L’île aux secrets
« -Oh ! Marie ! Quelle surprise !
-Je vous ai apporté du gâteau.
-Comme c’est gentil, entrez !
-Oh, je vais pas rester longtemps. Je voulais vous rendre visite, mais vous savez ce que c’est, on n’a jamais le temps.
-Vous voyez, ça touche à sa fin. Il y a intérêt, j’attends mes premiers clients lundi après-midi.
-C’est bien.
-Vous voulez que je vous fasse visiter ?
-Si vous voulez. »
Le rêve de Soizic était d’ouvrir une maison d’hôtes sur l’île d’Ouessant. Le rêve de Soizic s’est réalisé. C’est d’ailleurs ce nom, Le rêve de Soizic, qu’elle a donné à son gîte. Ouessant se mérite. On y aime les gens convenables. Si certaines rombières acariâtres, comme Yvonne, craignent que ça n’amène une faune indésirable, d’autres, comme Marie, sont plus avenantes. Soizic termine l’aménagement de sa maison, s’intègre aux habitants. Elle veut devenir une vraie Ouessantine, quitte à accomplir quelques sacrifices comme aller à la messe. La cérémonie va être interrompue par Yvonne entrant comme une tempête dans l’église. Elle vient de trouver Marie au bout d’une corde. Quelques jours plus tard, alors que Soizic s’occupe de ses premiers clients, elle reçoit une lettre une convocation chez le notaire. Marie a fait de Soizic l’héritière de ses objets.
Ouessant se mérite. On peut dire que Soizic y met du cœur à l’ouvrage. On ne peut pas dire qu’elle soit accueillie à bras ouverts. En découvrant les objets laissés par Marie, Soizic va aussi découvrir ses secrets et tous ne sont peut-être pas bons à faire remonter à la surface. Il va être question d’or et de naufrage, comme dans toutes les grandes histoires qui se passent à proximité de récifs escarpés. Au-delà de secrets, Soizic va trouver autre chose, de plus personnel, qui risque aussi de changer sa vie.
Réédité dans la collection BD poche, Ouessantines est la première des quatre histoires maritimes bretonnes dessinées par Nicoby sur scénarios de Patrick Weber. A la fois polar et voyage dépaysant, l’histoire donne envie de se rendre sur place, d’autant plus que l’album se clôt par un portfolio de photographies de l’île sur lesquelles Nicoby a dessiné Soizic découvrant les lieux. On l’accompagne pour marcher dans la lande, sentir les embruns et le goémon. On en apprend plus sur la Proella, dont il est question dans l’album, cette croix de cire catholique matérialisant le corps et la mémoire d’un marin disparu en mer.
Avec son trait jeté et efficace, Nicoby est l’un des dessinateurs les plus prolifiques du moment. Il choisit par ailleurs extrêmement bien les scénaristes avec qui il travaille, aussi éclectiques soient-ils, que ce soit Patrick Weber ou plus récemment Vincent Zabus avec le sublime Nos rives partagées. Ici, il fait d’une île une héroïne inattendue.
One shot : Ouessantines
Genre : Drame
Scénario : Patrick Weber
Dessins : Nicoby
Couleurs : Kness
Éditeur : Vents d’Ouest
Collection : BD poches
ISBN : 9782749310206
Nombre de pages : 128
Prix : 10 €