L’enquêtrice a bonne mine
« -Chouette, la baraque !!
-Excusez-moi, mais qui êtes-vous ?
-Oh, pardon, suis-je étourdie ! Je me présente : Penny Sugar, assistante personnelle de M. Nyper.
-C’est regrettable, nous attendions le célèbre détective en personne…
-Vraiment navrée mais M. Nyper est indisposé… Une mauvaise fièvre contractée à notre arrivée en Floride. Il se repose à Tampa. Evidemment, je le tiendrai informé des indices que je pourrai glaner ça et là…
-Mais ce n’est pas ce qui était prévu ! »
Floride 1907 d’étranges événements se produisent dans la carrière d’une mine de phosphate à ciel ouvert proche du marais des Everglades. Des explosions mystérieuses se produisent dans une étrange fumée verdâtre et une vision fantomatique menace les ouvriers. « Quiconque reviendra en ces lieux subira ma malédiction !!!! ». La production est à l’arrêt. Le patron Jarry Golpah et sa femme, voyant leurs dollars fondre comme neige au soleil, font appel au fameux détective Angus Nyper. Manque de bol pour eux. Il est malade. C’est donc son assistante Penny Sugar qui débarque. Ce qu’ils ignorent, c’est que les deux ne font qu’un… ou plutôt qu’ils sont trois à ne faire qu’un. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ils accueillent l’enquêtrice dans leur manoir. Résoudra-t-elle leur problème ?
Artiste de cirque, Penny Sugar mène l’enquête là où est appelé son avatar masculin et anagramme Angus Nyper. A l’époque, il est plus crédible d’être un homme qu’une faible femme pour mener ce genre d’investigations. La brune trapéziste se met lunettes et perruque blonde pour se présenter à ses commanditaires. Mais pourquoi ne garde-t-elle donc pas son look d’origine ? Tout simplement pour se débarrasser de ses artifices et être plus à l’aise la nuit quand elle revêt cape, masque et chapeau noirs pour dénicher des indices et filer des malfrats.
Après le parc national du Yosemite en Californie, c’est dans la zone humide tropicale des Everglades que les auteurs embarquent leur héroïne. Le scénariste Yan Le Gat construit une énigme à la Scoubidou, avec des bayous, des faux-fantômes et des coupables qui sont plus proches que ce que l’on croit. C’est fin, c’est drôle, c’est malin, c’est du tout public bien ficelé. Le dessinateur-coloriste Pierre Fouillet caractérise sont trait par des personnages souvent filiformes et anguleux. Les décors, dressés juste comme il faut dans une BD tous publics, placent impeccablement l’action dans les lieux géographiques voulus. Et puisqu’on est dans un western, les fonds monochromes à la Morris de certaines cases rappellent la technique du maître. Enfin, la couverture n’est pas sans adresser un clin d’œil à L’oreille cassée de Tintin. Evidemment, dès qu’on met un personnage sur une pirogue…
Penny Sugar boucle ici sa deuxième enquête. Elle a bien du potentiel afin d’en mener bien d’autres. Elle ne pouvait pas être mieux que chez Sarbacane, éditeur subtil en marge des grandes Majors, pour se développer.
Série : Penny Sugar
Tome : 2 – La sorcière des Everglades
Genre : Western humoristique
Scénario : Yan Le Gat
Dessins & Couleurs : Pierre Fouillet
Éditeur : Sarbacane
ISBN : 9791040804963
Nombre de pages : 60
Prix : 13,90 €