Yokai, Samouraï et Aïe aïe aïe
« -J’imagine que tu sais pourquoi je t’ai convoqué.
-Mon seigneur a avancé dans l’enquête qu’il mène sur la mort mystérieuse de nos abeilles ?
-Pas… pas exactement, non. Bien souvent, tu causes des troubles dans la cité et bien souvent, nous te pardonnons… Atsuhiko, es-tu mon ami ?
-Je vous demande pardon ?
-Es-tu un ami de l’empire et de son digne représentant, ton daimyo ?
-Bien entendu, seigneur…
-Alors pourquoi le quartier des apiculteurs ne s’acquitte pas de la taxe ? »
Sur la berge enneigée d’un lac japonais, un couple déplore de ne pas pouvoir avoir d’enfants. Les dieux veulent-ils que s’éteigne la lignée des Inari ? Kiyo demande à son mari Murami de la répudier afin qu’il ait des enfants avec une autre pour que la dynastie Inari se poursuive. Il le refuse. Il ne ferait jamais cela à son aimée. C’est alors qu’une meute de loups se fait entendre non loin. Les bêtes gravitent autour d’un panier en osier suspendu à une branche. Après les avoir fait fuir, les époux y découvrent un bébé. Il s’appelle Caleb. Les dieux leur auraient-ils envoyé un héritier ?
Quelques années plus tard, le bambin a bien grandi. On le retrouve dans une bien mauvaise passe, otage d’une bande de malfrats. Avec l’aide de son serviteur Doglass, il va réussir à s’en sortir, non sans quelques frayeurs. On va rapidement apprendre qu’ils sont chasseurs de primes et parcourent le pays, traquant les bandits qui pourraient leur permettre d’encaisser de l’argent auprès du daimyo local. C’est à une affaire de grande aventure à laquelle ils vont se trouver confrontés. A Chidori, les apiculteurs déplorent la mort mystérieuse de leurs abeilles sur lesquelles repose l’économie de la ville. Voilà donc nos héros en mission pour résoudre cette énigme. Caleb va avoir bien besoin des larmes du Yôkai transmises au fils ainé de chaque génération.
Après Le temps des mitaines, revoici Loïc Clément aux commandes d’une bande dessinée animalière. A la frontière entre Chlorophylle et Kogaratsu, les aventures de Caleb et Doglass démarrent sur les chapeaux de roue. Imaginez donc les personnages de Macherot dans l’univers japonais médiéval de ceux de Michetz et Bosse, et voici Les larmes du Yôkaï. Ce ne sont pas les seuls auteurs qu’invoque Loïc Clément, parce qu’il y a aussi du Goscinny dans son écriture, pour son duo de héros hors du commun tout d’abord, puis surtout dans les dialogues, fins, ciselés, drôles. Caleb et Doglass portent le même équilibre qu’Astérix et Obélix, ou plus encore Iznogoud et Dilat Laraht. Caleb a quand même un petit côté fourbe. Doglass est bien plus malin qu’il ne veut le laisser paraître.
Margo Renard dessine l’histoire dans la même ambiance que l’aurait fait Anne Montel, complice de Loïc Clément sur Le temps des mitaines. C’est Stéphane Benoit qui s’est chargé du storyboard, dynamique, allant à l’essentiel. Les couleurs de Grelin ont un effet aquarelle qui passe très bien sur les décors mais qu’on aurait préféré plus en aplats sur les personnages. Cela n’entache en rien l’ambiance globale de l’intrigue.
Les abeilles se cachent pour mourir est la première aventure d’un duo de héros qui a un énorme potentiel pour une longue série d’intrigues équilibrant à merveille humour et action. L’histoire se termine dans ce volume mais le fil rouge de la famille de Caleb est là pour la relier aux prochaines. A suivre… avec grand plaisir, comme à la grande époque de l’âge d’or du franco-belge.
Série : Les larmes du Yokai
Tome : 1 – Les abeilles se cachent pour mourir
Genre : Aventure
Scénario : Loïc Clément
Dessins : Margo Renard
Couleurs : Grelin
Storyboard : Stéphane Benoît
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344053218
Nombre de pages : 88
Prix : 15,95 €