristique que va devoir résoudre Phicil dans ce one shot conçu comme un puzzle dont les morceaux s’assemblent sans aucune logique apparente mais de façon finement pensée par l’auteur. Un décor montagnard, une période historique trouble, une bonne dose de fantastique, voici les ingrédients des Fantômes du Mont-Blanc. Phicil parvient à insuffler de la féérie dans un drame poignant, sans dénaturer ni édulcorer le propos. Bernie se fait le porte-parole pour le lecteur. Le petit oiseau du coucou qui prend vie est un Jiminy Cricket. Il y a aussi du Alice au pays des merveilles dans le voyage psychédélique d’Edèle.
Quand on commence Les fantômes du Mont-Blanc, on ne s’attend pas du tout au genre d’histoire dans laquelle on va être transportés. Phicil prend le lecteur à contrepied pour raconter un drame historique dont l’émotion finit par nous cueillir. Une belle surprise.
One shot : Les fantômes du Mont-Blanc
Genre : Emotion et Histoire
Scénario, Dessins & Couleurs : Phicil
Assistante scénario : Stéphanie Branca
Assistante couleur : Reiko Takaku
Éditeur : Delcourt
Collection : Mirages
ISBN : 9782413049296
Nombre de pages : 176
Prix : 22,50 €