Les passeurs d’émotion
« -Ecoutez-moi tous ! Voici Oniyasha de la compagnie Kanze ! A partir d’aujourd’hui, nous travaillerons ensemble pour le prochain spectacle ! Merci d’avance pour votre coopération ! »
Japon, XIVème siècle. Remarqué par le shogun Ashikagaya Yoshimitsu pour ses talents théâtraux de danseur, le jeune Oniyasha vit au palais afin de danser pour la compagnie Kanze. Lors de la compétition contre la compagnie Dengaku Shinza emmenée par Zôjirô, les deux troupes ont chacune remporté une manche. Après ces duels fratricides, Oniyasha et Zôjirô décident de travailler ensemble pour le prochain spectacle. Tous les comédiens n’en sont pas ravis. Cette épreuve a pour but de rapprocher les deux formes théâtrales que sont le Dengaku et le Sarugaku. Alors, pourquoi ne pas monter sur scène ensemble ?
Un poème est en dehors de l’espace-temps. Il va même au-delà du corps. Il touche aussi bien les roturiers que les nobles. Shiokumi a besoin de couleurs, d’odeurs, de vent et de sentiments. Shiokumi, c’est le spectacle qu’Oniyasha décide de réécrire afin de toucher Dame Nariko. Les sentiments sont au cœur de la pièce où deux sœurs plongeuses trouvent du plaisir malgré leur situation difficile. Il faut lui insuffler cette dose de poésie et de chant qu’il manque. Zôjirô et son équipe veulent mettre leur touche personnelle dans leur coin, jugeant Oniyasha inapte à le faire. Ça, c’est ce qu’ils croient.
Dans une histoire, qui plus est de théâtre vivant, ce qu’il y a de plus précieux est caché. Le cœur finit toujours par s’exprimer à travers le corps car c’est dans sa nature. La métaphore de la bûche que l’on fend en se concentrant sur sa base est l’incarnation parfaite de ce postulat. C’est le travail des interprètes qui va être primordial. Si les mots suffisaient, ceux-ci n’auraient plus de raison d’être. Sur scène, les corps sont des passeurs d’émotion. Dans cet avant-dernier épisode de The world is dancing, Kazuto Mihara nous emmène au cœur de la création en la justifiant. On fait aussi un gigantesque pas en avant vers la création du théâtre nô qui est le but de ce récit. On assiste ici à son « accouchement ».
Alors que son histoire semblait toute tracée, « The world is dancing » continue de surprendre en entraînant encore plus profondément le lecteur à la source de l’art, aux sources des arts. Dans le temps et hors du temps. Epanouissant.
Série : The world is dancing
Tome : 5
Genre : Emotion
Scénario & Dessins : Kazuto Mihara
Éditeur : Vega
ISBN : 9782379504563
Nombre de pages : 174
Prix : 11 €