Un merveilleux conte fantastique animalier
« -Maïssa, reviens ! Nous n’avons rien à faire sur la banquise ! C’est dangereux !
-La petite flamme m’a guidée. C’est un bébé. Il a l’air perdu… ou abandonné.
-On ne peut pas le laisser !
-Heu… Techniquement… Si !
-Mamaaaa ?
-Et il ne faut pas traîner là. »
Un ourson blanc attend sur le bord de la banquise que sa maman sorte de l’eau dans laquelle elle était allée chasser le phoque. Elle ne reviendra jamais. Une orque est passée par là. Au petit matin, guidés par une flamme bleue, deux rennes découvrent la petite boule de poils esseulée. Si Jörg ne ressent aucune empathie, Maïssa compter bien le ramener et le présenter à la harde. Seul problème, si c’est une femelle, les rennes s’en déferont sur le champ. Pas de souci. C’est un mâle… Il est nommé Renn. Quelques années plus tard, en tombant dans une cavité enneigée, accompagné par Solveig, Renn trouve un crâne qui se coince autour de son cou. De retour au camp des rennes, le shaman Ingrud reconnaît l’objet. C’est le crâne de l’ours Otso, talisman sacré du Peijaiset. Renn est donc l’élu de la fête de l’ours.
Une vieille légende raconte l’histoire d’Otso, un ours seigneur de la forêt. Il régnait en maître, fier, juste, craint et respecté sur son territoire. Il serait mort par accident lors d’une chasse. Son âme, trop en colère d’être partie ainsi sans gloire, se serait déchaînée telle une furie. Pour apaiser son courroux, la fête de ses funérailles symbolise le renouveau, le présage d’une année d’abondance, en s’assurant sa protection. Mais pour le shaman Ingrud, Renn est bien l’élu, mais pas de cette cérémonie. Il est destiné à quelque chose de plus grand. C’est Aarnivalkea qui le lui a dit, l’esprit de la forêt, cette petite flamme éternelle souvent associée aux souhaits qu’on pourrait avoir. L’avenir de Renn semble tracé… jusqu’à ce qu’un drame ne vienne endeuiller les rennes. L’ours en est tenu pour responsable. Il est banni. Commence alors un chemin, son chemin, vers la preuve de son innocence et l’accomplissement de son destin.
Après Uluru, sur scénario de Crisse, Christian Paty propose une nouvelle fable animalière, en tant qu’auteur complet cette fois-ci. S’inspirant de légendes lapones, l’auteur nous emmène dans les paysages enneigés, les forêts immaculées du Grand Nord. La poudreuse blanche va être tachée de sang. La cruauté des bêtes n’a peut-être rien à envier à celle des hommes, sauf que la leur est pour leur survie. Loups, singes, chouette effraie et glouton complètent le bestiaire dans une véritable ambiance semi-fantastique de contes populaires. Il y a de l’Andersen dans cette histoire, pas non plus dénuée d’humour. Dans ce monde impitoyable, Renn va réaliser sa quête initiatique. Abandonné, recueilli, banni, la vie ne lui fait pas de cadeau, mais jamais il ne baissera les bras… les pattes. Sous un même décor somptueux d’aurore boréale, le premier projet de couverture mettait en scène l’ours, avançant tête baissée, avec à la fois de la colère et de la fatalité en lui. Celle retenue le représente la tête haute et le regard interrogatif, beaucoup plus en adéquation avec le propos.
Valeurs sûres de la bande dessinée tous publics de grande qualité, les albums de Christian Paty sont des fééries animalières qui font aussi réfléchir sur la condition humaine. Une histoire de fin d’année idéale.
One shot : Le voyage de Renn
Genre : Aventure animalière
Scénario, Dessins & Couleurs : Christian Paty
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302103030
Nombre de pages : 64
Prix : 16,50 €