Mariage et orage
« -Alors, tu viens ? J’ai besoin de ton avis pour les préparatifs !
-…Après la sélection des verres à vin, il faudra choisir les flûtes à champagne et les serviettes. Et puis planifier les toasts…
-Magda, à l’aide !!!
-Demande-lui si elle veut bien nous montrer sa robe de mariée ! Et le bouquet !
-Demande-lui s’il y a des animaux dans la villa !
-On arrive ! »
Sarah, Lucille et Cassiopée sont invitées sur une île paradisiaque du Sud de la France en Méditerranée pour le mariage d’une amie de leur mère. En plein conflit générationnel avec sa mère, Sarah n’est pas franchement ravie de gâcher ses vacances pour cette fête. C’est aussi le cas d’Aurélie, fille de Magda, la mariée, qui n’a pas l’intention de s’occuper du plan de table des invités. Les deux adolescentes rebelles vont devenir complices dans leur rébellion et s’échapper de l’ambiance régnante, avec un peu de fantaisie et pas mal d’audace. La villa dans laquelle vont se dérouler les festivités est une cage dorée. Elle va devenir l’écrin d’une aventure aux frontières du réel et au cœur des sentiments.
L’amour des animaux de Lucille va l’éloigner des colombes en cage attendant impatiemment d’être lâchées pour déclarer l’union, et la rapprocher d’un hôte de la maison, en cage lui aussi, mais pas prévu pour être libéré le jour J. C’est un iguane. Elle le baptise « Chisana Ryu », qui veut dire « petit dragon » en japonais. Lucille est finalement la seule à être excitée par le mariage. Volontaire pour trouver des citations et aphorismes romantiques, Magda l’envoie dans la petite bibliothèque du premier étage pour en rechercher. C’est là qu’elle va remarquer de mystérieuses traces de pas mauves et dénicher à l’intérieur d’un faux livre une grande pièce de puzzle. Sarah et Aurélie vont faire exactement la même découverte dans la galerie d’art de la villa, la pièce de puzzle étant cachée derrière un tableau. Derrière chacun des morceaux, est inscrite une phrase mystérieuse. « Te sens-tu enfermée dans une chrysalide invisible, dans un temps qui passe toujours de la même manière comme une chenille qui ne deviendra jamais papillon ? » « Ne garde pas ta fleur enfermée sous une cloche de verre, laisse tout le monde s’enivrer de son parfum. » Le mystère est posé. L’aventure émotion Grémillet peut commencer. D’autant plus qu’on signale une disparition : celle de Chisana Ryu.
Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci signent une sublime série feel good qui mérite le même succès que Les carnets de Cerise. Les sœurs Grémillet ont la particularité d’être les héroïnes d’aventures aussi belles sur le fond que dans la forme. Di Gregorio allie mystère et émotion sur le fil du fantastique sans réellement y tomber, montrant ainsi la puissance du rêve dans la réalité. Barbucci plante des regards parlants dans des décors sublimes, transcendés par des couleurs lumineuses. Par ailleurs, la série est tout sauf girly. A une époque où les genres se mélangent, elle permet d’effacer les frontières entre les types d’histoires et les classifications éculées. Rien que ça, c’est merveilleux.
Concluons avec la même phrase que pour le tome précédent. Il y a les BD qu’on lit pour l’aventure et celles pour les sentiments qu’elles dégagent. Les sœurs Grémillet se range définitivement dans cette seconde catégorie.
Série : Les sœurs Grémillet
Tome : 6 – La villa des mystères
Genre : Aventure émotion
Scénario : Giovanni Di Gregorio
Dessins & Couleurs : Alessandro Barbucci
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808503655
Nombre de pages : 72
Prix : 15,50 €